dossier - EPS Erasme

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dossier - EPS Erasme
Le magazine de l’EPS Érasme ■ numéro 24 - décembre 2008
au-delà
des soins
informations
Les observations
au rapport des
experts-visiteurs
de la HAS . . . . . . . . .p. 9
Dossier
Assistant
de service
social
en psychiatrie
Nutrition
.p. 10
Changements
diététiques :
la révolution
Castroman . . . . . . .p. 14
Côté patient
Musique
baroque
et chanson
africaine . . . . . . . . .p. 17
Édito
Avec nos patients au-delà des soins
. . . . . . . . . . .p. 2
Brèves
L’intime au risque de la transparence.
Éthiques et pratiques
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 3
Demi-journée d’automne
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 3
Nicolas Sarkozy à Érasme
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 3
Le Clud fête son premier anniversaire
Forum social
. . . . . . . . .p. 4
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 4
Formation tout au long de la vie
. . . . . . . . . . . . . . .p. 4
Premier petit déjeuner culturel
. . . . . . . . . . . . . . .p. 4
Salon infirmier
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 4
Ces enfants différents qui nous rassemblent . .p. 5
Bon voyage Michèle Dumonchau
. . . . . . . . . . . . . . .p. 5
Nelly Vaudelle prend sa retraite
. . . . . . . . . . . . . . .p. 5
Départ de Christian Meunier
Érasme donne son sang
Non à la grippe !
. . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 5
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 6
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 6
À la découverte de nouvelles saveurs
Du côté des Antilles
Édito
Cinérasme
Avec nos patients
au-delà des soins
ans ce numéro, nous avons souhaité orienter le
projecteur sur les très nombreuses activités que
les équipes d’Érasme organisent au-delà des soins :
colloques professionnels, journées portes ouvertes,
activités culturelles…
D
Ils portent témoignage du regard que nous portons sur
les patients. Érasme est partie prenante de la charte de
l’usager en santé mentale. Ainsi, le patient hospitalisé est
considéré comme une personne à part entière, une personne qui souffre, une personne informée de façon adaptée, claire et loyale, une personne qui participe activement aux décisions la concernant, une personne
responsable qui peut s’estimer lésée, une personne dont
l’environnement sociofamilial et professionnel est pris en
compte, une personne qui sort de son isolement, une
personne, enfin, citoyenne, actrice à part entière de la
politique de santé et dont la parole influence l’évolution
des dispositifs de soins et de prévention.
Ayons toujours à l’esprit quelques chiffres, que ce soit
dans notre site d’hospitalisation à Guillebaud, mais aussi
dans les dix-neuf villes où nous sommes présents (CMP,
CATTP, hôpital de jour…): ce sont plus de 8000 patients
(pour une population de 400 000 habitants) qui font
appel à nous chaque année. En hospitalisation, 79% sont
en hospitalisation libre, 18% en hospitalisation à la demande d’un tiers et 4 % en hospitalisation d’office. Ce sont
ces réalités que nous avons exposées au président de la
République lors de sa visite du 2 décembre. Nous reviendrons sur cet événement exceptionnel dans un numéro spécial. La psychiatrie publique a besoin de moyens
et de soutien sur les territoires.
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 6
L’UIR a déménagé le 27 novembre
Aline Ferrand-Ricquer
Directrice de l’EPS Érasme
2
. . . . . . . . . . . . . .p. 6
Informations
Portes ouvertes au CMP de Clamart
Le CATTP d’Antony ouvre ses portes
. . . . . . . . . .p. 7
. . . . . . . . . . .p. 7
Le projet SIH . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 8
Les observations de l’EPS
au rapport des experts-visiteurs . . . . . . . . . . . . .p. 9
Dossier
Assistant de service social en psychiatrie
auprès de patients adultes . . . . . . . . . . . . . . . .p. 10
Nutrition
Changements diététiques :
la révolution Castroman . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 14
côté patient
Flâneries… . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 16
Loto à la cafétéria . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 16
Découvertes en musique :
concert baroque et chanson africaine . . .p. 17
Lire en fête :
que lisiez-vous dans votre jeunesse ? . . . .p. 18
culture
Séraphine
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 19
Demandez le programme !
Directeur de publication
Aline Ferrand-Ricquer
Rédaction en chef
Emmanuelle Da Costa
Florian Dupré
Photos
À l’heure où chacun prépare les fêtes de fin d’année,
je vous souhaite à tous d’heureux moments avec vos
proches et vous remercie pour le travail accompli durant
toute cette année.
■
. . . . . . . . .p. 6
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .p. 6
Isabelle Barbedor
Emmanuelle Da Costa
Florian Dupré
Marie Joigneaux
Sophie Nivoy
Comité de rédaction
Anne-Marie Doret
Marie Joigneaux
Jean-François Popielski
. . . . . . . . . .p. 20
Aline Ferrand-Ricquer
Isabelle Slatine
Elisabeth Trémège
Ont participé à ce numéro
Dr Mathilde Aguesse
Florence Billault
Lorena Castroman
Dr Anne De Montravel
Anne-Marie Doret
Michèle Dumonchau
Marie Joigneaux
Martine Le Moal
Annie Leclerc
Thomas Lepoutre
Dr Blanche Massari
Dr Agnès Metton
Jean-François Popielski
Marc Pruski
Maria Sikström
Dr Anne Tassin
Elisabeth Trémège
L’équipe infirmière
du CATTP secteur 9
Conception réalisation
Héral - 01 45 73 69 20
Impression
Champagne
EPS Érasme
143, av. Armand-Guillebaud
92 160 Antony
Tél. : 01 46 74 33 99
direction@eps-érasme.fr
érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
brèves
L’intime au risque
de la transparence.
Éthiques et pratiques
e secteur 92I06 de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent
La organisé le 3 octobre 2008 un colloque intitulé « L’intime
au risque de la transparence. Éthiques et pratiques », sous
l’égide du Dr Patrice Huerre, chef de service, et de la clinique
médico-universitaire Georges-Heuyer (Fondation santé des
étudiants de France, Paris). Cette journée pose des problèmes
de société cruciaux et celui de la place de soignant. En effet,
le politiquement correct prône la transparence à tout prix,
presque sous peine d’être suspect de dissimulation honteuse.
Mais le partage d’informations signifierait-il de tout dire ?
Et pourquoi, si ce partage ne se limite pas à ce qui est
strictement nécessaire aux soins ? Que reste-t-il alors de l’intime
dont le dévoilement serait une trahison, au mieux inutile,
voire toxique pour les soins ?
Nombre de cliniciens ont exposé avec tact des situations
cliniques complexes, en insistant sur l’importance du respect,
de la pudeur, de l’intime. Ce qui ne signifie pas que l’on ne
s’engagerait pas à protéger la personne en cas de suspicion
de maltraitance. De même, est exposé le danger d’étiquetage
trop rapide d’un adolescent en crise. Pierre Le Coz, philosophe,
est aussi intervenu sur le dossier médical personnel. Le comité
d’éthique dont il fait partie a suggéré que ce dossier ne soit que
proposé et non imposé : de quel droit serions-nous tributaires
d’un bug informatique qui permettrait à quiconque de faire
effraction dans notre dossier ? Martine de Maximy, magistrate,
a exposé avec clarté la loi du 5 mars 2007 sur la protection
de l’enfance et celle de la prévention de la délinquance. Autant
en matière de protection de l’enfance, le partage est strictement
encadré, autant en matière de prévention de la délinquance,
le cadre est opaque. Car, en cas d’aggravation dans le
comportement ou la précarité, le coordonnateur est censé
prévenir l’élu local ; on comprend alors que les professionnels,
dont le travail s’appuie sur la confiance, soient plus que réticents
à cette loi. La magistrate était elle-même fort critique à son sujet.
Nous n’exposerons pas le délicat problème du secret professionnel,
qui protège l’usager mais en aucun cas les soignants.
Demi-journée d’automne
a réhabilitation psychosociale en psychiatrie : tel était l’intitulé de la demi-journée
Ld’automne organisée à l’initiative du Dr Agnès Metton, responsable de pôle secteur
92G20 et présidente de CME. Après un discours d’ouverture de Claude Courtine-Martin,
directeur adjoint à Erasme, et une courte intervention de Michel Briard, représentant
des familles de patients, trois intervenants de grande qualité ont articulé la matinée.
Martine Barrès, conseillère technique à la Direction générale de l’action sociale,
a ouvert la discussion en évoquant les enjeux et les complexités de coordination
entre les acteurs du sanitaire, du social et du médico-social, ainsi que les difficultés
de définition des différents champs d’action. Le Dr Denis Leguay, praticien hospitalier
et chef de service au CHS d’Angers, a présenté la place de la réhabilitation dans le
système de soins, ainsi que les diverses méthodes et leurs principes de mise en œuvre.
Le Dr François Petitjean, praticien hospitalier et chef de service au CHS Sainte-Anne,
a défini la notion de remédiation cognitive, énoncé ses objectifs, ses moyens et ses
effets. Les débats, menés par les modérateurs – les Drs Pascal, Menendez et Hanon –
ont été riches et animés. Le Dr Béatrice Ségalas, praticien hospitalier du 92G20 et
responsable du pôle de jour de l’UIR, a conclu la matinée par une synthèse des travaux.
Enfin, le Dr Christophe Pflieger, psychiatre BMS et attaché au CHS Sainte-Anne,
a évalué l’efficacité fonctionnelle d’un traitement en psychopharmacologie clinique.
Cette demi-journée d’automne s’est achevée par un buffet offert par les laboratoires
BMS. Tout un chacun s’est félicité de la qualité et de la clarté des interventions ainsi
que de l’intérêt du public pour les questions abordées.
■
Nicolas Sarkozy à Érasme
rasme a eu l’honneur de recevoir le président de la République le 2 décembre.
ÉUn numéro spécial sera consacré à sa visite très prochainement.
■
La société avance… Est-ce pour autant pour le meilleur ?
Le colloque met en exergue la position de lutte obligée
des soignants afin de préserver leur rôle, dans le respect
des personnes. La position éthique reste donc cruciale.
La transparence, oui, mais réfléchie et non totale, en respectant
l’intime, le singulier de l’autre.
■
Dr Blanche Massari, praticien hospitalier,
secteur 92 I 06
érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
3
Le Clud fête
son premier
anniversaire !
n créant le comité de lutte contre la douleur (Clud),
Een novembre 2007, l’établissement s’est engagé dans
une démarche d’amélioration de la prise en charge de la douleur
somatique chez les patients hospitalisés. La lutte contre
la douleur est un enjeu de santé publique qui répond à un objectif
humaniste, éthique et de dignité de l’homme. C’est un droit
reconnu comme fondamental par la loi relative aux droits des
malades du 4 mars 2002. La prise en charge de la douleur a fait
l’objet depuis 1998 de trois plans gouvernementaux successifs.
