republique de djibouti rapport sur le profil de gouvernance du pays
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republique de djibouti rapport sur le profil de gouvernance du pays
Langue : Français Original : Français Distribution : Limitée REPUBLIQUE DE DJIBOUTI RAPPORT SUR LE PROFIL DE GOUVERNANCE DU PAYS Le présent rapport ne peut être communiqué qu’aux membres du personnel dont les activités concernent le sujet traité dans ce rapport. Toute autre distribution doit être autorisée par la Vice-Présidente Par Intérim chargée des Opérations des régions Nord, Est et Sud de la BAD, ou par l’Administrateur des Programmes en charge de Djibouti à l’ACBF. DEPARTEMENT DES OPERATIONS REGIONS NORD, EST & SUD ; FAD ONCF AVRIL 2005 TABLE DES MATIERES Page LISTE DES ANNEXES ET DES ENCADRÉS ; SIGLES ET ABRÉVIATIONS ; RÉSUMÉ ANALYTIQUE i-v I. 1.1 1.2 1.3 INTRODUCTION Préambule Partenariat pour la bonne gouvernance Principaux éléments de la bonne gouvernance 1 1 1 2 II. DIAGNOSTIC DE LA SITUATION EN MATIERE DE GOUVERNANCE DANS LE SECTEUR PUBLIC Responsabilisation/obligation de rendre compte Obligation de rendre compte au plan politique Gestion macroéconomique et réformes structurelles Réforme de la fonction publique Gestion des finances publiques Gestion des entreprises publiques 3 3 3 7 9 10 15 2.2 Transparence Accès du public à l’information relative aux politiques publiques Pluralisme politique Liberté des médias Le système des marchés publics Contrôle de la gestion des finances publiques 16 16 17 18 18 21 2.3 Participation des parties prenantes Le retour à la paix et la stratégie de prévention des conflits Participation de la société civile Questions de Genre Décentralisation Couches vulnérables de la population Coopération et intégration régionale 23 23 24 25 26 28 28 2.4 Réformes juridiques et judiciaires Le système juridique L’institution judiciaire Cadre juridique et environnement du secteur privé Résolution alternative des conflits 29 30 30 31 31 2.5 Lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent Cadre institutionnel de lutte contre la corruption La corruption dans la passation des marchés publics Corruption dans l’administration publique Sanctions prévues pour combattre les actes de corruption Lutte contre le blanchiment d’argent 32 33 33 33 34 34 2.1 III. DIAGNOSTIC DE LA GOUVERNANCE DANS LE SECTEUR PRIVE 35 3.1 3.2 3.3 Obligation de rendre dans le secteur privé Diagnostic des actions du Gouvernement Secteur privé et participation des parties prenantes 35 36 37 IV. EVALUATION DE LA STRATEGIE NATIONALE DE BONNE GOUVERNANCE Principaux éléments de la stratégie Examen de la pertinence de la stratégie à la lumière du diagnostic 39 43 5.4 5.5 DOMAINES PRIORITAIRES DE LA GOUVERNANCE ET IDENTIFICATION DES DOMAINES POTENTIELS D’INTERVENTION DE LA BANQUE Recommandations d’actions prioritaires pour l’amélioration de la bonne gouvernance Domaines d’intervention des partenaires au développement Domaines potentiels d’intervention Domaines de concentration du DSP 2005-2009 Les domaines potentiels du FAD en matière de gouvernance Domaines potentiels de l’ACBF Cadre de suivi de la mise en œuvre des recommandations issues du PGP VI. 6.1 6.2 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS Conclusions Recommandations 52 52 52 4.1 4.2 V. 5.1 5.2 5.3 Le présent rapport a été rédigé suite à la mission conjointe de la Banque et de l’ACBF de préparation du profil de gouvernance, effectuée à Djibouti du 15 février au 7 mars 2005. Cette mission était composée de MM. M. Dramé, Economiste, ONCF, BAD ; A. Fall, Conseiller juridique, GECL.1, BAD ; F. Ngaruko, Administrateur de programme, ACBF ; A. Niang, Consultant ACBF ; et O. Somali, Consultant BAD. 39 41 43 46 48 48 48 49 50 LISTE DES ANNEXES Nbre de pages 1. Recueil de textes relatifs à la gouvernance 3 2. Indicateurs de gouvernance 1 3. Matrice des actions prioritaires de gouvernance 6 LISTE DES ENCADRES Encadré 1 : Repères historiques Encadré 2 : Principales réformes fiscales et budgétaires au cours de la période 2000-2004 Encadre 3 : Plan de trésorerie et réduction des arriérés intérieurs Encadré 4 : Principaux risques de la passation des marchés sur les financements du FAD Encadré 5 : Mesures d’inclusion en faveur des femmes Encadré 6 : Loi sur la décentralisation Encadré 7 : Recommandations prioritaires du CFAA ANNEE FISCALE 1er janvier - 31 décembre ÉQUIVALENCES MONÉTAIRES (Avril 2005) 1 UC = 1,5108 dollar EU 1 dollar EU = 177,7 DJF 1 UC = 268,4745 DJF 2 SIGLES ET ABRÉVIATIONS ACBF: Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique ACP: Action Contre la Pauvreté ADEPF: Association djiboutienne pour l'équilibre et la Promotion de la Famille ADETIP : Agence Djiboutienne d'Exécution des Travaux d'Intérêt Public AGOA: Loi sur la Croissance et les Opportunités en Afrique ANPI : Agence Nationale pour la Promotion de l'Investissement BCD: Banque Centrale de Djibouti CCDB: Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire CICID: Chambre Internationale de Commerce et d'Industrie de Djibouti CDMT : Cadre de Dépenses à Moyen Terme CENI: Commission Electorale Nationale Indépendante CFAA: Etude de l'Evaluation de la Gestion des Finances Publiques CFE: Centre de Formalités des Entreprises CGA: Centre de Gestion Agrée CNM: Commission Nationale des Marchés (Publics) CNRI: Commission Nationale de Réforme Institutionnelle COMESA : Marché Commun de l'Afrique Orientale et Australe CPAR: Revue Analytique de la Passation des Marchés CRP: Conseillers Régionaux Provisoires CSLP: Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté CSM Conseil Supérieur de la Magistrature DB: Direction du Budget DISED: Direction de la Statistique et des Etudes Démographiques DJF Franc Djibouti DPI : Dubaï Port International EDD : Électricité De Djibouti FAD-X Dixième reconstitution des ressources du Fonds Africain de Développement FRPC : Facilité pour la Réduction de la Pauvreté et la Croissance FRUD : Front pour la Restauration de l'Unité et de la Démocratie IGAD : Inter-Governmental Authority on Development IGE: Inspection Générale d’Etat MEFPP: Ministère de l'Économie des Finances et du Plan chargé de la Privatisation OFPA: Organisation de Fonction Publique en Afrique OHADA : Organisation pour l'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires ONARS: Office Nationale d'Assistance aux Réfugiés OSC: Organisation de la Société Civile PDD: Parti Djiboutien pour le Développement PND: Parti National Démocratique PPTE : Pays Pauvres Très Endettés PRIGFIP: Projet de Renforcement Institutionnel pour la Bonne Gouvernance des Finances Publiques 3 PSD: RPP: SCE: SDFP: SIGED: SIHD: SNIFD : STID TEC TPN: UAD: UDJ: UDT: UGTD: UMP: UNFD: Parti Social et Démocratique Rassemblement Populaire pour le Progrès Système de Caisse d'Émission Schéma Directeur de la Formation Permanente Système Intégré de Gestion de la Douane Société Internationale des Hydrocarbures de Djibouti Stratégie Nationale d'Intégration de la Femme dans le Développement Société des Télécommunications Internationales de Djibouti Tarif Extérieur Commun Trésorier-Payeur National Union pour l’Alliance Démocratique Union pour la Démocratie et la Justice Union Démocratique du Travail Union Générale des Travailleurs Djiboutiens Union pour la Majorité Présidentielle Union Nationale des Femmes de Djibouti RESUME ANALYTIQUE Objectif du profil 1. Le présent Profil de Gouvernance-Pays (PGP) se veut avant tout une évaluation de la situation d’ensemble de la gouvernance à Djibouti. Le rapport analyse les forces et les faiblesses des politiques et institutions inhérentes à la bonne gouvernance et mesure leur rôle sur l’obligation de rendre compte de la gestion des ressources publiques et des actifs du secteur privé. L’objectif du Profil de Gouvernance est de faire un diagnostic de la situation de gouvernance, d’examiner la pertinence de la stratégie du Gouvernement à lever les principales contraintes afin de dégager les axes prioritaires d’intervention pour des progrès sensibles en matière de gouvernance. Le PGP permet également, par une approche concertée entre les autorités et les partenaires au développement, d’appréhender les contraintes qui freinent l’atteinte des objectifs de développement. L’objectif ultime du PGP est de mettre en place un cadre de référence pour le dialogue avec les pouvoirs publics sur les réformes et actions en faveur d’une bonne gouvernance. Il devrait faciliter l’élaboration de programmes d’assistance visant à appuyer le Gouvernement de Djibouti dans l’approfondissement des réformes économiques et dans l’identification d’éventuels appuis institutionnels en matière de bonne gouvernance. Le rapport s’inscrit en complément des recommandations des autres initiatives poursuivant des buts similaires, notamment l’Evaluation de la gestion des finances publiques (CFAA, 2004) et la Revue analytique de la passation des marchés (CPAR, 2004) élaborées avec l’appui de la Banque mondiale ; l’étude du FAD sur les réformes juridiques et judiciaires (2002) ; le Cadre synthétique de référence en matière de bonne gouvernance préparé avec l’appui du PNUD (2002) ; et la Stratégie de Réforme Institutionnelle (1997) élaborée par le Gouvernement. Méthodologie 2. L’élaboration du PGP a été précédée par des actions préliminaires de sensibilisation des parties concernées (Gouvernement, partenaires sociaux et partenaires au développement) auxquelles ont été soumis les termes de référence de l’étude. Ensuite, une mission conjointe de la Banque et de l’ACBF s’est rendue à Djibouti du 15 février au 7 mars 2005. Au cours de cette mission, des discussions approfondies ont eu lieu avec de nombreux responsables et représentants de l’administration publique, du secteur privé, de la société civile, des partis politiques et des partenaires au développement. Le présent rapport a été ensuite préparé par une équipe multidisciplinaire conjointe BAD-ACBF ayant pris part aux travaux sur le terrain. Ce document ambitionne d’être une synthèse des différentes initiatives en matière de renforcement des capacités et d’amélioration de la gouvernance à Djibouti. 3. Après un bref rappel du concept de gouvernance, le rapport procède à un diagnostic de la situation actuelle à travers l’analyse approfondie des éléments essentiels d’obligation de rendre compte aux plans politique et économique, de transparence, de participation des parties prenantes, de réformes juridiques et judiciaires, et de lutte contre la corruption. Ensuite, le rapport procède à l’évaluation de la stratégie de bonne gouvernance du Gouvernement, identifie les domaines prioritaires de la gouvernance, et recommande des orientations et actions de promotion de la gouvernance. ii Diagnostic de la situation en matière de gouvernance 4. Le diagnostic de la situation en matière de gouvernance à Djibouti a permis de faire ressortir des éléments d’appréciation de la responsabilisation et d’examiner comment était mise en œuvre l’obligation de rendre compte tant au niveau du secteur public que des structures d’encadrement du secteur privé. 5. Au plan politique, malgré le retour de la paix et le maintien d’une relative stabilité, les acquis démocratiques ont encore du mal à s’enraciner en raison de la faible représentation de l’opposition tant au sein des instances de supervision du processus électoral qu’au niveau des cercles de prise de décision. Le pluralisme politique a bénéficié de l’adoption du multipartisme intégral en 2002. Toutefois, le mode de scrutin (majoritaire à un tour) des élections législatives ne favorise pas la présence de l’opposition à l’Assemblée Nationale. Djibouti a organisé le 8 avril 2005 des élections présidentielles qui ont été boycottées par l’opposition au motif que ses exigences en matière de réformes politiques n’ont pas satisfaites. Ces dernières portaient principalement sur la refonte des listes électorales et la mise en place d’une Commission électorale nationale indépendante composée à part égale de représentants de l’opposition et des partis au pouvoir. Beaucoup d’observateurs de la vie politique djiboutienne pensent cependant le boycott des élections s’explique essentiellement par le fait l’opposition n’avait plus de leader et de programme après le décès de M. Ahmed Dini. 6. Au plan de la gestion économique et financière, d’important progrès ont été accomplis en matière de stabilisation macroéconomique au moyen d’une maîtrise de l’inflation, d’une réduction assez substantielle du déficit budgétaire, et d’une couverture de l’émission monétaire par les réserves de change permettant de maintenir l’ancrage du Franc Djibouti au dollar des Etats-Unis. Une gestion des finances publiques mieux axée sur les résultats s’avère être une nécessité pour confirmer la préoccupation du Gouvernement aux conditions de vie des populations, qui, in fine est l’essence même de la gouvernance. La réforme de la fonction publique n’a pas connu d’avancée majeure depuis 1997 et l’administration djiboutienne continue d’être confrontée à de nombreux dysfonctionnements tant au plan structurel qu’au niveau des charges de fonctionnement qu’elle génère. Les défis en matière de gouvernance économique et financière portent également sur la nécessité de lever les rigidités structurelles de l’économie, en particulier la faible compétitivité du pays et un environnement peu favorable au développement du secteur privé. A cette fin, une mise en œuvre effective des réformes économiques appuyées par les IBWs, en particulier le FMI à travers le Programme de référence ou Staff Monitored Programme s’avèrent être une nécessité afin de relever le niveau général des revenus. 7. En matière de transparence, des efforts ont été accomplis pour améliorer la diffusion à l’intention du public des décisions portant sur les politiques publiques. Cependant l’institution de la transparence nécessite l’existence d’un contre-pouvoir en matière d’analyse et de diffusion de l’information qui ne peut être exercée par la presse audiovisuelle et écrite au vu du fait que l’Etat a le monopole des ondes, et que seul le journal gouvernemental présente un profil de presse écrite. Les faiblesses et insuffisances du système de passation des marchés publics ont été largement mises en évidence dans la Revue Analytique de la Passation des Marchés (CPAR) réalisée par la Banque mondiale. Celles-ci portent principalement sur : (i) des seuils relativement élevés qui encouragent la passation des marchés sans une mise à la concurrence, (ii) une codification peu précise des conditions iii exigées des soumissionnaires encourageant l’arbitraire dans l’adjudication des marchés, (iii) une insuffisance des capacités dans la détermination de l’objet des marchés, et (iv) un mécanisme d’approbation interne des marchés ralentissant le processus de passation. Au vu de ces contraintes, le recours à la maîtrise d’ouvrage délégué permet d’atténuer les rigidités actuelles du système de passation des marchés. Une réforme des marchés publics fondée sur les principales recommandations du CPAR est envisagée par les pouvoirs publics et devrait permettre de lever les principales contraintes de la passation des marchés. 8. Le contrôle a priori est exercé par des structures dépendant du pouvoir exécutif, en l’occurrence la Direction des Finances du Ministère de l’Economie. Il en est de même du contrôle a posteriori effectué par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et l’Inspection Générale d’Etat (IGE). Ce qui est à l’origine de la suspicion sur l’indépendance des contrôles financiers exercés sur la dépense publique. Il s’agit là d’un problème inhérent au système francophone de contrôle des finances publiques qui n’est pas spécifique à Djibouti. Le défi en matière d’obligation de rendre compte de l’utilisation des ressources financières de l’Etat est de s’assurer de l’indépendance des corps de contrôle de l’Etat (IGF et IGE) et de renforcer les contrôle externes exercés par la Chambre des Comptes et par l’Assemblée Nationale qui, de part la Constitution, sont indépendantes du pouvoir exécutif. Des mécanismes « croisés » de contrôle impliquant la société civile sont fortement souhaitables à la condition qu’elle ait la capacité de jouer ce rôle. 9. La participation des parties prenantes a pu été dynamisée avec le processus de démocratisation. Cependant, les organisations de la société civile sont de création récente et manquent de compétences pour élaborer des stratégies à long terme de nature à impulser des changements fondamentaux dans le domaine de la lutte contre la pauvreté. Un cadre légal et réglementaire propice à une participation encore plus active de la société civile a été initié par le Gouvernement lors de la préparation en 2002 avec l’aide du FAD de textes de loi régissant les associations, les coopératives et les ONGs. Des actions de renforcement des organisations de la société civile devraient être engagées avec un appui plus soutenu des partenaires au développement. La politique de décentralisation a été adoptée en 2002, plus comme une opération précipitée d’apaisement politique qu’une volonté réelle de promouvoir la participation locale. Sa mise en œuvre s’est heurtée à des contraintes légales, techniques et financières. Plusieurs dispositions légales et réglementaires n’ont pas été adoptées pour notamment clarifier les conditions de transfert des compétences et des ressources. Enfin, la participation des femmes au développement a bénéficié du nouveau Code de la famille qui a permis de lever les influences coutumières et traditionnelles religieuses qui faisaient de la femme une citoyenne de second rang. 10. Les dysfonctionnements du système juridique et judiciaire ont été mis en exergue par les Etats Généraux de la Justice tenus en 2002 et par l’Etude du FAD sur les réformes du secteur. Les principales conclusions issues de ces travaux étaient que la justice ne permettait pas d’assurer la sécurité des personnes et des biens, et de favoriser le développement des affaires. Les principales contraintes de l’institution judiciaire sont liées notamment : (i) aux faibles ressources allouées au secteur (soit moins de 1% du budget national), (ii) à l’existence de trois ordres de juridictions (charienne, coutumier et moderne), (iii) au manque de formation tant des magistrats que des greffiers, (iv) à l’indigence des magistrats et des greffiers, et (v) à l’inexistence d’une réelle justice de proximité et de structure d’aide à l’accès des plus pauvres à la justice. Ainsi que l’ont recommandé les Etats Généraux de la justice et les conclusions de l’étude du FAD susvisée, il conviendrait d’instaurer une unité de juridiction accompagnée d’une nouvelle organisation judiciaire. Les textes législatifs et iv réglementaires applicables aux affaires sont vétustes et inspirent une insécurité juridique qui explique par ailleurs la faiblesse des investissements privés tant nationaux qu’étrangers. Les autorités djiboutiennes estiment qu’elles ont besoin d’une assistance technique pour moderniser l’arsenal juridique, en particulier la préparation du nouveau code de commerce. 11. Lutte contre la corruption : Des discussions menées avec les parties prenantes, en particulier les ONGs, les partenaires au développement et les chancelleries présents dans le pays, il s’avère que Djibouti ne peut pas être qualifié de pays corrompu. Les problèmes de corruption découlent le plus souvent de l’insuffisance de la réglementation, de l’asymétrie de l’information sur le cadre juridique et réglementaire, et d’un cadre institutionnel inapproprié. La principale manifestation de la corruption concerne l’Administration publique. Elle résulte le plus souvent des facteurs explicatifs comme : (i) l’abus des pouvoirs discrétionnaires amplifiés par les facteurs tels que l’analphabétisme et l’ignorance des populations ; (ii) l’absence de codes d’éthique et de déontologie ; (iii) l’impunité et le non-respect de la primauté du droit ; (iv) la lenteur et l’imprévisibilité des décisions de justice ; et (vi) la centralisation administrative. La lutte contre la corruption n’est pas coordonnée par une structure centrale de type cellule ou observatoire. Les autorités estiment que les textes législatifs et réglementaires mis en place contiennent les dispositions permettant de sanctionner les actes de corruption. Il a cependant été prouvé que l’existence d’un arsenal juridique étendu et d’un système effectif de contrôle des finances publiques ne suffit toujours pas à combattre efficacement la corruption. Les mécanismes « croisés » impliquant une tierce partie comme les médias et la société civile devraient également être encouragés à condition que les pouvoirs publics fassent preuve du maximum de transparence. Stratégie du Gouvernement 12. Le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), adopté en juin 2004, constitue le principal référentiel pour la définition et la mise en œuvre de la stratégie nationale de bonne gouvernance. Les principaux axes de la stratégie du gouvernement en matière de gouvernance visent : (i) la consolidation des acquis démocratiques ; (ii) la promotion de la gouvernance locale et du développement participatif ; (iii) la réforme de la justice ; (iv) la relance de la réforme administrative, et (v) l’institution d’une bonne gouvernance économique et financière. L’évaluation de la stratégie de gouvernance montre que les stratégies envisagées et les diverses mesures et actions disparates adoptées par le Gouvernement au cours des cinq dernières années peuvent être considérées dans leur ensemble comme des éléments d’une stratégie appropriée pour faire face aux problèmes de gouvernance identifiés à Djibouti. Il y a cependant lieu d’élaborer un programme national de bonne gouvernance pour donner plus de visibilité aux parties prenantes (société civile et partenaires au développement) sur les intentions du Gouvernement en matière de promotion de la bonne gouvernance. De même, une forte volonté politique est en effet nécessaire pour poursuivre et traduire dans les faits les réformes engagées, notamment celles relatives aux marchés publics, à la lutte contre la corruption, et au renforcement de la justice v Domaines prioritaires d’intervention des partenaires au développement et de la Banque 13. Les recommandations d’actions prioritaires ont été retenues sur la base des principales faiblesses notées sur les différents piliers de la gouvernance. Sur cette base, les domaines dans lesquels des améliorations devraient être apportées par le Gouvernement avec l’appui des ses partenaires au développement s’articulent essentiellement autour des axes suivants: (i) le renforcement de l’obligation de rendre compte au plan politique; (ii) la mise en œuvre effective de la décentralisation et du développement à la base ; (iii) la relance de la réforme administrative ; (iii) l’amélioration de la gestion des finances publiques en veillant à une meilleure articulation des dépenses publiques aux programmes prioritaires, en particulier aux résultats prévus dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la pauvreté; (vi) une réforme de la passation des marchés fondée sur les recommandations du CPAR ; (v) le renforcement des systèmes juridiques et judiciaires ; et (vi) la consolidation de la stabilité macro-économique et l’amélioration de l’environnement des affaires. 14. A la lueur des recommandations du présent profil de gouvernance, il a été possible d’identifier des domaines potentiels d’intervention de la Banque à Djibouti en matière de gouvernance. Ces domaines s’articulent autour des axes suivants : (i) la réforme du secteur de la justice ; et (ii) l’appui à l’amélioration de l’environnement juridique et réglementaire des affaires. Le choix de deux piliers répond à un des principes directeurs du Plan Stratégique 2003-2007 qui vise à accroître l’impact des activités de la Banque par une plus grande sélectivité et un meilleur ciblage de ses interventions. Les domaines d’intervention ciblés s’expliquent par le fait que la Banque a su capitaliser une expérience et des connaissances sur le cadre juridique et réglementaire de Djibouti avec : (i) l’étude qu’elle avait financée en 2002 sur les réformes du secteur de la justice, et (ii) le premier prêt d’ajustement structurel approuvé par la Banque qui appuyait l’amélioration de l’environnement des affaires. Quant à l’ACBF, ses domaines potentiels d’intervention portent sur le renforcement des capacités de l’administration publique et de la société civile. I. INTRODUCTION 1.1 Préambule 1.1.1 Le Groupe de la Banque a adopté en 1999 une politique en matière de gouvernance afin de mieux éclairer ses actions relatives à la promotion de la bonne gouvernance dans les pays membres régionaux (PMR). Il en est de même pour la Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF) dont le mandat été élargi pour englober les objectifs de renforcement de la gouvernance, notamment dans les domaines financier et de la société civile. Les deux institutions reconnaissent qu’une bonne gouvernance est essentielle à l’efficacité des investissements financés par les partenaires au développement et la création d’un environnement favorable au développement durable. Le Plan stratégique du Groupe de la Banque pour la période 2003-2007 conçoit la bonne gouvernance comme un élément primordial de la lutte contre la pauvreté. Enfin, une des priorités opérationnelles du FAD-X porte également sur la gouvernance, domaine dans lequel la Banque entend jour un rôle de chef de file. Dans le but de mettre en œuvre ces différentes initiatives, la Banque a lancé la préparation de Profils de gouvernance dans les Pays Membres Régionaux (PMR). Cette initiative a pour but : (i) de fournir une base analytique pour l’amélioration sensible des connaissances de la Banque et de l’ACBF dans le domaine de la gouvernance pour chaque PMR ; (ii) de servir de cadre de référence pour un dialogue ouvert avec le Gouvernement sur le diagnostic des contraintes ainsi que sur l’agenda des réformes et mesures pour les relever ; et (iii) d’affiner l’élaboration du document de stratégie pays (DSP) avec une meilleure prise en compte des questions relatives à la gouvernance. 1.1.2 Le Profil de Gouvernance de Djibouti est préparé dans un contexte où le Gouvernement a adopté le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP). Outre la relance de la croissance économique et le renforcement du capital humain, l’un des objectifs poursuivis par le CSLP est la promotion d’une bonne gouvernance et du développement à la base. L’étude couvre ces deux derniers axes stratégiques du CSLP qui sont déterminants pour la mise en œuvre de la stratégie de réduction de la pauvreté. Le but du Profil de Gouvernance est d’effectuer un diagnostic des principales contraintes de Djibouti en matière de gouvernance, et d’analyser la pertinence de la stratégie du Gouvernement à lever ces contraintes. L’objectif ultime visé est : (i) la mise en place un cadre de référence pour le dialogue avec les pouvoirs publics sur les réformes et actions en faveur de la bonne gouvernance, et (ii) l’identification d’éventuels appuis institutionnels ou pour une amélioration de la situation de la gouvernance pouvant être financés dans le cadre du FADX. 1.2 Partenariat pour la bonne gouvernance 1.2.1 Le partenariat stratégique entre la Banque et l’ACBF avait retenu l’élaboration du Profil de Gouvernance de Djibouti comme une des actions prioritaires à mettre en œuvre dans le cadre de la coopération définie entre les deux institutions. Cette décision est une conséquence de l’importance accordée par la Banque et l’ACBF à la gouvernance comme élément essentiel dans la lutte contre la pauvreté, tel qu’il apparaît dans les documents respectifs de politique générale et dans les différentes initiatives prises par ces deux institutions sur le continent. 1.2.2 Dans cette perspective, une mission conjointe de la Banque et de l’ACBF s’est rendue à Djibouti du 15 février au 7 mars 2005 pour la préparation du présent profil de gouvernance pays (PGP). Ce document établit un diagnostic de la situation de Djibouti en matière de gouvernance, propose des recommandations en vue de renforcer ces différents 2 piliers de la gouvernance, et identifie les domaines prioritaires dans lesquels la BAD et l’ACBF pourraient intervenir, en tenant compte des actions menées par les principaux bailleurs de fonds dans le domaine de la gouvernance à Djibouti. 1.3 Principaux éléments de la bonne gouvernance 1.3.1 Le mot « gouvernance » peut, étymologiquement signifier la manière dont les affaires d’un Etat sont conduites et réglementées. Le concept met de plus en plus l’accent sur l’ensemble des politiques et pratiques publiques qui permettent d’instituer l’obligation de rendre compte des principaux acteurs de la vie économique et sociale. Si la bonne gouvernance a été au début assimilée à lutte contre la corruption, elle s’en est sensiblement éloignée et recouvre des caractéristiques beaucoup plus vastes que sont : un Etat de droit, une société civile impliquée dans la conduite des affaires publiques, et un secteur privé dynamique. En effet, un Etat efficace crée un environnement politique et juridique propice à une croissance économique équitablement répartie. De même, une société civile active et dynamique mobilise les individus, les groupes et les communautés, facilite l’interaction politique et sociale, aide à générer le capital humain et encourage la cohésion et la stabilité au sein de la société. Quant au secteur privé productif, il génère des emplois et des revenus. 1.3.2 En traduisant dans les faits sa politique en matière de bonne gouvernance, le Groupe de la Banque a identifié comme prioritaires les aspects suivants de la gouvernance: (i) la responsabilisation qui se définit comme l’obligation faite à des individus ou des organisations, élus ou nommés, et investis d’un mandat public, de rendre compte aux populations qui les ont investis de ce pouvoir, des actions et activités menées et des décisions prises dans l’exercice de ce mandat ; (ii) la transparence qui suppose que le public ait un accès à l’information et qu’il soit informé des décisions prises par l’Etat et participe au suivi de leur mise en œuvre ; (iii) la participation qui se définit comme un processus par lequel les parties prenantes exercent une influence sur les décisions d’intérêt général et contribuent au contrôle des moyens et des institutions qui influent sur leur vie, (iv) la lutte contre la corruption qui comprend la lutte contre les pratiques de concussion, l’abus de pouvoir ou l’abus de confiance du public, aussi bien dans le secteur privé que public ; et (v) un système juridique et judiciaire propice à l’Etat de droit et au développement, avec des lois clairement établies uniformément appliquées par un pouvoir juridique indépendant. Ces caractéristiques de la bonne gouvernance sont interdépendantes et se renforcent mutuellement. Ainsi l’accès à l’information se traduit par une transparence accrue, une participation élargie. Une participation élargie contribue à la fois à l’échange d’information nécessaire, à l’efficacité et la légitimité des décisions qui sont prises. Les institutions qui répondent aux besoins de la population, pour être équitables doivent être responsables, transparentes, et fonctionner en respectant la primauté du droit. Ces caractéristiques sont essentielles à la bonne gouvernance et représentent un idéal. 