dossier - EPS Erasme
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Le magazine de l’EPS Érasme ■ numéro 24 - décembre 2008 au-delà des soins informations Les observations au rapport des experts-visiteurs de la HAS . . . . . . . . .p. 9 Dossier Assistant de service social en psychiatrie Nutrition .p. 10 Changements diététiques : la révolution Castroman . . . . . . .p. 14 Côté patient Musique baroque et chanson africaine . . . . . . . . .p. 17 Édito Avec nos patients au-delà des soins . . . . . . . . . . .p. 2 Brèves L’intime au risque de la transparence. Éthiques et pratiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 3 Demi-journée d’automne . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 3 Nicolas Sarkozy à Érasme . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 3 Le Clud fête son premier anniversaire Forum social . . . . . . . . .p. 4 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 4 Formation tout au long de la vie . . . . . . . . . . . . . . .p. 4 Premier petit déjeuner culturel . . . . . . . . . . . . . . .p. 4 Salon infirmier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 4 Ces enfants différents qui nous rassemblent . .p. 5 Bon voyage Michèle Dumonchau . . . . . . . . . . . . . . .p. 5 Nelly Vaudelle prend sa retraite . . . . . . . . . . . . . . .p. 5 Départ de Christian Meunier Érasme donne son sang Non à la grippe ! . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 5 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 6 À la découverte de nouvelles saveurs Du côté des Antilles Édito Cinérasme Avec nos patients au-delà des soins ans ce numéro, nous avons souhaité orienter le projecteur sur les très nombreuses activités que les équipes d’Érasme organisent au-delà des soins : colloques professionnels, journées portes ouvertes, activités culturelles… D Ils portent témoignage du regard que nous portons sur les patients. Érasme est partie prenante de la charte de l’usager en santé mentale. Ainsi, le patient hospitalisé est considéré comme une personne à part entière, une personne qui souffre, une personne informée de façon adaptée, claire et loyale, une personne qui participe activement aux décisions la concernant, une personne responsable qui peut s’estimer lésée, une personne dont l’environnement sociofamilial et professionnel est pris en compte, une personne qui sort de son isolement, une personne, enfin, citoyenne, actrice à part entière de la politique de santé et dont la parole influence l’évolution des dispositifs de soins et de prévention. Ayons toujours à l’esprit quelques chiffres, que ce soit dans notre site d’hospitalisation à Guillebaud, mais aussi dans les dix-neuf villes où nous sommes présents (CMP, CATTP, hôpital de jour…): ce sont plus de 8000 patients (pour une population de 400 000 habitants) qui font appel à nous chaque année. En hospitalisation, 79% sont en hospitalisation libre, 18% en hospitalisation à la demande d’un tiers et 4 % en hospitalisation d’office. Ce sont ces réalités que nous avons exposées au président de la République lors de sa visite du 2 décembre. Nous reviendrons sur cet événement exceptionnel dans un numéro spécial. La psychiatrie publique a besoin de moyens et de soutien sur les territoires. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 6 L’UIR a déménagé le 27 novembre Aline Ferrand-Ricquer Directrice de l’EPS Érasme 2 . . . . . . . . . . . . . .p. 6 Informations Portes ouvertes au CMP de Clamart Le CATTP d’Antony ouvre ses portes . . . . . . . . . .p. 7 . . . . . . . . . . .p. 7 Le projet SIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 8 Les observations de l’EPS au rapport des experts-visiteurs . . . . . . . . . . . . .p. 9 Dossier Assistant de service social en psychiatrie auprès de patients adultes . . . . . . . . . . . . . . . .p. 10 Nutrition Changements diététiques : la révolution Castroman . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 14 côté patient Flâneries… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 16 Loto à la cafétéria . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 16 Découvertes en musique : concert baroque et chanson africaine . . .p. 17 Lire en fête : que lisiez-vous dans votre jeunesse ? . . . .p. 18 culture Séraphine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 19 Demandez le programme ! Directeur de publication Aline Ferrand-Ricquer Rédaction en chef Emmanuelle Da Costa Florian Dupré Photos À l’heure où chacun prépare les fêtes de fin d’année, je vous souhaite à tous d’heureux moments avec vos proches et vous remercie pour le travail accompli durant toute cette année. ■ . . . . . . . . .p. 6 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 6 Isabelle Barbedor Emmanuelle Da Costa Florian Dupré Marie Joigneaux Sophie Nivoy Comité de rédaction Anne-Marie Doret Marie Joigneaux Jean-François Popielski . . . . . . . . . .p. 20 Aline Ferrand-Ricquer Isabelle Slatine Elisabeth Trémège Ont participé à ce numéro Dr Mathilde Aguesse Florence Billault Lorena Castroman Dr Anne De Montravel Anne-Marie Doret Michèle Dumonchau Marie Joigneaux Martine Le Moal Annie Leclerc Thomas Lepoutre Dr Blanche Massari Dr Agnès Metton Jean-François Popielski Marc Pruski Maria Sikström Dr Anne Tassin Elisabeth Trémège L’équipe infirmière du CATTP secteur 9 Conception réalisation Héral - 01 45 73 69 20 Impression Champagne EPS Érasme 143, av. Armand-Guillebaud 92 160 Antony Tél. : 01 46 74 33 99 direction@eps-érasme.fr érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 brèves L’intime au risque de la transparence. Éthiques et pratiques e secteur 92I06 de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent La organisé le 3 octobre 2008 un colloque intitulé « L’intime au risque de la transparence. Éthiques et pratiques », sous l’égide du Dr Patrice Huerre, chef de service, et de la clinique médico-universitaire Georges-Heuyer (Fondation santé des étudiants de France, Paris). Cette journée pose des problèmes de société cruciaux et celui de la place de soignant. En effet, le politiquement correct prône la transparence à tout prix, presque sous peine d’être suspect de dissimulation honteuse. Mais le partage d’informations signifierait-il de tout dire ? Et pourquoi, si ce partage ne se limite pas à ce qui est strictement nécessaire aux soins ? Que reste-t-il alors de l’intime dont le dévoilement serait une trahison, au mieux inutile, voire toxique pour les soins ? Nombre de cliniciens ont exposé avec tact des situations cliniques complexes, en insistant sur l’importance du respect, de la pudeur, de l’intime. Ce qui ne signifie pas que l’on ne s’engagerait pas à protéger la personne en cas de suspicion de maltraitance. De même, est exposé le danger d’étiquetage trop rapide d’un adolescent en crise. Pierre Le Coz, philosophe, est aussi intervenu sur le dossier médical personnel. Le comité d’éthique dont il fait partie a suggéré que ce dossier ne soit que proposé et non imposé : de quel droit serions-nous tributaires d’un bug informatique qui permettrait à quiconque de faire effraction dans notre dossier ? Martine de Maximy, magistrate, a exposé avec clarté la loi du 5 mars 2007 sur la protection de l’enfance et celle de la prévention de la délinquance. Autant en matière de protection de l’enfance, le partage est strictement encadré, autant en matière de prévention de la délinquance, le cadre est opaque. Car, en cas d’aggravation dans le comportement ou la précarité, le coordonnateur est censé prévenir l’élu local ; on comprend alors que les professionnels, dont le travail s’appuie sur la confiance, soient plus que réticents à cette loi. La magistrate était elle-même fort critique à son sujet. Nous n’exposerons pas le délicat problème du secret professionnel, qui protège l’usager mais en aucun cas les soignants. Demi-journée d’automne a réhabilitation psychosociale en psychiatrie : tel était l’intitulé de la demi-journée Ld’automne organisée à l’initiative du Dr Agnès Metton, responsable de pôle secteur 92G20 et présidente de CME. Après un discours d’ouverture de Claude Courtine-Martin, directeur adjoint à Erasme, et une courte intervention de Michel Briard, représentant des familles de patients, trois intervenants de grande qualité ont articulé la matinée. Martine Barrès, conseillère technique à la Direction générale de l’action sociale, a ouvert la discussion en évoquant les enjeux et les complexités de coordination entre les acteurs du sanitaire, du social et du médico-social, ainsi que les difficultés de définition des différents champs d’action. Le Dr Denis Leguay, praticien hospitalier et chef de service au CHS d’Angers, a présenté la place de la réhabilitation dans le système de soins, ainsi que les diverses méthodes et leurs principes de mise en œuvre. Le Dr François Petitjean, praticien hospitalier et chef de service au CHS Sainte-Anne, a défini la notion de remédiation cognitive, énoncé ses objectifs, ses moyens et ses effets. Les débats, menés par les modérateurs – les Drs Pascal, Menendez et Hanon – ont été riches et animés. Le Dr Béatrice Ségalas, praticien hospitalier du 92G20 et responsable du pôle de jour de l’UIR, a conclu la matinée par une synthèse des travaux. Enfin, le Dr Christophe Pflieger, psychiatre BMS et attaché au CHS Sainte-Anne, a évalué l’efficacité fonctionnelle d’un traitement en psychopharmacologie clinique. Cette demi-journée d’automne s’est achevée par un buffet offert par les laboratoires BMS. Tout un chacun s’est félicité de la qualité et de la clarté des interventions ainsi que de l’intérêt du public pour les questions abordées. ■ Nicolas Sarkozy à Érasme rasme a eu l’honneur de recevoir le président de la République le 2 décembre. ÉUn numéro spécial sera consacré à sa visite très prochainement. ■ La société avance… Est-ce pour autant pour le meilleur ? Le colloque met en exergue la position de lutte obligée des soignants afin de préserver leur rôle, dans le respect des personnes. La position éthique reste donc cruciale. La transparence, oui, mais réfléchie et non totale, en respectant l’intime, le singulier de l’autre. ■ Dr Blanche Massari, praticien hospitalier, secteur 92 I 06 érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 3 Le Clud fête son premier anniversaire ! n créant le comité de lutte contre la douleur (Clud), Een novembre 2007, l’établissement s’est engagé dans une démarche d’amélioration de la prise en charge de la douleur somatique chez les patients hospitalisés. La lutte contre la douleur est un enjeu de santé publique qui répond à un objectif humaniste, éthique et de dignité de l’homme. C’est un droit reconnu comme fondamental par la loi