MGS ROOH Chapitre 9

Transcription

MGS ROOH Chapitre 9
écrit par Sunwalker
d'après une histoire et des personnages crées par Hideo Kojima
Texte distribué gratuitement sur www.suniverse.fr
Metal Gear Solid : Rise Of Outer Heaven est une oeuvre relevant de la fanfiction réalisée bénévolement. Ce texte est sous lisence Creative Commons
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Solid Snake tomba sur les camions, alors qu'il filait vers le Nord, à travers les arbres. Les cinq
véhicules étaient arrêtés au bord du chemin. Trois mercenaires, agenouillés dans la boue, s'affairaient à
remplacer l'une des roues du deuxième véhicules de la file, qui avait crevé en roulant sur une grosse
branche.
L'agent de Fox-Hound avait marché près de quarante minutes dans la direction supposée du
Bâtiment A, sans rencontrer la moindre menace. Il avait fini par découvrir cette route, qui serpentait
dans la forêt. Vu les nombreuses traces de pneus et la largeur de celui-ci, il supposa que ce chemin de
terre devait être l'un des axes routiers principaux du quartier général d'Outer Heaven. Du moins c'était
ce qu'il espérait, car il avait ensuite continué sa progression en longeant cette voie.
Il avait alors entendu le bruit des moteurs, s'était dissimulé derrière un arbre, avait vu passer les
véhicules chargés de caisses de matériel. Reprenant sa route, il avait fini par rattraper les camions
seulement quelques minutes plus tard, alors que l'incident venait tout juste de se produire.
Le convoi comptait sept soldats d'Outer Heaven. Cinq chauffeurs accompagnés de deux gardes. Ces
derniers avaient pris la place du passager dans les véhicules situés en troisième et quatrième position de
la file. Tous armés, évidement, mais ils ne craignaient visiblement pas d'être attaqués, vu leur effectif
réduit.
La carte qu'il avait vu dans le bâtiment administratif semblait indiquer qu'il lui restait encore
quelques kilomètres à parcourir avant d'atteindre le Bâtiment A. De plus, au fur et à mesure de sa
progression, la forêt devenait de moins en moins praticable et de plus en plus boueuse, presque
marécageuse. Ces camions pouvaient être la solution pour arriver à destination sans soucis, même s'il
n'avait pas non plus la certitude qu'ils aillent là où lui souhaitait se rendre.
Les chauffeurs des trois premiers véhicules manipulaient comme ils pouvaient le cric pour soulever
le camion en panne, mais son utilisation était délicate, puisque l'outil de levage s'enfonçait sans cesse
dans la boue et refusait de rester en position.
La remise en état du camion accidenté prenant plus de temps que prévu, les chauffeurs des deux
derniers véhicules vinrent se joindre à leurs camarades pour leur prêter main forte. Tous discutaient
avec animation pour trouver une solution à leur problème. Ils parlaient une langue que Snake ne
comprenait pas mais qu'il estima être d'origine slave. Peut-être du serbe.
Les deux derniers véhicules étant maintenant sans surveillance, Snake sorti des fourrés et prit pied
sur la route avant de foncer se mettre à l'abri du dernier camion de la file. Il souleva la bâche de
protection de la remorque et constata que cette dernière était chargée à bloc de caisses en bois, comme
celles qu'il avait vu dans les entrepôts de l'avant-poste. Pas moyen de se planquer dans celui-là sans
décharger la cargaison et il n'avait absolument pas le temps, ni la possibilité de faire cela.
Une porte claqua tout près. Des bruits de succion dans la boue. Quelqu'un se rapprochait. Sûrement
le garde du quatrième camion, qui avait décidé de se dégourdir les jambes. A moins qu'il n'aie remarqué
quelque chose. Impossible de jeter un coup d’œil au coin de la remorque sans risquer d'être
automatiquement repéré.
Snake se jeta discrètement au sol et regarda sous le véhicule. Les bottes du mercenaire venaient de
passer les roues avant du camion. S'il gardait cette foulée, il arriverait à la remorque dans moins de six
secondes et découvrirait l'agent secret.
Sans hésiter un instant, Snake se faufila sous le châssis et rampa le plus silencieusement possible
dans la boue, vers l'avant du camion. Le mercenaire s'arrêta devant la remorque, se hissa sur le
marchepied et entreprit de farfouiller parmi les caisses en bois.
