lignes de Marius - Fanny
Transcription
lignes de Marius - Fanny
Fanny texte précédent à répéter *0999* ----- (Chanson « Dans le port de Marseille » pour familiariser le public avec la pièce, sur la musique de « Dans le port d'Amsterdam » de Jacques Brel) *1001* FANNY. « Oou Mariu-us ! » *1000* ----- (Fanny vient à la porte du café, s'appuie à un montant paresseusement et regarde Marius.) *1001* FANNY. « Oou Mariu-us ! » *1002* MARIUS. « Oou Fanni-y ! » *1003* FANNY. « A quoi tu penses ? » *1004* MARIUS. « Peut-être à toi. » *1006* MARIUS. « Tu crois que je ne pense jamais à toi ? » *1008* ----- (Fanny entre dans le bar, elle s'approche de Marius en souriant.) *1011* ----- (Marius remplit deux tasses et ils commencent à boire) *1012* FANNY. « Pourquoi tu n'es pas venu danser hier au soir? » *1013* MARIUS. « Où donc? » *1014* FANNY. « A la cascade. On danse tous les dimanches. » *1015* MARIUS. « Tu y vas, toi ? » *1016* FANNY. « Oui. Ils y a des gens très bien. » *1017* MARIUS. « Qui ? » *1019* MARIUS. « Est-ce qu'il a l'air aussi bête quand il danse que quand il marche ? » *1020* FANNY. « Que tu es méchant ! Pourquoi ne viens-tu pas là-bas ? » *1021* MARIUS. « Je ne sais pas danser. » *1022* FANNY. « Si tu veux, je t'apprendrai. » *1023* MARIUS. « Je n'y tiens pas. » *1024* FANNY. « Où tu es allé ? » *1025* MARIUS. « Me promener, respirer l'air du soir sur la jetée. » *1026* FANNY. « Tout seul? » *1027* MARIUS. « Oui, mais j'ai rencontré M. Brun. » *1028* FANNY. « Il est revenu ? » *1029* MARIUS. « Hier matin.. » *1040* CÉSAR. « Parce que si nous buvons tout gratis, il ne restera plus rien pour les clients. » *1192* PANISSE. « Que voulez-vous, quand on n'est pas rentier, le travail c'est le travail. » (Panisse se lève, vide son verre et sort.) *1193* ----- (comment nous continuons?) *1300* ----- (comment nous arrivons ici?) *1301* ----- (en dehors du café, au stand d'Honorine - ou dans le café ?) *1411* PANISSE. « Je vous suis, maman. » *1412* ----- (Panisse et Honorine sortent, Marius entre, Fanny entre un peu après. Elle s'approche lentement en chantant.) *1003* FANNY. « A quoi tu penses ? » *1005* FANNY. « Menteur, va ! » *1007* FANNY. « Tu penses à moi quand tu me vois ! » *1009* FANNY. « Paye-moi le café. » *1012* FANNY. « Pourquoi tu n'es pas venu danser hier au soir? » *1014* FANNY. « A la cascade. On danse tous les dimanches. » *1016* FANNY. « Oui. Ils y a des gens très bien. » *1018* FANNY. « André, M. Bouzique, Victor … J'ai dansé toute la soirée avec Victor. » *1020* FANNY. « Que tu es méchant ! Pourquoi ne viens-tu pas là-bas ? » *1022* FANNY. « Si tu veux, je t'apprendrai. » *1024* FANNY. « Où tu es allé ? » *1026* FANNY. « Tout seul? » *1028* FANNY. « Il est revenu ? » *1030* FANNY. « Qu'est-ce qu'il est allé faire à Paris ? » *1041* FANNY. (Fanny rit). « Oh ! Vous n'allez pas pleurer pour une tasse de café ? » *1194* ----- (Marius + M. Brun restent au café, Honorine arrive?) *1302* ----- (Honorine fait ses comptes avec application.) *1413* FANNY. « L'amour est enfant de bohème ….. il n'a jamais jamais connu de loi ….. si tu ne m'aimes pas, je t'aime ….. et si je t'aime, prends garde à toi. » Fanny texte précédent *1413* FANNY. « L'amour est enfant de bohème ….. il n'a jamais jamais connu de loi ….. si tu ne m'aimes pas, je t'aime ….. et si