relative aux droits des malades du 4 mars 2002. La prise en charge de la douleur a fait l’objet depuis 1998 de trois plans gouvernementaux successifs. Prendre en charge la douleur somatique des patients qui présentent des pathologies psychotiques expose toutefois des particularités en raison du rôle que joue la sensation de douleur dans leur perception corporelle et de leur difficulté à exprimer la douleur, en raison aussi de leur ressenti, le seuil de tolérance à la douleur étant parfois modifié ou paradoxal. Objectifs du Clud à moyen terme • Sensibiliser l’équipe médicale et soignante à la prise en charge de la douleur somatique, réfléchir ensemble sur nos pratiques. • Mettre en place une évaluation objective de la douleur avec un outil adapté à nos patients. • Renforcer la formation, l’information des soignants sur les différents types de douleur somatique et leurs traitements. • Créer une équipe de référents en parallèle à la mise en place de la fiche d’évaluation ■ Forum social arie-Claude Delestrez et Fatiha Bouddane ont proposé Mle 25 novembre une journée d’information à destination du personnel de l’hôpital. Plusieurs stands étaient disposés devant l’entrée du self, dont le Crédit social des fonctionnaires (CSF), la Complémentaire retraite des hospitaliers (CRH), le Crédit municipal de Paris, la Mutuelle nationale des hospitaliers (MNH) et la Banque fédérale mutualiste (BFM). Les organisatrices étaient très heureuses de l’effet escompté. De nombreuses personnes se sont déplacées. Une tombola était organisée à l’issue de cet après-midi. Parmi les lots : des chèques-cadeaux et des cadeaux surprises. Cinq personnes ont ainsi été récompensées. ■ Formation tout au long de la vie rasme a souhaité organiser une action Éd’information relative à la mise en œuvre du dernier décret du 21 août 2008 qui reformule l’organisation de la formation continue et met en place de nouveaux outils pour les agents de la fonction publique hospitalière. Notre établissement a ainsi accueilli l’Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH) lors d’une réunion intitulée « La formation tout au long de la vie ». Mme Mandapopoulos, directrice de l’ANFH Île-de-France, et son adjointe Mme Chevillard ont ainsi présenté le nouveau dispositif. Plus de cinquante personnes ont participé à cet échange et ont pu poser leurs questions. Par ailleurs, un récapitulatif informant les agents des grands changements et enjeux de cette formation tout au long de la vie a été distribué avec les bulletins de salaires de tous les personnels non médicaux du mois d’octobre 2008. Tous les agents ont donc eu en leur possession les principales données de ce changement. Néanmoins, Martine Le Moal, désormais en charge de la formation du personnel non médical, reste à la disposition des agents qui souhaitent faire un point sur la formation. ■ Premier petit déjeuner culturel e 18 novembre, Matthieu Decraene, responsable du développement des publics Ldu musée du Louvre, est venu partager un moment d’exception avec les équipes soignantes. Cette première rencontre a rassemblé les équipes qui ont accompagné des patients ces deux dernières années aux visites de musée. Au programme : un partage d’expériences, des témoignages riches, des questions de professionnels. Trente personnes ont parlé d’accès à la culture pour les patients et des projets réalisables pour 2009. Les équipes d’Érasme étaient une nouvelle fois au rendez-vous, prêtes à s’investir, à innover et à proposer aux patients de sortir de l’hôpital et découvrir des lieux enchanteurs. Martine Le Moal et Claude Courtine Martin ont été formées par les musées afin de jouer le rôle de relais, à la disposition des projets des équipes. L’originalité de la démarche ? Les visites effectuées dans des conditions exceptionnelles, des nocturnes où il y a peu de monde, visite de certaines pièces peu connues, un regard thématique… Les patients sont traités comme des VIP, ils sont privilégiés, ont leur entrée, sont accueillis, des pièces leur sont exclusivement ouvertes. Les relais participent à ces conditions exceptionnelles. Le personnel est également dans la découverte, changeant ainsi des rapports qu’il a au quotidien dans le soin. Les visites aux musées du Louvre, Guimet et du quai Branly se sont articulées autour de thèmes tels le héros ou l’écriture. Dans un premier temps, les patients se familiarisent avec les musées puis prennent possession des lieux. Les visites s’achèvent par un pot, avec l’envie de perdurer le plaisir. L’objectif de ce petit déjeuner culturel était de familiariser les équipes soignantes par la découverte du parcours. Deux groupes visiteront ainsi Le Louvre le 14 janvier. ■ Salon infirmier omme chaque année, Érasme a ouvert son stand d’information et de rencontres Cde nouveaux professionnels du 5 au 7 novembre 2008. Cette année encore, de nombreux infirmiers et cadres de l’établissement ont répondu présents. Ces contacts établis permettront d’enrichir les équipes lors de prochains recrutements. Mais le salon, ce sont aussi des rencontres avec d’autres établissements, des échanges d’idées sur les projets nationaux en cours et l’opérationnalité prochaine de l’ordre infirmier. Un rendez-vous incontournable de la profession. ■ Jean-François Popielski, directeur des soins 4 érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 Le 7e intersecteur de psychiatrie infanto-juvénile a organisé le 19 novembre une journée de travail autour de la loi du 11 février 2005 sur la socialisation et la scolarisation des enfants à besoins spécifiques. Bon voyage Michèle Dumonchau ! l’occasion de son départ en « grandes Àvacances », Michèle Dumonchau a organisé une réception au pavillon du Parc Bourdeau, à Antony, à laquelle elle avait convié toutes les personnes côtoyées et appréciées tout au long de sa carrière. Comptable publique, Michèle Dumonchau a occupé le poste de trésorière de l’EPS Érasme pendant plus de six ans, assurant ainsi le paiement des dépenses et l’encaissement des produits tout en veillant à la bonne application des textes et règlements en vigueur. Elle a reconnu que la gestion hospitalière n’est pas simple, mais s’est plu à remarquer que, par sa spécificité et surtout par son humanité, Érasme lui a beaucoup apporté. Érasme reste pour elle l’un des établissements marquants de sa vie professionnelle. « C’est une structure enrichissante et attachante, une étape forte de mon parcours administratif », a-t-elle conclu. Passionnée de voyages, Michèle Dumonchau espère découvrir de nouvelles contrées. Dans l’immédiat, son cadeau de départ lui offre l’opportunité de visiter Saint-Pétersbourg et son merveilleux musée, l’Ermitage. ■ as moins de deux cents personnes étaient présentes dans Ples locaux de l’institut universitaire de formation des maîtres (IUFM) d’Antony pour une journée dont l’objectif était d’amorcer une dynamique de travail concerté entre les professionnels des domaines du médico-social, de l’enseignement et du soin autour de la question des enfants à besoins spécifiques. Mme Ferrand-Ricquer a ouvert et présenté le contexte de cette journée, M. Damie, directeur de la Dass des Hauts-de-Seine, a replacé toute l’importance du travail de partenariat dans l’évolution dont font l’objet aujourd’hui toutes les institutions concernées par cette problématique, Me Grafto, inspectrice à l’Éducation nationale, représentant M. Michelet, inspecteur départemental, a complété par le point de vue de l’Éducation nationale, et le Dr Le Nestour, chef de service de l’intersecteur VII, a introduit le travail par une évocation de ce qui se fait déjà et de ce qui pourrait se faire pour accompagner au mieux ces enfants aux besoins différents dans un partenariat dynamique et efficace. La matinée s’est articulée autour de deux tables rondes. Dans un premier temps, M. Le Bihan, directeur de l’IME « L’Espoir châtillonnais », et le Dr Fischesser, praticien hospitalier 92I07, ont évoqué les perspectives historiques et la situation au niveau européen. Puis, le Dr Gerin, praticien hospitalier 92I07, Mme Chailloux, inspectrice responsable de la question du handicap à la Dass, Mme Delanneau, représentante des parents APEI Sud92, Mme Grafto, inspectrice, ainsi que Me Dubois, directrice adjointe de la MDPH, et deux de ces collaboratrices se sont adonnés à un exercice pratique en direct intitulé « Comment travailler ensemble ? » à partir de la présentation d’une situation fictive. L’après-midi était rythmée par cinq ateliers qui, selon des axes différents, ont repris les problématiques abordées le matin dans la seconde table ronde. L’amphithéâtre était très participatif, avec de nombreuses interactions entre la salle et les intervenants. Cette journée constitue le point de départ d’un travail qui doit continuer de s’élaborer entre les professionnels. Ce colloque, qui s’est déroulé dans une ambiance chaleureuse, a permis à l’ensemble des participants de mieux se connaître et de percevoir les rôles de chacun. ■ érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 Nelly Vaudelle prend sa retraite près vingt ans de travail, tout juste, Apassé dans le service, Nelly Vaudelle part en retraite vers d’autres horizons. Elle est arrivée en tant qu’infirmière le 7 novembre 1988 à l’ouverture du service du Dr Pascal et tire sa révérence le 7 novembre 2008. Fin d’année 2003, elle occupait le poste de cadre dans l’unité de psychiatrie générale. Auparavant, lorsque ce soprano ne se consacrait pas au chant, elle travaillait comme infirmière dans des cliniques, en province puis en région parisienne. Nelly Vaudelle s’est beaucoup intéressée aux actions culturelles en lien avec l’évolution des soins et la prise en charge des patients. À ses débuts, elle accompagnait les patients au cinéma le mercredi après-midi. De nature chaleureuse et vivante, pleine de joie de vivre, Nelly Vaudelle laisse un riche souvenir à ses collègues. ■ Départ de Christian Meunier près vingt-deux années passées Aà Érasme, Christian Meunier part en retraite. Tous tenaient à être présents pour lui manifester leur affection. Plombier-chauffagiste de métier, il s’est également beaucoup investi dans la gestion des bons de travail, en collaboration avec Gilbert Delannoy. Ses amis et collègues le décrivent comme quelqu’un de gentil, sensible, attachant et toujours prêt à rendre service. Aline Ferrand-Ricquer a retracé son parcours et évoqué ses passions. Lorsqu’il ne travaillait pas, Christian retapait sa Motobécane de 1950. Passionné de country, d’armes et de couteaux, il a consacré une pièce à l’exposition de sa collection. Christian a reçu d’amicaux témoignages de ses collègues ainsi que des cadeaux