1 Offre et demande globales Toutes les économies enregistrent des
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1 Offre et demande globales Toutes les économies enregistrent des
Offre et demande globales Toutes les économies enregistrent des fluctuations de leur PIB réel. En effet, d’une année à une autre, les économies fluctuent. Les entreprises peuvent être en situation de surproduction. Elles réduisent alors leur production et licencient de la main d’œuvre. En conséquence, le chômage augmente et le PIB réel baisse. L’examen du profil du taux de croissance du Pib réel de quelques pays de la région ouest africaine dans la période 2006-2010 atteste que ces fluctuations de l’économie peuvent être de fortes ampleurs. A titre d’illustration, l’économie nigérienne a connu une embellie en 2008 avant de plonger dans la récession durant l’année suivante. En effet, le taux de croissance du Pib réel du Niger est passé 9,3% en 2008 à 0,9% en 2009. En revanche, l’évolution du taux de croissance réel des économies du Burkina Faso et du Mali présente un meilleur profil puisque relativement moins soumise à des fluctuations (Uemoa, 2010). Graphique 1 : Evolution du taux de croissance réel du Pib de quelques pays de la zone Uemoa, 2006-2010 10,0 8,0 2006 6,0 2007 4,0 2008 2009 2,0 2010 0,0 Sénégal Côte d'ivoire Burkina Faso Mali Bénin Niger -2,0 Source : Uemoa (2010). Lorsque le phénomène de baisse du Pib réel n’est pas trop sévère, l’économie fait face à une récession. En revanche, si le phénomène prend une grande ampleur, une dépression s’installe. Dans ce chapitre, nous présentons l’offre globale et la demande globale qui représentent le cadre analytique le plus couramment utilisé afin d’étudier l’économie à court terme. La différence entre le court terme et le long terme déterminera le comportement de l’offre globale et, en définitive les fluctuations de l’économie. Court terme, long terme et fluctuations économiques L’analyse articulée autour des théories qui tente d’expliquer comment sont déterminées les principales variables macro-économiques (productivité et PIB réel, chômage, épargne et investissement, taux d’intérêt, masse monétaire, taux d’inflation, etc.) repose sur deux idées : la dichotomie classique et la neutralité de la monnaie. Selon la dichotomie classique – qui distingue les variables réelles des variables 1 nominales – les fluctuations de l’offre de monnaie n’affectent que les variables nominales, sans toucher les variables réelles. Du fait de la neutralité de la monnaie, il est possible d’examiner les déterminants des variables réelles (PIB réel, taux d’intérêt réel et chômage) sans avoir recours aux variables nominales (offre monétaire et niveau général des prix). La plupart des économistes considèrent que la théorie classique décrit correctement le monde économique dans une perspective de long terme mais pas à court terme. A court terme, variables réelle et nominale semblent indissolublement liées. L’hypothèse de neutralité de la monnaie est difficilement acceptable lorsqu’on analyse l’économie à court terme. Le modèle des fluctuations économiques met l’accent sur deux variables. La première est la production totale de biens et services, mesurée par le PIB réel. La seconde est le niveau général des prix, mesuré par l’indice des prix à la consommation et le déflateur du PIB. Il convient de relever que la production est une variable réelle tandis que le niveau général des prix est une variable nominale. En mettant l’accent sur la relation entre ces deux variables, on sort du cadre de la dichotomie classique. Les fluctuations globales de l’économie seront étudiées à l’aide du modèle d’offre et de demande globales (cf. graphique ci-dessous). Si ce modèle ressemble à la figure d’offre-demande que nous avons vu dans le chapitre 2, il présente, néanmoins, quelques particularités. L’analyse de l’offre et de la demande sur un marché particulier comme celui des conserves de poissons suppose que les ressources peuvent se déplacer d’un marché à un autre. Ainsi si le prix des conserves augmente, la demande décroît car les acheteurs consacrent leurs ressources à des achats autres que les conserves. De