Crest

Transcription

Crest
CHAPITRE 1
LA CONSOMMATION
• Objet du chapitre : les déterminants de la consommation et
de l’épargne
Au niveau macroéconomique, le ménage affecte son revenu
disponible entre deux usages
9La consommation : ensemble des dépenses de B&S destinées
à satisfaire des besoins personnels et non productifs
9L’épargne : renonciation à la consommation présente afin de
constituer des réserves pour la consommation future
• Enjeux de l’étude
9 Importance de la consommation des ménages :
Valeur
Pourcentage du PIB
(Milliards d’euros)
PIB
1521
100
Importations
380
24
Consommation des ménages
823
54
Consommation des APU
363
24
Consommation des ISBL
10
7
FBCF
298
18
Exportations
412
27
-4
-3
Var stocks
9 Rôle de l’épargne dans la croissance
Epargne Æ Investissement Æ Croissance
• Questions :
9Au niveau empirique :
Rupture à la baisse des comportements de consommation
depuis 1990 : g de 3% dans les 80’s contre 1% entre 90 et 95
ÆRécession, chômage, incertitude sur les retraites ?
9Au niveau de la politique économique :
Faut-il tenter de relancer la C et par quels moyens ?
ou
Faut-il inciter les M à épargner afin de financer l’économie?
1. L’approche keynésienne et le rôle du revenu
1.1 Fondements théoriques d’une relation croissante entre
revenu courant et consommation
1.1.1. Revenu primaire et revenu disponible
• Revenu primaire :
Les ménages perçoivent un revenu issu
- De leur activité productive (salaires et bénéfices)
- De la rémunération de leur patrimoine
• Evolution des composantes du revenu primaire :
9Développement du salariat
- Ç de la part des salaires : de 60% à 78% entre 1960 et 2000
- È de la part des revenus non salariés de 30% à 10 %
9Revenus de la propriété :
- Légère augmentation (12%)
- Concentrés sur les classes de hauts revenus
• Revenu disponible ou revenu secondaire
Revenu disponible =
Revenu primaire
+Transferts
- Prélèvements obligatoires
Æ Somme dont dispose les M pour consommer ou épargner
1.1.2 La loi psychologique fondamentale
« La loi psychologique fondamentale sur laquelle nous pouvons nous
appuyer en toute sécurité, à la fois a priori en raison de notre connaissance de la nature humaine et a posteriori en raison des renseignements
détaillés de l’expérience, c’est qu’en moyenne et la plupart du temps, les
hommes tendent à accroître leur consommation à mesure que le revenu
croît, mais non d’une quantité aussi grande que l’augmentation
du revenu »
J.S. Keynes
Affirmation formulée par Keynes ayant reçues de nombreuses
corroborations et infirmations théoriques et empiriques
• Deux hypothèses
i) La consommation augmente avec le revenu
- dans le temps
- entre agents en fonction de leur revenu
Æ Si le revenu Ç de dY > 0 alors la consommation Ç de dC > 0
ii) L’Ç de la consommation est moindre que celle du revenu
Æ 0 < dC < dY
Æ Quand le revenu disponible Ç la consommation Ç
mais dans des proportions moindres
• Propensions moyenne et marginale à consommer
Propension marginale : augmentation de la consommation
induite par une augmentation d’une unité du revenu disponible
dC
PmC =
dY
Propension moyenne à consommer : part de la consommation
dans le revenu
C
PMC =
Y
Æ La propension moyenne à consommer diminue donc avec le
revenu
- Lorsque le revenu d’un agent Ç : C/Y È
- Les M ayant les revenus les plus élevés en consacrent
une plus faible part à leur consommation
• Propensions marginale et moyenne à épargner
Y = C + S ⇒ S =Y −C
9 Propension marginale à épargner :
dC
dS dY − dC
=
= 1−
PmS =
dY
dY
dY
PmS = 1 − PmC
9Propension moyenne à épargner :
S Y −C
C
PMS = =
= 1−
Y
Y
Y
PMS = 1 − PMC
Æ La PMS augmente avec le revenu
1.1.3 La formulation linéaire
• Représentation la plus simple de la loi psychologique :
C = cY D + C
où C représente la consommation incompressible
• Propension marginale à consommer
dC
PmC =
=c
dY
⇒ c ∈ ]0 ,1[
• Propension moyenne à consommer
C
C
PMC = = c +
Y
Y
⇒ PMC ↓ quand Y ↑
⇒ PMC > PmC
• Elasticité de la consommation au revenu :
dC
ηYC = C
dY
Y
dC Y
η =
×
dY C
C
R
Pmc
η =
<1
PMC
C
Y
C
C
c
Y
C
C =Y
S >0
C
c
S <0
Y
1.2 Le dilemme empirique
• De nombreux économètres, dont Kuznets, ont cherché à
tester empiriquement la loi Ψ
Æ Trois sortes de test :
Données sur courte période
Données sur longue période
Données en coupe
• Sur courte période : données trimestrielles de 1920 à 1940
Ct = C + cYt
Ct
.
