L`image du serpent
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L`image du serpent
Souvenir de conteur : L’image du serpent dans le ventre Jean Porcherot, Conteur, Ateliers de la rue Raisin, pour collectifconte, 12/07/2016 L’écoute de ce conte a toujours suscité des réactions très fortes parfois même de rejet. Comment peut-on raconter de telles horreurs ? L’image du serpent dans le ventre ne peut laisser indifférent. J’ai dans mon répertoire un de ces contes « coup de poing » dont je me sers souvent quand j’ai affaire à des adolescents quelque peu réticents et qui rejettent le conte dans les souvenirs bien lointains de leur petite enfance. Souvenir…souvenir… Il y a quelques années j’étais invité à raconter au Collège Honoré d’Urfé dans une classe de troisième. De grands gaillards tout en longueur, le sourire au coin des lèvres. On leur avait annoncé la venue d’un conteur ! J’entre et sans même me présenter, j’attaque mon histoire africaine tout en repérant du coin de l’œil l’élève qui a décidé de ne pas jouer le jeu et qui me toise avec une ironie affichée. « Un serpent fuyait au milieu des ronces et des broussailles. Il voulait échapper au chasseur. Il savait. Si ce dernier l’attrapait, ce serait la mort. Et tout en fuyant il cherchait quelque secours. Il aperçoit un paysan au milieu de son champ. - Paysan, sauve-moi. Le Chasseur arrive, il va m’attraper et me tuer. Le Paysan pose sa pioche. - Attends. Je te connais. (Mon regard à ce moment fixe l’élève réticent) Tu es un serpent et je connais la nature des serpents. Je te fais du bien et tu me fais du mal. (L’élève se sent visé. Décontenancé il regarde ses autres camarades. Il commence à m’écouter quelque peu atterré). - Non, répond le serpent, Tu connais les autres serpents mais tu ne me connais pas. Promis, si tu me sauves la vie, si tu me fais du bien, je ne serai pas un ingrat, je serai reconnaissant. (Le mot ingrat n’est parfois plus connu des jeunes !) Mais dépêche-toi. - Bien, dit le paysan, je veux bien t’aider. Cache-toi dans ma poche. - Non. - Dans mon sac ? - Non. Trouve mieux. - Je ne vois pas. - SI, dit le serpent, ouvre ta bouche. Je me cacherai dans ton ventre. Le paysan ouvre la bouche et le serpent se glisse dans le ventre du paysan, bien caché… (Petits cris d’étonnement, de dégoût des élèves. Le professeur écarquille les yeux. Comment peut-on raconter de telles horreurs !)