même, l’augmentation de ce prix incite les fabricants de conserves à embaucher davantage de travailleurs en provenance d’autres secteurs économiques. Cette substitution micro-économique d’un marché à l’autre est impossible lorsqu’on considère l’ensemble de l’économie. En effet, le PIB réel comprend les quantités produites sur l’ensemble des marchés de l’économie. En conséquence, il nous faut donc une théorie macroéconomique de l’offre et de la demande distincte de l’analyse microéconomique de ces deux grandeurs. Prix Offre globale PO Demande globale QO 2 Demande globale La demande globale (DG) est la somme des dépenses totales en bien et services finis dans l’économie. Elle est constituée de : C : consommation des ménages ; + I : dépenses d’investissement des ménages ; + G : dépenses publiques ; + X : exportations ; - M: Importations. DG = C + I + G + X – M Courbe de demande globale La courbe de demande globale indique la quantité de biens et services demandée par l’économie pour chaque niveau de prix. Elle présente une pente négative : la baisse des prix tend à augmenter la demande de biens et services. Prix p1 p2 Demande globale Y1 Y2 Quantité de production Afin de mieux comprendre l’allure décroissante de cette courbe, il convient de noter que le PIB (Y) est la somme de la consommation (C), de l’investissement (I), des dépenses publiques (G) et des exportations nettes (EXN) : Avec EXN = X – M; ܻ = ܥ+ ܫ+ ܩ+ ܰܺܧ 3 Chacune de ces composantes contribuent à la demande globale de biens et services. Les dépenses publiques étant une variable de politique fixée par le décideur, il faut donc examiner comment le niveau général des prix influe sur la consommation, l’investissement et les exportations nettes. Effet de richesse de Pigou La valeur nominale des encaisses monétaires d’un agent économique est constante mais sa valeur réelle varie en fonction du niveau général des prix. Si les prix baissent, vos encaisses vous permettent de consommer davantage. Ainsi la baisse du niveau général des prix donne au consommateur l’impression d’être plus riche ; ce qui les incite à consommer davantage. Cette consommation supplémentaire se traduit par un accroissement de la demande globale. Cet effet de richesse fut présenté par Arthur Pigou (1877-1959). Effet de taux d’intérêt de Keynes Lorsque les prix baissent, les ménages ont moins besoin d’encaisses pour l’achat des biens et services qu’ils souhaitent acquérir. Donc quand les prix baissent, le public a tendance à réduire ses encaisses monétaires, en en prêtant une partie. Les ménages peuvent procéder à des dépôts au près des banques ou acheter des titres. Dans les deux cas, les ménages transforment leurs encaisses monétaires en actifs financiers. Ils font baisser les taux d’intérêt. Cette baisse des taux favorise l’investissement des entreprises. En conséquence, la baisse des prix induit une diminution des taux d’intérêt ; ce qui accroît les dépenses en biens d’investissement et donc la demande globale. Cet effet de taux d’intérêt fut présenté par Keynes (1883-1946). Effet de taux de change de Mundell-Fleming Comme relevé ci-dessus, la baisse des prix fait baisser le taux d’intérêt. Par conséquent, certains investisseurs chercheront des rendements supérieurs sur des actifs étrangers. Ils vendront, par exemple, leurs titres domestiques afin d’acheter des titres étrangers. Ces opérations accroissent l’offre de monnaie locale sur le marché des changes ; ce qui fait baisser le prix ou cours de la monnaie locale par rapport aux autres monnaies c’est-à-dire son taux de change nominal exprimé au certain. On entend par taux de change nominal le prix d’une monnaie par rapport aux autres monnaies. Ce taux de change peut être exprimé à l’incertain. Dans ce cas, il exprime le nombre d’unités de la monnaie locale qu’il faut pour acquérir une unité de devise. Il peut aussi être exprimé au certain. Dans ce cas, il exprime le nombre d’unités de devises qu’il faut pour acquérir une unité de la monnaie locale. Le cours de la monnaie locale par rapport aux autres monnaies ayant baissé, les produits étrangers deviennent plus chers comparativement aux produits locaux : les exportations augmentent tandis que les importations baissent. En d’autres termes, les exportations nettes (EXN) baissent. Donc la baisse des prix domestiques fait baisser les taux d’intérêt domestiques et dégrade le taux de change réel ; ce qui stimule les exportations nettes et accroît la demande globale de biens et services. Cet effet taux de change a été mis en évidence par Robert Mundell et Marcus Fleming. 