L`accessibilité : aller au-delà de la loi

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L`accessibilité : aller au-delà de la loi
OCT 11
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L'accessibilité : aller au-delà de la loi
Frédéric Denisart est vice-président du Conseil National de l'Ordre des flrchitectes (CNOR)
et président du groupe de travail "cadre bâti" de l'Observatoire national du handicap.
Il nous a accordé un entretien sur le sujet de l'accessibilité.
Quelle est la position de l'Ordre sur l'accessibilité ?
L'Ordre est depuis longtemps sollicité en tant que représentant des architectes en France pour donner son avis sur cette
problématique. J'ai moi-même participé aux réunions de travail
organisées lors de la rédaction des arrêtés sur l'accessibilité
en 2005 et 2006 La position institutionnelle de l'Ordre est que
les architectes ont le devoir de bien prendre la mesure de cette
problématique dans la conception de leurs projets. L'Ordre
s'organise en centre de ressources des bonnes pratiques par la
consultation dans un premier temps des expériences de chacun
sur le terrain, en vue à court terme de les valoriser et de les faire
émerger au niveau national
L'accessibilité concerne depuis 1975 les personnes à mobilite
réduite, maîs la loi du 11 février 2005 va plus lom en prenant
en compte les autres handicaps (auditifs, visuels et cognitifs] La
difficulté majeure découlant de cette loi tient dans la définition
même de ces handicaps et des conséquences qu'ils entraînent
pour ceux qui en souffrent. Une question centrale se pose :
quelles sont les attentes de ces personnes handicapées ?
La formation des architectes prend-elle en compte
cette problématique "*
Si la formation est obligatoire dans les écoles, chacune d entre
elles est libre de développer son propre parcours pédagogique
L'idéal serait que les formations puissent aborder le handicap
au-delà de la seule réglementation pour aboutir à une véritable prise en compte des besoins des usagers.
Maîs ce n'est pas tant la formation des jeunes architectes
en devenir dont il faut se soucier, maîs plutôt la formation des
30 DOO architectes actuellement en exercice Aujourd'hui,
les bâtiments doivent tenir compte de tous les handicaps S'il
est plus facile d'appréhender les difficultés d'une personne
à mobilité réduite, il n'en est pas de même avec les autres
handicaps. Ainsi, connaître le ressenti d'un non-voyant ou d'un
malentendant devient plus complexe.
De plus, il existe une variété infinie de cas Une personne souffrant d'une cécité totale a des besoins forts différents d'une autre
subissant des problèmes d'éblouissement en cas de changements
brusques de luminosité.
Une personne peut souffrir d'une dégradation de sa vision périphérique tandis qu'une autre verra sa vision centrale se dégrader
Le handicap auditif pose également des defis bien différents
Quant aux handicaps cogmtifs, ils sont de lom les plus difficiles
à appréhender.
ARCHITECTES
5302210300501/GJD/AHR/3
Il y a donc une vraie nécessité pour les architectes d'être informés de ce que vivent tous ces usagers. L'Ordre doit échanger
avec le monde du handicap afin de mieux cerner les solutions
a mettre en œuvre dans les bâtiments à venir Les formations continues actuelles pour les professionnels en exercice
sont malheureusement encore trop dédiées aux seuls aspects
réglementaires et délaissent les usagers.
Enfin, personne ne peut prétendre comprendre un problème si
vaste en une, deux ou trois journées de formation et le "tuning"
des formations doit être pensé en amont.
Selon vous, comment bien intégrer l'accessibilité
dans l'enveloppe budgétaire '
Aujourd'hui, si on considère I accessibilité comme un simple
ajout, elle sera systématiquement considérée comme une cause
de surcoûts. Beaucoup d'équipements, s'ils sont bien pensés
en amont, peuvent convenir à la fois aux personnes valides
et aux handicapés, tel un lavabo qui, placé à la bonne hauteur,
ne coûte pas plus d argent mutile d'en placer deux !
On trouve dans les catalogues des fournisseurs de plus en plus
d'équipements convenant à tous les usagers, alors qu il y a
quèlques années on trouvait surtout du materiel dans des gammes
spécifiques, et a des coûts souvent plus élevés. On peut aussi
concilier l'accessibilité avec d'autres exigences réglementaires,
la sécurité notamment. Je pense par exemple aux zones de confinement qui peuvent sauver la vie de n'importe qui.
Pour conclure, je désapprouve totalement l'idée que les différentes reglementations créent des problèmes pour le bien d'une
tranche infime de la population ll faut travailler sur la démarche
de projet en amont et davantage intégrer cette problématique
de l'accessibilité de façon globale et durable. O
Frédéric Denisart,
vice-président du Conseil National de l'Ordre
des Architectes (CNOA)
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président du Conseil National de l'Ordre des Architectes

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