Chapitre Seizième
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Chapitre Seizième
Sailor Moon ~ Une Toute Nouvelle Destinée Chapitre 16 L’ambiance était lugubre dans les corridors du Palais et les pas des jeunes femmes résonnaient sur le pavé poussiéreux. Personne n’avait envie de parler depuis la dernière réunion où Galaxia avait révélé ses plans. Soudainement, Rei s’arrêta net et posa la main sur le mur. - Qu’est-ce qu’il y a ? demanda Ami, inquiète. Rei pencha la tête de côté et fronça les sourcils. - Elle est en danger ! murmura-t-elle pour elle-même. - Qui est en danger ? demanda Setsuna, la main serrant doucement l’épaule de Rei. Rei leva les yeux vers le groupe, le visage affolé. - ChibiUsa!!! Elle a été prise en chasse ! - Mais qu’est-ce que tu racontes ? Il n’y a personne dans le Palais à part nous… répondit Haruka, incertaine. - Les Frilaans ! S’écria une voix grave masculine. Toutes les têtes se tournèrent vers Taiki, Kei et Yaten qui venaient tout juste de les rejoindre dans le long corridor. Kei se tourna vers Taiki. - Nous avons perdu le courant et ainsi donc les mesures de sécurité ont été désactivé pendant le raz-de-marée. Les Frilaans qui sont gardés aux niveaux inférieurs se sont probablement échappés ! - Si ChibiUsa s’y trouve… tenta Yaten. - Akai est déjà sur ses traces ! Coupa Rei, paniquée. - Qu’est-ce qui se passe ici ?! Demanda Usagi, accompagné de Mamoru et Seiya qui a leur tour venaient de rejoindre le groupe. - ChibiUsa est peut-être en danger… mais restons calme ! Répondit Minako. - CHIBIUSA?!? - Suivez-moi, je connais un escalier de service pour nous rendre à l’aile du Palais où l’on garde les Frilaans en captivité. Tous s’engagèrent derrière Taiki au-travers d’une porte et d’un passage sinueux. Usagi aurait pu tenir la main de Seiya, ou même de Mamoru mais elle était si effrayée à l’idée de savoir sa petite ChibiUsa la proie des Frilaans qu’elle ne pensait pas aux deux hommes consternés derrière elle. ** ChibiUsa tenta de reculer davantage mais elle était maintenant acculée au pied du mur. La sueur perlait à ses tempes et au creux de son dos. Elle pouvait à peine respirer sachant qu’elle était à une inspiration de céder à la panique. Le plus téméraire des Frilaans fit un pas de plus dans sa direction, son grognement sourd audible et terrifiant. Les autres s’étaient alignés derrière leur chef de meute, tout aussi prêt à attaquer. Alors que le Frilaan se mit à charger, une autre bête rouge sauta du balcon supérieur et s’interposa entre elle et la créature, le poil dressé et les dents et les gencives bien en évidence. Le Frilaan eut une hésitation. - Akai!!! s’exclama ChibiUsa en reconnaissant la bête accompagnait Sailor Mars, l’une des compagnes de sa mère. qui Akai demeura immobile, les yeux rivés vers son adversaire. - Non! Non! S’écria ChibiUsa quand elle réalisa que les deux bêtes allaient sans doute se battre. Vas-t-en Akai! ajouta ChibiUsa, d’une voix qu’elle aurait voulu plus forte. Mais les Frilaans n’écoutaient pas les lamentations de la jeune Terrienne perdue. Ils semblaient même avoir perdu intérêt en sa personne. Akai venait de les défier sur leur propre territoire et cela était bien plus intéressant… Et devant les yeux terrifiés de ChibiUsa, le chef des Frilaans s’élança vers Akai. Akai fut incapable d’esquiver les crocs du Frilaan et les deux bêtes roulèrent au sol dans un brouhaha terrible de grognements et couinements de douleurs. La douzaine de Frilaans qui avaient attendu patiemment jusque-là s’approchèrent de l’escarmouche, surexcités par le sang qui commençait à se répandre sur le sol et tout autour. ChibiUsa hurla d’horreur lorsqu’elle fut éclaboussée par le liquide rouge et tenta de s’échapper à nouveau en longeant le mur vers la gauche. - Star Sensitive Inferno!!!! Un rayon d’énergie argentée traversa la pièce quelques centimètres audessus de la tête des Frilaans, ce qui cause leur dispersion. Akai se releva en boitant en s’éloigna du groupe apeuré. ChibiUsa leva le regard vers la passerelle et aperçut le groupe qui venait à sa rescousse. Sailor Star Healer, Sailor Star Maker, Sailor Star Fighter et Sailor Star Chaser sautèrent directement de la mezzanine et atterrirent entre elle et le groupe de Frilaans, l’air menaçante. Les bêtes reculèrent ; aucunes ne se risqueraient contre les Sailor Starlights. ChibiUsa s’appuya au mur pour se relever, tremblant de tous ses membres. - AKAI!!! Hurla Rei en arrivant dans la pièce devant le reste du groupe. Elle se pencha sur son Frilaan dont la fourrure était couverte de sang. Au même moment, Usagi, Minako, Ami, Setsuna, Hotaru et Haruka s’élancèrent vers ChibiUsa. Sailor Céphée ainsi que Mamoru restèrent en retrait. - ChibiUsa! ChibiUsa! Tu n’es pas blessée?! S’exclama Usagi en la serrant dans ses bras. ChibiUsa secoua négativement la tête, encore sous le choc. - Mais c’est quoi le problème avec toi ?!? Tous les visages se tournèrent vers Rei qui tenait toujours Akai dans ses bras. Le regret était déjà visible dans le visage de ChibiUsa. - On a même pas besoin de Balzaruth pour nous faire du mal! Akai est blessé à cause de toi! - Rei!! S’exclamèrent Minako et Ami. - Ça ne fait pas une journée que tu es arrivée ici et tout ce que tu fais c’est pleurnicher! Et bien entendu, il a fallu que tu nous fasses une crise et que tu te mettes dans le pétrin! Sailor Star Chaser et Hotaru s’approchèrent de Rei et d’Akai. Les blessures étaient graves. - Personne n’a demandé à Akai de te sauver la vie! Il sait que tu es importante à notre cause et il n’a pas hésité à s’interposer entre toi et les autres Frilaans, et ce au péril de sa vie! Cracha Rei, les yeux hargneux. Sailor Star Fighter et Maker profitèrent d’un moment de silence pour repousser les Frilaans toujours en liberté vers les cages au fond de la pièce adjacente. Elles s’assurèrent qu’elles ne puissent pas en sortir. - Je… Je… suis désolée… balbutia ChibiUsa, toujours entourée par Usagi et ses amies. Sans un regard en arrière, Rei invita Hotaru à l’aider et les deux femmes prirent Akai dans leurs bras et suivirent Sailor Star Chaser dans une autre pièce. - C’est que… J’ai peur… admit soudainement ChibiUsa vers sa mère et ses amies. - Nous aussi nous avons peur… dit Minako d’un ton doux. - Tu n’es pas seule dans cette épreuve. Nous sommes toutes dans la même situation… ajouta Ami. ChibiUsa ravala un sanglot. - Tu dois être courageuse ChibiUsa… s’exclama Setsuna. Ta mère ne voudra jamais affronter Balzaruth sachant que tu ne participerais pas au plan de Galaxia de ton plein gré. - Je suis désolée… répéta ChibiUsa, mortifiée. - Bon nous avons sécurisé l’étage mais il vaudrait mieux éviter de s’aventurer loin des appartements et du centre de communication à l’avenir… averti Sailor Star Maker. Elle n’avait pas besoin de le répéter deux fois. Maintenant que la menace était écartée, les quatre Sailor Starlights se dé-transformèrent. - Je vais aider Kei, Rei et Hotaru à monter Akai à l’aile des soins. Il devrait s’en sortir. Vous devriez tous aller vous coucher. La journée a été longue. Tous acquiescèrent. Usagi mit son bras autours des épaules de ChibiUsa et l’invita à sortir de la pièce avec les autres. Seiya et Mamoru se toisèrent du regard. Il était assez clair qu’Usagi n’irait avec aucun des deux ce soir-là. Ils firent la trêve en silence. - Tu viens Céphée ? Demanda Haruka alors que tous s’engageaient dans l’escalier pour quitter la pièce. Sailor Céphée hocha de la tête. Elle sentait qu’elle n’avait pas le droit t’intervenir parmi les Guerrières lors d’incidents du genre. La réaction de ChibiUsa était prévisible car il était dans sa personnalité de contester l’autorité, parfois même avec violence. Mais elle était tout aussi courageuse que Mamoru ou Hotaru qui eux, avait accepté d’emblée les plans de Galaxia. Céphée s’engagea derrière Haruka et Setsuna. Kei, Rei, Taiki et Hotaru déposèrent doucement Akai sur la table d’examen. Rei, les bras couverts de sang, était toujours en colère et pouvait à peine parler tant ses lèvres étaient serrées. Kei posa une main sur son épaule pour la rassurer. Juste que là silencieuse, Hotaru s’approcha de la table. Taiki la regarda avec curiosité. - Un de mes pouvoirs de Guerrière Sailor est la guérison. Je pense pouvoir soigner Akai de ses blessures, du moins assez pour accélérer son rétablissement. Le visage de Rei s’éclaira. Elle ne se rappelait pas d’un tel pouvoir pour Sailor Saturne mais il était vrai que la jeune Hotaru que Rei avait connu dans le passé n’avait jamais été dépassé l’adolescence, et encore. Il était tout à fait possible que Saturne possède des pouvoirs que seul l’âge adulte ou un Star Seed mature puisse révéler. Hotaru s’approcha de la table et posa ses mains blanches sur le poil hirsute du Frilaan. Un douce lumière violette apparu autour de ses doigts. Akai se détendit automatiquement et reposa sa tête sur la table. - Ne soyez pas trop dure avec Usagi… murmura Hotaru. Elle a grandi pratiquement orpheline en ayant toujours cru que ses parents l’avaient abandonné. Et il n’y avait personne pour expliquer la disparition des Guerrières Sailors de la Terre survenu plusieurs années auparavant. - Donc Galaxia et Céphée disent la vérité ? demanda Kei, sachant que Rei brûlait elle aussi de poser cette question. Hotaru bougea ses mains vers la droite et la lumière sous ses doigts s’intensifia. - Ce que je sais c’est que vous n’êtes pas revenus. Selon les dires de Galaxia et de Céphée, une intervention majeure dans le passé est nécessaire pour éviter que Balzaruth continue d’exister dans le futur. Mes jours, comme ceux d’Usagi et de Mamoru, sont comptés. - Quoique vous fassiez ici, vous ne retournez pas sur Terre non plus… conclua Taiki. Rei jeta un regard atterré vers Hotaru qui n’avait pas levé les yeux d’Akai. - Oh comme je suis désolée…murmura-t-elle. Tu as raison, ChibiUsa ne méritait pas ma colère. - Voilà, j’ai terminé. Beaucoup de