3 II. DIAGNOSTIC DE LA SITUATION EN MATIERE DE GOUVERNANCE DANS LE SECTEUR PUBLIC Le diagnostic de la gouvernance dans le secteur public a été mené en se fondant sur la politique de la Banque et les préoccupations de l’ACBF en matière de bonne de gouvernance. Au vu du contexte politique et économique actuel de Djibouti marqué une relative stabilité politique, une économie en expansion mais en proie à un certain nombre de rigidités structurelles, des finances publiques assainies mais nécessitant d’être orientées vers les priorités en matière de réduction de la pauvreté, et un environnement juridique peu propice à l’investissement privé, les domaines en matière de bonne gouvernance qui ont guidé la préparation du présent PGP ont porté sur : (i) le renforcement de l’obligation de rendre compte au plan politique et la participation de la société civile, (ii) la consolidation de la gouvernance financière et économique, et (iii) la mise en place d’un système juridique et judiciaire indépendant propice à l’Etat de droit et au développement de l’initiative privée. 2.1 Responsabilisation/obligation de rendre compte 2.1.1 Obligation de rendre compte au plan politique : La République de Djibouti comme la plupart des pays africains, a vécu pendant longtemps sous un régime de parti unique. Le pouvoir d’Etat était pendant longtemps monopolisé par la même classe politique et pratiquement par le même parti politique. Cette situation ne favorisait pas la séparation des pouvoirs et l’équilibre des institutions mais elle installait surtout dans l’esprit des tenants du pouvoir, un sentiment d’impunité. La presse privée, la ligue des Droits de l’homme de Djibouti et les partis politiques de l’opposition dénonçaient fréquemment les violations des droits humains, les passe-droits, la corruption et l’opacité dans la gestion étatique. 2.1.2 Ouverture démocratique et émergence du multipartisme : Avec l’adoption de la Constitution de septembre 1992, le Gouvernement de Djibouti a procédé à une ouverture démocratique ayant permis l’émergence du multipartisme politique, la liberté d’expression, et la création de nombreuses Organisations de la Société Civile (OSC). Ce renouveau démocratique a créé les conditions d’une exigence de responsabilisation et d’obligation de rendre compte aux populations au sein des autorités nanties d’un mandat public. La Constitution du 4 septembre 1992 a institué le cadre propice à la promotion d’une gouvernance démocratique. Elle reconnaît les droits humains fondamentaux, les principes de l’Etat de droit et la séparation de pouvoirs. Le régime actuel, bien qu’encore très centralisé, affiche une volonté d’ouverture politique à la fois au niveau national et international. Depuis, les autorités se sont soumises à des élections dans les délais légaux. Il faut signaler que le régime de Djibouti bénéficie d’une certaine stabilité depuis la fin du conflit armé en mai 2001. Les contestations des partis politiques restent dans le cadre légal et on ne relève pas de mouvements sociaux perturbant le climat social. Malgré une stabilité politique retrouvée et la mise en place des institutions prévues par la Constitution, l’efficacité de l’Etat de droit n’est pas garantie à tous les citoyens en raison, notamment, des faibles capacités institutionnelles de l’Etat et du dysfonctionnement de l’appareil judiciaire. 4 2.1.3 Processus électoral : Les élections démocratiques ont été inaugurées par la Constitution de 1992. La Constitution dote le pays d’un régime de type présidentiel, avec un Président et une assemblée nationale élus au suffrage universel pour des mandats respectifs de six et cinq ans. Les dispositions législatives1 adoptées instauraient déjà un multipartisme limité à quatre partis pendant dix ans. Depuis, le Gouvernement a organisé plusieurs élections : (i) trois élections législatives en 1992, 1997 et 2003, et (ii) trois élections présidentielles en 1993, 1999 et 2005. 2.1.4 Aux dernières élections législatives de janvier 2003, les partis politiques de l’opposition ont été crédités selon les résultats officiels de près de 45% des suffrages. Cependant tous les sièges de l’Assemblée Nationale ont été remportés par la majorité présidentielle au vu du mode de scrutin majoritaire à un tour qui prévoit que la parti arrivé en tête des suffrages remporte la totalité des sièges de l’Assemblée Nationale. C’est à l’occasion de ces élections, que la Commission Electorale Nationale Indépendante2 (CENI) a été instituée comme organe de supervision du processus électoral, l’organisation matérielle et technique relevant du Ministère de l’Intérieur. Lors des élections présidentielles du 8 avril 2005, l’opposition n’avait pas présenté de candidat et avait appelé au boycott des élections, estimant que les réformes politiques qu’elles avaient exigées n’ont pas mises en œuvre. Trois des neuf conditions posées par l’opposition pour participer au vote portaient sur : (i) la refonte du fichier électoral devant refléter la réalité du corps électoral, (ii) la mise en place d’une CENI composée à part égale de représentants de l’opposition et des partis au pouvoir, et (iii) l’accès équitable et libre des partis politiques aux médias publics. A l’issu du scrutin, le Chef de l’Etat sortant a été réélu avec 96,7% des suffrages exprimés. Les chancelleries et autres observateurs de la vie politique djiboutienne pensent cependant le boycott des élections s’explique essentiellement par le fait l’opposition n’avait plus de leader et de programme après le décès de M. Ahmed Dini. 2.1.5 Séparation et équilibre des pouvoirs : La séparation et l’équilibre des pouvoirs (exécutif, législatif et judiciaire) sont consacrés par la Constitution qui fixe : (i) l’impossibilité pour chaque pouvoir d’empiéter et d’annihiler les prérogatives des autres institutions, (ii) l’exercice effectif d’un arbitrage par les pouvoirs judiciaires et la définition claire des missions et attributions des institutions ainsi que la mise en œuvre des mécanismes de leurs interactions et collaboration. L’Assemblée Nationale est composée de 65 députés exerçant le pouvoir législatif. Le Conseil Constitutionnel, la Haute Cour de Justice, la Cour Suprême et les cours et les tribunaux sont les instances du pouvoir judiciaire. Le Conseil Constitutionnel a en charge le suivi de la constitutionalité des lois. Il est composé de six membres dont le mandat dure huit ans et n’est pas renouvelable. Il est la plus haute juridiction jouant un rôle essentiel dans le contrôle du respect de l’obligation de rendre compte au plan politique. Il a la double fonction de juge de la constitutionnalité de la loi et de garant des droits fondamentaux de la personne humaine et des libertés publiques. Ses décisions, étant sans appel, doivent être rigoureuses, crédibles et impartiales. Le Conseil Constitutionnel n’a cependant pas les moyens de ses missions pour exercer en toute indépendance sa fonction de garant de l’éthique en matière électorale, ce qui provoque une grande suspicion des militants de l’opposition. Ces principes n’empêchent pas les suspicions de l’opposition qui l’accusent d’être inféodé au pouvoir. 1 Référence faite à la loi électorale organique N°01/AN/92 du 29 octobre 1992 relative aux élections modifiées par la loi N°2/AN/93/3e L du 7 avril 1993, et à la loi N°01/AN/92/2eL du 15 septembre relative aux partis politiques instaurant un multipartisme limité à quatre partis pendant dix ans. 2 La CENI est composée des représentants du gouvernement (3), de l’Assemblée Nationale (3), des magistrats du siège (3), de la société civile (3), de chaque parti politique régulièrement constitué. 5 2.1.6 Des institutions et organes chargés du contrôle de l’exécutif ont été mis en place mais ils ne sont pas totalement fonctionnels faute de moyens et de ressources humaines. Cette situation ne favorise pas une réelle application de l’obligation de rendre compte au niveau de l’Etat. Les efforts entrepris par le gouvernement en collaboration avec les partenaires de la BAD et de l’ACBF (CCDB, IGE, Assemblée Nationale, Réforme Administrative) promettent une amélioration rapide de la situation. Le Gouvernement rend périodiquement compte de son action et de sa gestion à l’Assemblée Nationale. Celle-ci dispose pour exercer ses droits d’information et de contrôle, des moyens suivants : (i) les questions orales ou écrites ; (ii) les commissions parlementaires d’enquête ; (iii) les interpellations du Gouvernement ; (iv) le débat annuel sur l’état de la Nation ; et (v) le vote de la loi des finances. La Haute Cour de Justice est compétente pour juger le Président de la République et les ministres mis en accusation devant elle par l’Assemblée Nationale. Toutes ces institutions djiboutiennes, pour continuer à mener, correctement leurs missions ont besoin d’un appui des partenaires dans le cadre du renforcement des capacités de leurs animateurs. Beaucoup de dysfonctionnements et de dérives s’expliquent par le manque de compétences humaines et de ressources financières. 6 ENCADRÉ 1 : REPÈRES HISTORIQUES 24 Juin 1977 : M. Hassan Gouled est élu Président de la République par la Chambre des députés. 27 Juin 1977: Date de la proclamation de l’Indépendance de la République de Djibouti 2 Jul. 1977 : Djibouti devient le 45ième membre de l’OUA 12 Jun 1981 : Le Président Gouled est élu au suffrage universel comme Président de la République 21 Mai 1982 : Election de la première législature 5 Fév. 1985 : Naissance de l’IGAD. Son siège est à Djibouti 12-13 Nov. 1991 : Déclenchement du conflit armé au Nord et au Sud-ouest entre les forces gouvernementales et le Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD) 4 Sept. 1992 : Adoption d’une nouvelle Constitution instaurant un multipartisme ( limitant à quatre les partis politiques) et le respect des libertés et des droits de l’homme. 18 Déc. 1992 : 1 ères Elections législatives multipartites. 7 Mai 1993 : 1 ères Elections présidentielles pluralistes. M. Hassan Gouled est réélu 26 Déc. 1994 : Signature des Accords de paix et de réconciliation nationale entre le gouvernement et le FRUD Avril 1995: Signature d’un Accord de Confirmation (Stand-By Agreement) avec le FMI pour la mise en œuvre d’un programme de réformes économiques Mai 1997 : Organisation d’une Table Ronde des bailleurs de fonds à Genève pour l’appui à la stabilisation budgétaire, la consolidation de la paix, et à la paix et la démobilisation 19 Déc. 1997 : Elections législatives Mai 1998 : Le port de Djibouti devient le port principal de l’Ethiopie suite à la guerre entre l’Erythrée et l’Ethiopie. 9 Avril 1999 : Elections présidentielles. M. Ismaïl Guelleh est élu Président de la République. 18 Oct. 1999 : Approbation par le FMI de la Facilité pour la Réduction de la Pauvreté (FRPC) devant consolider les gains en matière de stabilisation financière obtenue avec l’Accord de Confirmation Juin 2000 : Privatisation de la gestion du Port Autonome et International de Djibouti suite à une convention passée entre le Gouvernement et les autorités de Dubaï Port International Oct. 2000 : Djibouti entérine les accords des pays de la COMESA, mettant fin aux barrières douanières 7 Déc. 2000 : Tentative d’un coup d’Etat qui a échoué 12 Mai 2001 : Signature à Paris de l’accord de paix, de réforme et de concorde civile entre le Gouvernement et le FRUD armé de Ahmed Dini Ahmed 31 Jan. 2002: Adoption d’un nouveau code de la famille 3-9 Fév. 2002 : Tenue d’un séminaire sur l’action gouvernementale et la bonne gouvernance. 15 Juin 2002 : Signature d’un accord cadre de gestion de l’Aéroport International de Djibouti entre le gouvernement et les autorités de Dubaï Port International 17 Jul. 2002: Adoption de la Politique Nationale en matière d’intégration de la femme dans le développement (SNIFD) Sept. 2002 : Institution du multipartisme intégral et création de la CENI. 13 Nov. 2002 : Promulgation de la loi n°192 instituant pour les femmes le système de quota (10%) dans les fonctions électives 10 Jan. 2003: Elections législatives 11 Juin 2003 : Lancement de la construction du Port de Doraleh 5 Août 2003: Validation du Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) Mars 2004 : Adoption d’un nouveau cadre de partenariat entre la France et Djibouti 13 Avril 2004 : Inondation de la vallée de Djibouti 4 et 8 Juin 2004 : Approbation par les Institutions de Bretton Woods du CSLP Juin 2004 : Mise en place de l’Inspection Générale d’Etat (IGE) 7 Juil. 2004 : Mise en place d’un Programme de référence (Staff Monitored Programme) suivi par le FMI en vue de l’achèvement des réformes économiques soutenues par la FRPC. Jul.-Août 2004: Ouverture de la nouvelle zone Franche. Septembre 2004 : Décès du chef de l’opposition djiboutienne, M. Ahmed Dini 8 avril 2005 : Elections présidentielles : M. Ismaïl Guelleh est réélu Président 7 2.1.7 Gestion macroéconomique et réformes structurelles : Une caractéristique importante de l’économie djiboutienne est l’existence depuis 1949 d’un système de caisse d’émission (SCE) où les réserves de change sont maintenues excédentaires par rapport à la masse monétaire émise permettant le maintien d’une parité fixe entre le Franc Djibouti et le dollar des Etats-Unis. De ce fait, la Banque Centrale de Djibouti renonce à sa fonction de « prêteur de dernier ressort » en s’abstenant de tout financement du déficit budgétaire et de refinancement du secteur bancaire. En l’absence de politiques monétaires discrétionnaires, l’intervention de l’Etat par la politique budgétaire demeure pratiquement le seul instrument de politique économique. Ainsi, le programme de réformes économiques au cours de la période 1999-2003 qui était soutenu par une Facilité pour la Croissance et la Réduction de la Pauvreté (FRPC) du FMI visait en priorité le retour à une orthodoxie budgétaire devant consolider les gains en matière de stabilisation financière obtenus avec l’Accord de Confirmation (1996-1998). S’y ajoutaient des mesures en faveur d’un accroissement des réserves de changes du pays et du maintien de l’intégrité du système de caisse d’émission. De façon concomitante, des réformes structurelles en faveur d’un renforcement de la compétitivité et du développement du secteur privé devaient être mise en œuvre dans le but de créer les conditions favorables à une croissance forte, durable, et créatrice d’emplois. 2.1.8 Assainissement des finances publiques : Au cours de la période 2000-2004, les mesures adoptées par le Gouvernement en faveur de l’assainissement des finances publiques ont permis une amélioration des recettes et une maîtrise des dépenses publiques. L’ensemble de ces mesures tendant à rendre l’administration fiscale plus performante a été associé à des réformes fiscales qui visaient un double objectif : une simplification de la législation fiscale et un allégement de la pression fiscale. Ces mesures ont contribué à une réduction assez substantielle de la fraude fiscale au vu du fait que la simplicité en matière de législation fiscale est gage de transparence et que des taux d’imposition plus faibles incitent beaucoup moins à la corruption. En ce qui concerne les dépenses, un ajustement des dépenses a pu être effectué durant les trois premières années du programme grâce à une réduction de la masse salariale et une diminution du train de vie de l’Etat. 2.1.9 C’est ainsi que les recrutements ont été gelés dans la fonction publique sauf dans les secteurs prioritaires comme l’éducation, la santé et la justice ; et que les postes vacants suite aux départs à la retraite n’ont pas été pourvus. La masse salariale a fait l’objet d’un suivi plus rigoureux avec la mise en place d’un Fichier Unique visant à rapprocher les effectifs de la fonction publique avec les traitements salariaux. Un programme important de démobilisation appuyé par l’Union européenne a permis une réduction des effectifs des forces de défense et de sécurité ; et les budgets successifs ont progressivement réduit les dépenses de fonctionnement de l’Etat. Ces efforts de stabilisation financière ont été accompagnés d’un apurement des arriérés intérieurs accumulés lors du conflit civil. L’accumulation de nouveaux arriérés de paiement a pu être contenu grâce à la mise en place d’un plan de régulation des engagements de dépenses en fonction des liquidités disponibles. Les efforts d’assainissement des finances publiques ont dans l’ensemble permis de réduire de manière assez substantielle le déficit budgétaire et d’éviter le recours à la création monétaire pour le financement des dépenses publiques. Ces résultats budgétaires ont ainsi contribué à l’ajustement de l’offre de monnaie aux réserves de change du pays et au maintien de la parité du Franc Djibouti par rapport au dollar des Etats Unis. 2.1.10 Réformes structurelles : Au plan des réformes structurelles, des progrès ont pu être obtenus mais la mise en œuvre de l’ensemble des réformes prévues dans le cadre de la FRPC a accusé un retard qui risque de compromettre l’amélioration de la compétitivité de l’économie djiboutienne et la relance de la croissance économique. Un programme de restructuration des entreprises publiques a été engagé dans le but de les préparer à une 8 privatisation. La nécessité de trouver un partenariat stable avec le secteur privé dans la gestion des entreprises publiques, les impératifs de réduction du prix des services publics (eau, électricité, services portuaires et de télécommunication), et la préservation de la mission de service public des entreprises publiques ont été à la base de la formulation du programme de privatisation. La restructuration et la privatisation des entreprises publiques devaient être accompagnées d’une amélioration de l’environnement des affaires. C’est ainsi qu’un projet de Charte des Investissements a été élaboré par la Direction des Recettes et l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Investissement avec les perspectives liées à la zone franche de Doraleh et devrait contribuer à rationaliser l’octroi des agréments au code d’investissement. En ce qui concerne le code de commerce, la stratégie était d’adopter le traité de l’OHADA. Après examen, le Gouvernement a jugé plus opportun de préparer un code de commerce spécifique au pays qui prendrait en compte les actes uniformes du traité de l’OHADA. Sa préparation nécessite cependant une assistance technique qui n’a pas pu être mobilisée à ce jour. La refonte du code du travail qui devrait permettre une flexibilité du marché du travail et la détermination des salaires par le marché a finalement pu aboutir avec la transmission à l’Assemblée Nationale en décembre 2004 du nouveau code du travail. 2.1.11 Performance macroéconomique : Les fondamentaux macroéconomiques ont favorablement répondu au programme de réformes économiques pour ce qui est de la réduction du déficit budgétaire et de la viabilité du système de caisse d’émission. Cependant le rythme de croissance nécessite d’être relevé à des niveaux permettant une hausse continue du revenu par habitant et une réduction de la pauvreté. De même la discipline fiscale nécessite d’être restaurée afin d’orienter les ressources budgétaires vers les programmes prioritaires en matière de lutte contre la pauvreté. 2.1.12 Les flux de capitaux publics extérieurs assez substantiels dont Djibouti a pu bénéficier au cours de la période du programme, et le renforcement du rôle de Djibouti comme plateforme portuaire dans la région de la Corne de l’Afrique ont permis au pays de réaliser une croissance réelle du PIB de 2,4% en moyenne annuelle au cours de la période 2000-2004 qui demeure cependant insuffisante pour infléchir la baisse du revenu par habitant. L’inflation a été contenue à 1,9% en moyenne annuelle au cours des cinq dernières années grâce aux politiques monétaires restrictives liées au système de caisse d’émission. Sur le plan des finances publiques, les efforts d’ajustement et le plan de trésorerie (plan de régulation des dépenses) mis en place en avril 2001 avaient permis de contenir le déficit budgétaire (base ordonnancement, dons compris) en dessous de 2,0% du PIB au cours de la période 2000-2001. D’importants investissements publics réalisés dans les secteurs portuaire, routier et de la construction avaient entraîné une dégradation du déficit budgétaire à 3,5% du PIB en 2002. Une amélioration des recettes et les ressources perçues au titre de la coopération militaire ont cependant permis de réduire le déficit budgétaire à 2,3% du PIB en 2003. Au cours de l’année 2004, la situation budgétaire s’est détériorée suite à une progression assez substantielle des dépenses courantes hors salaires. L’enjeu pour Djibouti est de restaurer la discipline fiscale et de restructurer les dépenses publiques en faveur des programmes de réduction de la pauvreté. Au plan extérieur, le déficit du compte courant extérieur s’est détérioré de 7.2% du PIB en 2000 à 8% du PIB en 2004 en raison d’une hausse des importations liée aux investissements publics et à la construction du complexe portuaire de Doraleh. Les flux de capitaux publics et privés couvrent largement le déficit courant extérieur permettant ainsi des soldes excédentaires de la balance des paiements. La viabilité du système de caisse d’émission continue d’être soutenue par les excédents de la balance des paiements et leur effet positif sur la couverture de l’émission monétaire. La dette extérieure de Djibouti est jugée soutenable rendant ainsi le pays inéligible à l’initiative PPTE Renforcée. 9 2.1.13 Ces résultats mitigés ont conduit les autorités djiboutiennes à mettre en place en juillet 2004 un programme de référence (Staff Monitored Program) sur une période intérimaire de douze mois suivi par les services du FMI dont l’objectif principal est de consolider les efforts d’assainissement des finances publiques et de mener à terme les réformes structurelles qui étaient soutenues par la FRPC et qui sont critiques pour une réduction du coût des facteurs de production et l’amélioration de la compétitivité de l’économie djiboutienne. 2.1.14 Réforme de la fonction publique: L’administration centrale est organisée en départements ministériels au nombre de 23 chargés de l’élaboration des politiques et de leur mise en œuvre. Le diagnostic effectué par la Commission Nationale de Réforme Institutionnelle (CNRI) mise en place en mai 1997 a fait état de nombreux dysfonctionnements tant dans la structure de l’administration publique que dans la gestion des ressources humaines et matérielles de l’Etat. Les constats issus de ce diagnostic ont principalement relevé l’inadéquation des structures administratives aux missions de l’Etat, et un développement disproportionné du secteur public par rapport aux ressources financières de l’Etat. S’y ajoutait la prééminence du politique qui compromettait la neutralité et l’équité, condition sine qua non d’une bonne gouvernance au sein de l’administration publique. 2.1.15 Au stade actuel de la mise en œuvre de la stratégie de la réforme institutionnelle, les réformes à mettre à l’actif du Gouvernement portent essentiellement sur: (i) (ii) (iii) (iv) (v) Le fichier unique mis en place avec l’assistance de la Banque mondiale réconciliant les effectifs de la fonction publique aux données de la solde La centralisation de la paie à la Sous-Direction de la Solde du Ministère de l’Economie des Finances pour l’ensemble des personnels civils (fonctionnaires ou agents conventionnés au nombre de 7000) L’installation d’un Observatoire de la Fonction Publique (OFP) avec l’appui du PNUD L’accès à la fonction publique par voie de concours réinstitué en 2002 Le rattachement des directions des ressources humaines (DRH) de tous les ministères au Ministère en charge de la fonction publique pour permettre un meilleur suivi de la gestion du personnel 2.1.16 Le diagnostic effectué par la CNRI avait révélé que l’organisation ministérielle demeure caractérisée par de fortes rigidités inhérentes à la vétusté des organigrammes, aux responsabilités mal définies. Cette situation découle du fait que les textes définissant l’attribution et l’organisation des différents départements ministériels sont inadaptés aux principales missions qui leur sont dévolues et ne favorisent pas une harmonisation de l’organisation des différents ministères. Ensuite, les attributions sont définies de manière verticale sans tenir compte de la nature multisectorielle de la plupart des politiques publiques. Enfin, les cadres organiques ne tiennent pas compte de la gestion rationnelle des effectifs et des dépenses de personnel. A ces dysfonctionnements s’ajoute un cadre institutionnel inapproprié caractérisé par une insuffisance des crédits budgétaires destinés au financement des charges récurrentes, et par les défaillances des services chargés de la gestion patrimoine. Ce qui contribue à la dégradation rapide des biens appartenant à l’Etat. 2.1.17 Les problèmes liés à la gestion du personnel portent en premier lieu sur les capacités de gestion prévisionnelle des ressources humaines. La méconnaissance des techniques de planification est à l’origine des effectifs pléthoriques observés dans certains départements ministériels et l’inadéquation entre les profils et les postes. Au bout d’une décennie d’ajustement, la maîtrise de la masse salariale demeure encore une préoccupation à Djibouti 10 avec une masse salariale comptant pour 45,6% des recettes (dons compris) au cours de la période 2000-2004. Le mécanisme d’avancement qui accordait à tous les agents un avancement tous les deux ans s’avérait être coûteux, eu égard à l’évolution des recettes. L’augmentation de la masse salariale entraînée par ces avancements n’avait pas de contrepartie en terme de productivité et de performance. Cette pratique semblait ainsi ne pas être soutenable ; ce qui a conduit à son abandon et à envisager un système d’avancement au mérite. La politique salariale demeure régie par une multitude de texte générant ainsi une prolifération des primes et indemnités et rendant difficile la maîtrise des dépenses de salaires. 2.1.18 Dans le domaine du développement des ressources humaines, l’absence de préoccupation pour la formation continue et l’insuffisance des centres de formation ont contribué à maintenir l’efficacité et l’efficience des services à des niveaux relativement bas. La préparation en 2004 d’un Schéma Directeur de la Formation Permanente (SDFP) élaboré avec l’appui de l’OFPA répond à ce souci et accorde une place importante à l’Institut National d’Administration Publique (INAP) dans le dispositif de renforcement des capacités au sein de l’administration publique. Par son caractère intégrateur, le SDFP vise l’harmonisation de la politique nationale de formation, et l’optimisation des ressources financières et humaines en orientant les moyens de l’Etat vers les priorités que sont : (i) la prise de conscience de l’importance de la formation, (ii) la promotion du professionnalisme au sein de l’administration, (iii) l’équité et la diversité avec un accent particulier sur la promotion de la femme ; (iv) l’amélioration de la qualité des services rendus aux usagers ; et (v) l’ouverture et l’adaptation à l’environnement international. 2.1.19 Gestion des finances publiques : Comme dans la plupart des pays francophones, le système budgétaire de Djibouti est basé sur le système français mais aussi sur les directives financières et comptables de l’Union monétaire économique ouest africaine (UEMOA) dont Djibouti n’est pas membre. Le cadre réglementaire régissant la gestion du budget s’articule autour de la Constitution, la loi organique relative aux lois de finances et les textes réglementaires particuliers traitant des divers aspects de la dépense. Les principes de base du système repose sur la séparation de l’ordonnateur et du comptable et sur le contrôle externe de type juridictionnel exercé par une Chambre des Comptes. Le système djiboutien n’a cependant que partiellement pris en compte le principe d’un contrôle a priori indépendant de la dépense. Une forme de contrôle a priori est exercée par l’autorité en charge du pouvoir d’engagement et d’ordonnancement, en l’occurrence la Direction des Finances du Ministère de l’Economie et des Finances ; ce qui ne permet pas encore de la qualifier d’indépendante. 