Homélie du dimanche de Pentecôte 2005

Transcription

Homélie du dimanche de Pentecôte 2005
Homélie du dimanche de Pentecôte 2010
Le feu et l’eau !
1- Pâques et Pentecôte = Même évènement.
Chez St Luc : 50 jours après la Pâques !
Chez St Jean dans l’Evangile : le soir même.
Cela souligne l’unité du Mystère Pascal du Christ et de la création Nouvelle
en lui.
2- Pourquoi Pentecôte ?
C’est la fête juive (Shavouot) où l’on célèbre le don de la loi par Dieu à
Moïse. C’est la troisième fête de pèlerinage à Jérusalem après Yom Kippour
et bien sur Pesah (Pâques). Cela explique la présence de toutes les
nationalités à Jérusalem.
Cela souligne aussi pour Luc, le fait que le don de L’Esprit est aussi le don
d’une loi renouvelée. Nous passons de la grâce de la loi à la loi de la grâce.
3- Que se passe-t-il ?
Les 12 sont à nouveau 12 après l’élection de Mathias et ils sont réunis.
L’Eglise est à nouveau signe de l’unité du genre humain. Ils sont
ensembles.
L’Esprit se manifeste par des symboles et des allusions qui renvoient à
plusieurs passages de l’A.T. dont le don de la loi au Sinaï et l’épisode de
Babel.
« Commençons par le Sinaï : les langues de feu de la Pentecôte, le bruit "pareil à
celui d'un violent coup de vent" suggèrent que nous sommes ici dans la ligne de
ce qui s'était passé au Sinaï, quand Dieu avait donné les tables de la loi à Moïse ;
on trouve cela au livre de l'Exode (chap. 19) :
"Le troisième jour, quand vint le matin, il y eut des voix, des éclairs, une nuée
pesant sur la montagne et la voix d'un cor très puissant ; dans le camp, tout le
peuple trembla. Moïse fit sortir le peuple à la rencontre de Dieu hors du camp,
et ils se tinrent tout en bas de la montagne. La montagne du Sinaï n'était que
fumée, parce que le Seigneur y était descendu dans le feu ; sa fumée monta
comme le feu d'une fournaise, et toute la montagne trembla violemment ... Moïse
parlait et Dieu lui répondait par la voix du tonnerre".
En s'inscrivant dans la ligne de l'événement du Sinaï, Saint Luc veut nous faire
comprendre que cette Pentecôte, cette année-là, est beaucoup plus qu'un
pèlerinage traditionnel : c'est un nouveau Sinaï ; comme Dieu avait donné sa loi
à son peuple pour lui enseigner à vivre dans l'Alliance, désormais Dieu donne
son propre Esprit à son peuple... Désormais la loi de Dieu (qui est le seul moyen
de vivre vraiment libres et heureux, il ne faut pas l'oublier et St Paul le redit
clairement dans la deuxième lecture, en se rappelant que l’opposition chair /
Esprit n’est pas le dualisme corps/âme mais deux manière de parler de tout
l’homme en tant qu’il est livré à son humanité blessée (chair) ou qu’il vit en
communion avec Dieu (l’Esprit) ); désormais cette loi de Dieu est écrite non
plus sur des tables de pierre mais sur des tables de chair, le coeur de l'homme,
pour reprendre une image d'Ezéchiel et d’Isaïe.
Ensuite, l'épisode de Babel : vous vous souvenez de l'histoire de Babel : en la
simplifiant beaucoup, on peut la raconter comme une pièce en deux actes : Acte
1, tous les hommes parlaient la même langue : ils avaient le même langage et les
mêmes mots. Ils décident d'entreprendre une grande oeuvre qui mobilisera
toutes leurs énergies : la construction d'une tour immense... Acte 2, Dieu
intervient pour mettre le holà : il les disperse à la surface de la terre et brouille
leurs langues. Désormais les hommes ne se comprendront plus... Nous nous
demandons souvent ce qu'il faut en conclure ?... Si on veut bien ne pas faire de
procès d'intention à Dieu, impossible d'imaginer qu'il ait agi pour autre chose
que pour notre bonheur... Donc, si Dieu intervient, c'est pour épargner à
l'humanité une fausse piste : la piste de la pensée unique, du projet unique ;
quelque chose comme "mes petits enfants, vous recherchez l'unité, c'est bien ;
mais ne vous trompez pas de chemin : l'unité n'est pas dans l'uniformité ! La
véritable unité de l'amour ne peut se trouver que dans la diversité vécue dans
la communion à l’image de la Trinité.
Le récit de la Pentecôte chez Luc s'inscrit bien dans la ligne de Babel : à Babel,
l'humanité apprend la diversité dans la division, à la Pentecôte, elle apprend
l'unité dans la diversité : désormais toutes les nations qui sont sous le ciel
entendent proclamer dans leurs diverses langues l'unique message : les
merveilles de Dieu.
4- Je et Nous … le feu et l’eau !
Enfin, si l’Esprit Vient sur l’Eglise rassemblée, les langues de feu se dépose sur
chacun, comme pour mieux redire qu’en Eglise, chacun est consacrée dans sa
spécificité et ses dons, mais toujours pour le bien de l’ensemble, pour
l’édification du corps du Christ comme le dit Paul dans la lettre aux Corinthiens.
S. Jean lui s’appuyant sur Ezéchiel, symbolise le St Esprit sous l’image de l’eau
et c’est une image parlante.
En effet l’eau est à la base de tout : « parce que l'eau produit la végétation et la
vie; parce que l'eau descend du ciel sous forme de pluie; parce qu'en tombant
sous une seule forme, elle opère de façon multiforme. Elle est différente dans
le palmier, différente dans la vigne, elle se fait toute à tous. Elle n'a qu'une
seule manière d'être, et elle n'est pas différente d'elle-même.
La pluie ne se transforme pas quand elle descend ici ou là, mais, en s'adaptant
à la constitution des êtres qui la reçoivent, elle produit en chacun ce qui lui
convient. L'Esprit Saint agit ainsi. Il a beau être un, simple et indivisible, il
distribue ses dons à chacun, selon sa volonté. De même que le bois sec, associé
à l'eau, produit des bourgeons, de même l'âme qui vivait dans le péché, mais
que la conversion rend capable de recevoir le Saint-Esprit, apporte des fruits
de justice. Bien que l'Esprit soit simple, c'est lui, sur l'ordre de Dieu et au nom
du Christ, qui anime de nombreuses vertus. » (St Cyrille de Jérusalem, catéchèse sur l’Esprit
Saint, Liturgie des heures, office des lectures du lundi, 7ème semaine de Pâques). (Le mot vertu en latin
signifie la force)
L’Eglise née à la Pentecôte n’est ni une association d’individus qui s’ajoutent
pour la constituer ; ni un ensemble indistinct où la loi du groupe écrase le sujet.
C’est une communion de personnes qui baignées dans l’eau du baptême
deviennent, par grâce de Dieu, l’icône de la trinité en ce monde.
Alors accueillons le don de l’Esprit en ce jour … oui « Viens Saint Esprit en
nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière ; viens remplir
jusqu’à l’intime le cœur de tous te fidèles » (séquence de la Pentecôte).
Amen !
Alléluia !
P. Gilles Lubineau.