repos. - Merci Hotaru… dit Rei, reconnaissante. Tous s’assurèrent qu’Akai était bien installé pour la nuit. Rei et Hotaru quittèrent pour retourner à la chambre partagée par les autres Guerrières Sailors alors que Kei et Taiki s’en allèrent vers leurs quartiers respectifs. *** Usagi ouvrit grand les panneaux de la fenêtre de la grande chambre qui avaient été installé pour remplacer le verre cassé. Les rayons chauds du soleil illuminèrent la pièce et l’air marin pénétra dans le petit appartement. Minako s’approcha d’Usagi et laissa son regard se perdre dans la baie entourant le palais. - Aujourd’hui, Balzaruth n’attaquera pas. Nous ne lui en laisserons pas le temps. Usagi tourna la tête vers Minako qui lui fit un sourire confiant. Derrière elles, Ami, Rei, Setsuna et Haruka s’éveillaient également. Céphée était assise dans un fauteuil, silencieuse. Émergeant d’une pièce adjacente, Hotaru, ChibiUsa et Mamoru entrèrent dans la même pièce que les jeunes femmes. - Tout le monde est réveillé à ce que je peux constater. J’ai de la difficulté à croire que nous sommes tous ensemble pour la première fois… admit Setsuna. - Que va-t-il se passer aujourd’hui ? Demanda Ami. - Galaxia va revenir pour mettre son plan à exécution… répondit Céphée. - Crois-tu sincèrement que cela peut marcher? Demanda Haruka. - Je l’ignore… répondit Céphée. J’ignorais l’existence des Archanges et la véritable nature de Balzaruth avant que Galaxia ne se révèle à moi. Même si nous voudrions retourner vers la Terre, Balzaruth nous attaquerait en chemin. Nous n’avons pas d’autre choix que de l’affronter en suivant la stratégie de Galaxia. - Je pense que nous avons déjà tous accepté cette conclusion… ajouta Hotaru. Le groupe demeura silencieux pendant un moment. Rei en profita pour s’approcher de Chibiusa qui avait gardé le silence jusque-là. - ChibiUsa, je te demande pardon de m’être emportée contre toi hier… - Ça va aller… rassura ChibiUsa, avec sincérité. Je ne peux pas cacher à personne que la perspective de mourir aujourd’hui m’enchante. - ChibiUsa… murmura Usagi, la gorge serrée. - Après tout, Mamoru, Hotaru et moi-même n’avons été éveillé que tout récemment et Galaxia nous a manipulé dès le début. Malgré nos réticences, nous sommes ici pour vous aider à vaincre ce monstre. - Usagi, tu sais que tu peux compter sur nous. Nous sommes ici bien vivant grâce à toi, grâce à la seconde chance que tu nous as donné sur Terre. N’hésite pas un instant contre Balzaruth… dit Mamoru. Usagi, toujours appuyée sur le bord de la fenêtre, ravala un sanglot. - Malheureusement, Michiru et Makoto nous ont quitté trop tôt mais si on pense à elles très fort, je suis sûre qu’elles ne seront pas très loin lors de la cérémonie… ajouta Setsuna. Quelqu’un frappa à la porte. C’était le Chef Maruko. Ami lui ouvrit la porte. Il sembla ému pendant un instant de voir toutes les Guerrières Sailors ensemble. - La Reine Kakyu va vous attendre après le… le déjeuner, déclara-t-il maladroitement. Il tourna le talon et disparu dans le corridor. - Pauvre Chef Maruko… murmura Ami. Il est tellement dévoué à la Reine. Tous acquiescèrent. - Et si on allait manger? Demanda Minako. Sans aucune hésitation, tous s’engagèrent dans le corridor en direction des cuisines. *** « Un… » Un goût amer de poussières, de sang et de sel fit grimacer le visage douloureux de ChibiUsa. Au travers de ses paupières enflés et ruisselantes, elle percevait le mouvement de la foule au-delà des cordes du ring. « Deux… » ChibiUsa se retourna lourdement sur le dos et fut momentanément aveuglée par les projecteurs de la scène. Son corps irradiait de douleur au rythme des battements de son cœur. Ses oreilles bourdonnaient du délire de la foule, en une multitude de sons discordants qui saturait ses tympans. « Trois… » Au-dessus d’elle, son opposant sautillant toujours, dont elle devinait le sourire blanc et étincelant, grossièrement peint sur ce visage foncé qu’elle détestait tant. « Quatre… » Et ce foutu arbitre qui tapait le sol de son poing à quelques centimètres de sa tête. ChibiUsa se redressa sur son épaule et lança un regard vide vers son entraîneur. Il était là, dans le coin, sans bouger. Alors que la foule scandait et acclamait déjà son adversaire, son entraîneur demeurait immobile. Il la fixait de ses yeux tristes et déçus, avec une pointe d’ironie même. Ce regard blessa ChibiUsa. Elle retomba sur le dos et grimaça au contact de son dos brûlant sur sa transpiration devenue glaciale sur le tapis du ring. « Cinq… » C’est vrai. Elle avait tant insisté pour affronter le champion de sa division. Son entraîneur avait tout fait pour la dissuader, affirmant qu’elle n’était pas prête, pas assez disciplinée pour un tel adversaire. Qu’elle avait beau faire le poids et la grandeur requise pour cette classe, et avoir l’expérience de plusieurs combats dans le passé, ce boxeur n’aurait aucune pitié envers elle, il exploiterait ses points faibles, et il frapperait fort. Très fort. « Six… » ChibiUsa serra les poings. Tellement obstinée, elle était. Et la foule qui ne cessait de hurler et de bouger comme une méduse aux têtes hideuses et aux cris stridents. Elle eut soudain envie d’arracher toutes ces têtes comme on arrache les pissenlits sur une pelouse. Une sourde colère envahit progressivement ChibiUsa, chassant peu à peu la douleur. « Sept… » Ok, elle n’avait visiblement pas hérité des pouvoirs de sa mère, mais en avait-elle besoin pour gagner ses combats ? De plus, grand-maman Ikuko avait tant tenté de la dissuader de faire ce combat, tout comme son entraîneur, et le reste de son club aussi. Allait-elle leur donner raison ? Laisser la foule se moquer d’elle ? Son adversaire la ridiculiser ainsi ? Non. Elle aimait la boxe. Elle aimait vaincre. Elle aimait qu’on l’admire. « Huit !!» D’un geste brusque et soudain, elle saisit le poignet de l’arbitre et le maintien au sol. Malgré son visage tuméfié, elle lui jeta un regard acéré qui fit reculer ce dernier de surprise. Les cris de la foule se transformèrent à mesure que ChibiUsa se releva pour se remettre complètement sur pied. Elle repoussa d’un geste agacé ses épais cheveux roses vers l’arrière. Le sourire absurde disparu soudainement du visage de son opposant, et ChibiUsa cru y déceler une brève lueur d’inquiétude. Sans jeter un seul regard vers son entraîneur, ni la foule, elle se remit en position de combat. Son adversaire ne se fit pas prier et se positionna devant elle à nouveau. Cette fois-ci, c’était la bonne. ChibiUsa oublia la foule, l’arbitre, son entraîneur, les membres de son club… Il ne restait que son adversaire, sur un ring éblouit d’une lumière intense. Les deux opposants baignaient dans un silence oppressant. Un coup, puis un deuxième, Un revers. ChibiUsa les esquiva tous, avec une étonnante facilité. Ses sens étaient aiguisés à l’extrême. Une ouverture. ChibiUsa sourit. D’un élan bien placé, elle envoya une droite solide à la mâchoire de son adversaire. Le coup raisonna dans son bras et fit naître une douleur lancinante. Mais déjà, son adversaire tombait à la renverse, s’écroulant au sol. Tout d’un coup, la foule, l’arbitre et le bruit assourdissant réapparut aux yeux et aux oreilles de ChibiUsa. Comme au ralentit, l’arbitre compta les dix coups fatidiques. L’homme, qui ne souriait plus, demeura au sol. ChibiUsa sentit son bras soulevé vers le ciel, pour ensuite être acclamée bruyamment par la foule. Son entraîneur lui sauta dans les bras, malgré le sang et la sueur maculant sa peau. ChibiUsa fut soulevée sur les épaules de ce dernier, aidé par ses compagnons du club. La jeune femme fut submergée par l’euphorie du moment. Elle avait gagné, elle avait vaincu le champion, malgré l’opposition, malgré le manque de confiance de ses pairs envers elle. ChibiUsa leva les bras vers le ciel, et nargua cette foule de son regard du vainqueur. Le corps de ChibiUsa disparu alors en fines poussières étincelantes, pour laisser place à un Star Seed rose brillant de mille feux. * * * * Minako fixait la porte de sortie depuis quelques minutes déjà. Qu’attendaitelle pour quitter cet endroit ? Elle était entourée de filles, pour la plupart plus jeunes qu’elle, qui se préparaient à passer l’audition pour la comédie musicale. On disait de ce spectacle qu’il serait vu par plusieurs millions de personnes à travers le monde, et que quiquonque serait de la distribution deviendrait une vedette instantanément. Mais des auditions comme celles-là, Minako en avait déjà passées des dizaines, sans résultats véritables. Elle soupira. Toutes ses amies avaient déjà un semblant de vie normale, un travail, et elle était là, à courir après un rêve inaccessible. Ce serait sa dernière audition, décida-t-elle, soupirant. Les organisateurs commencèrent à faire passer les candidates sur scène devant le comité du spectacle. Déjà, de ce qu’on pouvait entendre en sourdine, les prestations étaient fameuses, et plusieurs candidates avaient beaucoup de talent. Minako s’enfonça à nouveau dans sa chaise, découragée. Et dire qu’elle avait refusée d’aller magasiner des vêtements de bébés avec Usagi pour participer à cette audition. Minako souria légèrement. Malgré que ce fût la énième audition qu’elle passait, Usagi lui souhaita encore bonne chance avec la même étincelle dans les yeux. Comme si cette fois-ci, serait enfin la bonne. Usagi avait toujours cette confiance inébranlable pour tout. Minako fut interpellée par la dame des auditions. Elle demeura interdite pendant un instant ; c’était déjà son tour ? Elle replaça ses cheveux rapidement, maudissant son instant d’inattention. Elle marcha d’un pas gauche vers la porte, sous les regards inquisiteurs de ses rivales. Minako se présenta sur la scène de bois noirci, éblouie par les projecteurs. Elle pouvait à peine distinguer le visage des juges. Mais étant habituée à ce genre d’audition, elle reprit rapidement son assurance et répondit aux questions, qui étaient souvent