2.1.20 Politiques en matière de recouvrement des recettes : Les réformes fiscales ont principalement visé la mise en place d’un cadre juridique favorable à la bonne gouvernance tout en appliquant des mesures garantissant un accroissement des recettes et une réduction de la pression fiscale. Elles étaient associées à une réorganisation des services en charge du recouvrement3 à des fins d’efficacité, d’harmonisation de la législation fiscale et afin d’améliorer la qualité des services aux contribuables. Le suivi des contribuables a été amélioré avec la création de deux services chargés respectivement du suivi des Grandes Entreprises et des PMEs. Le recouvrement a été transféré du Trésor Public à la Direction des Recettes et des Domaines (DRD) dans le souci de garantir une meilleure synergie entre les services émetteurs des recettes et les services en charge du recouvrement. Au titre des impôts directs, la fiscalité sur le revenu a été unifiée et le taux d’imposition réduit de 25% à 20%. L’imposition du bénéfice professionnel variait selon la nature de l’activité économique 3 Les services en charge du recouvrement fiscal ont été regroupés et mis sous une même tutelle, en l’occurrence la Direction des Recettes et des Domaines (DRD). Il s ont désormais constitué de : (i) la SousDirection des Recettes Directes, (ii) la Sous-Direction des Recettes Indirectes, (iii) la Sous-Direction des Domaines et de la Conservation Foncière et, (iv) à la Sous-Direction du Recouvrement 11 rendant complexe la détermination des recettes tant pour les contribuables que pour l’administration fiscale. C’est ainsi que les différents prélèvements ont été unifiés en une taxe unique. Depuis janvier 2005, la structure tarifaire de l’impôt foncier a subi une modification avec la réduction du nombre de taux de quatre à trois couplée d’un allégement des taux d’imposition. En matière de recettes indirectes, les principales réformes ont porté sur la fiscalité indirecte notamment sur la taxe intérieure sur la consommation (TIC) et ont consisté en : (i) une modification de la structure tarifaire de sept à trois taux d’imposition, (ii) l’élimination des exonérations en les limitant aux activités prévues dans le code des investissements, aux organisations humanitaires, et aux forces de sécurité nationales et étrangères, et (iii) l’extension de la taxe à tous les biens produits localement. Dans l’ensemble, ces réformes se sont traduites par un accroissement des recettes(hors dons) de 24,4% du PIB en 2000 à 28,0% en 2004. ENCADRE 2 : PRINCIPALES REFORMES FISCALES ET BUDGETAIRES AU COURS DE LA PERIODE 2000-2004 Cadre réglementaire et institutionnel Refonte du cadre juridique des finances publiques avec l’adoption de la loi relative aux lois de finances et d’une nouvelle nomenclature budgétaire basée sur une classification fonctionnelle et économique, Adoption du décret portant règlement général de la comptabilité publique et la mise en place d’une nouvelle nomenclature des pièces justificatives de la dépense Adoption d'une nouvelle loi organique sur les finances publiques Réorganisation des services en charge du recouvrement des recettes Mise en place, d'une Direction de Budget, chargée de la préparation, du suivi et de la gestion des autorisations de dépense Politiques fiscales Réforme de la Taxe Intérieure sur la Consommation (TIC) Mise en place d’un prélèvement unique sur les salires (ITS) Unification de l’impôt sur le bénéfice professionnel Réduction du nombre de taux d’imposition de la patente de quatre à trois, et allégement du taux d’imposition Gestion des dépenses publiques Mise en place depuis avril 2001 d’un plan de trésorerie comme instrument de régulation et de suivi des engagements de l’Etat Centralisation des compétences en matière d’exécution au niveau de la Direction des Finances 12 Tableau 2.1 : Structure des recettes (en % du PIB) 2000 2001 2002 2003 2004 Est. 21.5 20.5 21.1 22.7 23.1 8.9 9.1 9.3 9.3 9.1 4.3 1.5 4.2 1.4 4.4 1.9 5.0 1.5 4.8 2.1 12.5 11.4 11.7 13.5 14.0 7.4 4.0 0.0 6.4 3.6 0.0 6.9 3.8 1.1 6.7 3.5 2.1 … … 1.9 2. RECETTES NON-FISCALES Dont loyer de la base militaire américaine 2.9 2.8 2.4 5.4 3.0 4.9 2.3 3. DONS Dont Appuis budgétaires Aide-projet 6.6 5.0 5.9 6.1 8.2 1.0 5.6 0.9 4.1 1.0 4.9 1.2 4.9 0.9 7.3 24.4 31.0 23.3 28.2 23.5 29.4 28.1 34.2 28.0 36.2 1. RECETTES FISCALES Impôts directs Dont Impôts sur le revenu Impôts sur le bénéfice profesionnel Impôts indirects Dont TIC Droits d'accises Accords militaires avec la France RECETTES HORS DONS RECETTES TOTALES Source: MEFPP, Bilan 1994-2004: de l'ajustement au développement; FMI; et estimations BAD 2.1.21 Préparation budgétaire : La préparation du budget est du ressort du Ministère de l’Economie, des Finances et du Plan chargé de la Privatisation (MEFPP) comme le stipule l’article 38 de la loi organique du 29 octobre 2000 relative aux finances publiques. Cependant les décisions finales sont prises au niveau du Conseil des Ministres, présidé par le Président de la République, qui décide des derniers arbitrages. Le processus de préparation du budget s’effectue en deux phases : (i) une première phase visant à assurer une cohérence entre le cadre macroéconomique et financier et le projet de budget en recettes et en dépenses ; et (ii) une seconde phase portant sur les négociations budgétaires et les premiers arbitrages sur les enveloppes budgétaires des différents départements ministériels. 2.1.22 La première phase (de janvier à juillet) fait intervenir essentiellement des services du MEFPP en l’occurrence la Direction de l’Économie, la Direction de la Statistique et des Études Démographiques (DISED), la Direction des Recettes et la Direction du Budget (DB) et consiste à prévoir les grandes masses de recettes et de dépenses. Les prévisions de recettes souvent optimistes ne sont pas rapprochées avec les résultats issus des modèles macroéconomiques. Ce qui constitue la source des premières faiblesses du dispositif de préparation du budget. Les plafonds de dépenses effectués par la DB sont consolidés dans une Lettre de Cadrage adressée aux ministères techniques en vue de la formulation de leurs propositions budgétaires. La seconde phase (de juillet à novembre) du processus de préparation du budget est sous la responsabilité de la Direction du Budget consiste à assurer la conformité des propositions budgétaires des différents ministères dépensiers aux équilibres budgétaires qui se sont dégagés au cours de la première phase. Les propositions budgétaires font l’objet de négociations bilatérales entre le MEFPP et chacun des ministères. En pratique, les contraintes d’équilibre laissent peu de place à la négociation et ne permettent pas de prendre suffisamment en considération les besoins des ministères dépensiers. 2.1.23 Afin d’orienter les dépenses publiques vers les principales priorités des politiques publiques, une nouvelle nomenclature, adoptée début 2002, établit une distinction entre la 13 nature, la destination, et le service de la dépense conformément aux dispositions de la loi organique. Cette nomenclature constitue un outil adéquat pour une gestion budgétaire moderne, ouverte notamment aux perspectives de mise en place de budgets de programme ou de budgets orientés vers des objectifs en termes de résultats. Elle est, de plus, homogène avec la nomenclature comptable, ce qui simplifie les traitements comptables en aval de la dépense. Enfin, elle va dans le sens des recommandations des normes de finance publiques établies par le FMI. Cependant, l’absence d’un Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT) comme instrument de mise en cohérence des choix de politique publique, des moyens alloués, et des objectifs à atteindre, constitue un handicap majeur pour une gestion efficace des dépenses publiques. La lutte contre la pauvreté repose sur une bonne articulation entre le budget et les programmes de lutte contre la pauvreté. Ce que n’offre pas pour l’instant le budget de moyens que prépare le Gouvernement. 2.1.24 Exécution budgétaire : Une caractéristique principale du système budgétaire djiboutien repose sur la centralisation du pouvoir relatif à l’engagement et à l’ordonnancement des dépenses au sein de la seule Direction des Finances du Ministère de l’Économie et des Finances. Les ministères dépensiers n’ont donc pas la qualité d’ordonnateur (délégué) comme dans les systèmes classiques francophones et se limitent à initier les dépenses au moyen de propositions d’engagements. En amont du paiement, le service central unique des ordonnancements du Ministère de l’Economie et des Finances tient une comptabilité administrative des engagements et des ordonnancements transmis aux services comptables du trésor Public pour mise en paiement. Pour plus de transparence, la nomenclature des pièces justificatives devant être jointe à l’émission des mandats de paiement par l’ordonnateur a été codifiée par un texte réglementaire adoptée en 2002. La comptabilité administrative est tenue sur la base d’une application informatique simple, élaborée en interne. De plus, l’application ne dispose pas de système de blocage automatique des engagements en dépassement des crédits ouverts ou des crédits autorisés dans le cadre de la régulation des engagements du plan de trésorerie et fait reposer le signalement des ces dépassements sur la vigilance des agents. 2.1.25 L’exécution budgétaire est marquée par un certain nombre d’insuffisances liées au fait que les principes d’engagement des dépenses ne sont pas toujours respectés. Il se trouve que certaines dépenses sont ordonnancées et payées avant la certification du service fait selon un usage local qui conduit les fournisseurs à refuser de livrer avant le paiement effectif. Cette pratique s’expliquait par les arriérés de paiement que l’Etat accumulait vis-à-vis des fournisseurs mais elle est cependant en diminution avec l’amélioration de la trésorerie de l’Etat. D’autres types de dépenses échappent couramment au principe de base du circuit de la dépense. Il s’agit en premier des dépenses payées par le Trésor Public sans ordonnancement préalable qui ne sont pas irrégulières en soi, mais qui doivent être limitées à un certain nombre de dépenses comme les dépenses de personnel, les dépenses de la dette, les dépenses de matériel des ambassades par exemple. Or, la pratique de ce type de dépense a été parfois dévoyée de son but initial et a servi à couvrir des dépenses à caractère politique ou des dépenses qui ont été volontairement soustraites au régime classique de la dépense. De plus, la régularisation de ces dépenses se faisait mal ou avec retard, mais il semble qu’elles soient désormais correctement effectuées. 2.1.26 Les dépenses effectuées à partir des régies d’avance diminuent également la transparence de la gestion des crédits budgétaires au vu du fait qu’elles sont justifiées ex-post au moment du réapprovisionnement des régies. Ensuite, viennent les dépenses relatives aux projets financés sur les ressources extérieurs. L’anomalie provient du fait que les crédits correspondant à la participation des bailleurs sont inscrits au budget national mais que les dépenses correspondantes ne s’y retrouvaient pas jusqu’à présent (ou ne s’y retrouvent que 14 partiellement). Cette situation conduisait à une minoration systématique de la dépense en exécution et introduisait donc un biais dans la loi de règlement. 2.1.27 Exécution comptable : Conformément à la tradition francophone, l’ordonnateur et le comptable sont strictement indépendants grâce à un statut juridique du comptable qui prévoit sa responsabilité pécuniaire et le protège contre toute ingérence de l’ordonnateur. La chaîne de traitement par les services comptables suit un processus en trois étapes qui ne supprime pas totalement le risque d’erreur matérielle, ni le risque de perte d’informations au vu des traitements manuels effectués. La première étape du traitement comptable de la dépense porte sur la réception des mandats de paiements. La deuxième étape consiste à prendre en considération le montant et l’imputation de la dépense en vérifiant la disponibilité des crédits au niveau du titre et du ministère et en procédant au contrôle des pièces justificatives. La troisième étape porte sur le paiement proprement à travers un logiciel dénommé WMONEY. 2.1.28 Globalement, les circuits de traitement comptable de la dépense sont clairs et bien répertoriés. Des améliorations peuvent y être apportées en modernisant la comptabilité auxiliaire des ordonnancements tenus par le Trésor Public en amont de la liquidation comptable. Ce qui permettrait une meilleure intégration du traitement automatisé de la chaîne de la dépense entre l’ordonnateur et le comptable tout en assurant les bases d’une déconcentration partielle du pouvoir de l’ordonnateur unique délégué vers les ministères dépensiers. Une seconde amélioration du traitement comptable de la dépense consisterait à réaliser l’interface entre la comptabilité auxiliaire des ordonnancements et la comptabilité générale. Il en résulterait donc une amélioration de la fiabilité, in fine, de la production de documents comptables comme la balance du trésor et la fiabilisation de loi de règlement. Ces projets de modernisation devraient faire l’objet d’études au sein du Ministère des Finances, en nourrissant la réflexion des expériences acquises dans d’autres pays francophones. 15 ENCADRÉ 3 : PLAN DE TRÉSORERIE ET RÉDUCTION DES ARRIÉRÉS INTÉRIEURS 1. L’exécution budgétaire est souvent caractérisée par des dérives importantes par rapport à la loi de finance initiale. Cette situation résulte de l’insuffisante qualité des prévisions budgétaires mais aussi de la faible prise en compte des besoins des ministères dépensiers lors des négociations budgétaires. Les modifications du profil initial de la loi de finance sont autorisées par la loi organique. Il y a en premier lieu des modifications d’ordre législatif devant faire l’objet d’une loi de finance rectificative modifiant le budget sans limitations formelles. Les possibilités de modifications de type réglementaire font l’objet suivant les cas d'un décret du Président de la République ou d’une décision du Ministre des Finances lorsqu’elles ont seulement pour conséquence de modifier le montant ou la répartition des crédits au niveau des paragraphes ou des lignes. 2. Ces dispositions n’ont cependant pas permis d’éviter des dérapages incontrôlés de la dépense et une accumulation d’arriérés de paiements intérieurs qui ont nécessité la mise en place en avril 2001 d’un plan de régulation des dépenses avec l’assistance du FMI qui régit toujours l’exécution budgétaire. Dans son principe, ce plan de régulation institue une centralisation de l’engagement et l’ordonnancement au niveau de la Direction des Finances du MEFPP et vise à éviter qu’une dépense ne puisse être engagées sans assurance sur la recette correspondante, de sorte que la situation d’accumulation d’arriérés comptables ne puisse plus se reproduire. Ce mécanisme, dit « Plan de trésorerie », vise en fait deux objectifs : (i) assurer la concordance globale entre le niveau des dépenses et le niveau des recettes effectives, afin de résoudre le problème issu de l’imprécision des évaluations de recettes -il s’agit là d’une régulation globale, de type budgétaire, et (ii) assurer, en trésorerie au mois le mois, la concordance des recettes avec les dépenses -il s’agit là plutôt d’ajustement et de gestion de trésorerie. Dans l’ensemble, les résultats de ce plan sont positifs mais contrastés : l’accumulation d’arriérés comptables (dépenses initiées mais non payées faute de cash) semble avoir été endiguée. Pour autant les facteurs de dérive potentielle de l’exécution semblent toujours présents (fiabilité des prévisions de recettes à améliorer, insuffisance de capacités de gestion dans de nombreux ministères pour piloter les dépenses, manque de discipline pour éviter les dépassements de crédits, carences dans le circuit de la dépense…). 3. Au total, la mise en place de ce plan de trésorerie a apporté une amélioration incontestable aux finances publiques djiboutiennes en mettant globalement un terme à la dérive de l’exécution qui était la principale cause d’un risque budgétaire pour la communauté des bailleurs. Suite à un audit réalisé en 2002 sur le stock des arriérés intérieurs, un plan d’apurement sur une période de 10 ans a été adopté. Ce plan a permis une réduction du stock des arriérés de 29 milliards de Francs Djibouti (ou 163 millions de dollars EU) en 2001 à 23 milliards (ou 130 millions de dollars EU) à fin 2004. Mais il apparaît que son application n’est pas régulière et que tout relâchement conduirait à une nouvelle dégradation de l’exécution budgétaire. 2.1.29 Gestion des entreprises publiques : Le secteur public marchand est composé de cinq entreprises publiques opérant dans les secteurs de services de base (eau, électricité, télécommunication, port et aéroport). Il constitue un poids économique important avec 38% des investissements publics en 2004. Ce secteur opérait dans un cadre institutionnel et juridique qui se caractérisait par : (i) une grande complexité au niveau organique (tutelle déléguée à un ministère technique; et une tutelle financière par le Ministère de l’Économie de des Finances) ; (ii) des textes législatifs et réglementaires ambigus; et (iii) une législation du travail contraignante limitant la flexibilité du travail. Dans la pratique, l'Etat interférait dans leur gestion courante et déséquilibrait ainsi leurs conditions d'exploitation. Par ailleurs et en raison de la crise financière qu’avait connu l’Etat, ce dernier accumulait des arriérés de paiements vis-à-vis des entreprises publiques ; utilisait leur trésorerie comme moyen de financement du budget; ou avait obligé certaines entreprises ayant une bonne trésorerie à en financer d'autres (participation au capital ou prêts à terme). Il en résultait de faibles performances techniques qui se reflétaient sur la qualité des services, et le coût des services publics (eau, électricité, et téléphone), une situation financière très dégradée des entreprises, et un endettement considérable. 16 2.1.30 Les problèmes de gestion et les difficultés croissantes à faire face aux besoins de financement de ces entreprises publics ont conduit l’État à lancer un important programme de reformes en direction de ce secteur de l’économie. Au début du programme de réforme des entreprises publiques, il a été constaté que le cadre juridique et institutionnel réglementant le secteur des établissements publics était inadapté. C’est pour cette raison qu’une importante réforme de ce cadre juridique a été engagé avec la mise en place de plusieurs textes réglementaires4. Ces textes avaient principalement pour objectifs de rapprocher la gestion de ces établissements publics d’une gestion de type privée par : (i) la séparation des fonctions politiques et la gestion de ces entreprises en écartant les ministères du conseil d’administration des établissements publics ; (ii) le renforcement du rôle du conseil d’administration ; (iii) le renforcement de la responsabilisation des directeurs. 2.1.31 Dans le cadre de la Loi N° 130/AN/97/3ème L portant sur les conditions et modalités de privatisation de participation, d’entreprises, de biens ou d’activités relevant du secteur public du 15 février 1997, le Gouvernement a procédé à plusieurs opérations de désengagement de certaines entreprises publiques. Au titre de cette loi, cinq entreprises publiques5 ont été liquidées, et deux autres ont été privatisées6. La gestion du Port et de l’Aéroport a été concédée à Dubaï Port International (DPI) respectivement en 2000 et 2002 pour une durée de vingt ans. Concernant les télécommunications, une loi-cadre portant sur la réforme du secteur des technologies de l’information et de la Communication a été adoptée à des fins d’harmonisation avec les pays du COMESA et dans le souci de répondre aux préoccupations des investisseurs étrangers intéressés par ce secteur. Cette loi prévoyait la fin de l’exclusivité de Djibouti Télécom en janvier 2005 et la création d’une Agence de Régulation des Télécommunications chargé de l’arbitrage entre les opérateurs et leurs clients. Depuis l’adoption de cette loi, la gestion de Djibouti Télécom a été confiée au secteur privé pour la période allant de novembre 2003 et décembre 2005 afin de la préparer à une privatisation. Les privatisations de l’Électricité De Djibouti (EDD) et de l’Office Nationale des Eaux de Djibouti restent assujettis à : (i) l’établissement des comptes fiables ; (ii) une évaluation patrimoniale devant inventorier les immobilisations de ces entreprises, et (iii) des audits organisationnels visant à évaluer l’organisation effective de ces entreprises et les compétences du personnel de même que les moyens qui leur sont affectés en l’occurrence les traitements salariaux et les outils de gestion de la paie. Ces préalables sont restés en suspens faute de financements et d’assistance technique. 2.2 Transparence 2.2.1 Accès du public à l’information relative aux politiques publiques : La diffusion d’information a été intensifiée afin de tenir les différentes parties prenantes au courant du programme de réformes du Gouvernement et les résultats obtenus. Dans ce contexte, le Ministère des Finances s’est doté d’un certain nombre d’instruments comme le Bulletin d’Information Economique, d’un annuaire statistique; et la plupart des institutions publiques disposent d’un site Web. Le Bulletin d’information économique portant sur le suivi de l’évolution de la conjoncture économique est régulièrement publié à l’intention des opérateurs économiques, des utilisateurs publics et privés et des partenaires au 4 La loi N° 2/AN/98 4ème L du 21 janvier 1998 portant sur la définition et la gestion des établissements publics et son décret d’application N° 99-0077/PRE/MEFN du 08 juin 1999. La loi N° 12/AN/98 4ème L du 11 mars 1998 portant réforme des sociétés d’Etat des sociétés d’économie mixte et des établissements publics à caractère industriel et commercial, et son décret d’application N° 990077/PRE/MEFN du 08 juin 1999. 5 Référence faite à la Laiterie de Djibouti, la Société des Aliments du Bétail, la Société d’Exploitation des Eaux de Tadjourah, l’Office National d’approvisionnement et de Commercialisation, et la Société des Télécommunications Internationales de Djibouti (STID). 6 L’Etat a privatisé l’hôtel Sheraton (1997) et la Pharmacie de l’Indépendance (1999). 17 développement. Il s’articule autour de l’évolution du secteur réel et de l’évolution des finances publiques Aussi, le Gouvernement de Djibouti adhéré à au Système Général de Diffusion des Données du FMI afin de disposer d’un système statistique complet, cohérent, et répondant aux normes internationales. La nécessité de renforcer l’appareil statistique a conduit à la création d’une Direction de la Statistique et des Etudes Démographiques (DISED) suite à la fusion de l’ancienne Direction de la Statistique et du Bureau Central du Recensement. Djibouti participe également au Programme de Comparaison Internationale pilotée par la BAD qui vise à répondre à la demande croissante de données faibles et cohérentes pour appuyer la réalisation des Objectifs de développement du millénaire. 2.2.2 Pluralisme politique : La Constitution du 4 septembre 1992 reconnaît le pluralisme politique. Ce pluralisme est venu en deux étapes : (i) le 4 septembre 1992, après l’adoption de la Constitution, il était autorisé seulement quatre partis politiques pendant une période de dix ans ; (ii) à partir du 3 septembre 2002, le multipartisme est devenu intégral. Il existe aujourd’hui deux coalitions de partis politqiues en l’occurrence l’Union pour la Majorité Présidentielle (UMP)7 et l’Union pour l’Alliance Démocratique (UAD)8 composées de quatre partis chacune. La création d’un parti politique à Djibouti est conditionnée au versement d’une caution de 2 millions de FD auprès du Trésor Public. 2.2.3 Seuls les partis composant l’UMP (majorité présidentielle) sont représentés à l’Assemblée Nationale. L’absence de l’opposition s’explique par le système électoral de liste majoritaire à un tour (voir 2.1.3). Les partis politiques de l’opposition, vivent dans une situation financière précaire et ne bénéficient pas d’un financement public. Un tel financement public est lié à la représentation à l’Assemblée et au nombre de députés. La répartition actuelle de ce financement (estimé à 20 millions de DJF) revient aux partis membres de l’UMP au vu du fait qu’ils ont les seuls à siéger à l’Assemblée Nationale. Les capacités humaines et financières des partis politiques et les pratiques politiques tendant à marginaliser les leaders de l’opposition ne permettent pas au pays de tirer suffisamment profit du multipartisme politique. La forte politisation de l’Administration publique exclut les dirigeants et les militants connus de l’opposition de tout poste de haute responsabilité. Le multipartisme est reconnu mais son effet sur la promotion de la transparence est très limité. 2.2.4 Libertés des médias : L’espace audiovisuel de la République de Djibouti n’est pas libéralisé et l’Etat a un monopole sur les ondes. Toutes les radios et la télévision qui émettent sur le territoire sont des organes d’Etat. Il n’existe pas de quotidien. Seul le journal gouvernemental «La Nation» présente un profil de presse écrite et arrive à faire trois publications par semaine. La presse privée est constituée essentiellement de journaux appartenant à des partis politiques parmi lesquels on peut citer : «Le progrès » appartenant au RPP, le « Renouveau djiboutien » qui est un hebdomadaire du Mouvement pour le Renouveau Démocratique et le Développement (MRD), « Réalité » qui est une publication hebdomadaire de l’ARD. Les journaux de l’opposition ne reçoivent pas de financement public et sont préparés dans des conditions financières difficiles. Le coût du journal est assez élevé (150 DJF) et l’analphabétisme élevé de la population explique également le faible impact des écrits de la presse au sein de l’opinion publique. Les journaux relevant du Ministère de la Communication relayent les points de vue du Gouvernement. Il est noté au niveau de la presse l’insuffisance des ressources humaines, les faibles capacités financières, 7 L’UMP comprend le Rassemblement Populaire pour le Progrès (RPP), le Front pour la Restauration de l’Unité et de la Démocratie (FRUD), le Parti Social et Démocratique (PSD), et le Parti National Démocratique (PND) 8 L’UAD est constituée de l’Alliance Républicaine pour le Développement (ARD), le Parti Djiboutien pour le Développement (PDD), le Mouvement pour le Renouveau Démocratique et le Développement (MRD), et l’Union pour la Démocratie et la Justice (UDJ). 18 le manque de professionnalisme et le manque de respect de la déontologie. La répression contre les journalistes évoluant dans la sphère privée est dénoncée par les partis politiques, la Ligue Djiboutienne des Droits de l’Homme et les organisations internationales défendant les droits de l’homme. On remarque malgré tout, la détermination de ces journalistes dans la défense de la bonne gouvernance à Djibouti. 2.2.5 Il n’existe pas de Haute Autorité de l’Audiovisuel comme organe de régulation du secteur. Il n’existe pas non plus d’associations de journalistes du fait que le nombre de journaux publiées et leur périodicité ne nécessitent pas pour le moment un certain degré de structuration. L’absence d’une Haute Autorité de l’Audiovisuelle, d’un code formel d’éthique et de déontologie et d’une presse indépendante constitue une contrainte importante pour la promotion et l’obligation de rendre compte au plan politique. L’impunité est fréquente rapportée par la presse dans les cercles du pouvoir et des autorités en particulier au niveau de l’administration et de la sécurité. 2.2.6 Système de passation des marchés publics : La passation de marché est régie par un certain nombre de règles basées sur les principes d’économie, d’impartialité, de transparence et d’efficience. L’évaluation du système de passation des marchés publics dans ce présent rapport porte à la fois sur la réglementation et le cadre institutionnel mais aussi sur les pratiques couramment observées en se basant sur ces principes qui devraient organiser les commandes publiques. Les partenaires au développement et le budget national sont les principales sources de financement des marchés publics à Djibouti qui représentent près de 25% des dépenses publiques, soit un montant estimé en 2004 à 10,3 milliards de DJF ou 58 millions de dollars EU. Cette faiblesse du volume des marchés publics s’explique par le fait que les marchés publics portent essentiellement sur les dépenses de fonctionnement de l’Etat et d’investissement public dont l’ampleur à Djibouti est limitée par la prépondérance des dépenses de salaires dans le budget de l’Etat. 2.2.7 Cadre juridique et réglementaire : La loi N°75/AN/95 du 14 février 1995 relative au code des marchés publics et l’arrêté N°95-00228 du 23 février 1995 portant sur les clauses applicables aux marchés des travaux, et aux marchés des fournitures courantes et de services instaurent le cadre juridique et réglementaire pour l’organisation de la commande publique. Globalement, ces textes offrent un cadre relativement satisfaisant. En effet, le champ d’application des marchés publics est clairement défini comme étant les contrats passés par l’Etat, les entreprises publiques ou toute autre entreprise où le capital est majoritairement détenu par l’Etat. Le choix des procédures de passation implique la nécessité d’évaluer le montant du marché pour connaître les modalités de mise en concurrence. Le code des marches prévoit trois modalités de passation des marchés : (i) les commandes peuvent être librement passées à une même entreprise dans la limite de 5 millions de DJF (ou 28 137 dollars EU) au cours d’une même année civile ; (ii) un appel d’offre ouvert ou restreint est lancé respectivement pour les travaux et les fournitures ou prestations de services pour des marchés supérieurs au seuil de 5 millions de DJF ; (iii) au delà de 15 millions de DJF, l’appel d’offre est précédé d’un appel public à candidature. Le cadre réglementaire nécessite cependant d’être modernisé en adoptant des pratiques suivies par les partenaires au développement qui financent majoritairement les investissements publics. Une plus grande précision doit également être apportée aux textes afin d’éviter des interprétations divergentes qui rendraient complexes les contrôles de régularité sur les marchés publics. 19 ENCADRÉ 4: PRINCIPAUX RISQUES DE LA PASSATION DES MARCHES PUBLICS SUR LES FINANCEMENTS DU FAD Les risques associés à la passation des marchés pouvant avoir une incidence négative sur les financements du FAD résultent essentiellement des insuffisances des cadres réglementaire et institutionnel. (i) Selon ces règles de la Banque, les entreprises publiques sont admises à participer aux marchés publics que si : (i) elles jouissent d’une autonomie juridique et financière, et (ii) elles sont gérées selon les règles du droit commercial. Or ils trouve qu’à Djibouti, l’accès à la commande publique à des établissements publics au même titre que les entreprises du secteur privé est autorisé par le code des marchés public djiboutien, ce qui est contraire aux les procédures d’acquisition des biens et travaux de la BAD. (ii) Les conditions exigées des entreprises pour participer à un marché risquent de restreindre l’appel à la concurrence dans l’adjudication des marchés publics. En effet, le code des marchés publics énumère les critères pour participer à une consultation, en particulier la régularité visà-vis du fisc, les renseignements relatifs aux conditions d’exploitation de l’entreprise et à ses moyens techniques. La référence à des conditions pouvant être prévues dans des textes spéciaux9, sans aucune précision sur la nature et le contenu de ces textes, laisse la voie à des pratiques pouvant restreindre la participation des entreprises. (iii) Le seuil en dessous duquel les marchés peuvent être passés librement (5 millions de DJF ou 28,137 dollars EU) semble être élevé et risque de favoriser la passation des marchés sans une mise en concurrence. Ce seuil devrait être revu à la baisse afin de rationaliser les marchés passés sans un appel à la concurrence. (iv) La pratique des marchés « négociés10 » devrait être limitée aux cas prévus dans le code des marchés publics, en l’occurrence lorsque : (i) les marchés portent des activités de recherche et d’expérimentation, (ii) l’offre s’est avérée infructueuse, ou (iii) les travaux ou services font l’objet d’une urgence impérieuse. (v) Le mécanisme interne d’approbation des marchés implique jusqu’à une dizaine d’acteurs, et constitue un facteur de ralentissement du processus de passation des marchés. (vi) La modification de la qualité, de la quantité, et du prix des prestations initiales sont de sérieuses distorsions à la concurrence. Le régime des avenants devrait être codifié pour limiter de telles pratiques. Les limites sont prévues pour les marchés des travaux, mais en revanche, les avenants sur les marchés de services et de fournitures ne sont pas réglementées. 