Prendre en charge la douleur somatique des patients qui
présentent des pathologies psychotiques expose toutefois
des particularités en raison du rôle que joue la sensation
de douleur dans leur perception corporelle et de leur difficulté
à exprimer la douleur, en raison aussi de leur ressenti, le seuil
de tolérance à la douleur étant parfois modifié ou paradoxal.
Objectifs du Clud à moyen terme
• Sensibiliser l’équipe médicale et soignante à la prise en charge
de la douleur somatique, réfléchir ensemble sur nos pratiques.
• Mettre en place une évaluation objective de la douleur
avec un outil adapté à nos patients.
• Renforcer la formation, l’information des soignants sur
les différents types de douleur somatique et leurs traitements.
• Créer une équipe de référents en parallèle à la mise en place
de la fiche d’évaluation
■
Forum social
arie-Claude Delestrez et Fatiha Bouddane ont proposé
Mle 25 novembre une journée d’information à destination
du personnel de l’hôpital. Plusieurs stands étaient disposés
devant l’entrée du self, dont le Crédit social des fonctionnaires
(CSF), la Complémentaire retraite des hospitaliers (CRH),
le Crédit municipal de Paris, la Mutuelle nationale des
hospitaliers (MNH) et la Banque fédérale mutualiste (BFM).
Les organisatrices étaient très heureuses de l’effet escompté.
De nombreuses personnes se sont déplacées. Une tombola
était organisée à l’issue de cet après-midi. Parmi les lots :
des chèques-cadeaux et des cadeaux surprises.
Cinq personnes ont ainsi été récompensées.
■
Formation tout
au long de la vie
rasme a souhaité organiser une action
Éd’information relative à la mise en
œuvre du dernier décret du 21 août 2008
qui reformule l’organisation de la formation
continue et met en place de nouveaux
outils pour les agents de la fonction
publique hospitalière. Notre établissement
a ainsi accueilli l’Association nationale
pour la formation permanente du personnel
hospitalier (ANFH) lors d’une réunion
intitulée « La formation tout au long
de la vie ». Mme Mandapopoulos,
directrice de l’ANFH Île-de-France,
et son adjointe Mme Chevillard ont ainsi
présenté le nouveau dispositif. Plus
de cinquante personnes ont participé
à cet échange et ont pu poser leurs
questions. Par ailleurs, un récapitulatif informant les agents des grands changements
et enjeux de cette formation tout au long de la vie a été distribué avec les bulletins de
salaires de tous les personnels non médicaux du mois d’octobre 2008. Tous les agents
ont donc eu en leur possession les principales données de ce changement. Néanmoins,
Martine Le Moal, désormais en charge de la formation du personnel non médical,
reste à la disposition des agents qui souhaitent faire un point sur la formation.
■
Premier petit déjeuner culturel
e 18 novembre, Matthieu Decraene, responsable du développement des publics
Ldu musée du Louvre, est venu partager un moment d’exception avec les équipes
soignantes. Cette première rencontre a rassemblé les équipes qui ont accompagné
des patients ces deux dernières années aux visites de musée. Au programme :
un partage d’expériences, des témoignages riches, des questions de professionnels.
Trente personnes ont parlé d’accès à la culture pour les patients et des projets
réalisables pour 2009. Les équipes d’Érasme étaient une nouvelle fois au rendez-vous,
prêtes à s’investir, à innover et à proposer aux patients de sortir de l’hôpital et découvrir
des lieux enchanteurs. Martine Le Moal et Claude Courtine Martin ont été formées
par les musées afin de jouer le rôle de relais, à la disposition des projets des équipes.
L’originalité de la démarche ? Les visites effectuées dans des conditions
exceptionnelles, des nocturnes où il y a peu de monde, visite de certaines pièces
peu connues, un regard thématique… Les patients sont traités comme des VIP, ils sont
privilégiés, ont leur entrée, sont accueillis, des pièces leur sont exclusivement ouvertes.
Les relais participent à ces conditions exceptionnelles. Le personnel est également dans
la découverte, changeant ainsi des rapports qu’il a au quotidien dans le soin. Les visites
aux musées du Louvre, Guimet et du quai Branly se sont articulées autour de thèmes
tels le héros ou l’écriture. Dans un premier temps, les patients se familiarisent avec
les musées puis prennent possession des lieux. Les visites s’achèvent par un pot, avec
l’envie de perdurer le plaisir. L’objectif de ce petit déjeuner culturel était de familiariser
les équipes soignantes par la découverte du parcours. Deux groupes visiteront ainsi
Le Louvre le 14 janvier.
■
Salon infirmier
omme chaque année, Érasme a ouvert son stand d’information et de rencontres
Cde nouveaux professionnels du 5 au 7 novembre 2008. Cette année encore,
de nombreux infirmiers et cadres de l’établissement ont répondu présents. Ces contacts
établis permettront d’enrichir les équipes lors de prochains recrutements. Mais le salon,
ce sont aussi des rencontres avec d’autres établissements, des échanges d’idées
sur les projets nationaux en cours et l’opérationnalité prochaine de l’ordre infirmier.
Un rendez-vous incontournable de la profession.
■
Jean-François Popielski, directeur des soins
4
érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
Le 7e intersecteur de psychiatrie infanto-juvénile a organisé
le 19 novembre une journée de travail autour de la loi
du 11 février 2005 sur la socialisation et la scolarisation
des enfants à besoins spécifiques.
Bon voyage
Michèle
Dumonchau !
l’occasion de son départ en « grandes
Àvacances », Michèle Dumonchau a
organisé une réception au pavillon du
Parc Bourdeau, à Antony, à laquelle elle
avait convié toutes les personnes
côtoyées et appréciées tout au long de sa
carrière. Comptable publique, Michèle Dumonchau a occupé le poste de trésorière de
l’EPS Érasme pendant plus de six ans, assurant ainsi le paiement des dépenses et
l’encaissement des produits tout en veillant à la bonne application des textes et
règlements en vigueur. Elle a reconnu que la gestion hospitalière n’est pas simple, mais
s’est plu à remarquer que, par sa spécificité et surtout par son humanité, Érasme lui a
beaucoup apporté. Érasme reste pour elle l’un des établissements marquants de sa vie
professionnelle. « C’est une structure enrichissante et attachante, une étape forte de
mon parcours administratif », a-t-elle conclu. Passionnée de voyages, Michèle
Dumonchau espère découvrir de nouvelles contrées. Dans l’immédiat, son cadeau de
départ lui offre l’opportunité de visiter Saint-Pétersbourg et son merveilleux musée,
l’Ermitage.
■
as moins de deux cents personnes étaient présentes dans
Ples locaux de l’institut universitaire de formation des maîtres
(IUFM) d’Antony pour une journée dont l’objectif était d’amorcer
une dynamique de travail concerté entre les professionnels
des domaines du médico-social, de l’enseignement et du soin
autour de la question des enfants à besoins spécifiques.
Mme Ferrand-Ricquer a ouvert et présenté le contexte de cette
journée, M. Damie, directeur de la Dass des Hauts-de-Seine,
a replacé toute l’importance du travail de partenariat dans
l’évolution dont font l’objet aujourd’hui toutes les institutions
concernées par cette problématique, Me Grafto, inspectrice
à l’Éducation nationale, représentant M. Michelet, inspecteur
départemental, a complété par le point de vue de l’Éducation
nationale, et le Dr Le Nestour, chef de service de l’intersecteur
VII, a introduit le travail par une évocation de ce qui se fait déjà
et de ce qui pourrait se faire pour accompagner au mieux ces
enfants aux besoins différents dans un partenariat dynamique et
efficace. La matinée s’est articulée autour de deux tables rondes.
Dans un premier temps, M. Le Bihan, directeur de l’IME
« L’Espoir châtillonnais », et le Dr Fischesser, praticien hospitalier
92I07, ont évoqué les perspectives historiques et la situation
au niveau européen. Puis, le Dr Gerin, praticien hospitalier 92I07,
Mme Chailloux, inspectrice responsable de la question du
handicap à la Dass, Mme Delanneau, représentante des parents
APEI Sud92, Mme Grafto, inspectrice, ainsi que Me Dubois,
directrice adjointe de la MDPH, et deux de ces collaboratrices se
sont adonnés à un exercice pratique en direct intitulé « Comment
travailler ensemble ? » à partir de la présentation d’une situation
fictive. L’après-midi était rythmée par cinq ateliers qui, selon
des axes différents, ont repris les problématiques abordées
le matin dans la seconde table ronde. L’amphithéâtre était très
participatif, avec de nombreuses interactions entre la salle
et les intervenants. Cette journée constitue le point de départ
d’un travail qui doit continuer de s’élaborer entre les professionnels.
Ce colloque, qui s’est déroulé dans une ambiance chaleureuse,
a permis à l’ensemble des participants de mieux se connaître
et de percevoir les rôles de chacun.
■
érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
Nelly Vaudelle
prend
sa retraite
près vingt ans de travail, tout juste,
Apassé dans le service, Nelly Vaudelle
part en retraite vers d’autres horizons.
Elle est arrivée en tant qu’infirmière
le 7 novembre 1988 à l’ouverture
du service du Dr Pascal et tire sa
révérence le 7 novembre 2008. Fin d’année 2003, elle occupait le poste de cadre dans
l’unité de psychiatrie générale. Auparavant, lorsque ce soprano ne se consacrait pas
au chant, elle travaillait comme infirmière dans des cliniques, en province puis en région
parisienne. Nelly Vaudelle s’est beaucoup intéressée aux actions culturelles en lien avec
l’évolution des soins et la prise en charge des patients. À ses débuts, elle accompagnait
les patients au cinéma le mercredi après-midi. De nature chaleureuse et vivante, pleine
de joie de vivre, Nelly Vaudelle laisse un riche souvenir à ses collègues.
■
Départ
de Christian
Meunier
près vingt-deux années passées
Aà Érasme, Christian Meunier part
en retraite. Tous tenaient à être présents
pour lui manifester leur affection.
Plombier-chauffagiste de métier, il s’est
également beaucoup investi dans
la gestion des bons de travail, en collaboration avec Gilbert Delannoy. Ses amis et
collègues le décrivent comme quelqu’un de gentil, sensible, attachant et toujours prêt
à rendre service. Aline Ferrand-Ricquer a retracé son parcours et évoqué ses passions.
Lorsqu’il ne travaillait pas, Christian retapait sa Motobécane de 1950. Passionné de
country, d’armes et de couteaux, il a consacré une pièce à l’exposition de sa collection.
Christian a reçu d’amicaux témoignages de ses collègues ainsi que des cadeaux
qui lui permettront de se souvenir d’un moment de vie riche en amitiés.
