lignes de Marius - Fanny

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à répéter
*0999* ----- (Chanson « Dans le port de
Marseille » pour familiariser le public avec la pièce,
sur la musique de « Dans le port d'Amsterdam » de
Jacques Brel)
*1001* FANNY. « Oou Mariu-us ! »
*1000* ----- (Fanny vient à la porte du café,
s'appuie à un montant paresseusement et regarde
Marius.)
*1001* FANNY. « Oou Mariu-us ! »
*1002* MARIUS. « Oou Fanni-y ! »
*1003* FANNY. « A quoi tu penses ? »
*1004* MARIUS. « Peut-être à toi. »
*1006* MARIUS. « Tu crois que je ne pense
jamais à toi ? »
*1008* ----- (Fanny entre dans le bar, elle
s'approche de Marius en souriant.)
*1011* ----- (Marius remplit deux tasses et ils
commencent à boire)
*1012* FANNY. « Pourquoi tu n'es pas venu
danser hier au soir? »
*1013* MARIUS. « Où donc? »
*1014* FANNY. « A la cascade. On danse tous
les dimanches. »
*1015* MARIUS. « Tu y vas, toi ? »
*1016* FANNY. « Oui. Ils y a des gens très
bien. »
*1017* MARIUS. « Qui ? »
*1019* MARIUS. « Est-ce qu'il a l'air aussi bête
quand il danse que quand il marche ? »
*1020* FANNY. « Que tu es méchant ! Pourquoi
ne viens-tu pas là-bas ? »
*1021* MARIUS. « Je ne sais pas danser. »
*1022* FANNY. « Si tu veux, je t'apprendrai. »
*1023* MARIUS. « Je n'y tiens pas. »
*1024* FANNY. « Où tu es allé ? »
*1025* MARIUS. « Me promener, respirer l'air du
soir sur la jetée. »
*1026* FANNY. « Tout seul? »
*1027* MARIUS. « Oui, mais j'ai rencontré M.
Brun. »
*1028* FANNY. « Il est revenu ? »
*1029* MARIUS. « Hier matin.. »
*1040* CÉSAR. « Parce que si nous buvons tout
gratis, il ne restera plus rien pour les clients. »
*1192* PANISSE. « Que voulez-vous, quand on
n'est pas rentier, le travail c'est le travail. » (Panisse
se lève, vide son verre et sort.)
*1193* ----- (comment nous continuons?)
*1300* ----- (comment nous arrivons ici?)
*1301* ----- (en dehors du café, au stand
d'Honorine - ou dans le café ?)
*1411* PANISSE. « Je vous suis, maman. »
*1412* ----- (Panisse et Honorine sortent, Marius
entre, Fanny entre un peu après. Elle s'approche
lentement en chantant.)
*1003* FANNY. « A quoi tu penses ? »
*1005* FANNY. « Menteur, va ! »
*1007* FANNY. « Tu penses à moi quand tu me
vois ! »
*1009* FANNY. « Paye-moi le café. »
*1012* FANNY. « Pourquoi tu n'es pas venu
danser hier au soir? »
*1014* FANNY. « A la cascade. On danse tous
les dimanches. »
*1016* FANNY. « Oui. Ils y a des gens très
bien. »
*1018* FANNY. « André, M. Bouzique, Victor …
J'ai dansé toute la soirée avec Victor. »
*1020* FANNY. « Que tu es méchant ! Pourquoi
ne viens-tu pas là-bas ? »
*1022* FANNY. « Si tu veux, je t'apprendrai. »
*1024* FANNY. « Où tu es allé ? »
*1026* FANNY. « Tout seul? »
*1028* FANNY. « Il est revenu ? »
*1030* FANNY. « Qu'est-ce qu'il est allé faire à
Paris ? »
*1041* FANNY. (Fanny rit). « Oh ! Vous n'allez
pas pleurer pour une tasse de café ? »
*1194* ----- (Marius + M. Brun restent au café,
Honorine arrive?)
*1302* ----- (Honorine fait ses comptes avec
application.)
*1413* FANNY. « L'amour est enfant de bohème
….. il n'a jamais jamais connu de loi ….. si tu ne
m'aimes pas, je t'aime ….. et si je t'aime, prends
garde à toi. »
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*1413* FANNY. « L'amour est enfant de bohème
….. il n'a jamais jamais connu de loi ….. si tu ne
m'aimes pas, je t'aime ….. et si je t'aime, prends
garde à toi. »
*1414* ----- (Fanny s'approche de Marius qui la
regarde des pieds à la tête.)