je t'aime, prends garde à toi. » *1414* ----- (Fanny s'approche de Marius qui la regarde des pieds à la tête.) *1416* MARIUS. « Tu as une bien jolie chemisette ! » *1418* MARIUS. (très gêné) « Ça ne me ferait pas peur, tu sais ! » *1419* FANNY. « Toi ? Tu partirais en courant jusqu'à la Joliette ! » *1420* MARIUS. « Tu crois ça ? » *1422* MARIUS. « Regarde-moi un peu, pour voir ! » *1424* ----- (Marius se trouble ….. Il essaie un petit rire, il rougit, il baisse les yeux, puis il hausse les épaules.) *1425* MARIUS. « Que tu es bête ! » *1427* MARIUS. « Qu'est-ce que tu as à rire comme ça ? » *1428* FANNY. « Rien. Et la fille du café de la Régence, tu oses la regarder ? » *1429* MARIUS. « Quelle fille ? » *1431* MARIUS. « La grande blonde ? Je ne lui ai jamais parlé ! » *1432* FANNY. « Alors, c'est que tu n'es pas capable de te déclarer à une fille, même si elle vient te tourner autour ….. » *1433* MARIUS. « Ça, tu n'en sais rien ! » *1435* MARIUS. « Je ne me suis pas évanoui quand tu m'as embrassé ! » *1436* FANNY. « Moi ? Je t'ai embrassé ? » *1437* MARIUS. « Oui. » *1439* MARIUS. « Il y a longtemps. Un soir que nous jouions aux cachettes sur le port. J'avais bien quinze ans, et toi, onze ou douze. » *1441* MARIUS. « Nous étions derrière des sacs de café et, tout d'un coup, tu m'as embrassé là. » (Marius montre sa tempe.) *1443* MARIUS. « Oui, toi. Et pas qu'une fois. Un autre jour, aussi, sur le quai de Rive-Neuve ….. Tu l'as vraiment oublié ? » *1445* MARIUS. « Ah ! ….. Tu en as embrassé d'autres ? » *1446* FANNY. « Oui, peut-être ! » *1447* MARIUS. « Qui ? » *1449* MARIUS. « Tiens, tiens ….. » à répéter *1414* ----- (Fanny s'approche de Marius qui la regarde des pieds à la tête.) *1415* FANNY. « Qu'est-ce que tu regardes comme ça ? » *1417* FANNY. « C'est ma mère qui me l'a faite. » (un temps) « Tu voudras bien voir ce qu'il y a dedans, qué ! » *1419* FANNY. « Toi ? Tu partirais en courant jusqu'à la Joliette ! » *1421* FANNY. « Oui. Tu es tout le temps à réfléchir et à penser. Si une fille te regarde, tu baisses les yeux. » *1423* ----- (Fanny s'approche de Marius, elle le regarde bien dans les yeux. Elle s'approche peu à peu, elle adoucit son regard qui brille cependant d'un éclat intense.) *1426* ----- (Fanny se met à rire, elle va jusqu'à la porte, elle se retourne vers lui, elle rit encore.) *1428* FANNY. « Rien. Et la fille du café de la Régence, tu oses la regarder ? » *1430* FANNY. « Avec ça que tu ne la connais pas ! Elle passe ici devant deux fois par jour pour te faire un coup d'œil ! Si tu crois qu'on ne le voit pas ! » *1432* FANNY. « Alors, c'est que tu n'es pas capable de te déclarer à une fille, même si elle vient te tourner autour ….. » *1434* FANNY. « Tu es timide, je le vois bien ! Si une fille venait t'embrasser, tu tomberais évanoui ! » *1436* FANNY. « Moi ? Je t'ai embrassé ? » *1438* FANNY. « Quand ? » *1440* FANNY. « Je ne me rappelle pas. » *1442* FANNY. « Moi ? » *1444* FANNY. « Tu sais, quand on joue aux cachettes, c'est toujours un peu pour embrasser les garçons. » *1446* FANNY. « Oui, peut-être ! » *1448* FANNY. « Victor, Mathieu, Louis ….. Tout ceux qui jouaient avec nous. » *1450* FANNY. « Et toi, tu n'embrassais pas les autres filles ? » Fanny texte précédent *1450* FANNY. « Et toi, tu n'embrassais pas les autres filles ? » *1451* MARIUS. « Je ne me souviens pas. « *1453* MARIUS. « Et un autre jour, tu l'avais giflé, parce qu'elle se cachait avec moi dans la cave. » *1455* MARIUS. « Oh ! ….. Je dis ça pour parler. » *1456* FANNY. « Tu serais bien aimable de ne pas faire des plaisanteries de ce genre. Surtout maintenant. » *1457* MARIUS. « Pourquoi « maintenant » ? » *1458* FANNY. (mystérieuse) « Parce que. » *1459* MARIUS. « Qu'y a-t-il de changé ? » *1460* FANNY. (même jeu) « Des choses. » *1461* MARIUS. « Quelles choses ? » à répéter *1452* FANNY. « Je me souviens très bien que tu avais fait une caresse à Césarine, et qu'elle t'avait donné des poux. » *1454* FANNY. « Oh ! Pauvre ! Je m'en moquais bien qu'elle se cache avec toi ! Qu'est-ce que tu vas imaginer ? » *1456* FANNY. « Tu serais bien aimable de ne pas faire des plaisanteries de ce genre. Surtout maintenant. » *1458* FANNY. (mystérieuse) « Parce que. » *1460* FANNY. (même jeu) « Des choses. » *1462* FANNY. (Fanny feint de se décider) « Écoute, si tu me promettais de ne le dire à personne ….. » *1464* FANNY. « On dit ça, et après on répète tout pour le plaisir de parler. » *1466* FANNY. « Écoute, je crois que je vais me marier. » *1463* MARIUS. « Tu sais bien que tu peux me faire confiance ! » *1465* MARIUS. (impatient) « Si tu ne veux pas me le dire, je ne te force pas. » *1466* FANNY. « Écoute, je crois que je vais me marier. » *1468* FANNY. « Oui. » *1467* MARIUS. « Toi ? » *1470* FANNY. « Personne ne le sait encore, *1468* FANNY. « Oui. » mais à toi, je vais te le dire, parce que tu vas me *1469* MARIUS. « Avec qui ? » donner un conseil. » *1470* FANNY. « Personne ne le sait encore, *1472* FANNY. « Je ne suis pas malheureuse, et mais à toi, je vais te le dire, parce que tu vas me les coquillages, je ne m'en pleins pas. Mais donner un conseil. » j'aimerais mieux faire un travail où on a des *1471* MARIUS. « Bon, avec qui ? » employés. » *1474* FANNY. « J'ai dix-huit ans. C'est le *1473* MARIUS. « Tu es pratique, toi. » meilleur moment pour choisir, parce que je ne serai jamais plus jolie que maintenant ….. » *1474* FANNY. « J'ai dix-huit ans. C'est le *1475* FANNY. « Et il me semble que si meilleur moment pour choisir, parce que je ne serai l'occasion se présente ….. Il ne faut pas la laisser jamais plus jolie que maintenant ….. » échapper. » *1476* MARIUS. (nerveux) « Et ….. L'occasion *1477* FANNY. « Oui. » s'est présentée ? » *1477* FANNY. « Oui. » *1479* FANNY. « Il m'a demandé à sa mère *1478* MARIUS. « Qui ? » ….. » *1479* FANNY. « Il m'a demandé à sa mère *1481* FANNY. « Je ne sais pas si je fais bien de ….. » te le dire. » *1480* MARIUS. « Qui ? » *1482* MARIUS. (exaspéré) « Si tu ne veux pas *1483* FANNY. « Tu le sauras bientôt, vaï. » le dire, garde-toi-le. » *1484* MARIUS. « Oh ! Je le sais déjà. C'est le petit Victor. Il y a assez longtemps que ça se *1485* FANNY. « Et toi, tu l'as compris ? » comprend. » *1487* MARIUS. « Il en a mangé tellement qu'il a *1488* FANNY. « Qu'est-ce que ça prouve ? » failli mourir de l'urticaire. » Fanny texte précédent à répéter *1489* MARIUS. « Ça prouve que c'est un *1490* FANNY. « Oh ! Je n'attends après la mort imbécile. Et puis, si tu comptes sur le magasin, son de personne, et je me moque bien de Victor ! » père n'est pas encore mort, tu sais. » *1490* FANNY. « Oh ! Je n'attends après la mort de personne, et je me moque bien de Victor ! » *1492* FANNY. « Panisse. » *1491* MARIUS. « Alors, qui c'est ?! *1492* FANNY. « Panisse. » *1493* MARIUS. « Panisse ? Le père Panisse ? » *1494* FANNY. « Oui. Monsieur Panisse. Depuis quelque temps je le voyais venir ….. Et puis, dimanche dernier, il nous a menées au cabanon, moi et ma mère. » *1496* FANNY. « Oui. Et pendant qu'elle faisait *1495* MARIUS. « Je le sais, il y avait ta mère ! » la bouillabaisse, nous sommes allés nous promener sur les rochers. » *1496* FANNY. « Oui. Et pendant qu'elle faisait *1497* FANNY. « Et tout d'un coup, il enlève son la bouillabaisse, nous sommes allés nous promener chapeau et il se met à genoux. » sur les rochers. » *1498* MARIUS. (goguenard) « Le père Panisse ? Ha ! » *1499* FANNY. « Et il me dit qu'il m'aime, que je suis la plus jolie de tout Marseille, et qu'il me veut. Et puis, il se relève, et il essaie de m'embraser. » *1500* MARIUS. (goguenard) « Il essaie de t'embrasser. Et alors ? » *1501* FANNY. « Alors, je lui donne une gifle, parce que c'était le plus sûr moyen qu'il me demande à ma mère. Et ce matin, il m'a demandée. Voilà. » *1502* MARIUS. « Eh bien, ma fille, tu es une belle menteuse. » *1503* FANNY. « Tu ne le crois pas ? » *1504* MARIUS. « Non. » *1506* MARIUS. « Parce qu'il veut ta mère, je le sais ! J'ai vu la robe d'Honorine, tout à l'heure. Et j'ai vu comment elle lui parlait ….. » *1508* MARIUS. « Tu as beau dire « bon », tu me feras pas croire que tu as pensé une seconde à épouser Panisse. » *1510* MARIUS. « Oui. Je te conseille, quand tu voudras me faire marcher, de chercher une histoire monins bête que celle-là ….. » *1512* MARIUS. « Allons ! Un homme qui a les yeux plissés comme le côté d'un soufflet ….. » *1515* PANISSE. (galant) « Eh bien, ma jolie, tu te reposes ? » *1520* PANISSE. (très à son aise) « C'est ma spécialité, mon cher. Filer le madrigal. Les dames en sont friandes ….. et il n'y a rien de tel que quatre petits vers. » *1503* FANNY. « Tu ne le crois pas ? » *1505* FANNY. « Pourquoi ? » *1507* FANNY. « Bon. » *1509* FANNY. « Bon ! Alors, tu ne veux pas me donner un conseil ? » *1511* FANNY. « Bon. » *1513* FANNY. « Tais-toi, le voilà. » *1516* FANNY. « Je reste un peu au frais en attendant les client. » *1521* FANNY. « C'est vous qui les avez faits ? » *1523* PANISSE. « D'aillerus, le plus grand mérite d'une poésie, c'est d'1etre bien placée dans la conversation. Marius, deux anisettes. » *1524* FANNY. « Il y en a une pour moi ? » *1525* PANISSE. « Et pour qui serait-elle ? Viens un peu t'asseoir ici. Viens ! » *1526* ----- (Panisse et Fanny vont s'asseoir assez loin du comptoir, sur la banquette. Panisse parle en baissant le ton pendant que Marius prépare la bouteille et les verres.) Fanny texte précédent à répéter *1527* PANISSE. « Je viens de parler à ta mère. *1528* FANNY. « Je vous ai demandé quelques Elle est en train de regarder ma comptabilié. Et je jours, Panisse. » crois que nous serons d'accord si tu dis oui. » *1529* PANISSE. « Et tu as bien fait ….. Il n'est pas mauvais de faire attendre une réponse : ton oui me fera plus plaisir encore. » *1530* ----- (Marius vient disposer les verres et les remplir.) *1533* MARIUS. « Ils sont pleins ! » *1538* PANISSE. « Fais attention, tu verses à