qui lui permettront de se souvenir d’un moment de vie riche en amitiés. ■ 5 brèves Ces enfants différents qui nous rassemblent Cinérasme uite à la venue de Natalie Giloux, praticien hospitalier à Sl’hôpital du Vinatier (Lyon-Bron) en mai dernier, les étudiants infirmiers ont assisté le 17 novembre à une séance de son film documentaire Chambres d’isolement, chambres d’apaisement. Après une présentation du Dr Jean-Paul Metton sur les principes d’utilisation des chambres d’isolement, les étudiants ont regardé avec attention ce documentaire de 36 minutes. Ce dernier relate les témoignages de patients ayant été isolés ainsi que la progression des réflexions d’équipes soignantes et de médecins infirmiers. Les chambres d’isolement constituent un paradoxe : leur aspect sécuritaire et punitif. D’une part, elles inspirent le milieu carcéral de par leur architecture et les dures conditions de soins. D’autre part, elles sont considérées comme des lieux de repos et d’apaisement aux effets bénéfiques. Alors que les chambres d’isolement paraissent nécessaires dans certaines situations, que transmettent-elles ? Telle est la problématique. À la fin du reportage, Elisabeth Trémège et le Dr Metton ont articulé la discussion avec les étudiants, soulignant l’importance d’humaniser la prise en charge du soin, de coordonner les actions d’écoute du patient et de rester vigilant sur tous les aspects environnementaux (architecture, mobilier, confort…). ■ Érasme donne son sang e 30 juillet, Érasme a organisé une collecte de sang destinée à l’ensemble des Lmembres du personnel. Vous avez été vingt volontaires. C’est un bon début, en particulier en pleine période de vacances d’été. Érasme vous remercie pour votre contribution. Rappelez-vous que 1 500 dons sont nécessaires, chaque jour, en Île-deFrance. Retrouvez les dates et sites de collecte sur www.dondusang.net. ■ Non à la grippe ! ouvent bénigne mais invalidante, la grippe est très contagieuse et peut être source Sde graves épidémies. Le service de santé au travail, en partenariat avec la pharmacie de l’établissement, s’est tenu à la disposition du personnel le 25 novembre 2008 pour proposer une vaccination antigrippale aux volontaires. Se faire vacciner, c’est se protéger soi-même, protéger son entourage et participer à rompre la chaîne de transmission de la grippe. ■ Dr Anne Tassin, médecin du travail L’UIR a déménagé le 27 novembre À la découverte de nouvelles saveurs unité intersectorielle de réinsertion u 13 au 19 octobre, nous avons fêté la Semaine du goût. L’(UIR) comptait auparavant 19 lits. DPour découvrir de nouvelles saveurs, des manifestations ont eu lieu dans toute la France. Érasme n’a pas manqué au rendez-vous: pour le plaisir de nos papilles, Lorena Castroman a proposé la dégustation de nouvelles saveurs – pétales de fenouil cru, mangues bien mûres, champignons crus et bouquets de chou-fleur cru –, ainsi qu’un menu à thème, saison automne. ■ Du côté des Antilles fin de diversifier les plats, M. Forgeais, chef de cuisine, a eu l’initiative de faire voyager nos Apapilles aux Antilles le 13 novembre 2008. La cuisine antillaise résulte du métissage de la population de ses îles: elle s’inspire de la cuisine africaine pour ses ingrédients de base, indienne pour les épices, européenne pour ses alliances et ses pâtisseries. Riche en couleurs et en arômes, elle est originale et variée.Au menu : salade créole et acras de morue, cari de poulet accompagné de son riz créole, tarte de noix de coco ou salade de fruits exotiques. ■ Erratum ans le numéro précédent (n°23), l’article sur le premier bilan de la visite Dde certification fait référence à un tableau dressant les principaux points positifs et les axes d’amélioration. Le tableau n’y figure pas. 6 ■ Le nouveau projet lui en alloue désormais 26, divisés en deux ailes de 13 lits. La restructuration de l’unité de réinsertion résout en partie le problème des lits disponibles sur l’établissement. Elle permet aussi d’affiner et de définir un véritable projet de réinsertion au sein d’Érasme. L’UIR compte donc deux ailes comme alternatives à l’hospitalisation de longue durée : l’une permet un travail spécifique de préparation au projet foyer d’accueil médicalisé (FAM) avec du personnel médico-social, l’autre continue son travail de réinsertion pour des patients qui ne rentrent pas dans ce cadre par un travail sur l’autonomie (appartements associatifs, maisons thérapeutiques, retour à domicile, maisons de retraite). Le nouveau projet a permis la venue de nouveaux professionnels et de doter l’UIR d’une véritable équipe pluriprofessionnelle (éducateur, psychomotricien, ergothérapeute, infirmier et aide-soignant). ■ Jean-François Popielski, directeur des soins erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 informations Du côté des services Journée portes ouvertes au CMP de Clamart Le 11 septembre dernier, le centre médico-psychologique (CMP) enfants de Clamart, unité intersectorielle du pôle VI de l’EPS Érasme, a ouvert les portes de sa belle maison en meulière bordée d’un petit jardin. Les partenaires sont venus nombreux. Ce fut l’occasion de renforcer les liens et de repréciser les fonctions et les modes d’activité des CMP. vec des équipes rodées et efficaces, des orientations généralistes, une bonne intégration au tissu social, les CMP, fondus dans le paysage, chevaux légers de la psychiatrie, font parfois oublier l’intensité et la continuité de leurs activités. À Clamart, l’unité fonctionnelle développe ses activités auprès des enfants de la commune, de la naissance à l’aube de la vie adulte. L’équipe est constituée de psychiatres, de psychologues, d’orthophonistes, d’un psychomotricien, d’une assistante sociale, d’un art thérapeute et d’une secrétaire. L’enfant et sa famille consultent soit à leur demande (les parents s’inquiètent d’une attitude, d’un résultat scolaire, d’un symptôme, l’enfant souhaite parler à quelqu’un, se plaint de quelque chose), soit orientés par un proche (parents, amis) ou une institution (école, médecin, services sociaux, services judiciaires). Au cours du travail, les familles sont toujours accueillies pour leur enfant en tant que partenai- A res essentiels. Elles collaborent ainsi aux soins et peuvent également trouver une aide au CMP. L’enfant vient pour être soulagé. Certains enfants nous ont dit qu’«ici, on parlait des secrets, des soucis», ils font part de leurs espoirs, pour eux-mêmes ou leur famille. Des adolescents peuvent s’emparer des différentes consultations, pour prendre pied dans le monde des adultes, qui sera bientôt le leur. Dans certains cas, il s’agit d’une crise à surmonter, car un ou plusieurs symptômes ne font pas la maladie, mais ce qui pose problème doit être traité, pour que le développement de l’enfant ne se retrouve pas aliéné à un mode de relation et vienne par la suite empêcher son insertion sociale. Dans d’autres cas, il y a déjà un mouvement vers une pathologie lourde à traiter : névrose, psychose, autisme, dysharmonie d’évolution, pour lesquels il faut, avec la famille, envisager les diagnostics possibles, les soins et leur faisabilité. Concrètement, après que la famille en erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 a fait la demande au secrétariat, les enfants sont reçus en consultation souvent plusieurs fois, soit par un psychiatre, soit par un psychologue. Par la suite, les consultations sont complétées par des observations, des bilans, au CMP ou par l’avis de confrères d’autres consultations (neurologues, pédiatres, ORL, généticiens). Les soins, y compris pour les enfants très malades, sont souvent assumés par le seul CMP, même si le travail s’articule avec d’autres partenaires qui, souvent, soutiennent la famille ou l’intégration de l’enfant. ■ Dr Mathilde Aguesse, praticien hospitalier, responsable du CMP Le CATTP d’Antony ouvre ses portes Le 10 octobre, le CATTP pôle 21 a organisé une journée portes ouvertes afin d’inaugurer son ouverture. L’occasion de rappeler les enjeux d’un centre d’accueil thérapeutique à temps partiel. e 79 de la rue Prosper-Legouté a ouvert ses portes Lle temps d’une matinée afin d’officialiser son existence et de rendre compte de la structure. À presque deux ans, le CATTP est ouvert trois demi-journées par semaine et compte une file active d’une trentaine de patients. Il a permis à certaines personnes isolées d’avoir un accès aux soins, de faire des rencontres et de vivre des moments conviviaux. Rappelons que le CATTP n’est pas une hospitalisation, il n’y a pas de contrainte auprès du patient. Son inscription est volontaire, sollicitant ainsi un esprit d’initiative. L’intérêt du CATTP est de proposer quelque chose de différent aux patients autour d’activités telles que des sorties tournées sur la découverte de l’environnement proche (centre-ville, histoire de la ville, culture, musées, cinéma, commerces). Contrairement à l’hôpital de jour, il n’y a pas d’activités régulières : le CATTP rompt ainsi cette régularité afin de susciter chez le patient un esprit d’invention et de créativité. Le centre suscite l’imprévu et la spontanéité, le patient doit s’adapter à de nouvelles situations. Le Dr Anne de Montravel, médecin responsable du CATTP, décrit ce lieu comme un espace. « Le CATTP est représenté d’abord dans un espace : espace de rencontre, aire d’échange, de partage. Il s’adresse à des personnes pour lesquelles la maladie psychique a pour conséquence un repli sur soi, des difficultés à entrer en relation avec d’autres et à maintenir cette relation dans le temps. Le CATTP est donc un espace qui propose au patient de le sortir de son isolement et de sa solitude. » Les activités en groupe permettent au patient de se reconnaître en tant qu’individu et d’acquérir une confiance dans la relation. ■ 7 Gestion administrative patient Dossier patient + rendez-vous Gestion RDV Érasme a achevé la préparation de son schéma directeur Localisation dossier papier Historique séjours Statistiques activité Saisie au chevet du patient Matériel nomade du système d’information pour la période 2008-2012. Historique En 2006, Érasme a préparé, voté et soumis à l’agence régionale de l’hospitalisation d’Île-de-France (Arhif) son projet d’établissement qui contenait un volet Projet des systèmes d’information. Parallèlement à la demande de l’Arhif, qui souhaitait qu’Érasme améliore le contenu de son projet SIH, de nombreux dysfonctionnements du système ont régulièrement affecté le service aux utilisateurs, entraînant de longues et/ou récurrentes indisponibilités du service pour bon nombre d’entre nous. L’établissement a immédiatement entamé plusieurs actions correctives, dont une