les mêmes d’une audition à l’autre, avec assurance, maturité, aplomb et humour. La trame musicale se fit entendre. Mais Minako réalisa avec horreur que la chanson qui jouait n’était pas celle qu’elle avait apporté pour son audition ! Sautillant d’un pied à l’autre, elle prit le micro dans ses mains et ferma les yeux. Elle reconnaissait la chanson, qui avait été un succès l’été précédent dans les karaokés. Pendant un instant, Minako pensa faire un signe pour qu’on arrête la musique. Et puis à quoi bon ! Elle connaissant les premières paroles de la chanson… Les juges lui donneraient peut-être congé avant même qu’elle ne termine, comme s’était souvent le cas. Minako ouvra les yeux et s’élança de sa voix juste et entraînée. Comme la chanson avait été extrêmement populaire, elle s’imagina devant un auditoire hystérique, qui chantait avec elle. Elle en oublia les juges, le projecteur qui l’aveuglait, le bois qui craquait sous ses pas et chanta comme elle n’avait jamais chanté auparavant, laissant porter sa voix au-delà de la salle, vers le ciel. La chanson se termina, laissant les juges complètement renversés. Ils ne dirent rien, laissant à la dame responsable, le soin de raccompagner Minako vers les vestiaires et d’appeler la candidate suivante. Minako se releva de la fontaine, sa gorge enfin apaisée par l’eau fraîche. Elle avait peine à réaliser ce qui s’était passé réellement sur la scène. Les juges n’avaient rien dit ; ils ne l’avaient même pas remercié après son audition. Et hop! Au suivant! Elle devait vraiment avoir été mauvaise à un point tel… Quelques minutes plus tard, toutes les candidates furent appelées à aller s’asseoir dans la salle pour la première sélection des juges. D’un pas nonchalant, Minako suivit ses opposantes et alla s’installer discrètement tout en haut des gradins. L’un des juges prit le micro, et y alla de formules de remerciements, et tout le tralala… Minako commençait à perdre patience lorsqu’enfin, il se décida à nommer les candidates qui seraient appelées à faire une seconde audition dans les prochains jours. Les cris de joies et les pleurs fusaient chez les jeunes femmes choisies. Déçue et résignée, Minako rassembla ses affaires et se leva de son siège. Alors qu’elle allait franchir le seuil de la porte, un bras puissant la retint. Elle se retourna, agacée. Il était déjà tard et encore une fois, elle avait tout fait ça pour rien. Mais l’homme lui indiqua que des membres organisateurs du spectacle voulaient lui parler avant qu’elle ne quitte. Minako lui fit un regard sceptique, mais accepta de le suivre. Elle fut conduite à un bureau. Trois personnes entrèrent après elle et la saluèrent respectueusement. Minako crut reconnaître qu’ils s’agissaient des mêmes personnes qui jugeaient les candidates dans le théâtre. - Malheureusement Mademoiselle Aino, vous ne correspondez pas à ce que nous cherchons pour le casting de la comédie musicale. Minako demeura perplexe et ne préféra ne rien répondre. - Toutefois, votre assurance sur scène, cette passion dans votre voix, et votre apparence nous ont fort impressionné. - Pardon? tiqua Minako, surprise. - Qui est votre agent, mademoiselle Aino? - Je n’ai pas d’agent… Les trois juges se regardèrent, incrédules. - Nous pensons que vous avez un talent exceptionnel. Minako ne trouva rien d’autre à répondre qu’un timide « merci ». - Nous aimerions vous offrir un contrat de représentation sous notre compagnie d’artistes. - Vous êtes sérieux ? réussit à articuler Minako, la bouche sèche. - Très sérieux. Nous travaillons sur un autre projet, cinématographique celuilà, où nous aurons besoin d’artistes capable de chanter et de jouer devant la caméra. Nous aimerions bien discuter avec vous de ce projet. Une vague de joie inonda alors le cœur de Minako. Enfin! Enfin! Elle se leva de sa chaise et son visage s’éclaira d’un large sourire. - Vous me rendez très heureuse! Le corps de Minako se dissipa en milliers de petites étoiles. Seul un Star Seed doré demeura sur place, brillant encore d’une joie non feinte. **** Hotaru devait avoir environ 9 ans. Le médecin l’auscultait avec attention, lui posant toutes sortes de questions bizarres. Avait-elle des épisodes de faiblesses ? Des étourdissements ? De la toux ? Des visions et des rêves étranges peut-être ? « Non », s’impatientait de répondre la petite Hotaru. Devant son exaspération, le médecin lui rappela que son père insistait qu’il fasse un bilan complet de sa santé à tous les six mois. Après tout, le médecin ne pouvait refuser cette requête de Monsieur Tomoe, qui était son patron… Le docteur releva la tête, satisfait. Hotaru, malgré les inquiétudes de son père, était en parfaite santé. Il ouvra les rideaux du cabinet d’examination et souria au père de la fillette, toujours inquiet. Ce dernier soupira de soulagement devant la mine confiante du médecin. Les deux hommes échangèrent une poignée de main, et le père et la fille quittèrent. Prenant place dans la luxueuse décapotable de son père, Hotaru se rendit compte que son père ne la reconduisait pas à l’école… Elle n’osa rien dire, son père étant de nature assez taciturne et prompt à être contrarié si on le questionnait un peu trop. Étrangement pour Hotaru, c’est son père qui entama la conversation en premier cet avant-midi-là. - Hotaru chérie, aujourd’hui est un Grand Jour… déclara Souichii, souriant. Malgré son incompréhension, Hotaru se laissa influencer par le bonheur soudain de son père. - Tu es en parfaite santé! - Oui mais papa, on le savait déjà… Souichii sembla chercher ses mots pendant quelques instants. - J’avais… j’avais un collègue de travail dont la petite fille était très… malade. Elle te ressemblait beaucoup Hotaru. Hotaru cligna des yeux. Elle trouvait son pète étrange. - Que lui est-il arrivé à la petite fille? demanda-t-elle. - Des gens sont venus la chercher et la prendre pour l’emmener loin de sa famille… réussit-il à articuler, la mâchoire crispée. Hotaru n’ajouta rien, respectant le silence troublé de son père. - Je t’aime beaucoup Hotaru et je ne tolèrerais pas que personne ne vienne te prendre à moi à nouveau. - À nouveau? Souichii se racla la gorge d’embarras. - Ce que je veux dire Hotaru chérie, c’est que toi et moi, nous sommes une famille. Hotaru sentit une vague de joie et de bonheur envahir son corps d’une douce chaleur. - Je sais que ce n’est pas toujours facile à l’école pour toi… commença Souichii sur un autre ton. Hotaru se renfrognât, croisa les bras sur sa poitrine et tourna le regard vers l’extérieur. Oui, les autres élèves la laissaient souvent à l’écart, se moquant d’elle sur une base régulière. Hotaru n’avait jamais soufflé mot à personne, gardant l’humiliation pour elle-même. - Quand j’avais ton âge, les autres garçons se moquaient de moi. Je n’avais presque pas d’amis. Hotaru tourna un regard intéressé vers son père. Ce dernier la fixa intensément, tout en conduisant sa rutilante voiture. - Tu es différente Hotaru, différente des autres. Tu dois être fière de cette différence et refuser d’en souffrir. Les autres enfants s’éloignent de toi car ils ressentent ce pouvoir et cette fabuleuse destinée qui t’attend dans le futur… - Destinée? répéta Hotaru, confuse. - Tu es en santé, tu es belle, tu es intelligente et douée. Lorsque tu auras terminé l’université, tu pourras faire tout ce que tu désires, voyager à travers le monde, parler plusieurs langues, marier un homme riche, réaliser tes rêves les plus fous… - Papa, je n’ai que 9 ans ! Rouspéta Hotaru, faussement exaspérée des élans émotifs inhabituels de son père. - Oui et tout l’avenir devant toi cette fois. Ton vieux père est si fier de toi Hotaru… Hotaru rougit légèrement. Elle était heureuse que son papa s’ouvre à elle de cette façon. Soudain, la voiture s’arrêta devant l’entrée d’un grand parc. Souichii invita Hotaru à sortir. Il se dirigea vers le coffre arrière et en sortit un imposant panier à pic-nic et une couverture rouge écarlate. - Je sais combien tu aimes les pique-niques Hotaru. Aujourd’hui, nous allons passer le reste de la journée ensemble ! Les traits du visage d’Hotaru s’étirèrent en un grand sourire. Elle n’avait jamais été pique-niqué avec son père avant, mais peu importe les choses bizarres qu’il racontait depuis tout à l’heure ; il n’y avait pas sur Terre, une petite fille plus heureuse qu’elle en ce moment. À mesure qu’Hotaru marchait dans l’herbe tendre, tenant la main chaude de son père, son petit corps frêle se dissipa en fines poussières de pollen, portées au loin par le vent frais d’été. *** Mamoru avait toujours été un garçon silencieux, plutôt taciturne et solitaire. Sa vie se déroulait lentement, comme portée par un long fleuve tranquille. À l’orphelinat, il n’avait jamais causé de problèmes et était devenu l’un des enfants préférés de l’établissement. Maintenant adulte, et à l’université, cette même vie monotone le suivait inexorablement. Il avait tenté de s’éclater avec des filles, de faire la fête avec des copains… mais rien ne chassait cette mélancolie incrustée dans son cœur. Pourtant ce matin, Mamoru marchait dans un sentier au sein d’une dense forêt de cristal, sous une lumière surnaturelle. Des oiseaux aux plumes multicolores s’envolaient sur son passage, alors que des pégases et des licornes, levaient la tête de l’étang où ils s’abreuvaient pour regarder cet étranger marcher sur leur territoire. - Êtes-vous aujourd’hui heureux, Maître Endymion ? Mamoru fit volte-face pour apercevoir Hélios venir à lui. Songeur, il ne répondit rien. - Tout cela est à vous ; vous en êtes le protecteur, le gardien, ainsi que le Roi… ajouta Hélios avec un ton amical, mais tout de même solennel. - Comme Galaxia vous l’a appris, nous sommes en Élusion, un domaine terrestre ancien mais demeuré secret aux hommes. C’est ici qu’est puisé toute l’énergie des rêves, de l’espoir et du bon en chaque être humain. Lorsqu’une puissance maléfique menace la Terre, nous sommes les