accréditation de la Project Management Institute

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accréditation de la Project Management Institute
L’accréditation de la maîtrise en gestion de projet par le Project Management Institute (PMI) est sauve… A­t­elle déjà été menacée ? Par Guy Bellemar e, Ph.D. Professeur de relations industrielles, UQO « Le r etrait de l’offre de cours en anglais pour rait aussi faire perdre à l’UQO son accréditation de la Project Management Institute » (Propos rapportés par le journaliste du journal Le Droit suite à son entrevue avec Monsieur Daniel Pelletier, directeur du module de Sciences administratives (15 décembre 2006). Voici ce que les informations publiques permettent de répondre à ce sujet. « La maîtrise en gestion de projet (MGP) de l'Université du Québec a été offerte pour la première fois en 1977 dans trois universités du réseau UQ : l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC), l'Université du Québec à Montréal (UQAM), l'Université du Québec à Trois Rivières (UQTR). L'année suivante elle a été offerte par l'Université du Québec en Outaouais (UQO). L'université du Québec en Abitibi­Témiscamingue (UQAT) a ouvert le programme en 1984 et l'université du Québec à Rimouski (UQAR) en 1987. Le réseau gestion de projet de l'Univer sité du Québec est une organisation orientée vers les environnements académiques et professionnels. Sa mission est de coordonner les ressources financières, intellectuelles et matérielles des six universités participantes dans le but de promouvoir le développement et la diffusion des modes de management centrés sur la notion de projet, et d'assurer l'excellence de l'éducation et de la formation dans cette discipline. La haute qualité du programme MGP de l' Université du Québec a été reconnue de façon internationale quand en 1988 le programme d' études supérieures en gestion de projet a été accrédité par le Project Management Institute (PMI). ». Extrait du site UQAC de la maîtrise en gestion de projet, visité le 17­1­07. http://www.uqac.ca/mgp//prog_fr.htm#gp. Voir aussi le site du programme réseau UQ en gestion de projet : http://www.gpuq.ca/fr/index.php
Le 14 décembre 1988, l’assemblée des gouverneurs du réseau de l’Université du Québec entérine (résolution A­341­4869) le protocole d’entente entre l’UQAM, l’UQAC, l’UQTR, l’UQAH, l’UQAR et l’UQAT établissant la gestion conjointe du programme de maîtrise en gestion de projet. Il faut noter que c’est le programme réseau de maîtrise en gestion de projet qui obtient l’accréditation du Project Management Institute. Il est nécessaire ici de préciser que dans toutes les constituantes du réseau UQ qui offrent le programme de maîtrise en gestion de projet, aucune autre que l’UQO offre la version anglaise du programme. Et que l’accréditation obtenue pour le programme réseau UQ l’a été bien avant que l’UQO offre la version anglaise du programme. Il n’y a donc pas lieu de penser que l’abolition de la version anglaise du programme de gestion de projet à l’UQO fera perdre à notre université son accréditation PMI, ou l’empêcherait de conserver facilement cette accréditation. Il s’agit du même programme que celui qui est accrédité exclusivement en français dans les autres constituantes du réseau UQ. Nous avons contacté par courriel le Directeur des programmes en gestion de projet pour le réseau UQ, Monsieur Jacques Desbiens, professeur à l’UQAC afin d’obtenir une confirmation à ce sujet. Celui­ci, dans un courriel du 29 décembre 2006 nous a confirmé que l’abolition des programmes en anglais n’aurait pas de conséquences sur l’accréditation du programme réseau en gestion de projets. Et selon lui, l’accréditation obtenue du PMI est générale au réseau UQ, ne comporte aucune clause sur la langue d’enseignement ni de clause particulière à quelque constituante que ce soit. Ces propos nous ont été confirmés par un autre gestionnaire impliqué de près dans la gestion de projet d’une autre constituante UQO mais qui demande à ce que son identité soit protégée. C’est d’ailleurs cette absence de clause au sujet de la langue d’enseignement qui permet par exemple, à l’UQAC d’offrir ce programme en anglais en Chine. L’UQAC, comme l’UQAT et l’UQAR ont, elles, adopté le parti de franciser les étudiants étrangers lorsqu’ils viennent étudier au Québec, que ce soit en gestion de projet ou dans tout autre programme d’étude. Le responsable d’un autre programme de maîtrise à l’UQAC, celle en gestion des organisations, nous a expliqué en détail comment cette université s’y prend pour accueillir les étudiants étrangers et les franciser. Monsieur Érick Chamberland indique que cette