intervention extérieure importante pour reconstituer le système et le sécuriser pendant plusieurs mois en 2007, ainsi que la réorganisation du service informatique avec le recrutement d’un ingénieur au 1er janvier 2008 chargé de Moyens à mettre en œuvre Moyens humains médecin 20 à 30 % infirmière 100 % Secrétaire 50 % moyens informatiques 1/2 à 1 agent Postes de travail Solution «serveurs» sécurisée Calendrier Début des études : juin ou septembre 2009 Remplacement gestion administrative des malades (GAM) + éléments pour relevé d’information médicale en psychiatrie (RIMP) sur l’ensemble de l’établissement • Deuxième trimestre 2009 Mise en place dossier de soins complet (secteur pilote + généralisation) • Secteur pilote fin 2010 • Généralisation 6/8 mois Mise en place dossier médical + circuit médicament (secteur pilote + généralisation) • Secteur pilote mi-2011 • Généralisation 6/8 mois 1) 2) 3) 8 Alertes/antécédents/allergies Synthèse (facultative) Informatique Le projet SIH Ouverture extérieur Bureautique médicale Prescriptions labo/résultats Prescriptions radio/résultats (CR ou CR + images) Prescriptions médicaments Autres prescriptions Activités médicale/PMSI Dossier transfusionnel Traçabilité Recueil données infirmières Projet soins Plan soins Feuille de constantes Transmission ciblées Charge en soins Fiches kiné, diététicienne, … réorganiser ce secteur et de réaliser des procédures garantissant sa pérennité et sa sécurité. Son action a fait évoluer le service (voir descriptif ci-dessous). Par ailleurs, pour répondre à la demande de l’Arhif et à un engagement du contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens (CPOM) : mettre en place un dossier patient informatisé en 2010, Érasme a entamé une démarche afin de préparer son projet « Système d’information hospitalier ». Organisation Un comité de pilotage SIH a été constitué en septembre 2007 et une société de conseil chargée de l’accompagnement du projet a été désignée au quatrième trimestre 2007. Au préalable, un état des lieux a été réalisé et des travaux en groupes ont permis de dégager les besoins et les axes de travail. Après plusieurs débats internes, Érasme a décidé d’adopter en juin 2008 le modèle « dossier patient intégré » (type MCO) qui permet d’avoir avec une seule solution l’ensemble des modules nécessaires à la prise en charge du patient en amont et en aval, et donc de limiter le nombre d’interfaces génératrices de difficultés avec le système. Ce projet a été validé par le conseil d’administration d’Érasme le 29 septembre 2008. Depuis le début 2008, de nombreuses actions ont été réalisées, dont : • la sécurisation ; • la mise en place d’une assistance aux utilisateurs ; • l’aménagement d’une nouvelle salle « serveurs », aujourd’hui complètement opérationnelle (système incendie, ventilation…), et remplacement d’une part significative des serveurs, à installer dans cette nouvelle salle. CR médecins traitants Eléments dossiers vers autres Etablissements (Béclère/Foch) DMP ?? Laboratoire externe Cabinet radiologie Pharmacie Circuit médicament + traçabilité Médicaments dispositifs à tracer Vérification prescriptions Dispensation Stocks Une consultation va prochainement être lancée en vue de virtualiser notre parc de serveurs, désormais obsolète, évitant ainsi d’importantes dépenses de remplacement. Cette nouvelle infrastructure, située au sous-sol, permettra un gain considérable en fiabilité, disponibilité et une forte économie d’exploitation. Le projet SIH prévoit d’autres actions de mise à niveau du système d’Érasme : • la mise à niveau du réseau en extra-hospitalier ; • le remplacement de postes de travail anciens, pouvant être substitués par des postes « clients légers » ; • la mise en place d’un plan de formation des personnels tant sur la bureautique que les applications métiers. En parallèle, un certain nombre de projets nouveaux ont été identifiés pour les années à venir. Le principal projet est incontestablement l’informatisation du dossier patient – dossier médical, dossier de soins, gestion des rendez-vous –, couplé avec le circuit du médicament – prescriptions, validation de la prescription, dispensation, administration. Le comité de pilotage SIH se réunira très prochainement afin de mettre au point et valider la méthodologie proposée en vue de la publication de l’appel d’offres « Dossier patient », en vue de démarrer l’intégration de ce logiciel métier dernier trimestre 2009. Ce projet sera implanté progressivement dans les secteurs à compter du premier trimestre 2010, comme indiqué dans le tableau cicontre. ■ érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 informations Certification HAS Les observations de l’EPS au rapport des experts-visiteurs Le précédent numéro d’Érasme Mag et le dernier Flash Infos qualité (n°2008-003) reprenaient les résultats du rapport de visite des experts-visiteurs (EV) de la HAS. ransparence étant l’un des maîtres mots du service qualité et gestion des risques, et dans l’attente des résultats définitifs de la Haute Autorité de santé (HAS) qui seront communiqués à l’établissement en fin d’année, il s’agit de vous présenter les observations formulées par Érasme au rapport de visite des EV. Ces observations portent sur les faits constatés par les experts et, sur ces bases, de demander la modification d’erreurs matérielles ou de formulations inadéquates. Avec l’aide de certains médecins de la commission médicale d’établissement (CME), des directions générales, des soins, des services économiques et financiers, qualité et gestion des risques, dixsept observations ont été argumentées et retournées à la HAS. Désormais, c’est au coordonnateur de visite d’accepter ou refuser ces observations, puis au Collège de certification. Le tableau ci-contre reprend de façon synthétique les observations d’Érasme et les modifications souhaitées pour chacun des critères concernés. Celles-ci portent principalement sur des critères ayant fait l’objet d’une cotation C par les EV et sur des demandes de modifications de la cotation du critère ou de l’élément d’appréciation (EA), de la dynamique existante et/ou des constats des EV. Quel est l’intérêt d’avoir rédigé des observations, nous direz-vous ? Cela peut avoir des incidences sur le niveau de décision de la HAS, avec un fort pressentiment qu’une décision de suivi sera formulée par la HAS (sous forme de rapport ou de visite de suivi). Affaire à suivre donc, soyez patients… Dans quelques semaines, la décision de la HAS sera prononcée, le service qualité et gestion des risques ne manquera pas de vous faire part des conclusions de la certification V2007 que nous avons pu mener grâce à vous. À bientôt… et joyeuses fêtes de fin d’année. ■ T Le service qualité et gestion des risques Critères concernés Libellé du critère Recommandation 5 4b 5b 9c 11d 16b 18b 19b 22c 26b 26c Modifications attendues Mettre en place des procédures périodiques Suppression de la phrase : « Les professionnels, notamment médecins, d’évaluation des personnels sont toujours perplexes, quant à l’évaluation des médecins. » Une politique du dossier du patient Mettre dans les constats : « L’existence d’un projet de réorganisation des archives est définie afin d’assurer la qualité centrales avec impact sur les archives décentralisées) validé, accompagné et la continuité des soins. d'un calendrier et d'un plan d'action précis (travaux, recherche documentaire). » La direction et les responsables Pour l’élément d’appréciation « Politique de communication externe formalisée », développent une politique réponse souhaitée « En partie » à la place de « Non ». de communication à destination du public Pour l’EA « Supports de communication témoignant de cette politique », et des correspondants externes. réponse souhaitée : « Oui » Existence d’une dynamique La continuité des soins, la dignité, la À l’élément d’appréciation « formation adaptée des prof. dédiés au transport », confidentialité, l’hygiène et la sécurité sont réponse souhaitée « En partie » assurées à l’occasion du transport du patient. Supprimer la phrase : « Il n’a en revanche pas identifié les autres situations de crise. La gestion d’une éventuelle crise De ce fait les professionnels assimilent généralement gestion de crise est organisée. et mise en œuvre du plan blanc. » Mentionner la dynamique existante au sein de l’établissement se traduisant notamment La prévention du risque incendie par la réalisation depuis plusieurs années de nombreux exercices de simulation est organisée les professionnels bénéficient (36 exercices en 2007), exercices venant compléter les formations à la lutte d’une formation programmée contre l’incendie et permettant de vérifier et rappeler les règles d’alerte et régulièrement actualisée. et d’intervention (consignes) et d’utilisation des moyens de secours. Réponses souhaitées « Oui » aux EA « Politique d’identification du patient » Une identification fiable et unique et « Organisation permettant la diffusion et la mise en œuvre de procédures du patient est assurée. de contrôle de l’identification du patient », à la place de « En partie ». Cotation « B » à la place de la cotation « C ». Le patient reçoit une information coordonnée Réponses souhaitées « Oui » à l’EA par les professionnels sur ses soins « Evaluation de l’organisation mise en œuvre », à la place de « En partie ». et son état de santé tout au long Existence d’une dynamique sur cette thématique de l’information du patient. de sa prise en charge. Cotation « B » à la place de la cotation « C ». Une procédure spécifique d’accueil Réponses souhaitées « En partie » à l’EA « Mesures prises des détenus est organisée pour garantir aux détenus la sécurité, la dignité et la confidentialité ». dans les établissements concernés. Réponse souhaitée « Oui » ou « En partie » à l’EA « Mise à disposition d’outils de mesure de la douleur adaptée aux patients » à la place du « Non ». Le patient est impliqué et participe à la prise Réponse souhaitée « Oui » à l’EA « Actions d’amélioration », en mentionnant en charge de sa douleur, sa satisfaction est le recrutement effectif du médecin somaticien dès le premier semestre 2008. évaluée périodiquement. Cotation « B » à la place de la cotation « C ». Existence d’une dynamique sur l’établissement se traduisant notamment par le recrutement du somaticien deux ans avant les délais de réalisation prévu au CPOM. Les professionnels sont formés Existence d’une dynamique autour de la formation réalisée en interne via à la prévention, à l’évaluation la diffusion de protocoles et les actions de sensibilisation délivrées au personnel. et à la prise en charge de la douleur. 