histoire de la Maison-Rouge

Transcription

histoire de la Maison-Rouge
Un petit mot d’histoire, par Alain Cessot
La Maison-Rouge de Citeaux
La présence de Citeaux dans nos villages débute en 1282, lorsque le
Seigneur de Pagny Jean de Vienne vend à l’Abbaye ses propriétés et
privilèges seigneuriaux sur le territoire de Maison-Dieu et Chaugey.
Le domaine vendu est constitué autour d’une ferme fortifiée ou
maison seigneuriale dotée d’un pont-levis et nommée dés l’année
1313 la Maison-Rouge (ou « maison-roige » roige = rouge dans le
langage de l’époque). Son nom vient de sa toiture en tuile rouge et de
ses murs en brique qui se remarquaient parmi les maisons villageoises
couvertes de chaume et en torchis et pan de bois.
Un moulin à vent y est cité en 1292. Il était bâti sur la partie haute du
pré, rue de la Tuilerie, le lieu-dit « en la contrée du moulin à vent » en
garde la mémoire. Le domaine est exploité à cette époque par des
frères convers (religieux paysans sous la direction des moines de
l’Abbaye)
La première description précise de la Maison-rouge est donnée dans le
terrier de Citeaux (recueil des propriétés) datant de 1480 :
Meix, maisons et héritaiges appartenant ausdits de Cisteaux
ausdits lieux de Chaugey et la Maison Dieu
Premièrement compète et appartient ausdits seigneurs / une mote
fossoyée de foussez tout alentour appellée/ anciennement la
maison rouge, ainsi qu’elle se comporte/ selon lesdits foussez, en
laquelle mote a une maison/ manable (habitable) couverte de
thuille et une granche (grange) aussi/ couverte de thieulle,
ensemble une autre petite maison/ en laquelle a deux chambres et
cheminées/ une basse et l’autre haulte, emprée laquelle/ chambre
a une porte et un pont levis à l’entrée/ de ladite mote, ferré et garny
de chaines de fer/… emprée laquelle porterie a une establerie
(étable) couverte de paille tirant jusqu’à ladite grange… C’est de
l’ancien français ! !
Voici le plan qu’on peut déduire de cette description
Rue du lys ( aujourd’hui 34 rue du château)
8
7
3
4
2
Rue de la
tuilerie
8
6
1
5
7
1 maison
2 petite maison
3 pont-levis
4 establerie
5 grange
6 fossé des
moines
7 fossés
8 jardins, vigne
et verger
9 bois
9
Les moines possèdent alors 1500 hectares sur les deux villages ! Ils
sont constitués de terres, prés, bois, étangs et de maisons sur lesquels
ils prennent un cens (loyer) en tant que seigneurs. Ce domaine est loué
par bail renouvelable de 9 ans à des fermiers locaux.
La Maison-rouge est à cette époque le lieu où se rend la justice en
présence des moines cisterciens (procès, paiement des amendes et
autres droits seigneuriaux : droits sur les mariages, sur les fêtes, la
pêche, la chasse, la vente de marchandises, etc…).
Un colombier en forme de tourelle, à échelle tournante est bâti vers
1650, côté Ouest, il était encore debout en 1807. Un « nouveau
moulin à vent » est cité dans un texte de 1681
Le premier plan de la maison-rouge date de 1675 :
1 étang de Chaugey
2 rue de la tuilerie
3 rue du château
4 maison
5 grange et colombier
6 accès et pont-levis
on devine les jardins,
des écuries et les fossés
qui entourent la ferme
Voilà le plan de l’Atlas de Citeaux de 1723
La ferme fortifiée y est appelée
pompeusement
« château
de
Citeaux » et accompagnée du
symbole de la crosse et du C de
Citeaux.
On devine le colombier rond, la
maison principale sur la gauche, un
bâtiment de chaque côté de la
porterie et une grosse grange en bas
à droite. Les prés de l’autre côté de
la route (rue du château) sont en
étang, le fossé des moines est
dessiné en pointillé, le moulin à
vent est en ruine et sera bientôt
remplacé par une tuilerie.
La tuilerie est édifiée à la place du moulin dans les années 17251742, elle fonctionnera 150 ans, les creux du pré, rue de la tuilerie, où
était prélevée l’argile en témoignent. Elle sera démolie avant 1900. Le
tuilier avait un logement sous l’escalier de la ferme.
Les fermiers locataires se succèdent jusqu’à la Révolution. Les
moines sont alors dépossédés de leurs propriétés qui deviennent biens
nationaux.
Ce domaine national est acquis par l’architecte Michel Caristie (17621806), Il est noté « propriétaire de la maison des messageries » en
1798, d’où la tradition familiale qui voudrait que la ferme fût un
temps relais de poste.
Charles Hernoux négociant à Saint-Jean-de-Losne et ancien député à
l’Assemblée Nationale achète le domaine en 1800. Sa veuve Anne
Gille et son fils Etienne acquièrent également le « château » de
Maison-Dieu qui aura les mêmes futurs propriétaires que la ferme.
Le cadastre de 1811
On y voit au centre la
maison, le colombier rond
à côté de la grande grange,
les bâtiments qui bordent
la porte d’entrée, la tuilerie
à gauche avec le creux
d’argile à côté, le fossé des
moines en bas et le château
dans la propriété à droite.
Noter le lieu-dit « moulin à
vent » en haut
Sa fille Julie Hernoux hérite de la ferme. Elle épouse en 1856 Gabriel
Saunier, le couple a une fille Anne-Marguerite Saunier qui se marie
avec Georges Siraudin de Marigny le Cahouet. En 1899 Théophile et
Agathe Vachet (mes arrière-arrière-grands-parents) sont les fermiers
de Georges Siraudin. Son fils Jean Siraudin, est propriétaire du
domaine jusqu’à son décès en 1962.
.
Voici les fermiers successifs au XXème siècle (propriétaire Siraudin)
En 1896 un seul fermier Théophile Vachet, puis la ferme est divisée :
côté est :
côté ouest :
1906 Théophile Vachet
1906 Nicolas Lamy et Lapostolle
1921 Julien Cordier
1921 Raymond Réveillon
1931 Jean Charles Valloire
1932 Auguste Reymond
1936 ce côté est vacant suite à l’incendie de la grange
1937 Jules Bouchard et son
famille Reymond fermier
fils René Bouchard fermiers
En 1964 René Bouchard et Serge Dubief deviennent propriétaires
La ferme a conservé sa configuration
originelle. La maison actuelle construite sur
les assises anciennes peut dater des années
1700, le pilier à l’entrée de la cour est un
vestige du pont-levis et de la porterie, on
voit encore à quelques mètres, la base du
deuxième pilier aujourd’hui disparu. Un puits
maçonné de briques est creusé à 5m devant
l’auge.
La ferme n’aura donc eu que sept propriétaires depuis le XIIIè
siècle : les seigneurs de Pagny, l'Abbaye de Citeaux, Caristie,
Hernoux, Saunier, Siraudin et les familles Bouchard et Dubief.