4 Il y a donc trois raisons différentes mais connexes pour lesquelles la baisse des prix provoque une augmentation de la demande de biens et services : i) ii) iii) le pouvoir d’achat des consommateurs augmente ; ce qui stimule la demande de biens de consommation ; les taux d’intérêt diminuent ; ce qui stimule la demande de biens d’investissement ; la monnaie se déprécie ; ce qui stimule les exportations nettes. Pour ces trois raisons, la courbe de demande globale présente une pente négative. Nous supposons dans ce raisonnement que l’offre de monnaie est constante1. La pente négative de la courbe de demande globale signifie qu’une baisse du niveau général des prix déclenchera une hausse de la demande globale de biens et services. La courbe de demande globale dépend d’un certain nombre de facteurs. Elle peut se déplacer lorsque l’un des facteurs suivants varie : - - les ménages ou individus, préoccupés par leurs retraites ou la conjoncture économique, épargnent davantage et donc réduisent leur consommation ; ce qui déplace la courbe de demande vers la gauche ; les entreprises encouragées par une conjoncture favorable décident d’investir ; ce qui déplace la courbe de demande vers la droite ; le Gouvernement décide d’une réduction des dépenses publiques ; ce qui déplace la courbe d demande vers la gauche ; les autorités monétaires augmentent l’offre de monnaie ; ce qui a pour effet de déplacer la demande globale vers la droite. Offre globale La courbe d’offre globale indique la quantité de biens et services produite et vendue par les entreprises à chaque niveau des prix. L’allure de cette courbe dépend de l’horizon temporel considéré. A long terme, cette courbe est verticale alors qu’à court terme, elle présente une pente positive. Courbe d’offre globale à long terme La dynamique de l’économie est déterminée par le stock de capital, l’accroissement de la population active et le progrès technologique. En conséquence, à long terme, l’offre de biens et services est fonction de l’offre de travail, de l’offre de capital et de la technologie. Si l’on suppose que l’économie fonctionne en pleine capacité (plein-emploi), l’offre est totalement inélastique. En d’autres termes, il n’est pas possible de produire plus même si le prix augmente. En règle générale, la quantité offerte à long terme est la même quelque soit le niveau général des prix. 1 Une variation de l’offre de monnaie se traduit par un déplacement de la courbe de demande globale. Nous supposons dans ce cas que la courbe de demande globale est donnée pour une masse monétaire constante. 5 Prix Offre globale de long terme P1 P2 Taux naturel Quantité de production A long terme, la quantité produite est indépendante du niveau général des prix et dépend des quantités de travail et de capital disponibles ainsi que de la technologie existante. Donc la courbe d’offre globale est verticale au niveau naturel de production. Il s’agit là d’une application de dichotomie classique et de la neutralité de la monnaie. La production (variable réelle) est indépendante du niveau général des prix (variable nominale). Comme nous l’avons déjà dit, cette hypothèse fonctionne correctement à long terme mais pas à court terme. On pourrait se demander pourquoi la courbe d’offre d’un produit particulier est croissante alors que la courbe d’offre globale est verticale. Cela s’explique par le fait que l’offre d’un produit donné est fonction des prix relatifs c’est-à-dire le prix du produit considéré comparé aux prix des autres produits de l’économie. Par exemple, lorsque le prix d’un produit spécifique augmente, les fabricants accroissent leur production, utilisant plus de travail et d’autres facteurs de production au détriment de la production d’autres produits. En revanche, pour l’économie