Les Cahiers de la Franc-maçonnerie NO 29 : LA

Transcription

Les Cahiers de la Franc-maçonnerie NO 29 : LA
Les Cahiers de la
Franc-maçonnerie
NO 29 : LA FRANCMAÇONNERIE ET LE CHRIST
Par le « Collectif des cahiers »
« Celui qui veut connaître ce métier et l’embrasser, doit aimer Dieu
et la sainte Église. » (Extrait du Regius)
Le Christ en Franc-maçonnerie ?
•
Si aujourd’hui, généralement1, on ne demande pas à celui
qui souhaite entrer en Franc-maçonnerie d’être chrétien
ni d’appartenir à une religion quelconque, il n’en fut pas
toujours de même.
À l’origine, les francs-maçons étaient chrétiens et les
rituels gardent de nombreuses traces du symbolisme chrétien,
même si on a tenté de les faire disparaître.
l Première période (1356-1598). Les Old
Charges ou Anciens Devoirs2
Un candidat franc-maçon doit être un bon chrétien.
Chrétien catholique, d’ailleurs. Ainsi lit-on dans le Regius
que « celui qui veut connaître ce métier et l’embrasser, doit
aimer Dieu et la sainte Église ».
1. Toutefois, dans certaines obédiences, on demande de croire en un Dieu
créateur et en sa volonté révélée, voir Cahier n° 4.
2. Les Old Charges ou Anciens Devoirs sont les documents de la période dite «
opérative » (de 1356 à 1598) de la Maçonnerie. Les loges se composaient uniquement
d’ouvriers, ce qui ne veut pas dire que ceux-ci aient été sans relation avec les clercs.
On ne voit pas en effet de simples ouvriers rédiger de tels textes dans lesquels il est fait
allusion à l’histoire biblique, aux arts libéraux, à Euclide, etc. On y lit même d’ailleurs
dans leurs textes que les maçons firent appel à de grands clercs (manuscrit Regius).
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LES CAHIERS DE LA FRANC-MAÇONNERIE
Et plus loin : « Prions Dieu tout-puissant et sa douce
mère la rayonnante Marie afin que nous puissions garder les
présents articles… comme le firent les quatre saints martyrs
[Les Quatre couronnés] qui dans ce métier furent tenus en
grand honneur. » Ou encore « Prends garde de ne pas arriver
en retard à l’église », « garde-toi des sept péchés capitaux »
et toutes sortes de conseils pour bien se conduire à l’église.
l Deuxième période (1599-1722). Période dite
« intermédiaire »
On est toujours entre chrétiens.
Durant cette période, des hommes étrangers aux métiers
du bâtiment sont admis.
Apparaissent : l’initiation maçonnique appelée Mason
Word (le « Mot de Maçon ») (1637) avec la communication
orale des mots Jakin et Boaz, ainsi que les premiers
catéchismes symboliques (Édimbourg, 1696).
Le « Mot » est communiqué entre chrétiens sans crainte
des excommunications ecclésiastiques. Il s’explique par
la kabbale (les chrétiens s’en sont emparés et, depuis la
Renaissance, la kabbale chrétienne est à la mode).
En ce qui concerne les catéchismes, on y trouve des
questions-réponses symboliques parfaitement axées sur le
christianisme. On lit par exemple dans le manuscrit Dumfries
n° 4 daté de 17103 :
« Combien de degrés y avait-il sur l’échelle de Jacob ?
— Trois.
— Quels étaient ces trois ?
— Le Père, le Fils et le Saint-Esprit. »
3. In Patrick Négrier, Textes fondateurs de la Tradition maçonnique, 1390-1760,
Grasset.
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LA FRANC-MAÇONNERIE ET LE CHRIST
Tout comme le faisaient les Évangiles et à leur suite
les Pères de l’Église, on reprend l’Ancien Testament et on
l’interprète à la lumière du christianisme :
« Que signifie le Temple ?