2.2.8 Procédures et pratiques : Les principales faiblesses notées sur les procédures et pratiques de passation des marchés lors de la Revue analytique sur la passation des marchés (CPAR)11 portent en premier lieu sur la détermination de l’objet des marchés et des prestations attendues. Plusieurs administrations ne disposent pas de manuels de procédures ou de dossier d’appel d’offre type permettant d’organiser l’appel public à la concurrence. Cette situation est à l’origine des indications peu précises sur les conditions exigées des entreprises et occasionne ainsi le rejet fréquent des offres soumises à la CNM. Au niveau de l’exécution des marchés, les délais contractuels liés à l’exécution des marchés ne sont pas respectés, et le suivi de l’exécution du marché ne s’effectue pas sur une base régulière. Il s’avère que les dysfonctionnements notés dans l’attribution des marchés sont dus souvent à une insuffisante sensibilisation au Code des marchés des acteurs intervenant dans le processus de passation des marchés. La crédibilité des marchés publics est ternie par des 9 Article 13, alinéa 13.1.1 du code des marchés publics. Un marché est dit négocié lorsque l’administration contractante attribue librement un marché après l’avis de la Commission Nationale des Marchés. 11 Banque mondiale, février 2004 10 20 retards importants dans le paiement par le Trésor Public des entreprises publiques. Cette situation s’expliquait par le passé par les tensions de trésorerie des pouvoirs publics. Malgré l’amélioration de la situation financière de l’Etat, ces retards continuent d’être observés dans le paiement du solde des marchés et dans la mobilisation des fonds de contrepartie. Les motifs de rejets ne sont pas communiqués aux entreprises, et l’avis préalable de la Commission Nationale des Marchés (CNM) est requis pour initier les procédures d’arbitrage. Cette dernière disposition devrait être supprimée afin de garantir l’impartialité des recours, et éviter à ce que la CNM soit juge et partie dans un litige. Les lenteurs dans les décisions de justice et l’absence de mécanisme de résolution des litiges sont également des facteurs qui continuent à exacerber le manque d’équité perçu par le secteur privé dans l’attribution des marchés. Un mécanisme de recours non juridictionnel présentant toutes les garanties d’indépendance et d’impartialité devrait être mise en place afin de garantir la transparence de l’adjudication des marchés. 2.2.9 Cadre institutionnel des marchés publics et le secteur privé : Le cadre institutionnel régissant le fonctionnement des marchés publics est organisé autour de la CNM qui veille à une bonne application du Code des marchés publics. L’institution de la CNM répond au souci des pouvoirs publics d’instaurer un maximum de transparence dans la gestion des marchés publics, qu’ils soient financés sur des ressources intérieures ou extérieures. La Commission des marchés a principalement pour mission d’assister les services publics en matière de réglementation de la commande publique, et d’autres part, l’exercice d’un contrôle sur l’adjudication et l’exécution des marchés publics. Dans sa mission d’assistance et de conseil, la principale difficulté à laquelle la CNM fait face est l’hétérogénéité des connaissances sur les règles de la commande publique du fait de l’absence de documents type dans pour la préparation des dossiers d’appel d’offre. Son fonctionnement est entravé par le fait que toutes les administrations n’y sont pas toutes représentées : seuls six de la vingtaine de ministères que compte Djibouti y siègent et; ses membres ne sont pas permanents et ne sont pas rémunérés; leur participation aux séances d’analyse des projets et adjudications de marchés est irrégulière; et les moyens matériels mis à disposition ne lui permettent pas d’assurer pleinement sa mission. Le dispositif institutionnel des marchés publics tels que prévus par le Code prévoie la création au sein de chaque ministère d’un service représentant l’administration contractante chargé de l’élaboration du rapport de présentation du marché. Mis à part les Ministères de l’Équipement et de l’Habitat, la plupart des administrations sont dépourvues de moyens humains et matériels adaptés à la mise en place d’un tel service. Ce rapport est transmis à la CNM puis à une Commission ad hoc d’évaluation dont la composition varie selon la nature du marché. Au vu des contraintes dans l’administration publique pour l’élaboration des rapports de présentation des marchés, le recours à la maîtrise d’ouvrage délégué comme l’Agence Djiboutienne d’Exécution des Travaux Intérêt Public (ADETIP12)constitue sur le court terme une solution aux contraintes institutionnelles du secteur public, et améliorer l’efficacité dans l’attribution des marchés publics. 12 L’ADETIP est une structure de droit privé régie par la loi 1901 sur les associations. Sa principale mission est de gérer et de faire exécuter les projets comprenant des travaux, des fournitures d’utilité publique, et des services de consultants pour le compte d’organismes publics et privés. En plus de ses procédures simples, efficaces et contrôlables, l’ADETIP par le jeu de la concurrence permet d’introduire les principes d’économies, d’impartialité, de transparence et d’efficacité dans l’adjudication des marchés publics. Elle contribue également au développement du secteur privé national, notamment les bureaux d’études et des PMEs. Les statuts de l'ADETIP prévoient une autonomie dans son fonctionnement et une obligation de se soumettre au contrôle de l'Etat et de ses autres partenaires. Les relations de l’Agence avec avec l’Etat, les Collectivités locales et le secteur privé (les Maîtres de l’ouvrage) sont régies par des Conventions. Un audit effectué en 2002 a recommandé la diminution de la sélection des candidats par entente directe, le recours à des appels d’offre ouverts mais réservés aux entreprises justifiant d’un certain chiffre d’affaire. La capacité de supervision des travaux devrait également être renforcée. 21 2.2.10 Dans l’accès aux marchés publics, les entreprises djiboutiennes sont handicapées en premier lieu par leur manque de compétitivité résultant du coût élevé des facteurs de production. Qu’il s’agit des salaires et des cotisations sociales; des matériaux de construction ; et des services publics de base (eau, électricité, et de communication), Djibouti se trouve dans une position défavorable en terme de compétitivité-prix par rapport à des pays comme l’Éthiopie et Yémen. Le secteur privé est également caractérisé par son manque d’organisation. En particulier la catégorie des PME et artisans constitue une nébuleuse de professions qui ne permet pas d’avoir une vision sur leur capacité à exécuter des marchés L’absence d’agrément fait que les entreprises peuvent s’improviser, soumettre des offres et remporter des marchés. Le projet de Création d’un Centre de Gestion Agrée (CGA) à la Chambre de Commerce de Djibouti devrait contribuer, tout en apportant une assistance technique aux entreprises dans la tenue de leur compte de gestion et dans la satisfaction de leurs obligations légales en matière de déclaration fiscale, à une meilleure organisation de la profession d’entrepreneur. Cette organisation du secteur privé devrait permettre à la CNM d’avoir une meilleure connaissance sur les entreprises soumissionnaires afin d’éviter des problèmes tels que la mauvaise qualité des travaux ou les retards dans la livraison. 2.2.11 Audit et contrôle des marchés publics : Le contrôle des marchés publics s’exerce à quatre entités que sont la Commission Nationale des Marchés (CNM), l’Inspection Générale des Finances (IGF), l’Inspection Générale d’Etat (IGE), et la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire (CCDB). Le contrôle de régularité des marchés est essentiellement exercé par la CNM. La CNM veille à la régularité des règles dépouillement et des critères d’évaluation des offres et s’assure de l’adjudication des marchés publics conformément au code des marchés publics. La CCDB, en auditant l’exécution des lois de finances fait une large part aux irrégularités sur la passation des marchés publics. Ces audits ont été présentés dans un rapport rendu public en novembre 2004. Globalement, ces irrégularités portent sur le recours massif au fractionnement des marchés afin de se soustraire à la mise en concurrence. Les autres anomalies portent sur des marchés qui n’ont pas l’objet de contrat et de cahier de charges, et des paiements à des entreprises sans certification du service fait. La publication des avis d’appel semble également ne pas être systématisée. 2.2.12 Contrôle de la gestion des finances publiques : Les contrôles a priori et a posteriori ainsi que les contrôles externes sont admis par les standards internationaux comme étant des mécanismes essentiels de promotion de la transparence et d'application pratique de l'obligation de rendre compte dans la gestion des deniers publics. A Djibouti, le contrôle a priori est exercé par des structures dépendant du pouvoir exécutif. Ce qui est à l’origine de la suspicion sur l’indépendance du contrôle financier a priori exercé sur la dépense publique. Il en est de même du contrôle a posteriori effectué par l’Inspection Générale des Finances (IGF) et l’Inspection Générale d’Etat (IGE). Il s’agit cependant d’un problème inhérent au système francophone de contrôle des finances publiques qui n’est pas spécifique à Djibouti. Le défi en matière d’obligation de rendre compte de l’utilisation des ressources financières de l’Etat est de s’assurer de l’indépendance des corps de contrôle de l’Etat (IGF et IGE) et de renforcer le contrôle externe exercé par la Chambre des Comptes et de l’Assemblée Nationale qui, de part la Constitution, sont indépendantes du pouvoir exécutif. Des mécanismes « croisés » de contrôle impliquant la société civile sont fortement souhaitables à la condition qu’elle ait la capacité de jouer ce rôle. 2.2.13 Le contrôle a priori : Le contrôle financier a priori de la dépense publique est centralisé au niveau de la Direction des Finances du Ministère de l’Économie et des Finances, elle-même ordonnateur de toutes les dépenses de l’Etat, ce qui ne permet pas de qualifier ce contrôle d’indépendant. Cette situation est assez atypique dans le cadre du 22 système de type francophone en vigueur à Djibouti, où un élément essentiel de transparence dans l’exécution budgétaire porte sur le contrôle de régularité des dépenses au premier stade de l’engagement. De surcroît, ce contrôle s’exerce sur la base de textes réglementaires (attributions, pièces justificatives) qui méritent d’être améliorés et l’absence d’un référentiel de prix ne facilite pas l’appréciation du contrôleur des cas éventuels de surfacturation. Enfin, la centralisation du contrôle interne a priori a une incidence négative sur les délais de paiement. 2.2.14 Le contrôle a posteriori de l’IGF: Jusqu’en 2001, le contrôle a posteriori était assuré uniquement par l’Inspection Générale des Finances (IGF). Les missions de l’IGF sont définies de façon très large et sont étendues, à l’ensemble des services de l’Etat qui mettent en jeu des deniers publics. Elles ne visent pas seulement le contrôle traditionnel dit « de caisse » mais s’intéresse aussi la politique de gestion globale des organismes manipulant des deniers publics. Elle a pour mission également de réaliser l’audit des politiques publiques, ce qui est une évolution très positive. Cependant, l’IGF ne remplit pas encore son rôle de façon satisfaisante du fait de son effectif trop restreint (5 agents dont le chef de service), du manque de précision de ses missions et de l’empirisme excessif de ses méthodes de travail. Les méthodes de contrôle de l’IGF confinent encore trop au secret, notamment du fait que les enquêtes ne sont pas contradictoires et que les rapports ne sont destinés qu’au Ministre des Finances et au Président de la République. Son activité n’est certes pas négligeable, mais ses résultats restent difficilement mesurables, faute de structures de suivi de son activité et d’évaluation de ses performances. 2.2.15 Le contrôle a posteriori de l’IGE : Le contrôle a posteriori a connu une évolution favorable depuis la création en 2001, de l’IGE rattachée au Cabinet du Premier Ministre. Elle a effectivement démarré ses activités d’inspection en 2004 avec des moyens humains (7 inspecteurs) et financiers plus importants grâce notamment aux appuis dont elle a pu bénéficier auprès de l’ACBF et du PNUD. Son fonctionnement semble devoir être marqué par plus de dynamisme. Néanmoins, elle risque d’entrer en concurrence directe avec l’IGF, mais aussi avec la Chambre des comptes, du fait notamment de son ancrage institutionnel, du champ très large de ses compétences et de la grande proximité de ses attributions avec celles des deux autres institutions de contrôle. Les rôles respectifs des institutions supérieures de contrôle devraient faire l’objet d’un minimum d’articulation. Conscient de cet état de fait, l’IGE s’efforce de se concentrer sur l’audit organisationnel et de gestion des administrations dans le souci d’un fonctionnement plus optimale et d’une meilleure utilisation des deniers publics. 2.2.16 Le contrôle externe de la Chambre des Comptes : La Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire (CCDB) a été créée par la loi N° 136/AN/97 de juillet 1997. La CCDB a pu renforcer son cadre juridique par la promulgation de la loi N°122/AN/2001 du 1ier avril 2001 modifiant et complétant la précédente loi. Sa principale mission est d’apprécier les conditions d’exécution des lois de finance et d’auditer les comptes de gestion des sociétés d’Etat ou tout autre organisme bénéficiant de la générosité du public. Son rattachement à la Cour Suprême n’est pas défavorable à son indépendance institutionnelle qui, du reste est garantie par la Constitution. L’indépendance de ces membres est garantie par leur statut de magistrat (recrutement sur concours, inamovibilité, et rémunérations attrayantes). Son indépendance financière repose sur l’existence d’une ligne budgétaire propre dans le budget de la Cour Suprême. La Chambre des Comptes a publié en 2004 son premier rapport sur l’audit de l’exécution des lois de finances de 1999 à 2002 et des comptes de gestion des entreprises publiques. Ce rapport est très détaillé car il passe en revue tous les ordonnancements de l’Etat et contrôle la régularité de tous les mandats. Selon les conclusions du CFAA, les méthodes de travail, les normes d’investigation et le champ 23 couvert par les contrôles juridictionnels de la CCDB semblent placer les travaux de cette institution à un très haut niveau de qualité. La Chambre étudie actuellement la possibilité d’introduire la notion de performance dans l’audit des comptes publics qui, au-delà du contrôle de régularité, devrait lui permettre en considération les principes d’économie, d’efficacité et d’efficience dans l’utilisation des derniers publics, et d’apprécier l’impact de l’action publique sur le développement et la réduction de la pauvreté. 2.2.17 Le contrôle externe de l’Assemblée Nationale : Le contrôle de l’Assemblée Nationale s’exerce essentiellement par trois voies principales: le vote de la loi de règlement, le rendu d’avis sur les projets de budgets des établissements publics avant leur approbation par le Gouvernement, et la constitution de commissions d’enquêtes sur un sujet particulier. Si globalement l'Assemblée nationale dispose des moyens légaux en matière de contrôle des finances publiques, il n’en va pas de même pour ce qui concerne ses capacités institutionnelles et humaines qui demeurent largement insuffisantes et qui gagneraient à être renforcées. Plus généralement, l’Assemblée Nationale n’a jusqu’ici pas exercé ses prérogatives en matière de saisine de la Chambre des Comptes pour les questions relatives à la gestion de dépenses publiques. La non utilisation par le législatif de cet important volet de la fonction de contrôle de l’Exécutif limite sérieusement la reddition des comptes au niveau des pouvoirs publics. La transparence des finances publiques au sein de la société civile s’en ressent. Il serait nécessaire pour accroître l’information du Parlement, de prévoir un débat sur l’exécution budgétaire, en dehors des sessions sur l’examen d’un projet de loi de finances rectificative. Il y a lieu cependant de noter le rôle actif joué par l’Assemblée nationale lors des discussions sur les projets de budgets d’établissements publics. L’Assemblée exerce un contrôle sur ces budgets et prévoie chaque année, dans son ordre du jour, une journée spéciale consacrée aux établissements publics. Son information semble bien fournie (transmission de comptes financiers, des rapports des commissaires aux comptes, des rapports du ministère des finances, …) et son influence sur le cours des décisions est réel La constitution de commissions d’enquête constitue un autre moyen de contrôle exercé par l’Assemblée. Cette possibilité est également peu utilisée par les parlementaires. Plus globalement, l’Assemblée nationale présente un important besoin de formation destiné à faire émerger les compétences techniques et le savoir-faire institutionnel nécessaires, principalement au sein de sa Commission des Finances. 2.3 Participation des parties prenantes 2.3.1 Le retour à la paix et la stratégie de prévention des conflits. Les frustrations nées de la marginalisation dont la minorité Afar s’estime victime, notamment dans la conduite des affaires politiques et économiques du pays, semblent avoir été la cause du conflit civil qui a duré depuis 1991 jusqu’en 1994. Dans l’accord de paix qui a été signé en mai 2001, le rééquilibrage ethnique dans la gestion des affaires publiques et la décentralisation territoriale occupe une place prépondérante. Dès la signature des accords de paix, le Gouvernement s'est attelé à: (i) réhabiliter les zones saccagées par la guerre avec l'appui de la communauté internationale ; (ii) l'adoption de la loi sur la décentralisation ; (iii) la réinsertion des cadres de la rébellion dans l'Administration et dans les forces armées et de sécurité et la nomination du leader militaire du FRUD comme ministre de la défense; et (iv) l'instauration du multipartisme. Quant à la stratégie actuelle pour prévenir la résurgence du conflit, elle s’articule autour de trois grands axes: (i) assurer aux Afars une sur représentation dans des institutions clés comme l’Assemblée Nationale, où ils occupent 28 sièges actuellement, contre 27 aux Issas, 2 aux Arabes, 8 aux Somalis ; (ii) l'ouverture politique relative, et la tolérance des critiques de l'opposition qui s’est engagée en retour à agir toujours dans le cadre légal et constitutionnel; et (iii) l'engagement des autorités de Djibouti dans la recherche des solutions aux problèmes dans les pays voisins (Somalie, Ethiopie, Erythrée), pour éviter 24 que ces problèmes ne génèrent des tensions dans le pays. Le gouvernement Djiboutien affirme avoir investi près de US$ 4 millions pour la résolution du conflit en Somalie. 2.3.2 Participation de la société civile : L’émergence de la société civile est récente et date du milieu des années 1990. Les conséquences des différents conflits armés à Djibouti et dans les pays voisins ont suscité un élan de solidarité internationale en faveur des victimes. C’est ainsi que plusieurs ONGs internationales sont intervenues sur le territoire. Plus tard, se sont créées des organisations nationales ayant pour but de s’occuper des problèmes de développement que rencontrent les populations. Les Organisations de la Société Civile (OSC) sont devenues au fil du temps des acteurs du développement relayant à la base les politiques et les actions du gouvernement pour l’amélioration des conditions de vie des populations. Le Gouvernement a intégré de plus en plus dans sa démarche vers les populations la dynamique des OSC après une période de méfiance réciproque. La société civile s’est positionnée comme un partenaire de l’Etat et des partenaires au développement en tant que creuset pour créer une synergie entre les décideurs publics et les citoyens pour une meilleure prise en compte des aspirations des populations. La loi d’orientation économique et sociale (2001-2010) reconnaît l’intérêt des OSC en insistant sur la mise en place des « conditions favorisant le renforcement institutionnel des mouvements associatifs et des organisations de la société civile et leur érection en véritables acteurs du développement » comme l’une des conditions « d’une modernisation de l’Etat ». 2.3.3 En réponse à cette préoccupation, le Gouvernement s’est attelé à améliorer le cadre juridique et institutionnel de la société civile ; il a réalisé en octobre 2002 avec l’aide du FAD des études qui ont en grande partie contribué à la préparation et à l’adoption de trois projets de loi régissant le fonctionnement des ONG et de la société civile13. Ce cadre juridique devrait permettre de remédier au fait que le mouvement participatif était régi par une loi datant de 1901. Le pays compte plusieurs centaines d’associations et d’ONG poursuivant des objectifs divers. Mais la grande majorité de ces OSC n’est pas opérationnelle car elles n’ont pas encore les capacités leur permettant de jouer un rôle de levier accompagnateur des actions de l’Etat dans les domaines de la lutte contre la pauvreté. Pourtant, de part et d’autre, il est important de comprendre et d’intégrer la complémentarité entre ces deux acteurs du développement. L’Etat a développé plusieurs initiatives vers les OSC allant de leur participation aux séminaires gouvernementaux à leur implication dans la formulation de la loi d’orientation économique et du CSLP. Les partenaires au développement ont consenti des financements plus ou moins importants bien qu’ils continuent d’être préoccupés par la timide présence de ces organisations sur le terrain, la faiblesse de leurs capacités, leur manque de professionnalisme et de spécialisation. 2.3.4 Quelques ONGs se distinguent par des capacités non négligeables comme par exemple Bender Djedid (terre nouvelle), l’Union Nationale des Femmes de Djibouti (UNFD), l’Action contre la pauvreté (ACP), les Centres de Développement Communautaire (CDC), l’Association Solidarité Féminine, Association Djiboutienne pour l’Equilibre et la Promotion de la Famille, l’Association Oui à la vie (de lutte contre le Sida). Faute de capacités adéquates, les OSC sont réduites à n’intervenir que dans des limites spatiales généralement circonscrites aux quartiers et en direction d’une population cible aux contours mal définis. Cependant, les actions de sensibilisation, de dénonciation et de pression des OSC ont un impact sur la bonne gouvernance. Face aux positions partisanes des acteurs politiques, la société civile est devenue le terreau de la démocratie. C’est elle qui rassemble les citoyens, organise leurs intérêts, formule leurs aspirations et les transmet aux décideurs. 13 Il s’agit des lois portant sur les associations, sur les coopératives et sur les ONGs 25 C’est elle aussi qui se bat par l’émergence d’une culture politique fondée sur la participation, le dialogue et la tolérance. 2.3.5 La tendance au renforcement des capacités de la société civile et de son implantation pour un impact plus visible, connaîtra un nouveau stade avec l’effectivité de la décentralisation, la réalisation des reformes engagées dans le domaine juridique et judiciaire, la mise en œuvre des reformes du Code de la famille et de la Chambre Internationale de Commerce et d’Industrie de Djibouti. Du fait que la décentralisation implique une grande responsabilisation des communautés de base, elle aura besoin pour son enracinement et sa viabilité, des incontournables relais que constituent les OSC, surtout quand on sait que la décentralisation dans sa première phase ne touche que le niveau régional. Les OSC seront les relais pour la connaissance et la mise en œuvre de ces reformes. Le nouveau Code de la famille offre aux femmes plus d’opportunité de participation à la vie associative. Les reformes de la Chambre de Commerce prévoient l’élargissement du champ d’action de cette institution aux producteurs primaires, ouvre la voie à la constitution de coopératives de producteurs assurés de bénéficier des conseils et de l’encadrement d’hommes et de femmes d’expérience. Une société civile crédible et mobilisée peut être d’un apport certain dans la promotion de la démocratie et du développement social et économique de Djibouti. Il faut cependant éviter deux écueils qui risquent de la fragiliser : (i) sa politisation ; (ii) son accaparement par des leaders se dédiant à leurs intérêts personnels. Les OSC djiboutiennes ne pourront jouer pleinement leur rôle si elles n’ont pas l’appui financier et technique des partenaires au développement et aussi des ONG internationales. 2.3.6 Questions de genre : Les femmes représentent près de 51% de la population djiboutienne. Mais ce nombre ne se reflète dans la position qu’elles occupent dans les domaines notamment politiques et économiques. Cette situation s’explique par la place réservée à la femme dans une société musulmane. De par cette culture, la femme est victime de discriminations de toutes sortes. C’est donc par la création, le renforcement et le suivi d’un cadre juridique favorable que les autorités djiboutiennes ont tenté de lever les influences coutumières et traditionnelles qui faisaient de la femme une citoyenne de second rang. Aussi la Constitution de 1992 reconnaît l’égalité des hommes et des femmes dans tous les domaines de la vie sociale. Le Code pénal de 1995 est égalitaire à l’égard des parents sans distinction entre le père et la mère en cas de manquement aux obligations familiales. La loi N° 149/AN/80 relative au mariage et au divorce selon le droit musulman a été abrogée et remplacée par la loi, N° 152/AN/02 portant Code de famille dont les dispositions sont largement favorables à l’égalité de l’homme et de la femme devant la loi, notamment au niveau du mariage, du divorce, des responsabilités dans la famille. 2.3.7 Le Gouvernement djiboutien a mis en place un arsenal juridique pour la protection et la promotion de la femme. En plus, des mécanismes d’intégration de la femme ont été adoptés et mis en application : (i) la notification de plusieurs instruments juridiques internationaux, notamment la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard de la femme, et (ii) la Charte africaine des droits de l’homme et des peuples. La République de Djibouti a participé aux différentes conférences internationales sur les femmes : Nairobi (1985), Vienne (1993), Caire (1994), Copenhague (1994) et Beijing (1995). Ainsi, la problématique de l’intégration des femmes au développement n’est plus réduite à une question sociale touchant des populations vulnérables mais constitue un des axes prioritaires de la politique nationale. Aussi, il a été mis en place : (i) la Direction de la Promotion de la Femme puis ; (ii) un Ministère chargé de la promotion de la femme, du bienêtre familial et des affaires sociales ; (iii) le Grand prix du Chef de l’Etat pour la promotion de la femme ; (iv) la Stratégie Nationale d’Intégration de la Femme dans le Développement 26 (SNIFD) élaborée en 2003, (v) un Cadre d’Action pour la Promotion de l’Education des Filles (CAPEF) en 2004. ENCADRÉ 5 : MESURES D’INCLUSION EN FAVEUR DES FEMMES Un certain nombre de mesures favorisant la participation des femmes dans le développement ont été prises au cours de ces dernières années. Sur les 65 députés à l’Assemblée Nationale, on compte 7 femmes toutes provenant de la majorité présidentielle bien que les femmes représentent 42,8% du corps électoral. Dans l’administration publique, on compte peu de femmes occupant des postes de responsabilités, malgré les dispositions légales (loi N°192/AN/02 du 13 novembre 2002) qui invitent à un quota de 10% de responsabilités des femmes. Cependant, les femmes représentent 20% des effectifs de l’administration publique. Parmi elles, 9% sont de la catégorie A (cadre supérieur) et 10% occupent des responsabilités de Chefs de Service ou de Sous-Directeurs. Dans le cadre de l’expérimentation des Conseils Régionaux provisoires, deux femmes ont été nommés membres par District. On peut également relever des cas de nomination de femmes à des hautes responsabilités nationales. Au niveau du pouvoir judiciaire, la Cour Suprême est présidée par une femme, qui assure l’intérim de la Présidence de la République en cas d’empêchement définitif du Président. Des femmes sont Conseillers Techniques dans les Ministères pendant que d’autres dirigent des Entreprises Publiques (Imprimerie Nationale et Société Internationale des Hydrocarbures de Djibouti SIHD). 2.3.8 Les organisations de la société civile djiboutienne, en appui aux actions du Gouvernement contribuent largement à la résolution de la question du genre. Les projets et programmes exécutés par les OSC intègrent la question du genre et tentent de promouvoir l’équité et l’égalité de chance entre hommes et femmes. La promotion du genre féminin est soutenue et relayée par plusieurs organisations féminines telles que l’Union Nationale des Femmes Djiboutiennes (UNFD) créée depuis 1977, l’Association Djiboutienne pour l’Equilibre et la Promotion de la Famille (ADEPF) créé en 1994, l’Association Solidarité Féminine créée en 1995 et Action Contre la Pauvreté (ACP). Les Associations ont démontré leur capacité à intervenir dans la promotion de la femme pour le développement mais elles manquent cruellement de moyens financiers. Il est important que les partenaires au développement leur apportent un appui conséquent. 2.3.9 Décentralisation : La décentralisation est aujourd’hui reconnue comme partie prenante de la gouvernance démocratique. Elle vise les objectifs majeurs suivants : (i) l’approfondissement du processus démocratique par l’adaptation de l’administration d’Etat, et plus généralement le cadre institutionnel aux objectifs et aux exigences du pluralisme politiques permettant l’émergence d’une démocratie locale ; (ii) la promotion du développement local et régional en favorisant l’émergence d’initiatives au niveau des différents acteurs et la mise en place d’un nouveau cadre du développement à partir des préoccupations, des ressources et du savoir-faire des populations. Les résultats attendus de la décentralisation concourent à l’objectif primordial du CSLP à savoir une diminution importante de l’incidence de la pauvreté. La particularité de la décentralisation à Djibouti réside dans les conditions de son adoption. Bien qu’énoncée dans la Constitution dès l’accession du pays à l’Indépendance en juin 1977, la décentralisation, à Djibouti, a vu le jour au lendemain des Accords de paix en réponse aux causes profondes du conflit civil qu’avait connu le pays entre 1991 et 1994 notamment l’absence d’équité entre les régions et les groupes ethniques. Dans le souci de la préservation de l’unité nationale et de la paix, le Gouvernement a introduit la loi du 7 juillet 2002 portant Décentralisation et Statut des Régions. 27 ENCADRÉ 6 : LOI SUR LA DÉCENTRALISATION 1. La loi de la décentralisation est intervenue pour reformer une administration fortement centralisée. Cette loi a créé cinq régions : Tadjourah, Ali-Sabieh, Obock, Dikhil, Arta, et la ville de Djibouti (2/3 de la population) dotée d’un statut particulier. Ces quatre Régions et Djibouti sont érigées en collectivités décentralisées dotées de la personnalité morale de droit public et de l’autonomie financière. La loi prévoit que des communes seront créées plus tard selon une loi. Ce qui fait que la décentralisation de Djibouti ne concerne actuellement que les Régions. 