■
5
brèves
Ces enfants différents
qui nous rassemblent
Cinérasme
uite à la venue de Natalie Giloux, praticien hospitalier à
Sl’hôpital du Vinatier (Lyon-Bron) en mai dernier, les étudiants
infirmiers ont assisté le 17 novembre à une séance de son film
documentaire Chambres d’isolement, chambres d’apaisement.
Après une présentation du Dr Jean-Paul Metton sur les principes
d’utilisation des chambres d’isolement, les étudiants ont regardé
avec attention ce documentaire de 36 minutes. Ce dernier relate
les témoignages de patients ayant été isolés ainsi que la
progression des réflexions d’équipes soignantes et de médecins
infirmiers. Les chambres d’isolement constituent un paradoxe :
leur aspect sécuritaire et punitif. D’une part, elles inspirent le
milieu carcéral de par leur architecture et les dures conditions
de soins. D’autre part, elles sont considérées comme des lieux
de repos et d’apaisement aux effets bénéfiques. Alors que les
chambres d’isolement paraissent nécessaires dans certaines
situations, que transmettent-elles ? Telle est la problématique.
À la fin du reportage, Elisabeth Trémège et le Dr Metton ont
articulé la discussion avec les étudiants, soulignant l’importance
d’humaniser la prise en charge du soin, de coordonner
les actions d’écoute du patient et de rester vigilant sur tous les
aspects environnementaux (architecture, mobilier, confort…). ■
Érasme donne son sang
e 30 juillet, Érasme a organisé une collecte de sang destinée à l’ensemble des
Lmembres du personnel. Vous avez été vingt volontaires. C’est un bon début, en
particulier en pleine période de vacances d’été. Érasme vous remercie pour votre
contribution. Rappelez-vous que 1 500 dons sont nécessaires, chaque jour, en Île-deFrance. Retrouvez les dates et sites de collecte sur www.dondusang.net.
■
Non à la grippe !
ouvent bénigne mais invalidante, la grippe est très contagieuse et peut être source
Sde graves épidémies. Le service de santé au travail, en partenariat avec la pharmacie de
l’établissement, s’est tenu à la disposition du personnel le 25 novembre 2008 pour proposer
une vaccination antigrippale aux volontaires. Se faire vacciner, c’est se protéger soi-même,
protéger son entourage et participer à rompre la chaîne de transmission de la grippe.
■
Dr Anne Tassin, médecin du travail
L’UIR a déménagé
le 27 novembre
À la découverte
de nouvelles saveurs
unité intersectorielle de réinsertion
u 13 au 19 octobre, nous avons fêté la Semaine du goût.
L’(UIR) comptait auparavant 19 lits.
DPour découvrir de nouvelles saveurs, des manifestations
ont eu lieu dans toute la France. Érasme n’a pas manqué au
rendez-vous: pour le plaisir de nos papilles, Lorena Castroman
a proposé la dégustation de nouvelles saveurs – pétales de
fenouil cru, mangues bien mûres, champignons crus et bouquets
de chou-fleur cru –, ainsi qu’un menu à thème, saison automne. ■
Du côté des Antilles
fin de diversifier les plats, M. Forgeais, chef de cuisine, a eu l’initiative de faire voyager nos
Apapilles aux Antilles le 13 novembre 2008. La cuisine antillaise résulte du métissage
de la population de ses îles: elle s’inspire de la cuisine africaine pour ses ingrédients de base,
indienne pour les épices, européenne pour ses alliances et ses pâtisseries. Riche en couleurs et
en arômes, elle est originale et variée.Au menu : salade créole et acras de morue, cari
de poulet accompagné de son riz créole, tarte de noix de coco ou salade de fruits exotiques. ■
Erratum
ans le numéro précédent (n°23), l’article sur le premier bilan de la visite
Dde certification fait référence à un tableau dressant les principaux points positifs
et les axes d’amélioration. Le tableau n’y figure pas.
6
■
Le nouveau projet lui en alloue désormais
26, divisés en deux ailes de 13 lits.
La restructuration de l’unité de réinsertion
résout en partie le problème des lits
disponibles sur l’établissement.
Elle permet aussi d’affiner et de définir
un véritable projet de réinsertion au sein
d’Érasme. L’UIR compte donc deux ailes
comme alternatives à l’hospitalisation
de longue durée : l’une permet un travail
spécifique de préparation au projet foyer
d’accueil médicalisé (FAM) avec
du personnel médico-social, l’autre continue son travail de
réinsertion pour des patients qui ne rentrent pas dans ce cadre
par un travail sur l’autonomie (appartements associatifs, maisons
thérapeutiques, retour à domicile, maisons de retraite).
Le nouveau projet a permis la venue de nouveaux professionnels
et de doter l’UIR d’une véritable équipe pluriprofessionnelle
(éducateur, psychomotricien, ergothérapeute, infirmier
et aide-soignant).
■
Jean-François Popielski, directeur des soins
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
informations
Du côté des services
Journée portes ouvertes
au CMP de Clamart
Le 11 septembre dernier, le centre
médico-psychologique (CMP) enfants de Clamart,
unité intersectorielle du pôle VI de l’EPS Érasme,
a ouvert les portes de sa belle maison
en meulière bordée d’un petit jardin. Les partenaires
sont venus nombreux. Ce fut l’occasion
de renforcer les liens et de repréciser les fonctions
et les modes d’activité des CMP.
vec des équipes rodées et efficaces, des orientations généralistes,
une bonne intégration au tissu
social, les CMP, fondus dans le paysage, chevaux légers de la psychiatrie,
font parfois oublier l’intensité et la continuité de leurs activités. À Clamart, l’unité fonctionnelle développe ses activités auprès des enfants de la
commune, de la naissance à l’aube de
la vie adulte. L’équipe est constituée
de psychiatres, de psychologues, d’orthophonistes, d’un psychomotricien,
d’une assistante sociale, d’un art thérapeute et d’une secrétaire. L’enfant
et sa famille consultent soit à leur
demande (les parents s’inquiètent
d’une attitude, d’un résultat scolaire,
d’un symptôme, l’enfant souhaite parler à quelqu’un, se plaint de quelque
chose), soit orientés par un proche
(parents, amis) ou une institution
(école, médecin, services sociaux, services judiciaires). Au cours du travail,
les familles sont toujours accueillies
pour leur enfant en tant que partenai-
A
res essentiels. Elles collaborent ainsi
aux soins et peuvent également trouver une aide au CMP. L’enfant vient
pour être soulagé. Certains enfants
nous ont dit qu’«ici, on parlait des secrets, des soucis», ils font part de leurs
espoirs, pour eux-mêmes ou leur
famille. Des adolescents peuvent s’emparer des différentes consultations,
pour prendre pied dans le monde des
adultes, qui sera bientôt le leur. Dans
certains cas, il s’agit d’une crise à surmonter, car un ou plusieurs symptômes ne font pas la maladie, mais ce qui
pose problème doit être traité, pour
que le développement de l’enfant ne
se retrouve pas aliéné à un mode de
relation et vienne par la suite empêcher son insertion sociale. Dans d’autres cas, il y a déjà un mouvement vers
une pathologie lourde à traiter : névrose, psychose, autisme, dysharmonie
d’évolution, pour lesquels il faut, avec
la famille, envisager les diagnostics possibles, les soins et leur faisabilité.
Concrètement, après que la famille en
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
a fait la demande au secrétariat, les
enfants sont reçus en consultation souvent plusieurs fois, soit par un psychiatre, soit par un psychologue. Par
la suite, les consultations sont complétées par des observations, des
bilans, au CMP ou par l’avis de confrères d’autres consultations (neurologues, pédiatres, ORL, généticiens).
Les soins, y compris pour les enfants
très malades, sont souvent assumés
par le seul CMP, même si le travail s’articule avec d’autres partenaires qui,
souvent, soutiennent la famille ou l’intégration de l’enfant.
■
Dr Mathilde Aguesse, praticien
hospitalier, responsable du CMP
Le CATTP d’Antony ouvre ses portes
Le 10 octobre, le CATTP pôle 21 a organisé une journée
portes ouvertes afin d’inaugurer son ouverture. L’occasion
de rappeler les enjeux d’un centre d’accueil thérapeutique
à temps partiel.
e 79 de la rue Prosper-Legouté a ouvert ses portes
Lle temps d’une matinée afin d’officialiser son existence
et de rendre compte de la structure. À presque deux ans, le
CATTP est ouvert trois demi-journées par semaine et compte
une file active d’une trentaine de patients. Il a permis
à certaines personnes isolées d’avoir un accès aux soins,
de faire des rencontres et de vivre des moments conviviaux.
Rappelons que le CATTP n’est pas une hospitalisation, il n’y
a pas de contrainte auprès du patient. Son inscription est
volontaire, sollicitant ainsi un esprit d’initiative. L’intérêt
du CATTP est de proposer quelque chose de différent aux
patients autour d’activités telles que des sorties tournées
sur la découverte de l’environnement proche (centre-ville,
histoire de la ville, culture, musées, cinéma, commerces).
Contrairement à l’hôpital de jour, il n’y a pas d’activités
régulières : le CATTP rompt ainsi cette régularité afin de
susciter chez le patient un esprit d’invention et de créativité.
Le centre suscite l’imprévu et la spontanéité, le patient doit
s’adapter à de nouvelles situations. Le Dr Anne de Montravel,
médecin responsable du CATTP, décrit ce lieu comme un
espace. « Le CATTP est représenté d’abord dans un espace :
espace de rencontre, aire d’échange, de partage. Il s’adresse
à des personnes pour lesquelles la maladie psychique a pour
conséquence un repli sur soi, des difficultés à entrer en
relation avec d’autres et à maintenir cette relation dans le
temps. Le CATTP est donc un espace qui propose au patient
de le sortir de son isolement et de sa solitude. » Les activités
en groupe permettent au patient de se reconnaître en tant
qu’individu et d’acquérir une confiance dans la relation. ■
7
Gestion administrative patient
Dossier patient + rendez-vous
Gestion RDV
Érasme a achevé la préparation
de son schéma directeur
Localisation dossier papier
Historique séjours
Statistiques activité
Saisie au chevet du patient
Matériel nomade
du système d’information
pour la période 2008-2012.