premiers à le ressentir ici… Mamoru acquiesça. Hélios et lui marchèrent encore quelques centaines de mètres sur le sentier, pour arriver à des ruines envahies par un champ de roses. Survolant le paysage du regard, Hélios ajouta… - C’est ici qui vous avez rencontré la jeune Princesse Sérénité pour la première fois… raconta-t-il, avec une pointe de nostalgie dans la voix. - La Princesse Sérénité? questionna Mamoru, un sentiment oppressant sa poitrine. - Oui… murmura Hélios. C’était au temps du Millénium d’Argent. La Reine était accompagnée de toute sa cour royale, incluant la jeune princesse, pour les compétitions équestres. Des questions tourbillonnaient dans la tête de Mamoru… De quelle civilisation ancienne parlait Hélios ? Ce dernier s’avança un peu au travers des ruines, les yeux brillants d’émotions. - Je n’étais qu’un jeune valet à l’époque, mais je m’en rappelle comme si c’était hier… Durant la nuit qui suivit les tournois, il y eu un grand bal où tout le monde fit la fête. C’était le temps où la Terre était encore en paix avec la Lune. - Quoi? tenta Mamoru, complètement abasourdi. - Déjà à cette époque, tu n’aimais pas trop le bruit, ni la foule. Alors tu t’étais réfugié à l’écart, dans l’écurie. Je t’y avais suivi et comme des gamins, nous commentions les performances de nos chevaux préférés en rêvant que plus tard, nous aussi, nous serions des cavaliers. Hélios eut un petit rire d’amusement… - Et puis la petite Princesse est arrivée, toute essoufflée. Elle s’était enfui de sa tente, faisait faux bond aux gardes de la Reine Sérénité. Tu étais complètement hypnotisé par cette petite fille aux longs cheveux blonds et aux grands yeux bleus. Elle avait un croissant de Lune au front ce qui révélait ses véritables origines. Vous vous êtes regardé intensément pendant quelques instants… Et puis, nous avons entendu les gardes royaux qui arrivaient, visiblement en colère. C’est alors que la Princesse a sauté sur le dos d’un pégase, et t’a tendu la main pour que tu y grimpes aussi. Mamoru écoutait l’incroyable récit d’Hélios, s’imaginant la scène. - Sans réfléchir, tu l’as suivi. Le pégase a sauté hors de sa stalle, a galopé le long du couloir et s’est envolé dans la nuit, avec vos deux petits corps accrochés à sa crinière. Vous en avez rigolé un bon coup là-haut, mais moi j’ai été grondé pour la peine… ajouta Hélios en riant. - Je m’en excuse, sincèrement… répondit Mamoru. - Je ne sais pas ce qui s’est passé entre vous deux cette nuit-là, Endymion, mais ton destin était lié à cette Princesse pour le reste de ta vie. - Tu peux m’en dire plus sur cette Princesse Sérénité, Hélios? demanda Mamoru, insistant. Mais Hélios fit mine de ne pas entendre la question. Il fit quelques signes des mains et aussitôt, deux grands chevaux ailés atterrirent près d’eux, faisant vibrer le sol au contact de leurs lourds sabots. Mamoru recula d’un pas, surpris. - N’ayez crainte Maître Endymion. On ne compte pas meilleures bêtes sur Terre que ces pégases ! expliqua-t-il, fier. Sur l’encouragement d’Hélios, Mamoru s’approcha des impressionnantes créatures. Il posa sa main sur le museau humide d’une des deux bêtes. La chaleur dégagée par le cheval réchauffa son cœur et une vague de bonheur inonda son corps. - Alors, on se sent mieux n’est-ce pas? dit Hélios, souriant, tout en caressant son animal fait de de plumes et de poils. Mamoru acquiesça. Plus il se trouvait dans cet endroit, plus les choses devenaient claires dans son esprit. Son temps passé dans le monde des hommes n’avait été que bien temporaire. Il avait toujours su qu’il était destiné à autre chose. Quoi, il ne le savait pas encore, mais il s’y abandonnerait à bras ouverts pour accomplir son destin. - Alors, tu veux le refaire? - Refaire quoi? - Monter sur le pégase voyons, comme dans le passé! Comme s’ils avaient compris la conversation, les deux pégases s’agenouillèrent pour rendre leur dos accessible aux jeunes hommes. Un large sourire éclaira le visage de Mamoru. - Il faudra garder le secret aux filles parcontre! ChibiUsa ferait l’une de ses têtes! - Tu peux compter sur moi! répondit Mamoru en riant aux éclats. Hélios souria à son tour vers Mamoru, complice. Enfin, son maître était heureux. Cette étincelle, autrefois éteinte, était revenue dans ses yeux. Les temps futurs seraient difficiles, aux dires de Galaxia ; il fallait donc que Mamoru réalise pleinement ce qui était en jeu dans cette guerre intergalactique. Les deux jeunes hommes enfourchèrent leur monture. Visiblement sans le moindre effort, les deux bêtes s’envolèrent doucement vers le ciel à grands coups d’ailes. Mamoru était euphorique devant le miracle de cette envolée. Sous lui, des forêts multicolores, des lacs miroitant comme du cristal, des ruines magnifiques ; le tout à perte de vue… Des larmes lui picotaient le coin des yeux. Jamais il n’avait vu tant de beauté, jamais il ne s’était senti aussi important, aussi attaché à quelque chose… Au gré du vent qui soulevait ses cheveux et la crinière de son pégase, le corps de Mamoru se désintégra en innombrables fines poussières brillantes qui se dispersèrent dans le firmament magique d’Élusion. *** Le paysage et la route défilaient à toute vitesse devant ses yeux. Les vibrations du bolide se propageaient au corps d’Haruka par le volant furieux entre ses doigts gantés. La course était serrée, très serrée. Encore huit tours de piste et la compétition serait terminée. Pourtant la jeune femme aux cheveux couleur du sable n’avait pas le cœur ni la tête à la victoire. Tant de choses avaient bouleversées sa vie durant les dernières semaines… Des rêves traumatisants sur un soi-disant messie de la destruction, des monstres émergeant d’œufs à la forme bizarroïde, une princesse lumineuse avec les ailes d’un papillon… C’est alors que Michiru était entrée dans sa vie à la fin d’une course automobile semblable à celle-ci. Elle avait été introduite par une amie après sa descente du podium, prétextant qu’elle tenait à la rencontrer. Haruka n’avait pas été dupe et s’était rendue compte que cette mystérieuse jeune femme aux yeux et aux cheveux couleur de la mer et au charisme désarmant, désirait bien davantage que lui dire les formules de politesse d’usage que l’on dit à une vedette. Et puis tout s’était déroulé rapidement. La révélation de ses pouvoirs de Guerrière Sailor, son passé mouvementé, les combats, et sa mission pour retrouver les talismans. Tout en esquivant agilement une voiture dont le conducteur venait de perdre le contrôle, Haruka se renfrognât. Et puis depuis ce jour, elle avait été complètement obsédée par Michiru, par sa beauté, sa féminité, son calme trompeur. Était-ce de l’amour ? Elle était si belle… D’aussi loin qu’elle se rappelait, les hommes et les garçons l’avaient toujours soigneusement évité, prétextant sa grande taille, sa nature obstinée et bagarreuse, sa fière allure et son goût prononcé pour les sports extrêmes. Ce qu’on voulait d’elle, c’étaient des performances, et des podiums. Et cela paraissait bien une femme de la trempe d’Haruka dans un sport d’hommes. Haruka ragea lorsqu’un autre bolide tenta de la dépasser sur l’étroite piste. Pourtant, Michiru s’était adressé à elle sans la moindre réticence, ou peur. Elle avait caressé sa main avec douceur, humé son odeur de poussière comme s’il s’agissait du plus fin des parfums, sondé son âme avec son regard profond. Avec Michiru, Haruka ne se sentait plus seule. Elle pouvait laisser tomber ses défenses, ses prétentions, taire ses mensonges. Michiru ne la trahirait jamais, ne la comparerait jamais aux autres… Alors pourquoi n’était-elle pas dans les gradins ? Cela faisait un mois qu’elle n’avait pas vu Michiru ! Elle était partie faire une tournée de concerts, en ne lui laissant qu’un regard énigmatique en guise d’au revoir. Sans perdre sa position de tête, Haruka scrutait frénétiquement la foule à la recherche de l’abondante chevelure turquoise de Michiru. Mais tout défilait si vite. Encore deux tours et la course serait terminée. Et puis soudainement, elle l’aperçu. Haruka sentit son cœur fondre en apercevant Michiru, rayonnante sous le soleil de l’après-midi avec sa robe d’été lavande. Elle semblait l’attendre elle. Haruka appuya son pied de tout son poids sur l’accélérateur. Des bras puissants l’aidèrent à s’extirper du véhicule. La jeune femme retira son casque. Les applaudissements de la foule étaient à leur paroxysme. Haruka avait remporté la course avec plusieurs longueurs d’avance sur ses adversaires. Ses coéquipiers la félicitaient chaudement, heureux de sa victoire. Mais Haruka ne leur porta guère d’attention. Au travers de la poussière de la piste et de la fumée des bolides, Michiru l’attendaient. Haruka se précipita vers elle, mais elle ne put dire un mot. Un cri de terreur provenant des garages surpris tout le monde et la panique s’empara des mécaniciens. Haruka fit apparaître subtilement son petit bâton magique de transformation au creux de sa main et vint pour s’élancer vers la source du danger. Michiru lui lança un regard complice tout en lui retenant doucement le bras de côté. - C’est vraiment ça que tu veux ? murmura-t-elle. Le destin de Guerrière Sailor n’est pas facile… - Si tu restes avec moi, pour toujours, j’irai jusqu’au bout du monde… répondit Haruka. C’est alors que dans le brouhaha et la panique causés par le monstre nouvellement apparu, Michiru amena doucement le visage d’Haruka dans ses mains pour le porter à ses lèvres. Dès cet instant, il n’y aurait plus de retour en arrière, mais Haruka ne s’en souciait guère ; elle avait enfin trouvé son âme-sœur… Son corps s’envola en milliers de petits grains de sable transportés au gré de la brise d’été balayant la piste de course… *** Kei hésita quelques minutes, cachées derrière un buisson touffu. Elle avait encore désobéi à ses gardiens en allant jouer dans le ruisseau derrière le Palais de ses parents. Mais serait-elle même punie ? Peut-être