(Motte) du Grand-Moulin à Curzay-sur-Vonne
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(Motte) du Grand-Moulin à Curzay-sur-Vonne
COMMUNAU CHATEAUX ET BELLES DEMEURES Mauprié LE GRAND MOULIN (Curzay) L’Augerie La Grange Forzon La Ratonnière Les premiers châteaux apparaissent durant le Haut Moyen Age, période instable marquée par les invasions scandinaves et les conflits entre seigneurs. Avec l’éclatement de l’empire carolingien, le roi de France doit composer avec les grands princes territoriaux, comtes et seigneurs locaux. Il leur délègue le pouvoir el la défense de vastes régions qui seront divisées en fiefs. A son tour, le comte de Poitou confie le Pays Mélusin à la famille des Lusignan, grands seigneurs détenteurs d’un territoire qui s’étend sur une grande partie de l’ouest de la France. Les mottes castrales, premières traces d’édifice fortifié, sont bâties au cours des 10e – 11e siècles. Ces types de constructions, manifestent le pouvoir militaire du seigneur qui protège la population locale. Sur notre territoire, le seigneur de Curzay, un des principaux vassaux du sire de Lusignan, installe sa motte castrale au lieu-dit Le Grand Moulin. Dès le début du 12e siècle et jusqu’au 14e siècle, les seigneurs font construire un nouveau type de fortification, généralement situé à l'écart des bourgs : le château fort. La pierre remplace le bois pour mieux résister aux attaques et aux incendies. C’est la naissance de l’Augerie, Forzon et Faljoie. Ces châteaux manifestent dans le paysage la puissance et le pouvoir du seigneur du lieu. Tout au long de la Guerre de Cent Ans, ils sont le théâtre de combats entre partisans anglais et français ou servent de refuge aux paysans fuyant les troupes. Après cette époque mouvementée, s’installe une paix plus ou moins continue. De nouvelles constructions apparaissent : les maisons fortes. Celles-ci réaffirment la prééminence du seigneur sur un territoire. Elles perdent toutefois le caractère militaire des châteaux, même si elles conservent certaines apparences de fortification, comme les douves. Les familles nobles se tournent vers des demeures plus claires et plus confortables. Au cœur du Pays Mélusin, les maisons fortes de Mauprié, le Portail, la Ratonnière et la Poupardière relèvent du château de Lusignan. Aux 18e et 19e siècles, d’autres constructions voient le jour. Tel est le cas du château de la Grange, bâti sur un ancien site gallo-romain. Nombre de ces constructions mélusines ont subi des remaniements : destruction pour certaines ou transformation, consolidation et même reconstruction pour d’autres. Mais les tours qui subsistent expriment encore aujourd'hui la puissance et la gloire passées. Le Portail Le Grand Moulin Faljoie La Poupardière LE GRAND MOULIN * Au détour d’un petit chemin, à l’extrémité nord-est du bourg de Curzay, dans un cadre verdoyant de la vallée de la Vonne, on découvre le site « le Grand Moulin ». C’est un lieu riche en histoire car c’est le berceau de la motte castrale de Curzay, premier château des seigneurs de Curzay. Des buttes de terre sont encore visibles et il existerait, semble-t-il, une vaste salle en sous-sol. HISTOIRE DU CHATEAU Après la chute de l’Empire Romain et au sortir des vicissitudes des époques mérovingienne et carolingienne, Cursiacum, le domaine de Curtius, entre dans le système féodal et est attribué à un fidèle vassal. La nouvelle seigneurie de Curzay relève du château de Lusignan. Elle a droit de haute, moyenne et basse justice et a plus de 60 fiefs dans sa mouvance. Dans ce contexte, le premier seigneur connu, Arnulfus de Cursiaco, installe à la fin du 10e siècle un château sans doute en bois, ou motte, à l’extrémité nord-est du petit éperon où est implanté le bourg actuel. D’autres seigneurs se sont succédé dans les lieux : Aemarus de Cursaio (1055), Johannes de Curzai (1119). De la motte, le seigneur de Curzay va contrôler les bois, les villages, et les voies de communications qui traversent son territoire, notamment l’axe Poitiers / Saint-Maixent, transitant par le pont médiéval de la Cueille. « Des buttes de terre sont encore visibles et il existerait, semble-t-il, une vaste salle en sous sol. Des vestiges de murs de soutènement en pierres de taille gisant au fond de l’eau tendent à faire croire qu’un pont levis et ses accès, traversaient la Vonne à cet endroit. De plus, une chaussée pavée partant de ce point et traversant les champs en direction de la source de la Jallière, prouverait, par son importance, que là était bien la principale entrée de La Motte de Curzay. Dans les archives, il est souvent question de cette habitation. Les dalles ou pavés de cette chaussée furent peu à peu enlevés par les exploitants agricoles jusque dans le premier quart du 20ème siècle (1920). » (Colonel