Les mesures optiques s`imposent peu à peu dans l`industrie
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Les mesures optiques s`imposent peu à peu dans l`industrie
Solutions Solutions Horiba JobinYvon CON T R Ô L E I N D U S T R I E L Les mesures optiques s’imposent peu à peu dans l’industrie L’ellipsomètre spectrométrique d’Horiba Jobin Yvon peut déterminer l’épaisseur de couches successives avec une précision de l’ordre de l’Angstrom. Seule contrainte : le matériau doit être transparent. Plus rapides, plus précises, plus fiables. Les technologies de mesure optique qui, il y a dix ans encore, étaient réservées aux laboratoires gagnent peu à peu du terrain dans l’industrie. Leur fiabilité et la simplification de leur mise en œuvre sur les lignes de fabrication élargissent leur spectre d’application. Elles présentent des résolutions et des précisions parfois supérieures aux procédés de contrôles traditionnels. Elles affichent de plus un grand avantage : elles réalisent des mesures sans contact. Zoom sur deux technologies. 40 toutes ces mesures. Ce domaine propose des alternatives intéressantes », confirme Gérald Brun, délégué régional à la recherche et à la technologie de Franche-Comté. La preuve en est, deux fabricants, les sociétés Stil et Horiba JobinYvo, adaptent leurs dispositifs de mesure aux contraintes du process industriel. « Nous sommes des fabricants d’arc-en-ciel ! », commence Jean-François Pichot, directeur ressenti la nécessité, relate François Pichot (Stil). Mesurer de plus en plus rapidement, c’est un prérequis dès qu’on veut aller sur le chemin de la production. » Des labos à l’industrie Jobin Yvon partage cette analyse. La société se définissait, il y a peu de temps encore, comme un spécialiste de l’instrumentation optique et spectroscopique dédiée aux laboratoires de recherche et d’analyse. Elle fait aujourd’hui partie du groupe Horiba et s’oriente résolument vers l’industrie. « Il y a dix ans, nous vendions la plupart de nos produits aux laboratoires et aux bureaux d’étude mais c’est en train de changer, remarque Mélanie Gaillet, responsable marketing chez le fabricant. L’un de nos instruments, l’ellipsomètre spectrométrique est un bon exemple de cette évolution. » Il s’agit d’un appareil de mesure sans contact destiné à la détermination de l’épaisseur des couches minces. D’abord destiné aux laboratoires de recherche et aux bureaux d’étude, il a ensuite gagné l’industrie de la microélectronique… « Ce secteur industriel fait preuve d’un réel besoin en mesure d’épaisseur. Les matériaux y sont travaillés majoritairement sous la forme de couches minces, précise Mélanie Gaillet (Horiba Jobin Yvon). Mais désormais, tous les domaines de l’industrie ont besoin de mesures de grande précision. Car les industriels utilisent toujours moins de matière première et déposent des couches de plus en plus fines. Ils réclament des appareils de mesure pour contrôler leur épaisseur avec une grande précision. » C’est justement le cas de l’ellipsomètre spectrométrique d’Horiba Jobin Yvon dont la précision atteint l’angström ! Le fabricant a ainsi été récemment contacté par un industriel de la métallurgie qui « souhaitait mesurer l’épaisseur des dépôts protecteurs de leurs plaques en aluminium, précise Mélanie Gaillet (Horiba Jobin Yvon). Des mesures plus rapides Jean-François Pichot (Stil) cite de son côté un spectrocolorimètre « destiné au contrôle de la couleur sur les chaînes de production, il réalise 2 000 prise de spectres par seconde ». Dans l’automobile, par exemple, il est utilisé pour vérifier la couleur des ampoules des feux clignotants qui sont soumis à des normes très strictes… « Mais il est aussi mis en œuvre sur des produits dont la valeur ajoutée est moins importante pour le contrôle de la couleur de câbles électriques sur la ligne de production, précise l’industriel. De même, le constructeur a adapté à l’industrie son produit phare, le capteur. Il analyse désormais différents points en parallèle, pour gagner en vitesse de mesure et passe ainsi de 1000 points par secondes à 3 000… et bien sûr, il donne accès à une mesure sans contact. « Auparavant, pour travailler sans contact, on utilisait des dispositifs de mesure capacitive ou ➜ Stil SA Stil SA O n peut tout faire avec l’optique ! » commence Paul