entière, il existe une contrainte donnée en termes de travail, de capital et de technologie. Ainsi lorsque les prix montent, la quantité offerte ne change pas. Pourquoi l’offre globale de long terme peut évoluer ? La position de la courbe d’offre globale de long terme indique la quantité de biens et services prévue par la théorie macroéconomique classique. Ce niveau de production peut être désigné comme étant le niveau naturel de production qui indique la production de l’économie lorsque le chômage est à son taux naturel ou normal. Ce niveau naturel de production est le niveau vers lequel l’économie tend à long terme. Toute modification dans l’économie qui affecte ce niveau naturel de production déplace la courbe d’offre globale de long terme. Si par exemple, le stock de capital augmente dans l’économie, il en résulte une augmentation de la quantité offerte de biens et services. La courbe d’offre globale de long terme se déplace vers la droite. Chaque fois que l’un des facteurs déterminants de la croissance économique à 6 long terme (les politiques d’épargne, d’investissement, d’éducation, de technologie, de commerce international) modifie la capacité productive de l’économie, la courbe d’offre globale de long terme se déplace. En règle générale, tous les événements ou politiques susceptibles d’affecter le PIB réel peuvent déplacer cette courbe dans un sens ou dans l’autre. Courbe d’offre globale à court terme A court terme, la courbe d’offre globale a une pente positive. En d’autres termes, une augmentation du niveau général des prix tend à pousser vers le haut la production de biens et services et une baisse des prix tend à déprimer la production, à court terme. Prix Offre globale de court terme p1 p2 Y2 Y1 Quantité Les économistes ont proposé quatre explications à cette relation positive entre niveau des prix et production à court terme. Chacune met l’accent sur une imperfection de marché particulière qui fait que l’offre globale se comporte différemment à court terme. Si les théories qui fondent ces analyses présentent des divergences, elles convergent toutes sur un point : la production s’écarte de son niveau naturel de long terme lorsque le niveau général des prix est différent de celui anticipé par les agents. Courbe d’offre agrégée sous l’hypothèse de rigidité des salaires Pour expliquer pourquoi la courbe d’offre agrégée n’est pas verticale, de nombreux économistes soulignent la lenteur de la réaction des salaires nominaux. L’explication proposée par Keynes est fondée sur le fait que les salaires nominaux sont lents à s’adapter à court terme, peut-être parce qu’ils s’établissent dans le cadre de contrats à longue durée ou parce que les conventions sociales en décident ainsi. Pour toutes ces raisons, les salaires nominaux sont « rigides » à court terme. Le modèle avec salaires rigides montre les implications pour l’offre agrégée de la rigidité des salaires nominaux. Lorsque le salaire nominal est rigide, une hausse du niveau général des prix réduit le salaire 7 réel ; ce qui réduit le coût du facteur travail. Cette baisse du salaire réel incite les entreprises à embaucher davantage de travailleurs. Ces travailleurs supplémentaires accroissent la production. Cette relation positive entre niveau général des prix et quantité produite explique la pente positive de la courbe d’offre globale aussi longtemps que le salaire nominal ne s’ajuste pas. Pour représenter cette approche de l’offre globale, supposons qu’employeurs et travailleurs, aux termes d’une négociation, conviennent du salaire nominal avant de connaître le niveau des prix qui prévaudra lors de l’entrée en vigueur de leur accord. Chacune des deux parties vise une cible bien précise en termes de salaire réel. Cette cible peut être le salaire réel qui équilibre l’offre et la demande de travail. Il est, tout de même, peu probable qu’elle dépende d’autres facteurs (puissance syndicale, etc.) susceptible de maintenir le salaire réel au-dessus de son niveau d’équilibre. En tout état de cause, employeurs et travailleurs finissent par fixer le salaire nominal W en fonction du salaire réel cible ω et de leurs anticipations quant au niveau futur des