L'agent de Fox-Hound regagna l'air libre, prit appui sur le pare-choc avant pour se relever, puis
pivota vers le quatrième camion. Il souleva la bâche. Chargé aussi, mais il avait la place de se glisser pardessus une caisse plus petite pour se cacher parmi la cargaison.
Dès qu'il se fut hissé à l'intérieur, son oreillette commença à grésiller. Snake se figea en plein
mouvement. Merde, se dit-il. Il repéra aussitôt les caisses argentées frappées de l'hélice à trois branches.
Le garde sauta du marche-pied du camion suivant, provoquant des éclaboussures de boue, puis se
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dirigea vers celui devant lequel se trouvait Snake. Plus le temps d'hésiter. Malgré l'avertissement du
compteur Geiger, l'agent secret bondit par-dessus les caisses et s'accroupit comme il put.
Le mercenaire s'arrêta au niveau de la cabine puis héla l'un de ses camarades. Snake commença à
attendre, alors que le grésillement était constant dans son oreillette. Espérons que le voyage jusqu'au Bâtiment
A sera bref, se dit-il. Voyager clandestinement était déjà risqué, mais le risque était d'autant plus grand,
quand on le faisait près de caisses remplies d'ogives nucléaires. Bon, évidemment, il y avait peu de
chance que le voyage dure assez longtemps pour l'exposer à une dose de radiation mortelle, mais tout
ça n'avait rien de bien rassurant. Et puis il suffisait que le camion se plante quelque part ou quoi...
Des bruits de course se rapprochèrent. Le garde et l'un des mercenaires échangèrent quelques mots,
au niveau de la cabine, puis les pas longèrent son camion. La bâche fut brusquement soulevée. Snake se
raidit, se dissimula davantage dans l'ombre, dégaina son pistolet.
Le mercenaire grimpa sur le marche-pied puis, un pied-de-biche à la main, entreprit de faire sauter le
couvercle de la plus petite caisse. Les planches craquèrent en cédant. Le mercenaire posa son outil,
récupéra le panneau qui faisait office de couvercle et disparut, après avoir remit la bâche en place, sans
apercevoir l'intrus. Ils allaient sans doute utiliser l'épais couvercle de bois pour caler leur cric, se dit celui-ci en se
détendant un peu.
Snake se pencha par-dessus la caisse qui venait d'être ouverte et y trouva des explosifs C4. Il en prit
cinq blocs, de la taille de la paume de sa main, puis les glissa dans ses poches de ceinture. Ça pourrait
toujours lui servir plus tard. Par contre, il ne trouva pas de détonateurs dans la caisse, ce qui était plutôt
logique et témoignait d'un minimum de bon sens de la part des mercenaires. Entreposer détonateurs et
explosifs dans le même container faisait courir le risque d'un accident et d'une explosion involontaire, si
l'un des détonateurs était sujet à un dysfonctionnement. Et puis il y avait d'autres méthodes pour faire
sauter du plastique, donc il n'avait pas nécessairement besoin de détonateurs.
Cinq minutes plus tard, le mercenaire revenait jeter le couvercle sur la caisse puis les portières
claquèrent et le convoi s'ébranla. L'agent de Fox-Hound ne parvenait pas à détacher ses yeux des
conteneurs de têtes nucléaires. Tant de puissance de destruction enfermée dans une si petite boite.
Pourquoi les mercenaires d'Outer Heaven avaient-ils décidé de déplacer les ogives ? Cela signifiait-il
qu'ils étaient sur le point d'effectuer un lancement ? Et comment était-il possible que Gray Fox, son
ami, ce soldat si intègre, soit impliqué dans de tels événements ?
Peu après sa rencontre avec l'ex-agent porté disparu, Snake avait contacté Campbell pour lui
annoncer la nouvelle. Le colonel s'était montré tout aussi surpris et choqué que lui. Visiblement,
personne n'aurait pu imaginer que Frank Jaeger ait pu survivre au bombardement Gindran. Bien sûr, on
n'avait pas retrouvé de corps, ce qui ne signifiait pas pour autant qu'il ait pu échapper à la terrible
explosion qui les avait touchés, lui et le docteur Madnar, sur la berge de la rivière. Fox était
officiellement porté disparu, depuis quatre ans, et n'avait plus donné aucun signe de vie jusqu'à
aujourd'hui. Et il avait l'air en pleine forme...