Historique
En 2006, Érasme a préparé, voté et
soumis à l’agence régionale de
l’hospitalisation d’Île-de-France
(Arhif) son projet d’établissement
qui contenait un volet Projet des systèmes d’information. Parallèlement
à la demande de l’Arhif, qui souhaitait qu’Érasme améliore le contenu
de son projet SIH, de nombreux dysfonctionnements du système ont
régulièrement affecté le service aux
utilisateurs, entraînant de longues
et/ou récurrentes indisponibilités du
service pour bon nombre d’entre
nous. L’établissement a immédiatement entamé plusieurs actions correctives, dont une intervention extérieure importante pour reconstituer
le système et le sécuriser pendant
plusieurs mois en 2007, ainsi que la
réorganisation du service informatique avec le recrutement d’un ingénieur au 1er janvier 2008 chargé de
Moyens à mettre en œuvre
Moyens humains
médecin 20 à 30 %
infirmière 100 %
Secrétaire 50 %
moyens informatiques
1/2 à 1 agent
Postes de travail
Solution «serveurs» sécurisée
Calendrier
Début des études : juin ou septembre 2009
Remplacement gestion administrative
des malades (GAM) + éléments pour relevé
d’information médicale en psychiatrie (RIMP)
sur l’ensemble de l’établissement
• Deuxième trimestre 2009
Mise en place dossier de soins complet (secteur
pilote + généralisation)
• Secteur pilote fin 2010
• Généralisation 6/8 mois
Mise en place dossier médical + circuit
médicament (secteur pilote + généralisation)
• Secteur pilote mi-2011
• Généralisation 6/8 mois
1)
2)
3)
8
Alertes/antécédents/allergies
Synthèse (facultative)
Informatique
Le projet SIH
Ouverture extérieur
Bureautique médicale
Prescriptions labo/résultats
Prescriptions radio/résultats
(CR ou CR + images)
Prescriptions médicaments
Autres prescriptions
Activités médicale/PMSI
Dossier transfusionnel
Traçabilité
Recueil données infirmières
Projet soins
Plan soins
Feuille de constantes
Transmission ciblées
Charge en soins
Fiches kiné, diététicienne, …
réorganiser ce secteur et de réaliser
des procédures garantissant sa
pérennité et sa sécurité. Son action
a fait évoluer le service (voir descriptif ci-dessous). Par ailleurs, pour
répondre à la demande de l’Arhif et
à un engagement du contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens
(CPOM) : mettre en place un dossier patient informatisé en 2010,
Érasme a entamé une démarche afin
de préparer son projet « Système
d’information hospitalier ».
Organisation
Un comité de pilotage SIH a été
constitué en septembre 2007 et une
société de conseil chargée de l’accompagnement du projet a été désignée au quatrième trimestre 2007.
Au préalable, un état des lieux a été
réalisé et des travaux en groupes
ont permis de dégager les besoins
et les axes de travail. Après plusieurs
débats internes, Érasme a décidé
d’adopter en juin 2008 le modèle
« dossier patient intégré » (type
MCO) qui permet d’avoir avec une
seule solution l’ensemble des modules nécessaires à la prise en charge
du patient en amont et en aval, et
donc de limiter le nombre d’interfaces génératrices de difficultés avec
le système. Ce projet a été validé
par le conseil d’administration
d’Érasme le 29 septembre 2008.
Depuis le début 2008, de nombreuses actions ont été réalisées, dont :
• la sécurisation ;
• la mise en place d’une assistance
aux utilisateurs ;
• l’aménagement d’une nouvelle salle
« serveurs », aujourd’hui complètement opérationnelle (système
incendie, ventilation…), et remplacement d’une part significative
des serveurs, à installer dans cette
nouvelle salle.
CR médecins traitants
Eléments dossiers vers autres
Etablissements (Béclère/Foch)
DMP ??
Laboratoire externe
Cabinet radiologie
Pharmacie
Circuit médicament + traçabilité
Médicaments dispositifs à tracer
Vérification prescriptions
Dispensation
Stocks
Une consultation va prochainement
être lancée en vue de virtualiser
notre parc de serveurs, désormais
obsolète, évitant ainsi d’importantes dépenses de remplacement.
Cette nouvelle infrastructure, située
au sous-sol, permettra un gain considérable en fiabilité, disponibilité et
une forte économie d’exploitation.
Le projet SIH prévoit d’autres
actions de mise à niveau du système d’Érasme :
• la mise à niveau du réseau en
extra-hospitalier ;
• le remplacement de postes de travail anciens, pouvant être substitués par des postes « clients
légers » ;
• la mise en place d’un plan de formation des personnels tant sur la
bureautique que les applications
métiers.
En parallèle, un certain nombre de
projets nouveaux ont été identifiés
pour les années à venir. Le principal projet est incontestablement l’informatisation du dossier patient –
dossier médical, dossier de soins,
gestion des rendez-vous –, couplé
avec le circuit du médicament –
prescriptions, validation de la prescription, dispensation, administration.
Le comité de pilotage SIH se réunira très prochainement afin de mettre au point et valider la méthodologie proposée en vue de la
publication de l’appel d’offres
« Dossier patient », en vue de
démarrer l’intégration de ce logiciel métier dernier trimestre 2009.
Ce projet sera implanté progressivement dans les secteurs à compter du premier trimestre 2010,
comme indiqué dans le tableau cicontre.
■
érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
informations
Certification HAS
Les observations de l’EPS
au rapport des experts-visiteurs
Le précédent numéro d’Érasme Mag et le dernier Flash Infos qualité (n°2008-003)
reprenaient les résultats du rapport de visite des experts-visiteurs (EV) de la HAS.
ransparence étant l’un des maîtres
mots du service qualité et gestion
des risques, et dans l’attente des
résultats définitifs de la Haute Autorité
de santé (HAS) qui seront communiqués à l’établissement en fin d’année,
il s’agit de vous présenter les observations formulées par Érasme au rapport
de visite des EV. Ces observations portent sur les faits constatés par les
experts et, sur ces bases, de demander la modification d’erreurs matérielles ou de formulations inadéquates.
Avec l’aide de certains médecins de la
commission médicale d’établissement
(CME), des directions générales, des
soins, des services économiques et financiers, qualité et gestion des risques, dixsept observations ont été argumentées
et retournées à la HAS. Désormais, c’est
au coordonnateur de visite d’accepter
ou refuser ces observations, puis au
Collège de certification.
Le tableau ci-contre reprend de
façon synthétique les observations
d’Érasme et les modifications souhaitées pour chacun des critères
concernés. Celles-ci portent principalement sur des critères ayant fait
l’objet d’une cotation C par les EV et
sur des demandes de modifications
de la cotation du critère ou de l’élément d’appréciation (EA), de la
dynamique existante et/ou des constats des EV.
Quel est l’intérêt d’avoir rédigé des
observations, nous direz-vous ? Cela
peut avoir des incidences sur le niveau
de décision de la HAS, avec un fort
pressentiment qu’une décision de suivi
sera formulée par la HAS (sous forme
de rapport ou de visite de suivi).
Affaire à suivre donc, soyez patients…
Dans quelques semaines, la décision de
la HAS sera prononcée, le service qualité et gestion des risques ne manquera
pas de vous faire part des conclusions
de la certification V2007 que nous avons
pu mener grâce à vous. À bientôt… et
joyeuses fêtes de fin d’année.
■
T
Le service qualité
et gestion des risques
Critères concernés Libellé du critère
Recommandation
5
4b
5b
9c
11d
16b
18b
19b
22c
26b
26c
Modifications attendues
Mettre en place des procédures périodiques Suppression de la phrase : « Les professionnels, notamment médecins,
d’évaluation des personnels
sont toujours perplexes, quant à l’évaluation des médecins. »
Une politique du dossier du patient
Mettre dans les constats : « L’existence d’un projet de réorganisation des archives
est définie afin d’assurer la qualité
centrales avec impact sur les archives décentralisées) validé, accompagné
et la continuité des soins.
d'un calendrier et d'un plan d'action précis (travaux, recherche documentaire). »
La direction et les responsables
Pour l’élément d’appréciation « Politique de communication externe formalisée »,
développent une politique
réponse souhaitée « En partie » à la place de « Non ».
de communication à destination du public Pour l’EA « Supports de communication témoignant de cette politique »,
et des correspondants externes.
réponse souhaitée : « Oui » Existence d’une dynamique
La continuité des soins, la dignité, la
À l’élément d’appréciation « formation adaptée des prof. dédiés au transport »,
confidentialité, l’hygiène et la sécurité sont
réponse souhaitée « En partie »
assurées à l’occasion du transport du patient.
Supprimer la phrase : « Il n’a en revanche pas identifié les autres situations de crise.
La gestion d’une éventuelle crise
De ce fait les professionnels assimilent généralement gestion de crise
est organisée.
et mise en œuvre du plan blanc. »
Mentionner la dynamique existante au sein de l’établissement se traduisant notamment
La prévention du risque incendie
par la réalisation depuis plusieurs années de nombreux exercices de simulation
est organisée les professionnels bénéficient
(36 exercices en 2007), exercices venant compléter les formations à la lutte
d’une formation programmée
contre l’incendie et permettant de vérifier et rappeler les règles d’alerte
et régulièrement actualisée.
et d’intervention (consignes) et d’utilisation des moyens de secours.
Réponses souhaitées « Oui » aux EA « Politique d’identification du patient »
Une identification fiable et unique
et « Organisation permettant la diffusion et la mise en œuvre de procédures
du patient est assurée.
de contrôle de l’identification du patient », à la place de « En partie ».
Cotation « B » à la place de la cotation « C ».
Le patient reçoit une information coordonnée Réponses souhaitées « Oui » à l’EA
par les professionnels sur ses soins
« Evaluation de l’organisation mise en œuvre », à la place de « En partie ».
et son état de santé tout au long
Existence d’une dynamique sur cette thématique de l’information du patient.
de sa prise en charge.
Cotation « B » à la place de la cotation « C ».
Une procédure spécifique d’accueil
Réponses souhaitées « En partie » à l’EA « Mesures prises
des détenus est organisée
pour garantir aux détenus la sécurité, la dignité et la confidentialité ».
dans les établissements concernés.
Réponse souhaitée « Oui » ou « En partie » à l’EA « Mise à disposition d’outils de mesure
de la douleur adaptée aux patients » à la place du « Non ».
Le patient est impliqué et participe à la prise Réponse souhaitée « Oui » à l’EA « Actions d’amélioration », en mentionnant
en charge de sa douleur, sa satisfaction est le recrutement effectif du médecin somaticien dès le premier semestre 2008.
évaluée périodiquement.
Cotation « B » à la place de la cotation « C ».
Existence d’une dynamique sur l’établissement se traduisant notamment par le
recrutement du somaticien deux ans avant les délais de réalisation prévu au CPOM.
Les professionnels sont formés
Existence d’une dynamique autour de la formation réalisée en interne via
à la prévention, à l’évaluation
la diffusion de protocoles et les actions de sensibilisation délivrées au personnel.
et à la prise en charge de la douleur.
27b
La prise en charge des urgences vitales
survenant au sein de l’établissement
est assurée.
Réponse « Oui » à l’EA : « Maintenance à périodicité définie du matériel d’urgence
dans les services et sécurisation d’accès au chariot d’urgence », à la place de « En
partie ». Cotation « B » à la place de la cotation « C ».
28c
L’information contenue dans le dossier
du patient est accessible, en temps utile,
aux professionnels en charge du patient.
