Matrix et Platon

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Matrix et Platon
Matrix : Analyse Philosophique
http://la-philosophie.com/matrix-analyse-du-film
Lorsque le film “The Matrix” est paru sur les écrans en 1999, c’est
essentiellement ses qualités esthétiques (effets de ralenti, chorégraphie
des scènes de combat, …) qui ont séduit le public, et moins les thèmes
philosophiques sous-jacents à Matrix, qui est un film difficile à résumer tant
ses motifs sont divers.Pourtant, les frères Wachowski ont réalisé un film
parfaitement philosophique, matinée de questions religieuses. Au fond, les
effets tant vantés ne sont qu’un décorum, un artefact pour illustrer le propos
du film.
Matrix et Platon
La principale ressource philosophique invoquée dans Matrix est l’Allégorie
de la Caverne de Platon, laquelle est présentée dans la République (livre
7). Socrate y présente un monde dans lequel il existe deux niveaux de
réalités, ou plutôt deux ordres ontologiques : le monde sensible (celui que
nous voyons) et le monde intelligible (que seul le philosophe peut
connaître). Matrix reprend à son compte cette différenciation : la Matrice est
l’illusion. Ce programme informatique joue ainsi le rôle de la Caverne chez
Platon.Seuls ceux qui ont été “débranchés” de la matrice vivent dans le
monde réel, les autres ne vivant que par leur perception illusoire.
Comme la matrice est un programme informatique que les humains sont
branchés sur le monde qu’ils considèrent comme «réel» n’est pas ce qu’elle
semble être. En réalité, ceux qui vivent au sein de la Matrice n’ont jamais
vu le monde réel qui existe au-delà de leur perception.
Libre interprétation des thèses platoniciennes
De la même manière que seuls les philosophes peuvent accéder au réel, il
est contre-indiqué dans le film de sortir de la matrice sans être prêt pour
cela. Se dégage ainsi dans Matrix l’idée d’êtres élus. Or, chez Platon, les
Idées sont accessibles à tous, pourvu que le souhait de se libérer de
l’opinion soit suffisamment fort.
De même, Matrix corrèle la vie dans la Matrice à celle en dehors de la
Matrice : ainsi, mourir dans la Matrice implique de mourir réellement.
Platon, lui, pose une radicale hétérogénéité entre les deux niveaux de réel.
Enfin, le projet de Neo est de détruire le monde de l’illusion, alors que
Platon sait que l’illusion se combat, mais ne se détruit pas. Le sage luimême ne peut l’éviter complètement. Le vrai, le réel est un effort
permanent, non une conquête définitive.
Neo, un personnage christique
Il apparaît clairement que Neo, le principal personnage du film, choisi pour
détruire la matrice, relève de la référence biblique : Neo meurt et
ressuscite, Neo défie les lois de la physique, Neo réalise des prophéties,
Neo libère les hommes et leur transmet un message de paix.
Matrix, une critique de la technique
La deuxième toile de fond philosophique est celle de la technique et fait
référence à Descartes (maîtres et possesseurs de la nature) autant qu’à
Heidegger. Matrix affirme et montre la dépendance humaine aux
machines. Le mythe de Frankenstein joue ici à plein : la technique, création
humaine, est en passe de le dépasser : les machines pourraient devenir,
d’outils utiles aux hommes, leurs bourreaux. Affleure ainsi une vraie
technophobie, au-delà des apparences.
Conclusion de l’analyse :
Au-delà de l’habileté formelle du film, on peut reconnaître à Matrix
l’exploration de thèmes trop souvent négligés au cinéma : le rôle de la
technique, la critique des sociétés modernes, l’espoir de la libération
collective, la réflexion sur la nature du réel, lequels font de Matrix un
film philosophique réussi.