27b La prise en charge des urgences vitales survenant au sein de l’établissement est assurée. Réponse « Oui » à l’EA : « Maintenance à périodicité définie du matériel d’urgence dans les services et sécurisation d’accès au chariot d’urgence », à la place de « En partie ». Cotation « B » à la place de la cotation « C ». 28c L’information contenue dans le dossier du patient est accessible, en temps utile, aux professionnels en charge du patient. Existence d’une réelle dynamique au sein de l’établissement concernant l’archivage et se traduisant par : - l’évaluation des archives en 2007 par une secrétaire médicale du DIM, - l’existence d’un projet de réorganisation des archives centrales (avec impact sur les archives décentralisées) validé, accompagné d'un calendrier et d'un plan d'action précis (travaux, recherche documentaire). Les règles relatives à la réalisation des examens sont établies. À l’EA « Concertation entre secteurs d’activité clinique et secteurs d’imagerie et d’exploration fonctionnelle (réunions régulières, notes d’information, …), modification attendue « En partie » à la place de « Non ». À l’EA « Formalisation et diffusion des règles relatives à la réalisation, au transport et à la réception, des examens d’imagerie et d’exploration fonctionnelle », modification attendue « En partie » à la place de « Non ». À l’EA « formalisation et diffusion des règles relatives à la réalisation, la validation et l’interprétation des examens », modification attendue « NA » à la place de « Non », 30b 34a 35a 44d érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 La participation de l’établissement aux Cotation au critère « Non applicable » activités ou à un réseau de prélèvement comme pour le critère 34c. d’organes et de tissus est définie. La prise en charge pluriprofessionnelle du patient associe les professionnels Une cotation « B » serait plus justifiée, car les activités de rééducation des secteurs d’activité clinique et ceux et de soutien sont mentionnées comme action remarquée concernant le chapitre 3. de la rééducation et du soutien l’information réciproque et la collaboration sont effectives. L’efficacité du programme d’amélioration Mentionner l’existence d’une dynamique. continue de la qualité et de gestion des risques est régulièrement évaluée. 9 Découverte Assistant de service social en psychiatrie auprès de pat L’action et le statut de ce professionnel singulier, l’Association nationale des assistants de service social (Anas). au sein de l’équipe de santé mentale, le placent Ce document a été revu régulièrement pour s’adapter aux évolutions de la société et des conditions d’exercice du métier. Le code actuellement en vigueur a été adopté en assemblée générale le 28 novembre 1994. à la charnière entre le « dedans » et le « dehors ». Ce texte, très moderne par bien des aspects, revêt une portée symbolique importante dans la culture professionnelle des AS. Élément central de leur formation, il fonde une identité commune à tous les AS quel que soit leur terrain d’exercice ultérieur. Il les rassemble au-delà des histoires et des cultures particulières des différentes institutions au sein desquelles ils travaillent. Le travail en réseau, une nécessité face à la complexité des situations, à contrôler soigneusement pour rester maître de son temps et de son action. assistant de service social (AS) apporte sa contribution particulière à la concrétisation des projets des patients et des équipes. Il ajuste ces projets, qu’il concourt à élaborer, aux réalités concrètes et les adapte au contexte de vie des patients. L’ Dans le prolongement de l’action de l’équipe médicale sur la reconstruction identitaire, il s’ingénie à la restauration des liens sociaux et à la reconnaissance de la citoyenneté des patients. Son action vient s’inscrire à contre-courant des phénomènes d’exclusion inhérents à notre société actuelle, qu’il s’efforce de contenir. Il s’attache à la restauration des perspectives d’intégration sociale pour des patients isolés par les pathologies les plus invalidantes. Un métier polyvalent, un cadre précis La déontologie Les assistants de service social (AS) font souvent allusion à une déontologie à propos de leur métier. En effet, pour soutenir leur action, ils disposent d’un véritable repère avec le code de déontologie élaboré en 1945 par 10 Entretien avec Magali Lacroix Assistante de service social au secteur 9, en intra-hospitalier Érasme Mag. Vous êtes assistante sociale à l’EPS Érasme et vous intervenez auprès des patients domiciliés sur les communes de Puteaux et Suresnes pendant la durée de leur séjour à l’hôpital. Pouvez-vous nous présenter le déroulement de votre journée de travail ? Magali Lacroix. Ma journée type s’articule de la façon suivante : En arrivant le matin, je passe au secrétariat du service, où je regarde le mouvement1 du secteur 9 pour voir s’il y a eu des entrées. À l’arrivée de chaque nouveau patient, je lis les observations médicales pour détecter d’éventuelles urgences sociales, en particulier s’il y a des enfants au domicile. Je regarde également tous les éléments relatifs au contexte d’arrivée du patient. Par exemple, lors d’une hospitalisation d’office2 pour troubles du voisinage, je sais qu’il y aura probablement des problèmes à régler avec le voisinage avant la sortie du patient. Je profite de ce moment où l’équipe infirmière est très prise auprès du patient pour anticiper les actions à mettre en place par la suite. En cas d’urgence, je vais dans l’unité faire le point avec les infirmiers qui ont vu le patient. À ce moment-là, la personne est rarement visible ou l’entretien est faussé. Parfois, on peut la recevoir en urgence avec le médecin. S’il n’y a pas d’urgence, je fais le tour des unités à la recherche des infos : tous les jours en psy-gé 3, deux à trois fois par semaine à l’UIA 4, au moins une fois par semaine dans les autres unités : UIR 5 et Minkowski 6. Dans la journée, je reçois les patients lors de rendez-vous programmés, je fais le travail de lien avec l’extérieur (partenaires, familles, erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 dossier sionnel, code international de déontologie et définition internationale du service social par les Nations unies… tients adultes Du séjour de rupture au foyer de vie en passant par une cure d’amaigrissement, à la recherche des meilleurs établissements. Ce code s’appuie sur des grands textes de référence: Déclaration universelle des droits de l’homme, code de la famille et de l’aide sociale sur les conditions d’exercice de la profession, code pénal sur le respect du secret profes- curateurs…), je fais également le travail indirect de rédaction, de courriers, de dossiers… En psy-gé, je fais le point régulièrement avec les médecins et les cadres de santé : au quotidien de façon informelle et en participant aux deux réunions de service hebdomadaires. Dans les autres unités, je participe à toutes les synthèses cliniques de l’UIR et aux réunions de service en fonction de l’actualité des prises en charge. Ponctuellement, j’effectue des accompagnements à l’extérieur et je participe à des synthèses dans des services extérieurs ou au CMP. Je suis également en contact quotidien avec le service des admissions pour faire le tour des prises en charge des frais de séjour. Enfin, je participe aux réunions avec les assistantes sociales et institutionnelles (conseil de secteur…). E. M. Avant de rejoindre l’équipe de l’EPS Érasme, vous avez travaillé dans un service de chirurgie. Qu’est-ce qui vous a plu en psychiatrie ? M. L. J’ai quitté l’hôpital général parce que je trouvais que mon intervention restait très ponctuelle. 1. État des entrées et des sorties des patients. 2. Procédure d’hospitalisation d’un patient sans son consentement, lorsque son état de santé ne lui permet plus d’avoir conscience de ses troubles et l’amène, soit à se mettre en danger lui-même, soit à devenir dangereux pour autrui. 3. Service de psychiatrie générale où sont erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 Il traite de la finalité de l’intervention de l’AS et se compose de cinq chapitres : • le premier pose, entre autres, le principe du respect de la dignité de la personne, de la non-discrimination, de la confidentialité, du secret professionnel, de la protection des données nominatives et des modalités de communication du dossier social de l’usager ; • le deuxième définit l’ensemble des devoirs de l’AS envers les usagers : dans les modalités particulières de l’intervention directe auprès des publics, mais également dans les situations de travail en équipe pluridisciplinaire et dans le cadre d’actions réalisées en partenariat avec d’autres institutions; • les trois chapitres suivants traitent des obligations des professionnels envers leurs organismes employeurs, envers la profession, et se terminent par les sanctions encourues en cas de manquement grave. Je souhaitais pouvoir m’investir sur du long terme. Je voulais également intégrer une équipe pluridisciplinaire pour une prise en charge globale du patient. E. M. Que pouvez-vous dire aux jeunes collègues qui arrivent dans le métier ? M. L. En venant travailler en psychiatrie, ils trouveront des professionnels ouverts qui aiment travailler ensemble. On est très loin des clichés habituels sur l’asile. J’y ai rencontré une très grande variété de publics, avec lesquels j’ai pu avoir des relations de très bonne qualité, en particulier avec certains patients. E. M. Merci beaucoup pour votre témoignage et tous nos vœux de réussite dans vos nouvelles activités. hospitalisés la majorité des patients originaires du même secteur géographique, à l’issue de quelques jours d’observation et d’orientation. 4. Unité intersectorielle d’admission : service d’observation et d’orientation par lequel transitent l’ensemble des patients de l’hôpital durant les premiers jours de leur hospitalisation. Magali Lacroix, AS au secteur 9. 5. Unité intersectorielle de réinsertion : service recevant des patients hospitalisés pour une durée de plusieurs mois pour lequel un travail spécifique de préparation à la sortie s’avère nécessaire. 6. Service spécialisé dans le soin aux patients souffrant de dépressions. 