côté ! » *1543* PANISSE. « Coquin de sort ! J'ai oublié mes allumettes ! » *1544* FANNY. « Attendez ! » *1546* PANISSE. « C'est gentil, ce que tu viens de faire. Une allumette tenue par une aussi jolie main. » *1550* PANISSE. « Elles sont fines, elles sont chaudes ….. Et tu as une bien belle bague ….. » *1552* PANISSE. « Elle fait très bien. Elle est en or ?! *1554* PANISSE. « Alors, elle est en cuivre ! » *1556* PANISSE. « Tu n'as jamais eu une bague en or ? » *1531* FANNY. (Fanny parle pour que Marius l'entende.) « Dites, Panisse, combien c'est que vous en avez, d'ouvrières ? » *1534* FANNY. « Oh ! Menteur ! *1539* FANNY. « Il est un peu fatigué, aujourd'hui. » *1544* FANNY. « Attendez ! » *1545* ----- (Fanny prend le pyrophore sur la table voisine. Elle allume l'allumette et la tient ellem1eme au-dessus du fourneau de la pipe. Marius, qui n'a pas perdu un mot de la conversation, regarde ce tableau avec une inquiétude grandissante.) *1547* FANNY. « Oh ! Panisse, ne dites pas que j'ai de jolie mains ! » *1551* FANNY. « Elle vous plaît ? » *1553* FANNY. « Je ne crois pas. Je l'ai trouvé dans une pochette-surprise. » *1555* FANNY. « Tant pis ! » *1557* FANNY. « Non. » *1558* PANISSE. « Et ton collier, il est en or ? » *1559* FANNY. « Oh ! Mon collier, oui. C'est ma tante Zoé qui me l'a donné pour ma communion. » *1563* ----- (Panisse touche légèrement la peau de Fanny pour faire sortir la médaille qui est entre les seins.) *1564* FANNY. (Fanny recule) « Oui ….. attendez ….. Je vais la sortir. » *1566* PANISSE. « Qu'est-ce qu'il y a d'écrit ? » *1567* FANNY. « C'est ma date de naissance. » *1571* MARIUS. « Fanny ! Ta mère te crie ! » *1574* MARIUS. « Je te dis que ta mère t'appelle. Ça fait trois fois. » *1582* MARIUS. « Vous parlez doucement et parce que je m'approche, vous vous taisez. » *1584* MARIUS. « Quand on ne veut pas parler devant le monde, c'est qu'on dit des saletés. » *1590* PANISSE. « Moi, je te regarde d'un air sur deux airs ? » *1593* MARIUS. « Faites attention ! Il y a des fous dangereux, et j'en connais un que la main lui démange de vous envoyer un pastisson ! » *1597* PANISSE. « Si on te pressez le nez, il en sortirait du lait ! » *1572* FANNY. « J'ai pas entendu ! » *1575* FANNY. « Tu as des rêves ! » *1583* FANNY. « Peut-être que nous disons des choses personelles. » *1585* FANNY. « Des saletés, dis, grossier ! » *1591* FANNY. « Tu deviens fou, mon pauvre Marius ! » *1594* FANNY. « Marius ! » *1598* ----- (Fanny éclate de rire.) Fanny texte précédent *1603* PANISSE. (en se levant brusquement) « Malheureux ! C'est à moi que tu dis malheureux ? » *1605* PANISSE. « Laisse. C'est une affaire entre hommes ….. Tiens-moi le chapeau. » à répéter *1604* FANNY. (en se levant pour retenir Panisse) « Panisse ! » *1606* ----- (Panisse donne son chapeau à Fanny. Il s'approche de Marius jusqu'à le toucher. Tous deux se regardent sous le nez.) *1624* PANISSE. « Fanny, je te quitte, puisque mes affaires l'exigent. Est-ce que tu me feras le *1625* FANNY. « Pourquoi pas ici ? » plaisir de venir goûter chez moi, tout à l'heure ? » *1626* PANISSE. « Parce que je refuserai, *1627* MARIUS. « Vous avez beau prendre désormais, de mettre le pieds dans une maison, où l'accent parisien, ça ne m'impressionne pas. » les gens ne savent pas se tenir à leur