maîtrise, « tout comme la maîtrise en gestion de projet, accueille de 7 à 19 étudiants chinois par année en plus de 25 autres étudiants étrangers de langues diverses : arabes, hispanophones, anglophones, polonais et russes. Ceux­ci doivent s’inscrire et réussir les cours de l’école de langue française (un semestre). Ces cours sont imposés à titre de scolarité probatoire et d’exigence pour l’admission définitive au programme. À cet égard, les politiques MGO et MGP sont similaires ». « L’UQO est une des deux seules universités au monde à détenir cette accréditation » (Propos rapportés par le journaliste du journal Le Droit suite à son entrevue avec Monsieur Daniel Pelletier, directeur du module de Sciences administratives, 15 décembre 2006. On trouve la même affirmation dans Le Droit, 18 février 2004, par une étudiante en gestion de projet).
· Nous avons vérifié le 16 décembre sur le site internet du Project Management Institute. Voici les informations que nous y avons trouvé. http://www.pmi.org/prod/groups/public/documents/info/pdc_gac_accredited.asp
· Il y a pas 2 mais bel et bien 10 universités dont les programmes de gestion de projet sont accrédités. Les programmes dans chacune des constituantes UQ ne comptent que pour 1, car c’est le programme réseau qui est accrédité. De ces 10 universités, 8 sont en Amérique du Nord, une en France et une en Australie.
· 12 Universités sont en voie de faire accréditer leur programme de gestion de projet. Le peu de programmes accrédités n’est pas nécessairement un signe de critères de sélection extraordinairement élevés. Cette situation peut aussi manifester un manque d’intérêt des universités pour cette accréditation. Il faut rappeler que celle­ci est volontaire et que la pratique de la gestion de projet n’est absolument pas réservée aux seules membres individuels ayant étudié dans un programme d’étude accrédité par le PMI. Il en est de même pour de
nombreuses associations professionnelles qui n’ont ni le titre ni la pratique réservée en vertu d’une loi. Ce sont essentiellement des groupes de promotion d’une profession qui tentent d’améliorer la condition professionnelle et salariale de leurs membres par des pratiques tendant à la fermeture du marché du travail 1 . Notre recherche sur Google permet de constater que :
· Sur 120 universités (il y en a peut­être plus car nous avons cessé de fureter sur les centaines de pages web, mais nous avons la certitude que 120 est le nombre minimal) qui offrent un cursus en gestion de projet aux États­Unis, il y en que 8 qui soient accréditées et 6 autres qui soient en processus d’accréditation PMI. Un établissement n’a donc pas besoin de cette reconnaissance PMI pour fonctionner. Le même constat vaut pour les autres établissements dans le monde qui offrent ces programmes en gestion de projets.
· La faible participation des universités à PMI ne tient pas non plus aux frais de participation ni aux droits et cotisations de PMI. Ces derniers ne sont pas prohibitifs. Les voici : « B.8: FEES AND DUES The Center will assess the following fees for the conduct and maintenance of the Accreditation process: • APPLICATION FEE – $1,500.00 (US) nonrefundable to be submitted with the Letter of Intent. • ACCREDITATION FEE – $2,000.00 (US) nonrefundable to be submitted with the Self­ study Report. This fee includes registration of one representative of the applicant program at a Center Accreditation Workshop. • ANNUAL MAINTENANCE FEE – $1,000.00 (US) payable on annual invoice. The applicant program/institution will be responsible for the expenses incurred by the members of the on­site visit team including transportation, lodging, meals, and other 1 PARADEISE, C. 2003. « Comprendre les professions : l’apport de la sociologie » Sciences humaines, no 139, p. 26­32. Paradeise, C. 1985, « Rhétorique professionnelle et expertise », Sociologie du travail, vol. 27, no 1, p. 17­31.