L’Hotte : « La seigneurie, terre et château de Curzay ») La motte féodale constitue la première forme de fortification apparue au Moyen Age. La proximité de l’eau joue un rôle important dans son implantation. Cernée par la Vonne, la motte de Curzay dispose d’une bonne ligne de défense grâce à des « douves naturelles ». Elle est construite non seulement comme lieu de résidence du seigneur mais aussi pour la défense face aux invasions. Elle comporte une butte artificielle couronnée par une tour en bois. L’ensemble est entouré d’un fossé. La tour est en général l'habitation du seigneur et de ses proches ; le logement des domestiques et des animaux constitue la baille ou basse-cour. Le principal matériau pour la construction de ces premiers châteaux est le bois. Un fossé couronné d'une palissade ceinture l’ensemble. Les haies, les palissades, le pont amovible ou les passerelles en bois renforcent la défense du château à cette époque. ----------------------------------------* La Communauté de communes tient à remercier les propriétaires du site pour l’avoir accueillie et dévoilé l’histoire de leur demeure. Les seigneurs de Curzay habitent la motte jusqu’à la fin du 12e siècle, époque à laquelle ils choisissent de délocaliser leur château au lieu-dit Laudouinière, par commodité et parce que la proximité des maisons du bourg rend la défense du site difficile. La présence de cette forteresse, « au bout du bourg », est confirmée par une mention dans un acte du 10 mars 1405. Guillaume Rataut, alors seigneur de Curzay, tient hommage au comte de Poitou pour ses nombreuses possessions, notamment sa motte. Il semble qu’elle soit toujours en service à cette époque. Du Moyen Age jusqu’aux troubles religieux du 16e siècle, « le vieux bourg » se développe au pied de la fortification et de l’église paroissiale dédiée à St Martin, dont les origines pourraient remonter au 11e siècle. Des maisons se construisent autour de la rue du Grand moulin, la rue du four ou rue du pont et une troisième rue nommée la route de Poitiers. Le site reçu par la suite le toponyme « Le Grand Moulin », puisqu’un moulin fut bâti à cet endroit. Connu dès le Moyen Age, il était l’un des cinq moulins à eau qui fonctionnaient sur la commune de Curzay. Une date, 1663, gravée sur une pierre, nous révèle l’occupation ancienne du moulin. La mise en place de la majorité des moulins au Moyen Âge répond à une volonté de valorisation des terroirs, accomplie le plus souvent par le pouvoir seigneurial en place. Leur présence nous indique la forte tradition céréalière sur le territoire. Le gué du Grand Moulin était sur le tracé d’une voie romaine allant vers Sanxay. Sur le site du Grand Moulin, l’ancien cadastre Napoléonien de 1836 représente deux maisons ainsi que le bâtiment du moulin. En 1850, le moulin fonctionnait encore. D’après les listes nominatives de recensement de la population en 1846, Marie Tanneau (veuve Gatineau) était la meunière sur place. Ses deux fils, Louis et Philippe, âgés respectivement de 18 et 16 ans, la secondaient dans le travail. Ils avaient une petite sœur, Madeleine. Trois domestiques vivaient avec eux. Par la suite le moulin n’a plus servi et d’autres constructions se sont ajoutées à l’ensemble. Les derniers vestiges du moulin s’effondrent dans les années 1980. Les deux meules et le canal de sortie sont les dernières traces du bâtiment. LE PATRIMOINE RURAL Les différents bâtiments du site se présentent dispersés selon un plan allongé face à la Vonne. - Une maison d’habitation élevée sur un niveau et couverte d’une toiture en tuiles romanes à deux longs pans. La façade principale se présente sur le mur gouttereau et s’étale généreusement sur quatre travées. Une petite fenêtre ouverte sur le pignon de la maison présente un linteau sculpté d’un arc en accolade - Un fournil, relié à la maison par une récente véranda. Ce dernier est postérieur à 1836, car il ne figure pas sur l’ancien cadastre Napoléonien. Un four à pain en très bon état de conservation se trouve à l’intérieur. - Un deuxième logis se trouve à quelques mètres de cet ensemble : sans doute s’agit-il du premier logement du site. Ses ouvertures sur le mur pignon nous révèlent son ancienneté. - Un hangar pourvu d’une charpente cintrée caractéristique du savoirfaire des artisans locaux. Il faisait face autrefois aux écuries et servait d’entrepôt pour le foin et la paille. - Un puits se situe près de l’emplacement de l’ancien moulin. Sa margelle est un bloc de pierre carré sur lequel repose un treuil actionné par une manivelle. - Une longue jetée en pierre canalise une partie du cours de la Vonne. La réserve était régulée en cas de crue par des pelles qui permettaient de reconduire le trop plein d’eau vers le lit principal. © Communauté de communes du Pays Mélusin