Expériences de lecture avec des adolescents_Table

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Expériences de lecture avec des adolescents_Table
Rencontre en région du SNE
Montpellier, 26 avril 2012
Table-ronde « Expériences de lecture avec des adolescents »
Animée par Cécile Jodlowski (Languedoc Roussillon livre et lecture)
Intervenants :
- Christian Cavalli (Enseignant de lettres – Lycée Jean-Baptiste Dumas, Alès)
- Aline Jarrousse (Responsable secteur Jeunesse – Médiathèque centrale d’agglomération
Emile Zola)
- Agnès Defrance (Responsable mission médiation – Médiathèque départementale de
l’Hérault)
- Geneviève Fransolet (Librairie Nemo)
- Tatiana Arfel (Auteur et animatrice d’ateliers d’écriture)
- Pauline Alphen (Auteur)
Pour de multiples invitations à la lecture
Cécile Jodlowski-Perra introduit le sujet en expliquant que le choix a été fait de proposer un zoom
sur des expériences variées de terrain. L’idée qui réunit les intervenants part du constat qu’il est
délicat de nos jours d’inciter et d’encourager les jeunes à la lecture. Les intervenants exposent alors
les procédés qu’ils ont respectivement mis en place pour pallier cette difficulté.
Tatiana Arfel présente les ateliers d’écriture au cours desquels elle tente de donner au texte une
nouvelle dimension afin d’insuffler aux jeunes l’envie de l’aborder. Elle passe notamment par
l’intermédiaire du corps, encourage à mettre le texte en voix ou bien à le jouer comme une pièce de
théâtre. Elle revendique également que faire écrire les jeunes leur permet de s’impliquer et de se
confronter à la lecture dans le sens où il s’agit d’aborder les écrits d’un autre pour les mettre en
parallèle avec ses propres textes.
Pauline Alphen quant à elle, raconte qu’elle a mis en place un blog sur lequel ses lecteurs peuvent
directement s’adresser à elle, le principe étant qu’elle s’engage à répondre à tous les messages qu’on
lui laisse. Ainsi elle a crée un lieu de rencontre et d’échange privilégié où ses lecteurs accompagnent
son écriture et elle leur lecture au fil du temps. Elle fait mention de la relation très précieuse que ce
procédé à permis d’instaurer entre elle et son lectorat.
Geneviève Fransolet explique le principe du comité de lecture que l’équipe de la librairie Nemo a
instauré dans le but de faire venir les jeunes au sein d’un petit établissement commercial plutôt que
sur les grandes plateformes de la Fnac. Le principe de ce comité était que les jeunes avaient à leur
disposition une petite bibliothèque à part dans la librairie en libre service. Ils pouvaient y emprunter
autant de livres qu’ils le souhaitaient à condition de s’engager à les lire dans le mois et de mentionner
leurs impressions et avis lors des réunions mensuelles du comité. En contrepartie de ce libre
emprunt des ouvrages qui étaient régulièrement renouvelés par les soins des libraires, les jeunes
s’engageaient à rédiger leurs coups de cœur afin que les vendeurs puissent ensuite s’en servir comme
argument de vente lors de leurs recommandations auprès des clients.
Elle fait également mention d’une petite revue dans laquelle ils étaient libres de rédiger des articles
sur les livres de leur choix, et aborde le projet d’un blog où les jeunes auraient également leur part
d’action.
Enfin, elle exprime son vœu de repenser le concept actuel du comité de lecture afin que les
adolescents ne soient plus de simples consommateurs de livres mais qu’ils participent véritablement à
sa promotion et à sa diffusion.
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Aline Jarrousse avoue de son côté que sa médiathèque propose assez peu de manifestations
destinées au public adolescent. « On s’est rendu compte qu’on tapait souvent à coté, que ce soit sur la
tranche d’âge ou bien sur les thèmes abordés, les jeunes n’étaient pas au rendez-vous. »
Cependant, si les animations proposées n'ont pas rencontré beaucoup de succès jusqu'à aujourd'hui,
les adolescents sont bien présents dans la médiathèque. Notre objectif est donc le suivant : créer les
conditions susceptibles de favoriser la fréquentation de ce public. Cela passe par des espaces, des
collections et des services appropriés. De fait, des espaces jeux de société et jeux vidéo ont été mis
en place, les responsables veillent à ce que les rayonnages contiennent des livres qui plaisent,
susceptibles d’attirer les jeunes.
Nous constatons par le biais des statistiques de prêt que cette politique de mise en adéquation des
achats avec les demandes de lecteurs, en achetant par exemple les titres plébiscités en plusieurs
exemplaires, porte ses fruits. En effet, parmi les romans pour la jeunesse, les titres les plus
empruntés à la médiathèque centrale sont les romans pour adolescents.
Agnès Defrance nous rapporte que la médiathèque où elle travaille privilégie une relation avec les
collégiens. Bien que le public adolescent puisse faire un peu peur dit elle, nous sommes allés à sa
rencontre, armés de nos collections et de nos livres, directement en établissement scolaire. « Nous
avons cherché à nous distinguer au maximum de l’outil CDI qui est mis à leur disposition mais qui participe
malgré tout d’un projet pédagogique. La lecture que nous cherchons à leur proposer se base elle, sur le seul
et unique plaisir de lire ».
Elle aborde les rencontres avec les auteurs que le budget de la médiathèque leur permet d’organiser
(la volonté politique forte du Conseil général a en effet permis de dégager un budget conséquent en
direction des collégiens en particulier et de la jeunesse en général. « Sont également mis en place des
ateliers de lecture sur lesquels on a toutefois relevé lors d’un premier bilan que les jeunes bons lecteurs
s’ennuyaient ». Pour y remédier, ils ont créé dans un dernier temps, un prix littéraire départemental
des collégiens au cours duquel les élèves peuvent candidater afin de devenir jurés, et ainsi être
véritablement actifs.
Enfin Christian Cavalli souhaitait impulser la réflexion sur le statut du professeur de français qui
est un stéréotype régulièrement raillé. Il explique que l’institution scolaire est devenue un lieu de
fuite pour les adolescents et que, d’après un sondage qu’il avait eu l’occasion de mener, le temps que
ces derniers consacraient hebdomadairement à la lecture s’élevait en moyenne à 1h30 pour un total
d’un livre lu en trois mois et de trois livres lus en six. Les principales causes de cette lecture réduite
seraient l’ordinateur, facebook et autres jeux interactifs en ligne.
De ce fait, Christian Cavalli désire rompre avec l’institution scolaire dans l’espoir de renouer avec les
adolescents autour du livre et de l’objet textuel.
Il présente le texte comme matière première à ses élèves et les encourage à le manipuler, à le
modeler, à intervenir dessus.
Enfin il affirme que tout professeur un tant soit peu volontaire peut saisir ou créer des opportunités
de regrouper ses élèves autour de la lecture et d’en faire un moment de partage et de plaisir pour
tous.
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