Les escadrons de la mort sont bel et bien une réalité

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Les escadrons de la mort sont bel et bien une réalité
Les escadrons de la mort sont bel et bien une réalité
Le Patriote No. 1754 du Jeudi 4 Aout 2005
Escadrons de la mort. Un groupe de mots
que n’aime pas du tout entendre le régime
au point de
provoquer le courroux de ceux qui se
reprochent quelque chose. Aujourd’hui plus
que jamais la question a refait surface, avec
le courrier de l’ex-porte parole des FANCI, le
colonel Jules Yao Yao dans la presse. Dans
ce courrier, une vérité se dégage. C’est que
les escadrons de la mort sont bel et bien, une
réalité. Une information de haute portée que
livre l’ancien porte parole des armées.
Quelqu’un qui était donc au cœur du
système. L’officier, aujourd’hui en rupture de
ban avec le régime va même jusqu’à situer le
Les Miliciens pro-Gbagbo MI-24
gîte de ces tueurs. « Le moment me semble
venu pour que vous (les forces de défense et
de sécurité) retrouviez tous ces tortionnaires qui, planqués au palais présidentiel, desservent vos
actions de haute portée républicaine. » Monsieur « Hauts les cœurs » invite ses frères d’armes à les
dénoncer auprès des organisations de défense de droits de l’homme afin qu’ils puissent répondre de
leurs crimes. « Dès aujourd’hui, préparez-vous à agir, chacun au niveau qui est le sien, pour que
soient démantelés les escadrons de la mort, partout où ils se trouvent », exhorte Yao Yao Jules. Cette
révélation de l’ex- porte parole des FANCI vient confirmer le rapport fait quelques années par une
commission d’enquête internationale des Nations Unies qui a séjourné en Côte d’Ivoire fin décembre
2002 et qui avait pratiquement exploré la même voie. Elle a confirmé l’existence de ces tueurs et
pointé le doigt accusateur sur des personnes proches du palais. "Les escadrons de la mort" en Côte
d'Ivoire seraient constitués d'éléments proches du gouvernement, de la garde présidentielle et de
milices tribales constituées d'éléments autonomes de l'ethnie -bété- du président Laurent Gbagbo",
écrivent les rapporteurs. "Des informations connues des plus hautes autorités françaises mettent en
accusation le "premier cercle" de Laurent Gbagbo: "en premier lieu, le capitaine Seka Yapo, un
gendarme qui fait partie de la garde de Simone Gbagbo", l'épouse du président; "l'un des
responsables de la sécurité personnelle" du chef de l'Etat, Patrice Bahi, serait "spécialement chargé,
selon de nombreux témoignages, de l'élimination des personnes moins connues et des civils gênants"
précise le rapport. « L’insécurité grandissante est due aux escadrons de la mort, des gens dont on n'a
pas l'identité et qui sèment la terreur, on est tous comme en sursis, et c'est inquiétant », avait
reconnu le Pr Bléou Martin, alors président de la ligue ivoirienne des droits de l’homme. Acculé de
toute part, le chef de l’Etat a vite fait d’organiser une conférence de presse le 1er mars 2003 au cours
de laquelle il a déclaré que "La Côte d'Ivoire n'est pas gouvernée par un assassin. Je n'ai jamais tué
quelqu'un. Ma femme n'a jamais tué quelqu'un". Le numéro un ivoirien a même intenté une action en
justice contre les quotidiens « Le monde » et « La croix » pour diffamation. Mais, il a été débouté par
la justice française. La commission des Droits de l’homme des Nations Unies devrait pouvoir à
nouveau se servir des dernières révélations faites par le colonel Yao Yao. Et mener ses investigations
jusqu’à ce que les Ivoiriens soient situés une fois pour de bon sur ces escadrons de la mort qui ont
endeuillé plusieurs dizaines de familles après le déclenchement de l’insurrection armée du 19
septembre 2002.
Baba Coulibaly Nicolas