Papa, maman et le sorcier

Riposte
sur son scooter percute une voiture à l’arrêt, il
est grièvement blessé. Une patrouille de police
arrive sur les lieux et l’un des flics (« un bleu »
veut l’excuser son collègue) lance à l’adresse des
habitants : « Un de moins ! ». Du racisme ordinaire
mais qui provoque la colère d’une centaine de
jeunes gens ; deux nuits durant, ils brûlent des
voitures, des poubelles et affrontent les policiers
venus en renfort. 3 jeunes seront interpellés et
condamnés à des TIG.
Le 30 Août à Mantes la Jolie (78) cette fois, une
vingtaine de jeunes caillassent deux bus attirant
ainsi la police sur place : ils leur lancent des
pierres et un cocktail Molotov. 4 jeunes hommes
ont été placés en GAV.
A Gennevilliers (92)… Un moteur de scooter a
été jeté en direction des policiers dans la nuit du
30-31 août à la cité du Luth depuis le treizième
étage. Quatre garde à vue, arrestations, pas
de blessé du côté des « forces de l’ordre ». 32
caméras de vidéo-surveillance ont été installées depuis début Juillet à Besançon (25), le 2
Août, une première est caillassée avant même
d’avoir été branchée et le 11 Août, 4 jeunes gens
en démontent carrément une autre avant de
partir avec.
Enfin, le copwatch a une fois de plus révélé
son efficacité potentielle : une vidéo sur you tube
(http://www.youtube.com/watch?v=enV7lBDsMuI), montrant
les méthodes habituelles de la police (gazage,
coups de matraque dans le ventre) provoquant
l’évanouissement d’une femme, noire, qui cherchait à discuter l’interpellation de son ami à
Joué les Tours (37) a été vue par deux millions
de personnes et a frappé les esprits bien au delà
du cercle des militants. Radios et Télévisions de
masse ont même été contraintes d’aborder la
question des violences policières.
dans les quartiers populaires
Le 10 juillet, un contrôle d’identité de trop
à Vénissieux (69), le lendemain encore une
interpellation à Villeurbanne. On n’en connaît
ni les causes ni les conditions, seulement les
conséquences : 3 nuits d’affrontements avec la
police. Des centaines de flics (CRS, BAC, brigade
canine…) sont déployés et tirent à tout va, gaz
lacrymos et balles en caoutchouc, un jeune
sera mis en GAV.
Le 18 Juillet, dans un quartier de Compiègne
(60), deux flics veulent contrôler un jeune garçon
qui circule à scooter. Sa mère et son frère s’interposent, soutenus par une quinzaine de personnes. Apeurés, les flics appellent des renforts,
2 personnes seront interpellées.
Le 19 Juillet, un couple de sans papiers kosovars refusant d’embarquer, étaient escortés par
trois flics vers le centre de rétention de Metz (57).
Sur le chemin, ils passent plusieurs coups de
fils, communiquant dans leur langue maternelle.
Lors d’une pause-pipi sur une aire d’autoroute,
4 de leurs amis les attendent, ils assomment
l’escorte et s’enfuient avec l’homme.
Le 23 Juillet, trois jeunes hommes , mineurs,
habitants du 93, circulent sur la fameuse promenade des anglais à Nice (06). Un arrêté municipal
y interdit les torses nus, deux CRS décident de
les contrôler, mal leur en a pris : l’un des flics finit
avec une fracture du poignet et les 3 vacanciers
devant le juge pour enfants.
Le 31 Juillet à Saint Denis (93), cité des
Francs Moisins, une patrouille de flics à moto
veut contrôler un homme à scooter, plusieurs
personnes présentes réagissent permettant à
l’homme de s’enfuir. S’ensuit une altercation
avec les flics, l’un d’eux tire plusieurs fois en
l’air, semble-t-il.
Le 13 Août en fin d’après midi dans le quartier République à Avion (62), un jeune garçon
http://r e s i s t o n s . l a u t r e . n e t /
informations pratiques juridiques sur le délit d’outrage,
l’aide juridictionnelle, les contrôles d’identité, réflexions,
témoignages, mobilisations...
