La suite du Hobbit. - Les Archives de Gondor
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La suite du Hobbit. - Les Archives de Gondor
Bilbo aux États-Unis. Il faut savoir que depuis le 11 mai, les éditeurs londoniens de Tolkien l’ont averti que des éditeurs américains s’intéressent au Hobbit. Mais cette compagnie aimerait plus d’illustrations en couleurs. Elle peut certes engager d’excellents artistes américains, mais Allen and Unwin suggèrent à Tolkien qu’il serait préférable qu’il soit l’auteur de ces illustrations. Tolkien accepte la proposition des Américains dans sa lettre du 13 mai, mais il pose une condition sans équivoque : il refuse toute proposition venant des studios Disney, il a une répugnance exacerbée envers leurs travaux. Ainsi paraît la première édition américaine du Hobbit, à Boston, chez Houghton Mifflin. Le succès est immédiat puisque le New York Herald Tribune décerne au Hobbit le prix du meilleur livre pour enfants, récompense qui se monte à deux cent cinquante dollars. Il faut remettre les choses bien en place : The Hobbit est un succès littéraire, mais Tolkien n’amasse pas des sommes faramineuses en droit d’auteur. L’édition anglaise se vend à moins de trois mille exemplaires la première année, l’édition américaine se vend à trois mille exemplaires en 1938. Cependant les éditeurs ont découvert en Tolkien un écrivain à succès : ils pensent qu’il peut confirmer et amplifier le succès de son premier livre. La suite du Hobbit. Une suite difficile à écrire. C’est pourquoi ils demandent à Tolkien d’écrire une suite au Hobbit. Tolkien se rend à Londres le 15 novembre 1937 et parle à Mr. Unwin d’un de ses écrits : Father Christmas Letters – les lettres qu’il adresse à ses enfants chaque Noël depuis 1920 -, de courtes nouvelles et des poèmes. Mais les manuscrits sont refusés. Dans une lettre datée du 19 décembre 1937, Tolkien annonce qu’il a écrit le premier chapitre d’une nouvelle histoire de Hobbits – « Une réception attendue depuis longtemps ». Dans une lettre du 1er février 1938, Tolkien demande si le fils de Mr. Unwin peut donner son avis sur le premier chapitre de la suite du Hobbit. Le 17 février nous savons que Tolkien n’a pas progressé : il craint d’avoir tout épuisé dans The Hobbit. Le 4 mars 1938, Tolkien indique que la suite du Hobbit a progressé jusqu’à la fin du troisième chapitre. Son fils Christopher et son ami Lewis pensent que cette suite est meilleure que le Hobbit, mais il aimerait avoir l’avis du fils de Mr. Unwin. Pendant l’année 1937, Tolkien propose Farmer Giles of Ham, mais les éditeurs, bien qu’ils aiment le projet, trouvent que sa longueur n’est pas satisfaisante pour en faire un livre entier : ils souhaitent d’autres histoires courtes et l’encouragent à poursuivre The Hobbit. En juillet 1938, Tolkien reconnaît que The Hobbit ne peut pas avoir de suite puisqu’il a écrit que Bilbo passa des jours heureux jusqu’à la fin de sa vie – une phrase qui est un obstacle à une éventuelle suite. Deuxièmement, tout a été dit dans The Hobbit si bien qu’une suite engendrerait un contenu moins riche et des répétitions. La troisième raison est personnelle : les Hobbits sont d’un grand intérêt pour lui, mais même son ami Lewis ainsi que son critique préféré Rayner, le fils de Mr. Unwin, risquent fort de s’ennuyer. Comme le déclare Lewis : les Hobbits sont captivants lorsqu’ils sont dans des situations hors de leur monde. Le dernier argument est aussi un aveu : Tolkien est plus préoccupé par les histoires mythologiques du Silmarillion, monde dans lequel les Hobbits n’avaient pas leur place au début. Mr. Baggins est entraîné dans ce monde contre sa volonté première et Tolkien ne sait pas comment l’intégrer.