.
.
.
.
.
. . .. . .
.. ..
Yt
D
Æ Validation de l’hypothèse keynésienne :
- PmC de l’ordre de 0.8
- PMC > 1 pour les Y les plus faibles (années de crise)
PMC<1 sinon
• Sur longue période : données annuelles de 1869 à 1939
Ct = C + cYt
Ct
.
. . ..
..
.
. ..
.. ..
Yt
D
Droite passant par l’origine : PmC = PMC ≈ 0.86
Æ Infirmation de l’hypothèse keneysienne
La consommation est plus sensible aux variations du revenu
à long terme qu’à court terme
• En coupe instantanée :
Relation à une date donnée entre la consommation des
différents ménages et leur revenu ?
Ci = C + cYi
Ci
.
.
.
.
.
.
. . .. . .
.. ..
Yi
D
Æ Conformité avec l’hypothèse keynésienne
• Questions :
Comment expliquer la moindre sensibilité de la C° au Y à CT
Æ Comment expliquer inertie de la C° à CT
2. Les reformulations de la fonction de consommation
Aménagement de la Théorie keynésienne pour la rendre
compatible avec les faits
2.1 Le revenu relatif (Duesenberry)
•Point de départ : propension à consommer des noirs plus faible
• Idée : un individu cherche à imiter le comportement de C° du
groupe auquel il s’apparente (effet de démonstration)
Ci =
aYi
{
Effet direct du revenu
Ci , Yi
+ b(Y − Yi ) , 0 < b < a < 1
1
424
3
Effet du revenu relatif
: C° et revenu du consommateur i
Y : revenu moyen de son groupe de référence
Æ Pour
Yi < Y : Ci > aYi
Æ Pour Yi > Y : Ci < aYi
• Explique pourquoi l’étude temporelle ne fait pas apparaître
de È de la PMC contrairement à l’analyse en coupe
Æ L’analyse macro écrase ces effets
Ci = aYi + b(Y − Yi )
Ci = (a − b )Yi + bY
PMCi =
Ci
Y
= a −b+b
Yi
Yi
C = ∑ Ci = (a − b )∑ Yi + NbY
N
N
i =1
i =1
Ci
Yi
∑
C ∑
PMC = = i =1 = (a − b ) i =1 + bY
N
N
N
C
= aY
N
N
⇒
a{
−b
Analyse en coupe
N
<
a{
Analyse macro
2.2 La théorie de la formation d’habitude (Brown)
• Influence de la C° passée sur la C° actuelle :
Ct = aYt + bCt −1 + C
{
Inertie
9 A court terme :
PmCCT
dCt
=
=a
dYt
9 A long terme : une Ç permanente du revenu induit :
dCt = adY
dCt +1 = adY + badY
dCt + 2 = adY + badY + b 2 adY
...
a
⇒ dC∞ =
dY
1− b
dCT = (1 + b + b 2 + ... + bT )adY
1− b
dCT =
adY
1− b
a
⇒ dC∞ =
dY
1− b
T
⇒ PmCCT = a < PmCLT
a
=
1− b
3. Approche intertemporelle :
• Remise en cause de l’hypothèse keynésienne :
M détermine sa C° en considérant sa richesse cad l’ensemble
des Y qu’il anticipe sur une longue période et non uniquement
son Y courant
3.1. L’actualisation
• Comment comparer économiquement des sommes d’argent
disponibles à des dates différentes ?
