Basse-Normandie. Des bénévoles aident les cadres sans

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Basse-Normandie. Des bénévoles aident les cadres sans
Ouest France entreprises du 9-05-2013
Basse-Normandie. Des bénévoles aident les cadres sans emploi
Karine, 42 ans, travaillait dans la maroquinerie de luxe à Caen. Il y a un an, cette Parisienne
qui vit en Suisse normande concluait une rupture conventionnelle de contrat « en bons
termes » avec son employeur. Patrick, 51 ans, de Caen était cadre bancaire chargé du
financement des entreprises. Après 25 ans de boîte, il a été licencié en octobre 2012 suite à
une restructuration. Deux histoires similaires de cadres qui se retrouvent, du jour au
lendemain, sans emploi. « Une situation que l'on vit plus ou moins bien », soupire Patrick.
« Garder la tête haute ! »
« Sur le conseil de voisins », tous deux ont frappé à la porte de l'Ancre, l'Accompagnement
normand de cadres en recherche d'emploi, dans le quartier du Chemin-Vert, à Caen. Depuis
vingt ans, des bénévoles, retraités ou actifs, tendent la main à ces cadres licenciés, étudiants
ne trouvant pas d'emploi ou cadres en activité souhaitant une nouvelle orientation.
Pendant dix semaines, une dizaine de cadres de 22 à 61 ans, moyenne d'âge de 41 ans, se
retrouvent face à leurs aînés. Objectif : mieux se connaître, mieux se « vendre » dans un
entretien d'embauche, réaliser le bon CV, élaborer le bon projet. « Ça m'a boostée. Ça vous
fait garder la tête haute », apprécie Karine.
« Heureusement, ma femme travaille et nous avions terminé le remboursement de notre
maison. Il y a plus à plaindre. » Patrick, trois enfants, est sorti de l'isolement qui le guettait.
Grâce à « ce miroir que l'on vous tend », Patrick est aujourd'hui « plus à l'aise pour parler.
On m'a dit que j'étais rassurant. » Ses collègues cadres sans emploi comme lui ont vu dans
sa passion pour la voile un moyen de rebondir. « Mais, je sais que le marché de la plaisance
est en crise », tempère Patrick.
Face à Karine et Patrick, des dirigeants d'entreprises en retraite ont voulu garder une activité
pour transmettre aux plus jeunes. Comme le président Michel André, ancien dirigeant d'un
groupe agroalimentaire, la vice-présidente Françoise Chatellier, ancienne éducatrice
spécialisée, ou Claude Guillois, ancien promoteur de logements sociaux à Caen.
Ils sont ainsi 70 bénévoles à l'Ancre « dont 70 % en activité » précise Michel André. Car à
côté des retraités, un référent, chef d'entreprise ou cadre, suit, conseille, accompagne. Au
passage, se tisse un réseau pour recommander à une entreprise normande un bon élément,
même senior de plus de 45 ans. Comme le dit Patrick, « en Basse-Normandie, 80 % des
emplois économiques sont cachés ou ne passent pas par Pôle emploi ».
Xavier ORIOT