Campbell avait alors conseillé à Snake de se méfier de Fox, de le considérer, dorénavant, comme un
ennemi. Inutile aussi de ressasser le passé ni d'essayer de comprendre ce qui lui était arrivé et pourquoi
il se trouvait à Zanzibar. Focalises-toi sur ta mission, avait ajouté le colonel. Ne te laisses pas distraire. Marv,
l'OILIX et la menace nucléaire sont ta priorité.
Le trajet dura une quinzaine de minutes au cours desquelles Snake fut plus ou moins balloté dans
tous les sens, à cause des irrégularité du chemin de terre, et dut prendre garde de ne pas se faire écraser
par la cargaison, qui glissait sur le plancher, dans les virages serrés.
Le camion s'arrêta brusquement. Snake entendit des voix qui discutaient à l'extérieur puis le convoi
redémarra. Sans doute un poste de garde. L'agent secret jeta un œil, par le peu d'ouverture procuré par la
bâche qui battait au vent, et aperçut des hommes armés qui faisaient glisser sur un rail un portail en fer
pour refermer l'accès à la zone. Un A majuscule était imprimé sur la paroi de la guérite dans laquelle ces
derniers s'engouffrèrent, ensuite.
Quelques instants plus tard, la lumière extérieure se dissipa remplacée par l'obscurité d'un tunnel en
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béton éclairé par des néons, puis le camion s'arrêta et le moteur fut coupé. Les mercenaires
descendirent des véhicules et échangèrent quelques mots. Snake se saisit de son pistolet et mit tous ses
muscles en éveil. C'était là que tout allait se jouer. Maintenant qu'il avait réussi à s'infiltrer dans le
Bâtiment A, il allait falloir sortir du camion, sans être détecté, puis commencer à explorer les environs
et tâcher de trouver le scientifique tchèque.
Snake se mit à plat-ventre sur la caisse de C4 et entrebâilla légèrement la bâche. De là où il était,
l'agent de Fox-Hound pouvait voir deux autres camions et une jeep. Les mercenaires du convoi s'étaient
tous rassemblés autour d'un homme qui leur donnait des instructions. Ils étaient trop loin pour que
Snake n'entende quoi que ce soit. Et suffisamment loin pour lui permettre de descendre du véhicule
sans être remarqué.
Solid Snake grimpa sur la caisse d'explosifs, passa la tête à l'extérieur, pour s'assurer que la voie était
libre, puis se jeta silencieusement dehors. Il constata qu'il se trouvait dans un immense hangar où
étaient garés bon nombre de véhicules et où étaient entreposés des caisses et des containers récemment
déchargés.
Rapidement, Snake contourna le camion pour se mettre à l'abri des regard des mercenaires, toujours
en plein conciliabule, à une trentaine de mètres de là. Il s'accroupit un instant à l'avant, son arme à la
main, puis balaya du regard le hangar, à la recherche d'un moyen de sortir de là. Rien en vue. Il allait
falloir bouger. Et un coup d’œil vers le groupe de mercenaire, qui revenait vers les véhicules, lui indiqua
qu'il allait falloir bouger très vite.
Sans hésiter, l'agent secret se lança à découvert vers le camion le plus proche, jeta un œil sous le
châssis pour localiser la position des ennemis en approche, puis fonça se mettre à couvert derrière un
tank Goliath, stationné tout près.
Les mercenaires commencèrent à ouvrir les remorques de leurs camions. Un bruit de moteur
électrique attira son attention. Un chariot élévateur surgit de nulle part, roulant en direction des
véhicules à décharger. Snake se glissa brusquement sous le char d'assaut pour éviter d'être repéré par le
conducteur de l'engin de manutention.
Les caisses métalliques contenant les ogives finirent par être déchargées avec précaution, puis le
chariot-élévateur disparut dans le hangar avec son dangereux chargement. Quelques minutes plus tard,
les camions étaient vides. Les mercenaires échangèrent quelques mots avec les soldats qui patrouillaient
dans le hangar, puis remontèrent à bord de leurs véhicules et les dirigèrent vers la sortie.