— Le Fils de Dieu et en partie l’Église. Le Fils souffrit
que son corps soit détruit. Il est ressuscité le troisième jour
et dressa pour nous l’Église chrétienne qui est la véritable
Église spirituelle. »
Ou encore :
« Que signifie l’Arche d’Alliance ?
— Elle représente aussi bien notre sauveur Christ que les
cœurs des fidèles car dans la poitrine du Christ se trouvait la
double doctrine de la loi et de l’évangile. »
On voit là l’allusion à Jérémie (Jérémie 31, 33) : « Oracle
de YHVH Je mettrai ma Loi dans leur sein et je l’écrirai
sur leur cœur », allusion reprise par Paul dans sa Lettre aux
Romains (2, 15) : « Ils montrent que l’œuvre de la loi est écrite
dans leurs cœurs, leur conscience en rendant témoignage. »
Gageons qu’on trouvera des traces de ces anciens rituels
dans ceux d’aujourd’hui et en particulier dans les degrés
intermédiaires peu étudiés des « hauts grades ».
l Troisième période, celle de la
Maçonnerie dite « spéculative »
(de 1723 jusqu’à aujourd’hui)
Cette période commence officiellement en 1723 avec les
Constitutions d’Anderson.
La Maçonnerie est devenue une institution laïque dans
laquelle les loges se composent principalement de personnes
étrangères au métier du bâtiment (bien qu’on puisse voir des
Compagnons du Devoir se faire initier en Maçonnerie).
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LES CAHIERS DE LA FRANC-MAÇONNERIE
Aujourd’hui, dans l’ensemble, chaque maçon est libre de
sa religion et même libre de ne pas en avoir.
Le maçon recherche l’universel à travers sa propre
culture, en comparant les données de cette dernière avec
celles de cultures étrangères. C’est pourquoi rejeter la moitié
chrétienne du fond culturel et symbolique judéo-chrétien de la
Maçonnerie ne ferait que rétrécir son champ d’investigation.
Heureusement, malgré les efforts de ceux qui « révisèrent »
les rituels et s’y acharnent encore, les symboles chrétiens
restent bien visibles aux yeux des chercheurs malgré le voile
qu’on a jeté sur eux sous prétexte de ne pas se faire taxer de
dogmatisme.
Pourquoi les supprimer puisque leur valeur réside dans
leur universalité ? Que la « Parole » se nomme le Dabar de
YHVH, le Logos de Jean ou celui du Corpus Hermeticum ou
encore Krishna chez les hindous ne change rien à la chose.
Mais il n’empêche : le Vatican a mis les francs-maçons
hors la loi.
A.S
V
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« D’où venez-vous ? D’une loge de Saint-Jean. » (Rituel)
Les loges de Saint-Jean
•
Les loges des trois premiers degrés de la Maçonnerie sont
dites « loges de Saint-Jean ».
On trouve encore dans les rituels les questions et réponses
suivantes :
« D’où venez-vous ?
— De la loge de Saint-Jean.
— Quel saint Jean ? Le Baptiste ou l’Évangéliste ?
— Le Baptiste et l’Évangéliste. »
On fête les deux Saint-Jean, la Saint-Jean d’hiver au
solstice d’hiver et la Saint-Jean d’été au solstice d’été.
l Jean l’Évangéliste et le Volume de la
Loi Sacrée
Jean l’Évangéliste est celui du solstice d’hiver, celui de la
nuit la plus longue au milieu de laquelle la Pleine Lune luit
au plus haut du ciel, le Soleil de minuit des Anciens.
Le Soleil à l’opposé est au point le plus bas du zodiaque.
Nouveau Soleil, il s’apprête à remonter le long du zodiaque,
poursuivant son ascension jusqu’au solstice d’été.
Lorsque, dans les loges bleues, le Volume de la Loi
Sacrée, en l’occurrence la Bible, est sur l’autel comme
troisième lumière avec l’équerre et le compas, il est ouvert
à la première page du Prologue de Jean, les deux outils se
croisant sur le livre ouvert.
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