Existence d’une réelle dynamique au sein de l’établissement concernant l’archivage
et se traduisant par :
- l’évaluation des archives en 2007 par une secrétaire médicale du DIM,
- l’existence d’un projet de réorganisation des archives centrales
(avec impact sur les archives décentralisées) validé, accompagné d'un calendrier
et d'un plan d'action précis (travaux, recherche documentaire).
Les règles relatives à la réalisation
des examens sont établies.
À l’EA « Concertation entre secteurs d’activité clinique et secteurs d’imagerie
et d’exploration fonctionnelle (réunions régulières, notes d’information, …),
modification attendue « En partie » à la place de « Non ».
À l’EA « Formalisation et diffusion des règles relatives à la réalisation, au transport
et à la réception, des examens d’imagerie et d’exploration fonctionnelle »,
modification attendue « En partie » à la place de « Non ».
À l’EA « formalisation et diffusion des règles relatives à la réalisation, la validation
et l’interprétation des examens », modification attendue « NA » à la place de « Non »,
30b
34a
35a
44d
érasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
La participation de l’établissement aux
Cotation au critère « Non applicable »
activités ou à un réseau de prélèvement
comme pour le critère 34c.
d’organes et de tissus est définie.
La prise en charge pluriprofessionnelle
du patient associe les professionnels
Une cotation « B » serait plus justifiée, car les activités de rééducation
des secteurs d’activité clinique et ceux
et de soutien sont mentionnées comme action remarquée concernant le chapitre 3.
de la rééducation et du soutien l’information
réciproque et la collaboration sont effectives.
L’efficacité du programme d’amélioration
Mentionner l’existence d’une dynamique.
continue de la qualité et de gestion
des risques est régulièrement évaluée.
9
Découverte
Assistant de service social
en psychiatrie auprès de pat
L’action et le statut de ce professionnel singulier,
l’Association nationale des assistants de service social (Anas).
au sein de l’équipe de santé mentale, le placent
Ce document a été revu régulièrement pour s’adapter aux évolutions
de la société et des conditions d’exercice du métier. Le code actuellement
en vigueur a été adopté en assemblée générale le 28 novembre 1994.
à la charnière entre le « dedans » et le « dehors ».
Ce texte, très moderne par bien des
aspects, revêt une portée symbolique importante dans la culture professionnelle des AS. Élément central de leur formation, il fonde une
identité commune à tous les AS quel
que soit leur terrain d’exercice ultérieur. Il les rassemble au-delà des
histoires et des cultures particulières des différentes institutions au
sein desquelles ils travaillent.
Le travail en réseau,
une nécessité face
à la complexité
des situations,
à contrôler soigneusement pour rester maître
de son temps
et de son action.
assistant de service social (AS)
apporte sa contribution particulière à la concrétisation des
projets des patients et des équipes.
Il ajuste ces projets, qu’il concourt
à élaborer, aux réalités concrètes et
les adapte au contexte de vie des
patients.
L’
Dans le prolongement de l’action de
l’équipe médicale sur la reconstruction identitaire, il s’ingénie à la
restauration des liens sociaux et à
la reconnaissance de la citoyenneté des patients. Son action vient
s’inscrire à contre-courant des phénomènes d’exclusion inhérents à
notre société actuelle, qu’il s’efforce de contenir. Il s’attache à la restauration des perspectives d’intégration sociale pour des patients
isolés par les pathologies les plus
invalidantes.
Un métier polyvalent,
un cadre précis
La déontologie
Les assistants de service social
(AS) font souvent allusion à une
déontologie à propos de leur
métier. En effet, pour soutenir leur
action, ils disposent d’un véritable
repère avec le code de déontologie élaboré en 1945 par
10
Entretien
avec Magali Lacroix
Assistante de service social au secteur 9, en intra-hospitalier
Érasme Mag. Vous êtes assistante sociale à l’EPS Érasme et vous
intervenez auprès des patients domiciliés sur les communes de Puteaux
et Suresnes pendant la durée de leur séjour à l’hôpital. Pouvez-vous nous
présenter le déroulement de votre journée de travail ?
Magali Lacroix. Ma journée type s’articule de la façon suivante :
En arrivant le matin, je passe au secrétariat du service, où je regarde
le mouvement1 du secteur 9 pour voir s’il y a eu des entrées. À l’arrivée
de chaque nouveau patient, je lis les observations médicales pour
détecter d’éventuelles urgences sociales, en particulier s’il y a des
enfants au domicile. Je regarde également tous les éléments relatifs
au contexte d’arrivée du patient. Par exemple, lors d’une hospitalisation
d’office2 pour troubles du voisinage, je sais qu’il y aura probablement des
problèmes à régler avec le voisinage avant la sortie du patient. Je profite
de ce moment où l’équipe infirmière est très prise auprès du patient
pour anticiper les actions à mettre en place par la suite.
En cas d’urgence, je vais dans l’unité faire le point avec les infirmiers
qui ont vu le patient. À ce moment-là, la personne est rarement visible
ou l’entretien est faussé. Parfois, on peut la recevoir en urgence avec
le médecin.
S’il n’y a pas d’urgence, je fais le tour des unités à la recherche des
infos : tous les jours en psy-gé 3, deux à trois fois par semaine à l’UIA 4,
au moins une fois par semaine dans les autres unités : UIR 5 et
Minkowski 6.
Dans la journée, je reçois les patients lors de rendez-vous programmés,
je fais le travail de lien avec l’extérieur (partenaires, familles,
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
dossier
sionnel, code international de déontologie et définition internationale du service social par les Nations unies…
tients adultes
Du séjour de rupture au foyer de vie en passant par une cure d’amaigrissement,
à la recherche des meilleurs établissements.
Ce code s’appuie sur des grands textes de référence: Déclaration universelle des droits de l’homme, code de la
famille et de l’aide sociale sur les conditions d’exercice de la profession, code
pénal sur le respect du secret profes-
curateurs…), je fais également le travail indirect
de rédaction, de courriers, de dossiers…
En psy-gé, je fais le point régulièrement avec
les médecins et les cadres de santé : au quotidien
de façon informelle et en participant aux deux réunions
de service hebdomadaires.
Dans les autres unités, je participe à toutes les synthèses
cliniques de l’UIR et aux réunions de service
en fonction de l’actualité des prises en charge.
Ponctuellement, j’effectue des accompagnements
à l’extérieur et je participe à des synthèses dans
des services extérieurs ou au CMP.
Je suis également en contact quotidien avec le service
des admissions pour faire le tour des prises en charge
des frais de séjour.
Enfin, je participe aux réunions avec les assistantes
sociales et institutionnelles (conseil de secteur…).
E. M. Avant de rejoindre l’équipe de l’EPS Érasme,
vous avez travaillé dans un service de chirurgie.
Qu’est-ce qui vous a plu en psychiatrie ?
M. L. J’ai quitté l’hôpital général parce que je
trouvais que mon intervention restait très ponctuelle.
1. État des entrées et des sorties des patients.
2. Procédure d’hospitalisation d’un patient sans
son consentement, lorsque son état de santé ne
lui permet plus d’avoir conscience de ses
troubles et l’amène, soit à se mettre en danger
lui-même, soit à devenir dangereux pour autrui.
3. Service de psychiatrie générale où sont
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
Il traite de la finalité de l’intervention de l’AS et se compose de cinq
chapitres :
• le premier pose, entre autres, le
principe du respect de la dignité
de la personne, de la non-discrimination, de la confidentialité, du
secret professionnel, de la protection des données nominatives
et des modalités de communication du dossier social de l’usager ;
• le deuxième définit l’ensemble des
devoirs de l’AS envers les usagers :
dans les modalités particulières de
l’intervention directe auprès des
publics, mais également dans les
situations de travail en équipe pluridisciplinaire et dans le cadre d’actions réalisées en partenariat avec
d’autres institutions;
• les trois chapitres suivants traitent
des obligations des professionnels
envers leurs organismes employeurs,
envers la profession, et se terminent
par les sanctions encourues en cas
de manquement grave.
Je souhaitais pouvoir m’investir
sur du long terme. Je voulais
également intégrer une équipe
pluridisciplinaire pour une prise
en charge globale du patient.
E. M. Que pouvez-vous dire
aux jeunes collègues qui arrivent
dans le métier ?
M. L. En venant travailler
en psychiatrie, ils trouveront des
professionnels ouverts qui aiment
travailler ensemble. On est très loin
des clichés habituels sur l’asile.
J’y ai rencontré une très grande
variété de publics, avec lesquels
j’ai pu avoir des relations de très
bonne qualité, en particulier avec
certains patients.
E. M. Merci beaucoup pour votre
témoignage et tous nos vœux de
réussite dans vos nouvelles activités.
hospitalisés la majorité des patients originaires
du même secteur géographique, à l’issue de
quelques jours d’observation et d’orientation.
4. Unité intersectorielle d’admission : service
d’observation et d’orientation par lequel
transitent l’ensemble des patients de l’hôpital
durant les premiers jours de leur hospitalisation.
Magali Lacroix, AS au secteur 9.
5. Unité intersectorielle de réinsertion : service
recevant des patients hospitalisés pour une durée
de plusieurs mois pour lequel un travail
spécifique de préparation à la sortie s’avère
nécessaire.
6. Service spécialisé dans le soin aux patients
souffrant de dépressions.
11
• le conseil, l’orientation et le soutien
des personnes ;
• la prévention des difficultés médicosociales;
• la coordination avec les autres institutions.
• la participation à l’élaboration du
projet d’établissement et du rapport
d’activité du service socio-éducatif.
À l’hôpital
Le décret du 26 mars 1993 (n° 93
652) portant statut particulier des
assistants socio-éducatifs de la fonction publique hospitalière place les
assistants du service social hospitalier sous l’autorité directe du directeur de l’hôpital. Pour ceux qui travaillent dans un service de
psychiatrie, la circulaire n° 93/37 du
20 décembre 1993 intègre leur fonction au sein de l’équipe pluridisciplinaire de secteur.
Les défis actuels
L’action du service social de psychiatrie s’exprime pleinement dans la
cohérence des politiques impulsées:
Ce décret définit les missions des
AS autour de six grands axes :
• l’évaluation dans le respect des
personnes, la recherche des causes compromettant l’équilibre
psychologique, économique et
social des patients ;
• l’aide auprès des personnes, des
familles et des groupes en difficulté sociale, afin de leur permettre
de retrouver leur autonomie et de
favoriser leur insertion ;
Une législation sociale complexe
et en permanente évolution.