2. Les régions décentralisées sont librement administrées par le biais d’Assemblées Régionales élues au suffrage universel. Les Conseillers Régionaux (membres des Assemblées Régionales) sont élus pour cinq ans sur la base d’un conseiller pour 1000 électeurs, avec un minimum de neuf conseillers par région. L’Exécutif Régional est élu par les Conseillers Régionaux. Le Secrétaire Exécutif est assisté d’adjoints choisis par celuici parmi les conseillers. Il exécute les décisions de l’Assemblée Régionale et lui soumet les projets à discuter. Au niveau des finances de la Région, trois structures interviennent ; (i) l’Assemblée Régionale en assurant la programmation des activités et investissements à mener ; (ii) le Secrétaire Exécutif, en sa qualité d’ordonnateur, prépare le budget ; (iii) le comptable de la Région, nommé par décret et relevant du Trésor Public est chargé du paiement des dépenses et du recouvrement des recettes. Le budget de la Région est constitué par les dotations du Budget d’Etat ; les ressources propres de la Région ; et des dons et legs. 3. La tutelle de l’Etat est assurée au niveau de chaque Région par le Commissaire de la République placé à la tête de chacun des cinq districts : Obock, Tadjourah, Ali-Sabieh, Dickhil et Djibouti. Les Commissaires de la République sont nommés par décret du Président de la République, ils dépendent hiérarchiquement du Ministre de l’Intérieur. L’exercice de tutelle s’exerce à posteriori et concerne la légalité des actes et non leur opportunité. Le représentant de l’Etat peut cependant déférer les actes de la Collectivité devant les autorités judiciaires. 2.3.10 La politique de décentralisation conduite à Djibouti se présente, à travers la loi de la décentralisation, comme une opération précipitée et inachevée. Elle s’est imposée comme le coût à la paix et à la préservation de l’unité nationale. Elle n’a pas fait l’objet d’une démarche consensuelle et participative de l’ensemble de la population. Sa mise en œuvre s’est naturellement heurtée à des contraintes légales, techniques et financières : (i) (ii) (iii) (iv) (v) (vi) (vii) La décentralisation intervient dans un environnement de déconcentration peu structurée ; Plusieurs dispositions légales et réglementaires n’ont pas été adoptées pour notamment clarifier les compétences et des ressources à transférer aux régions ; Les délais légaux de mise en œuvre de la décentralisation sont très contraignants et se sont révélés inapplicables ; L’existence d’un secrétariat exécutif aux côtés du Président de l’Assemblée Régionale à la tête de la Région peut constituer une source d’instabilité et de blocage ; Le service en charge de la décentralisation au niveau du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation (trois personnes) manque de moyens humains, techniques et logistiques ; L’inexistence d’une structure supra ministérielle pour mettre en œuvre la politique du gouvernement en matière de décentralisation ; Le manque de sensibilisation pour que les citoyens s’approprient la réforme. 2.3.11 Ces contraintes ont bloqué la mise en œuvre de la réforme. En attendant l’organisation des premières élections régionales (annoncées depuis 2003), les autorités djiboutiennes ont expérimenté l’institution de Conseils Régionaux Provisoires (CRP) à la place des Assemblées Régionales dont les membres devaient être élus. Les membres des CRP sont désignés par le Gouvernement et le Commissaire de la République au niveau du District assume la Présidence. Les objectifs n’ont pas été atteints car n’ayant obtenu aucun 28 transfert de compétence, les CRP se sont préoccupés plus de la gestion de la dotation financière de l’Etat (50 millions DJF) que des vrais problèmes de décentralisation. Cette dotation faite en 2000 n’a pas été renouvelée ce qui explique la démobilisation des CRP. Ainsi, l’expérience des CRP n’a pas permis de mettre en exergue les effets liés à la décentralisation : (i) la promotion de la démocratie locale ; (ii) la participation consciente des citoyens à la gestion de leurs propres affaires. 2.3.12 En outre la décentralisation à Djibouti n’a pas encore bénéficié de l’appui de beaucoup de partenaires au développement. Un projet financé par la coopération française intervient dans : (i) la formation du personnel mis à la disposition de la décentralisation ; (ii) la réalisation d’une campagne nationale d’information et de sensibilisation ; (iii) l’identification et la mise en œuvre de cinq projets pilotes dans les cinq régions ; (iv) la formation des futurs élus locaux à leurs nouvelles missions. Le PNUD apporte un appui en faveur de l’appropriation par la population des textes de lois sur la décentralisation, et de la formation des cadres. Les autres bailleurs de fonds conditionnent leur contribution à l’organisation des élections régionales. 2.3.13 Couches vulnérables de la population : Djibouti est un îlot de paix dans une zone tourmentée par des conflits (Somalie, Ethiopie, Erythrée). Ces conflits ont amené sur son territoire un grand nombre de réfugiés. Le pays a accueilli des vagues successives de réfugiés provenant de l’Ethiopie (plus de 50 000), de la Somalie (plus de 40 000), du Yémen, du Congo Démocratique, du Burundi, du Rwanda et du Soudan. La stratégie d’accueil, de gestion et de protection des réfugiés est un indicateur de bonne gouvernance. C’est dans ce cadre que le gouvernement djiboutien a adopté la loi relative au statut des réfugiés et le décret portant création, composition, attribution et fonctionnement de l’Office National d’Assistance aux Réfugiés (ONARS) qui détermine le statut de réfugiés. S’agissant des handicapés, une stratégie est cependant en cours de préparation pour les handicapés et un Centre pour handicapés est également en cours de construction. Le Centre Aïcha Bogoreh s’occupe actuellement des sourds-muets et projette de prendre en charge les aveugles. 2.3.14 Les procédures d’acquisition du statut de réfugiés disposent que ceux-ci sont accueillis par l’ONARS puis dirigés vers le bureau local du Haut Commissariat des Nations Unies par les Réfugiés (HCR). L’obtention du statut de réfugiés donne des droits à la personne et à sa famille. Le HCR, en collaboration avec le PAM, l’UNICEF et d’autres partenaires prend en charge les réfugiés jusqu’au moment où les conditions d’un retour volontaire au pays sont réunies. En cas de rejet de la demande, le réfugié peut faire appel à un Comité présidé par le Ministère de l’Intérieur et comprenant le Ministère de la Justice, des Affaires Etrangères et du HCR (observateur). Les populations réfugiées à Djibouti au 31 décembre 2004 sont estimées à 17 869 personnes reparties entre les camps de Holl-Holl, de Ali-Adeh et de Aour Aoussa, représentant 17 225 Somaliens, 86 Erythréens, 557 Ethiopiens et 1 Soudanais. Le gouvernement djiboutien reçoit les réfugiés mais en même temps prend toutes les mesures pour empêcher le débordement des conflits sur son territoire en s’impliquant dans la médiation entre les parties belligérantes. La présence massive et de longue durée des réfugiés sur le territoire djiboutien exerce une forte pression sur les infrastructures socio-économiques et sur l’offre de services sociaux. C’est pourquoi, en relations avec le HCR, le Gouvernement encourage le retour volontaire dans les pays d’origine. 2.3.15 Coopération et intégration régionale : Au regard de sa position géographique de trait d’union entre les pays du Moyen-orient et l’Afrique de l’est, la coopération et l’intégration régionale offre de réelles opportunités de développement à Djibouti. En effet, face l’étroitesse du marché locale, le développement des relations économiques avec le pays 29 de la région permet d’élargir la base productive et, à terme, d’améliorer la compétitivité d’ensemble du pays. Dans cette optique, le Gouvernement a placé l’intégration régionale au coeur de sa stratégie de développement. Djibouti est ainsi membre du Marché commun de l'Afrique de l'Est et Australe (COMESA) et de l’Autorité Inter-Gouvernementale pour le Développement (IGAD) qui regroupe sept pays14. Djibouti est également membre de Ligue arabe. Il y a lieu de noter cependant que bien que ses relations avec le monde arabe demeurent assez peu développées peu à l'exception du Yémen et de l’Emirat de Dubaï. La politique de rapprochement avec le monde arabe menée par le Président Omar Guelleh s’est surtout traduite jusqu’ici par la construction de la route Djibouti-Tadjoura, le développement portuaire et aéroportuaire, et la construction du complexe portuaire de Doraleh. 2.3.16 Le Gouvernement de Djibouti participe à la mise en œuvre de la future Union douanière du COMESA. En tant que membre du COMESA, Djibouti a prévu d’adopter le tarif extérieur (TEC) de cette institution d’intégration régionale qui est actuellement en discussion. Djibouti a également été membre fondateur de L’Organisation Mondiale du Commerce (OMC). Par ailleurs, l’éligibilité en 2000 au dispositif américain relatif à la loi sur la Croissance et les Opportunités en Afrique (AGOA) peut également concourir à ce dynamisme du commerce extérieur. Djibouti est signataire des accords de Cotonou avec l’UE. Cependant, au vu de ses faibles capacités productives et de son manque de compétitivité, le pays n’a pas tiré, jusqu’ici, aucun avantage significatif provenant de la conclusion d’accords commerciaux. 2.3.17 Dans le but de faire du port de Djibouti une porte d’entrée des produits à destination de l’hinterland éthiopien, le Gouvernement a entrepris depuis juin 2003, avec l’appui de partenaires privés, la réalisation d’importants investissements en faveur de l’extension des capacités portuaires avec la construction du Complexe de Doraleh et la création d’une zone franche dans la zone portuaire. L’ambition des autorités est de positionner Djibouti comme une place commerciale, financière et économique de premier rang dans la sous-région estafricaine. Par ailleurs, un projet d’interconnexion électrique avec l’Ethiopie a été approuvé par le FAD , ce qui devrait permettre un accroissement de l’offre d’électricité et une baisse du coût de l’énergie au vu du potentiel hydroélectrique dont dispose l’Ethiopie. Il est également prévu de privatiser le chemin de fer djibouto-éthiopien. 2.4 Réformes juridiques et judiciaires 2.4.1 Les dysfonctionnements du système juridique et judiciaire ont été mis en exergue par les Etats Généraux de la Justice tenus en 2002 et par l’Etude du FAD sur les réformes du secteur. Les principales conclusions issues de ces travaux étaient que la justice ne permettait pas d’assurer la sécurité des personnes et des biens, et de favoriser le développement des affaires. Le plan d’action adopté à la suite des Etats-Généraux s’est déjà traduit par la mise en œuvre de plusieurs actions, notamment la séparation de la Chancellerie du Palais, la réforme du statut de la magistrature qui détermine les conditions de recrutement et le déroulement de la carrière de magistrats et garantit leur indépendance, la réforme du Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) et l’opérationnalisation de la Chambre des Compte et de Discipline Budgétaire. A la suite de l'étude initiée par le FAD15 sur les Réformes Juridiques et Judiciaires, le Gouvernement djiboutien a promulgué la Loi portant Statut de la Magistrature et pris les Decrets d'application subséquents. Ce nouveau Statut (dérogatoire du Statut Général des Fonctionnaires) établit une hiérarchie claire entre les différents magistrats du Parquet et du Siège et améliore leurs traitements. C'est ainsi que les magistrats ont 14 Ethiopie, Erithrée, Djibouti, Kenya, Soudan, Somalie, Ouganda 15 Etude relative au projet de réformes dus système juridique et judiciaire ; FAD ; mars 2002 30 aujourd’hui les salaires les plus élevés de l'Administration. Cet effort particulier est destiné à prévenir les tentations de corruption des magistrats en mettant ces derniers à l'abri du besoin. Un autre objectif poursuivi par cette mesure vise à attirer dans ce corps les meilleurs professionnels du droit ainsi que les jeunes juristes. En effet, la magistrature djiboutienne souffre d'une insuffisance notoire de juges tant en quantité qu'en qualité. Cette situation contribue à l'insécurité judiciaire constatée dans l'étude susvisée et qui se manifeste par des entorses graves aux principes directeurs du procès, et notamment au double degré de juridiction, garantie fondamentale d'une justice équitable et transparente. C’est ainsi que les mêmes magistrats siègent en appel et en cassation dans la même affaire du fait du manque de personnel judiciaire. Il convient cependant de noter qu'un effort de recrutement a été fait ces dernières années par une augmentation assez significative des effectifs des juridictions de base, principalement les Tribunaux de Première Instance (TPI). Le Gouvernement envisage donc de déplacer les anciens magistrats des TPI vers la Cour d'Appel et la Cour Suprême. 2.4.2 Par ailleurs, après l'adoption du nouveau Code de la Famille, les anciennes juridictions chariennes (chargées d'appliquer la Loi Islamique) ont été transformées en juridictions de droit commun (c'est à dire des tribunaux ordinaires) et sont désormais appelées "juridictions de statut personnel" puisqu'elles n'appliquent plus la charia mais le Code de la Famille. Des magistrats spécialisés seront affectés dans les TPI et dans une Chambre de la Cour d'Appel. Il s'agit là du premier jalon vers l'unification judiciaire ardemment réclamée par les conclusions des Etats Généraux de la Justice. 2.4.3 Le système juridique : Les textes législatifs et réglementaires applicables aux affaires commerciales ne favorisent pas le développement du secteur privé. En effet, leur vétusté inspire une insécurité juridique qui explique par ailleurs la faiblesse des investissements privés. Par ailleurs, ces textes sont épars, ce qui rend difficile leur appréhension par les professionnels du droit et les opérateurs économiques. Ainsi, dans une même matière peuvent coexister de nombreux textes législatifs et réglementaires successifs sans que l’on sache ceux qui sont abrogés et ceux qui restent en vigueur. Il en est ainsi par exemple en matière de baux commerciaux et de droit des sociétés. Le Gouvernement s’est engagé dans une entreprise de modernisation du droit des affaires par l’adoption d’un nouveau code de commerce (voir section 2.1.10). Lors de la préparation du présent rapport, la Banque a été informée d’un projet étude visant à harmoniser les différents textes disséminés dans l’arsenal juridique djiboutien. Outre ce travail de toilettage des textes, la reforme ferait viser à faciliter leur accès aux professionnels du droit, aux opérateurs économiques et aux usagers du service public de la justice. 2.4.4 L’institution judiciaire : L’organisation judiciaire actuelle ne répond pas aux exigences d’une bonne administration de la justice qui doit assurer la sécurité des personnes et des biens, favoriser le développement des affaires. Les contraintes auxquelles l’institution judiciaire est confrontée sont liées notamment : (i) au faible budget du Ministère de la Justice (soit moins de 1% du budget national), (ii) au manque de formation tant des magistrats que des greffiers, (iii) à l’indigence des magistrats et des greffiers, et (iv) à l’inexistence d’une réelle justice de proximité et de structure d’aide à l’accès des plus pauvres à la justice. Par ailleurs, afin de renforcer la crédibilité et l’efficacité de la justice djiboutienne, il importe de réformer les conditions de recrutement des magistrats et greffiers, de même que leur formation initiale et continue. La modernisation de l’institution judiciaire à Djibouti implique nécessairement une informatisation de l’outil de travail des magistrats et greffiers. Une autre faiblesse du système judiciaire à Djibouti réside dans l'absence d'organisation institutionnelle efficace du Ministère de la Justice, qui, en conséquence, n'est pas à même de jouer son rôle central d'impulsion et de régulation. Il s'y ajoute que la Justice est un ministère générateur de revenus, à travers les sommes versées quotidiennement par les justiciables pour l'obtention 31 de diverses ordonnances et autres actes d'état civil ou du registre du commerce, sans mentionner les amendes qui ne sont jamais recouvrées par le Trésor Public. 2.4.5 Cadre juridique et environnement du secteur privé : Djibouti souffre à la fois d’un trop-plein et d’un vide juridique. De nombreux textes coexistent, qui se juxtaposent parfois. Certains sont dépassés, datant souvent de l’époque coloniale et parfois en contradiction avec des textes plus récents, tandis que d’autres n’ont pas fait l’objet de décrets ou d’arrêtés d’application. Il en résulte une certaine incertitude qui favorise l’ambiguïté, et finalement, des prises de décisions arbitraires contribuant à créer l’insécurité juridique. 2.4.6 Le Code des Investissements date de 1994 et prévoit deux régimes distincts selon le montant du projet d’investissement. La procédure d’octroi des avantages du Code des investissements fait l’objet de nombreuses critiques de la part des promoteurs qui considèrent que les délais d’acceptation et d’agrément semblent très supérieurs aux délais légaux officiellement annoncés. Par ailleurs, les refus des dossiers ne sont pas toujours motivés tandis que les bénéficiaires se plaignent de n’obtenir qu’une partie des avantages normalement attachés à l’agrément. La création de l’ANPI n’a pas permis de venir à bout, loin s’en faut, des obstacles qui freinent l’investissement privé. Il convient de relever un besoin de transparence dans le traitement des demandes d’agrément et de simplification des procédures ainsi que la nécessité d’étendre le champ d’application des avantages du code à certains secteurs créateurs d’emplois tel que souligné dans le CSLP. Bien qu’un nouveau Code soit en préparation, la mouture actuelle, qui présente des avancées notables par rapport au Code de 1994, reste encore perfectible. 2.4.7 Les zones franches à Djibouti sont régies par la loi Nº 66/AN/94 du 7 décembre 1994 portant régime de la zone franche industrielle. Au début, le rôle de ces zones franches n’a pas été compris par les entreprises qui ont considéré cette législation comme une niche fiscale et les retombées attendues ne se sont pas produites. On remarque cependant une nette amélioration depuis, l’application de la législation sur les entreprises franches, la privatisation de la gestion de la zone franche et l’adoption en 2004 d’une loi devant impulser un développement des zones franches. Il convient cependant de noter que la gestion des régimes des zones franches est assez complexe et que le Gouvernement devrait faire preuve de vigilance et veiller à ce qu’un programme de renforcement des différents intervenants soit mis en place afin de se prémunir contre les risques d’évasion fiscale et de blanchiment capitaux. 2.4.8 Le droit du travail djiboutien reposait jusqu’en 2003, pour l’essentiel, sur le Code du travail d’Outre-Mer de 1952. Ce code était obsolète, inadapté aux exigences de la mondialisation. Une action de réforme a été entreprise avec des objectifs de libéralisation et de souplesse pour toutes les dispositions relatives au contrat de travail. Une première étape a été franchie avec la loi n° 140 de 1997. Cette loi assouplit les conditions de recrutement et abolit l’intervention directe de l’Etat. La refonte complète du code du travail est achevée avec sa transmission à l’Assemblée Nationale pour approbation en décembre 2004. 2.4.9 Résolution alternative des conflits : Les conflits politiques et sociaux sont gérés à travers des mécanismes non-juridictionnels. La gestion correcte de ces conflits participe à la paix et à la stabilité du pays. Elle contribue à l’amélioration de la bonne gouvernance du pays et rassure les investisseurs privés. En dehors du conflit armé, le conflit social saillant qu’on peut évoquer est la grande grève des travailleurs de 1995 à la suite de la ponction des salaires de 40 % pour effort de guerre et la protestation contre les effets du premier programme d’ajustement structurel du pays. L’approfondissement de la justice sociale et de la démocratie est le meilleur moyen pour prévenir ces conflits sociaux. Le pays a institué 32 divers types de mécanismes de prévention et de gestion des conflits. Il faut signaler qu’il n’existe pas à Djibouti une commission étatique des Droits de l’homme qui aurait pour mission de recevoir des plaintes ou autres dénonciations liées à la violation des droits de l’homme. 2.4.10 Le Médiateur de la République : Prenant en considération l’importance des mécanismes non juridictionnels, le Gouvernement de Djibouti a institué par la loi du 21 août 1999 le Médiateur de la République comme autorité chargée de servir d’intermédiaire entre les administrés et l’Administration. Son institution part du principe : (i) du désengorgement des services de la justice ; (ii) du coût élevé des procédures judiciaires et de leur durée ; (iii) de la rigueur des mécanismes juridiques en contribuant au renforcement de l’Etat de droit et de la démocratie. Le Médiateur de la République est particulièrement sollicité. Les services ont reçu, en 2003, 545 dossiers de réclamations dont 290 sont définitivement clos, dont la grande majorité a abouti à des résultats positifs pour l’administré. Le Médiateur de la République est représenté par un Délégué Régional au niveau de chaque District du pays. Il est cependant confronté au manque de capacités humaines et logistiques. Une demande en appui de renforcement des capacités a été adressée à la BAD et à l’ACBF ; elle est restée à ce jour sans suite. 2.4.11 L’administration déconcentrée : Il s’agit des Commissaires de la République, des chefs des postes administratifs et des gendarmes qui sont chargés de trancher des conflits intercommunautaires à l’intérieur du pays. La célérité et le respect des droits individuels et collectifs ne sont pas très souvent de mise. Ceci s’explique par une absence de contrôle de la hiérarchie et de la méconnaissance par les citoyens de leurs droits. C’est une des tares de l’administration, laissée à elle-même. La mise en œuvre de la décentralisation, qui va induire la promotion de la bonne gouvernance et de l’état de droit, va apporter plus d’équilibre à ces dérives autoritaires. 2.5 Lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent 2.5.1 La corruption peut être définie comme un abus de pouvoir ou d’improbité dans un processus de décision ou dans une transaction. Des discussions menées avec les parties prenantes lors de la préparation du rapport sur le Profil de Gouvernance du pays, en particulier les ONGs, les partenaires au développement et les chancelleries présents dans le pays, il s’avère que Djibouti ne peut pas être qualifié de pays corrompu. Les problèmes de corruption découlent le plus souvent de l’insuffisance de la réglementation, de l’asymétrie de l’information sur le cadre juridique et réglementaire, et d’un cadre institutionnel inapproprié. La principale manifestation de la corruption et ses effets néfastes concerne l’Administration publique. Elle résulte le plus souvent des facteurs explicatifs suivants : (i) la faiblesse du contrôle exercé sur les acteurs politiques et administratifs ; (ii) l’abus des pouvoirs discrétionnaires amplifiés par les facteurs tels que l’analphabétisme et l’ignorance des populations, l’absence de règles et procédures claires ; (iii) l’absence de codes d’éthique et de déontologie ; (iv) l’impunité et le non respect de la primauté du droit ; (v) la lenteur et l’imprévisibilité des décisions de justice ; (vi) la centralisation administrative ; et (vii) le manque de transparence dans le financement des partis politiques. 2.5.2 En reniant le droit au traitement équitable, la corruption contribue à accroître les inégalités. Elle découle le plus souvent d’un déficit d’application des textes et d’une absence de responsabilisation et répand le sentiment d’impunités. Il a été prouvé que l’existence d’un arsenal juridique étendu et d’un système effectif de contrôle des finances publiques ne suffisent pas toujours pur combattre efficacement la corruption. Ceci est particulièrement vrai pour un pays comme Djibouti où on observe une prééminence du pouvoir exécutif par 33 rapport à un Parlement handicapé par la faible capacité d’analyse des députés et par une opposition quasi inexistante. On considère généralement que les médias et la société civile ont un rôle important à jouer pour lutter contre la corruption, à condition que les pouvoirs publics «fassent preuve du maximum de transparence». 2.5.3 Cadre institutionnel de lutte contre la corruption : La lutte contre la corruption à Djibouti n’est pas coordonnée au niveau d’un organisme central (cellule ou observateur). Le Gouvernement Djiboutien n’a pas jugé nécessaire de créer une structure de plus car elle estime que les textes juridiques en place contiennent des dispositions permettant de sanctionner les actes de corruption. La Chambre des Comptes et Discipline Budgétaire (CCDB) et l'Inspection Générale de l'Etat (IGE), créée en 2001, sont les deux structures d’Etat les plus directement impliqués dans la lutte contre la corruption. L’opérationnalisation de la CCDB, initiée depuis le début de l’année 2001 avec l’appui de la BAD et de l’ACBF, a permis un renforcement du dispositif de contrôle juridictionnel des comptes publics. L’objectif visé est d’accroître la transparence dans la gestion des deniers publics grâce à l’effectivité des contrôles juridictionnels à posteriori sur les comptes des comptables publics, des ordonnateurs et des administrateurs de crédits. L’IGE, une autre institution du gouvernement, est conçue pour compléter le travail de la CCDB en assurant d’une efficience dans l’allocation des ressources humaines et matérielles dans le secteur public. 2.5.4 Corruption dans les marchés publics : Le code des marchés actuel ne permet pas de garantir totalement l’équité et la transparence dans l’attribution et l’exécution de la commande publique. Le code ne prend pas en compte certains type de contrat tels que la maîtrise d’ouvrage déléguée, les contrats d’affermage et de concession dans un contexte où l’Etat privatise ou externalise une bonne partie de ses activités au secteur privé notamment à l’ADETIP ou à des firmes étrangères. Ces types de contrôle échappent ainsi à tout contrôle tant au niveau de la passation, de l’exécution que du règlement financier. Cela a été le cas pour des contrats d’importance majeure que sont la concession du Port de Djibouti et la privatisation de l’Aéroport de Djibouti. De plus, le code des marchés publics ne précise pas les sanctions applicables en cas d’infraction aux règles de la commande publique. Pour lutter efficacement contre la corruption dans les marchés publics, le Gouvernement de Djibouti devrait accélérer l’approbation et la mise en œuvre du nouveau code des marchés publics qui prend en compte la plupart des insuffisances énumérées ci-dessus et les recommandations du Rapport analytique sur la Passation des Marchés publics (CPAR) de la Banque mondiale. 2.5.5 Corruption dans l’Administration publique : La corruption à Djibouti constitue un frein constant à l'investissement tant national qu’étranger du fait des surcoûts générés sur les facteurs de production. Pendant que le Gouvernement encourage officiellement l'investissement étranger, il est courant de voir les investisseurs subir des pressions de la part de cadres de l'Administration pour avoir des intérêts ou des accords de sous-traitance dans les affaires. Les entreprises étrangères se plaignent qu'établir une entreprise exige de nombreux pot-de-vin. Sans qu'il soit possible d'obtenir des statistiques précises sur l'ampleur du phénomène, il est établi que les pratiques de corruption sont assez répandues dans l'administration douanière et fiscale. La Direction des Recettes et du Domaine a admis que des agents indélicats des douanes ont déjà été sanctionnées. Ce n’est qu’en 2000 que la Douane djiboutienne s’est prêtée à une première expérience d’informatisation pour gérer la conduite en douane des marchandises et limiter les fraudes. Les insuffisances du système intégré actuel sont cependant évidentes. Ce système intégré est d’abord incomplet en ce qu’il n’appréhende qu’une partie de la déclaration en douane. Par ailleurs, il n’est pas fondé sur la nomenclature douanière et un Tarif Intégré qui constituent le cœur de tout système de dédouanement. Il ne va pas jusqu’au terme du processus qui serait la liquidation automatisée et non plus manuelle, l’affectation aléatoire des déclarations en détail aux agents de 34 vérification. De ce fait, ce système n’empêche pas de possibles collusions entre douaniers et déclarants. Enfin, le système n’est pas fiable dans la mesure où il ne comporte pas de contrôles internes et n’est pas assez sécurisé. C’est pour parer à ces critiques et tirer parti de l’expérience acquise que les concepteurs du système SIGED travaillent actuellement à la mise en place d’une version plus efficace de la plateforme d’informatisation des opérations douanières. 2.5.6 Les entités appelées à jouer le rôle de transitaire et de commissionnaire en douane ont proliféré ces dernières années. Nombreux sont les arrivants sous-équipés qui ne disposent pas d’une réelle formation douanière, fiscale et réglementaire. Les dispositions législatives et réglementaires ne précisent pas suffisamment les capacités et l’équipement informatique minimum pour bénéficier d’un agrément. Il s’ensuit une incapacité de certains transitaires/commissionnaires en douane à fournir de bonnes prestations. 2.5.7 La corruption pose un problème majeur dans le système judiciaire, se caractérisant par les renvois successifs non justifiés, les lenteurs pour la production des décisions de justice et des difficultés énormes, voir l'impossibilité de mettre en exécution certaines décisions de justice. L'absence de sécurisation judiciaire des transactions commerciales entraîne une attitude de méfiance extrême des investisseurs étrangers. Il existe tout un arsenal de textes juridiques pour combattre la corruption, mais ils sont rarement mis en vigueur ou appliquées. Les institutions de contrôle, dans le cadre de leurs missions de protection des deniers publics, réalisent de nombreuses investigations dont les rapports sont destinés aux hautes autorités de l'Etat. Mais ces rapports d'audits ne sont généralement pas publiés et les poursuites et sanctions pour des actes de corruption avérés sont rares. Par conséquent, la plupart des personnes concernées par des actes de corruption préfèrent régler le problème à leur manière plutôt que de recourir à un system judiciaire à la bureaucratie lourde. 