11 • le conseil, l’orientation et le soutien des personnes ; • la prévention des difficultés médicosociales; • la coordination avec les autres institutions. • la participation à l’élaboration du projet d’établissement et du rapport d’activité du service socio-éducatif. À l’hôpital Le décret du 26 mars 1993 (n° 93 652) portant statut particulier des assistants socio-éducatifs de la fonction publique hospitalière place les assistants du service social hospitalier sous l’autorité directe du directeur de l’hôpital. Pour ceux qui travaillent dans un service de psychiatrie, la circulaire n° 93/37 du 20 décembre 1993 intègre leur fonction au sein de l’équipe pluridisciplinaire de secteur. Les défis actuels L’action du service social de psychiatrie s’exprime pleinement dans la cohérence des politiques impulsées: Ce décret définit les missions des AS autour de six grands axes : • l’évaluation dans le respect des personnes, la recherche des causes compromettant l’équilibre psychologique, économique et social des patients ; • l’aide auprès des personnes, des familles et des groupes en difficulté sociale, afin de leur permettre de retrouver leur autonomie et de favoriser leur insertion ; Une législation sociale complexe et en permanente évolution. • par le législateur, qui définit ses missions, son cadre d’exercice et les politiques sociales qu’il met en œuvre ; • par la direction de l’hôpital, qui met à la disposition de sa mission les moyens nécessaires aux actions qu’il mène dans le cadre de la politique nationale de santé mentale ; • par l’équipe du secteur, sous l’autorité de son médecin responsable. La qualité du travail clinique, la cohé- Cas concret… Recette our obtenir la prise en charge d’une facture de 34 jours d’hospitalisation en HO s’élevant à 24 446 €, prenez : • 5 assistantes sociales (2 au CMP, 2 à l’hôpital, 1 à la Sécurité sociale) ; • 1 déléguée sociale à la CPAM ; • 1 conseillère solidarité à la CPAM ; • 18 RDV avec le patient (dont 5 « ratés » par le patient) ; • 2 entretiens avec le conjoint du patient ; • 2 entretiens de couple ; • 20 communications téléphoniques ; • 6 rapports ; • 5 dossiers administratifs. Ajoutez un protocole de soins, un courrier au médecin traitant et un certificat d’apragmatisme établi par le médecin psychiatre. Mélangez longtemps (dix mois minimum) sans vous énerver. Comptez sur la chance et le hasard, prenez bien soin de vérifier que les astres sont avec vous et, peut-être, un jour si tout va bien, connaîtrez-vous la joie immense de pouvoir faxer la prise en charge de la facture des frais de séjour au service des admissions. Si, au bout de trois dossiers, la chance vous a définitivement abandonné, n’insistez pas, invoquez d’autres cieux. Et le patient dans tout cela ? Sa tête est ailleurs. Tout cela est si loin de lui. De toutes façons, il n’a pas d’argent, il ne pourra jamais payer une telle somme, sa femme fait un dossier de surendettement pour éviter l’expulsion de leur appartement… P Une fonction essentielle de conseil technique auprès des équipes médicales. 12 AS, un repère stable dans une constellation de métiers jeunes et en forte croissance es métiers de l’action sociale sont Ltraditionnellement répartis au sein de quatre grands domaines d’action : l’aide, l’éducation spécialisée, l’animation et l’accueil à domicile ; Effectifs du travail social : • 1993 : 367 000 personnes ; • 2002 : 598 000 personnes, soit une progression de 6 % en moyenne par année. Répartition par domaine (2002) : • aide: 51 500, dont assistants sociaux (40 400 personnes), conseillers en économie sociale et familiale, délégués à la tutelle, conseillers socio-éducatifs, techniciens d’intervention sociale et familiale… • éducation spécialisée : 177 100, dont éducateurs spécialisés (99 100 personnes), éducateurs techniques, moniteurs-éducateurs, éducateurs de jeunes enfants, moniteur d’atelier, aide médico-psychologique… • animation : 59 600, dont animateurs socio-éducatifs ; • accueil au domicile : 308 300, dont assistantes maternelles ; • autres travailleurs sociaux : 2 300. Chiffres de la Direction de la recherche des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees), Bulletin n° 441, novembre 2005 - http://www.sante.gouv.fr/htm/publication erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 Les équipes de psychiatrie sont confrontées à de multiples défis, dont le transfert de charges de l’État et de la sécurité sociale vers les collectivités locales, l’augmentation des files actives, la réduction des durées de séjour, le délitement du lien social, la mise en application progressive de la loi du 11 février 2005 avec les montées en charge des maisons départementales du handicap, des groupes d’entraide mutuelle (GEM) et des services d’accompagnement médico-social pour adultes handicapés (Samsah), la mise en place de la prestation de compensation du handicap, ou encore la participation des associations de familles et de patients aux instances de décision. Fort de sa formation à la relation d’aide, de sa maîtrise des législations sociales et de leur mise en application, de sa connaissance des réseaux, solidement ancrée dans sa triple appartenance (métier/soin/cité), le service social de psychiatrie possède une expertise et un savoir-faire, mis à la disposition du système de soin par le législateur, au service de la collectivité dans son ensemble. ■ Marie Joigneaux, assistante sociale secteur 9 Pour la « petite » histoire… e 1938 à 1968, la première année des études Le texte intégral du code de déontologie est téléchargeable sur le site de l’Association nationale des assistants de service social : anas.travail-social.com Anas - 15 rue de Bruxelles - 75009 Paris Tél. : 01 45 26 33 79 erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 Dmenant au diplôme d’État était commune aux infirmiers et aux assistants sociaux. C’est en deuxième année que les étudiants choisissaient leur spécialisation : assistant social ou infirmier. Nous devons au Dr Édouard Toulouse Affiche de 1940 éditée par le l’introduction du service social en psychiatrie ministère de la Santé publique. à l’hôpital Sainte-Anne à Paris (alors hôpital Henri-Rousselle), en 1920, lorsqu’il ouvre le premier service libre accueillant des malades mentaux sans internement et le premier dispensaire de prophylaxie mentale pour enfants et adultes*, première pièce de la lente construction de la politique de secteur et ancêtre des CMP. Le métier d’assistant social est issu de trois branches distinctes : • les pionnières, fin du XIXe siècle, créatrices des maisons sociales, dont est issu le service social polyvalent de secteur. Ce mouvement, très vite réprimé, va rester très influent par le biais des écoles de service social qui en sont directement issues ; • la branche médico-sociale, importée des États-Unis par des médecins, dans leur volonté de lutter contre la tuberculose en intervenant au domicile et sur l’environnement des patients (Dr Calmette en 1901, Dr Cabot en 1915). Le service social hospitalier est issu de cette conception sociale de la médecine dont s’est inspiré le Dr Toulouse pour la création de son dispensaire de prophylaxie mentale ; • les superintendantes d’usines, futures assistantes sociales du personnel, profession née pendant la guerre de 1914-1918 pour venir en aide aux femmes qui remplacent les hommes mobilisés et qui a créé son propre centre de formation dès 1916. Références « Le Service social de psychiatrie », coordonné par A. Cartier, éditions ENSP, 2005. dossier rence du projet de soins, la prise en compte de la réalité sociale et environnementale des patients, ainsi que des relations de confiance inscrites dans la durée entre l’AS et l’équipe soignante, restent essentiels à la mise en œuvre de ses savoir-faire. * Pour en savoir plus sur l’histoire du service social de santé mentale, lire les articles de J. Houver dans « Le Service social de psychiatrie », coordonné par A. Cartier et publié aux éditions ENSP. J. Houver, « Le service social de psychiatrie face aux enjeux de la nouvelle gouvernance », revue « Nervure », mai 2008. J. Rouzel, « Le Transfert dans la relation éducative, psychanalyse et travail social », Dunod, 2002. Ch. de Robertis, « Méthodologie de l’intervention en travail social », Bayard Centurion, 2007. M. Jaeger, « L’Articulation du sanitaire et du social, travail social et psychiatrie », Dunod, 2006. « Nuevos escenarios y pràctica profesional, una mirada critica desde el trabajo social », collectif, Espacio Editorial, Argentine. Formées en cinq ans après le bac (trois en France) dont deux en internat avec les médecins et psychologues, les assistantes sociales de la Colonia Montes de Oca sont très engagées au côté des autres professionnels, dans le processus de désinstitutionalisation des patients. On voit ici, avec des membres de la délégation d’Érasme, Maria-José, dans le centre de jour du pavillon 6, Olga, responsable du service social, et Valeria lors de la réunion de bilan du jumelage, Laura et Miriam dans le projet Retour au foyer. 13 Le mot de la nutritionniste Changements diététiques La révolution Castroman Trois ans après son arrivée à Érasme, Lorena Castroman, notre diététicienne dresse un bilan de son intervention nutritionnelle dans les menus servis aux patients. près évaluation nutritionnelle des repas, je constate un apport calorique supérieur aux besoins et aux dépenses énergétiques des patients hospitalisés. Il faut savoir que le traitement psychiatrique provoque un ralentissement du transit intestinal et ouvre l’appétit. Il est donc impératif de faire de la prévention, en modifiant d’abord la fréquence de consommation de certains aliments (limite de consommation dans la semaine) et en introduisant de nouveaux aliments plus riches en fibres et moins caloriques. A 14 Certains de mes collègues qui travaillent à l’hôpital Paul-Giraud de Villejuif m’ont appris que les patients n’apprécient pas une diminution de l’apport calorique de leur alimentation. D’une part, c’est difficile parce que la prise de poids influe sur leur moral, d’autre part cela décourage dans le suivi de leurs médicaments contre la souffrance. Il faut trouver le juste milieu : concilier le plaisir de manger et garder une bonne santé. J’ai donc apporté quelques modifications dans les menus des patients. • des viandes élaborées en sauces (l’idée est de présenter les sauces à part et de demander aux patients s’ils veulent les ajouter. Les viandes blanches et rouges sont présentées en sauces afin d’éviter le dessèchement lié au mode de préparation, c’est-à-dire la liaison chaude) ; • des pâtisseries riches en graisses (mille-feuilles, gâteaux, tartes…) ; • des plats riches en graisses dont le rapport protéine/lipide est inférieur à 1 (saucisses, feuilletés, quiches). Diminution des apports lipidiques Augmentation des apports en fibres et en vitamines Pour diminuer les apports lipidiques, il faut limiter la fréquence : • des entrées riches en graisses (sauces, charcuterie, pâtisseries salées) ; • des produits frits ou préfrits (viandes panées, pommes de terre frites ou rissolées, beignets) ; Pour