a Vouivre est une légende encore très vivace dans

Transcription

a Vouivre est une légende encore très vivace dans
La Vouivre
L
E
a Vouivre est une légende encore très vivace dans le Jura, tout comme
en Franche-Comté, elle a inspiré les poètes, les romanciers, les
cinéastes même. Elle est si populaire qu'on en retrouve des avatars loin
de sa terre d'origine, jusque dans le val d'Aoste, en Saône-et-Loire et en Savoie.
lle est citée "officiellement" pour la première fois dans un essai de Désiré
Monnier sur les origines de la Séquanie, en 1818. Mais on trouve une
wivre dans "Le bel inconnu", un roman de Renaut de Baujeu, en 1200.
Elle est décrite dans les encyclopédies médiévales, qui évoquent également les
vertus de l'escarboucle. "Ces ouvrages n'étaient en fait que la traduction (…)
d'ouvrages pseudo-scientifiques qui remontaient à l'antiquité gréco-romaine et
qui accordaient foi aux croyances les plus fabuleuses." (CRDP de Franche-Comté)
L
e mot Vouivre vient du latin vipera, la vipère, le serpent. La popularité
de la créature l'a rendue multiforme mais certains caractères sont
permanents : Elle est toujours, conformément à l'étymologie du mot,
semblable à un serpent de quelques dizaines de centimètres à plusieurs mètres
de long. Elle a deux grandes ailes de chauve-souris et surtout elle possède, fixée
au front de différentes manières, la fameuse escarboucle, parfois décrite comme
un diamant, mais un rubis la plupart du temps, qui crée une traînée de feu dans
le ciel, quand la Vouivre vole. Cette pierre peut assurer la fortune de l'audacieux
qui s'en empare. Pour cela, il lui faut surveiller la créature et attendre qu'elle se
baigne ou boive dans une rivière. Elle délaisse alors son trésor, et il faut agir vite.
Il n'y a que peu d'exemples de vols réussis ou qui ne se soient pas achevés par la
mort des malheureux voleurs.
L
a Vouivre est une créature féerique, païenne, elle vit sous terre ou dans
les ruines de châteaux anciens, et maintient le lien de la vitalité de la
terre avec celle de l'eau qu'elle semble affectionner particulièrement :
rivières, étangs, ruisseaux, qu'elle a l'habitude de fréquenter. Étincelante,
dangereuse, capable de traverser le ciel, disparaissant sous la terre… Elle a bien
des similitudes avec le soleil et des principes de cultes anciens où les forces
naturelles vivent leur propre cycle sans se préoccuper de l'Homme, dont la
proximité ne peut qu'apporter le désordre.
E
lle se défie des Hommes dont elle a sans doute une connaissance
millénaire mais intuitive : ce qu'elle en connaît, elle n'a pu l'éprouver
que par le truchement de son corps, qu'elle peut transformer à volonté.
Alors, elle apparaît sous les traits d'une femme superbe à la chevelure ondoyante
qui hante l'esprit de ceux qui l'ont vue.
L
a légende de la Vouivre a failli disparaître au XIXème siècle, mais les
romantiques y ont trouvé tout le matériau fantastique et mystérieux
qui les inspirait. Louis Jousserandot, Alexandre de St Juan, Charles
Grandmougin, Louis Mercier écrivirent sur elle. Il existe même un opéra intitulé
"Le Guivre" (une des formes du mot Vouivre), d'Emile Ratez, un élève de
Massenet. Le mythe revint avec une force renouvelée, grâce au roman de Marcel
Aymé qui connut une adaptation cinématographique en 1989, avec Lambert
Wilson.
Pour en savoir plus :
"Contes et légendes des Pays de Franche-Comté", rassemblés par Claude
Seignolle.
Dossier pédagogique du CRDP de Franche-Comté
"La Vouivre de Saône et Loire", par Robert Michelin, in revue "Images de Saône
et Loire".
"Folklore de France" par Sébillot, ed. Maisonneuve et Larose à Paris.
"La Vouivre", Marcel Aymé, Gallimard (folio n° 167).