4
Bulletin n°122 • septembre 2013
Recevoir ce bulletin par lnternet : [email protected] . Site internet : http://resistons.lautre.net/
Le réseau Résistons ensemble a été formé à la suite du Forum de Saint-Denis, le 26 mai 2002, au cours duquel s’étaient rencontrés des collectifs locaux (Lyon, Strasbourg, Rouen,
Nantes, Draguignan, etc.) ainsi que des individus et une série d’organisations et d’associations, tous décidés à œuvrer contre les violences policières et sécuritaires. RE n’est donc pas
une organisation politique. Son but est d’informer, de briser l’isolement des victimes des violences policières et sécuritaires et de contribuer à leur auto-organisation.
Papa, maman et le sorcier
Elle, c’est la gentille, tout en sourire et compréhension, lui, c’est le méchant, mâchoires serrées,
censées faire viril. Vous les avez reconnus ? Non ?
Mais, oui, vous y êtes ! Ce sont nos duettistes
sécuritaire et judiciaire, Maman Taubira et Valls
le Sorcier. Leur soi- disant duel a fini en eau de
boudin… pourrie. Oui, les peines plancher de
Sarkozy seront abolies, mais ça n’empêchera pas
la « justice » et la police de continuer à frapper le
pauvre, le basané, le Rrom, le sans-papiers… et
à épargner les puissants. Oui, certaines peines
de moins de 5 ans pourront être transformées en
une « contrainte pénale », les prisons seront peut
être en partie vidées mais les chaînes prendront
d’autres formes, d’une modernité glaçante, à
l’image de ces nouvelles prisons (construction
prévue de 6500 nouvelles places) où « l’incitation
au suicide (se fait) par la volonté affichée de le
rendre impossible » (voir Sur le Vif RE120).
C’est que Papa, le « président normal », veille
à l’équilibre. Le Sorcier doit de son côté faire
semblant de desserrer ses dents : désormais
on pourra saisir en ligne la soi-disant « police
des polices ». Remarquez, une bricole qui ne
change pas : la police continuera d’enquêter sur
elle-même. Et l’Internet ? C’est super, on vous
crève un œil avec un Flash-ball et désormais
on vous permet d’économiser un timbre ou un
ticket de métro et, cerise sur le gâteau, vous
êtes automatiquement fiché.
Pas de doute, derrière tout ce rideau de fumée,
ils astiquent leurs matraques, ils chargent leurs
Flash-balls… Retraites, chômage… une fois les
patrons gavés, le pouvoir se prépare à frapper
encore plus fort, au nom de la « sécurité ». Tous
ensemble, Papa, Maman et le Sorcier.
Série noire en bleu marine
Le 18 juillet à St-Étienne (42), un couple veut
quitter le parking d’un magasin, mais une
femme, apparemment agacée par le voile de
la passagère, les bloque et les agresse. Les flics
appelés par le chauffeur se retournent contre
lui, demandant quatre fois s’il fait le ramadan. Il
leur répond qu’il ne leur demande pas s’ils vont
à la messe le dimanche, et le voilà molesté et
mis en garde-à-vue pour outrage et rébellion.
Sorti avec 6 jours d’ITT, il a porté plainte…
Le 18 juillet toujours, à Toulouse (31), quartier
Arnaud Bernard, les flics font une nouvelle
1
suite en page 2 >
chronique de l’arbitraire
suite de la page 1 >
descente dans une petite mosquée
un homme leur demande la raison de
leur venue. Un autre personne réagit
et se prend deux tirs de flashball, il est
embarqués pour outrage et rébellion.