2.5.8 Sanctions prévues pour punir les actes de corruption : Elles sont définies strictement dans le cadre des lois et textes en vigueur. On peut citer notamment le décret N°2001-0012/PR/MEFPCP portant règlement général sur la comptabilité publique. Ce décret fixe les règles fondamentales relatives à la gestion des deniers, valeurs et biens appartenant ou confiés à l’Etat et ses démembrements. L’article 20 dudit décret interdit à toute personne, quel que soit son titre ou sa fonction, de s’ingérer dans les opérations de paiement des dépenses, d’encaissement des recettes et de maniement des fonds et valeurs des organismes publics sans avoir la qualité de comptable public ou de régisseur ; le contrevenant s’expose aux poursuites disciplinaires, civiles ou pénales prévues par les lois et règlements en vigueur, sans préjudice des sanctions qui pourraient lui être infligées par la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire pour gestion de fait. Cependant, il convient de souligner que la répression de la corruption est confrontée au problème de l’inadaptation fréquente des textes pour la qualification des actes et comportements commis par les acteurs indélicats. 2.5.9 Lutte contre le blanchiment d’argent : Conformément à l’esprit et aux objectifs de la Résolution 1373 du Conseil de Sécurité des Nations Unies, le Gouvernement djiboutien a mis sur pied par décret présidentiel le 03 octobre 2001, le Comité National de Lutte contre le Terrorisme. Ce Comité présidé par le Ministre de la Justice est chargé de mettre en œuvre des mesures pour prévenir et lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes en République de Djibouti et de participer à l’échelon international aux actions de ce type. Trois souscommissions ont été mises sur pied, à savoir: (i) la sous-commission de la Justice chargée des actions législatives et judiciaires ; (ii) la sous-commission de la sécurité chargée de la coordination des travaux de tous les services de sécurité ; et (iii) la sous-commission des affaires financières. Cette dernière, en coordination avec la Banque Centrale de Djibouti, est 35 chargée des systèmes financiers et bancaires et plus particulièrement de la lutte contre le blanchiment d’argent. 2.5.10 Parallèlement à cette Commission, une cellule de la gestion de crise a été mise en place. Cette cellule se réunit deux fois par semaine, sous la présidence du Ministre de l’Intérieur. Elle a effectué de nombreuses opérations et investigations à l’endroit des individus suspects désireux de pénétrer sur le territoire national. Elle a aussi créé une banque de données pour concourir à la détection et assurer une surveillance du financement des opérations terroristes. Il a été nécessaire de se doter d’instruments légaux et réglementaires, à savoir : (i) l’adoption d’une loi anti-blanchiment établissant une définition exacte du blanchiment ; (ii) l’application stricte des règles pour les institutions financières et le contrôle des activités de transfert de fonds ; et (iii) la constitution des textes réglementaires obligeant les institutions financières de déclarer aux autorités toutes transactions suspectes ou de comportements inhabituels de leur clientèle. L’objectif à long terme consisterait à se doter de dispositifs de lutte contre les opérations de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme en élargissant le champ d’application de la loi anti-blanchiment à l’ensemble du secteur de l’économie, et en renforçant la coopération internationale afin d’améliorer la traçabilité des flux de capitaux douteux. III. DIAGNOSTIC DE LA SITUATION EN MATIERE DE GOUVERNANCE DANS LE SECTEUR PRIVE 3.1 Obligation de rendre compte dans le secteur privé 3.1.1 Djibouti a une position géographique favorable de point de transit et de transbordement pour les économies de la région. En outre le pays jouit d’atouts importants conférés par une relative stabilité politique, l’existence d’une monnaie convertible et l’option libérale réaffirmée par le pouvoir en place. Le pays est doté également d’infrastructures de transport et de télécommunications assez performantes. Cependant, on observe que l’économie djiboutienne attire encore peu d’investisseurs extérieurs. Le secteur privé formel Djiboutien est relativement modeste et ne représentait qu’environ 37% du PIB en 2004 dont 9% pour le secteur manufacturier, 14% pour le commerce et le tourisme, 12% pour le secteur bancaire et des assurances, 2 % pour les autres services. L’informel constitue une composante importante du secteur privé ; son ampleur grandissante fait que des pans entiers de l’économie échappent encore au fisc et à toutes formes de contrôle et d’obligation de rendre compte. Le pays compte 2300 entreprises patentées dont 82% sont dans la capitale. 3.1.2 Toute entreprise dûment enregistrée auprès du fisc et du registre de commerce à Djibouti est tenue de produire annuellement des états financiers certifiés sincères. Il est généralement admis que moins de 8% des entreprises individuelles du secteur formel respectent cette obligation. Cette disposition est encore plus renforcée par la loi et les statuts des sociétés commerciales. En effet, la loi fait obligation aux sociétés à responsabilité limitée (SARL) et aux sociétés anonymes (SA) de réunir une assemblée générale ordinaire au moins une fois par an, dans les six mois de la clôture de l’exercice, pour rendre compte aux actionnaires de la gestion de l’entreprise et approuver les comptes. Le contrôle est exercé, dans chaque société anonyme, par un ou plusieurs commissaires aux comptes nommés pour six exercices. Un ou plusieurs actionnaires représentant au moins le dixième du capital social peuvent, en justice, dans le délai et les conditions fixés par décret, récuser un ou plusieurs commissaires aux comptes désignés par l’assemblée générale et demander la désignation d’un ou plusieurs commissaires aux comptes qui exerceront leurs fonctions en leur lieu et place. Les commissaires aux comptes certifient ou non la régularité et la sincérité de 36 l’inventaire, du compte d’exploitation générale, du compte de pertes et profits et du bilan. Les SA opérant à Djibouti observent dans l’ensemble les dispositions relatives au contrôle des comptes de la Loi N°191/AN / 86 /1er L du 3 février 1986 sur les sociétés commerciales. 3.1.3 Il n’existe pas encore un ordre des commissaires aux comptes à Djibouti, mais ceuxci appartiennent à une compagnie établie par le tribunal du commerce. En matière de contrôle, la loi définit les conditions d’aptitude et d’exercice de la profession de commissaire aux comptes. Cependant leur contrôle n’a en réalité qu’une faible incidence sur l’obligation de rendre compte en raison de l’étendue assez limitée de leur mission. Très peu d’entreprises font actuellement l’objet d’un audit externe approfondi à Djibouti, mais il y a lieu de mentionner que la pratique de l’audit gagne du terrain avec le recours croissant au financement externe. Pour ce qui concerne les SARL qui sont le plus souvent des entreprises familiales, seules les firmes assujetties au régime fiscal du réel, et qui sont astreint à tenir une comptabilité, ainsi que celles ayant accès au crédit bancaire produisent régulièrement des états financiers annuels. Il est estimé que 40% à 60% des SARL présents à Djibouti produisent des comptes annuels. 3.1.4 Dans le contexte du Programme de suivi avec le FMI, le Gouvernement a entrepris des réformes structurelles du secteur financier visant à préserver la solvabilité du système bancaire commercial, à promouvoir le développement du secteur, et à renforcer la compétitivité des services financiers. La loi bancaire révisée a ainsi été adoptée par le Gouvernement de Djibouti en septembre 2004 et approuvée par l’Assemblée nationale en janvier 2005. Le nouveau statut de la BCD instaure un audit annuel systématique de l’Institut d’émission et des actions sont en cours pour accroître ses capacités d’inspection et de surveillance bancaire. Les nouvelles mesures visent au renforcement des règles prudentielles, à la poursuite des actions pour permettre le libre jeu des mécanismes de marché au sein du système bancaire et à la réduction des restrictions à la création de nouvelles banques afin de développer la concurrence. C’est dans cette optique qu’a été retirée de la nouvelle loi bancaire la disposition qui exigeait la participation à hauteur de 30% d’une banque de renommée internationale. Il convient de souligner que le FMI a noté avec satisfaction la mise en place d’un cadre réglementaire adéquat pour la micro-finance. 3.2 Diagnostic des actions du Gouvernement 3.2.1 Parmi les mesures envisagées pour améliorer la compétitivité de l’économie djiboutienne, les autorités étudient actuellement la possibilité d’accroître le temps de travail hebdomadaire de 36 à 48 heures sans toutefois toucher à la masse salariale. Le Gouvernement a aussi entrepris de s’attaquer aux coûts élevés des facteurs de production dans le cadre d’un programme de réformes structurelles, notamment celles relatives à la privatisation de la gestion d’entreprises publiques et à la libéralisation du marché du travail. Cependant, force est de reconnaître qu’à fin 2004 des progrès limités ont été enregistrés dans la mise en œuvre des réformes structurelles, particulièrement celles liées à l’amélioration de la compétitivité. 3.2.2 Au plan judiciaire, la lenteur des procédures, l’incohérence de certaines décisions, la corruption pouvant entacher la partialité de certains juges conduisent à une discrimination entre les justiciables, notamment à l’égard de sociétés étrangères. Les entreprises sont également affectées par la pression fiscale jugée importante, ce qui entraîne un développement croissant du secteur informel. Autre obstacle affectant la compétitivité, le tarif élevé pratiqué par les entreprises publiques dans les secteurs de l’eau, de l’électricité, des télécommunications. L’énergie électrique à Djibouti coûte deux fois plus qu’en Ethiopie 37 Enfin, les entreprises privées sont confrontées au problème des arriérés de paiement de l’Etat et des établissements publics. 3.2.3 Conscient du fait que l’environnement du secteur privé à Djibouti doit être renforcé davantage, le Gouvernement a a créé en janvier 2001 une Agence Nationale pour la Promotion des Investissements (ANPI) chargée de promouvoir les investissements et d’assister les investisseurs potentiels. L’Etat a créé un Centre de Formalité Unique des Entreprises domicilié à l’ANPI, une sorte de guichet unique devant permettre la simplification des procédures de création d’entreprises et la promotion de l’investissement privé. Il y a lieu cependant de souligner les risques de chevauchement de compétences institutionnelles avec le Centre de Formalités des Entreprises (CFE) créé au sein de la Chambre Internationale de Commerce et d’Industrie de Djibouti (CICID). l’ANPI joue également un rôle d’information et d’assistance aux exportateurs. Les principaux problèmes auxquels l’ANPI fait face résident dans l’insuffisance de ses moyens budgétaires et à la faiblesses de ses capacités institutionnelles. 3.3 Secteur privé et participation des parties prenantes 3.3.1 La Chambre Internationale de Commerce et d’Industrie de Djibouti (CICID), créée en 1978, est un établissement public doté de la personnalité morale et de l’autonomie financière. Elle a une mission générale de représentation et d’animation du secteur privé ainsi que de facilitation de l’insertion des entreprises locales dans le commerce mondial. Elle constitue également un relais entre l’Etat et les entrepreneurs du secteur privé. Elle fournit des renseignements de notoriété sur les entreprises étrangères, délivre des certificats d’origine pour les marchandises destinées à l’export et des certificats d’authenticité pour les factures de produits de réexportation. La loi N°179 d'Août 2002 a permis une réforme en profondeur de la Chambre, principalement caractérisée par une plus grande ouverture à l’ensemble des secteurs d’activités et l’extension de la couverture géographique institutionnelle. D’après la nouvelle loi, la CICID disposerait d'un rôle beaucoup plus important dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique économique du Gouvernement. Elle serait auprès des pouvoirs publics, l'organe de représentation de tous les opérateurs économiques et entreprises de Djibouti. Dans ce contexte, la Chambre de Commerce jouera un rôle important d’information pour les investisseurs étrangers potentiels et elle serait consultée par la plupart des missions des institutions internationales. 3.3.2 Les activités de la CICID sont principalement limitées par l’insuffisance et le caractère aléatoire de ses ressources financières. En effet, les recettes affectées, issues des centimes additionnels, lui sont irrégulièrement et partiellement reversées par le Trésor. Le budget de la Chambre est de ce fait déficitaire et contraint l’institution à gérer des tensions financières récurrentes. L’institution assure son fonctionnement en faisant appel à un emprunt auprès des magasins généraux dont elle assure la tutelle. De plus la Chambre fonctionne avec des capacités institutionnelles réduites et est par ailleurs faiblement associée à la préparation et à l’exécution des décisions des pouvoirs publics. 3.3.3 Le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté adopté en mai 2004, établit que le renforcement durable de la compétitivité globale de l’économie djiboutienne constitue une condition essentielle pour l’atteinte des objectifs de croissance et de création d’emplois du Gouvernement au cours de la période 2004-2006. Aussi, la mise en place d’un environnement favorable au développement du secteur privé, la réduction sensible des coûts des facteurs, le développement des ressources humaines, une redéfinition du rôle du secteur public et l’amélioration du rendement de l’administration sont-elles autant de facteurs clefs du succès d’une telle politique. Cependant, les opérateurs économiques et les organisations 38 représentatives du secteur privé font part de leurs préoccupations quant à leur participation, quasi inexistante à ce jour, à l’élaboration des stratégies et politiques publiques de développement les concernant. C’est ainsi que la CICID n’a pas été directement impliquée dans le processus de discussion et de mise en œuvre des réformes, qui reste l’affaire essentiellement de l’Etat et des partenaires au développement. Il convient cependant de noter ici que l’instauration d’un dialogue véritablement efficace entre le secteur privé et l’Etat est retardée par l’absence d’un cadre légal global reconnu par tous, la faible concertation entres les acteurs du privé et les problèmes de leadership. 3.3.4 Face à une telle situation, il importe que la Chambre de Commerce remplisse davantage ses missions de conseil de ses membres et de plaidoyer pour le compte des entreprises. Pour cela, il y a lieu de renforcer ses capacités d’analyse et de gestion tout en lui assurant des ressources pérennes et régulières. Parmi les projets de la Chambre figure la création d’un Centre de Gestion Agréé destiné à aider les PMEs à tenir une comptabilité conforme à leurs besoins et à satisfaire aux obligations légales en matière de déclarations fiscales. Il est prévu également la mise en place d’un lieu de facilitation des formalités pour les entreprises, en partenariat avec l’ANPI, et la création d’un Centre de médiation et d’arbitrage. 3.3.5 Organisation du mouvement syndical : Djibouti compte actuellement deux Fédérations syndicales qui ont vu leurs revendications et leurs actions sur le terrain, notamment pour la catégorie des enseignants, se développer rapidement depuis l’instauration du pluralisme politique. L’Union Générale des Travailleurs Djiboutiens (UGTD) est née avec le Parti Unique (RPP). Très tôt une scission est apparue qui a donné naissance à une deuxième formation syndicale, l’Union Démocratique du Travail (UDT). Les travailleurs sont libres de s’affilier ou non au syndicat de leur choix, mais moins de 20% des salariés sont syndiqués. Bien que la loi reconnaisse le droit des travailleurs à s’organiser et à négocier collectivement leur statut, les conventions collectives sont encore loin d’être généralisées dans la gestion des relations de travail. En pratique, les salariés sont recrutés individuellement, les salaires sont établis unilatéralement par l’employeur, en respectant en principe des règles d’emploi édictées par le Ministère du Travail. Les deux Organisations syndicales, sans être dans l’opposition, ont une attitude critique vis à vis du Gouvernement et leur participation aux discussions sur les réformes est quasi inexistante. Parallèlement, ces syndicats souffrent de déficit organisationnel, de divisions internes et éprouvent de sérieuses difficultés à se départir de leurs comportements contestataires pour proposer des revendications constructives. Parallèlement, les relations tendues qui existent avec l’Etat ne sont pas de nature à encourager un développement et un épanouissement du mouvement syndical. 39 IV. STRATEGIE DU GOUVERNEMENT EN MATIERE DE BONNE GOUVERNANCE 4.1 Principaux éléments de la stratégie 4.1.1 Djibouti ne possède pas, à l’instar de certains pays africains, d'un programme national de promotion de la bonne gouvernance. Le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP), adopté en juin 2004, constitue le principal référentiel pour la définition et la mise en œuvre de la stratégie nationale de bonne gouvernance. Le CSLP reconnaît que les problèmes de développement économique de Djibouti résultent de la fragilité et du mauvais fonctionnement de l’Etat, et que la promotion de la bonne gouvernance est un impératif pour le succès de la stratégie de lutte contre la pauvreté. Les principaux axes de la stratégie du gouvernement en matière de gouvernance visent : (i) la consolidation des acquis démocratiques ; (ii) la promotion de la gouvernance locale et du développement participatif ; (iii) la réforme de la justice ; (iv) la relance de la réforme administrative, et (v) l’institution d’une bonne gouvernance économique et financière. Il convient de signaler que la gouvernance constitue un thème transversal et que des actions en faveur d’une amélioration de la gouvernance figurent également dans les autres axes de la stratégie de réduction de la pauvreté, en l’occurrence la relance de la croissance économique, la promotion du développement à la base, et le développement du capital humain. 4.1.2 Consolidation des acquis démocratiques : Ce domaine de la gouvernance se caractérise par l’absence d’une stratégie globale. La stratégie de réduction de la pauvreté est assez laconique en matière de réformes politiques et ne mentionne que le renforcement du processus de démocratisation observé en septembre 2002, avec l’instauration du multipartisme intégral et la création d’une Commission Electorale Nationale Indépendante chargée de superviser les élections. L’objectif du Gouvernement est d’assurer une meilleure participation de la population au processus démocratique. Il apparaît que les structures relevant de l’Exécutif et les institutions de régulation de constitutionnelle (les organes judiciaires de contrôle) s’emploient à mettre en œuvre des actions visant à promouvoir l’obligation de rendre compte et consolider l’Etat de droit. Ces actions se ramènent, en général, à des réformes institutionnelles transversales ou sectorielles visant à moderniser les structures, les méthodes, les procédures et à changer la culture administrative dans sa totalité. Malgré les progrès enregistrés, le système politique djiboutien demeure être confronté à un certain nombre de faiblesses liées notamment à un mode de scrutin (majoritaire à un tour) qui ne favorise pas suffisamment la représentativité des différentes formations politiques à l’Assemblée Nationale. 4.1.3 Gouvernance locale et développement participatif : Un des axes majeurs de la stratégie de réduction de la pauvreté porte sur la promotion et le renforcement de la décentralisation et de la participation des citoyens aux affaires les concernant. Dans ce domaine, les principaux objectifs poursuivis par le Gouvernement visent à enraciner la démocratie et à favoriser la participation des populations afin de réduire les disparités régionales. C’est dans ce contexte que la loi de décentralisation a été promulguée en 2002, instituant la région comme collectivité territoriale répondant au principe de libre administration et dotée d’un conseil régional qui est l’organe exécutif élu au suffrage universel direct. La stratégie du gouvernement est d’assurer un transfert progressif de compétences aux nouvelles collectivités locales en matière de recouvrement fiscal, et dans des secteurs comme l’éducation, la santé, les infrastructures, le tourisme et l’artisanat. Cet axe de la stratégie vise également à assurer une meilleure participation de la société civile dans la formulation et la mise en oeuvre des politiques publiques. 40 4.1.4 La société civile n’a pas une longue tradition de participation aux enjeux du développement. Il est donc prévu de renforcer les organisations de la société civile (OSC) afin que les populations concernées puissent jouer, par le truchement de structures crédibles, un rôle actif dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des projets et programmes de développement. Les actions prioritaires envisagées à cet effet portent sur : (i) le renforcement du cadre juridique et réglementaire régissant les associations et ONG ; (ii) la mise en place d’un dispositif de coordination des ONG et de développement d’un partenariat tripartite Etatrégions-ONG ; et (iii) l’élaboration et la mise en place d’un programme de renforcement des capacités des OSC. 4.1.5 La reforme judiciaire : L’objectif du gouvernement est de mettre en place une justice proche du citoyen qui garantit un accès égal à tous et des jugements équitables, qui sécurise les investisseurs et protège la propriété. La réforme de la justice vise à lever les principales contraintes du secteur identifiées lors des Etats Généraux de la Justice organisés en 2002 (voir section 2.4). les priorités matière de réforme judiciaire portent sur : (i) la nécessité d'améliorer l'accès à la justice en favorisant la justice de proximité par la création de nouveaux tribunaux ; (ii) l'instauration d'un système judiciaire unique qui devrait supprimer la dualité des juridictions (intégration des tribunaux de la charia et suppression des tribunaux indigènes ; (iii) la refonte de la Cour Suprême en une Cour de Cassation ; et (iv) la décentralisation de la justice. 4.1.6 Réforme administrative : Suite au diagnostic établi par la Commission Nationale de Réforme Institutionnelle (CNRI), le Gouvernement a adopté en 2001 une stratégie de réforme institutionnelle de l’administration (voir para. 2.1.14). La stratégie nationale de réforme de la l’administration publique vise le rapprochement de l’administration des citoyens ; le développement des capacités du secteur public ; et la modernisation de l’administration, de ses outils et de ses procédures. Cependant, le programme d’actions de cette stratégie n’a toujours pas vu le jour et des discussions sont en cours avec l’Organisation de Fonction Publique en Afrique (OFPA) de pour relancer son élaboration. 4.1.7 Gouvernance économique et financière : L’objectif primordial de la Stratégie de réduction de la pauvreté est de briser le cercle vicieux de la pauvreté à travers le relèvement durable du rythme de la croissance et une amélioration sensible de la compétitivité globale de l’économie. Cela exige un cadre macro-économique viable et une bonne gouvernance économique et financière permettant de créer un environnement incitatif aux investissements privés nationaux et étrangers. Aussi, La stratégie proposée repose essentiellement sur la promotion de l’investissement privé et sur la mise en œuvre d’une politique budgétaire axée sur les résultats. Les principaux élément de cette stratégie se résume ci-après : (i) le renforcement du cadre macroéconomique ; (ii) la promotion d’un cadre juridique favorable à l’investissement privé et à la réduction des coûts des facteurs ; et (iii) l’exploitation des avantages comparatifs du pays et la promotion de nouvelles sources de croissance 4.1.8 S’agissant de la gouvernance financière, les objectifs poursuivis par le Gouvernement sont l’amélioration de l’efficacité de la dépense publique à travers la mise en place d’un cadre budgétaire à moyen terme et des budgets de programmes qui devraient permettre de lier les objectifs de réduction de la pauvreté, aux allocations budgétaires, et aux résultats à atteindre sur le moyen et long termes. La déconcentration de la gestion des crédits budgétaires aux ministères dépensiers sera initiée ; les critères d’éligibilité au Programme d’Investissement Public (PIP) qui reflètent les priorités du CSLP seront également définis. L’obligation de rendre de l’utilisation des ressources sera améliorée avec le renforcement des corps de contrôle de l’État. 41 4.2 Examen de la pertinence de la stratégie à la lumière du diagnostic 4.2.1 Vue d’ensemble : Même si le Djibouti n’a pas formellement adopté un programme national de bonne gouvernance, les diverses mesures et actions disparates adoptées par le Gouvernement au cours des cinq dernières années peuvent être considérées dans leur ensemble comme des éléments d’une stratégie appropriée pour faire face aux problèmes de gouvernance identifiés à Djibouti. Le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté (CSLP) adopté en juin 2004 a tenté d’articuler ces programmes pour en faire une stratégie globale de promotion de la bonne gouvernance, axe essentiel de la stratégie de réduction de la pauvreté. Dès lors, se pose la question de la pertinence de cette stratégie, notamment en l’absence d’un cadre institutionnel pour la mise en œuvre des actions prévues pour l’amélioration de la gouvernance. Cette question est d’autant plus actuelle au regard des problèmes de coordination auxquels le Gouvernement est régulièrement confronté. Il y a lieu également de souligner qu’à la lumière de l’ampleur des dysfonctionnements et des contraintes mis en exergue dans le diagnostic de la gouvernance, les stratégies proposées ne prennent pas toujours en compte les capacités de mise en œuvre des réformes, notamment au niveau des ministères où se pose le problème de la pénurie de ressources humaines qualifiées. 4.2.2 Gouvernance politique : en matière de gouvernance politique, la stratégie proposée est assez lapidaire et ne propose pas de mesures concrètes visant à instaurer le consensus politique, étendre les espaces de liberté et consolider les acquis démocratiques. Alors que le Gouvernement a pris des décisions courageuses pour mettre fin au conflit qui, fondé sur la marginalisation et l’exclusion d’une partie de la population, avait compromis plusieurs années d’efforts de développement, l’opposition politique se sent exclus du jeu politique, ce qui ne peut qu’accroître les tensions accentuer les clivages politiques. La meilleure illustration de cet état de fait est la décision récente des partis politiques de l’opposition de ne pas prendre part aux élections présidentielles d’avril 2005, action. Devant le risque de remplacer une exclusion par une autre, il faudra introduire une dose de proportionnelle afin que les institutions d’élus reflètent davantage la diversité du paysage politique. Il faudra aussi promouvoir le rôle de la société civile qui est très déterminant dans les réformes au plan politique pour qu’elles s’inscrivent dans l’esprit et la lettre de la Constitution de 1992 et dans le souci de la bonne gouvernance. Il serait judicieux de prendre les actions nécessaires pour mieux garantir l’indépendance des institutions en charge d’assurer l’obligation de rendre compte en matière politique en l’occurrence le Conseil Constitutionnel, et la CENI. 4.2.3 Gouvernance économique et financière : Dans le domaine de la gouvernance financière et économique, la volonté du Gouvernement de mieux orienter les ressources financières de l’Etat vers les priorités en matière de réduction devrait se concrétiser avec la mise en place d’outils de préparation du budget permettant d’améliorer l’allocation des ressources financières. L’intention du Gouvernement de mettre en place des budgets de programmes pour les secteurs prioritaires comme l’Education, la Santé et la Justice devrait être traduite par des actions de formation sur ce mode de gestion des dépenses publiques. Les défis en matière de relèvement de la croissance économique à des niveaux permettant un accroissement des revenus par tête ont été pris en compte dans le programme de réformes économiques envisagé par les pouvoirs dans le CSLP. En priorité, l’environnement des affaires devrait être rendu plus prédictible avec la finalisation du code de commerce. Le coût de travail devrait être réduit avec l’application effective du nouveau code du travail ; et les services publics (eau, électricité, télécommunication) devraient être restructurés en recherchant les formes de partenariat avec le secteur privé les mieux à même de réduire le coût des facteurs de production. 42 4.2.4 Par ailleurs, le problème du suivi, de la soutenabilité et la pérennisation des réformes se pose dans leur élaboration et leur pilotage. L'existence de capacités nécessaires pour l'élaboration et la mise en œuvre des réformes est une condition primordiale pour l’atteinte des objectifs visés. Par ailleurs, le faible engagement des responsables, le déficit de communication relatif aux réformes, le changement fréquent des responsables chargés de les mettre en œuvre, sont autant de facteurs qui ne pas militent pas en faveur d’une mise en œuvre réussie de ces réformes. 4.2.5 Réforme de la justice : la pertinence de la stratégie en matière de réforme de la justice n’apparaît pas clairement en ce sens que les actions prises depuis la tenues des Etats Généraux de la justice en 2000 ne s’attaquent pas véritablement aux dysfonctionnements qui minent le système judiciaire dont : la corruption, le blocage des décisions de justice, le coût exorbitant des procédures et la culture d’impunité qui règne du fait des entraves à l’exécution des décisions de justice. Malgré la convergence de vues de tous les acteurs de la vie civile sur le diagnostic du système judiciaire et les bonnes déclarations d’intention, la Justice continue d’être le parent pauvre en terme d’allocation des ressources publiques (1% du budget de l’Etat). Les réformes amorcées dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations des Etats Généraux devraient être poursuivies et approfondies, tant du point de vue de la réhabilitation des infrastructures, que du recrutement du personnel judiciaire et de la mise en place de nouveaux textes de lois plus adaptés. La mise en place des textes d’application des nouvelles lois votées est aussi une nécessité impérieuse. Les signes d’une volonté politique sont remarquables avec la construction du nouveau palais de justice, l’accroissement du nombre de juges et une révision à la hausse de leurs rémunérations. Il est important de restaurer la crédibilité du personnel judiciaire dont la très faible productivité et la corruption sont encore manifestes. Il est nécessaire de poursuivre les recrutements, de mettre en application les nouveaux textes sur le statut de la magistrature et sauvegarder l’indépendance du personnel judiciaire. 