L`apprentissage, relation gagnant-gagnant

Distribution -
Formation
L’APPRENTISSAGE, UNE RELATION
GAGNANT GAGNANT
C
omme promis, voici la suite de cet article initié dans Sans oublier le sport qui véhicule rigueur, amusement, cohésion de
notre précédent numéro concernant l’importance groupe, performances, dépassement de soi et culture d’entreprise …
de l’apprentissage dans l’univers de l’entreprise.
Retour aux bases
Choisir sa formation, le parcours du combattant
en effet, le constat est préoccupant. D’une part l’offre de formation
est tellement large qu’il est très difficile pour un jeune de savoir quels
métiers, quelles formations choisir … Quel établissement est le plus
à même de lui fournir un enseignement à sa mesure ? D’autre part,
la question financière reste à soulever : les prix de ces établissements
sont-ils accessibles à toutes les classes sociales ?
et surtout le prix peut-il être considéré comme une garantie de qualité,
d’excellence ?
Même si tout est une question d’argent, au lieu de le voir comme une
dépense, je vous propose de faire le pari d’un investissement sur le
futur, avec les parents, les jeunes et les entreprises.
Connaître le terrain
34
Chausser Magazine - Mai 2014
N° 227
Bien souvent on vous vend une formation stipulant qu’elle est diplômante, renseignez-vous bien car il s’avère que, bien souvent, au
moment où votre projet vous dirige vers des études supérieures « Oh
surprise ! » on vous informe que vous ne pouvez pas intégrer cette
formation ou cette école supérieure car votre formation n’est pas
reconnue comme étant un diplôme de l’éducation Nationale, même
si elle est enregistrée au “RNCP”. et même si c’était le cas, cela ne
garantit en rien votre intégration dans certaines écoles supérieures.
Je mets là en garde les jeunes et leurs entreprises sur ce sujet qui induit
une tromperie envers l’apprenti(e) mais aussi envers l’entreprise.
Vérifiez bien ce point ou faites ce choix en toute connaissance de
cause.
L’approche est bien entendu différente si vous avez opté pour une
formation qualifiante et que vous êtes déjà en poste comme le “CQP”
Vendeur Chausseur expert dispensé par la Fédération des Détaillants
en Chaussures de France.
Réussir à tout prix ?
Que dire sur les modalités d’examens ainsi que sur les procédures
d’évaluation ?
Celles-ci sont de plus en plus conçues pour tendre vers des objectifs
de taux de réussite conformément aux volontés politiques, quel qu’en
soit le prix !!!
Les fameux 80 % de bacheliers … Que veut dire 80 % de réussite ?
Pourquoi plutôt ne pas se fixer en objectif 80 % de compétences, de
savoirs et de savoir être, de valeurs,… ? Cela ne veut rien dire. Un
objectif ne peut être réalisé qu’à partir du moment où les moyens et
les outils opportuns ont bien été réfléchis en amont et mis en œuvre.
Cette course aux chiffres nous en fait oublier le principal :
Il faut mettre, voire remettre, tous les moyens sur les tous premiers
niveaux, dès le CP, et faire des fondamentaux une priorité absolue,
qu’il s’agisse de l’enseignement général ou professionnel.
Français
Mathématiques
Histoire Géographie
Langues vivantes
économie et Droit
Matières professionnelles (le produit, le service, le Made
in France,…) et valoriser les métiers manuels …
Il faut revenir aux choses simples sans révolution, basées sur des
fondements transverses entre une volonté d’accompagner un jeune
à grandir, à s’épanouir, lui dire les choses et les lui faire partager, les
inculquer afin qu’il soit mieux armé à construire sa vie en évitant
autant que faire se peut les pièges.
Il s’inscrira de ce fait comme étant un élément répondant aux attentes
de nos entreprises, qui à ce jour sur nos métiers en magasin, recherchent des jeunes femmes et des jeunes hommes compétents mais surtout “sains” et ayant une vraie conscience professionnelle…
Tirer le jeune vers le haut
Ce n’est pas en baissant les niveaux scolaires, qu’il s’agisse aussi
bien des matières générales que professionnelles, en instaurant des
procédures d’examen en contrôle en cours de formation (de type
CCF) ou en baissant le niveau d’exigence lors des écrits et oraux
que nous allons rendre service à notre jeunesse et, par ricochet, à nos
entreprises, a fortiori dans nos magasins dont les profils sont essentiellement des personnels de niveaux IV et V.
Il est temps de sortir de cette spirale d’appauvrissement qui compromet
la force vive d’un pays, -la jeunesse-, vivier de nos entreprises dans
les filières traditionnelles.
Je propose plutôt que nous remettions en chantier un travail de fond
mettant à l’honneur les valeurs, le respect des autres, l’éducation sous
la responsabilité des parents ou des représentants légaux, l’envie
d’apprendre ainsi que les savoirs être en commençant par travailler
la confiance en soi et l’estime de soi sans oublier les postures.
Un mot d’ordre, évoluer !
Il est temps, pour certaines corporations susnommées, de revoir leurs
dogmes idéologiques établis sur l’autel d’un certain savoir purement
théorique et régalien.
Un cautionnement moral de l’establishment, de biens pensants,
de notables de l’éducation théorisant et le plus souvent déconnecté
de la réalité au quotidien que peuvent vivre les parents, les enseignants et bien sûr les jeunes eux-mêmes et, bien entendu, nos
magasins et leurs équipes.
La génération a certes changé, à nous de nous adapter à cet état de
fait (ou pas) !!!
Ne nous interdisons pas à revenir à des méthodes pédagogiques plus
standardisées ou une mixité des outils et méthodes entre la transmission
descendante : le feedback permanent, les expériences professionnelles
des équipes pédagogiques et les outils numériques doivent s’associer
aux milieux professionnels des jeunes et mettre l’employeur dans
une position centrale sur le dispositif. N’oublions pas que c’est lui
qui emploie, qui rémunère et qui légalement a signé un contrat de
travail avec le jeune.
Je ne vous livre ici que mon expérience au quotidien, ma vision des
choses qui s’est forgée depuis plus de quinze années à être témoin de
“l’évolution” de notre modèle d’alternance. L’échange régulier avec
des professeurs, des formateurs et des consultants qui, quelque soit
la région, constatent la même chose. Un discours identique de la part
des chefs d’entreprises qui voient depuis plusieurs années leurs
difficultés grandissantes face au recrutement d’un nouvel apprenti.
APPRENTI = EMPLOI
APPRENTI = CULTURE TRANSGENERATIONNELLE
Gilles ASCOËT - ASC CONSEIL - pour Chausser Magazine.
* RNCP : Répertoire National des Certifications Professionnelles • Niveau V : CAP (Certificat d’Aptitude Professionnelle) •
Niveau IV : BAC (Baccalauréat) • CQP : Certificat de Qualification Professionnelle