• par le législateur, qui définit ses
missions, son cadre d’exercice et
les politiques sociales qu’il met en
œuvre ;
• par la direction de l’hôpital, qui met
à la disposition de sa mission les
moyens nécessaires aux actions
qu’il mène dans le cadre de la politique nationale de santé mentale ;
• par l’équipe du secteur, sous l’autorité de son médecin responsable. La
qualité du travail clinique, la cohé-
Cas concret…
Recette
our obtenir la prise en charge d’une facture
de 34 jours d’hospitalisation en HO s’élevant
à 24 446 €, prenez :
• 5 assistantes sociales (2 au CMP, 2 à l’hôpital,
1 à la Sécurité sociale) ;
• 1 déléguée sociale à la CPAM ;
• 1 conseillère solidarité à la CPAM ;
• 18 RDV avec le patient (dont 5 « ratés »
par le patient) ;
• 2 entretiens avec le conjoint du patient ;
• 2 entretiens de couple ;
• 20 communications téléphoniques ;
• 6 rapports ;
• 5 dossiers administratifs.
Ajoutez un protocole de soins, un courrier au médecin
traitant et un certificat d’apragmatisme établi par le
médecin psychiatre.
Mélangez longtemps (dix mois minimum) sans vous
énerver.
Comptez sur la chance et le hasard, prenez bien soin
de vérifier que les astres sont avec vous et, peut-être,
un jour si tout va bien, connaîtrez-vous la joie
immense de pouvoir faxer la prise en charge de la
facture des frais de séjour au service des admissions.
Si, au bout de trois dossiers, la chance vous a
définitivement abandonné, n’insistez pas, invoquez
d’autres cieux.
Et le patient dans tout cela ?
Sa tête est ailleurs. Tout cela est si loin de lui. De
toutes façons, il n’a pas d’argent, il ne pourra jamais
payer une telle somme, sa femme fait un dossier de
surendettement pour éviter l’expulsion de leur
appartement…
P
Une fonction essentielle
de conseil technique
auprès
des équipes médicales.
12
AS, un repère stable
dans une constellation
de métiers jeunes
et en forte croissance
es métiers de l’action sociale sont
Ltraditionnellement répartis au sein de quatre grands
domaines d’action : l’aide, l’éducation spécialisée,
l’animation et l’accueil à domicile ;
Effectifs du travail social :
• 1993 : 367 000 personnes ;
• 2002 : 598 000 personnes,
soit une progression de 6 % en moyenne par année.
Répartition par domaine (2002) :
• aide: 51 500, dont assistants sociaux (40 400 personnes),
conseillers en économie sociale et familiale,
délégués à la tutelle, conseillers socio-éducatifs,
techniciens d’intervention sociale et familiale…
• éducation spécialisée : 177 100, dont éducateurs
spécialisés (99 100 personnes), éducateurs
techniques, moniteurs-éducateurs, éducateurs
de jeunes enfants, moniteur d’atelier, aide
médico-psychologique…
• animation : 59 600, dont animateurs
socio-éducatifs ;
• accueil au domicile : 308 300, dont assistantes
maternelles ;
• autres travailleurs sociaux : 2 300.
Chiffres de la Direction de la recherche des études,
de l’évaluation et des statistiques (Drees), Bulletin n° 441,
novembre 2005 - http://www.sante.gouv.fr/htm/publication
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
Les équipes de psychiatrie sont
confrontées à de multiples défis, dont
le transfert de charges de l’État et
de la sécurité sociale vers les collectivités locales, l’augmentation des
files actives, la réduction des durées
de séjour, le délitement du lien social,
la mise en application progressive de
la loi du 11 février 2005 avec les montées en charge des maisons départementales du handicap, des groupes d’entraide mutuelle (GEM) et
des services d’accompagnement
médico-social pour adultes handicapés (Samsah), la mise en place de la
prestation de compensation du handicap, ou encore la participation des
associations de familles et de patients
aux instances de décision.
Fort de sa formation à la relation d’aide, de sa maîtrise des législations
sociales et de leur mise en application, de sa connaissance des réseaux,
solidement ancrée dans sa triple
appartenance (métier/soin/cité), le
service social de psychiatrie possède
une expertise et un savoir-faire, mis
à la disposition du système de soin
par le législateur, au service de la collectivité dans son ensemble.
■
Marie Joigneaux,
assistante sociale secteur 9
Pour la « petite » histoire…
e 1938 à 1968, la première année des études
Le texte intégral du code de déontologie
est téléchargeable sur le site de l’Association nationale
des assistants de service social :
anas.travail-social.com
Anas - 15 rue de Bruxelles - 75009 Paris
Tél. : 01 45 26 33 79
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
Dmenant au diplôme d’État était commune
aux infirmiers et aux assistants sociaux.
C’est en deuxième année que les étudiants
choisissaient leur spécialisation : assistant
social ou infirmier.
Nous devons au Dr Édouard Toulouse
Affiche de 1940 éditée par le l’introduction du service social en psychiatrie
ministère de la Santé publique. à l’hôpital Sainte-Anne à Paris (alors hôpital
Henri-Rousselle), en 1920, lorsqu’il ouvre
le premier service libre accueillant des malades mentaux sans
internement et le premier dispensaire de prophylaxie mentale
pour enfants et adultes*, première pièce de la lente construction
de la politique de secteur et ancêtre des CMP.
Le métier d’assistant social est issu de trois branches distinctes :
• les pionnières, fin du XIXe siècle, créatrices des maisons
sociales, dont est issu le service social polyvalent de secteur.
Ce mouvement, très vite réprimé, va rester très influent
par le biais des écoles de service social qui en sont
directement issues ;
• la branche médico-sociale, importée des États-Unis par des
médecins, dans leur volonté de lutter contre la tuberculose en
intervenant au domicile et sur l’environnement des patients
(Dr Calmette en 1901, Dr Cabot en 1915). Le service social
hospitalier est issu de cette conception sociale de la médecine
dont s’est inspiré le Dr Toulouse pour la création de son
dispensaire de prophylaxie mentale ;
• les superintendantes d’usines, futures assistantes sociales
du personnel, profession née pendant la guerre de 1914-1918
pour venir en aide aux femmes qui remplacent les hommes
mobilisés et qui a créé son propre centre de formation dès 1916.
Références
« Le Service social de psychiatrie », coordonné
par A. Cartier, éditions ENSP, 2005.
dossier
rence du projet de soins, la prise en
compte de la réalité sociale et environnementale des patients, ainsi que
des relations de confiance inscrites
dans la durée entre l’AS et l’équipe
soignante, restent essentiels à la
mise en œuvre de ses savoir-faire.
* Pour en savoir plus sur l’histoire du service social de santé mentale,
lire les articles de J. Houver dans « Le Service social de psychiatrie »,
coordonné par A. Cartier et publié aux éditions ENSP.
J. Houver, « Le service social de psychiatrie face aux
enjeux de la nouvelle gouvernance », revue « Nervure »,
mai 2008.
J. Rouzel, « Le Transfert dans la relation éducative,
psychanalyse et travail social », Dunod, 2002.
Ch. de Robertis, « Méthodologie de l’intervention
en travail social », Bayard Centurion, 2007.
M. Jaeger, « L’Articulation du sanitaire et du social, travail
social et psychiatrie », Dunod, 2006.
« Nuevos escenarios y pràctica profesional, una mirada
critica desde el trabajo social », collectif, Espacio Editorial,
Argentine.
Formées en cinq ans après
le bac (trois en France) dont
deux en internat avec les
médecins et psychologues,
les assistantes sociales de la
Colonia Montes de Oca sont
très engagées au côté des
autres professionnels, dans
le processus de
désinstitutionalisation
des patients. On voit ici,
avec des membres
de la délégation d’Érasme,
Maria-José, dans le centre
de jour du pavillon 6,
Olga, responsable du service
social, et Valeria lors
de la réunion de bilan
du jumelage, Laura
et Miriam dans le projet
Retour au foyer.
13
Le mot de la nutritionniste
Changements diététiques
La révolution Castroman
Trois ans après son arrivée
à Érasme, Lorena Castroman,
notre diététicienne dresse un bilan
de son intervention nutritionnelle
dans les menus servis aux patients.
près évaluation nutritionnelle
des repas, je constate un
apport calorique supérieur aux
besoins et aux dépenses énergétiques des patients hospitalisés. Il
faut savoir que le traitement psychiatrique provoque un ralentissement du transit intestinal et ouvre
l’appétit. Il est donc impératif de
faire de la prévention, en modifiant
d’abord la fréquence de consommation de certains aliments (limite
de consommation dans la semaine)
et en introduisant de nouveaux aliments plus riches en fibres et moins
caloriques.
A
14
Certains de mes collègues qui travaillent à l’hôpital Paul-Giraud de
Villejuif m’ont appris que les patients
n’apprécient pas une diminution de
l’apport calorique de leur alimentation. D’une part, c’est difficile parce
que la prise de poids influe sur leur
moral, d’autre part cela décourage
dans le suivi de leurs médicaments
contre la souffrance. Il faut trouver
le juste milieu : concilier le plaisir
de manger et garder une bonne
santé.
J’ai donc apporté quelques modifications dans les menus des patients.
• des viandes élaborées en sauces
(l’idée est de présenter les sauces
à part et de demander aux
patients s’ils veulent les ajouter.
Les viandes blanches et rouges
sont présentées en sauces afin d’éviter le dessèchement lié au mode
de préparation, c’est-à-dire la liaison chaude) ;
• des pâtisseries riches en graisses
(mille-feuilles, gâteaux, tartes…) ;
• des plats riches en graisses dont
le rapport protéine/lipide est inférieur à 1 (saucisses, feuilletés, quiches).
Diminution
des apports lipidiques
Augmentation
des apports en fibres
et en vitamines
Pour diminuer les apports lipidiques,
il faut limiter la fréquence :
• des entrées riches en graisses
(sauces, charcuterie, pâtisseries
salées) ;
• des produits frits ou préfrits (viandes panées, pommes de terre frites ou rissolées, beignets) ;
Pour augmenter les apports en
fibres et en vitamines, il faut proposer :
• des crudités, des légumes (choix
d’une entrée) et des légumes secs
(lentilles, pois chiches, haricots,
petit pois) ;
• des fruits frais en dessert ;
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
La distribution de pain complet a
sensiblement amélioré les apports
en fibres, en vitamines et en minéraux. Par ailleurs, le fait que ce soit
une prestation inhabituelle dans un
milieu hospitalier rend les patients
encore plus satisfaits. Le bénéfice
est double : santé et psychisme.
Les résultats de l’évaluation s’avèrent très positifs, notamment en ce
qui concerne la baisse de consommation de laxatifs.
Augmentation
des apports en oméga 3
Pour augmenter les apports en
oméga 3, très intéressant pour l’équilibre nutritionnel, il faut proposer :
• des poissons gras au moins une
fois par semaine (saumon, sardines, maquereau, thon) ;
• des poissons maigres une fois par
semaine (cabillaud, colin) ;
• de l’huile de colza pour l’assaisonnement des salades ;
• fruits oléagineux (amandes, noix)
ajoutés en petite quantité dans les
carottes râpées, endives.
Nutrition
• des légumes cuits en accompagnement du plat protidique ;
• des fruits entiers au petit-déjeuner au lieu d’un jus d’orange ;
• du pain complet au petit déjeuner.