4.2.6 Lutte contre la corruption : la lutte contre la corruption n’apparaît pas de manière explicite comme une priorité dans la stratégie nationale de bonne gouvernance. En effet, le Gouvernement n’a pas jugé nécessaire d’élaborer un plan stratégique de lutte contre la corruption et estime que la législation en place ainsi que les institutions de contrôle (IGF, IGE et CCDB) et le système judiciaire sont suffisamment outillés pour combattre efficacement ce phénomène. Cependant, jusqu’ici on ne perçoit une volonté politique affirmée pour réprimer concrètement les actes avérés de corruption, particulièrement dans l’exécution des marchés publics et dans les régies financières. 43 V. DOMAINES PRIORITAIRES DE LA GOUVERNANCE ET IDENTIFICATION DES DOMAINES POTENTIELS D’INTERVENTION DE LA BANQUE 5.1 Recommandations d’actions prioritaires pour l’amélioration de la gouvernance 5.1.1 Les recommandations d’actions prioritaires ont été retenues sur la base des principales faiblesses notées sur les différents piliers de la gouvernance présentés au chapitre II. Sur cette base, les domaines dans lesquels des améliorations devraient être apportées s’articulent essentiellement autour des axes suivants: (i) le renforcement de l’obligation de rendre compte au plan politique; (ii) la mise en œuvre effective de la décentralisation et du développement à la base ; (iii) la relance de la réforme administrative ; (iii) l’amélioration de la gestion des finances publiques en veillant à une meilleure articulation des dépenses publiques aux programmes prioritaires, en particulier aux résultats prévus dans le cadre de la mise en œuvre de la stratégie de lutte contre la pauvreté; (vi) une réforme de la passation des marchés fondée sur les recommandations du CPAR ; (v) le renforcement des systèmes juridiques et judiciaires ; et (vi) la consolidation de la stabilité macro-économique et le renforcement de la compétitivité de l’économie djiboutienne 5.1.2 Renforcer l’obligation de rendre compte au plan politique : L’une des conditions pour la transparence et l’obligation de rendre compte au niveau du pouvoir exécutif consisterait à revoir le système électoral actuellement appliqué. Le fait que le pouvoir législatif soit exercé seulement par des députés tous issus de la majorité présidentielle ainsi que les capacités limitées de l’Assemblée en matière d’analyse des projets de lois ne permettent pas à cette institution d’exercer correctement ses prérogatives de contrôle de l’action Gouvernementale. Une introduction d’une dose proportionnelle permettrait à des représentants de l’opposition (45% des suffrages des élections législatives de 2003) de siéger à l’Assemblée Nationale et d’apporter la contradiction à la majorité. Le renforcement des capacités au niveau de l’Assemblée Nationale en matière d’initiation de propositions de lois et d’analyse des projets de lois serait d’un apport important dans la recherche de l’équilibre des pouvoirs. Toujours dans l’optique de mieux rééquilibrer les pouvoirs exécutifs, législatifs et judiciaires, il importe de renforcer les capacités institutionnelles, matérielles et humaines du Conseil Constitutionnel pour lui permettre de mener à bien les missions qui lui incombent. Des actions de d’information, de sensibilisation et de communication sur le rôle du Conseil Constitutionnel devraient également être menées en direction des citoyens. De même, l’accès du public à l’information et la concertation avec la société civile devraient être améliorés pour l’examen des projets de loi et le suivi des politiques et des actions gouvernementales. Enfin l’enseignement des principes démocratiques dans les programmes éducatifs à tous les niveaux devrait être promu pour un enracinement de la démocratie. 5.1.3 Rendre effective la décentralisation : La volonté politique d’aller à la décentralisation s’est manifestée par l’adoption de la loi sur la décentralisation et le statut des régions et de manière permanente dans les discours officiels. L’absence de textes clarifiant les modalités de fonctionnement des collectivités freine la volonté politique. Mais le processus sera long, difficile et coûteux. Pour lever les contraintes, il y a lieu de régler les problèmes suivants : (i) l’organisation le plutôt possible les élections régionales pour démarrer le processus de décentralisation ; et (ii) le renforcement de la capacité nationale institutionnelle. A cet effet, une Commission Nationale de Décentralisation devrait être crée en tant qu’organe supra ministériel incluant la société civile afin de concevoir la politique nationale de mise en œuvre de la décentralisation, notamment les transferts de compétences et de ressources. La relecture de la loi du 07 juillet 2002 portant sur la décentralisation et le statut des régions en vue de l’élaboration d’un Code des collectivités locales devrait 44 également être engagée en vue de l’achèvement de l’architecture communale en précisant l’organisation et le fonctionnement des communes et des régions ; en évaluant de manière approfondie les ressources et les compétences à transférer. Un certain nombre de services sociaux de base comme l’Etat civil, la santé, l’éducation, l’alimentation en eau potable, l’agriculture, la pêche, et l’environnement ont été ciblé dans le transfert des compétences. Il importe de s’assurer que les structures déconcentrées seront dotées en moyens techniques et humains pour assister les Conseillers Régionaux. Pour ce qui concerne la gestion des ressources humaines, il est nécessaire de prévoir la création d’un statut des fonctionnaires des collectivités régionales. Les dispositions financières de loi sur la décentralisation devraient également être mises en œuvre en observant une règle de progressivité dans le transfert des prérogatives reconnues à celles administrations locales. 5.1.4 Relancer la réforme administrative : La stratégie qui doit guider la réforme administrative devrait s’articuler autour de trois grands axes que sont: (i) l’organisation ministérielle, (ii) la modernisation de l’administration publique, et (iii) le développement des ressources humaines. Une clarification des missions de l’Etat devrait être envisagée afin de servir de cadre de référence dans la formulation des objectifs, des politiques et la mise en place des différentes structures de l’Etat. A cette fin, il devrait être effectué un audit organisationnel des ministères pouvant déboucher sur une clarification de leurs missions et des propositions de réformes institutionnelles en vue d’améliorer la qualité des services publics et instaurer une plus grande responsabilisation des agents de l’Etat. La modernisation de l’administration nécessite la disponibilité d’un personnel qualifié capable de répondre aux exigences liées à la fourniture de services publics. La mise en place du fichier unique est une avancée notable en matière de rationalisation des effectifs de la fonction. Malgré cette réalisation, la masse salariale continue d’exercer une pression sur les ressources fiscales. Le gel des avancements a certes permis de contenir son accroissement, mais risque à terme d’avoir un impact sur la productivité dans l’administration. L’instauration d’un régime basé sur le mérite devrait être envisagée pour une meilleure maîtrise des dépenses de salaires. Il suppose au préalable une meilleure définition des emplois, ainsi que du profil de leurs titulaires ; et permet de distinguer, voire d’identifier les meilleures fonctionnaires et par suite, d’organiser un système d’avancement au choix fondé sur le mérite et d’en tirer les conséquences quant à la rémunération des fonctionnaires les plus performants. 5.1.5 Améliorer la gestion des finances publiques : L’accent doit être mis sur l’approfondissement des réformes budgétaires en vue de favoriser l’affectation des ressources publiques aux programmes de réduction de la pauvreté. Le relâchement des efforts d’ajustement au cours de la période 2002-2004 et la forte progression des dépenses non-prioritaires montrent la nécessité d’adopter des politiques budgétaires en faveur d’une meilleure allocation des ressources. A cette fin, la Banque encouragera l’adoption d’instruments modernes de programmation des dépenses publiques comme les budgets par objectifs ou les Cadres de Dépenses à Moyen Terme (CDMT) qui devraient permettre de lier les objectifs de réduction de la pauvreté, aux allocations budgétaires, et aux résultats à atteindre sur le moyen et long termes. La déconcentration progressive de l’ordonnancement vers les ministères dépensiers devrait être initiée ne serait ce que pour les secteurs prioritaires de la stratégie de réduction de la pauvreté comme l’éducation, santé, et le développement rural. Cette responsabilisation des ministères dépensiers dans la gestion de leurs crédits budgétaires devrait cependant s’accompagner du renforcement de l’obligation de rendre compte dans l’utilisation des deniers publics au moyen d’un renforcement de l’ensemble des corps de contrôle de l’Etat (Inspection Générale des Finances, Inspection Générale de l’Etat, Commission Nationale des Marchés, Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire). 45 5.1.6 Améliorer la gestion des marchés publics : Le cadre réglementaire demande à être modernisé en harmonisant, autant que possible, les pratiques suivies par les partenaires au développement dont les financements représentent jusqu’à 70% des marchés publics. Une plus grande précision doit également être apportée aux textes afin d’éviter des interprétations divergentes qui rendraient complexes les contrôles de régularité sur les marchés publics. Les textes devraient veiller à résoudre le problème de l’accès des établissements publics à la commande publique et prendre en compte la possibilité d’exécuter les marchés publics à travers des contrats de maîtrise d’ouvrage déléguée, de délégation de services publics ou de mise en concession. L’adoption d’un mécanisme de révision des seuils devrait également être envisagée. Le diagnostic du système des marchés publics à Djibouti fait aussi ressortir le besoin de redéfinir et de renforcer le cadre institutionnel en assurant une meilleure lisibilité des règles d’organisation de la CNM et en la dotant de moyens humains et matériels plus conséquent. Il y a lieu aussi de mettre en place un mécanisme indépendant de recours des soumissionnaires pour éviter à ce que la CNM soit à la fois juge et parti. 5.1.7 Par ailleurs, il est à noter que des problèmes de capacités entraînent le non-respect des procédures et règles qui entraînent souvent le rejet des offres soumises à la CNM. Un des principaux axes d’amélioration du système devrait donc porter sur la mise en place de programmes de sensibilisation et de formation aux principes et règles de passation des marchés publics destinés aussi bien à la CNM qu’aux ministères dépensiers. Il y a lieu également de promouvoir l’utilisation d’outils modernes et simplifiés du système des marchés publics portant notamment sur : (i) l’élaboration des dossiers d’appel d’offres types, des procès-verbaux de dépouillement et d’analyse type ; (ii) l’adoption de mercuriales ou d’un référentiel des prix ; (iii) l’acquisition des logiciels de conception et de traitement des documents utilisés dans la passation des marchés publics ; et (v) la mise à jour et la diffusion des manuels de procédures des marchés publics. Enfin, le Gouvernement devrait renforcer le dispositif de contrôle et sanction dans un souci de transparence et d’une lutte efficace contre la corruption. Cela passe par le renforcement des capacités des institutions de contrôle (IGF, IGE, CCDB) incluant la mise en place d’outils informatiques performants une formation adéquate de leur personnel. A terme, tous les marchés au-delà d’un certain seuil devront être audités avec une publication des rapports d’audit sur les sites Web du Gouvernement. 5.1.8 Réformes juridiques et judiciaires : L’amélioration de la gouvernance juridique et judiciaire à Djibouti requiert que des actions spécifiques soient entreprises dans la réforme des textes législatifs et réglementaires ; le renforcement des capacités du Ministère de la Justice, et la formation des différents acteurs du système juridique. En matière de réforme de textes, il conviendrait d'harmoniser et de mettre à jour les différents textes relatifs au droit civil au vu du fait que c'est encore le Code Civil français qui s'applique à Djibouti. Il faudrait également apporter un appui à la Commission de Réforme du Code de Commerce. S’agissant du renforcement des capacités du Ministère de la Justice, il conviendrait d’appuyer la mise en œuvre des organes prévus dans le texte organisant le Ministère qui prévoit la création de plusieurs services notamment la Direction des Services Judiciaires, la Direction de la Législation et des Réformes, et la Direction de l'Administration Pénitentiaire. Dans le domaine de la formation, il conviendrait d'envisager une formation initiale au profit des nouvelles recrus (puisqu'il n'existe pas d'Ecole de Formation Judiciaire ou d'Ecole Nationale de la Magistrature à Djibouti). Cette formation,qui pourrait s'effectuer en partie à l'étranger et sur place, permettrait non seulement d'apprendre les rudiments des métiers de la justice mais également de s'imprégner de la déontologie et des règles éthiques de la profession de magistrat. Une formation spécifique devrait être envisagée pour les anciens juges chariens qui devront aujourd'hui appliquer le nouveau Code de la Famille. Une formation sous forme de recyclage ou de mise à niveau serait organisée pour les magistrats d'une certaine ancienneté. 46 5.1.9 Consolider la stabilité macroéconomique et renforcer la compétitivité : Au vu du fait que le budget de l’Etat est le principal instrument de politique économique du Gouvernement de Djibouti, la consolidation des efforts d’assainissement des finances publiques revêt un caractère prioritaire en matière de stabilisation macro-économique. Il importe dès lors d’adopter les mesures appropriées pour accroître les ressources fiscales sans trop alourdir les charges fiscales des entreprises. Au vu du niveau élevé des prélèvements fiscaux à Djibouti, l’accroissement de l’assiette fiscale doit être l’objectif ultime des réformes fiscales envisagées, en l’occurrence la substitution de la TVA à la Taxe Intérieure sur la Consommation (TIC), l’introduction d’un doit de douane, l’adoption du TEC de la COMESA. Il importe également de poursuivre les efforts d’ajustement qui devraient permettre de restaurer la discipline fiscale et de contenir les dépenses sans impact sur la réduction de la pauvreté en particulier les dépenses de salaires et de fonctionnement dans les secteurs non-prioritaires de la stratégie de réduction de la pauvreté. 5.1.10 Au vu de l’appréciation du taux de change réel effectif et de la forte dégradation de la compétitivité externe du pays qui s’en est suivie, il est urgent d’adopter les réformes structurelles en faveur d’une restauration de la compétitivité de l’économie djiboutienne. Le Gouvernement privilégie un ajustement interne qui s’attaquerait aux rigidités structurelles de l’économie djiboutienne plutôt qu’une dévaluation du Franc-Djibouti qui aurait des effets néfastes sur les populations les plus vulnérables. A cette fin, la réforme des codes du commerce et des investissements et l’achèvement du programme de privatisation devrait être accélérée. Ces réformes revêtent une importance particulière pour l’élargissement de la base productive, la réduction de la dépendance du pays vis-à-vis des services. 5.2 Domaines d’intervention des partenaires au développement 5.2.1 La France est de loin le principal bailleur de fonds de Djibouti (environ 20 millions d’euros d'aide publique au développement par an). On assiste cependant à une réduction du nombre d'assistants techniques (plus de 450 en 1982, 54 en septembre 2004). Au plan de la gouvernance économique, la France a apporté son assistance à la mise en place du vaste programme de réforme de l’administration fiscale et douanière incluant un important volet d’informatisation. La coopération militaire est également un volet majeur de l’aide française (21 officiers et sous-officiers). Son budget s'élève à 3,8 M€ pour 2004. Sept projets sont en cours: transmissions interarmées, gendarmerie, santé, automatisation, logistique, action de l'Etat en mer, et formation. La coopération policière est régie par l'accord de coopération du 28 avril 1978, révisé en 1990. Deux assistants techniques se trouvent à Djibouti. L'un travaille dans le domaine de la sûreté aéroportuaire, l'autre est conseiller du Directeur de la police de Djibouti. Des actions de formation sont également organisées à Djibouti et en France. 5.2.2 Groupe de la BAD : La Banque finance un projet d’appui à la bonne gouvernance des finances publiques. Le projet a été approuvé en 2002 et vise à accroître l’obligation de rendre compte dans la gestion des ressources publiques grâce à l’effectivité des contrôles juridictionnels a posteriori sur les comptes publics effectués par la Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire (CCDB). Le projet comprend deux volets: (i) un volet "acquisition de biens d'équipement" et un volet "assistance technique et formation". L'acquisition des biens d'équipement est achevée. Des retards considérables sont cependant à signaler sur le volet "assistance technique" qui visait à mettre à la disposition de la CCDB des spécialistes devant l’assister : (i) dans l'élaboration du règlement intérieur et du code de déontologie de la CCDB, et (ii) dans le renforcement des capacités en matière de contrôle juridictionnel. Les missions d’assistance technique qu'avait prévu le projet devraient être révisées en visant deux 47 principaux objectifs : (i) le recrutement d'un expert en contrôle juridictionnel, et (ii) le recrutement d'un spécialiste devant effectuer une revue des textes réglementaires devant faciliter la transformation de la CCDB en Cour des Comptes. Il y a lieu également d'accélérer le programme de formation des cadres de la CCDB. 5.2.3 Banque mondiale : La Banque mondiale a assisté Djibouti dans l’évaluation de la gestion des finances publiques (CFAA) et la revue du système national de passation des marchés au cours du premier semestre de l’année 2004. Le CFAA a identifié un certain nombre de mesures prioritaires devant être mises en œuvre dans des domaines relevant de la préparation du budget, de l’exécution budgétaire, et du traitement comptable de la dépense. Il a en particulier recommandé à ce que le Plan de trésorerie soit rendu plus transparent au niveau des ministères dépensiers et que le Rapport général annuel de la Chambre des Comptes soit rendu public. Des recommandations ont également pour une meilleure articulation des activités des principaux corps de contrôle de l’Etat. L’étude recommande également une application progressive des dispositions financières liées à la mise en œuvre de la décentralisation. ENCADRE 7 : RECOMMANDATIONS PRIORITAIRES DU CFAA Améliorer la prévision de recettes budgétaires Mieux impliquer les ministères techniques dans la préparation de leur budget. Rendre le plan de trésorerie plus transparent pour les ministères techniques Prévoir une expérience pilote au ministère de l’Education nationale de déconcentration de la gestion limitée aux crédits de matériel et d’une forme de contrôle financier ex ante Poursuivre la régularisation des dépenses non comptabilisées Assurer la publication effective du rapport général annuel de la Chambre des comptes Prévoir une articulation entre les travaux des trois principaux corps de contrôle Prévoir une application progressive et par étapes des dispositions financières de la loi sur la décentralisation Source : Banque mondiale, Évaluation de la gestion des finances publiques, février 2004 5.2.4 Fondation pour le Renforcement des Capacités en Afrique (ACBF) : L’ACBF apporte un appui à la CCDB en vue de l’ériger en une véritable entité indépendante chargée de la réédition des comptes publics et l’imputabilité de la gestion financière. Elle a approuvé en 2003 un projet de renforcement des capacités de la gouvernance financière visant à appuyer l’IGE dans sa mission de vérification du fonctionnement régulier de l’ensemble des services publics. L’assistance de l’ACBF à travers ce projet vise également à créer au sein de l’Assemblée Nationale une véritable fonction de contrôle de l’action gouvernementale, et à renforcer les capacités institutionnelles de la Cour Suprême. 5.2.5 Le Programme des Nations-Unies pour le Développement : Le PNUD a une approche intégrée qui s’articule autour de trois sous-programmes que sont : (i) le développement institutionnel ; (ii) la consolidation du processus de décentralisation ; et (iii) le développement du secteur privé. Le développement institutionnel vise à favoriser la valorisation des ressources humaines au sein de l’administration publique au moyen de la promotion de la formation permanente, à faire un plaidoyer en faveur de la protection et de la promotion des droits de l’homme, et à apporter un appui à l’Assemblée Nationale et aux institutions impliquées dans le processus électoral. L’appui à la décentralisation vise l’appropriation par la population des textes de lois sur la décentralisation, et la formation de cadres, de même que l’inclusion du mouvement associatif et de la société civile à la gestion 48 publique. L’appui au secteur privé vise à lever les contraintes entravant son développement et à promouvoir le partenariat secteur public/ secteur privé. 5.3 Domaines potentiels d’intervention du Groupe de la Banque 5.3.1 Domaines de concentration du DSP 2005-2009 : La stratégie de la Banque d’intervention à Djibouti pour la période 2005-2009 sera articulée autours des axes prioritaires du CSLP en consolidation l’action du FAD au cours des dernières années. Sur la base des premières discussions avec le Gouvernement, il s’avère que la Banque devrait appuyer les efforts de développement à la base en renforçant le cadre institutionnel de la gestion urbaine et le développement d’infrastructures socio-économiques devant favoriser l’accès des populations les plus défavorisées aux services sociaux de base comme l’assainissement. En complément aux investissements physiques que la Banque consolidera son action en matière de renforcement de bonne gouvernance en visant le renforcement de la justice et la levée des obstacles à l’investissement privé. 5.3.2 Domaines potentiels d’intervention du FAD en matière de bonne gouvernance : L’identification des domaines d’intervention prioritaires du Groupe de la Banque répond à un des principes directeurs de son Plan Stratégique 2003-2007 qui vise à accroître l’impact de ses activités par une plus grande sélectivité et un meilleur ciblage de ses interventions. A la lueur des recommandations du présent profil de gouvernance, il a été possible d’identifier des domaines potentiels d’intervention de la Banque à Djibouti en matière de gouvernance et de renforcement de capacités. Ces domaines s’articulent autour des axes suivants : (i) la réforme du secteur de la justice ; et (ii) l’appui à l’amélioration de l’environnement juridique et réglementaire des affaires. Le choix de ces deux piliers de la gouvernance s’explique par l’avantage comparatif dont dispose la Banque a su capitaliser sur le cadre juridique et réglementaire de Djibouti avec : (i) l’étude qu’elle avait financée en 2002 sur les réformes du secteur de la justice, et (ii) le premier prêt d’ajustement structurel approuvé par la Banque qui appuyait l’amélioration de l’environnement des affaires. 5.3.3 la réforme du secteur de la justice : Cet appui pourrait porter sur le renforcement des capacités des juridictions, avec notamment : (i) la formation des magistrats et autres auxiliaires de justice16 aux dispositions du nouveau code de commerce qui est largement inspiré du droit OHADA ; (ii) l’assistance technique ; et (iii) l’équipement des juridictions en moyens logistiques ; et (iv) l’acquisition d’ouvrages pour la bibliothèque du Palais de Justice. Mais, quelle que soit la formation (initiale ou continue), elle devrait être axée notamment sur les techniques de rédaction des décisions de justice, les éléments d'un droit particulier comme le droit maritime, les procédures civile et pénale, et les règles déontologiques. Une étude assise sur les expériences étrangères pourrait être financée par le FAD et viserait à mettre en place un cadre d’assistance juridique et judiciaire en direction des populations les plus frappées par la pauvreté. Un fonds spécial serait constitué sur les ressources du budget national pour défrayer les auxiliaires de justice (Avocats, Huissiers de Justice). L'indigence des conditions de travail des magistrats et des greffiers requiert un effort de modernisation des juridictions en termes d'équipement informatique et en particulier de mobilier de bureau. En effet, les décisions de justice sont encore saisies par des machines à écrire manuelle, ce qui, non seulement retarde les délais de délivrance des jugements, mais également ouvre la voie à la fraude et à la corruption. Il s'y ajoute des méthodes de gestion des greffes qui ne favorisent pas le développement du secteur privé. Il faudrait équiper les juridictions de base (dont le TPI de la ville de Djibouti) d'outils 16 Les greffiers sont les premiers auxiliaires des magistrats et sans qui le système judiciaire ne pourrait pas fonctionner. 49 modernes de travail, à l'exemple de la Chambre des Comptes qui délivre un service public de qualité grâce aux moyens modernes de travail mis à sa disposition. 5.3.4 L’appui à l’environnement des affaires : L’amélioration du cadre juridique pour assainir et promouvoir le secteur privé passe par la mise en œuvre de mécanismes propres à garantir et sauvegarder les droits des opérateurs économiques face aux abus de l’administration. Il s’agit de redynamiser le cadre de synergie et de partenariat entre les pouvoirs publics et les organisations professionnelles en impliquant davantage ces dernières dans l’élaboration, l’actualisation et la vulgarisation des textes applicables à leurs activités. Parallèlement, dans le but d’accroître l’obligation de rendre compte du secteur privé, il est envisagé mettre en œuvre des actions visant renforcer le contrôle fiscal, moderniser le système de contrôle au niveau du cordon douanier, sensibiliser les opérateurs sur le contenu des textes de nature économique, notamment sur les dispositions de la politique fiscale. Ces mesures ont aussi pour objectif de promouvoir et faciliter à terme le passage du secteur informel au secteur moderne et l’assainissement du milieu des opérateurs économiques. 5.3.5 La Banque pourrait envisager un appui pour la mise en œuvre de certaines réformes proposées, notamment celles relatives à l’amélioration du cadre juridique des affaires. Dans ce domaine, la Banque pourrait appuyer les actions visant à lever les contraintes auxquelles le secteur privé djiboutien est confronté, notamment à travers : (i) l’établissement du nouveau code de commerce favorable au développement de l’initiative privée (ii) une assistance technique à la Chambre Internationale de Commerce et d’Industrie pour lui permettre de mieux jouer son rôle d’interface entre les entreprises et l’Etat ; (iii) le renforcement des capacités des entreprises et des organisations les représentant ; (iv) un appui à l’Agence Nationale de l’Investissement pour la mise en place d’un guichet unique pour les formalités de création des entreprises. Pour les besoins de transparence, elle encouragera le Gouvernement à prendre des mesures visant une meilleure application des règles de concurrence et d’équité vis-à-vis du secteur privé en matière de marchés publics et la création de bases de données sur le secteur privé. La Banque pourrait appuyer le développement des PMEs ainsi que la création de centres de gestion agréés pour les soutenir. La Banque appuiera les efforts du gouvernement pour la formation professionnelle des ressources humaines dans le secteur privé, et pourrait envisager le financement d’une étude sur l’évaluation des besoins dans ce domaine. 5.4. Domaines potentiels d’intervention de l’ACBF 5.4.1 Dans son mandat actuel, l’ACBF a mission pour intervenir dans un nombre limité de domaines. Au vu des domaines prioritaires de la gouvernance à Djibouti, il y a deux domaines potentiels d’intervention de l’ACBF en termes de renforcement des capacités: l’administration publique, et l’interface entre l’Etat et la société civile. 5.4.2 L’Administration publique: Les diagnostics qui ont été menés à ce jour font état de nombreux dysfonctionnements au niveau de l’administration publique, en dépit des avancées qu’a permis la mise en œuvre de la stratégie de la réforme institutionnelle. Dans la mesure ou le Gouvernement consent la relance des reformes de la fonction publique, l’ACBF peut contribuer en finançant l’expertise nécessaire pour: (i) mettre en place de nouveaux textes définissant l’attribution et l’organisation des différents départements ministériels de manière à les adapter aux principales missions qui leur sont dévolues et à favoriser une harmonisation de l’organisation des différents ministères, en tenant compte de la nature multisectorielle de la plupart des politiques publiques et pour favoriser une gestion rationnelle des effectifs et des dépenses de personnel; (ii) la formation en techniques de planification des effectifs afin 50 de contenir les effectifs pléthoriques de la Fonction Publique et d’améliorer l’adéquation entre les profils et les postes; et (iii) la production d’un texte unique faisant la synthèse de la multitude de textes qui génèrent une prolifération des primes et indemnités, rendent illisible la politique salariale, et rendent difficile la maîtrise des dépenses de salaires. 