Snake attendit encore quelques minutes, avant de sortir de sous sa cachette. Il remarqua aussitôt un
garde armé, qui naviguait entre des transports blindés. L'homme ne le remarqua pas et s'éloigna bientôt
de sa position.
Snake entreprit d'explorer le hangar pour en trouver la sortie. Il se faufila parmi les véhicules
militaires et les caisses de matériel, se laissant plus ou moins guider par les lignes de couleur tracées sur
le béton. Ces indications visuelles devaient bien mener quelque part, pensa-t-il.
Il ne lui resta bientôt plus qu'une vingtaine de mètres à parcourir, avant d'atteindre l'extrémité du
hangar. Du mouvement attira son attention et il se mit aussitôt à couvert derrière une jeep.
Trois hommes s'affairaient près d'un local. Une caisse à ogives était posée devant l'entrée de la pièce.
L'un des hommes, qui était accroupit près du conteneur, se releva. Ces cheveux platine, cette posture.
Snake se raidit brusquement. C'était Gray Fox, en personne.
Les deux autres mercenaires achevèrent de serrer les sangles maintenant en place la caisse sur un
chariot, puis écoutèrent les indications que leur donna l'ancien agent de Fox-Hound :
― Déposez ces ogives au laboratoire du 3ème étage, commença Fox. Dites à Black que le docteur
doit s'en occuper tout de suite.
― Maintenant ? S'étonna l'un des mercenaires. Je croyais qu'on devait attendre encore un peu, avant
d'effectuer un lancement.
― Je vous rappelle qu'on a un intrus dans la base, dit Fox. Par conséquent nos plans sont
bouleversés et nous devons en accélérer le déroulement. Restez en alerte et repérez tout comportement
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suspect. Notre homme est sans doute déjà ici. Si vous avez besoin de moi, je serais au Bâtiment B avec
Saladin, pour régler les derniers détails. (il indiqua du pouce la jeep stationnée contre le mur et à bord
de laquelle attendait un passager.) J'emmène Owl avec moi, parce qu'elle ne peut pas conduire.
Les deux hommes hochèrent la tête en signe de compréhension. Fox leur répondit par un sourire
sincère, leur donna une tape amicale sur l'épaule puis grimpa dans la jeep. Il mit le contact, enclencha
une vitesse, puis fit faire demi-tour au véhicule.
Snake s'accroupit encore davantage derrière sa couverture, plus tendu que jamais, alors que la jeep
venait dans sa direction. Le véhicule arriva devant sa cachette, passa à faible allure en faisant couiner ses
pneus sur le sol.
La passagère tourna violemment la tête dans sa direction. Et le vit. Snake pointa aussitôt son pistolet
sur le véhicule, mais la jeep continua sa route sans ralentir et s'éloigna. Leurs regards s'étaient croisés, il
en était sûr. Pourtant, la femme n'avait pas alerté Fox de sa présence. Comme si... elle avait senti sa
présence mais ne l'avait pas vraiment vu.
Snake laissa partir les mercenaires en charge des ogives puis sortit de son couvert et se dirigea vers le
local. La porte était munie d'une serrure électronique et avait l'air blindée. Si le local contenait d'autres
équipements nucléaires, il y avait fort à parier que les murs soient doublés de plomb sensés absorber les
rayons et limiter les dangers d'exposition du personnel de la base. Impossible du coup de pénétrer à
l'intérieur de la pièce pour tenter de dénombrer l'ampleur de l'arsenal nucléaire d'Outer Heaven. Rien ne
garantissait non plus qu'il n'y ait pas d'autres lieux de stockage de ce type, ailleurs à Zanzibar.
L'agent de Fox-Hound entreprit alors de suivre le container que les mercenaires devaient livrer au
docteur. Passant de couvert en couvert, il suivit les deux hommes, en respectant une distance de
sécurité lui assurant de ne pas se faire remarquer.
Les mercenaires arrivèrent bientôt devant un ascenseur. Ils grimpèrent dans la cabine, après y avoir
poussé leur chariot, puis les portes coulissèrent silencieusement. Restant à bonne distance, Snake vit
défiler le compteur d'étage de 0 à 3, puis s'arrêter.
