PDF fr - Lettres de Cuba

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Moisés Simons : l’auteur d’El Manisero
Par Senén Suárez Hernández
Traduit par Alain de Cullant
Número 06, 2015
J’ai toujours voulu connaître certains faits de la vie de Moisés Simons, l'auteur d’El
manisero, une des chansons cubaines les plus connues dans le monde, surtout pour être
très simple, car deux accords sont seulement employés pour l’interpréter « Tonique et
dominante ».
Moisés Simons est né à La Havane le 24 août 1889. À l'âge de cinq ans son père, le
musicien espagnol Leandro Simón, le pousse à étudier le piano, quatre ans plus tard il
est l’organiste de l'église du quartier de Jesús Maria et maître de chapelle de celle du
Pilar.
Six ans plus tard, à quinze ans, il commence à donner des classes avec les maestros
Telleria, Carnicer, Palau et Mauri. Avec un peu plus de connaissance du piano et de la
musique en général il rejoint l'orchestre du célèbre théâtre Martí en tant que chef
d'orchestre pour diriger une zarzuela. Et, avec une compagnie espagnole, il réalise des
tournées à Porto Rico, au Mexique et en Amérique Centrale.
En tant que membre du théâtre Martí, le plus célèbre de Cuba à ce moment-là, il peut
diriger les premières de nombreuses zarzuelas, revues musicales et comédies lyriques,
aussi bien écrites par lui que d'autres auteurs. Il réalise également des études
approfondies du rythme folklorique cubain et il est critique musical dans des journaux et
des revues.
Dans les années 1920, Simons est reconnu comme compositeur, pianiste et chef de
grands orchestres. Il créé des œuvres telles que Revista de 1914 ou El pescador de
corales. Il compose aussi l'opérette Deuda de amor, dont la première est interprétée par
la diva Esperanza Iris. Toutefois, cet éminent musicien, qui a été appelé « l’enfant
prodige », se déroule en créant des œuvres de tous les courants de la musique cubaine,
une musique qu’il a dans le sang, et il compose Serenata cubana, ¿Qué es el danzón
Palmira?", Lamento negroide ou Vacúnala…
Dans les années trente du XXe siècle, Simons est appelé pour diriger un jazz-band, et il
monte des danzones dans le répertoire. C’est durant ces années qu’il se rend à New
York, en revenant de ce voyage, qu'il estime d'exploration, selon les dires de Robreño, il
était assis dans le café situé dans la rue havanaise de San José et c’est à ce moment qu’il
est visité par la muse en voyant passer des Chinois vendant des cacahuètes et, sur une
serviette de table, il a écrit El manicero. Quelques jours plus tard il présentait cette
chanson dans le théâtre Molino Rojo, dans le cadre d'une revue musicale. (Il existe
d'autres versions de cette histoire)
Rita Montaner a enregistré presque toutes les œuvres du célèbre compositeur entre les
années 1927 et 1928. Cependant, parmi l'immense création réalisée par le grand
musicien qu’était Simons, son plus grand succès fut El Manicero. Il s’agit d’un sonpregón dont la première version a été enregistrée par Rita Montaner en 1928 et qui
apparaît dans le film El romance del palmar, accompagné par l'orchestre Hermanas
Álvarez.
Un autre grand de la musique populaire cubaine a été Antonio Machín qui, avec
l'orchestre de Don Aspiazu, a enregistré l’œuvre déjà très populaire à New York en
1930, dans le disque Columbia.
Lors de ces années et de celles qui ont suivies, El manicero a été la création folklorique
cubaine la plus populaire à Cuba, aux États-Unis et, postérieurement, sous toutes les
latitudes.
C’est Rita Montaner qui l’a popularisée en France, consolidant son succès au niveau
international. La chanson de Simons est arrivée au cinéma, interprétée par l'orchestre
Cuban Love Song et elle est également enregistrée par le célèbre ténor italien Tito
Schipa en 1933. C'est pour cette raison qu’El manicero est devenu un classique du
répertoire populaire international. En 1930, Moisés Simons va en Espagne pour la
première de la zarzuela Niña Mersé et il se rend à Paris. Déjà à cette époque sa chanson
avait produit une bonne quantité de revenu dans la Société des Auteurs Français.
Le grand maestro est retourné dans son pays natal qui se trouvait sous le joug d’une
féroce tyrannie et il décide de revenir en France où il est admiré et demandé. Mais le
maestro ne repose pas, il commence à écrire des revues musicales à partir de l'année
1934, comme Toi c´est moi, Le chant des tropiques et plusieurs autres œuvres chantées
par Mistinguett, Tino Rossi, Raquel Meffer.
Un grand nombre de ses œuvres sont aussi popularisées par l’orchestre Lecuona Cuban
Boys, comme Cubanakán, Yamba-O, Colibrí ou, Danza del fuego, etc. Selon les
historiens de l'époque et d'autres bien informés comme le talentueux Días Ayala, le
véritable nom de ce musicien était Moisés Simón Rodríguez, mais suite à la demande
d’un impresario il l’a changé pour le nom de Simons. Il faut signaler qu’il a eu de
grands problèmes durant les années du nazisme en France, car ce nom était considéré
d’origine juive et il a été détenu un certain temps.
Le maestro retourne dans son pays natal où il reste un an puis il se rend en Espagne où il
est attendu par la célèbre chanteuse Imperio Argentina, pour qui Simons a écrit la
musique de ses films Bambú et Cecilia Gómez, et des arrangements de l’œuvre Hoy
como ayer.
Parmi d’autres créations de Simons se trouvent la célèbre œuvre lyrique Marta, d’autre
du genre afro-cubain comme Patricia y mondongo, Priquitin, priquipón, la guaracha
Chivo que rompe tambo, ainsi que Suena guarachita suena, ¿Que es el danzón?, A
llorar a llorar, La negra Quirina, Paso ñañigo, Rumba guajira…
Moisés Simons est décédé le 28 juin 1945 en Espagne, à Madrid, à l'âge de 55 ans.
Bibliographie
Días Ayala Cristóbal, FUNDACIÓN MUSICALIA
Orovio Helio, DICCIONARIO DE LA MUSICA CUBANA, maison d’édition Letras
Cubanas, La Havane, Cuba 1981
CUBARTE
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