Et puis, le lendemain, à Trappes (78), le
contrôle d’identité d’une femme portant
le niqab dégénère : sa mère bousculée, son mari tabassé… Suivent des
affrontements avec la police les 19, 20
et 21 juillet. Le premier soir, devant le
commissariat un flic éborgne un jeune
de 14 ans qui rentre des courses en lui
tirant dessus deux fois au flashball. Il
porte plainte contre X pour « tentative de
meurtre aggravée » ,« injure publique »
pour appartenance religieuse (dans les
jours suivants des flics à côté d’une mosquée auraient demandé à des passants
s’il n’avaient pas trouvé un « œil musulman »), et contre un flic qui a écrit sur
Facebook : « il aura plus qu’un œil pour
pleurer ». Le réseau Copwatch Nord-Ilede-France a d’ailleurs publié la prose
policière produite sur Facebook durant
ces trois jours sur https://copwatchnord-idf.
info/?q=node/209
Et puis, le 12 août, à Trappes encore,
deux jeunes arrachent le voile d’une
jeune fille, l’insultent, l’isolent, la frappe.
Très vite elle se plaint à ses ami-e-s de
la pression de la police qui la convoque
au commissariat directement par téléphone (ainsi que des amies proches) et
remet vigoureusement en cause son
récit. Le 26 août elle se jette du quatrième étage de son immeuble après
avoir envoyé un texto à ses proches,
qui dit entre autres : « J’ai plus espoir,
on cherche à m’enfoncer mais je suis
à bout. Le commissaire, j’ai l’impression qu’il fait tout pour pas m’aider. »
Heureusement elle a pu être sauvée.
Décès d’un homme… après avoir été interpellé et blessé
par balle par des gendarmes le 31 juillet dernier à Biscarrosse
(40). L’homme qui circulait sur un scooter déclaré volé aurait
menacé un des gendarmes avec un tournevis
Répression sur le D.A.L 33 À Bordeaux (33), le 18 juillet,
dans le cadre d’une plainte contre X pour violation de
domicile et dégradation, quatre membres du D.A.L 33 ont été
perquisitionnés à 7h du matin. Au cours de cette perquisition,
ordinateurs, disques durs, téléphones et documents ont été
saisis. Aucune charge n’ayant été retenue, ils sont ressortis
libres du commissariat 12h plus tard. Tandis que l’Etat
s’évertue à criminaliser les solidarités, les familles demandant
asile sont à la rue, les squats se font de partout violemment
expulser. Et la police… toujours au service de l’injustice et de
la terreur… http://dal33.over-blog.com/
À Villemomble (93), la police travaille… Le mardi
25 juin, quartier des Marnaudes, Makan Kebe – simple passant
- et son frère Mohamed - venu à son secours - sont violemment
interpellés - coups, tir de flash-ball dans la tête etc. - par les
forces de police qui poursuivent une poignée d’ados s’amusant
à scooter. Leur mère a aussi perdu son œil gauche suite au tir
par la police d’une grenade « dispersante » à fragmentation (dite
de « désencerclement », elle projette des billes de caoutchouc
et des éclats métalliques en explosant). Vidéo et décryptage
sur https://copwatchnord-idf.info/?q=node/213. Un comité de soutien
s’est formé autour de la famille Kebe, appelant à l’organisation
collective. Infos, appel au don, pétition : veriteetjusticepourkebe.
wordpress.com, contact : [email protected].
Sur le vif
Voici l’histoire de X.,
tabassé par la police ou la banalité de la férocité de l’État
Au fil de la soirée, le quartier se vide , vers 3h du matin,
un groupe d’amis dont X. fait partie, composé en grande
partie de basanés tentent de calmer une altercation dans
la rue. Surgissent des hommes qui selon les témoins surveillaient la scène depuis un moment… à lire sur :
http://creatoulouse.squat.net/voici-lhistoire-de-x-tabasse-par-la-policeou-la-banalite-de-la-ferocite-de-letat/
2
La prison tue Fin juillet, au centre pénitentiaire
de Gasquinoy, à Béziers (34), après une chute dans les
escaliers en sortant du bureau du juge, un détenu est
conduit à l’hôpital pour quelques points de sutures
sans examen complémentaire. Le soir il se plaint de
la tête, et malgré les appels à l’aide de son compagnon
de cellule, les surveillants n’auront aucune réaction. Il
ne passera pas la nuit, victime d’un hématome sousdural, selon l’autopsie.