*1416* MARIUS. « Tu as une bien jolie
chemisette ! »
*1418* MARIUS. (très gêné) « Ça ne me ferait
pas peur, tu sais ! »
*1419* FANNY. « Toi ? Tu partirais en courant
jusqu'à la Joliette ! »
*1420* MARIUS. « Tu crois ça ? »
*1422* MARIUS. « Regarde-moi un peu, pour
voir ! »
*1424* ----- (Marius se trouble ….. Il essaie un
petit rire, il rougit, il baisse les yeux, puis il hausse
les épaules.)
*1425* MARIUS. « Que tu es bête ! »
*1427* MARIUS. « Qu'est-ce que tu as à rire
comme ça ? »
*1428* FANNY. « Rien. Et la fille du café de la
Régence, tu oses la regarder ? »
*1429* MARIUS. « Quelle fille ? »
*1431* MARIUS. « La grande blonde ? Je ne lui
ai jamais parlé ! »
*1432* FANNY. « Alors, c'est que tu n'es pas
capable de te déclarer à une fille, même si elle vient
te tourner autour ….. »
*1433* MARIUS. « Ça, tu n'en sais rien ! »
*1435* MARIUS. « Je ne me suis pas évanoui
quand tu m'as embrassé ! »
*1436* FANNY. « Moi ? Je t'ai embrassé ? »
*1437* MARIUS. « Oui. »
*1439* MARIUS. « Il y a longtemps. Un soir que
nous jouions aux cachettes sur le port. J'avais bien
quinze ans, et toi, onze ou douze. »
*1441* MARIUS. « Nous étions derrière des sacs
de café et, tout d'un coup, tu m'as embrassé là. »
(Marius montre sa tempe.)
*1443* MARIUS. « Oui, toi. Et pas qu'une fois.
Un autre jour, aussi, sur le quai de Rive-Neuve …..
Tu l'as vraiment oublié ? »
*1445* MARIUS. « Ah ! ….. Tu en as embrassé
d'autres ? »
*1446* FANNY. « Oui, peut-être ! »
*1447* MARIUS. « Qui ? »
*1449* MARIUS. « Tiens, tiens ….. »
à répéter
*1414* ----- (Fanny s'approche de Marius qui la
regarde des pieds à la tête.)
*1415* FANNY. « Qu'est-ce que tu regardes
comme ça ? »
*1417* FANNY. « C'est ma mère qui me l'a
faite. » (un temps) « Tu voudras bien voir ce qu'il y
a dedans, qué ! »
*1419* FANNY. « Toi ? Tu partirais en courant
jusqu'à la Joliette ! »
*1421* FANNY. « Oui. Tu es tout le temps à
réfléchir et à penser. Si une fille te regarde, tu
baisses les yeux. »
*1423* ----- (Fanny s'approche de Marius, elle le
regarde bien dans les yeux. Elle s'approche peu à
peu, elle adoucit son regard qui brille cependant
d'un éclat intense.)
*1426* ----- (Fanny se met à rire, elle va jusqu'à
la porte, elle se retourne vers lui, elle rit encore.)