que sa fuite du domaine passerait inaperçu... Kei se retourna dans sa cachette et examina avec dépit sa robe couverte de boue et repoussa ses longs cheveux roux poisseux de son visage enfantin. Elle soupira d’une rage retenue par un orgueil plus grand que nature et croisa ses bras sur sa poitrine. Elle ne serait peut-être pas punie, mais ses frères et sœurs ne pourraient s’empêcher de se moquer d’elle, comme d’habitude. Ils la traiteraient d’avorton de la famille, de « tête affreuse de Frilaan » à cause de la couleur de ses cheveux et des tâches dans son visage. Kei jura dans son fort intérieur. Elle n’avait pratiquement pas d’avenir au sein de la Royauté de la Lune de la Poursuite. Elle avait beau être une princesse, elle était la 6e de la famille et ses parents en avaient déjà plein les bras pour le maintien de la paix fragile avec les autres royaumes lunaires pour s’occuper d’elle. Kei fut brusquement extirpée de ses pensées par le passage bruyant d’un énorme bolide au-dessus du Palais. La jeune fille s’étira la tête hors de l’arbuste pour voir mais le vaisseau était déjà trop loin pour qu’elle puisse lire les inscriptions sur la coque. Rongée par la curiosité, elle s’élança hors de sa cachette et gambada tel un lièvre vers une brèche dans les forteresses du Palais dont elle seule connaissait le secret. S’assurant que personne ne l’avait vu ou suivi, elle pénétra dans la mince fissure, abîmant encore davantage sa robe. Lorsqu’elle arriva finalement à l’intérieur de l’enceinte du Palais, les corridors étaient complètement déserts. Kei sentit une pointe d’inquiétude envahir son cœur. Où étaient-ils tous, les gardes, employés et résidents du Palais ? L’enfant s’élança furtivement dans le corridor et par instinct, se dirigea vers la cour intérieure de l’imposante demeure. Kei se mit à entendre des voix et entreprit donc de tenter une approche prudente et discrète. Il y avait manifestement quelque chose d’important qui s’y déroulait. Elle grimpa agilement sur une poutre et après quelques sueurs froides, put ainsi assister au spectacle. Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu’elle aperçut la Princesse Kakyu, de Kanel, débarquer de son bolide, accompagnée de ses dignitaires. Elle devait avoir environ 11 ou 12 ans mais elle était déjà grande pour son âge. Pourtant, comme tout le monde, Kei avait entendu parler des exploits de ses ancêtres, ainsi que de la grande maturité de la Princesse, maintenant complètement orpheline et seule représentante de son Royaume. Kei eut une pensée respectueuse pour cette jeune fille qui devait régner sur une planète aussi importante que Kanel. Kei aperçu ensuite ses parents, habillés de leurs plus beaux habits. Ils furent introduits à la Princesse par leur garde royal respectif. Un hochement de tête, un sourire sincère. Kei ne perdit aucun moment de la scène, sentant une pointe de jalousie naître dans son cœur. Les enfants étaient rarement invités lors de ce genre de cérémonies… Mais son cœur ne fit qu’un bond lorsque ses frères et sœurs furent amenés à leur tour devant la Princesse. Les ongles de Kei s’enfoncèrent dans le bois de la poutre devant les courbettes exagérées de ses sœurs, et les œillades séductrices de ses frères. La jeune fille fut meurtrie davantage lorsqu’elle entendit des employés du Palais qui assistaient à la scène en retrait… - Elle est très belle n’est-ce pas ? Les rumeurs lui rendent pleinement justice… - Oh oui ! Elle est en mission diplomatique j’ai entendu dire… - Tu ne le savais pas ? Elle est ici pour prendre à sa cour un membre de la famille… - Tu plaisante !? - Je parie qu’elle va choisir le Prince Tate… Il est si beau et si intelligent, tout en étant l’aîné de la famille ! - Hum… La Princesse Mai serait sans doute un bon choix pour représenter la famille. Elle a tout le port royal de sa mère, et elle a de l’ambition! - Enfin, tant que ce n’est pas cette petite peste de Kei qui est choisie… Sous le regard enflammé de Kei, les deux employés ricanèrent en concert devant une telle idée grotesque. Cette dernière se jura de leur faire payer leur affront. Elle se promit de faire une scène à ses parents pour l’avoir écartée d’une telle rencontre. Elle reporta son regard vers la cours. La Princesse Kakyu échangea quelques mots polis avec chaque membre de la famille. Tous étaient anxieux autours d’elle, sachant qu’elle devrait choisir un représentant qui la suivrait lors de son retour sur Kanel. De longues minutes passèrent et la jeune Princesse sembla confuse. Elle porta son regard à nouveau sur tous les membres du cortège d’accueil et plissa le front. Elle se tourna vers son garde principal, un jeune homme fier et imposant, et lui chuchota quelques paroles à l’oreille. L’homme se racla la gorge et s’approcha du Roi et de la Reine du Royaume de la Poursuite. - Est-ce donc ici tous vos enfants ? demanda gravement Maruko. La Reine bredouilla quelques paroles incompréhensibles. Renversée devant la honte de ses parents d’avouer son existence à la Princesse, Kei perdit son équilibre et chuta dans un tas de débris, ce qui causa un important brouhaha qui fit sursauter toutes les personnes présentes dans l’assemblée. Une petite tête rousse couverte de poussières émergea des détritus. Submergé par une colère naissante, le Roi vint pour s’élancer vers la fautive, alors que la Princesse Kakyu leva la main pour l’immobiliser. Malgré les murmures désapprobateurs, elle quitta le tapis rouge et s’avança vers la petite fille honteuse, mais au regard fier. La Princesse de Kanel détailla Kei pendant quelques instants et sourit chaleureusement. Maruko rejoignit Kakyu au même instant. - C’est elle qui détient le Star Seed… murmura-elle vers son garde personnel, satisfaite. Maruko tendit une main bienveillante vers Kei. La petite fille hésita pendant un instant, mais devant le sourire charmeur du jeune homme, elle accepta l’aide pour sortir de sa fâcheuse position. La Reine et le Roi s’empressèrent de rejoindre la Princesse pour expliquer le malentendu, mais cette dernière leva la main avec autorité pour la seconde fois, ce qui fit taire les murmures. - J’ignore pourquoi vous avez caché l’existence de l’une de vos filles. Bien sûr, je ne laisserai pas cet incident ruiner nos relations diplomatiques mais votre ambition a aveuglé votre cœur et vos yeux. Cette fille est la détentrice du Star Seed de votre Lune et sera destinée à devenir un Guerrière Sailor. Kei demeura bouche-bée devant une telle révélation. - Je l’emmène avec moi sur Kanel où elle recevra l’instruction nécessaire. Elle deviendra une Guerrière qui protégera nos royaumes dans le futur. J’espère que vous profiterez de ces années pour réfléchir sur les mœurs de votre famille. Sur ces dernières paroles acides, Kakyu tendit la main vers Kei. Complètement hypnotisée, cette dernière suivi la jeune Princesse et monta sur la passerelle du bolide sans un regard en arrière. - Tu t’appelles Kei n’est-ce pas ? Kei hocha la tête vigoureusement… - Tu n’as plus à te cacher maintenant. La petite fille rousse se laissa choir sur un banc et jeta un dernier regard dans le hublot. À mesure que le bolide s’éloignait du château, Kei sentait sa peine et son ressentiment la quitter. Un nouveau futur l’attendait au loin… Le cœur léger, la petite Princesse mal aimée disparue dans l’infini du ciel. *** Ami s’assit pendant un instant. La tête lui tournait légèrement. Cela devait bien faire plus de 8 heures qu’elle n’avait pas mangé, ni même soufflé un peu. Son internat à l’hôpital, pour la fin de ses études, était particulièrement difficile. Ami frotta son cou douloureux et ses épaules endolories. Elle venait de passer les 2 dernières heures penchée au chevet d’une femme qui avait eu un grave accident de voiture. Elle n’avait pu la sauver. Les cas se succédaient ainsi à l’urgence où Ami était en fonction, sans arrêt, jour et nuit. Ami s’appuya un peu plus lourdement sur sa chaise. Trois de ses collègues, étudiantes aussi, avaient quitté leur stage une semaine plus tôt. La pénurie de médecins et de chirurgiens dans les établissements de soins pesait lourd sur les épaules des futurs diplômés comme elle… La jeune femme se demanda pour la énième fois pourquoi elle en était rendue là. Devenir médecin avait toujours été son plus grand rêve. Mais à quel prix ? Elle avait perdu du poids et les cernes sous ses yeux semblaient ne vouloir jamais disparaître. Ami maudit également le fait qu’elle ne pouvait presque jamais voir Kazuki, son petit ami, rencontré à la faculté de médecine quelques mois plus tôt. Une main amicale sur son épaule la fit sursauter. Ami se retourna vers son chef de département. - Tu devais aller voir des amies ce soir, n’est-ce pas ? Ami acquiesça en reportant son regard dans le vague, certaine que son superviseur lui demanderait de faire quelques heures supplémentaires, comme à son habitude. - Fait une dernière tournée. Le Docteur Natsuki s’occupera des prochains cas. Ami releva la tête, surprise. - Tu dois aller te reposer un peu Ami. Tu es notre meilleur élément. On ne veut pas te perdre ! répondit-il avec un clin d’œil. Sans se faire prier, Ami marmonna quelques remerciements et rassembla ses affaires. Elle s’élança dans le corridor pour s’assurer que tous ses dossiers étaient en règle avant de quitter. Trop fatiguée pour prendre sa voiture, elle prit un taxi. Après presqu’une heure de route où Ami en profita pour s’assoupir, le chauffeur la déposa devant la coquette maison d’Usagi et de Mamoru, située en montagne. Elle semblait être la première arrivée. En s’approchant de la maison, la porte s’ouvrit toute grande dévoilant une Usagi rayonnante de bonheur et au ventre rebondie. - Ami! Tu es venue! s’exclama Usagi en embrassant son amie chaleureusement. Les deux jeunes femmes échangèrent amicalement pendant quelques minutes. Elles s’assoyèrent à la table. - Donc je suis la seule d’arrivé ? - Oui, mais les autres ne devraient