prix Pe : ܹ = ω x Pୣ ݏalaire nominal = salaire réel cible X niveau anticipé des prix Une fois le salaire nominal fixé et avant d’embaucher des travailleurs supplémentaires, les entreprises sont informées du niveau effectif des prix P. Le salaire réel devient : ܹ = ω x ݏalaire nominal = salaire réel cible X ୬୧୴ୣୟ୳ ୢୣ ୮୰୧୶ ୟ୲୲ୣ୬ୢ୳ ୬୧୴ୣୟ୳ ୢୣ ୮୰୧୶ ୣୣୡ୲୧ Cette équation montre que le salaire réel s’écarte de son niveau cible dès que le niveau effectif des prix est différent du niveau anticipé de ceux-ci. Si le niveau effectif des prix est plus élevé qu’attendu, le salaire réel est inférieur de son niveau-cible. Si le niveau des prix est inférieur à celui attendu, le salaire réel est supérieur à son niveau cible. Dans ce modèle avec salaires rigides, l’emploi est déterminé par la quantité de travail demandée par les entreprises. La fonction de demande de travail décrit les décisions d’embauche des entreprises ܮ = ܮௗ ( ܹ ) ܲ Cette fonction nous dit que plus le salaire réel baisse, plus les entreprises ont tendance à embaucher. La fonction de production détermine l’offre et dépend du volume d’emploi : ܻ = )ܮ(ܨ Les variations non anticipées des prix écartent le salaire réel de son niveau cible. Cette modification du salaire réel influence à son tour le nombre de travailleurs embauchés et les quantités produites. Ceci permet d’écrire comme suit la courbe d’offre agrégée : 8 ത + ߙ(ܲ − ܲ) ܻ= ܻ La production s’écarte de son taux naturel dès lors que le niveau effectif des prix est différent de leur niveau anticipé. Courbe d’offre agrégée sous l’hypothèse d’erreur des travailleurs sur le niveau des prix La deuxième explication de la courbe d’offre agrégée à court terme croissante est centrée également sur le marché du travail. Contrairement à l’hypothèse précédente, le modèle avec erreur des travailleurs sur le niveau des prix fait l’hypothèse que les salaires peuvent s’ajuster librement et rapidement pour égaliser l’offre et la demande de travail. Son hypothèse centrale est que les travailleurs confondent temporairement salaire réel et salaire nominal ; ce qui permet aux mouvements non attendus des prix d’affecter l’offre de travail. Les deux composantes de ce modèle sont l’offre et la demande de travail. La demande de travail est fonction du salaire réel : ܮௗ = ܮௗ ( ܹ ) ܲ L’offre de travail est fonction du salaire réel attendu par les travailleurs : ܮ = ܮ( ܹ ) ܲ Les travailleurs connaissent leur salaire nominal W mais non le niveau général des prix P. ils déterminent la quantité de travail qu’ils souhaitent offrir en fonction du salaire réel qu’ils attendent lequel est égal au salaire nominal W divisé par le niveau des prix anticipé par les travailleurs P e. le salaire réel anticipé devient donc : ܹ ܹ ܲ = ݔ ܲ ܲ ܲ Le salaire réel anticipé est le produit du salaire réel effectif et de la variable travailleurs sur le niveau des prix. Si travailleurs et il est inférieur si qui mesure l’erreur des > 1, le niveau des prix est supérieur au niveau anticipé par les < 1 . L’offre de travail est donc fonction du salaire réel et de l’erreur des travailleurs sur le niveau des prix : ܮ = ܮ( ܹ ܲ ݔ) ܲ ܲ La position de la courbe d’offre de travail et donc de l’équilibre sur le marché du travail dépendent de l’erreur des travailleurs . Si le niveau des prix P augmente, deux réactions sont possibles. D’une part, si les travailleurs ont anticipés cette hausse, Pe augmente proportionnellement à P. Dans ce cas, le salaire nominal augmente 9 proportionnellement aux prix et le salaire réel et le niveau de l’emploi restent inchangés. Il n y a pas donc de changement ni dans l’offre ni dans la demande de travail. En revanche, si les travailleurs ne se rendent pas compte de la hausse des prix, les travailleurs seront prêts à offrir davantage de travail car ils croient que leur salaire réel est plus élevé que ce qu’il est. La hausse de P/Pe déplace la courbe d’offre vers la droite. Ce déplacement de l’offre de travail réduit le salaire réel et accroît le niveau d’emploi. En réalité, la hausse du niveau des prix donne aux travailleurs l’impression que le salaire réel a augmenté et cette erreur de perception qui les amène à offrir plus de