*1428* FANNY. « Rien. Et la fille du café de la
Régence, tu oses la regarder ? »
*1430* FANNY. « Avec ça que tu ne la connais
pas ! Elle passe ici devant deux fois par jour pour te
faire un coup d'œil ! Si tu crois qu'on ne le voit
pas ! »
*1432* FANNY. « Alors, c'est que tu n'es pas
capable de te déclarer à une fille, même si elle vient
te tourner autour ….. »
*1434* FANNY. « Tu es timide, je le vois bien ! Si
une fille venait t'embrasser, tu tomberais
évanoui ! »
*1436* FANNY. « Moi ? Je t'ai embrassé ? »
*1438* FANNY. « Quand ? »
*1440* FANNY. « Je ne me rappelle pas. »
*1442* FANNY. « Moi ? »
*1444* FANNY. « Tu sais, quand on joue aux
cachettes, c'est toujours un peu pour embrasser les
garçons. »
*1446* FANNY. « Oui, peut-être ! »
*1448* FANNY. « Victor, Mathieu, Louis ….. Tout
ceux qui jouaient avec nous. »
*1450* FANNY. « Et toi, tu n'embrassais pas les
autres filles ? »
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*1450* FANNY. « Et toi, tu n'embrassais pas les
autres filles ? »
*1451* MARIUS. « Je ne me souviens pas. « *1453* MARIUS. « Et un autre jour, tu l'avais
giflé, parce qu'elle se cachait avec moi dans la
cave. »
*1455* MARIUS. « Oh ! ….. Je dis ça pour
parler. »
*1456* FANNY. « Tu serais bien aimable de ne
pas faire des plaisanteries de ce genre. Surtout
maintenant. »
*1457* MARIUS. « Pourquoi « maintenant » ? »
*1458* FANNY. (mystérieuse) « Parce que. »
*1459* MARIUS. « Qu'y a-t-il de changé ? »
*1460* FANNY. (même jeu) « Des choses. »
*1461* MARIUS. « Quelles choses ? »
à répéter
*1452* FANNY. « Je me souviens très bien que
tu avais fait une caresse à Césarine, et qu'elle
t'avait donné des poux. »
*1454* FANNY. « Oh ! Pauvre ! Je m'en moquais
bien qu'elle se cache avec toi ! Qu'est-ce que tu vas
imaginer ? »
*1456* FANNY. « Tu serais bien aimable de ne
pas faire des plaisanteries de ce genre. Surtout
maintenant. »
*1458* FANNY. (mystérieuse) « Parce que. »
*1460* FANNY. (même jeu) « Des choses. »
*1462* FANNY. (Fanny feint de se décider)
« Écoute, si tu me promettais de ne le dire à
personne ….. »
*1464* FANNY. « On dit ça, et après on répète
tout pour le plaisir de parler. »
*1466* FANNY. « Écoute, je crois que je vais me
marier. »
*1463* MARIUS. « Tu sais bien que tu peux me
faire confiance ! »
*1465* MARIUS. (impatient) « Si tu ne veux pas
me le dire, je ne te force pas. »
*1466* FANNY. « Écoute, je crois que je vais me
marier. »
*1468* FANNY. « Oui. »
*1467* MARIUS. « Toi ? »
*1470* FANNY. « Personne ne le sait encore,
*1468* FANNY. « Oui. »
mais à toi, je vais te le dire, parce que tu vas me
*1469* MARIUS. « Avec qui ? »
donner un conseil. »
*1470* FANNY. « Personne ne le sait encore,
*1472* FANNY. « Je ne suis pas malheureuse, et
mais à toi, je vais te le dire, parce que tu vas me
les coquillages, je ne m'en pleins pas. Mais
donner un conseil. »
j'aimerais mieux faire un travail où on a des
*1471* MARIUS. « Bon, avec qui ? »
employés. »
*1474* FANNY. « J'ai dix-huit ans. C'est le
*1473* MARIUS. « Tu es pratique, toi. »
meilleur moment pour choisir, parce que je ne serai
jamais plus jolie que maintenant ….. »
*1474* FANNY. « J'ai dix-huit ans. C'est le
*1475* FANNY. « Et il me semble que si
meilleur moment pour choisir, parce que je ne serai l'occasion se présente ….. Il ne faut pas la laisser
jamais plus jolie que maintenant ….. »
échapper. »
*1476* MARIUS. (nerveux) « Et ….. L'occasion
*1477* FANNY. « Oui. »
s'est présentée ? »
*1477* FANNY. « Oui. »
*1479* FANNY. « Il m'a demandé à sa mère
*1478* MARIUS. « Qui ? »
….. »
*1479* FANNY. « Il m'a demandé à sa mère
*1481* FANNY. « Je ne sais pas si je fais bien de
….. »
te le dire. »
*1480* MARIUS. « Qui ? »
*1482* MARIUS. (exaspéré) « Si tu ne veux pas
*1483* FANNY. « Tu le sauras bientôt, vaï. »
le dire, garde-toi-le. »
*1484* MARIUS. « Oh ! Je le sais déjà. C'est le
petit Victor. Il y a assez longtemps que ça se
*1485* FANNY. « Et toi, tu l'as compris ? »
comprend. »
*1487* MARIUS. « Il en a mangé tellement qu'il a
*1488* FANNY. « Qu'est-ce que ça prouve ? »
failli mourir de l'urticaire. »
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*1489* MARIUS. « Ça prouve que c'est un
*1490* FANNY. « Oh ! Je n'attends après la mort
imbécile. Et puis, si tu comptes sur le magasin, son
de personne, et je me moque bien de Victor ! »
père n'est pas encore mort, tu sais. »
*1490* FANNY. « Oh ! Je n'attends après la mort
de personne, et je me moque bien de Victor ! »
*1492* FANNY. « Panisse. »
*1491* MARIUS. « Alors, qui c'est ?!