augmenter les apports en fibres et en vitamines, il faut proposer : • des crudités, des légumes (choix d’une entrée) et des légumes secs (lentilles, pois chiches, haricots, petit pois) ; • des fruits frais en dessert ; erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 La distribution de pain complet a sensiblement amélioré les apports en fibres, en vitamines et en minéraux. Par ailleurs, le fait que ce soit une prestation inhabituelle dans un milieu hospitalier rend les patients encore plus satisfaits. Le bénéfice est double : santé et psychisme. Les résultats de l’évaluation s’avèrent très positifs, notamment en ce qui concerne la baisse de consommation de laxatifs. Augmentation des apports en oméga 3 Pour augmenter les apports en oméga 3, très intéressant pour l’équilibre nutritionnel, il faut proposer : • des poissons gras au moins une fois par semaine (saumon, sardines, maquereau, thon) ; • des poissons maigres une fois par semaine (cabillaud, colin) ; • de l’huile de colza pour l’assaisonnement des salades ; • fruits oléagineux (amandes, noix) ajoutés en petite quantité dans les carottes râpées, endives. Nutrition • des légumes cuits en accompagnement du plat protidique ; • des fruits entiers au petit-déjeuner au lieu d’un jus d’orange ; • du pain complet au petit déjeuner. Les contraintes • La cuisine travaillant en liaison chaude, les préparations culinaires doivent être maintenues à plus de 63°C sans rupture de température. Afin d’y arriver, les repas doivent être maintenus en sauces pour éviter le dessèchement. • Manque de matériel (machine à grillades). • Manque de personnel. Les défis • Continuer à veiller à des associations de plats équilibrées et harmonieuses. • Limiter les contraintes de l’unité de production. • Veiller à l’environnement du repas, comme le respect de la réglementation d’hygiène, le bruit, l’organisation de l’espace. Les conditions optimales doivent être réunies pour faire du repas un moment de convivialité et de plaisir. • Surveiller l’aspect sensoriel du repas : la première impression se fait à la vue du plat. La présentation doit donc être soignée. • Continuer à apporter des idées d’animation nutritionnelle et culinaire en organisant un repas autour du thème d’un pays, des couleurs, des plantes aromatiques… Tout est bon pour éveiller les papilles et la curiosité gustative. ■ erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 n 2006, j’ai mis en place une nouvelle prestation Epour un petit-déjeuner riche en fibres. L’objectif est de contribuer à l’équilibre de la flore intestinale, à la régulation des transits ralentis et à l’abandon progressif des laxatifs. Voici les produits proposés pour bien démarrer la journée : un yaourt Activia, du pain complet, du beurre ou de la margarine, un kiwi, des pruneaux hydratés, une infusion (café, thé, tisane) et un sucre (ou édulcorant). Les fibres alimentaires ont un effet bénéfique sur le transit intestinal, l’excès de cholestérol, la glycémie et la satiété. Afin d’optimiser le travail des fibres, il est important de boire suffisamment d’eau (1,5 l par jour). La diététique est importante à l’hôpital. Ainsi le comité de liaison en alimentation et nutrition (Clan) mis en place a pour but de définir la politique d’amélioration de la prise en charge de l’alimentation et de la nutrition au sein de l’établissement. Nous y reviendrons dans un prochain numéro. 15 Initiative pants, dans des lieux aussi divers que la cascade du bois de Boulogne, la roseraie du parc Lebaudy sur l’île de Puteaux, la ferme Cueillette de Gally, le Mont-Valérien… Flâneries Fort d’une file active d’environ 30 patients, Au final, la formule plébiscitée par les patients et les soignants a apporté une flexibilité non négligeable, imposant à chacun de composer avec différents aléas, notamment météorologiques. le CATTP Jean-Wier propose des activités par séquences de demi-journées. l’exception d’une sortie chaque jeudi, les après-midi s’organisaient jusqu’alors autour d’un café et d’activités dans un local spécialement dédié au CATTP, le « club », situé à proximité de la mairie de Suresnes. À Ainsi, au début, dans l’optique de favoriser l’autonomie et de profiter des beaux jours, l’idée première fut de mobiliser le club chaque mercredi dans des lieux de promenade ouverts et gratuits, aux environs. Les flâneries étaient nées… Au printemps 2008, l’équipe a souhaité modifier son dispositif de soins afin d’améliorer la prise en charge des patients. Désormais, les mercredis après-midi, les patients peuvent découvrir des parcs, forêts, étangs et autres lieux à proximité de leur lieu de vie, créant de facto de nouvelles activités : tournois de pétanque, ramassage de châtaignes, récoltes de fruits dans une ferme… Malgré quelques réticences au début, dix-sept flâneries ont eu lieu depuis mai 2008, avec 86 partici- Devant le succès emporté, les flâneries vont perdurer et désormais s’inscrire dans le fonctionnement normal du CATTP. À l’avenir, les flâneries automnales et hivernales amèneront l’équipe et les patients à découvrir d’autres lieux, couverts et gratuits les mercredis : médiathèques, expositions municipales, centres commerciaux… Un nouveau bilan sera effectué à la fin de l’hiver pour réajuster et faire évoluer cette activité. ■ L’équipe infirmière, CATTP secteur 9 Initiative Loto à la cafétéria our la deuxième année consécutive, l’équipe soignante de psy-gé 92G21 et l’équipe de la cafétéria ont organisé le 25 novembre 2008 un loto à la cafétéria. Les patients étaient nombreux au rendez-vous. De 14 h à 16 h 30, les équipes soignantes, Josy Kancel, Geneviève Lecam et Patricia Gautier P 16 se sont tout autant amusées que les patients. De nombreux lots ont été remportés : porte-clés, cendriers, porte-monnaie, sacs, parapluies, stylos, tongs… À l’issue du jeu, un goûter marocain (cornes de gazelle, pâte d’amande, thé à la menthe) a été préparé et fortement apprécié par les patients. ■ erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 Découvertes en musique Dans le cadre de notre programme « Culture à l’hôpital » et de la convention établie entre Érasme et l’association Tournesol, nous avons une nouvelle fois organisé deux concerts depuis la rentrée. Nous tenons à remercier toutes les personnes ayant permis la mise en place de ces concerts : les infirmiers qui accompagnent les patients, les équipes de cuisine et d’hygiène, la direction qui supporte la partie financière et les musiciens qui se sont engagés dans cette aventure. Retour mythologique Le 11 septembre 2008, un concert s’est déroulé dans la salle polyvalente devant un public d’environ 80 personnes. Le public, toujours fidèle, enthousiaste et curieux, a découvert un spectacle intitulé « Amusette dansée », de l’époque baroque, avec Flore Sans, danseuse et chorégraphe, Michel Glasko, accordéoniste, et Jean-Christophe Hurtaud à la flûte et au chant. Il s’agit d’un spectacle mis en scène par Blandine Molinier et particulièrement adapté au milieu hospitalier. Cette formation d’artistes exceptionnels donne à voir et à entendre des danses et des airs baroques célébrés de manière insolite et décalée. Le public, très attentif tout au long du spectacle, a ainsi été initié avec erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 beaucoup d’humour et de légèreté au monde frivole et amoureux inspiré par la mythologie de cette époque. techno…. Amen Viana a donné un concert à l’Olympia et vient de sortir un album. Lors du concert donné à la salle polyvalente d’Érasme, Amen Viada et Davy Honnet ont présenté des danses traditionnelles d’Afrique, repris des chansons de Bob Marley et joué leurs propres compositions. Les auditeurs n’ont pas pu s’empêcher d’accompagner les musiciens par leurs chants et leurs claquements de mains. Certains ont également dansé, tous réunis dans un bonheur partagé. À l’issue de ces deux concerts, les musiciens et le personnel d’Érasme ont eu la joie de se retrouver autour d’une succulente collation, généreusement préparée par Serge Forgeais et son équipe. Toute l’équipe de l’association Tournesol et les partenaires d’Érasme profitent de ce moment pour vous souhaiter de belles fêtes de fin d’année et espèrent vous retrouver l’année prochaine, en musique bien sûr. ■ Maria Sikström, musicothérapeute Voyage en Afrique Le dernier concert de cette année a eu lieu le 29 novembre sur le thème de la chanson africaine. Deux jeunes artistes sympathiques déjà très confirmés ont su éveiller l’enthousiasme d’un public d’environ 50 personnes très réceptives. Amen Vian, chanteur et guitariste, et Davy Honnet, percussionniste, sont deux musiciens spécialisés dans la nouvelle pop music africaine acoustique. Ces deux artistes jouent depuis leur plus jeune âge avec de grands artistes et abordent des styles très diversifiés : chant traditionnel, rock, pop, 17 côté patient Concerts Lire en fête Que lisiez-vous dans votre jeunesse ? Cette année, « Lire en fête » a fêté ses vingt ans sur le thème de la jeunesse. Érasme a organisé, pour le plaisir de tous, une journée dédiée à la lecture. Au programme : échange avec notre nouveau philosophe Thomas Lepoutre, exposition de bandes dessinées et partage d’histoires avec notre conteuse Annie Leclerc. l est 13h30, les patients se réunissent dans le hall de la cafétéria. Entourés de citations et textes de jeunesse, épinglés çà et là, nous vivons un moment privilégié en compagnie de Thomas. Cette journée s’inscrit sous le signe du partage. Thomas lit quelques textes: les contes de Perrault, «Paroles» de Jacques Prévert ou encore des poèmes extraits de la nouvelle poésie française. S’ensuit un débat ou chacun apporte sa petite touche personnelle. Aujourd’hui, nous parlons de jeunesse. Thomas explique qu’être adulte ne signifie pas ne plus être enfant: «Un enfant sommeille en nous, 1 Impressions de la conteuse ette journée du 10 octobre 2008 a vraiment été Cun enrichissement pour nous tous et le désir pour beaucoup d’en apprendre davantage. Bien qu’ayant commencé l’animation à 16 h 30 au lieu de 17 h 30, nous n’avons pu explorer tous les sujets. Il fallait évidemment laisser une place à la lecture de textes, à laquelle certains se sont prêtés avec plaisir. Florence et Christian ont lu une nouvelle de Philippe Claudel, un très chouette duo, on se serait cru au théâtre. Julien a lu une autre nouvelle de cet auteur avec l’art d’un véritable comédien. Une autre femme du nom de Florence a été très émue et troublée par le récit qui lui a été proposé, suscitant ainsi une discussion sur le contenu de cette nouvelle. Julien a également lu, avec brio, une partie du « Petit Prince » de Saint-Exupéry. Gina