pas tarder. Mamoru, maman et Luna ont pris la voiture pour aller faire des courses de dernières minutes ; Rei et Makoto m’ont dit qu’elles arriveraient d’ici 30 minutes. Et pour Minako, depuis qu’elle a son contrat, elle est très prise… mais ce n’est pas grave, je suis tellement contente pour elle ! Ami contempla le visage arrondi et lumineux d’Usagi. Elle était enceinte d’au moins 7 mois et tout allait bien avec Mamoru et le reste de sa famille… - Ami, est ce que ça va? demanda Usagi, sortant Ami de sa soudaine torpeur. - Oh, je suis un peu fatiguée, c’est tout. - Ça va bien à l’hôpital ? Je veux dire… Ami soupira de lassitude. Devait-elle ternir cette soirée avec ses doutes et sa fatigue ? Mais elle réalisa qu’Usagi demeurait une excellente conseillère en cas de doutes. - À vrai dire Usagi, pour l’hôpital, je ne sais plus… Une expression d’étonnement se dessina dans le visage d’Usagi. - C’est tellement difficile, je ne sais plus si j’ai la force de continuer. Le système s’est tellement détérioré depuis les dernières années, et tout le monde s’attend à ce que la nouvelle génération de médecins remette tout en place. Mamoru a de la chance d’avoir terminé ses études quelques années auparavant, et dans un autre pays en plus! - Est-ce que devenir médecin est toujours ton rêve Ami ? demanda Usagi, concernée par ces soudaines confidences. Ami affichait toujours un air confiant ; ce soir elle semblait épuisée et rompue. Ami vint pour répondre alors que le téléphone sonna. Usagi s’excusa et se leva pour aller répondre. - Quoi? Rei? Je ne t’entends pas! Mais c’est quoi tout ce bruit? Une tempête tu dis? Rei tu me fais peur… Qu’est ce qui se passe? Oh merde, j’ai quelqu’un sur l’autre ligne! Ami se leva à son tour et s’approcha d’Usagi, qui allait bientôt céder à la panique. - Oui allo? Mamoru?!? Où êtes-vous? Quoi? Un ouragan sur la ville?! La voiture? Est-ce que vous êtes blessés?? Attends, j’ai Rei sur l’autre ligne… Ami tenta quelques gestes vers Usagi pour qu’elle lui explique ce qui se passait… - Rei? Rei? Allo?? Rei répond moi!! Oubliant Mamoru sur l’autre ligne, Usagi lâcha le combiné du téléphone en se précipitant vers la télévision. Sur tous les postes, ont montrait des images en temps réel d’une tempête particulièrement violente balayant Tokyo et sa banlieue de sa foudre, ses vents et pluies diluviennes. Le nez à quelques centimètres de l’écran, Usagi étouffa un juron. - Cette tempête n’a rien de naturel… marmonna-t-elle, inquiète. Ma mère et Mamoru ne peuvent pas revenir à cause d’une route affaissée alors que Rei et Makoto sont coincées en ville à cause de l’embouteillage. Les deux jeunes femmes rivées à l’écran de télévision sursautèrent lorsque le cellulaire d’Ami sonna. Ami l’ouvrit promptement… - Allo? Minako? Quoi? La foudre attaque les gens? Mais c’est impossible!? Qu’est-ce que tu racontes?! Oui Usagi est avec moi, mais les autres sont coincés sur la route… Tu vas te transformer? Mais attend, ne raccroche pas! Ami tourna son visage blafard vers Usagi. Minako avait raccroché son portable pour se transformer en Sailor Vénus! Saisissant l’urgence de la situation, Usagi se leva promptement. - Nous devons alors aller les ai…. Aïe! s’exclama-t-elle, en portant la main à son ventre. - Usagi! Ça va?! La jeune femme blonde vint pour répondre qu’une seconde crampe lui broya le ventre. Elle reposa le genou au sol, le visage tordu par la douleur. - Usagi, qu’est ce qui t’arrive!? - Ça serait à toi de me le dire! s’écria Usagi, un peu plus fort qu’elle ne l’aurait souhaité, s’accrochant désespérément à la main que lui tendait Ami. Ami aida Usagi à s’allonger sur le sofa, lorsqu’elle remarqua la trainée aqueuse sur le tapis, sous les pas d’Usagi. - Bon sens Usagi, c’est le bébé! s’exclama Ami prise de panique. - On se calme! coupa Usagi entre deux respirations sifflantes… tu es médecin non?! - Mais Usagi, ce n’est pas censé se passer ainsi! Tu as ton propre médecin, et tu dois être suivie à l’hôpital en cas de… - En cas ce quoi?! lui répondit brusquement Usagi. Ami recula, surprise du ton des paroles d’Usagi. Cette dernière remua à nouveau sous l’effet d’une autre crampe, mais reprit contenance et ajouta pour doucement. - J’ai confiance en toi Ami… Tu dois m’aider… Tu es la seule qui peut le faire. Mais elle voulait tout lâcher, tout laisser tomber ! Avoir une vie tranquille et simple, comme ses amies, avoir une famille, une maison… Ami se sentait perdue et ne savait plus quoi faire. Pourtant, il n’y avait plus de temps à perdre. Usagi se tordait de douleurs et son visage s’était couvert de grosses gouttes de sueurs. Tout sembla s’enchaîner rapidement, comme dans un rêve. Ignorant les nouvelles dramatiques de la télévision demeurée ouverte, Usagi accoucha, non sans quelques difficultés, d’une petite fille rondelette sur le tapis du salon. Ami, émue, empoigna le bébé et essuya son corps vigoureusement avec une serviette propre. Quelques petites boucles roses trônaient fièrement sur le dessus de la tête du poupon. - Bienvenue dans notre monde, ChibiUsa… murmura Usagi, les yeux brillants de larmes. À contrecœur, Ami tendit la fillette à Usagi. Elle n’arrivait pas à y croire. Elle venait d’aider Usagi à accoucher de ChibiUsa. Soudainement, toutes ces années à l’université, les longues heures dans les corridors de l’urgence prenaient tout leur sens. Aider les gens, soulager la souffrance, se servir de sa tête et trouver des solutions… C’était son destin. C’était ce qui la rendait heureuse par-dessus tout. Ami se releva en essuyant ses mains. ChibiUsa se reposait au chaud sur la poitrine d’Usagi, cette dernière souriant de béatitude. Elle murmura un merci sincère… Ami se sentit soudainement légère, et son corps se dissipa en fines particules multicolores laissant apparaître un Star Seed d’un bleu limpide… *** Les premières lueurs de l’aube pointaient tout juste au-dessus des grands arbres du Temple Hikawa, que Rei enfilait déjà son uniforme rouge et blanc de prêtresse dans sa petite chambre aux allures rustiques. Elle prépara soigneusement le thé comme son grand-père lui avait enseigné. En attendant que ce dernier se réveille, Rei déjeuna d’un modeste bol de riz et de quelques morceaux de fruits frais. Toujours en silence, elle sortit de la petite maison annexée au temple et fit quelques pas sur la pierre usée et blanchie du sentier. Seul le bruit de ses sandales traditionnelles de bois raclant le sol était audible dans l’atmosphère étouffée du petit matin. Rei inspira profondément tout en humant les arômes suaves de la terre noire et le parfum délicieux des conifères centenaires bordant le temple de sa famille. Une légère brise fit valser les petits bouts de papiers blancs soigneusement accrochés aux branches d’un arbre sacré comme des centaines de petits confettis emprisonnés. Rei s’approcha de l’arbre, avec un étrange sentiment lui serrant le cœur. Des vœux sincères de bonheur, de fertilité, d’argent et d’amitié ornaient les bras de l’arbre. Des enfants passaient au temple la veille d’un examen, une jeune mariée toujours sans enfant, un jeune homme espérant une promotion à son travail… Ils venaient et repartaient du temple comme des coups de vent, chaque jour, laissant Rei témoin silencieux de leurs espoirs. Leurs vœux seraient-ils exaucés ? Rei l’ignorait et ne le saurait probablement jamais. Rei marcha sous les grands arbres et se risqua plus profondément dans la forêt d’épinettes, traversant la brume épaisse. Pourquoi était-elle encore ici ? Cela faisait deux ans qu’elle avait terminé l’école. Elle ne s’était pas inscrite à l’université car plus les années avançaient, plus son grand-père avait peine à s’occuper de la maintenance et des activités du temple. Yuuichirou était resté pendant un certain temps, mais avait finalement réalisé son rêve de devenir un musicien professionnel. C’est avec plaisir, mais aussi avec une grande nostalgie que Rei recevait à l’occasion une carte postale de son vieil ami. Rei fit demi-tour et marcha avec précaution sur la mousse recouvrant le sol. Deux ans qu’elle s’occupait du temple. Elle voyait encore Usagi et les autres filles à l’occasion mais ce n’était plus comme avant. Usagi n’avait plus besoin de sa protection, ni de ses conseils et de ses remontrances. Elle pouvait maintenant se débrouiller toute seule avec Mamoru et sa famille. Rei soupira de nouveau avec tristesse… Soudainement, Rei sentit que quelqu’un l’observait. Elle se retourna vivement pour faire face à la présence. Dans la brume qui se dissipait rapidement, elle put apercevoir la silhouette voutée de son grand-père. Ce dernier fit un pas en avant, hochant la tête. - Tu as su que j’étais là avant même d’être en mesure de me voir avec tes yeux… marmonna son grand-père Rei ne répondit rien, et se mit à marcher dans sa direction. - Je crois que tes habiletés sont maintenant à leur plein potentiel… grommela à nouveau le vieillard. Rei haussa les épaules. Elle avait toujours eu don de préscience et de fortes capacités de prémonition. Sentir son grand-père s’approcher d’elle dans un boisé désert n’avait rien d’un exploit à son avis… - Je sens un peu de mélancolie en toi ma petite… - Grand-père… ne fait pas l’autruche. Tu sais bien que je commence à tourner en rond ici. Je veux dire… Ça va faire bientôt deux ans que je t’aide… et puis… - Tu n’as pas à expliquer quoique ce soit ma petite… Je comprends très bien. Tu es jeune, tu es belle, tu as de l’ambition et tu as le potentiel pour faire ce que tu veux de ta vie… - Grand-Père… murmura Rei, légèrement honteuse de se montrer aussi égoïste avec le seul membre de sa famille qui avait bien voulu s’occuper d’elle… Ce n’est pas que je souhaite partir, ou… Rei ne termina pas sa phrase et fit quelques pas dans le sentier parsemé d’aiguilles odorantes d’épinettes, évitant le regard de son grand-père. Le vieil homme s’engagea derrière elle. - Dans ce cas Rei, j’aimerais que tu me rendes un dernier