*1492* FANNY. « Panisse. »
*1493* MARIUS. « Panisse ? Le père
Panisse ? »
*1494* FANNY. « Oui. Monsieur Panisse. Depuis
quelque temps je le voyais venir ….. Et puis,
dimanche dernier, il nous a menées au cabanon,
moi et ma mère. »
*1496* FANNY. « Oui. Et pendant qu'elle faisait
*1495* MARIUS. « Je le sais, il y avait ta mère ! » la bouillabaisse, nous sommes allés nous promener
sur les rochers. »
*1496* FANNY. « Oui. Et pendant qu'elle faisait
*1497* FANNY. « Et tout d'un coup, il enlève son
la bouillabaisse, nous sommes allés nous promener
chapeau et il se met à genoux. »
sur les rochers. »
*1498* MARIUS. (goguenard) « Le père
Panisse ? Ha ! »
*1499* FANNY. « Et il me dit qu'il m'aime, que je
suis la plus jolie de tout Marseille, et qu'il me veut.
Et puis, il se relève, et il essaie de m'embraser. »
*1500* MARIUS. (goguenard) « Il essaie de
t'embrasser. Et alors ? »
*1501* FANNY. « Alors, je lui donne une gifle,
parce que c'était le plus sûr moyen qu'il me
demande à ma mère. Et ce matin, il m'a demandée.
Voilà. »
*1502* MARIUS. « Eh bien, ma fille, tu es une
belle menteuse. »
*1503* FANNY. « Tu ne le crois pas ? »
*1504* MARIUS. « Non. »
*1506* MARIUS. « Parce qu'il veut ta mère, je le
sais ! J'ai vu la robe d'Honorine, tout à l'heure. Et
j'ai vu comment elle lui parlait ….. »
*1508* MARIUS. « Tu as beau dire « bon », tu
me feras pas croire que tu as pensé une seconde à
épouser Panisse. »
*1510* MARIUS. « Oui. Je te conseille, quand tu
voudras me faire marcher, de chercher une histoire
monins bête que celle-là ….. »
*1512* MARIUS. « Allons ! Un homme qui a les
yeux plissés comme le côté d'un soufflet ….. »
*1515* PANISSE. (galant) « Eh bien, ma jolie, tu
te reposes ? »
*1520* PANISSE. (très à son aise) « C'est ma
spécialité, mon cher. Filer le madrigal. Les dames
en sont friandes ….. et il n'y a rien de tel que quatre
petits vers. »
*1503* FANNY. « Tu ne le crois pas ? »
*1505* FANNY. « Pourquoi ? »
*1507* FANNY. « Bon. »
*1509* FANNY. « Bon ! Alors, tu ne veux pas me
donner un conseil ? »
*1511* FANNY. « Bon. »
*1513* FANNY. « Tais-toi, le voilà. »
*1516* FANNY. « Je reste un peu au frais en
attendant les client. »
*1521* FANNY. « C'est vous qui les avez
faits ? »
*1523* PANISSE. « D'aillerus, le plus grand
mérite d'une poésie, c'est d'1etre bien placée dans
la conversation. Marius, deux anisettes. »
*1524* FANNY. « Il y en a une pour moi ? »
*1525* PANISSE. « Et pour qui serait-elle ?
Viens un peu t'asseoir ici. Viens ! »
*1526* ----- (Panisse et Fanny vont s'asseoir
assez loin du comptoir, sur la banquette. Panisse
parle en baissant le ton pendant que Marius
prépare la bouteille et les verres.)
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*1527* PANISSE. « Je viens de parler à ta mère.
*1528* FANNY. « Je vous ai demandé quelques
Elle est en train de regarder ma comptabilié. Et je
jours, Panisse. »
crois que nous serons d'accord si tu dis oui. »
*1529* PANISSE. « Et tu as bien fait ….. Il n'est
pas mauvais de faire attendre une réponse : ton oui
me fera plus plaisir encore. »
*1530* ----- (Marius vient disposer les verres et
les remplir.)