n’a hélas pas eu le temps, elle aussi, de nous faire le plaisir d’une lecture, mais son intérêt pour ce moment passé ensemble était extrêmement visible. Georges, un jeune homme très joyeux, nous a éclairés de son charmant sourire et de son désir de participer. Daniello nous a récité quelques poésies dont il a désiré garder les textes. Extrêmement timide au début, il est devenu de plus en plus à l’aise et s’est révélé d’une grande sensibilité littéraire. Puis 19 h 15 a sonné, nous avons dû nous séparer en nous disant que ce n’était qu’un au revoir. Si je n’ai pas cité tout le monde, tout le monde reste en ma mémoire, tout comme l’immense plaisir de cette journée de partage. Annie Leclerc 18 parce que même adultes, nous ne renonçons pas à notre enfance…» Les patients, à qui la parole est donnée dans ces activités, ont beaucoup apprécié lire ou relire les fables de Jean de La Fontaine. Ils ont également pris du plaisir à commenter cette citation de Jules Romains: «La jeunesse est le temps que l’on a devant soi. » Une patiente souhaite lire un texte qu’elle a écrit, une autre partage un poème qu’elle a écrit le temps de la discussion. Cet instant sonne malheureusement comme une conclusion. Chacun repart, le sourire aux lèvres, heureux de ce moment qui nous a fait retomber en enfance pour certains, laisser échapper sans complexe notre âme d’enfant pour d’autres… Après une pause, les patients ont retrouvé Annie à la cafétéria, autour d’un thé et de petits gâteaux. Une exposition de bandes dessinées les entoure: Le Chat, Tintin, Boule et Bill, La Fontaine aux fables ou encore Lucky Luke. Cet après-midi, Annie souhaite redonner goût à la lecture ou donner l’envie de lire sur le thème de l’aventure du livre. «Le livre est un apprentissage, un vecteur mondial.» Annie décide donc de commencer par parler du livre purement et simplement: les premiers livres écrits dans l’argile, les premiers livres imprimés par Gutenberg, les premiers livres pour enfants… Chaque date clé est évoquée. ■ Parole de philosophe ue lire soit une fête – et en l’occurrence une fête de la jeunesse –, voilà Qce qui pourrait étonner les vieux sages sans enthousiasme. Et pourtant, lors de cet après-midi, en rentrant pas à pas dans le jeu de nos souvenirs et de nos lectures, une convivialité joyeuse s’est installée entre nous. À redécouvrir les textes de notre enfance, il faut bien avouer qu’une complicité festive a gagné les lecteurs, les participants comme les animateurs. La diversité des genres littéraires (du conte à la fable, de la citation philosophique à la chanson), la superposition des tons (le sérieux émaillé de traits malicieux, le rire, voire la tristesse infiltrée d’une nostalgie rêveuse) et l’hétérogénéité des participants (venus des quatre coins du monde Érasme) auront placé notre échange sous le signe de la diversité. Cette fête a ainsi été investie de plusieurs rôles : l’occasion d’élargir le cercle de nos rencontres hebdomadaires, de produire une certaine rupture ou surprise dans le quotidien, de s’étonner de notre propre jeunesse… cachée dans nos discussions d’adultes. Le mot de notre conclusion ? Grandir ne signifie pas oublier le langage de l’enfance. Bien au contraire. Pour preuve l’énergie avec laquelle les participants ont pu chanter « Une souris verte » ! Voilà pris sur le fait l’enfant qui sera toujours en nous, incorrigiblement… Un moment joyeux qui s’est adressé aux adultes, aux enfants, à l’enfant caché dans l’adulte dans une bienheureuse indistinction… Thomas Lepoutre erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 culture À voir Séraphine Dans le film « Séraphine », de Martin Provost, sorti en salle le 1er octobre, Yolande Moreau incarne Séraphine de Senlis, femme de ménage dans les familles bourgeoises et artiste autodidacte souffrant de psychose chronique, découverte par Wilhelm Uhde, collectionneur allemand, ami de Picasso et Braque. Le musée Maillol, à Paris, expose quelquesunes de ses œuvres du 1er octobre 2008 au 5 janvier 2009. L’occasion de découvrir le travail d’une artiste talentueuse, représentante de l’art naïf. M. Popielski, directeur des soins, s’est rendu à l’exposition. Il a tenu à partager ce moment avec nous. Érasme Mag. Pourquoi souhaitezvous partager cet instant avec Érasme ? Jean-François Popielski. Dans la mesure où Érasme lie santé mentale et culture, il m’est apparu naturel de parler de ma visite et de partager mes impressions. À Érasme, les ateliers de création sont de véritables outils qui permettent aux patients de s’exprimer et de montrer des choses qu’ils n’imaginaient pas avoir en eux. L’expression artistique peut parfois être utilisée en soins. Nous pouvons aussi nous demander si l’art est véritablement thérapeutique. Certains sont de cet avis, d’autres sont plus dubitatifs. En ce qui me concerne, toute forme d’art est sublimation et peut ainsi permettre l’émergence d’un soin salutaire. En voyant les œuvres des patients dans les couloirs d’Érasme, erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008 on ne peut qu’être interpellé par l’art et l’œuvre de Séraphine. E.M. Que pensez-vous de l’exposition ? J.-F. P. L’exposition est très intimiste. Deux salles mettent les œuvres en valeur. On a la chance de découvrir une des boîtes de peinture de Séraphine, habituellement exposée au musée de Senlis, sa première peinture, très infantile, et des toiles de 2 ou 3 mètres de haut d’une intensité et d’une fraîcheur remarquables. Cette fraîcheur laisse à penser que l’œuvre vient d’être achevée. Il y a beaucoup d’énergie dans les traits, les couleurs. L’autre intérêt de l’exposition est d’imaginer Séraphine au milieu d’autres toiles. Elle côtoie entre autres Maillol et Picasso. Le musée Maillol est un musée qu’il est intéressant de découvrir ou de redécouvrir. À l’origine, c’est un hôtel particulier à SaintGermain-des-Prés. E.M. Comment qualifieriez-vous les œuvres de Séraphine ? J.-F. P. Les œuvres de Séraphine sont d’une clarté extraordinaire. Elles ont quelque chose d’envoûtant. D’emblée on pense au douanier Rousseau, le plus célèbre représentant des peintres naïfs. Le thème récurrent est la nature, les fleurs, mais il s’agit d’une nature habitée. E.M. Diriez-vous que sa folie transparaît dans ses peintures ? J.-F. P. J’ai envie de répondre : estce que la folie transparaît dans les œuvres de Van Gogh ? est-ce que la folie transparaît dans les œuvres de Picasso ? L’art est beaucoup trop sérieux pour n’être confié qu’à la folie. Les peintures de Séraphine sont construites. Même si elle peignait directement sans utiliser de croquis, il y a bel et bien la présence d’une symétrie, d’un horizon, d’un équilibre remarquable. Il y a aussi une dimension sexuelle dans l’énergie et dans certaines constructions de fleurs, de feuilles ainsi que la présence quasi toujours constante d’un arbre au symbolisme évident. E.M. Quelles rencontres avez-vous faites avec Séraphine ? J.-F. P. Auparavant, j’ai travaillé à Clermont-de-l’Oise et j’ai participé à la création du musée HenriTheilloux qui a donné le nom « Séraphine de Senlis » à l’une de ses salles. Ma première rencontre date de ce moment. Ses œuvres ont été exposées au musée départemental de Senlis. Par la suite, j’ai lu « Séraphine de Senlis » d’Alain Vircondelet et j’ai découvert qu’elle était décédée en 1942 à Clermont- de-l’Oise au pavillon Vian où j’ai commencé mes études d’infirmier dans les années 1970. Vian n’est pas un hommage à Boris (écrivain, poète et chanteur), mais à un psychiatre. Récemment j’ai découvert dans le livre « Séraphine » de Françoise Cloarec que Wilhelm Uhde habitait place Lavarande, où j’ai eu mon premier appartement. À Senlis, j’ai fait la rencontre de personnes ayant connu Séraphine et son côté fantasque qui aurait pu rester anecdotique si la souffrance ne l’avait pas envahie. À ce jour, je n’ai pas vu le film de Martin Provost, mais je suis impatient de le voir à Érasme. À mes yeux, c’est important de le voir dans un établissement de santé mentale. D’autres informations seront publiées sur Séraphine lors de la projection du film de Martin Provost. ■ 19 L’hiver s’installe lentement mais les activités, elles, n’hibernent pas. De nombreuses expositions sont proposées et les rendez-vous d’Érasme restent fidèles : Cinérasme, Café philo, Débats d’Érasme… À vos agendas ! Demandez le programme ! 1 er octobre 2008 au 5 janvier 2009 15 janvier 2009 à mi-février 2009 Séraphine Atelier Jean-Wier e musée Maillol expose l’œuvre de Séraphine de Senlis, artiste peintre autodidacte, représentante de l’art naïf. Cette femme de ménage fut découverte par Wilhelm Uhde, collectionneur allemand et ami de Picasso et Braque. L’atelier de peinture du centre Jean-Wier expose les œuvres de patients à l’Association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier (ANFH). L Fondation Dina Vierny-Musée Maillol 61, rue de Grenelle 75007 Paris Tél. : 01 42 22 59 58 Mail : [email protected] Site : www.museemaillol.com 11 décembre 2008 au 24 mai 2009 Quand je serai grand(e), je serai… ANFH 30/40 rue Eugène-Oudiné 75013 Paris Tél. : 01 53 82 82 32 16 janvier 2009 au 28 janvier 2009 Les talents invisibles L’atelier d’arts plastiques du centre d’accueil thérapeutique à temps partiel (CATTP) de ChâtenayMalabry organise à la médiathèque de la ville une exposition d’œuvres de patients. e Musée des arts décoratifs présente des jouets de Lmétiers, petit catalogue des incarnations des rêves d’enfant, entre fantasme et sérieux. Qu’il s’agisse de figurines de métiers, de panoplies pour jouer à faire semblant ou de jeux de simulation, ces jouets, qui apprennent à être grand, racontent à leur façon l’évolution de nos sociétés à travers celle des rêves des enfants. Dr Huerre, chef de service de l’intersecteur VI fait partie des coorganisateurs de cette exposition. Musée des arts décoratifs 107, rue de Rivoli 75 001 Paris Médiathèque de Châtenay-Malabry 7/9, rue des vallées 92290 Châtenay-Malabry Tél. : 01 41 87 69 80 2 mars 2009 au 15 mars 2009 Le Printemps des poètes Le Printemps des poètes orchestre sa onzième édition sur le thème du rire. Pendant une dizaine de jours, la poésie sera à l’honneur dans tout l’Hexagone et bien sûr à Érasme… Et bien sûr les activités traditionnelles à Érasme • La cafétéria • Les Débats d’Érasme, dont les thèmes sont communiqués quinze jours à l’avance • Les activités sportives le premier mercredi du mois à 14 h 00. • Café philo, tous les jeudis de 14 h à 16 h. Le philosophe Thomas Lepoutre anime dans la cafétéria un atelier de philosophie dédié aux patients, dont le thème s’inspire presque toujours de l’humeur du jour. 20 é ra sme mag ■ numéro 24 - décembre 2008