5.4.3 La société civile: Beaucoup de facteurs expliquent la nécessite de renforcer la société civile et du secteur privé. L’un de ces facteurs est la faiblesse de l’opposition politique. Avec la faiblesse structurelle de l’opposition sur le plan politique, la faiblesse de la société civile est un des facteurs clés qui grèvent la responsabilisation et l’obligation de rendre compte à Djibouti. La faiblesse de ces groupements est surtout structurelle, et accessoirement technique. La politique de la Fondation en la matière, notamment l’exigence d’une organisation structurée de la myriade d’entités de la société civile, avec des mécanismes de gouvernance interne claires, rendrait délicat une intervention de renforcement des capacités. Toutefois, compte tenu de l’adoption des projets de lois que le Gouvernement prépares depuis 2002, des changements pourraient intervenir dans un avenir proche, rendant possible une intervention de renforcement des capacités de la société civile. Cadre de suivi de la mise en œuvre des recommandations issues du PGP 5.5 5.5.1 Le présent profil de gouvernance doit constituer un cadre de référence pour toutes les actions futures de renforcement des capacités et d’amélioration de la gouvernance à Djibouti. Aussi est-il nécessaire de prévoir un cadre ou un mécanisme de suivi de la mise en œuvre des actions prioritaires issues des recommandations du présent rapport. Cette mission pourrait être assurée par une structure existante dont le mandat couvre déjà les questions de gouvernance (la Cellule de Gouvernance du Secrétariat Générale de la Présidence de la République ou la Cellule de suivi de la mise en œuvre du CSLP à la Primature). Le mécanisme de suivi proposé sera basé sur une évaluation des actions entreprises et une information régulière du Gouvernement et des partenaires au développement sur les avancées réalisées afin de permettre d’apprécier la pertinence des programmes mis en œuvre et de capitaliser sur les expériences réussies. Afin d’éviter des informations parcellaires, il est important que toutes les parties prenantes s’approprient les recommandations du présent profil de gouvernance pays (PGP). Cela pourra se faire dans le cadre de l’atelier de restitution du PGP à Djibouti. 5.5.2 Dans cette optique, il est proposé que des rencontres périodiques soient organisées pour faire régulièrement le point sur les actions de renforcement de capacités engagées dans les différents programmes de développement. L’exercice d’actualisation du diagnostic des capacités pourrait s’effectuer en rapport avec les échéances annuelles de mise à jour du CSLP, celui-ci constituant la référence essentielle pour la détermination des priorités d’action en matière de gouvernance comme cela a été indiqué plus haut. 5.5.3 Les instruments proposés ci-dessus répondent à la nécessité d’assurer une systématisation de l’exercice d’évaluation et de planification stratégique concernant le renforcement des capacités en matière de gouvernance. Tout système de suivi et de veille de l'état de la gouvernance devrait permettre de : (i) (ii) (iii) Suivre la mise en œuvre des recommandations découlant du PGP; Réaliser une revue annuelle de diagnostic et d’évaluation de la gouvernance, des capacités nationales et des programmes de renforcement des capacités ; Animer les concertations (séminaires, ateliers, initiative de réunions de coordination avec les partenaires de développement) sur les questions 51 (iv) (v) (vi) opérationnelles ou méthodologiques du renforcement des capacités et de promotion de la gouvernance; Mettre en place un fonds documentaire sur le cadre institutionnel et les programmes de renforcement des capacités et de gouvernance (le fonds actuel se limite à une vingtaine de documents) ; Une base de données sur les projets/programmes de renforcement des capacités (indicateurs de suivi des impacts des actions réalisées, en mettant surtout l’accent sur la formation, l’organisation et les moyens de travail) ; Un tableau de bord mettant en évidence, pour les principaux programmes, les écarts entre résultats attendus et les résultats effectifs. 52 VI. CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS 6.1 Conclusion 6.1.1 Le Gouvernement de Djibouti a choisi la bonne gouvernance comme pilier central devant lui permettre d’atteindre ses objectifs de développement économique et social. Les initiatives comme le redéploiement des activités de la Chambre des Comptes et la création d’une Inspection Générale d’Etat sont une manifestation de sa volonté de renforcer l’obligation de rendre compte de la gestion des ressources financières de l’Etat. La participation de parties prenantes a également été renforcée par le processus de démocratisation, et par l’adoption de la loi sur la décentralisation et le statut des régions. Cependant l’absence de textes clarifiant les modalités de fonctionnement des collectivités locales freine une mise en œuvre effective de la décentralisation. De surcroît, le fait que le pouvoir législatif soit exercé seulement par des députés tous issus de la majorité présidentielle ne permet pas au Parlement d’exercer correctement ses prérogatives de contrôle de l’action gouvernementale. 6.1.2 Au plan des réformes économiques, la stratégie de réforme institutionnelle qui devrait doter l’Etat d’une administration performante et contenir le développement disproportionné du secteur public n’a pas connu d’avancée majeure depuis son élaboration. Les réformes fiscales et budgétaires ont principalement visé la mise en place d’un cadre juridique favorable à la bonne gouvernance tout en appliquant des mesures garantissant un accroissement des recettes et une rationalisation des dépenses publiques. Cependant les principales réformes structurelles qui devraient permettre une amélioration de la compétitivité et la levée des obstacles à l’initiative privée tardent à être mises en œuvre faute d’assistance technique. 6.1.3 Le Gouvernement de Djibouti n’a pas jugé nécessaire de créer une structure qui serait en charge de la lutte contre la corruption car il estime que les textes juridiques en place contiennent des dispositions permettant de sanctionner les actes de corruption. Les institutions de contrôle (Inspection Générale des Finances, Chambre des Comptes, Inspection des Finances, et Commission Nationale des Marchés) sont chargées de veiller à une obligation de rendre compte de l’utilisation des derniers publics. Dans ce contexte, l’amélioration de la bonne gouvernance passe nécessairement par le renforcement des capacités de l’institution juridique et judiciaire, et des institutions en charge du contrôle juridictionnel des deniers publics. 6.2 Recommandations 6.2.1 Il est recommandé à ce que la Banque et l’ACBF consolident leurs appuis dans le domaine de la bonne gouvernance à Djibouti sur la base du présent rapport. Les domaines prioritaires d’intervention identifiés dans le présent profil devraient être discutées avec l’ensemble des partenaires au développement pour obtenir la synergie nécessaire à leur mise en œuvre. Au vu des conclusions du rapport, il est recommandé : 6.2.2 Pour le Gouvernement : (i) L’élaboration d’une stratégie nationale de bonne gouvernance sur la base des mesures et actions disparates en cours de mise en œuvre, des stratégies en faveur de la bonne gouvernance du CSLP, et des domaines d’intervention prioritaires identifiés par le présent Profil de Gouvernance afin d’offrir aux parties prenantes 53 (société civile et partenaires au développement) une visibilité sur les intentions du Gouvernement (ii) La préparation d’un document d’orientation synthétique sur les actions de renforcement à mener autour de trois éléments : les orientations à long terme, un plan d’actions sur les priorités à mettre en œuvre sur un horizon de trois ans, et un cadre d’indicateurs de résultats (iii) Une implication des parties prenantes y compris des institutions supérieures de contrôle et des institutions judiciaires dans le fonctionnement de la Cellule de Gouvernance du Secrétariat Général du Gouvernement (iv) Un renforcement du rôle de cette Cellule dans le pilotage de la politique du Gouvernement en matière de bonne gouvernance en la dotant de ressources financières et humaines appropriées (v) Prévoir une table ronde des bailleurs de fonds pour le financement de la stratégie nationale de bonne gouvernance. 6.2.3 Pour la Banque et l’ACBF : (i) Organiser un atelier un de restitution du Profil de Gouvernance en concertation avec les partenaires au développement de Djibouti (ii) Se baser sur les domaines prioritaires d’intervention identifiés par le présent rapport pour préparer appui institutionnel financé sur les ressources du FAD-X en faveur du secteur de la justice, et du cadre réglementaire du secteur privé. (iii) Engager un dialogue avec le Gouvernement sur les réformes à mettre en œuvre dans l’administration publique et le partenariat entre l’Etat et la Société Civile pour préparer, aussitôt les réformes majeures passées, un appui de l’ACBF en faveur du renforcement des capacités dans ces domaines. 54 ANNEXE I : RECUEIL DES PRINCIPAUX TEXTES RELATIFS À LA GOUVERNANCE ACCORDS DE PAIX 1. l’Accord de Réforme et de Concorde Civile en mai 2001 avec la branche armée du FRUD OBLIGATION DE RENDRE COMPTE AU PLAN POLITIQUE 2. Loi organique N°1 du 10 février 1981 sur l'élection présidentielle ; 3. La loi N°01/AN/92/2eL du 15 septembre 1992 relative aux partis politiques instaurant un multipartisme limité à quatre partis pendant dix ans 4. La loi N° 1/AN/92/2e L du 29 octobre 1992 relative aux élections modifiée par la loi N°_2/AN/93/3e L du 7 avril 1993 ; 5. Loi Organique N° 11/AN/02/4ème L portant modification de l’article 40 de la Loi Organique N°2/AN/93 du 07 avril 1993 et de l’article 41 de la Loi Organique n°1/AN/92 du 29 octobre 1992 relative aux élections 6. Loi organique N° 4/AN/93/3e L du 7 avril 1993 fixant les règles et organisation du bon fonctionnement du Conseil Constitutionnel ; 7. Décret N°2002-0198/PR/MID portant composition et fonctionnement de la Commission Electorale Nationale Indépendante. 8. Décret N°2005-0024/PR/MID du 19 février 2005 portant composition et fonctionnement de la Commission Électorale Nationale Indépendante pour les Élections Présidentielles. GESTION ÉCONOMIQUE ET FINANCIÈRE 9. Loi N° 52-1322 du 15 décembre 1952 instituant un code du travail dans les territoires et dans les territoires et territoires associés relevant du ministère de la France d'outre-mer 10. Loi N°130/AN/96/3ème L du 15 février 1997 portant conditions et modalités de privatisation de participations, d'entreprises, de biens ou d'activités relevant du secteur public 11. Décret N° 97-0102 du 06 juillet 1997 portant création d’un Comité Technique de Coordination et de Suivi des de Réformes Economiques ; 12. Loi du 21 janvier 1998 portant sur la définition et la gestion des Etablissements Publics 13. Loi N°12 du 11 mars 1998 portant réforme des Sociétés d'Etat, des Sociétés d'Economie mixte et des Etablissements Publics à caractère Industriel et Commercial 14. Décret N°99-0077/PRE/MEFN du 08 juin 1999 portant reforme des sociétés d’économie mixte et des établissements publics à caractère industriel et commercial 15. Décret N°99-0077/PRE/MEFN du 08 juin 1999 portant sur la définition et la gestion des établissements publics 16. Loi N°108/AN/00/4 du 22 octobre 2000 portant modifications du Code Général des Impôts ; 17. Loi organique du 29 octobre 2000 relative aux finances publiques ; 55 Décret 2001-0012/PR/MEFPCP du 15 janvier 2001 portant règlement général de la comptabilité publique 19. Décret N° 2001-0222/PRE du 26 novembre 2001 portant création de l’inspection Générale d’Etat (IGE) 20. Décret N°2002-0021/PR/MEFP portant établissement de la nomenclature des pièces justificatives des dépenses de l’Etat 21. Loi N°195/AN/02/4ème L du 29 décembre 2002 portant respectivement organisation du Ministère de l'Economie, chargé de la Privatisation et la création de la Direction du Financement Extérieur ; 22. Décret N° 2003-0067/PR/MEFPP du 24 avril 2003 portant création d’une commission nationale chargée de l’élaboration d’une nouvelle réglementation comptable 23. Décret N° 2003-0067/PR/MEFPP du 24 avril 2003 portant création d’une commission nationale chargée de l’élaboration d’une nouvelle réglementation comptable 24. Décret N°2004-0014/PRE/MESN du 21 janvier 2004 portant sur l’organisation et le fonctionnement de l’Inspection Générale d’Etat. 25. Arrêté N° 2004-0335/PRE portant création du comité de pilotage du projet de Renforcement des Capacités de la Gouvernance Financière et du Contrôle auprès de l’Inspection Générale d’État et nomination de ses membres 26. Décret N°2004-0058/PR/PM du 13 avril 2004 portant sur les avantages et les indemnités accordés aux membres de l’Inspection Générale d’Etat 27. Loi N°53/AN/04/5ème L du 17 mai 2004 portant Code des Zones Franches. 28. Décret N° 2004-0085/PR/MEFPP du 20 mai 2004 modifiant le décret n°99025/PR/MEFPP du 31 mars 1999 portant organisation du Ministère de l’Économie, des Finances et de la Planification, chargé de la Privatisation. 29. Décret N° 2004-0134/PR/MEFPP du 20 juillet 2004 modifiant le Décret n°20040085/PR/MEFPP du 06 mai 2004 portant organisation du Ministère de l’Économie, des Finances et de la Planification, chargé de la Privatisation. 30. Décret N° 2004-0231/PR/MEFPP du 28 décembre 2004 fixant les modalités de création de fonctionnement des Centres de Gestion Agréés. 18. TRANSPARENCE 31. Loi N°75/AN/95 du 14 février 1995 relative au code des marchés publics 32. Loi N°136/AN/97/3eme Législature du 2 Juillet 1997 “portant création d’une Chambre des Comptes et de Discipline Budgétaire de la Cour Suprême”, en date Loi nº43/PR/94 33. Loi N°122/an/01/4°l modifiant et complétant la loi n°36/an/97 relative a l’organisation et au fonctionnement de la Chambre Des Comptes et de Discipline Budgétaire 34. Loi N°52/AN/04/5ème L du 3 mai 2004 portant sur la définition du cadre juridique et des attributions de l'Inspection du Général de l'Etat (IGE) 56 PARTIES PRENANTES 35. Loi de 1901 sur les associations 36. Loi Nº 66/AN/94 du 7 décembre 1994 portant régime de la zone franche industrielle 37. Décret N° 99-0088/PRE, du 17 juin 1999 portant création d’un Conseil Régional et d’un Fonds Social Régional pour la Promotion du Développement Communautaire. 38. Loi du 21 août 1999 instituant le Médiateur de la République comme autorité chargée de servir d’intermédiaire entre les administrés et l’Administration. 39. Loi N° 174/AN/02/4ème L du 7 juillet 2002 portant Décentralisation et Statut des Régions 40. Loi, N° 152/AN/02 portant Code de famille 41. Loi N°173/AN/02/4èmeL instaurant la politique nationale en matière d’intégration de la femme dans le développement ; 42. Loi du 31 juin 2002 portant Code de la Famille 43. Loi N° 173/AN/02/4ème L du 07 juillet 2002 définissant la politique nationale en matière d'intégration de la femme dans le développement. 44. Loi N°179 d'août 2002 portant réorganisation de la Chambre Internationale de Commerce et d’Industrie de Djibouti (CICID) ; RÉFORMES JURIDIQUES ET JUDICIAIRES 45. Constitution du 15 septembre 1992 46. Loi N° LR/77-001 et LR/77-002 du 27 juin 1977 dite lois constitutionnelles Nº 1& 2 portant définition des pouvoirs publics et fixant les attributions de différents appareils et organes de l'État ; 47. Loi Organique N°6/AN/93/3ème L fixant la composition et les règles de fonctionnement à la Haute Cour de Justice 48. Loi N°52/AN/94 3ème L a mis en place une organisation judiciaire créant une Cour d’Appel et un Tribunal de Première Instance 49. Loi Organique N°9/AN/01/4ème L du 18 février 2001 : portant Statut de la Magistrature et modifiant certaines dispositions de la loi N°3/AN/93/3ème L du 07 avril 1993 relative à l’organisation et au fonctionnement du Conseil Supérieur de la Magistrature 50. Décret N° 2002-0062/PR/MJAPM du 02 mai 2002 fixant les modalités d’application de la loi organique n°9/AN/01/4ème L du 18 février 2001 portant Statut de la Magistrature 51. Décret N°2002-0064/PR/MJAPM fixant les indemnités allouées aux Magistrats de l’ordre judiciaire CORRUPTION 52. Loi N°96/AN/05/5ème L du 08 février 2005 portant ratification de la Convention des Nations unies contre la corruption 57 ANNEXE II : INDICATEURS DE GOUVERNANCE Population (millions) Capitale Revenu par habitant Espérance de vie Rang Indice de Développement humain 0,7 Djibouti 880 $ EU 47 137 64,6% 109 N/A N/A 37 Alphabétisation des adultes Mortalité infantile Mortalité maternelle Population active féminine Liberté de la presse 2004 2002 2000 1998 1996 -0.85 -0.69 -0.56 -0.73 -0.77 Rang du centile (0-100) Ecart type Nb d'enquêtes/sondages 25.2 26.8 31.4 27.7 25.1 0.19 0.28 0.38 0.35 0.4 4 3 1 1 1 Stabilité politique Estimation (-2.5 to + 2.5) Rang du centile (0-100) Ecart type Nb d'enquêtes/sondages 2004 2002 2000 1998 1996 -0.44 -0.69 N/A N/A N/A 34.5 23.8 N/A N/A N/A 0.41 0.41 N/A N/A N/A 2 1 N/A N/A N/A Liberté d’expression et obligation de rendre compte Estimation (-2.5 to + 2.5) Efficacité du Gouvernement Estimation (-2.5 to + 2.5) Rang du centile (0-100) Ecart type Nb d'enquêtes/sondages Qualité de la réglementation Estimation (-2.5 to + 2.5) Rang du centile (0-100) Ecart type Nb d'enquêtes/sondages Etat de droit Estimation (-2.5 to + 2.5) Rang du centile (0-100) Ecart type Nb d'enquêtes/sondages Lutte contre la corruption Estimation (-2.5 to + 2.5) Rang du centile (0-100) Ecart type Nb d'enquêtes/sondages Source : Banque mondiale 2004 2002 2000 1998 1996 -0.76 -0.87 -1.07 -0.89 -1.11 24.5 16.4 11.8 14.8 9.5 0.27 0.26 0.36 0.39 0.42 4 4 2 1 1 2004 2002 2000 1998 1996 -0.76 -0.65 -0.66 -0.79 0.01 21.7 26 20.9 19 49.7 0.3 0.24 0.31 0.42 0.59 4 4 3 2 1 2004 2002 2000 1998 1996 -0.61 -0.57 -0.55 -0.33 N/A 33.8 32.7 36.4 42.7 N/A 0.21 0.22 0.28 0.33 N/A 5 4 3 2 N/A 2004 2002 2000 1998 1996 -0.94 -0.72 -1.15 -0.8 N/A 14.3 31.1 4.8 15.3 N/A 0.26 0.28 0.42 0.37 N/A 3 3 2 1 N/A 58 ANNEXE III : MATRICE DES ACTIONS PRIORITAIRES DE GOUVERNANCE MESURES DATE ETAT D’EXECUTION Renforcement de l’obligation de rencontre compte au plan politique renforcer les des capacités de l’Assemblée nationale en matière d’initiation de propositions de lois et d’analyse des projets de lois ;Améliorer les capacités d’élaboration et d’examen des politiques et programmes ; Instituer un mécanisme de mesure de l’activité de l’Assemblée 2005-2006 Nationale au regard des prérogatives que lui accordent la Constitution de 1992 et la loi organique définissant son règlement intérieur ; 2006 Action d’information, de sensibilisation et de communication sur le rôle du Conseil Constitutionnel en direction des citoyens ; 2005 Renforcer les capacités institutionnelles, matérielles et 2006 humaines du Conseil Constitutionnel pour lui permettre de mener à bien les missions qui lui incombent ; 2006-2007 Amélioration de l’accès du public à l’information et la concertation avec la société civile pour l’examen des projets de loi et le suivi des politiques et des actions gouvernementales ; 2005-2006 Promouvoir l’enseignement des principes démocratiques dans les programmes éducatifs à tous les niveaux ; Renforcement de la gestion macroéconomique et des reformes structurelles Poursuite et amplification les réformes fiscales déjà engagées, avec notamment l’introduction de la TVA et le renforcement du recouvrement ; Amélioration les outils de gestion macro-économique axée sur la réduction de la pauvreté et envisager, notamment la mise en place d’un modèle de prévision macro-économique à la Direction de l’Economie ; 2005-2007 2005-2007 2005 Opérationnaliser les structures de suivi économique et de mise en œuvre du DSRP ; Poursuite de la mise en œuvre des réformes visant à renforcer le secteur financier, à travers notamment une surveillance et un contrôle bancaire plus effectif ; 2005 mettre en application les dispositions relatives aux contrats pluriannuels de performance avec les entreprises publiques ; 2006 adoption d’un cadre réglementaire des secteurs stratégiques (eau, énergie, télécoms) et finalisation la mise en œuvre du programme de privatisation ; 2005-2006 mise en place d’un plan de réduction sensible des coûts des facteurs de production, notamment l’eau, l’électricité et les télécommunications, dans le souci d’améliorer la compétitivité de l’économie ; 2005 Amélioration de la gestion des finances publiques Assurer, à un niveau élevé, le suivi de la mise en œuvre des recommandations du CFAA de la Banque mondiale ; réflexion à engager dans la perspective de la mise en place d’un système de programmation budgétaire avec l’adoption, à terme, du cadre de dépense à moyen terme (CDMT) et de la gestion budgétaire axée sur les résultats ; 2005-2007 2005 2005 59 MESURES DATE améliorer la coordination de la préparation du budget de fonctionnement et des projets d’investissement ; 2006 mise en place d’un suivi des dépenses d’équipement en autorisations de programme pluriannuelles et de crédits de paiement ; 2005-2006 poursuite de l’informatisation et de l’intégration des circuits administratif et comptable de la dépense ; 2006 nécessité d’un engagement plus net de l’Etat pour la mise en œuvre effective de la politique de maîtrise des dépenses de fonctionnement, plus particulièrement le contrôle de la masse salariale 2005-2007 et des dépenses militaires ; Etude et mise en œuvre d’une expérience de décentralisation de la phase administrative de l’exécution budgétaire sur quelques ministères pilotes ; Rationalisation le système de contrôle des finances publiques avec des attributions mieux définies pour éviter les chevauchements, une meilleure coordination de leurs activités et la poursuite du renforcement de leurs capacités ; ETAT D’EXECUTION 2006 2005 2006 transformation de la Chambre des Comptes en une Cour des Comptes dotée de ressources suffisantes ; 2006 Promouvoir l’obligation de rendre compte dans la gestion des finances publiques avec la mise en place d’un régime de responsabilités mieux définies et mieux partagées entre les gestionnaires (administrateurs de crédits, ordonnateur unique), les contrôleurs et les 2005-2007 comptables ; prise des dispositions nécessaires pour doter les institutions de contrôle (IGF, IGE et CCDB) de sites Web sur lesquels devront être publiés les différents rapports d’audit et le rapport général annuel de la Chambre des Comptes ; Renforcement des capacités de tous les intervenant de la chaîne de la dépense publique en vue d’une mise en œuvre efficace des programmes prioritaires et des réformes envisagés, dans la perspective d’une plus grande responsabilisation et d’une transparence accrue dans la gestion budgétaire ; Renforcement des capacités de la Commission des finances pour permettre un examen plus approfondi de la loi de règlement et de la loi de finances par les parlementaires ; 2006 Accélération de la réforme de la fonction publique Adoption d’un programme d’actions cohérent pour la mis e en 2005 œuvre de la stratégie nationale de réforme de la l’administration publique Audit organisationnel des ministères pouvant déboucher sur une clarification de leurs missions et des propositions de réformes 2006-2007 institutionnelles en vue de d’améliorer la qualité des services publics et instaurer une plus grande responsabilisation des agents de l’Etat ; Mise en œuvre d’un système intégré de gestion du personnel avec l’accent mis sur le mérite, l’évaluation des performances et la transparence dans les recrutements et la rémunération ; Conception et mise en place d’un cadre approprié pour l’évaluation, la promotion et la mobilité des cadres supérieurs assumant des hautes fonctions ; Elaborer et mettre en application une politique de développement des ressources humaines de l’Etat, incluant une redynamisation des structures de formation et l’adoption de programme chiffré de renforcement des capacités dans chaque ministère ; 2005 2006 2006 2006 2007 Dotation et pérennisation des activités de Observatoire de la 60 MESURES DATE Fonction Publique (OFP) mis en place avec l’appui du PNUD ; Mise en place d’un mécanisme de suivi-évaluation pour la mesure des performances des structures chargées de la mise en œuvre des réformes dans l’administration, avec l’implication de la société civile. Accélération de la décentralisation o o o o o o o o o o o Organiser les élections municipales et locales et installation 2006 des futures institutions régionales Transfert effectif aux régions et districts créés des prérogatives, compétences et activités qui leur sont dévolues aux termes 2006-2007 des textes législatifs et réglementaires sur la décentralisation ; 2006-2007 La relecture de la loi du 07 juillet 2002 portant sur la décentralisation et le statut des régions en vue de l’élaboration d’un Code des collectivités locales pour : l’achèvement de l’architecture communal en précisant les limites, l’organisation et le fonctionnement des communes et des régions ; l’adoption de la loi définissant le statut particulier de la ville de Djibouti ; la précision les responsabilités des services déconcentrés, l’évaluation correcte et approfondie des ressources à transférer en même temps que les transferts de compétence ; l’identification d’un système de financement décentralisé permettant la programmation des investissements locaux de type participatif ; la conception des structures d’appui au 2005-2008 démarrage des collectivités tant du point de vue technique que financier ; le renforcement des capacités de tous les acteurs intervenant dans le processus du développement local ; le renforcement continu des capacités des élus locaux et des fonctionnaires des services déconcentrés. Élaboration et mise en œuvre d’un programme de renforcement des capacités institutionnelles en matière de décentralisation avec : la création de la Commission Nationale de Décentralisation qui sera un organe supra ministériel logé à la Primature 2006-2008 qui, composé des représentants des Départements ministériels et de la société civile, va concevoir la politique nationale de mise en œuvre de la décentralisation, notamment les transferts de compétences et de ressources ; la restructuration du Ministère de l’Intérieur et de la Décentralisation par la création d’une Direction Nationale de la Décentralisation chargée de la mise en œuvre des aspects techniques ; une meilleure structuration des services déconcentrés. Faire une application très progressive des dispositions financières la loi du 6 juillet 2002 sur la décentralisation, en ménageant une première étape de déconcentration des crédits au niveau central, puis au niveau des Commissaires de la République au plan local. Réformes juridiques et judiciaires o o o élaboration de nouveaux textes et mise en application de ceux déjà adoptés, notamment : Loi organique portant organisation judiciaire a Djibouti ; Loi organique relative à la Cour suprême ; Loi relative au conseil supérieur de la magistrature ; 2006 ETAT D’EXECUTION 61 MESURES o o o o o Loi et décret portant statut de la magistrature ; Lois portant statut des notaires et huissiers ; Loi relative à l’assistance judiciaire ; Code pénal, code de procédure pénale ; Réforme du code de procédure civile ; Généraliser l’instauration d’un système judiciaire unique et y intégrer la juridiction charienne ; création un corps d’inspecteurs des services judiciaires ; DATE 2006 2006 2006 action en faveur de la justice de proximité par la création de tribunaux de première instance dans les villes de l’intérieur ; 2006 respect de l’indépendance des magistrats et accélération de la production des décisions de justice ; 2006 Appui au renforcement des capacités des juridictions, avec notamment : (a) la formation des magistrats et autres auxiliaires de justice ; (b) l’assistance technique ; et (c) l’équipement des juridictions en moyens logistiques ; rétablissement de la discipline au sein de l’appareil judiciaire en : (a) réglementant à l’accès aux différentes fonctions ; (b) en veillant au respect strict des règles de déontologie dans le fonctionnement de l’appareil judiciaire ; et (c) en facilitant l’accès de la justice aux justiciables ; ETAT D’EXECUTION 2006 2006 2006 Rénovation et humanisation des centres de détention ; Création d’un organe autonome chargé de la promotion des droits de l’homme ; Lutte contre la corruption et le blanchiment d’argent Adopter le nouveau code des marchés publics prévoyant des dispositions anti-corruption ; mener une campagne de sensibilisation du secteur public, des entreprises et de la société civile sur les méfaits de la corruption et la stratégie du Gouvernement pour la combattre ; promouvoir la participation de la société civile, y compris les groupes publics de surveillance et la presse d'investigation, à la lutte contre la corruption ; réformer la fonction publique pour mieux responsabiliser les agents de l’Etat afin de réduire les possibilités de méfaits, par le biais de sanctions sévères, ainsi qu'à travers une éthique d'intégrité ; renforcer la répression du phénomène par l’amélioration des capacités des instances judiciaires à sévir rigoureusement ; 2005 2006 2006 2005-2007 2006-2007 Amélioration de la compétitivité et développement du secteur privé réalisation de l’étude prévue sur la compétitivité de l’économie djiboutienne et son insertion dans l’économie mondiale ; action de sensibilisation des agents de agents de l’Etat aux priorités du Gouvernement en matière de développement du secteur privé et au rôle de ce dernier dans la lutte contre la pauvreté ; campagne de sensibilisation auprès des entrepreneurs pour les inciter au respect des obligations fiscales et sociales ; Adoption de mesures réglementaires et fiscales visant à encourager les opérateurs du secteur informel à intégrer progressivement dans le secteur formel ; dispositions pour veiller à une application les règles de concurrence et d’équité vis-à-vis du secteur privé en matière de marchés publics ; 2005 2005-2007 2005-2007 2006 2006 2005 62 MESURES adoption du nouveau code du travail et création d’un observatoire de l’emploi ; 2005-2010¸ 2006 apurement des créances du secteur privé sur l’Etat ; opérationnalisation du Centre de Formalités des Entreprises (Guichet Unique) en vue d’accélérer les procédures de créations d’entreprises ; renforcement des capacités de la CICID pour lui permettre de mieux assurer sa mission d’organe d’interface entre le secteur privé et l’Etat ; DATE définition et mise en place d’un cadre de dialogue et de concertation entre l’Administration et les organisations représentatives du secteur privé ; promotion des actions de renforcement des capacités des entrepreneurs, notamment en matière de tenue des comptes ; adoption d’un nouveau code des investissements et révision de la législation relative aux zones franches ; 2006 2005-2006 2006 2006 Protection sociale et promotion de la femme prise d’actions et des mesures en vue de faciliter l’accès des femmes aux postes de prise de décisions, hautes fonctions et responsabilités dans les domaines politique, exécutif et législatif ainsi que dans la société civile et le secteur privé ; 2005-2008 2005-2006 renforcement des mécanismes juridiques tendant à la protection des femmes contre les violences et prendre des mesures pour l’application effective par les pouvoirs publics des législations en vigueur ; 2006 l’élaboration des programmes de plaidoyer au niveau national, régional et communautaire qui viseront la levée des obstacles réels et la lutte contre les préjugés en défaveur de la scolarisation des filles ; 2006 réalisation d’une étude analytique sur la place de la femme dans le marché du travail afin d’identifier les obstacles et les opportunités de son insertion, Extension à d’autres localités le Programme à Base Communautaire (PBC) de réadaptation des handicapés ; Appui à la création de centres de formation pour jeunes filles déscolarisées ; Appui à la reconversion des pratiquantes de mutilations génitales féminines 2006 2006 ETAT D’EXECUTION