*1533* MARIUS. « Ils sont pleins ! »
*1538* PANISSE. « Fais attention, tu verses à
côté ! »
*1543* PANISSE. « Coquin de sort ! J'ai oublié
mes allumettes ! »
*1544* FANNY. « Attendez ! »
*1546* PANISSE. « C'est gentil, ce que tu viens
de faire. Une allumette tenue par une aussi jolie
main. »
*1550* PANISSE. « Elles sont fines, elles sont
chaudes ….. Et tu as une bien belle bague ….. »
*1552* PANISSE. « Elle fait très bien. Elle est en
or ?!
*1554* PANISSE. « Alors, elle est en cuivre ! »
*1556* PANISSE. « Tu n'as jamais eu une bague
en or ? »
*1531* FANNY. (Fanny parle pour que Marius
l'entende.) « Dites, Panisse, combien c'est que
vous en avez, d'ouvrières ? »
*1534* FANNY. « Oh ! Menteur !
*1539* FANNY. « Il est un peu fatigué,
aujourd'hui. »
*1544* FANNY. « Attendez ! »
*1545* ----- (Fanny prend le pyrophore sur la
table voisine. Elle allume l'allumette et la tient ellem1eme au-dessus du fourneau de la pipe. Marius,
qui n'a pas perdu un mot de la conversation,
regarde ce tableau avec une inquiétude
grandissante.)
*1547* FANNY. « Oh ! Panisse, ne dites pas que
j'ai de jolie mains ! »
*1551* FANNY. « Elle vous plaît ? »
*1553* FANNY. « Je ne crois pas. Je l'ai trouvé
dans une pochette-surprise. »
*1555* FANNY. « Tant pis ! »
*1557* FANNY. « Non. »
*1558* PANISSE. « Et ton collier, il est en or ? »
*1559* FANNY. « Oh ! Mon collier, oui. C'est ma
tante Zoé qui me l'a donné pour ma communion. »
*1563* ----- (Panisse touche légèrement la peau
de Fanny pour faire sortir la médaille qui est entre
les seins.)
*1564* FANNY. (Fanny recule) « Oui …..
attendez ….. Je vais la sortir. »
*1566* PANISSE. « Qu'est-ce qu'il y a d'écrit ? »
*1567* FANNY. « C'est ma date de naissance. »
*1571* MARIUS. « Fanny ! Ta mère te crie ! »
*1574* MARIUS. « Je te dis que ta mère
t'appelle. Ça fait trois fois. »
*1582* MARIUS. « Vous parlez doucement et
parce que je m'approche, vous vous taisez. »
*1584* MARIUS. « Quand on ne veut pas parler
devant le monde, c'est qu'on dit des saletés. »
*1590* PANISSE. « Moi, je te regarde d'un air
sur deux airs ? »
*1593* MARIUS. « Faites attention ! Il y a des
fous dangereux, et j'en connais un que la main lui
démange de vous envoyer un pastisson ! »
*1597* PANISSE. « Si on te pressez le nez, il en
sortirait du lait ! »
*1572* FANNY. « J'ai pas entendu ! »
*1575* FANNY. « Tu as des rêves ! »
*1583* FANNY. « Peut-être que nous disons des
choses personelles. »
*1585* FANNY. « Des saletés, dis, grossier ! »
*1591* FANNY. « Tu deviens fou, mon pauvre
Marius ! »
*1594* FANNY. « Marius ! »
*1598* ----- (Fanny éclate de rire.)
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*1603* PANISSE. (en se levant brusquement)
« Malheureux ! C'est à moi que tu dis
malheureux ? »
*1605* PANISSE. « Laisse. C'est une affaire
entre hommes ….. Tiens-moi le chapeau. »
à répéter
*1604* FANNY. (en se levant pour retenir
Panisse) « Panisse ! »
*1606* ----- (Panisse donne son chapeau à
Fanny. Il s'approche de Marius jusqu'à le toucher.
Tous deux se regardent sous le nez.)
