Mettre en place une chaîne logistique verte

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Mettre en place une chaîne logistique verte
FICHE 4J
Produire et commercialiser autrement
Développer des produits / services plus respectueux de
l'environnement et de la personne
Pour que l'entreprise développe ses produits dans le respect de l'environnement, selon son
niveau de maturité, il est attendu qu'elle :
Niveau 1 : démarrer
Niveau 2 : être en
mouvement
Niveau 3 : tendre vers
l'excellence
Utilise et achète des matières
d'éco-systèmes gérés
durablement
Pense en terme de coût global Pilote une politique d'achat
pour l'acquisition de biens
environnementalement
responsable
Optimise les transports de
marchandise et les
déplacements
Réalise des produits écoconçus
Identifie les types d'impact de Valorise les produits réalisés
ses produits sur
dans le respect de
l'environnement
l'environnement
Participe à la recherche pour
l'éco-innovation
Met en place une chaîne
logistique verte
Réalise des produits éco-socioconçus
Applique le principe de
précaution pour les brevets
sur le vivant
Fournit des produits sûrs et
sains
Cette fiche a été rédigée par Natacha Gondran, École nationale supérieure des mines de Saint-Étienne.
Mettre en place une chaîne logistique verte
Une chaîne logistique verte (Green supply chain), est une chaîne logistique qui cherche à
minimiser l'impact de ses activités sur l'environnement et vise à réduire ses impacts
environnementaux tout au long du cycle de vie du produit considéré : conception, achats,
production (à ses différents stades), logistique, emballages, distribution et recyclage.
Il s'agit donc d'avoir une réflexion environnementale du berceau à la tombe, de l'extraction des
matières premières au démantèlement et recyclage en fin de vie.
Les actions pouvant être menées sont donc aussi diverses que les phases de la vie du produit :
– Au niveau de la conception, il s'agit par exemple d'encourager l'utilisation de matière
renouvelables ou recyclables, faciliter le démontage en fin de vie afin de permettre le
recyclage de ses différentes composantes, réfléchir à des formes et volumes optimisant
le stockage et le transport ;
– Au niveau de la production, il s'agit de sélectionner des sous-traitants et fournisseurs
donnant les meilleures garanties sur le plan environnemental et de concevoir les
processus de production afin de minimiser les impacts environnementaux (limiter les
pertes d'énergies et matières premières, les déchets) ;
– Le stockage et l’emballage peuvent être optimisés en favorisant la compacité et les
formes de contenants afin d’augmenter le taux de remplissage des différents stockages
et moyens de transport. Il s'agit également d'avoir de contenant adaptés à leur contenu.
Il est également possible de concevoir des emballages à usages multiples et
recyclables ;
– Un choix pertinent d'implantation des différentes entités (extraction de ressources
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naturelles, différentes étapes de fabrications, distribution) de la chaîne logistique peut
réduire les distances et coûts de transports ainsi que limiter le nombre d'entrepôts et de
plates-formes logistiques. Cela peut également générer des économies financières ;
Au niveau des transports, il s'agit de minimiser les tonnes/km parcourues et les
émissions liées : optimiser au maximum le taux de remplissage des camions, améliorer
le conditionnement et l’emballage du produit pour agencer de façon optimale les
produits dans les camions, préférer des camions performants et l'éco-conduite. Les
possibilités de report modal (vers le fret ferroviaire, maritime ou fuvial) doit également
être envisagé. L’action peut aussi se faire en amont, une réorganisation de la
production peut amener à obtenir des quantités optimisées pour le transport et à
réduire les départs de camions ayant un taux de remplissage faible ;
Les infrastructures logistiques peuvent être conçues en utilisant des matériaux comme
le bois, limitant leur consommation énergétique (maîtrise des besoins en chaleur et
climatisation), favorisant les énergies renouvela (éolienne, solaire, géothermie,
biomasse) et en utilisant de l’eau de pluie ;
Au niveau de la fin de vie, il s'agit de prévoir les possibilités de réutiliser ou recycler les
différents composants du produit ainsi que limiter les impacts liés à la mise en décharge
du produit final.
Source : Théorie de la logistique verte ou éco-logistique, Direction générale des Infrastructures, des Transports et de
la Mer, mars 2009
Au niveau de l'emballage, la réglementation française est déjà abondante, sur impulsion
de la Directive européenne n° 94/62/CE du 20/12/94 relative aux emballages et aux
déchets d'emballages.
