Alpenscène n° 98
Transcription
Alpenscène n° 98
alpenscÈne 9 8 / 2 0 13 r E G ARD O B LI Q U E alpenscÈne 9 8 / 2 0 13 Pour qu’il fasse bon vivre en ville Des bus gratuits, de l’air pur dans les salles de classe et des primes pour les rénovations. Voilà les avantages qu’offrent les mesures de protection du climat prises par trois villes des Alpes pour répondre aux enjeux du changement climatique. Et hop ! Dans la voiture et en route pour Gap dans les Alpes fran- évitaient le centre en raison des encombrements de la circulation y çaises du Sud. Ah ! Stop ! On ne peut pas entrer dans le centre de vont maintenant en bus. Cela met de la vie au centre-ville et soutient cette « Ville des Alpes de l’Année 2005 », du moins pas en voiture. les petits commerces. » Depuis la mise en œuvre de cette initiative, En effet, la ville de Gap a instauré depuis 2005 une zone sans voi- le nombre de passagers dans les bus a progressé de 20 à 25 %. ture pour soulager son centre-ville dévoré par la circulation. Préférant l’incitation à l’interdiction, la ville encourage habitants et visiteurs à Bonus en volume pour les rénovations renoncer à la voiture : elle met un réseau de bus gratuits à dispo- Après avoir échangé bus contre vélo, nous poursuivons en direc- sition, et devient ainsi la première ville de France où les transports tion de l’Italie du Nord, jusqu’à Bolzano « Ville des Alpes de l’Année publics sont gratuits. 22 bus municipaux sont en circulation et la 2009 ». Selon un sondage récent, c’est la ville qui compte le taux ville a engagé 16 bus d’une entreprise externe pour les transports le plus élevé de gens circulant en vélo parmi toutes les villes ita- scolaires. Des parkings gratuits en périphérie de la ville offrent aux automobilistes suffisamment de place pour garer leur voiture. liennes de taille moyenne. Outre son réseau de près de 50 km de pistes cyclables, Bolzano réduit les émissions de CO2 grâce à une Deux nouvelles lignes de bus assurent la liaison parking-centre-ville politique de constructions et de rénovations intelligentes. Le secret vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Une ligne rapide a aussi été d’une ville qui respecte le climat et où on se sent bien, selon Hel- créée. « Le problème, à Gap, » déclare Martine Marlois, chargée muth Moroder, secrétaire général de la mairie de Bolzano, c’est la de mission à la ville de Gap, « c’était que les recettes des tickets densification. « Une ville peut ainsi remédier au manque de terrain ne couvraient pas le coût de la vente des billets, étant donné que et au mitage du paysage. » Cela signifie concrètement que, pour les scolaires et les seniors prenaient déjà le bus gratuitement avant répondre à la demande de logements, la ville mise davantage sur la principe du «Kubatur Bonus» du Land, le bonus en volume accordé vrent les rapports entre la consommation d’énergie et la protection du cette initiative. » Par conséquent pour proposer aux habitants une rénovation et l’agrandissement des bâtiments existants que sur de au permis de construire pour la rénovation des constructions anté- climat et des choses très intéressantes sur les énergies renouvelables. alternative attrayante à la voiture, on a aboli le ticket payant pour nouvelles constructions. rieures à 2005 à la condition d’une réduction de la consommation Ces deux projets font avancer Sonthofen dans la démarche de pro- tous. La ville a en outre organisé des campagnes d’information pour Il existe une réglementation UE sur la construction et la rénovation énergétique. Cela signifie qu’un bâtiment peut être rehaussé d’un tection du climat, car les adolescents d’aujourd’hui sont les maîtres sensibiliser les citadins à la mobilité soutenable, et des ateliers pour respectueuses du climat dans le domaine public. En effet, d’ici 2018, étage entier s’il est rénové sur le plan énergétique. Helmut Moroder d’ouvrage et les consommateurs de demain. que les chauffeurs de bus adoptent une conduite respectueuse du tous les bâtiments publics doivent parvenir à une consommation pense que « le bonus en volume est une incitation à la réhabilitation climat. Martine Marlois est convaincue que ces mesures ont amé- énergétique pratiquement égale à zéro et couverte principalement énergétique qui doit donner aux propriétaires la possibilité de finan- Eva Schwienbacher lioré la situation de la circulation dans la ville et qu’elles ont un ef- par des énergies renouvelables. Pour encourager aussi la popula- cer les transformations par la location de l’espace gagné ». CIPRA International fet positif sur son développement. « Les habitants qui auparavant tion à faire des rénovations énergo-efficientes, Bolzano a copié le 20 Les élèves de Sonthofen profitent de la réhabilitation complète du lycée. Photos : p. 20 à gauche Alain Girodon, à droite lycée de Sonthofen; p.21 Othmar Seehauser Le bus gratuit de Gap roule dans le sens et aux couleurs de la Convention alpine. Incitation à la réhabilitation énergétique à Bolzano : qui améliore son bâtiment peut l’agrandir. Aiguiser l’intérêt Le voyage continue vers le Nord dans les Alpes de l’Allgäu à Son- Ville des Alpes de l’Année thofen « Ville des Alpes de l’Année 2005 ». C’est une ville allemande assez petite pour être traversée à pied. A Sonthofen, la protection du climat est une affaire intergénérationnelle. « Les gens vivent de plus en plus longtemps, restent actifs plus longtemps et pensent plus à l’environnement », dit Hubert Buhl, maire et président de l’association « Ville des Alpes de l’Année ». « C’est pourquoi nous devons mettre en place des infrastructures adaptées à l’avenir, comme l’extension du réseau cycliste pour les vélos électriques. » Deux projets modèles ont déjà été réalisés en faveur des adolescents et des enfants de Sonthofen : la réhabilitation énergétique du lycée et l’introduction du « Permis Energie » (Alpenscène n° 97, page 20). Grâce à la réhabilitation générale de l’école, la consommation totale d’énergie a pu être réduite de 90 % et les émissions de CO2 ont baissé de près de 83 %. Le lycée des années 1970 avait Après Gap, Bolzano et Sonthofen, le voyage pourrait continuer vers 12 autres villes dans sept pays alpins, qui appartiennent à l’association « Ville des Alpes de l’Année » et détiennent le titre éponyme. Les 15 villes de l’association poursuivent les mêmes objectifs : échanger savoir et expériences et parvenir à un développement urbanistique soutenable. La ligne directrice est donnée par la Convention alpine. La ville détentrice du titre est choisie par un jury international. CIPRA International assume le secrétariat de l’association. Elle anime le réseau des villes et transmet les informations de manière adaptée à chaque pays. Toutes les villes alpines ont accès aux connaissances spécialisées et aux contacts de cette ONG active dans toutes les Alpes. une enveloppe mal isolée, des façades non étanches, une consommation énergétique élevée et des problèmes de polluants. Le projet www.villedesalpes.org « Permis Energie» s’adresse aux élèves de huit à dix ans. Ils décou21