Smigielski, président du club “Contrôles et mesures optiques pour l’industrie de la Société française d’optique” (CMOI/SFO). En pleine préparation du colloque “Méthodes et techniques optiques pour l’industrie” qui aura lieu à Toulouse du 15 au 19 novembre prochain, le spécialiste se félicite : « Grâce aux progrès réalisés dans le domaine de la microélectronique, de la micromécanique, de l’imagerie et du traitement du signal, la L’essentiel mesure optique est en passe Les dispositifs de mesures de devenir une réalité dans optiques étaient jusque-là le monde industriel ! » La dédiés à des applications raison est simple, seupointues dans les laborales ces techniques oftoires ou les bureaux frent la possibilité de d’étude. mesures rapides et sans Les fabricants se tournent contact, deux critères vers l’industrie qui est fondamentaux pour le siège de nouveaux besoins l’industriel. Par ailleurs, en matière de contrôle et chez ces derniers, les de mesure. besoins augmentent. Rapides et précises, « Le contrôle et la mesure les technologies optiques deviennent obligatoire… donnent surtout accès à des mesures sans contact. et l’optique est un très bon candidat pour effectuer marketing chez Stil. Créée il y a une quinzaine d’années la société a basé son développement sur l’optique et la mesure sans contact. « Nous avons mis au point un dispositif de mesure de distance sans contact, précise JeanFrançois Pichot, (Stil). Nos capteurs sont basés sur le principe d’imagerie chromatique. » Cette propriété qu’a la lumière blanche de pouvoir être diffractée en différentes couleurs est exploitée par Stil. « Les couleurs se focalisent à des altitudes différentes sur l’objet à mesurer, ajoute François Pichot (Stil). Dans ce champ coloré, une seule longueur d’onde est parfaitement focalisée à la surface : en analysant les couleurs du signal réfléchi, il est donc possible de donner une information de distance. C’est en fait relativement simple ! » A partir de ce principe, l’entreprise a créé toute une génération de capteurs de mesure de distance. L’entreprise a récemment étendu sa gamme. « Il s’agit d’une nouvelle génération est spécialement dédiée à l’industrie. Nous en avons Automobile, industrie du verre, fabricant de câble électrique… Malgré son prix, la spectrocolorimétrie s’applique désormais à des produits dont la valeur ajoutée est faible. Ses points forts : la précision et la mesure sans contact. Les instruments de Stil se sont adaptés aux contraintes des process industriels. Leur spectrocolorimètre, destiné à la mesure de dimension, était capable d’analyser 1 000 points par secondes il y a 10 ans. Il atteint désormais 30 000 points par secondes. MESURES 819 - NOVEMBRE 2009 - www.mesures.com MESURES 819 - NOVEMBRE 2009 - www.mesures.com 41 Horiba Jobin Yvon Fluke Solutions D’abord destiné aux laboratoires de recherche et aux bureaux d’étude, l’ellipsomètre spectrométrique a ensuite gagné l’industrie de la microélectronique pour la détermination de l’épaisseur des couches minces. ➜ inductive… Mais les capacités d’analyse de la mesure optique sont plus fines. Ici, nous utilisons un spot de quelques microns seulement. » précise Jean-François Pichot (Stil). A noter de plus que la mesure capacitive ou inductive n’autorise pas le travail sur tous les matériaux. « Tandis qu’avec nos dispositifs la mesure est possible sur tout matériau, qu’il soit transparent, métallique, organique, semi-conducteur… Nous pouvons même travailler sur des matériaux visqueux ! » ajoute-t-il. Le fabricant a en effet développé une application d’analyse de texture pour du yaourt. L’avantage de l’op- Les caméras thermographiques se démocratisent. Pour preuve, Fluke vient de sortir deux modèles haute définition dédiés au contrôle du process et au diagnostic de bâtiments, à moins de 8 500 €. tique est ici évident par rapport aux solutions traditionnelles : elle est sans contact. « Les industriels utilisaient auparavant une pointe à l’extrémité très fine qui profilait la pièce, explique Jean-François Pichot (Stil). Avec l’optique on va désormais plus vite, sans risque d’endommager le produit. Et on évite les mesures faussées parce que la pointe se met à sauter… » Le tout avec une précision de l’ordre du micromètre. Les applications sont donc nombreuses. L’industriel cite en