La Loi Grenelle I se fixe également pour objectif de promouvoir l'éco-conception, de
limiter les emballages et de favoriser les transports alternatifs au transport routier : LOI
n° 2009-967 du 3 août 2009 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de
l'environnement (1).
Au niveau du transports des marchandises, la Loi Grenelle I fixe comme objectif de
favoriser l'usage du transport fluvial, ferroviaire, du transport maritime, et plus
particulièrement du cabotage. L'objectif est de faire évoluer la part modale du non-routier
et non-aérien de 14 % à 25 % à l'échéance 2022. Elle se fixe également pour objectif de
réduire les consommations de carburants des poids lourds en encourageant la conduite
respectueuse de l'environnement, la mise en place des péages sans arrêt, et l'affichage des
émissions de gaz à effet de serre des prestations de transports.
Une écotaxe sera prélevée sur les poids lourds à compter de 2011 à raison du coût d'usage
du réseau routier national métropolitain non concédé et des voies des collectivités
territoriales susceptibles de subir un report de trafic. Cette taxe sera répercutée par les
transporteurs sur les bénéficiaires de la circulation des marchandises.
La diminution des impacts environnementaux liés à la logistique (transports, stockage, etc.)
impose une remise en cause profonde des schémas classiques de production : organisation en
flux tendus, production faisant appel à des unités localisées dans le monde entier, etc. En
effet, l'idéal serait de favoriser, lorsque cela est possible, des circuits de production /
consommation locaux et peu énergivores afin de limiter les impacts et les risques liés aux
transports sur de longues distances. Certaines entreprises ont déjà compris qu'il vaut parfois
mieux préférer un fournisseur local, quitte à payer un peu plus cher, mais avoir plus de
garanties en termes de qualité et de délais. Il existe également quelques démarches volontaires
permettant d'optimiser au mieux l'ensemble de la chaîne logistique. Par exemple, la
« logistique inversée » a pour objectif de faciliter le retour des produits, du recyclage, du
matériel de substitution, de la réutilisation des matériaux, de la remise à neuf, de la réparation
et du ré-usinage des produits.
Enfin, soulignons la volonté législative d'encourager la diffusion d'informations relatives à
l'impact environnemental des produits tout au long de leur parcours de fabrication. En
particulier, le projet de loi portant engagement pour l’environnement, dit Grenelle 2, prévoit la
généralisation de l’estimation carbone pour les prestations de transport de voyageurs et de
marchandises et confirme l'objectif d’affichage environnemental général sur les produits de
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consommation, en tenant compte de la spécificité des très petites entreprises pour remplir cet
objectif.
L'entreprise Patagonia agit à plusieurs niveaux décrits ci-dessus :
•
Produits conçus afin de pouvoir être recyclés
•
Utilisation, parfois, de fibres recyclées
•
Traçabilité des circuits parcourus par les différents produits
•
Transparence à travers son site internet qui décrit le cheminement
et les sources d'impacts de ses produits, leurs points forts et leurs
points faibles
Contrairement aux démarches de type système de management environnemental ou d'écoconception, il n'existe pas de méthode officielle standardisée pour mettre en place une
démarche de logistique verte. Certaines actions citées ci-dessus peuvent être mises en place
relativement facilement. D'autres nécessitent une démarche stratégique globale. De nombreux
cabinets de conseil proposent des accompagnements méthodologiques sur ce sujet.
L'ADEME et le PREDIT (Programme national de recherche et d'innovation dans les transports
terrestres) mènent des actions conjointes afin de coordonner les recherches dans ce
domaine et favoriser l'innovation pour faire émerger des systèmes de transport
économiquement et socialement plus efficaces, plus sûrs et plus économes en énergie. Des
démarches innovantes et associant plusieurs acteurs, dont des acteurs du monde de la
recherche, peuvent donc être aidées dans ce contexte. Voici quelques exemples de
réalisation :
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Création d’un outil de simulation permettant la comparaison du niveau
d’émissions de gaz à effet de serre de scénarios d’organisations logistiques
(NESTEAR)
Organisations logistiques moins consommatrices de transport : Projet CRISTAL
(Université Paris-Dauphine, Yoplait, Groupe CAT)
Calcul de la quantité d'énergie consommée pour l'acheminement d'un yaourt et
d'un jean (Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité
(INRETS), B2K Consultant)
Evaluation des impacts énergétiques et environnementaux de marchandises
transportées par la route (Beauvais Consultants)
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