Nouveau numéro de l’Envolée
Le numéro 36 du journal anti-carcéral
est sorti. Avec des courriers parvenus
des prisons Mont-de-Marsan, Laon,
Rennes, Bapaume, Réau, Seysses,
Neuvic… avec une rapide analyse de ce qu’on
a baptisé « le printemps français des matons »…
contacts http://lenvolee.net/ ou [email protected]
AGIR
Christine a été transféré à Sequedin
Mutineries en détention Le 1 août, quelques dizaines
où se poursuit son bras de fer avec l’administration pénitentiaire. Pour plus d’infos, lire ses lettres
témoignage de l’intérieur : http://rebellyon.info/
Christine-Transfert-a-Sequedin.html. Le jeudi
19 septembre à 13h30, aura lieu le report de
son procès au TGI d’Arras (place des États
Artois). Soyons nombreux ce jour là ! Pour lui
écrire : Christine RIBAILLY, écrou 24192, MAF –
QD, BP179, 59482 SEQUEDIN cedex.
de prisonniers du centre de détention de Bourg-enBresse (01) se révoltent en réaction à une interdiction du
port du short durant le sport. En fait, c’est la goutte de
trop pour les prisonniers à bout face à la sévérité du juge
d’application des peines local, les pressions des geôliers
etc. Graffitis les dénonçant, caméras de surveillance
détruites… les détenus ont saccagé un secteur de la
prison avant l’intervention des ERIS. À lire quelques infos
de l’intérieur : http://paris.indymedia.org/spip.php?article14017
Lundi 19 août, à la maison d’arrêt de Blois (41) apprenant
la mort d’un prisonnier dans sa cellule le matin même une
soixantaine de détenus ont d’abord refusé de remonter
de promenade avant de retourner une partie de la taule.
L’homme a été pris de malaise la veille dans sa cellule. Il
a longtemps frappé à la porte appelant au secours, sans
résultat selon son co-détenu.
Le lendemain 20 août au centre pénitentiaire de Châteaudun (28), plusieurs dizaines de détenus ont escaladé les
grillages de la cour de promenade en direction du poste
sécurisé d’où est commandé le système informatique du
centre. Après avoir tenté de l’incendier ils ont gagné les
toits. Le 21 août les détenus ont remis ça.
Ô les belles Vers deux heures du matin le 30 au 31
août, zone 3 du camp de rétention de Vincennes, onze
sans-papiers ont découpé un grillage qui les séparaient
du bois où ils se sont dispersés sans être repris ( ces
camps n’étant que des prisons « administratives », la
préfecture de police ne peut poursuivre les fugitifs au
pénal au motif de l’évasion si elle les capture, mais se
rattrape en général à coups d’« outrage », « rébellion » et
« violence à agent»). C’est la cinquième et la plus massive
évasion de ce camp dans les huit derniers mois.
Filature mode d’emploi
Le petit guide de la police et la gendarmerie
sur les filatures déniché par copwatch nord-idf.
À télécharger sur : https://copwatchnord-idf.info/
?q=node/212
Appel international à mobilisation
contre le procès de Sonja Suder
extradée avec Christian de France en 2011,
elle est toujours en prison. Agée de 80 ans,
plus de 35 ans après les faits, accusée
d’avoir appartenu aux Cellules Révolutionnaires… Plus d’info : http://paris.indymedia.org/
spip.php?article14035
Face à la vidéosurveillance
http://www.sous-surveillance.net - un an et toutes
ses dents contre le flicage généralisé.
Pétition du 9ème collectif des sans papiers
contre l’atteinte au droit de manifester, pour
le déblocage des dossiers des sans-papiers !
à signer sur : http://www.medialternative.fr/
campagne/pour-le-deblocage-des-dossiers-dessans-papiers
3