miscellaneous expenses. An estimate of this cost will be provided beforehand. »
· Il n’y a pas de relation entre la langue d’enseignement dans les programmes de gestion de projet et l'accréditation PMI : en France, une formation accréditée se donne en français À l’Université de Lille. http://www.esc­ lille.fr/site/www/fr/home_page_fr/masteres_specialises/project_management__entreprene urship__logistiqueachat/management_de_projets_et_programmes.aspx Avec l’abolition des programmes en anglais, l’UQO perdra des ententes particulières payantes avec des partenaires du milieu. Finalement, nous avons vérifié une autre information rapportée par le journaliste du journal Le Droit dans le même article publié dans l’édition du 15 décembre 2006. « Chaque année, Développement économique Canada paie des cours de maîtrise en services financiers spécialisés à cinq ou six employés de son organisation, dont quatre profitent de l'offre en anglais. Nous avons une entente avec l'UQO, lance Pierre Trépanier, à DEC. Nous nous sommes engagés à encourager nos employés à compléter une formation de maîtrise à l'UQO que nous payons parce qu'elle est offerte dans les deux langues officielles. Si l'UQO retire ses programmes en anglais, il devient difficile pour nous de respecter cette entente». Nous avons demandé au Régistrariat de l’UQO ainsi qu’au Bureau de Liaison Université­Milieu (BLUM) de l’UQO s’ils avaient connaissance de l’existence de cette entente avec Développement économique Canada (DEC) et de nous fournir une copie de cette entente. Aucun de ces services n’a connaissance d’une telle entente. Tout ce que le BLUM a comme entente avec le Conseil du trésor et avec EDC (exportation et Développement Canada), ce sont des contrats de formation sur mesure pour des cours non crédités, qui se donnent souvent dans les bureaux de EDC mais rien avec DEC. D’autre part, nous nous étonnons qu’un gestionnaire d’un ministère fédéral intervienne dans une question comme l’éducation qui relève de la juridiction provinciale. Et nous nous étonnons
encore plus qu’il se livre à une apparence de chantage contre les fonctionnaires francophones de son ministère. La situation de l’enseignement supérieur dans la région de l’Outaouais québécois et ontarien offre une très large prépondérance de programmes strictement en anglais. Pose­t­il les mêmes exigences aux universités d’Ottawa et de Carleton ? Est­ce que les francophones de son ministère ont toujours les mêmes opportunités que les anglophones de suivre des formations dans la région ? Peut­il déclarer ceci publiquement sans prendre le risque d’une éventuelle dénonciation des fonctionnaires francophones de son ministère ou de leur syndicat ? Conclusion Toutes les informations que nous avons pu trouver au sujet de la question de l’accréditation du programme de gestion de projet par le PMI permettent d’affirmer qu’il est erroné de prétendre que cette accréditation est menacée. Les documents accessibles et les informations recueillies montrent le contraire. Comment s’en étonner alors que les autres constituantes du réseau UQ offrent des versions exclusivement françaises de cette maîtrise et sont accréditées par le PMI. Ces constituantes attirent des étudiants étrangers en faisant valoir et en leur offrant la possibilité de développer aussi l’apprentissage d’une deuxième langue, le français, vu que pour eux aussi, la connaissance d’une deuxième ou troisième langue constitue un atout dans le contexte de la mondialisation. C’est pourquoi la proposition de politique linguistique en faveur de l’UQO français, pertinence en elle­même, ne pose pas les périls pour l’UQO que les promoteurs des programmes en anglais veulent bien nous faire croire. Nous avons aussi vérifié et constaté qu’un des arguments avancés par les promoteurs de la bilinguisation de l’UQO, à l’effet que le retour à l’unilinguisme ferait perdre à notre université des clientèles dans les programmes crédités en anglais en vertu d’ententes particulières est non fondé. Ces ententes au sujet de programmes crédités n’existent pas à la connaissance des deux sources les plus susceptibles de voir passer ces ententes : le Régistrariat et le BLUM.