service avant de décider de partir. - De quoi s’agit-il ? - Nous allons avoir un mariage à organiser qui aura lieu dans deux semaines, et j’aimerais que tu t’occupes de tout. Rei se retourna vivement vers son grand-père, le visage crispé. - Mais ce sera le troisième ce mois-ci ! Tu connais la quantité de travail que représente l’organisation d’un mariage au temple ! Le grand-père de Rei fit quelques signes de la main pour calmer Rei qui tentait de peine et de misère de restreindre son indignation. - Rei, il s’agit d’amis de la famille et nous leur devons bien de nous occuper de célébrer leur mariage… La jeune femme vint pour protester à nouveau, mais le vieil homme lui intima de se taire. - Je te demande de faire de ce mariage le plus beau et le plus majestueux que tu n’auras jamais préparé. Après, je te laisse partir. Rei demeura coite devant les paroles directes de son grand-père. Il avait la fâcheuse habitude de communiquer davantage par métaphores et énigmes et d’une voix chevrotante par-dessus le marché. Il avait beau paraître ses 85 ans physiquement, il pouvait encore faire preuve d’une étonnante lucidité. - Puis-je savoir de qui il s’agit alors ? demande à nouveau Rei, résignée. Le vieil homme leva la main à nouveau, indiquant qu’il ne répondrait pas… Silencieux, il tourna le talon et s’engagea dans l’étroit sentier dans la direction opposée, laissant Rei sur place. Quelques années de cela, Rei aurait dépensé une quantité appréciable d’énergie sur sa colère, mais aujourd’hui plus âgée, elle se contenta de soupirer profondément et de se soumettre aux souhaits de son grand-père. Elle retourna en direction du temple, coupant au travers de la végétation luxuriante et chargée d’humidité. Il n’y avait pas de temps à perdre. Rei passa ensuite les deux semaines suivantes, travaillant jour et nuit, à préparer le soi-disant mariage. Ignorant l’identité de la famille, ainsi que le budget de la cérémonie, elle ne lésina sur aucun détail. La jeune femme eut un sourire de sarcasme en coin des lèvres en sortant d’un placard les accessoires les plus luxueux du temple… Si son grand-père insistait pour qu’elle néglige ses amies et son sommeil pour ce mariage, elle, ne négligerait pas sur l’aspect monétaire ! La facture serait salée. C’est avec de larges cernes sous les yeux que Rei s’éveilla à l’aube, le matin de la cérémonie, plus décidée que jamais que cette journée serait la dernière quelle passerait sous les traits d’une prêtresse. Malgré la fatigue, elle s’activa pour que tout soit prêt pour l’arrivée des mariés et de la famille. C’est presque rendu au bord de l’hystérie qu’elle vit enfin la limousine s’arrêter au bas du long escalier menant au temple. Rei eut un curieux sentiment lui disant de prêter attention aux gens qui montaient le long des marches de pierre, mais la bienséance lui dicta de rester à sa place, pour accueillir les futurs mariés selon la tradition. Rei risqua de s’étouffer avec sa propre salive lorsqu’apparu devant elle une Usagi resplendissante de bonheur, parée d’une robe magnifique d’un blanc immaculé. Son visage était illuminé d’un sourire radieux et son regard se posa sur Rei. Il n’en fallut pas davantage pour que Rei s’élance pour rejoindre Usagi et les deux jeunes femmes s’enlacèrent. Mamoru et les filles et les parents d’Usagi s’approchèrent et partagèrent les rires avec les pleurs des deux jeunes femmes. Finalement, Rei recula et posa un regard fier et ému sur Usagi. - Alors c’est le grand jour n’est-ce pas ?! s’exclama-t-elle, encore sous le choc de la surprise. - Tu n’en savais rien !? répondit Usagi moqueuse. Rei hocha la tête, incapable d’en dire davantage. Elle tourna les yeux vers son grand-père qui se tenait à l’écart, avec un petit sourire énigmatique et satisfait sur ses lèvres ridées. Il tenait dans les mains les clés de bois centenaire qui étaient transmises de générations en générations depuis la création du temple. Rei comprit immédiatement le message, sa rancœur et sa fatigue se dissipant instantanément. Son véritable rôle au temple était de prendre la relève et de continuer la tradition et à contribuer au bonheur de la communauté et de ses amis. Le mariage d’Usagi n’était qu’un exemple de ce bonheur partagé. Rei quitta ses amies quelques instants pour aller rejoindre son grand-père, et pour la première fois depuis longtemps, le prendre dans ses bras. La jeune femme aux longs cheveux d’ébène se dissipa en fine poussière, révélant un Star Seed d’un rouge vibrant. *** La jeune fille chétive aux fins cheveux d’un brun délavé du se recroqueviller dans un coin du long corridor pour éviter d’être rudement bousculée par un important contingent diplomatique. La petite Taiki serra son vieux livre en papier sur sa poitrine en soupirant de soulagement. Dès que le brouhaha se fut estompé, elle reprit son chemin dans les sinueux dédales du Palais de Tankei. Elle croisa de nombreux employés et gardes, mais nul ne lui adressa le moindre regard, ni l’ombre d’une salutation. Taiki n’en fit aucun cas. Telle était sa situation depuis son arrivée au Palais sous la protection officielle de la Princesse Kakyu. Elle était encore trop jeune et trop fragile, lui avait-on dit, pour commencer son entrainement de Guerrière Sailor. En attendant, elle recevait donc les services d’un précepteur royal qui lui prodiguait des leçons privées de mathématiques, de politique et de tous les autres sujets importants pour ses futures fonctions. Le reste du temps, Taiki se faufilait incognito dans les couloirs du palais, se cachant parfois pour lire tranquille, ou épiant parfois les autres habitants du Palais à leur insu. La fillette passait également un peu de temps dans l’aile des Frilaans, appuyée sur les barreaux d’une cage, confiant ses timides secrets aux bêtes féroces qui acceptaient sa présence avec une indifférence toute féline. Alors que Taiki s’approchait de son lieu de lecture préféré, un balcon isolé donnant une vue sur la mer bordant le Palais, elle croisa le chemin du garde principal de la Reine, accompagné de quelques conseillers royaux à ses côtés. Maruko et ses coéquipiers semblaient très inquiets de la tournure des négociations qui avaient eu lieu pendant l’après-midi. Contrairement à la majorité des habitants du Palais, ce dernier avait toujours été amical envers la petite Taiki. Elle se risqua à croiser son regard et à l’interrompre. - Qu’est ce qui se passe ?! demanda-t-elle de sa voix claire d’enfant. Maruko détourna le regard de ses interlocuteurs, surpris. - Ah c’est toi Taiki ! répondit-il, une lueur d’amusement dans les yeux et la voix. - Qu’est ce qui se passe ? répéta-t-elle, sérieuse. Les gardes accompagnant Maruko ne purent retenir leur rire et se détournèrent de la jeune fille pour ne pas l’embarrasser davantage. Maruko leur intima de se taire d’un regard qui se voulait sérieux. - Il y a deux familles qui se disputent l’intendance d’une colonie sur un astéroïde. - L’astéroïde sur lequel du naquadat a été découvert ? répliqua Taiki, vivement intéressée qu’on s’adresse à elle de cette façon. - Oui c’est exact… Mais ce n’est rien d’important pour une petite fille comme toi… conclu habilement Maruko. Il se redressa et après un bref hochement de tête, se remit en marche accompagné de ses compagnons. L’instant de fierté qu’avait ressenti Taiki s’évapora comme un glaçon au soleil du midi. Elle ravala sa déception et repris son chemin. Elle savait que le naquadat était un métal rare et très convoité. Il ne serait pas facile pour Tankei de régler un tel conflit sans heurt. Un sourire se dessina sur les minces lèvres de Taiki. Elle allait jouer l’espionne pour le compte de la Princesse et un jour, on la prendrait finalement au sérieux dans ce Palais. Taiki retourna à sa chambre, où elle pénétra dans les conduits d’aération qu’elle connaissait exceptionnellement bien. Elle rampa pendant de longues minutes pour se rendre au-dessus des appartements qui avaient été assignés à l’une des deux familles mentionnées par Maruko. Elle s’installa le plus confortablement possible près de la bouche d’aération et tendit l’oreille pour entendre les conversations. Il ne se passait pas grand-chose et Taiki finit par s’assoupir jusqu’au moment où des voix fortes la sortirent de sa torpeur. - Votre plan est insensé voyons ! - Voulez-vous vraiment l’accès à cette mine ou non ? Vous savez que l’avenir de votre famille en dépend ! Cela ne sera vu que comme un simple accident. - Je préférerais que vous ne mettiez personne d’autre en danger… À ces dernier mots, Taiki tendit l’oreille mais les personnes s’apprêtaient à sortir de la pièce. Probablement pour aller rencontrer la Princesse Kakyu et le conseil. Taiki ne savait trop quoi faire mais elle ne pouvait rester là. Elle retira la grille du conduit et après s’être assurée que personne d’autre n’était dans la pièce, elle sauta du plafond et atterrit au centre du petit salon. Elle s’élança vers la sortie et couru aussi vite que ses petites jambes le lui permettaient. La gorge en feu, Taiki arriva devant la salle de réunion où l’on s’apprêtait à servir le thé et des bouchées pour les membres des deux familles et aux médiateurs. Un garde devant la porte fit signe à Taiki de s’en aller. - Retournez à vos études demoiselle Taiki. Vous n’avez rien à faire ici. - J’ai des raisons de croire que la Princesse Kakyu est en danger ! - Bien sûr, bien sûr. Allez, du vent ! Taiki n’en croyait pas ses oreilles. Elle fit quelques pas dans le couloir et se décida à agir. Elle se retourna et avec toute la force dont elle était capable, elle s’agrippa à la tunique du garde et le fit tomber à la renverse. Taiki fut alors capable d’activer la porte coulissante et de pénétrer dans la salle. Tous les visages se retournèrent vers elle. - Princesse Kakyu !!! Ne touchez pas à rien ! Ces gens préparent un attentat et vous êtes tous en danger ! S’exclama Taiki en pointant les personnes dont elle avait