*1624* PANISSE. « Fanny, je te quitte, puisque
mes affaires l'exigent. Est-ce que tu me feras le
*1625* FANNY. « Pourquoi pas ici ? »
plaisir de venir goûter chez moi, tout à l'heure ? »
*1626* PANISSE. « Parce que je refuserai,
*1627* MARIUS. « Vous avez beau prendre
désormais, de mettre le pieds dans une maison, où
l'accent parisien, ça ne m'impressionne pas. »
les gens ne savent pas se tenir à leur place. »
*1631* FANNY. « Marius, tu n'es par gentil de
*1630* ----- (Panisse sort, laissant Marius pétrifié.
faire tant de bruit pour des choses qui ne te
Fanny sourit. Un temps de silence assez lourd.)
regardent pas. »
*1632* MARIUS. (furieux) « Et puis je
*1633* FANNY. « Dis donc, sois un peu poli avec
t'apprendrai qu'ici c'est un bar, ce n'est pas une
moi, au moins. »
maison de rendez-vous. »
*1634* MARIUS. « Tu ne le mérites pas. »
*1635* FANNY. « Pourquoi ? »
*1636* MARIUS. « Ah ! Si je ne l'avais pas vu, je
ne l'aurais jamais cru. C'est honteux ce que tu fais *1637* FANNY. « Quel pauvre vieux ? »
avec ce pauvre vieux. »
*1639* MARIUS. « Du temps, qu'il regardait dans *1640* FANNY. « Tu étais bien plus rouge que
ton corsage, il soufflait, il suait, il était rouge comme lui. Et puis, j'ai un soutien-gorge. Et puis ça ne te
un gratte-cul. »
regarde pas. »
*1643* MARIUS. « Seulement, ça me fait de la
*1644* FANNY. « Je n'ai pas le droit de me
peine de voir que tu es en train de devenir comme
marier ? »
ta tante Zoé. »
*1646* FANNY. « Pourquoi ? Tu sais qu'il a
*1645* MARIUS. « Non, tu n'as pas le droit
beaucoup d'argent, Panisse. J'aurai une bonne …...
d'èpouser un veuf qui a soixante ans. »
et il me fait une dot de cent mille francs. »
*1647* MARIUS. « Dis-moi tout de suite que tu te
*1648* FANNY. « Pourquoi pas ? »
vends. »
*1649* MARIUS. « Fanny, si tu faisais ça, tu
*1650* FANNY. « Quand on a une bonne, elle
serais la dernière des dernières. »
est encore plus dernière que vous. »
*1651* MARIUS. « Mais ce n'est pas possible,
voyons ….. Fanny, est-ce que tu as pensé à
*1652* FANNY. « Comment, à tout ? »
tout ? »
*1653* MARIUS. « Tu sais bien que quand on se
marie, il ne suffit pas d'aller à la mairie, puis
*1654* FANNY. « On commence par là. »
l'église. »
*1654* FANNY. « On commence par là. »
*1656* FANNY. « Après, il y aura un grand dîner
*1655* MARIUS. « Et après ? »
chez Basso. »
*1657* MARIUS. « Oui, mais après ? Quand tu
*1658* FANNY. « Je verrai bien ! »
seras seule avec lui ? »
*1659* MARIUS. « Il faudra que tu te laisses
*1660* FANNY. « Tant pis. »
embrasser ….. »
*1661* MARIUS. « Il t'embrassera sur la bouche, *1662* FANNY. « Tais-toi, Marius. Ne me parle
et puis sur l'épaule ….. »
pas de ces choses ….. »
*1668* MARIUS. « Oh ! Je sais bien pourquoi tu
*1669* FANNY. « Qu'est-ce qui n'est pas vrai ? »
ris, va. Mais ce n'est pas vrai. »
*1670* MARIUS. « Tu t'imagines que je suis
*1671* FANNY. « Oh ! Voyons, Marius ….. Pour
jaloux, n'est-ce pas ? »
être jaloux, il faut être amoureux. »
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*1672* MARIUS. « Justement, et je ne suis pas
amoureux de toi. »
*1674* MARIUS. « Ce n'est pas parce qu'on a
joué aux cachettes qu'on est amoureux. »
*1678* MARIUS. « Jolie comme tu es, ça n'aurait
pas été difficile. Mais je n'ai pas voulu ….. Parce
que je ne pourrais pas me marier. Ni avec toi, ni
avec personne. »
*1680* MARIUS. « Non, mais je ne peux pas me
marier. »
*1681* FANNY. « Pourquoi dis-tu une bêtise
pareille ? »
*1682* MARIUS. « Oh ! Ce n'est pas une bêtise !
C'est la vérité ! »
à répéter
*1673* FANNY. « Je le sais bien. »
*1675* FANNY. « Mais bien sûr, voyons ! »
*1679* FANNY. « Tu veux te faire moine ? »
*1681* FANNY. « Pourquoi dis-tu une bêtise
pareille ? »
*1683* ----- (comment est-ce qu'on continue ?
C'est quoi, la fin pour applaudir?)

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