Au pays des lentilles… d`eau
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Au pays des lentilles… d`eau
N A T U R E E T P A Y S A G E S Au pays des lentilles… d’eau Jean PEUCHAIRE Ici, autour de l’eau dont l’homme s’est efforcé de maîtriser la puissance et les écoulements, s’est construit une terre singulière, le Marais poitevin. L 28 L E P I C T O N 1 7 8 / J conduire, à l’aide de digues, à gagner des terres sur la mer et à les protéger des eaux intérieures. Ainsi se constituèrent les marais desséchés. Plus à l’est, les marais dits mouillés restaient soumis aux crues, ils se remplissaient avec les pluies et restituaient leurs eaux l’été. C’est tout au fond de ces derniers que s’étend le « Marais poitevin des Deux-Sèvres », la fameuse Venise verte, 7 000 hectares « d’un marais U I L L E T A O Û T 2 0 0 6 bocager, structuré par un dédale de chemins d’eau et caractérisé par la présence de boisements linéaires »1 qui en ont fait un paysage singulier. ▲ ▲ e Marais poitevin s’étale amplement des portes de Niort à la baie de l’Aiguillon, soit quelque soixante-dix kilomètres de long pour une surface de près de 100 000 hectares, ce qui en fait la deuxième zone humide de France. Ce vaste ensemble se décompose en deux grandes entités paysagères. À l’ouest les marais desséchés, 65 000 hectares, avec leurs prairies et leurs champs ouverts où la vue se perd ; à l’est les marais mouillés, 35 000 hectares, avec leurs parcelles closes de frênes têtards, peuplées de prairies et de peupliers. On nomme cette partie – depuis 1920 seulement – la « Venise verte » à cause de ses canaux peuplés de lentilles… vertes. Un comble au pays des mojettes ! Il y a 8 000 ans la totalité du marais était recouverte par la mer, seules quelques îles calcaires émergeaient, aujourd’hui toujours identifiables dans le paysage plat. Progressivement, avec l’apport de sédiments dû aux rivières et à l’océan, le golfe se combla, devenant vasière. Dès le néolithique, les hommes, installés autour du golfe, exploitèrent ses richesses. Les Gallo-romains firent de même, une importante voie romaine traversait la Sèvre à l’île de Magné. Puis vinrent les abbayes et le début des grands aménagements, qui s’amplifièrent avec le 12e siècle, et devaient Paysage du marais : prairie, grands peupliers et petits frênes (photo MG). Pas toujours, comme ici, manœuvrés à la pigouille, les batais transportent aujourd’hui les touristes (photo MG).