surpris la conversation plus tôt. La Princesse jeta un regard à son assiette qu’elle remit sur la table. - Qu’est-ce que tout cela veut dire ? Demanda-t-elle à l’intention des deux familles. La femme et les trois hommes visés par l’accusation de Taiki reculèrent d’un pas, anxieux. Ils n’osèrent rien dire mais il était évident aux yeux de tous qu’ils étaient complices des accusations de Taiki. Maruko fut le premier à réagir et s’élança vers le petit groupe pour les arrêter. C’est alors que l’un des hommes sortit une arme de sa tunique et se mit à tirer en direction de tout ce qui bougeait, créant la panique générale dans la pièce. C’est alors que Taiki réalisa que Princesse Kakyu était dans la mire des tirs et qu’elle serait probablement touchée lors de la prochaine slave. Sans réfléchir, Taiki s’élança vers la Princesse et se mit en travers des tirs pour la protéger. Alors que Taiki allait être touché, une lumière éblouissante envahit la pièce et tous cessèrent de bouger. La lumière se dissipa. Une Guerrière Sailor Starlight se tenant droit devant Kakyu. Toutes deux étaient indemne. Maruko profita de cet instant de stupeur pour terminer l’arrestation de l’homme et du reste des membres de son groupe. - Sailor Star Maker... Ma première Sailor Starlight à apparaître ! Tu nous as sauvé la vie ! S’exclama Kakyu, un sourire chaleureux aux lèvres. - Princesse Kakyu… répondit Taiki, visiblement émue. Taiki regarda ses mains gantées et sentit le nouveau pouvoir naître en elle. C’est sous le regard attendrit de la Princesse Kakyu que Taiki sentit son corps se décomposer en milliers de petites étincelles brillantes. Elle avait enfin trouvé sa voie. *** Setsuna ouvrit les yeux, incertaine. Elle était étendue sur une surface froide, dure et lisse. Elle inspira profondément pour la première fois et fut soulagée de sentir l’air frais entrer et sortir de son corps. Surprise, elle était bel et bien vivante. - Bienvenue parmi nous Setsuna. Tu nous as beaucoup manqué. Setsuna tourna la tête en direction de la voix chaude et amicale. Une jeune femme aux longs cheveux dorés et portant une majestueuse robe argentée se tenait juste à côté d’elle. Tout autour de la pièce, des piliers et murs de cristal. Setsuna eut quelques instants d’hésitation. - U… Usagi? - Néo-Reine Sérénité pour être plus exact… répondit une voix masculine. Setsuna tourna la tête dans la direction opposée. Un homme aux cheveux noir aux reflets lavande venait également d’entrer dans la pièce. Il portait un smoking et une canne à la main. Setsuna se releva sur les coudes, toujours aussi confuse. - Mais où suis-je? - Tu es dans la palais de Cristal-Tokyo ma chère amie. Cela fait si longtemps que j’attendais ce moment… répondit Usagi, visiblement émue. Setsuna réussit à s’asseoir sur la plateforme. Elle commençait à se rappeler qui elle était. D’anciens souvenirs revenaient à la surface. Elle était de retour à Cristal-Tokyo ? Comment était-ce possible ? - Roi Endymion, je… commença-t-elle. - Pluton, il y a plusieurs années, nous avons combattu le clan de la Lune Noire. Wiseman, Prince Diamond et ses acolytes. As-tu des souvenirs de cette période sombre de notre histoire ? Setsuna tenta de se souvenir. Oui, la chute de Cristal-Tokyo, le voyage dans le passé… Elle vient pour ajouter quelque chose qu’une petite boule de poil rose sauta sur ses genoux. - Miaou!!! - Diana?! S’exclama Pluton, reconnaissant le petit chaton affectueux. Setsuna porta son regard sur la Reine Sérénité. - Pluton, lors du dernier combat contre Prince Diamond, tu nous as sauvé en arrêtant le temps, malgré l’interdiction formelle d’utiliser ce pouvoir. Setsuna porta la main à son visage, songeuse. - Je devrais être morte! Réalisa-t-elle soudain. - Oui mais aujourd’hui, tu es de retour parmi nous… ajouta Usagi. J’ai une mission pour toi. Diana sauta en bas des genoux de Setsuna quand cette dernière se releva complètement. - Petite Lady est retournée dans le passé et elle est peut-être en danger ! s’exclama Diana de sa petite voix féline. Setsuna regarda Sérénité et Endymion à tour de rôle. - Pluton, accepterais-tu de retourner dans le passé pour te joindre aux Guerrières Sailors de la frontière externe du système solaire et protéger le futur ? - Mais bien sûr Roi Endymion! Sérénité et Endymion se regardèrent pendant un instant avant de porter leur regard sur Setsuna. - Comme la Reine Sérénité l’a fait pour moi et mes amies à la fin du Millénium d’Argent, je vais t’envoyer dans une autre époque où tu pourras vivre une vie normale… jusqu’au jour où ton talisman s’activera pour réveiller tes souvenirs et tes pouvoirs de Guerrière Sailors. Tu sauras alors quoi faire. - Notre petite ChibiUsa est retournée dans le passé pour s’entrainer et se faire des amis. Nous avons des raisons de croire qu’elle et les Guerrières Sailors auront affaire avec un puissant ennemi, plus puissant même que les membres de la Lune Noire. Nous redoutons également la réincarnation de Sailor Saturne et des conséquences que cela pourrait avoir. Setsuna ne savait que dire. Depuis des millénaires, elle avait été seule et isolée du reste du monde, protégeant la Porte du Temps. Elle se rappelait avec tendresse les visites inattendues de Petite Lady qui brisaient la monotonie de sa tâche éternelle. Néo-Reine Sérénité lui donnait aujourd’hui une nouvelle vie et l’opportunité de recommencer à zéro. Une existence sur la Terre et surtout, entourée de gens. - Peut-on compter sur ton aide ? Ajouta Endymion tout en interrompant le fil de ses pensées. Pour seule réponse, Setsuna fit apparaître son sceptre dans ses mains. On lui donnait une seconde chance de remplir sa mission de Guerrière Sailor. Un sourire éclaira son visage et elle jeta un regard entendu vers Sérénité et Endymion. - Tu connais le chemin… répondit Sérénité en se tournant vers l’interminable corridor menant au fin fond du palais de cristal. Pluton fit une profonde révérence et d’un pas décidé, s’engagea dans le couloir. Elle protégerait le futur. Alors qu’elle atteignit la chambre sombre qui donnait sur la Porte du Temps, son corps disparu en fines petites poussières argentées, révélant un puissant Star Seed. *** Est-ce que Kanel avait été détruite après leur fuite ? Seiya et Taiki semblaient le croire. À contrecœur, Yaten s’éloigna de la fenêtre embuée. Tant de questions restaient sans réponse. Les trois Sailor Starlights avaient échouées sur cette planète qu’on appelait la Terre. La Princesse Kakyu était demeurée introuvable depuis leur arrivée sur cette planète étrangère. - Je sors faire un tour! S’exclama Yaten à l’intention de Taiki et Seiya. - Soit prudent… marmonna Taiki. Yaten s’élança d’un pas vif dans la rue du quartier résidentiel de Tokyo où lui et ses deux compagnons avaient élu domicile depuis leur arrivée imprévue quelques semaines plus tôt. Yaten secoua la tête de dépit. Qu’allaient-ils faire ? Ils avaient réussi à se trouver un logis rapidement grâce au charme de Seiya et la débrouillardise de Taiki mais encore, leur futur demeurait incertain. Rien sur cette planète, ou presque, n’était similaire à Kanel. Tant de monde, partout à toute heure du jour et de la nuit. C’était étourdissant, ahurissant. Tellement bruyant. Yaten porta le regard vers le ciel qui semblait vouloir éclater d’un moment à l’autre. Il jura. Il n’avait pas de parapluie, encore moins d’imperméable. Tout était encore nouveau dans ce Tokyo qui lui était étranger. Lui, Seiya et Taiki avaient encore beaucoup à apprendre pour vivre dans ce nouveau monde. Et ils auraient besoin d’argent très bientôt. Angoisse. Comment retrouver la Princesse parmi tous ces gens ? Comment retourner sur Kanel ou du moins, dans leur système solaire ? Est-ce que Galaxia les avait suivi jusqu’ici ? Yaten croisa un groupe d’étudiants bruyant. Alors que son réflexe habituel aurait été de rouler les yeux et d’ignorer les adolescents, Yaten se mit plutôt à les suivre. Il les suivit un bon moment jusqu’à un carrefour animé de la ville. Yaten resta pantois pendant un instant devant les enseignes illuminées, la musique, le bruit… Yaten perdit la trace des étudiants mais s’engagea tout de même dans l’intersection, se mélangeant à la foule. Il s’arrêta au milieu de la rue, la gorge serrée. Comment allaient-ils retrouver Kakyu dans un environnement pareil ? Yaten sentit le désespoir l’envahir. Et puis soudain, une musique provenant de l’écran géant au-dessus de l’allée marchande attira son attention. Un groupe de garçon, étrangement bien habillés et coiffés, dansaient au son d’une musique pop entrainante. Dans une chorégraphie calculée et bien exécutée, les garçons regardaient droit dans la caméra en chantant leur message. Et soudain, le déclic se fit dans l’esprit de Yaten. À sa gauche, un groupe de jeunes filles se pâmaient sous l’écran. À sa droite, un marchant vendaient des CDs et des affiches promotionnelles pour le groupe. Yaten se retourna vivement et bouscula quelques piétons sur son passage. Il n’en avait cure. Il avait trouvé la solution pour rejoindre la Princesse Kakyu. Seiya, Taiki et lui-même devaient être sur ce panneau, sur ces affiches et partout où la musique pouvait être entendue. Ça serait simple. Seiya avait une voix spectaculaire alors que Taiki pourrait écrire les textes et lui-même pouvait faire les arrangements musicaux. Il serait plus aisé de rejoindre la Princesse avec un message caché dans une ou même plusieurs chansons. Ils avaient du pain sur la planche et devraient s’intégrer parmi les humains pour arriver à leurs fins. Même si Yaten n’était pas chaud à cette idée, un sourire illumina son visage pour la première fois depuis longtemps. Les Threelights arrivent en ville! Songea-t-il alors qu’il emprunta la ruelle qui le ramènerait à son appartement de fortune. C’est alors que le corps de Yaten disparu en fine poussière de jade étincelantes au même moment où la pluie tomba sur Tokyo. Irulanne 2005 / Révision 2015