place. » *1631* FANNY. « Marius, tu n'es par gentil de *1630* ----- (Panisse sort, laissant Marius pétrifié. faire tant de bruit pour des choses qui ne te Fanny sourit. Un temps de silence assez lourd.) regardent pas. » *1632* MARIUS. (furieux) « Et puis je *1633* FANNY. « Dis donc, sois un peu poli avec t'apprendrai qu'ici c'est un bar, ce n'est pas une moi, au moins. » maison de rendez-vous. » *1634* MARIUS. « Tu ne le mérites pas. » *1635* FANNY. « Pourquoi ? » *1636* MARIUS. « Ah ! Si je ne l'avais pas vu, je ne l'aurais jamais cru. C'est honteux ce que tu fais *1637* FANNY. « Quel pauvre vieux ? » avec ce pauvre vieux. » *1639* MARIUS. « Du temps, qu'il regardait dans *1640* FANNY. « Tu étais bien plus rouge que ton corsage, il soufflait, il suait, il était rouge comme lui. Et puis, j'ai un soutien-gorge. Et puis ça ne te un gratte-cul. » regarde pas. » *1643* MARIUS. « Seulement, ça me fait de la *1644* FANNY. « Je n'ai pas le droit de me peine de voir que tu es en train de devenir comme marier ? » ta tante Zoé. » *1646* FANNY. « Pourquoi ? Tu sais qu'il a *1645* MARIUS. « Non, tu n'as pas le droit beaucoup d'argent, Panisse. J'aurai une bonne …... d'èpouser un veuf qui a soixante ans. » et il me fait une dot de cent mille francs. » *1647* MARIUS. « Dis-moi tout de suite que tu te *1648* FANNY. « Pourquoi pas ? » vends. » *1649* MARIUS. « Fanny, si tu faisais ça, tu *1650* FANNY. « Quand on a une bonne, elle serais la dernière des dernières. » est encore plus dernière que vous. » *1651* MARIUS. « Mais ce n'est pas possible, voyons ….. Fanny, est-ce que tu as pensé à *1652* FANNY. « Comment, à tout ? » tout ? » *1653* MARIUS. « Tu sais bien que quand on se marie, il ne suffit pas d'aller à la mairie, puis *1654* FANNY. « On commence par là. » l'église. » *1654* FANNY. « On commence par là. » *1656* FANNY. « Après, il y aura un grand dîner *1655* MARIUS. « Et après ? » chez Basso. » *1657* MARIUS. « Oui, mais après ? Quand tu *1658* FANNY. « Je verrai bien ! » seras seule avec lui ? » *1659* MARIUS. « Il faudra que tu te laisses *1660* FANNY. « Tant pis. » embrasser ….. » *1661* MARIUS. « Il t'embrassera sur la bouche, *1662* FANNY. « Tais-toi, Marius. Ne me parle et puis sur l'épaule ….. » pas de ces choses ….. » *1668* MARIUS. « Oh ! Je sais bien pourquoi tu *1669* FANNY. « Qu'est-ce qui n'est pas vrai ? » ris, va. Mais ce n'est pas vrai. » *1670* MARIUS. « Tu t'imagines que je suis *1671* FANNY. « Oh ! Voyons, Marius ….. Pour jaloux, n'est-ce pas ? » être jaloux, il faut être amoureux. » Fanny texte précédent *1672* MARIUS. « Justement, et je ne suis pas amoureux de toi. » *1674* MARIUS. « Ce n'est pas parce qu'on a joué aux cachettes qu'on est amoureux. » *1678* MARIUS. « Jolie comme tu es, ça n'aurait pas été difficile. Mais je n'ai pas voulu ….. Parce que je ne pourrais pas me marier. Ni avec toi, ni avec personne. » *1680* MARIUS. « Non, mais je ne peux pas me marier. » *1681* FANNY. « Pourquoi dis-tu une bêtise pareille ? » *1682* MARIUS. « Oh ! Ce n'est pas une bêtise ! C'est la vérité ! » à répéter *1673* FANNY. « Je le sais bien. » *1675* FANNY. « Mais bien sûr, voyons ! » *1679* FANNY. « Tu veux te faire moine ? » *1681* FANNY. « Pourquoi dis-tu une bêtise pareille ? » *1683* ----- (comment est-ce qu'on continue ? C'est quoi, la fin pour applaudir?)