Les contraintes
• La cuisine travaillant en liaison
chaude, les préparations culinaires doivent être maintenues à plus
de 63°C sans rupture de température. Afin d’y arriver, les repas
doivent être maintenus en sauces
pour éviter le dessèchement.
• Manque de matériel (machine à
grillades).
• Manque de personnel.
Les défis
• Continuer à veiller à des associations de plats équilibrées et harmonieuses.
• Limiter les contraintes de l’unité
de production.
• Veiller à l’environnement du repas,
comme le respect de la réglementation d’hygiène, le bruit, l’organisation de l’espace. Les conditions
optimales doivent être réunies
pour faire du repas un moment de
convivialité et de plaisir.
• Surveiller l’aspect sensoriel du
repas : la première impression se
fait à la vue du plat. La présentation doit donc être soignée.
• Continuer à apporter des idées d’animation nutritionnelle et culinaire en organisant un repas autour
du thème d’un pays, des couleurs,
des plantes aromatiques… Tout
est bon pour éveiller les papilles
et la curiosité gustative.
■
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
n 2006, j’ai mis en place une nouvelle prestation
Epour un petit-déjeuner riche en fibres. L’objectif
est de contribuer à l’équilibre de la flore intestinale,
à la régulation des transits ralentis et à l’abandon
progressif des laxatifs. Voici les produits proposés
pour bien démarrer la journée : un yaourt Activia,
du pain complet, du beurre ou de la margarine,
un kiwi, des pruneaux hydratés, une infusion (café,
thé, tisane) et un sucre (ou édulcorant).
Les fibres alimentaires ont un effet bénéfique sur le
transit intestinal, l’excès de cholestérol, la glycémie
et la satiété. Afin d’optimiser le travail des fibres, il est
important de boire suffisamment d’eau (1,5 l par jour).
La diététique est importante à l’hôpital. Ainsi le comité
de liaison en alimentation et nutrition (Clan)
mis en place a pour but de définir la politique
d’amélioration de la prise en charge de l’alimentation
et de la nutrition au sein de l’établissement.
Nous y reviendrons dans un prochain numéro.
15
Initiative
pants, dans des lieux aussi divers
que la cascade du bois de Boulogne,
la roseraie du parc Lebaudy sur l’île
de Puteaux, la ferme Cueillette de
Gally, le Mont-Valérien…
Flâneries
Fort d’une file active d’environ 30 patients,
Au final, la formule plébiscitée par
les patients et les soignants a apporté une flexibilité non négligeable,
imposant à chacun de composer
avec différents aléas, notamment
météorologiques.
le CATTP Jean-Wier propose des activités
par séquences de demi-journées.
l’exception d’une sortie chaque
jeudi, les après-midi s’organisaient jusqu’alors autour d’un
café et d’activités dans un local spécialement dédié au CATTP, le
« club », situé à proximité de la mairie de Suresnes.
À
Ainsi, au début, dans l’optique de
favoriser l’autonomie et de profiter
des beaux jours, l’idée première fut
de mobiliser le club chaque mercredi dans des lieux de promenade
ouverts et gratuits, aux environs.
Les flâneries étaient nées…
Au printemps 2008, l’équipe a souhaité modifier son dispositif de soins
afin d’améliorer la prise en charge
des patients.
Désormais, les mercredis après-midi,
les patients peuvent découvrir des
parcs, forêts, étangs et autres lieux
à proximité de leur lieu de vie,
créant de facto de nouvelles activités : tournois de pétanque, ramassage de châtaignes, récoltes de fruits
dans une ferme…
Malgré quelques réticences au
début, dix-sept flâneries ont eu lieu
depuis mai 2008, avec 86 partici-
Devant le succès emporté, les flâneries vont perdurer et désormais
s’inscrire dans le fonctionnement
normal du CATTP.
À l’avenir, les flâneries automnales
et hivernales amèneront l’équipe et
les patients à découvrir d’autres
lieux, couverts et gratuits les mercredis : médiathèques, expositions
municipales, centres commerciaux…
Un nouveau bilan sera effectué à la
fin de l’hiver pour réajuster et faire
évoluer cette activité.
■
L’équipe infirmière,
CATTP secteur 9
Initiative
Loto à la cafétéria
our la deuxième année consécutive, l’équipe soignante de
psy-gé 92G21 et l’équipe de la
cafétéria ont organisé le 25 novembre 2008 un loto à la cafétéria. Les
patients étaient nombreux au rendez-vous. De 14 h à 16 h 30, les équipes soignantes, Josy Kancel,
Geneviève Lecam et Patricia Gautier
P
16
se sont tout autant amusées que les
patients. De nombreux lots ont été
remportés : porte-clés, cendriers,
porte-monnaie, sacs, parapluies, stylos, tongs… À l’issue du jeu, un goûter marocain (cornes de gazelle, pâte
d’amande, thé à la menthe) a été
préparé et fortement apprécié par
les patients.
■
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
Découvertes
en musique
Dans le cadre de notre programme « Culture à l’hôpital » et de
la convention établie entre Érasme et l’association Tournesol,
nous avons une nouvelle fois organisé deux concerts depuis
la rentrée. Nous tenons à remercier toutes les personnes
ayant permis la mise en place de ces concerts : les infirmiers
qui accompagnent les patients, les équipes de cuisine
et d’hygiène, la direction qui supporte la partie financière
et les musiciens qui se sont engagés dans cette aventure.
Retour mythologique
Le 11 septembre 2008, un concert
s’est déroulé dans la salle polyvalente devant un public d’environ
80 personnes. Le public, toujours
fidèle, enthousiaste et curieux, a
découvert un spectacle intitulé
« Amusette dansée », de l’époque
baroque, avec Flore Sans, danseuse et chorégraphe, Michel Glasko,
accordéoniste, et Jean-Christophe
Hurtaud à la flûte et au chant. Il s’agit d’un spectacle mis en scène par
Blandine Molinier et particulièrement adapté au milieu hospitalier.
Cette formation d’artistes exceptionnels donne à voir et à entendre
des danses et des airs baroques célébrés de manière insolite et décalée.
Le public, très attentif tout au long
du spectacle, a ainsi été initié avec
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
beaucoup d’humour et de légèreté
au monde frivole et amoureux inspiré par la mythologie de cette
époque.
techno…. Amen Viana a donné un
concert à l’Olympia et vient de sortir un album. Lors du concert donné
à la salle polyvalente d’Érasme,
Amen Viada et Davy Honnet ont
présenté des danses traditionnelles
d’Afrique, repris des chansons de
Bob Marley et joué leurs propres
compositions. Les auditeurs n’ont
pas pu s’empêcher d’accompagner
les musiciens par leurs chants et
leurs claquements de mains.
Certains ont également dansé, tous
réunis dans un bonheur partagé.
À l’issue de ces deux concerts, les
musiciens et le personnel d’Érasme
ont eu la joie de se retrouver autour
d’une succulente collation, généreusement préparée par Serge
Forgeais et son équipe. Toute l’équipe de l’association Tournesol et
les partenaires d’Érasme profitent
de ce moment pour vous souhaiter
de belles fêtes de fin d’année et
espèrent vous retrouver l’année prochaine, en musique bien sûr.
■
Maria Sikström,
musicothérapeute
Voyage en Afrique
Le dernier concert de cette année
a eu lieu le 29 novembre sur le
thème de la chanson africaine. Deux
jeunes artistes sympathiques déjà
très confirmés ont su éveiller l’enthousiasme d’un public d’environ
50 personnes très réceptives. Amen
Vian, chanteur et guitariste, et Davy
Honnet, percussionniste, sont deux
musiciens spécialisés dans la nouvelle pop music africaine acoustique.
Ces deux artistes jouent depuis leur
plus jeune âge avec de grands artistes et abordent des styles très diversifiés : chant traditionnel, rock, pop,
17
côté patient
Concerts
Lire en fête
Que lisiez-vous
dans votre jeunesse ?
Cette année, « Lire en fête » a fêté ses vingt ans sur le thème
de la jeunesse. Érasme a organisé, pour le plaisir de tous,
une journée dédiée à la lecture. Au programme : échange
avec notre nouveau philosophe Thomas Lepoutre,
exposition de bandes dessinées et partage d’histoires
avec notre conteuse Annie Leclerc.
l est 13h30, les patients se réunissent dans le hall de la cafétéria.
Entourés de citations et textes de
jeunesse, épinglés çà et là, nous vivons
un moment privilégié en compagnie
de Thomas. Cette journée s’inscrit sous
le signe du partage. Thomas lit
quelques textes: les contes de Perrault,
«Paroles» de Jacques Prévert ou encore des poèmes extraits de la nouvelle
poésie française. S’ensuit un débat ou
chacun apporte sa petite touche personnelle. Aujourd’hui, nous parlons de
jeunesse. Thomas explique qu’être
adulte ne signifie pas ne plus être
enfant: «Un enfant sommeille en nous,
1
Impressions de la conteuse
ette journée du 10 octobre 2008 a vraiment été
Cun enrichissement pour nous tous et le désir pour
beaucoup d’en apprendre davantage. Bien qu’ayant
commencé l’animation à 16 h 30 au lieu de 17 h 30,
nous n’avons pu explorer tous les sujets. Il fallait
évidemment laisser une place à la lecture de textes,
à laquelle certains se sont prêtés avec plaisir. Florence
et Christian ont lu une nouvelle de Philippe Claudel,
un très chouette duo, on se serait cru au théâtre.
Julien a lu une autre nouvelle de cet auteur avec l’art
d’un véritable comédien. Une autre femme du nom de
Florence a été très émue et troublée par le récit qui
lui a été proposé, suscitant ainsi une discussion sur
le contenu de cette nouvelle. Julien a également lu,
avec brio, une partie du « Petit Prince » de Saint-Exupéry.
Gina n’a hélas pas eu le temps, elle aussi, de nous
faire le plaisir d’une lecture, mais son intérêt pour ce
moment passé ensemble était extrêmement visible.
Georges, un jeune homme très joyeux, nous a éclairés
de son charmant sourire et de son désir de participer.
Daniello nous a récité quelques poésies dont il a
désiré garder les textes. Extrêmement timide au début,
il est devenu de plus en plus à l’aise et s’est révélé
d’une grande sensibilité littéraire. Puis 19 h 15 a sonné,
nous avons dû nous séparer en nous disant que
ce n’était qu’un au revoir. Si je n’ai pas cité tout
le monde, tout le monde reste en ma mémoire, tout
comme l’immense plaisir de cette journée de partage.