Il attendit quelques minutes, afin de laisser s'éloigner une sentinelle qui patrouillait non loin, puis
s'élança vers l'ascenseur qu'il appela en pressant le bouton, fiché dans la paroi. Son arme à la main, il
attendit que les portes s'ouvrent, prêt à se débarrasser de quiconque aurait décidé d'emprunter
l'ascenseur à ce moment-là. Fort heureusement, il n'y avait personne.
Snake se glissa dans la cabine et sélectionna le troisième étage sur le panneau de contrôle. Les portes
s'ouvrirent sur un couloir désert aux murs blancs, qui partait dans l'axe de l'ascenseur. L'agent secret jeta
un rapide coup d’œil dans le couloir perpendiculaire à l'autre, puis prit pied sur le sol carrelé.
Maintenant qu'il était au bon étage, encore lui fallait-il trouver laquelle des nombreuses portes s'ouvrait
sur le laboratoire dans lequel il espérait trouver Marv.
Prudemment, Snake s'avança dans le couloir. Son oreillette émit un bip discret. Il attendit un instant
puis le son se répéta. Continuant sa progression, il remarqua que la fréquence du signal s'accélérait.
Rapidement, il attrapa son récepteur GPS et remarqua aussitôt le point clignotant au bord de l'écran.
L'émetteur implanté dans la dent du scientifique tchèque.
S'orientant à l'aide de son appareil de localisation, Snake traversa le couloir, puis tourna à droite à
une intersection, alors que le bip se faisait de plus en plus insistant dans son oreillette, à mesure qu'il se
rapprochait de son objectif.
Une porte s'ouvrit à l'autre bout du couloir. Snake fit aussitôt volte-face et retourna à l'intersection
pour se dissimuler au coin du mur. Juste à temps. Un mercenaire sortit à reculons, en tirant le chariot
vide derrière lui, suivi par celui qui l'accompagnait. Les deux soldats d'Outer Heaven marchèrent dans
sa direction en échangeant quelques mots. Snake se dissimula dans un renfoncement, près d'un
distributeur de boissons, pour les laisser passer. Ils tournèrent bientôt au coin du mur, puis partirent en
direction de l'ascenseur.
Snake sortit de sa cachette, s'assura que la voie était libre, puis s'engagea dans le passage menant à la
porte par laquelle étaient sortis les ennemis. Le bip-bip étant presque continu dans son oreillette, il
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éteignit l'appareil. Il posa la main gauche sur la poignée, leva son arme de l'autre puis ouvrit
brusquement.
Il débarqua dans une pièce en L qui s'orientait sur la droite. C'était bien un laboratoire, comme en
témoignaient les nombreux équipements et matériels disséminés sur les tables. Snake referma la porte et
avança prudemment dans la première partie de la pièce. Il remarqua que les tables contenaient
beaucoup d'électronique avec des appareils de mesure, des composants, des cartes et ce qui
s'apparentait à... une main. Cinq doigts, une paume et un avant-bras, constitués d'assemblages de fils et
de métal, reliés à des ordinateurs. L'agent secret était fasciné par ce membre cybernétique mais
éprouvait également un étrange malaise, en se demandant ce qu'Outer Heaven envisageait de faire avec
cette technologie.
Un tintement métallique le fit pivoter vers l'extrémité de la pièce. Il n'était pas seul. Lentement il se
dirigea vers le coin du mur, jeta un œil à l'angle et remarqua aussitôt l'homme qui travaillait sur un établi,
au fond de la pièce.
Il portait une blouse blanche de laborantin et lui tournait le dos. Le scientifique semblait ne pas avoir
remarqué sa présence, puisqu'il continuait sa tâche, comme si de rien n'était. Snake rengaina son pistolet
et s'approcha du chercheur.
― Dr Marv ? Demanda-t-il.
L'autre se figea quelques secondes et interrompit ses activités. Il ne répondit pas, ne se retourna pas,
mais recommença très vite à bricoler. Snake arriva dans le dos du scientifique et lui posa une main sur
l'épaule, pour lui signaler sa présence.
― Dr Marv ? Répéta-t-il.
Avec une vitesse ahurissante, l'homme donna une tape sur l'avant-bras de Snake pour le repousser,
puis il pivota brusquement et lui expédia un violent coup de pied qui fit littéralement décoller l'agent
secret.
Snake traversa la pièce et s'écrasa sur une table, renversant par terre tout son contenu. Le souffle
coupé par la puissance de l'attaque, il lui fallut quelques secondes pour reprendre ses esprit et tenter de
se redresser.