travail. L’hypothèse faite ici est donc que les entreprises sont mieux informées que les travailleurs et que, consciente de la baisse des salaires réels, elles embauchent davantage de travailleurs et produisent une quantité plus accrue. En définitive, lorsqu’on fait l’hypothèse d’une erreur des travailleurs sur le niveau des prix, les écarts des prix par rapport à leur niveau anticipé incitent les travailleurs à modifier leur offre de travail ; ce qui, à son tour, modifie les quantités produites. La courbe d’offre agrégée est alors de la forme suivante : ത + ߙ(ܲ − ܲ) ܻ= ܻ Comme dans l’hypothèse de salaires rigides mais pour des raisons différentes, la production s’écarte de son niveau naturel dès que le niveau effectif des prix est différent de leur niveau anticipé. Courbe d’offre agrégée sous l’hypothèse d’une information imparfaite La troisième explication de la courbe d’offre globale est celle qui repose sur l’hypothèse d’une courbe d’offre de court terme avec information imparfaite. A l’inverse de l’hypothèse précédente d’erreur des travailleurs sur les prix, elle ne suppose pas que les entreprises sont mieux informés que les travailleurs. L’hypothèse d’une courbe d’offre de court terme avec information imparfaite conduit à supposer que chaque producteur ne produit qu’un seul bien mais en consomme un grand nombre. Les producteurs peuvent suivre le prix des biens qu’ils produisent mais il leur est difficile de suivre le prix des biens qu’ils utilisent comme consommations intermédiaires. Cette information imparfaite les amène parfois à confondre les variations du niveau général des prix avec celles des prix relatifs. Cette confusion affecte leurs décisions de production et explique la relation de court terme entre le niveau des prix et sur la production. Supposons que les prix augmentent dans l’économie, y compris celui du bien produit par notre producteur. Lorsqu’il observe la hausse du prix de son produit, il ne sait pas si les prix des autres biens et services ont également augmenté ou si seul le prix de son produit s’est accru. Le producteur peut déduire de la hausse du prix nominal de son produit que le prix relatif de ce dernier s’est quelque peu accru. En conséquence, il produit davantage. En règle générale, en présence d’une hausse non anticipée des prix, tous les producteurs de l’économie observent la hausse du prix des biens qu’ils produisent. Ils en concluent tous, rationnellement, mais de façon erronée, que les prix relatifs des biens qu’ils produisent ont augmenté et produisent donc davantage. 10 En définitive, sous l’hypothèse d’une information parfaite, les producteurs accroissent leur production lorsque les prix effectifs excèdent leurs niveaux anticipés d’où on en déduit la courbe d’offre suivante : ത + ߙ(ܲ − ܲ) ܻ= ܻ La production s’écarte de son niveau naturel dès que le niveau effectif des prix est différent de leur niveau anticipé. Courbe d’offre agrégée sous l’hypothèse d’une rigidité des prix Une quatrième explication de la courbe d’offre agrégée croissante à court terme est celle basée sur l’hypothèse de prix rigides qui suppose que les entreprises n’ajustent pas instantanément leurs prix aux variations de la demande. En effet, ces prix sont quelque fois fixés dans le cadre de contrats à long terme entre producteurs et consommateurs. Même en l’absence de tels contrats, les entreprises évitent de modifier leurs prix dans le souci de ne pas contrarier leurs clients habituels par de fréquentes modifications des prix. D’autres prix sont rigides en raison de la structuration des marchés : une fois imprimés et distribués les catalogues ou les listes de prix, il est coûteux de les modifier. Afin de comprendre la contribution des prix rigides à l’explication de la courbe d’offre agrégée croissante, revenons aux décisions des entreprises individuelles quant à leurs prix. En additionnant ces offres individuelles, nous obtenons la courbe d’offre globale. D’usage, l’hypothèse de concurrence parfaite implique que les entreprises n’ont aucun pouvoir de fixer leurs prix qui leur sont donnés par le marché. Or nous voulons étudier ici comment les entreprises fixent leur prix. Nous devons donc leur