Annie Leclerc
18
parce que même adultes, nous ne
renonçons pas à notre enfance…» Les
patients, à qui la parole est donnée
dans ces activités, ont beaucoup apprécié lire ou relire les fables de Jean de
La Fontaine. Ils ont également pris du
plaisir à commenter cette citation de
Jules Romains: «La jeunesse est le
temps que l’on a devant soi. » Une
patiente souhaite lire un texte qu’elle
a écrit, une autre partage un poème
qu’elle a écrit le temps de la discussion. Cet instant sonne malheureusement comme une conclusion. Chacun
repart, le sourire aux lèvres, heureux
de ce moment qui nous a fait retomber en enfance pour certains, laisser
échapper sans complexe notre âme
d’enfant pour d’autres…
Après une pause, les patients ont retrouvé Annie à la cafétéria, autour d’un
thé et de petits gâteaux. Une exposition de bandes dessinées les entoure:
Le Chat, Tintin, Boule et Bill, La
Fontaine aux fables ou encore Lucky
Luke. Cet après-midi, Annie souhaite
redonner goût à la lecture ou donner
l’envie de lire sur le thème de l’aventure du livre. «Le livre est un apprentissage, un vecteur mondial.» Annie décide donc de commencer par parler du
livre purement et simplement: les premiers livres écrits dans l’argile, les premiers livres imprimés par Gutenberg,
les premiers livres pour enfants…
Chaque date clé est évoquée.
■
Parole de philosophe
ue lire soit une fête – et en l’occurrence une fête de la jeunesse –, voilà
Qce qui pourrait étonner les vieux sages sans enthousiasme. Et pourtant,
lors de cet après-midi, en rentrant pas à pas dans le jeu de nos souvenirs
et de nos lectures, une convivialité joyeuse s’est installée entre nous.
À redécouvrir les textes de notre enfance, il faut bien avouer
qu’une complicité festive a gagné les lecteurs, les participants comme
les animateurs. La diversité des genres littéraires (du conte à la fable,
de la citation philosophique à la chanson), la superposition des tons
(le sérieux émaillé de traits malicieux, le rire, voire la tristesse infiltrée
d’une nostalgie rêveuse) et l’hétérogénéité des participants (venus
des quatre coins du monde Érasme) auront placé notre échange sous
le signe de la diversité. Cette fête a ainsi été investie de plusieurs rôles :
l’occasion d’élargir le cercle de nos rencontres hebdomadaires,
de produire une certaine rupture ou surprise dans le quotidien, de s’étonner
de notre propre jeunesse… cachée dans nos discussions d’adultes.
Le mot de notre conclusion ? Grandir ne signifie pas oublier le langage
de l’enfance. Bien au contraire. Pour preuve l’énergie avec laquelle
les participants ont pu chanter « Une souris verte » ! Voilà pris sur le fait
l’enfant qui sera toujours en nous, incorrigiblement… Un moment joyeux
qui s’est adressé aux adultes, aux enfants, à l’enfant caché dans l’adulte
dans une bienheureuse indistinction…
Thomas Lepoutre
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
culture
À voir
Séraphine
Dans le film « Séraphine », de Martin
Provost, sorti en salle le 1er octobre,
Yolande Moreau incarne Séraphine
de Senlis, femme de ménage dans
les familles bourgeoises et artiste
autodidacte souffrant de psychose
chronique, découverte par Wilhelm
Uhde, collectionneur allemand, ami
de Picasso et Braque. Le musée
Maillol, à Paris, expose quelquesunes de ses œuvres du 1er octobre
2008 au 5 janvier 2009. L’occasion
de découvrir le travail d’une artiste
talentueuse, représentante
de l’art naïf.
M. Popielski, directeur des soins,
s’est rendu à l’exposition. Il a tenu
à partager ce moment avec nous.
Érasme Mag. Pourquoi souhaitezvous partager cet instant avec
Érasme ?
Jean-François Popielski. Dans la
mesure où Érasme lie santé mentale et culture, il m’est apparu naturel de parler de ma visite et de partager mes impressions. À Érasme,
les ateliers de création sont de véritables outils qui permettent aux
patients de s’exprimer et de montrer des choses qu’ils n’imaginaient
pas avoir en eux. L’expression artistique peut parfois être utilisée en
soins. Nous pouvons aussi nous
demander si l’art est véritablement
thérapeutique. Certains sont de cet
avis, d’autres sont plus dubitatifs.
En ce qui me concerne, toute forme
d’art est sublimation et peut ainsi
permettre l’émergence d’un soin
salutaire. En voyant les œuvres des
patients dans les couloirs d’Érasme,
erasme mag ■ numéro 24 - décembre 2008
on ne peut qu’être interpellé par l’art
et l’œuvre de Séraphine.
E.M. Que pensez-vous de l’exposition ?
J.-F. P. L’exposition est très intimiste. Deux salles mettent les œuvres
en valeur. On a la chance de découvrir une des boîtes de peinture de
Séraphine, habituellement exposée
au musée de Senlis, sa première
peinture, très infantile, et des toiles
de 2 ou 3 mètres de haut d’une
intensité et d’une fraîcheur remarquables. Cette fraîcheur laisse à penser que l’œuvre vient d’être achevée. Il y a beaucoup d’énergie dans
les traits, les couleurs. L’autre intérêt de l’exposition est d’imaginer
Séraphine au milieu d’autres toiles.
Elle côtoie entre autres Maillol et
Picasso. Le musée Maillol est un
musée qu’il est intéressant de découvrir ou de redécouvrir. À l’origine,
c’est un hôtel particulier à SaintGermain-des-Prés.
E.M. Comment qualifieriez-vous les
œuvres de Séraphine ?
J.-F. P. Les œuvres de Séraphine sont
d’une clarté extraordinaire. Elles
ont quelque chose d’envoûtant.
D’emblée on pense au douanier
Rousseau, le plus célèbre représentant des peintres naïfs. Le thème
récurrent est la nature, les fleurs,
mais il s’agit d’une nature habitée.
E.M. Diriez-vous que sa folie transparaît dans ses peintures ?
J.-F. P. J’ai envie de répondre : estce que la folie transparaît dans les
œuvres de Van Gogh ? est-ce que
la folie transparaît dans les œuvres de Picasso ? L’art est beaucoup
trop sérieux pour n’être confié qu’à
la folie. Les peintures de Séraphine
sont construites. Même si elle peignait directement sans utiliser de
croquis, il y a bel et bien la présence d’une symétrie, d’un horizon, d’un équilibre remarquable. Il
y a aussi une dimension sexuelle
dans l’énergie et dans certaines
constructions de fleurs, de feuilles
ainsi que la présence quasi toujours constante d’un arbre au symbolisme évident.
E.M. Quelles rencontres avez-vous
faites avec Séraphine ?
J.-F. P. Auparavant, j’ai travaillé à
Clermont-de-l’Oise et j’ai participé à la création du musée HenriTheilloux qui a donné le nom
« Séraphine de Senlis » à l’une de
ses salles. Ma première rencontre
date de ce moment. Ses œuvres
ont été exposées au musée départemental de Senlis. Par la suite,
j’ai lu « Séraphine de Senlis »
d’Alain Vircondelet et j’ai découvert qu’elle était décédée en 1942
à Clermont- de-l’Oise au pavillon
Vian où j’ai commencé mes études
d’infirmier dans les années 1970.
Vian n’est pas un hommage à Boris
(écrivain, poète et chanteur), mais
à un psychiatre. Récemment j’ai
découvert
dans
le
livre
« Séraphine » de Françoise Cloarec
que Wilhelm Uhde habitait place
Lavarande, où j’ai eu mon premier
appartement. À Senlis, j’ai fait la
rencontre de personnes ayant
connu Séraphine et son côté fantasque qui aurait pu rester anecdotique si la souffrance ne l’avait
pas envahie. À ce jour, je n’ai pas
vu le film de Martin Provost, mais
je suis impatient de le voir à
Érasme. À mes yeux, c’est important de le voir dans un établissement de santé mentale.
D’autres informations seront publiées
sur Séraphine lors de la projection
du film de Martin Provost.
■
19
L’hiver s’installe lentement mais les activités, elles, n’hibernent pas.
De nombreuses expositions sont proposées et les rendez-vous d’Érasme
restent fidèles : Cinérasme, Café philo, Débats d’Érasme…
À vos agendas !
Demandez le programme !
1 er octobre 2008
au 5 janvier 2009
15 janvier 2009
à mi-février 2009
Séraphine
Atelier Jean-Wier
e musée Maillol expose l’œuvre
de Séraphine de Senlis, artiste
peintre autodidacte, représentante
de l’art naïf. Cette femme de ménage fut découverte par Wilhelm Uhde,
collectionneur allemand et ami de
Picasso et Braque.
L’atelier de peinture du centre Jean-Wier expose les
œuvres de patients à l’Association nationale pour la
formation permanente du personnel hospitalier (ANFH).
L
Fondation Dina Vierny-Musée Maillol
61, rue de Grenelle
75007 Paris
Tél. : 01 42 22 59 58
Mail : [email protected]
Site : www.museemaillol.com
11 décembre 2008
au 24 mai 2009
Quand je serai grand(e), je serai…
ANFH
30/40 rue Eugène-Oudiné
75013 Paris
Tél. : 01 53 82 82 32
16 janvier 2009
au 28 janvier 2009
Les talents invisibles
L’atelier d’arts plastiques du centre d’accueil thérapeutique à temps
partiel (CATTP) de ChâtenayMalabry organise à la médiathèque
de la ville une exposition d’œuvres
de patients.
e Musée des arts décoratifs présente des jouets de
Lmétiers, petit catalogue des incarnations des rêves
d’enfant, entre fantasme et sérieux. Qu’il s’agisse de
figurines de métiers, de panoplies pour jouer à faire
semblant ou de jeux de simulation, ces jouets, qui
apprennent à être grand, racontent à leur façon l’évolution de nos sociétés à travers celle des rêves des
enfants. Dr Huerre, chef de service de l’intersecteur VI
fait partie des coorganisateurs de cette exposition.
Musée des arts décoratifs
107, rue de Rivoli
75 001 Paris
Médiathèque de Châtenay-Malabry
7/9, rue des vallées
92290 Châtenay-Malabry
Tél. : 01 41 87 69 80
2 mars 2009
au 15 mars 2009
Le Printemps des poètes
Le Printemps des poètes orchestre
sa onzième édition sur le thème du
rire. Pendant une dizaine de jours,
la poésie sera à l’honneur dans tout
l’Hexagone et bien sûr à Érasme…
Et bien sûr les activités traditionnelles à Érasme
• La cafétéria
• Les Débats d’Érasme, dont les thèmes sont communiqués quinze jours à l’avance
• Les activités sportives le premier mercredi du mois à 14 h 00.
• Café philo, tous les jeudis de 14 h à 16 h. Le philosophe Thomas Lepoutre anime dans
la cafétéria un atelier de philosophie dédié aux patients, dont le thème s’inspire presque
toujours de l’humeur du jour.
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é ra sme mag ■ numéro 24 - décembre 2008

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