Les itinéraires bis de la lune de miel

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Les itinéraires bis de la lune de miel
Date : 11 FEV 15
Page de l'article : p.27
Journaliste : Marlène Duretz
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 275310
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STYLES
Les itinéraires bis de la lune de miel
Insolite,
aventurier, seul
ou à plusieurs, le
voyage de noces
s'est adapté aux
nouveaux
contours du
couple et de la
famille
VOYAGE
D
ans les agences de
voyages, les « Nous
nous marions en juin,
mais ne partirons
qu'en janvier » pour des critères
climatiques inhérents à la destination cohabitent avec « Les Maldives ? Franchement, si on pouvait éviter... » Les envies de lune
de miel changent. Outre-Manche
et outre-Atlantique notamment,
de nouveaux concepts émergent,
parfois détonants.
Au rayon minimaliste, la « minimoon », lune de miel éclair de
quèlques jours. Dans un registre
convivial, celle qu'on appelle la
« buddymoon » est à partager entre amis. Le « honeyteering » désigne, lui, un voyage de noces consacré à une cause humanitaire ou
écologique... Plus étonnante encore, la société japonaise Cerca
propose à ses clientes le « solo
wedding », ou mariage en solitaire. En fait de jour J, c'est un ersatz qui est proposé à ces femmes
célibataires, facture tout de
même 2 700 euros. La soif d'originalité aurait-elle définitivement
enterré la lune de miel à papa ?
La solution du « entre amis »
Archétype de ces nouveaux no-
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ceurs, la biogueuse française Nathalie Bernard, La Mariée en colère, revendique son approche à
contre-courant des préparatifs du
mariage. A cette aune, elle a expérimenté le buddymoon avec un
couple d'amis. Et conclut : « Entre
potes, ce n'est pas du tout la même
chose, mais ce sont aussi des crises
de fou rire et des moments intenses. »
De surcroît, voyager à plusieurs
mutualise budget et aptitudes de
chacun. « Se retrouver loin de chez
soi avec des amis permet de se sentir plus en sécurité », confie Nathalie Bernard, qui souligne aussi des
intérêts plus triviaux, comme la
possibilité de se reposer sur les
éventuelles compétences linguistiques de compagnons de voyage.
Pratique pour les cancres en anglais.
«Dans les années 1960, seuls
10 % des nouveaux mariés avaient
connu une période de cohabitation préalable au mariage ; au début des années 1980, 60 % d'entre
eux étaient dans ce cas », souligne
Michel Bezon, directeur de recherche à l'Institut national d'études démographiques, dans « Sociologie du rituel du mariage »
(Population, 1992).
Si le sociologue observe que le
passage par une période de vie
commune avant le mariage modifie le contexte et le contenu du
rite matrimonial, Agnès Seban,
directrice artistique du Salon du
mariage, à Paris, fait un parallèle
similaire avec le voyage dè noces.
« II est rarissime que Ie couple nouvellement marié ne vive pas déjà
ensemble et ne soit jamais parti en
voyage, constate-t-elle. Mais la
lune de miel est un projet particulier que le couple n'a encore jamais
réalisé. » « On sort de plus en plus
du voyage standard - les pieds
dans l'eau aux Seychelles ou aux
Maldives - pour vivre une expérience originale, partir à l'aventure, vers des destinations insoli-
tes », constate Eric La Bonnardière, cofondateur du site Evaneos.com, formule en « contrepied du voyage standardisé ».
Toutefois, ceux qui s'inscrivent
dans cette tendance aventurière
La société
japonaise Cerca
propose
à ses clientes le
« solo wedding »,
ou mariage
en solitaire,
facture
sont majoritairement des voyageurs experts aux demandes plutôt exceptionnelles : un lodge au
Zimbabwe construit sur un sommet avec accès par passerelle privative, quand ce n'est pas un dîner
aux chandelles au beau milieu de
la jungle guyanaise avant une expédition nocturne d'observation
des caïmans.
Voyage dè noces... en famille
« Ceux pour qui c'est le premier
beau voyage, qui se sont limites
jusqu'alors à l'Europe, privilégient,
eux, une destination standard »,
confirme M. La Bonnardière. « Le
budget alloué au voyage de noces
est plutôt conséquent, note-t-il,
c'est souvent la première occasion
pour nos clients, de 25 à 35 ans en
moyenne, de se lâcher et de vivre
des expériences fortes. » Emilie de
Beaumont, directrice marketing
de l'agence de voyages spécialiste
du sur-mesure Voyageurs du
monde, reconnaît que les requêtes qu'elle reçoit sont dans l'ensemble « assez classiques » et convient que « les dix jours de découverte associés aux cinq jours de
balnéaire restent le nerf de la
guerre ».
Mais on observe aussi une progression notable du voyage de noces en famille. Il concerne tant les
familles recomposées que les
couples avec enfants en bas âge
qui prorogent leurs justes noces
ou que les couples de longue date,
mariés sur le tard, accompagnés
de leurs adolescents. « Si les Seychelles et la Polynésie sont la carte
postale du voyage de noces », selon Emilie de Beaumont, les couples accompagnés de leurs enfants font le choix du culturel et
du balnéaire vers des destinations
relativement adaptées au séjour
en famille, et sûres, comme l'Asie
du Sud-Est, la Thaïlande, l'Indonésie ou la Tanzanie. « Ce qui n'exclut
pas qu'un séjour commencé avec
les enfants soit suivi par un quatre
à cinq nuitées en duo dans un bel
hôtel », constate-t-elle.
Les « honeymooners » privilégient également les adresses impliquées « dans la politique environnementale ou sociale. Us sont
très sensibles à ces critères, mais il
faut que cela reste dans la dimension du plaisir. S'ils font les vendanges, par exemple, explique
Mme de Beaumont, ce n'est pas tant
pourle tissu social que pour l'expérience qu'ils pourront relater à leur
retour ». Nombre de professionnels confirment que les voyageurs sont en quête d'authenticité et cherchent à donner du sens
à leur escapade à deux : « A leur retour, ils valoriseront davantage
l'hébergement et le repas pris chez
l'habitant qu'ils n'évoqueront les
moments exclusifs, un peu narcissiques, partagés à deux. »
Si la lune dè miel tend à sortir
des sentiers battus, les classiques
perdurent. « La demande type cible un voyage de noces original et,
au final, on retrouve toujours les
trois ou quatre mêmes architectures de voyage », s'amuse Emilie de
Beaumont. •
MAKLÈNE DUKETZ
EVANEOS 5050892400506
Date : 11 FEV 15
Page de l'article : p.27
Journaliste : Marlène Duretz
Pays : France
Périodicité : Quotidien
OJD : 275310
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Restriction de l'éditeur
Photographie extraite de la
série « Two Directions ».
MAIA FLORE/AGENCE VU
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