« Spécificités socioéconomiques du secteur artistique en France et

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« Spécificités socioéconomiques du secteur artistique en France et
« Spécificités socioéconomiques du secteur artistique en France
et conséquences sur l’emploi »
dans le cadre de la Journée d’information professionnelle
Les nouvelles formes d’emploi dans le secteur culturel :
de la mutualisation des emplois et des compétences à la pérennisation
Le Patch, Amiens, le 11 juin 2015
Philippe HENRY
•
Resituer la question de l’emploi artistique et culturel dans le cadre élargi de l’économie
propre de ce domaine d’activité.
•
Un exposé en quatre temps, dont l’idée centrale est qu’il n’est pas sérieux de dissocier
la question de l’emploi de la socioéconomie spécifique du secteur d’activité considéré.
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1 – Quelques indications chiffrées sur l’économie culturelle
•
Une estimation du DEPS et sur une trentaine d’activités (code NAF)
totalement ou principalement culturelles
de 44 milliards d’euros de Valeur ajoutée
et de 88 milliards d’euros de production totale pour 2013.
•
Une estimation pour 2011 d’environ 910.000 professionnels concernés,
mais dans laquelle 69% des emplois salariés relèvent de contrats à durée limitée
et 29% des salariés ont travaillé moins de 100 heures.
•
Des parts très variables des branches culturelles dans la Valeur ajoutée totale,
mais où la part de l’activité non marchande
est majeure pour certains secteurs – dont spectacle vivant et patrimoine –
et négligeable dans d’autres – dont audiovisuel et édition.
Des différences induites de modèle économique,
qui vont se répercuter sur les modalités de l’emploi.
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2 – Une approche plus qualitative du secteur artistique
•
Une fort développement de la professionnalisation et de l’industrialisation
des filières artistiques depuis les années 1980,
qui a encore plus renforcé la tension dans le moindre parcours d’artiste
entre nécessaire individualisation de chacun
et renforcement de son interdépendance avec d’autres acteurs
de sa filière d’appartenance ou de filières connexes.
•
Une économie de profusion de propositions différenciées
qui seront ensuite socialement qualifiées et hiérarchisées.
Une économie non réductible à la seule logique marchande.
•
Une économie très socialisée basée sur des biens et services
peu ou pas substituables (biens singuliers),
dont les secteurs les plus industrialisés conservent la trace.
•
Une économie par elle-même productrice de très forts déséquilibres et inégalités,
du point de vue des ressources tant économiques que symboliques (notoriété).
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3 – Des conséquences en termes organisationnels et d’emploi
•
Une organisation récurrente des filières artistiques et culturelles, comportant :
un nombre restreint de firmes de taille importante
contrôlant en particulier l’aval ce ces filières,
une multitude de petites ou micro-entreprises
très actives dans leurs segments amont,
des pouvoirs publics y jouant un rôle très variable
d’opérateur direct et/ou de régulateur partiel.
Une répartition induite très contrastée au sein de chaque filière
des risques, des ressources et des résultats.
•
Une structure résultante de l’emploi – en particulier artistique et technico-artistique –
socialement plutôt favorisé,
très souvent à temps partiel et à horaires variables,
avec des dispersions très fortes des revenus d’activité,
non réductibles à de simples différences de talent ou d’énergie déployée.
Des métiers dont la norme est l’irrégularité de l’emploi,
des contrats courts et une faiblesse des revenus,
la polyvalence dans le secteur d’emploi
et une multi-activité dans des secteurs secondaires.
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4 – Quelques remarques pour conclure
sur la question du développement et de la pérennisation de l’emploi
dans le secteur artistique
•
Un lien constant entre développement et prévisibilité de l’activité d’une part,
développement et pérennisation de l’emploi de l’autre.
Une situation structurelle d’emploi rémunéré non permanent
et de précariat pour le plus grand nombre.
•
La nécessité d’une meilleure sécurisation de l’emploi artistique
par élaboration d’un régime plus solidaire
– et plus transversal entre salariés et travailleurs indépendants –
de l’activité permanente à rémunération intermittente,
à asseoir en premier lieu sur une solidarité intra et inter branches
de la Valeur ajoutée dégagée.
•
Des démarches de regroupement coopératif qui, bien que locales et partielles,
cherchent dès à présent la voie d’une déprécarisation – au moins relative –
de l’emploi artistique et culturel.
Philippe HENRY, chercheur en socioéconomie de la culture,
Maître de conférences HDR retraité de l’Université Paris 8 – Saint-Denis
Contact: [email protected]
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