Le scientifique lui faisait face, maintenant, mais ça n'était pas Marv. D'ailleurs l'homme en blouse
n'avait pas vraiment l'air d'être... un homme. Il portait un étrange casque qui lui recouvrait entièrement
la tête et empêchait de voir son visage. Lentement il retira sa blouse dévoilant une sorte d'armure noire
en métal. On aurait dit qu'il sortait tout droit d'un film de science-fiction.
Le cyborg leva son bras gauche au niveau de son visage. Il lui manquait tout l'avant-bras. Avec des
gestes sûrs et précis, l'homme attrapa la main cybernétique sur laquelle il était en train de travailler, la
positionna sur son moignon robotique et la fit pivoter. Un cliquetis résonna dans la pièce. Et les doigts
en métal de la main, tout juste greffée, s'animèrent.
― Je t'attendais Fox-Hounder, lança le cyborg d'une voix électronique. Je ne suis pas le docteur Marv.
Mais ça n'est pas lui que tu cherchais, pas vrai ?
Le cyborg lui lança quelque chose. Une molaire couverte de sang séché tomba sur la table, près de
lui. L'émetteur de Marv...
― Trop prévisible, reprit l'autre. Je m'attendais à plus... technologique de la part de la meilleure unité
du monde. On m'a prévenu de ton arrivée, Solid Snake.
Celui-ci se remit sur pied et afficha un visage surpris.
― Comment tu connais mon nom ?
― On m'appelle Black Puma. Je suis membre d'Outer Heaven. (le cyborg pointa son index sur
Snake.) Fais-moi voir ce que tu vaut, Fox-Hounder.
Une légère détonation claqua dans l'air, alors que le cyborg pliait son poignet. Instinctivement, Snake
se jeta de côté pour éviter le projectile et se dissimula derrière une table. Un nouveau tir passa tout prêt
de lui et l'agent secret découvrit de quel type de projectile il s'agissait, alors que l'un d'eux se fichait dans
un casier : Ça n'était pas une balle, mais une lame d'acier effilée d'une dizaine de centimètres de long.
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Apparemment, ce Black Puma projetait de l’agrafer, littéralement, au mur.
Le cyborg apparut dans l'axe de la rangée de table, se tourna vers lui, tendit le bras et fit feu. Snake
roula jusqu'à la rangée suivante, au moment où les lames se plantaient en rafale sur le sol. L'agent secret
dégaina son M9, se releva brusquement, ouvrit le feu sur le cyborg.
Les balles ripèrent sur l'armure du mercenaire qui broncha à peine sous l'impact des tirs. Tout en
faisant feu, Snake traversa la pièce en courant, zigzagua entre les tables. Les lames de Black griffaient
l'air sur son passage, sans le toucher.
Snake renversa une table chargée de matériel électronique pour s'en servir de couverture puis éjecta
le magasin vide de son pistolet pour le remplacer. Lorsqu'il jeta un œil par-dessus son couvert, il tomba
nez-à-nez avec le cyborg qui le toisait de toute sa hauteur. Snake n'eut pas le temps de réagir. Black lui
expédia un violent uppercut qui l'envoya s'écraser dans la rangée de table suivante.
Le coup avait été violent mais, apparemment, sa mâchoire n'était pas brisée. Il s'en était sûrement
fallu de peu. L'armure du mercenaire lui donnait visiblement une force surhumaine. Snake ne tiendrait
pas longtemps, s'il continuait à encaisser les coups de la sorte.
Black tomba de nulle part juste devant lui. D'un coup de pied, il désarma l'agent de Fox-Hound qui
dut rouler sur le côté pour esquiver l'attaque suivante. Snake se releva et fonça vers l'autre extrémité du
laboratoire. Le cyborg se lança à sa poursuite, comme l'indiquait le bruit sourd et rapide de ses pas. Sans
arme, il allait falloir trouver une solution pour en venir à bout et très vite.
L'agent secret avisa un extincteur fixé près de la porte. Il s'en empara, retira la goupille, dirigea le
tuyau vers le mercenaire qui arrivait sur lui et actionna la poignée. Un nuage de dioxyde de carbone
emplit rapidement l'air. Snake se déplaça tout en continuant de pulvériser son écran de fumée dans son
sillage. Impossible de déterminer où se trouvait le cyborg, ni si ce stratagème fonctionnait. Snake
essayait surtout de gagner du temps.
