La Mauritanie et la politique nord- ouest africaine de la France au

Transcription

La Mauritanie et la politique nord- ouest africaine de la France au
La Mauritanie et la politique Nord-Ouest africaine de la
France au XIXe siècle
Med El Moctar OULD SAAD
Département d'Histoire/Université de Nouakchott
Résumé
Au XIXes, et quoi que les mobiles de l’expansion coloniale aient varié au gré des
circonstances, les visées expansionnistes françaises deviennent manifestes dans le nordouest africain, en général, et dans la basse vallée du Fleuve Sénégal, d'une façon plus
particulière. Notre étude se limitera, d'abord, aux incidences de cet élan colonial consécutif
à la fin des guerres napoléoniennes, ensuite aux retombées ouest- africaines de l'échec
français dans la "question d'Orient", et, enfin, aux applications de la politique hégémonique
menée par la Troisième République dans la région
En effet, la fin des guerres de la Révolution et de l’Empire, tout en reléguant la
puissance coloniale de la France au cinquième rang européen, fit grandir son intérêt pour la
région et y impulsa sa politique expansionniste. L’expédition de Napoléon en Egypte et
son projet contre l’Algérie en 1802 constituent un tournant clé dans l’histoire de cette
expansion. C’est dans ce cadre aussi qu’il faut inscrire la guerre de la colonisation agricole
au « Walo », la lutte contre les Anglais à Portendick, l’ingérence dans les dissensions
internes maures et le conflit du mariage de Muhamd Lahbib avec la Linguère du Walo..
Aussi, son échec dans la question d’Orient détermina-t-il la France à opter plus
pour cette Afrique du Nord Ouest, alors que le désir d’obtenir une part de l’héritage de
"l’Homme malade" l’avait jusqu’ici détournée vers le Soudan nilotique et l'extrême Orient.
Avec son échec dans la question d’Egypte, en 1840, le Gouvernement de Louis
Philippe (1830-48), tout en renonçant à ses ambitions politiques orientales, privilégia la
colonisation effective de l'Algérie, la pénétration dans la vallée du Fleuve Sénégal et la
jonction entre les deux ensembles, ce à quoi s’attelèrent, déjà, et dès le début des années
1850, les différents gouverneurs du Sénégal.
L’on peut donc dire que les soucis africains de la France ne furent pas absents de
l’élaboration de la nouvelle politique du bas Fleuve, politique venue régler l'épineux
problème da sa colonie et compenser l’échec de la politique coloniale sur d’autres terrains .
Seulement, et en dépit de l’action menée par Faidherbe au Sénégal, et sa volonté de
relier celui-ci à l’Algérie, le glissement du centre de gravité économique et politique a été
lourd de conséquence pour la vallée du Fleuve. Parmi les incidences d’un tel glissement, la
Mauritanie perd sa place économique, suite au déclin du commerce de la gomme ayant
marqué le dernier 1/3 du XIXe s. S’y ajoutent aussi l’échec de la politique du Second
Empire en Europe, les implications de la guerre avec l’Allemagne et la lutte contre les
MASADIR : Cahiers des Sources de l'Histoire de la Mauritanie, n°3 (2002)
15
autres puissances européennes pour le contrôle de zones africaines plus stratégiques
(Egypte, Maroc, recherche de débouchés sur les fleuves Congo, Nil, Niger…). Telles sont
donc quelques unes des raisons essentielles ayant retardé jusqu’au début du XXe s. la
domination effective de la région, même si les conditions objectives existent depuis déjà des
décennies.
Revue du Laboratoire d'Etudes et de Recherches Historiques (LERHI)
16

Documents pareils