La chanson de Craonne

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La chanson de Craonne
La chanson de Craonne
La Chanson de Craonne (du nom du village de Craonne) est une chanson contestataire, chantée
par des soldats français durant la Première Guerre Mondiale, entre 1915 et 1917. Elle est interdite
par le commandement militaire qui la censure en raison de ses paroles antimilitaristes (« on s'en va
là-bas en baissant la tête », « nos pauvr' remplaçants vont chercher leurs tombes »), défaitistes
(« c'est bien fini, on en a assez, personne ne veut plus marcher ») et subversives incitant à la
(« c'est fini, nous, les troufions, on va se mettre en grève ») alors qu'une guerre est en train de se
livrer sur le territoire national. Le commandement militaire s’était empressé non seulement de
l’interdire, mais avait promis une récompense à celui qui dénoncerait son auteur, une prime de 1
million en francs-or et la démobilisation pour les délateurs. Du reste, la chanson de Craonne resta
interdite dans les casernes de France jusqu’en 1970.
Cette chanson politiquement engagée a des visées anticapitalistes quand elle fustige « les gros »,
« ceux qu'ont le pognon » et « les biens de ces messieurs là ».
Décrivant un épisode des troubles qui affectent l’armée française après l’échec de l’offensive du
Chemin des Dames et de Craonne en avril 1917, cette chanson fut sans doute écrite par un poilu
du Midi. Au départ, elle évoque le secteur sanglant de Lorette, en Artois. Il était ensuite facile de
l’adapter aux circonstances en remplaçant Lorette par Craonne.
« Quand au bout d'huit jours le r'pos terminé
On va reprendre les tranchées,
Notre place est si utile
Que sans nous on prend la pile
Mais c'est bien fini, on en a assez
Personne ne veut plus marcher
Et le cœur bien gros, comm' dans un sanglot
On dit adieu aux civ'lots
Même sans tambours, même sans trompettes
On s'en va là-haut en baissant la tête
- Refrain :
Adieu la vie, adieu l'amour,
Adieu toutes les femmes
C'est bien fini, c'est pour toujours
De cette guerre infâme
C'est à Craonne sur le plateau
Qu'on doit laisser sa peau
Car nous sommes tous condamnés
Nous sommes les sacrifiés
Huit jours de tranchée, huit jours de souffrance
Pourtant on a l'espérance
Que ce soir viendra la r'lève
Que nous attendons sans trêve
Soudain dans la nuit et dans le silence
On voit quelqu'un qui s'avance
C'est un officier de chasseurs à pied
Qui vient pour nous remplacer
Doucement dans l'ombre sous la pluie qui tombe
Les petits chasseurs vont chercher leurs tombes
- Refrain
C'est malheureux d'voir sur les grands boulevards
Tous ces gros qui font la foire
Si pour eux la vie est rose
Pour nous c'est pas la même chose
Au lieu d'se cacher tous ces embusqués
F'raient mieux d'monter aux tranchées
Pour défendre leur bien, car nous n'avons rien
Nous autres les pauv' purotins
Tous les camarades sont enterrés là
Pour défendr' les biens de ces messieurs là
- Refrain :
Ceux qu'ont l'pognon, ceux-là r'viendront
Car c'est pour eux qu'on crève
Mais c'est fini, car les trouffions
Vont tous se mettre en grève
Ce s'ra votre tour, messieurs les gros
De monter sur le plateau
Car si vous voulez faire la guerre
Payez-la de votre peau »

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