vrac le contrôle de l’épaisseur d’un vernis ou d’un verre, le contrôle de la géométrie de pièces com- Développement durable : la mesure optique en première place pour répondre aux besoins Directive Reach, contraintes de développement durable, les industriels ont besoin de mesure pour s’assurer de leur respect des normes… L’optique se positionne en bonne place pour répondre à ces besoins. « Il y a des niches intéressantes, assure Gérald Brun. Le marché est en train de croître… » Première application : le contrôle des dépenses énergétiques. La thermographie infrarouge passe au crible les installations en quête de problèmes d’isolation thermique. « Cette technique de mesure infrarouge est utilisée depuis pas mal d’années et s’est complètement démocratisée », remarque Gérald Brun (délégué régional à la recherche et à la technologie de Franche-Comté). De nombreux fabricants proposent donc aujourd’hui des caméras peu chères qui donnent une appréciation rapide de l’isolation thermique d’un bâtiment. Ainsi, le fabricant Fluke vient de sortir deux nouvelles caméras infrarouges : la Ti32, dédiée au contrôle du process et la TiR32, adaptée au diagnostic de bâtiments. Toutes deux coûtent moins de 8 500 €. Mais la thermographie n’est pas la seule application de la mesure optique dans un but de développement durable. Gérald Brun cite la mesure spectroscopique qui offre la possibilité de mesurer les composés chimiques présents autour d’un site industriel. « Elle commence à s’imposer pour la surveillance des rejets et des pollutions ou pour la mesure globale de la pollution atmosphérique d’un site », précise-t-il. Cette technique est un peu complexe, mais elle est la seule technique sans contact. Toutes les autres nécessitent une prise d’échantillon ! » Ces capteurs sont en effet capables, non seulement de détecter les substances mais aussi de réaliser des mesures de taux. La granulométrie laser, dédiée aux mesures de quantité de poussières ou d’aérosols, a aussi manifestement un bel avenir dans l’industrie. Plus futuriste, l’optique guidée, qui donne accès à la mesure déportée de composés chimiques, pourrait également trouver sa place dans les usines. « Cette technique est notamment utilisée pour analyser la teneur en polluants d’un bassin aquatique, précise Gérald Brun. Dans l’industrie, des applications sont en train de se développer pour la mesure de contrainte dans le composite. » 42 plexes, striées ou réfléchissantes. Et comme souvent, la diffusion de la technologie a commencé par l’industrie dite « de pointe » : le spatial et les semi-conducteurs, pour gagner ensuite l’automobile, la pharmacie… et enfin, l’industrie mécanique. Et pour cause, Stil a fait évoluer ses instruments pour qu’ils s’adaptent aux contraintes des process industriels. « Ils peuvent désormais fonctionner par apprentissage : une fois les paramètres de la pièce de référence réglés, le système fonctionne en automatique. Il est tout à fait adapté au process industriel », assure Jean-François Pichot (Stil). Les appareils d’Horiba JobinYvon se sont également adaptés à l’industrie. L’industriel dispose de différentes variantes de la plateforme logicielle qui accompagne ses produits, dont certaines sont spécialement dédiées à un métier. « Il s’agit d’interfaces très simples d’utilisation qui permettent un paramétrage en fonction du procédé industriel, précise Mélanie Gaillet (Horiba JobinYvon). Le dispositif est finalement totalement automatisé et intègre des systèmes d’alarmes et des statistiques sur le process. » S’il détecte une croissance de l’épaisseur, le dispositif se stoppe. En bref, il est complètement adapté. « Nous répondons à une demande du marché, conclut Mélanie Gaillet (Horiba Jobin Yvon). C’est une grande tendance ! » « La mesure optique accumule les avantages, assure Gérald Brun (délégué régional à la recherche et à la technologie de Franche-Comté). Elle donne accès à des mesures haute résolution, sans contact et qui peuvent être déportées. Elles sont compatibles avec les atmosphères explosives et insensibles aux perturbations électromagnétiques… » Les avantages de la mesure otique ne manquent pas. Reste à vaincre les appréhensions des industriels au regard de son coût encore un peu élevé. Mathilde Fontez MESURES 819 - NOVEMBRE 2009 - www.mesures.com