Il finit par trouver ce qu'il cherchait entre deux tables : son M9 qu'il s'empressa de remettre en place
dans son holster. Restant à cet endroit, il continua d'utiliser l'extincteur en tournant sur place, pour
embrumer le plus de surface possible. L'appareil crachota puis cessa de faire son effet. Il était vide.
La silhouette de Black se découpa dans le brouillard. Sa vue semblait être altérée par le dioxyde de
carbone mais le mercenaire se rapprochait inexorablement de lui en renversant les tables et casiers qui
se trouvaient sur son chemin.
Snake prit le réservoir vide à deux mains et se précipita à la rencontre de son ennemi Sans lui laisser
le temps de réagir, il lui expédia un violent coup dans l'estomac puis enchaina sur un autre dans le
casque. Cela n'avait pas l'air de l'affecter, mais le coup sur la tête avait quand même l'air de le
désorienter un peu.
Snake en profita pour faire le tour du mercenaire et passer dans son dos, pour le frapper de toutes
ses forces avec l'extincteur. Black plia légèrement les genoux pour encaisser le choc. L'agent secret se
débarrassa de son arme de fortune, fouilla dans ses poches et planta un bloc de C4 entre les omoplates
du cyborg.
Ce dernier, ayant retrouvé sa contenance, pivota brusquement et envoya bouler Snake d'un revers.
Sonné par l'impact, l'agent secret reprit connaissance, à plusieurs rangées de là. Il se saisit de son
pistolet. Le brouillard se dissipait et le cyborg pointait son poignet vers lui tout en courant dans sa
direction.
Snake chargea Black. Les lames sifflèrent à ses oreilles, alors qu'il dansait d'un pied sur l'autre pour
les éviter. Une violente douleur dans le flanc le fit grimacer à peine une seconde avant l'impact. Lui et le
cyborg basculèrent par terre et roulèrent parmi les débris du laboratoire saccagé.
Snake se releva avec difficulté, ne sachant plus trop où il se trouvait. Une vive douleur lui vrillait le
côté. Il baissa les yeux et remarqua qu'une lame était plantée dans son uniforme au niveau de la taille.
Un mince filet de sang s'écoulait de la blessure. Merde...
Il y eut du mouvement, à moins de cinq mètres de là. Black se releva en titubant.
― Pas mal, Snake, lança-t-il de sa voix électronique On dit vrai te concernant : tu es courageux et
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plein de ressources.
Le cyborg, encore étourdis, le cherchait du regard, à travers le peu de brouillard restant. Au moment
où l'ennemi lui tourna le dos, Snake renversa la table toute proche, se dissimula derrière, pointa son
pistolet sur sa cible et fit feu. Une violente détonation secoua l'ensemble du laboratoire. Le souffle de
l'explosion repoussa Snake et la table qui lui faisait office de couverture mais, par miracle, il ne fut pas
blessé.
L'agent de Fox-Hound se releva avec difficulté en prenant appui sur un fauteuil à roulette.
Lentement il s'approcha du centre de l'explosion en se tenant le côté. Le plafond était partiellement
éventré mais le sol était resté miraculeusement intact. S'il avait choisit de prendre des explosifs plus
gros, l'étage se serait sans doute écroulé. Le système d'extinction d'incendie se déclencha et commença à
arroser le laboratoire.
Black était allongé sur le ventre, immobile. Le dos de son armure cybernétique était déchiqueté et
laissait entrevoir des circuits électroniques fumant ainsi que... de la chair humaine carbonisée et
ensanglantée. Il y avait donc bien un être humain dans cette combinaison, pensa-t-il songeur.
― Bon Dieu, qu'est-ce qu'il s'est passé, ici ? S'écria une voix dans son dos.
Snake fit volte-face en titubant. Un type en combinaison étanche l'observait sur le pas de la porte du
fond. Il secoua la tête, leva les bras au ciel puis s'approcha en pataugeant dans les débris.
― Bon Dieu, reprit-il. Je suis en train de manipuler des ogives nucléaires dans le caisson ! Qu'est-ce
qui vous a pris de provoquer une explosion ? Vous êtes dingue ou quoi ?