reconnaître au moins un certain pouvoir de monopole qui leur permet de faire varier les prix de leurs propres produits. Il convient donc de lever l’hypothèse de concurrence parfaite. Soit la décision de prix d’une entreprise qui contrôle plus ou moins les variations de prix des produits qu’elle fabrique. Le prix désiré par notre entreprise s’écrit comme suit : ത) ܲ = + ܽ(ܻ − ܻ Cette équation nous dit que le prix désiré p est fonction du niveau général des prix P et de l’écart entre ത. Le paramètre positif a mesure l’ampleur de la production agrégée et le niveau naturel de celle-ci ܻ − ܻ la réaction du prix désiré par l’entreprise par rapport au niveau de la production agrégée. Supposons qu’il y ait deux catégories d’entreprises. Les prix des premières sont flexibles et les prix des secondes sont rigides. Les entreprises à prix flexibles fixent leurs prix selon l’équation précédente : ത) ܲ = + ܽ(ܻ − ܻ Les entreprises à prix rigides annoncent leurs prix à l’avance en fonction des conditions économiques auxquelles elles s’attendent. Elles fixent leurs prix selon l’équation suivante : ത) ܲ = + ܽ(ܻ − ܻ 11 Supposons que cette deuxième catégorie d’entreprises s’attende à ce que la production atteigne son ത) soit nul. Dès lors, les entreprises niveau naturel de sorte que le dernier terme de l’équation ܽ(ܻ − ܻ à prix rigides fixent leurs prix de la façon suivante : ܲ = En d’autres termes, les entreprises à prix rigides fixent leurs prix sur la base des prix auxquels elles s’attendent de la part des autres entreprises. A partir du processus de fixation de prix par ces deux groupes d’entreprises, nous pouvons construire l’équation de l’offre agrégée. A cette fin, nous identifions le niveau général des prix de l’économie qui n’est autre que la moyenne pondérée des prix établis par ces deux groupes d’entreprises. Si s est la proportion d’entreprises à prix rigides et (1-s) la fraction de celles dont les prix sont flexibles, le niveau général des prix devient : ത)] P= ܲݏ + (1 − ܲ[ )ݏ+ ܽ(ܻ − ܻ Le premier terme désigne le prix des entreprises à prix rigides, pondérées par leur poids dans l’économie et le second terme, le prix des entreprises à prix flexibles pondérées par leur proportion dans l’économie. En soustrayant (1 − ܲ )ݏdes deux membres de l’équation, nous obtenons : ത)] − (1 − ܲ )ݏ P− (1 − ܲݏ = ܲ )ݏ + (1 − ܲ[ )ݏ+ ܽ(ܻ − ܻ ത)] − (1 − ܲ )ݏ P− ܲ + ܲݏ = ܲݏ + (1 − ܲ)ݏ+ (1 − ܻ(ܽ[)ݏ− ܻ En simplifiant et en réarrangeant, on obtient : ത)] ܲݏ = ܲݏ + (1 − ܻ(ܽ[)ݏ− ܻ En divisant les deux membres de l’équation par s, nous obtenons : ܲ = ܲ + (1 − ܽ)ݏ ത) (ܻ − ܻ ݏ En définitive, le niveau général des prix dépend du niveau anticipé des prix déterminé par les entreprises à prix rigides et du niveau de la production dont l’impact sur le niveau général des prix est fonction de la proportion des entreprises dont les prix sont flexibles. En réaménageant algébriquement les termes de l’équation précédente, nous obtenons une forme plus familière de l’équation de la courbe d’offre agrégée : ത + ߙ(ܲ − ܲ) ܻ= ܻ où ߙ = ݏ/[(1 − ]ܽ)ݏ 12 Comme dans les variantes précédentes de la courbe d’offre globale, celle analysée sous l’hypothèse d’une rigidité des prix nous dit que l’écart de la production par rapport à son niveau naturel est positivement associé à l’écart du niveau effectif des prix par rapport au niveau anticipé de ceux-ci. Globalement, même si les quatre modèles de l’offre globale diffèrent dans leurs hypothèses, leurs implications pour l’économie sont identiques puisque l’équation suivante les résume : ത + ߙ(ܲ − ܲ) ܻ= ܻ Cette équation relie les écarts de la production par rapport à son taux naturel aux écarts des niveaux ത dès que effectifs des prix par rapport à leur niveau anticipé. La production s’écarte de son taux naturel ܻ e le niveau général des prix P est différent de son niveau anticipé P . Si le niveau effectif des prix est supérieur à son niveau anticipé, la production excède son niveau naturel. En revanche, lorsque le niveau effectif des prix est inférieur à son niveau anticipé, la production est inférieure à son niveau naturel. Prix Offre globale de long terme ത + ߙ(ܲ − ܲ) ܻ= ܻ Pe Offre globale de court terme ത ܻ Production 13