Æ Disposer de 1 euro aujourd’hui ou dans dix ans n’est
pas équivalent
Dans 10 ans : 1 euro + les intérêts liés au placement
Actualisation : expression de la valeur actuelle d’une somme
perçue ou payée dans le futur
Aujourd’hui
1 euro
Dans 1 an
(1+r) euros
Dans 2 ans
(1+r)2 euros
Dans t ans
(1+r)t euros
Dans t années
Dans t-1 années
Dans t-2 années
1
1
1+ r
1
(1 + r )2
Aujourd’hui
1
(1 + r )t
1
⇒ 1 euro à la date t équivaut à
euros à la date 0
t
(1+ r)
3.2.La théorie du revenu permanent (Friedman)
• Principe :
Si le Y courant est supérieur au Y que M anticipe en moyenne
Æ Epargne et consomme une faible part de son Y courant
Si le Y courant est inférieur au Y que M anticipe en moyenne
Æ Endettement et consomme une forte part de son Y courant
3.2.1 Revenu permanent et revenu transitoire
Y total d’un M se décompose en :
une composante permanente
une composante transitoire
Y = Y P +YT
• Revenu transitoire :
Correspond à des revenus induits par des circonstances non
anticipables (gagner au loto, devenir chômeur…)
Æ M ne peut compter sur ces revenus pour planifier son profil
de C° dans le tps, ces aléas se compensant en outre dans le tps
• Revenu permanent :
Revenu dont M peut disposer à chaque période sans entamer
son patrimoine
Æ Y dont il pense pouvoir disposer sur longue période (salaire)
3.2.2. Consommation et revenus
• La C° est définit comme une propension à consommer
le revenu permanent
C = kY
P
Æ La C° est stable sur LT car : Y = Y p
• Incidence d’une augmentation du revenu courant sur la C°
Si cette Ç est anticipée et conduit l’agent à réviser son
YP
Æ Ç de la consommation
Si cette Ç ne conduit pas l’agent à réviser son YP
Æ pas d’Ç de la consommation
Æ Au cœur de l’incidence : les anticipations
3.3. La théorie du cycle de vie (Modigliani)
Idée : le revenu fluctue au cours de la vie et l’épargne
permet de transférer une partie de ses revenus des périodes
de vie où son revenu est élevé à celles où il l’est moins
Æ L’épargne permet de lisser la consommation
3.3.1 L’hypothèse de cycle de vie
• Modèle de base : 2 périodes de vie
Période d’activité : revenu important
Retraite : revenu faible
ÆEpargne pendant sa période d’activité pour préserver
son niveau de consommation pendant sa retraite
• Exemple :
Richesse initiale : W
Pendant T années d’activité : Y
Pendant R années de retraite : 0
ÆQuestion : quel niveau de consommation est-il en mesure
de maintenir pendant toute son existence ?
NB : univers certain et marchés financier parfait (r)
• Valeur actualisée de ses ressources totales :
Y
Y
W +Y +
+ ... +
1+ r
(1 + r )T
T
Y
=W + ∑
t
(
)
+
1
r
t =0
T
1
=W +Y ∑
t
(
)
+
1
r
=04243
t1
= W + αY
α
• Valeur actualisée de ses consommations
C
C
+ ... +
C+
1+ r
(1 + r )T + R
T +R
C
= ∑
t
(
)
+
1
r
t =0
T +R 1
=C ∑
t
(
)
+
1
r
t =42
0 43
1
β
= βC
• Contrainte budgétaire intertemporelle :
βC = W + αY
W α
C= + Y
β β
C = cW W + cY Y
Exemple : r = 0 ,T = 30 , R = 20
⇒ α = 30 et β = 50
⇒ cW = 0.02 et cY = 0.06
Æ 1 € de plus par an augmente la C de 0.06 €
3.3.2 Implications de l’hypothèse de cycle de vie
C
β
cW W
1
Y
1) Pour Y = 0 : C = cW W ⇒ C dépend de la richesse initiale
2) Interprétation de l’énigme de la consommation
La propension moyenne à consommer est :
C
W
= cW + cY
Y
Y
• A court terme : la richesse ne varie pas proportionnellement au
revenu
C
Æ ↑ Y ⇒↓
Y
• A long terme : la richesse et le revenu varient proportionnellement
C constante
Æ
Y