L'homme arriva au niveau de Snake et découvrit le corps du cyborg. Son regard passa, à plusieurs
reprises, de l'agent secret au mercenaire mis hors de combat. Il balaya la pièce du regard, semblant
analyser la situation puis alla actionner la commande du système incendie pour l'arrêter.
― Seigneur, qu'est-ce qu'il se passe, lança-t-il en russe.
Il porta les mains à son casque et le retira, au moment où il faisait face à Snake, qui observait avec
étonnement cet homme sorti de nulle part et qui avait l'air complétement perdu. Tous deux se figèrent.
Le crâne dégarni, ce visage triste avec cette petite moustache grise...
― Dr. Madnar ? Fit Snake.
― J'ai l'impression de vous connaître, répondit le scientifique en plissant des yeux.
― Nous nous sommes rencontrés au Gindra, expliqua Snake en grimaçant un sourire marqué par la
douleur.
― Snake ? (ce dernier acquiesça.) Bon sang, mais vous êtes blessé mon garçon ! Asseyez-vous sur ce
fauteuil.
Il jeta son casque par terre, se précipita vers des casiers renversés et revint auprès de Snake, munit
d'une trousse de premier secours. Alors que Madnar s'occupait de sa blessure, l'agent secret commença
à poser les questions qui lui brulaient les lèvres :
― Je vous croyais mort, commença-t-il.
― Oui, beaucoup sont dans votre cas. Ça n'était pas le but, mais ça n'est pas si mal, finalement.
Attention, ça va sans doute faire mal : il faut que je vous retire cette lame.
Snake grimaça au moment où Madnar s’exécutait et venait placer une compresse sur la plaie. L'agent
secret repoussa le scientifique d'un geste et releva le haut de son uniforme pour lui permettre de soigner
la blessure.
― C'est quoi ce... truc ? Demanda Snake en montrant le corps de Black.
― N'ayons pas peur des mots. Les cyborgs ne sont plus de la science-fiction, vous savez. Je suis
ingénieur en robotique et les membres cybernétiques, qui sont en plein essor, pourraient bien être une
alternative aux greffes de membres, dans l'avenir. Black Puma a bénéficié du projet Snatcher sur lequel
j'étais en train de travailler. L’exosquelette qu'il porte le maintient en vie et multiplie sa force et sa
vitesse.
― Il est aussi équipé de gadgets.
― Oui, le lanceur de lame dans son poignet. Redressez-vous un peu, que j'applique ce bandage
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autour de votre taille. Voilà, très bien. Soyez rassuré, la blessure n'est pas si grave. Le projectile n'a rien
touché de vital. Vous survivrez.
Madnar acheva de bander Snake puis rangea le matériel dans la trousse de premier secours pendant
que Snake se rhabillait.
― Qu'est-ce que vous faites à Zanzibar, Snake ?
― Je suis en mission. Je dois retrouver la formule d'une algue génétiquement modifiée et
accessoirement empêcher une guerre nucléaire. La routine pour moi, plaisanta-t-il.
Madnar écarquilla des yeux en entendant la réponse.
― Vous êtes venu pour Marv ?
― Vous le connaissez ?
― C'est un vieil ami. Il est détenu, ici, à Zanzibar. Les mercenaires ont besoin de l'OILIX qu'il a créé,
afin d'effectuer un lancement nucléaire. J'étais justement en train de préparer les ogives qu'on m'a
apporté pour les adapter à ce nouveau carburant.
― Vraiment ? Alors Outer Heaven dispose d'équipement pour effectuer un tir ?
― Évidement ! S'écria Madnar. Pourquoi croyez-vous que je sois là, à travailler de force sur un projet
que je ne veut pas voir aboutir ?
Ce que Snake pressentait était donc avéré et justifiait la présence surprenante du scientifique russe à
Zanzibar. Il connaissait déjà la réponse à la question suivante :
― Vous êtes là pour la mise au point d'un Metal Gear ? Demanda-t-il.
― J'en ai bien peur, oui. L'assemblage et les tests préliminaires sont terminés, depuis deux semaines,
déjà. Metal Gear D est parfaitement opérationnel.
Le silence pesant qui suivit cette révélation fut interrompu par la mise en marche de l'alerte générale.
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