Pierre B oulez - Médiathèque de la Cité de la musique
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Pierre B oulez - Médiathèque de la Cité de la musique
Philippe Manoury Sound and Fury Jonathan Harvey Speakings* entracte Arnold Schönberg Erwartung Lucerne Festival Academy Orchestra Pierre Boulez, direction Clement Power, direction* Deborah Polaski, soprano Gilbert Nouno, Arshia Cont, réalisation informatique musicale Ircam Thomas Goepfer, Gilbert Nouno, régie informatique musicale Ircam Sylvain Cadars, Jérémie Henrot, ingénieurs du son Ircam En partenariat avec l’Ircam-Centre Pompidou. Ce concert est surtitré. Enregistré par France Musique, ce concert sera retransmis le 8 octobre à 20h dans Les Lundis de la contemporaine. Avec l’aimable accord de Deutsche Grammophon. Fin du concert vers 18h10. 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 1 Lucerne Festival Academy Orchestra | Pierre Boulez | Dimanche 9 septembre 2012 DIMANCHE 9 SEPTEMBRE – 16H 03/09/12 16:10 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 2 03/09/12 16:10 DIMANCHE 9 septembre Philippe Manoury (1952) Sound and Fury pour orchestre de cent neuf musiciens Date de composition : 7 juin 1998 - 25 janvier 1999. Commande de l’Orchestre symphonique de Chicago et l’Orchestre de Cleveland pour le 75e anniversaire de Pierre Boulez. Création : 3 décembre 1999, États-Unis, Chicago, par le Chicago Symphony Orchestra, direction : Pierre Boulez. Effectif : 4 flûtes (aussi 2 flûtes piccolo), 4 hautbois (aussi 1 cor anglais), 4 clarinettes (aussi 1 clarinette basse), 4 bassons (aussi 1 contrebasson), 8 cors, 6 trompettes, 6 trombones, tuba, 5 percussionnistes, 2 harpes, piano, 16 violons, 16 violons II, 12 alto, 12 violoncelles, 8 contrebasses Edition : Durand, nº 1502 (S). Durée : environ 30 minutes. Sound and Fury, fait référence au roman de Faulkner par sa structure mais aussi par le côté évocateur de son titre. Chez Faulkner, une histoire récurrente intervient par bribes suivant les différents types de narrateurs mais les éléments de cette histoire ne sont pas présentés de façon chronologique. Ma composition reprend cette récurrence car il s’agit de la répétition d’une même succession de séquences dont certaines se trouvent amplifiées ou diminuées suivant le cas. La non-chronologie est totalement ancrée dans le principe même de la composition de cette œuvre. Les différentes sections n’ont pas été composées dans leur ordre d’apparition. Certaines sections, qui pourraient faire office de développement, se trouvent fréquemment présentées avant l’exposition de leur matériau. L’autre élément est le titre lui-même et, en particulier, la particule and que je prends ici dans son acception temporelle, c’est-à-dire reliant deux mots dont l’ordre de présentation n’est pas sans importance : d’abord sound ensuite, fury. L’œuvre évolue ainsi dans une progression se dirigeant vers des structures de plus en plus violentes, pulsionnelles, pleines de fureur, caractérisées par des moments de saturation musicale de plus en plus « sauvages ». Cette violence recherchée est cependant, comme toujours chez moi, totalement organisée, que ce soit à partir d’une excroissance ou d’une prolifération de données de base très structurées, ou bien de l’irruption soudaine d’un élément que rien ne laissait prévoir dans un contexte donné. C’est, je l’espère, une violence composée. L’orchestre, très important, est scindé en deux groupes : deux orchestres à cordes et deux orchestres de cuivres sont distribués à droite et à gauche. La petite harmonie, les percussions, les harpes et le piano se trouvent en position frontale. De nombreux éléments de symétrie spatiale parcourent l’œuvre de par la disposition même des instruments. Philippe Manoury 3 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 3 03/09/12 16:10 Jonathan Harvey (1939) Speakings pour orchestre et électronique Date de composition : 2008. Commande : BBC Glasgow, Ircam-Centre Pompidou, Radio France. Éditeur : Faber Music, Londres. Dédicace : à Ilan Volkov, au BBC Scottish Symphony Orchestra et à Frank Madlener. Création : 19 août 2008, Londres, Royal Albert Hall, Proms de la BBC, par l’Orchestre symphonique de la BBC, direction : Ilan Volkov. Effectif : 3 flûtes, 3 hautbois, 3 clarinettes, 2 bassons, 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, tuba, 4 percussionnistes, harpe, piano, célesta, clavier électronique/MIDI/synthétiseur, 14 violons, 12 violons II, 10 altos, 8 violoncelles, 6 contrebasses. Information sur le studio : Ircam. Réalisateurs en informatique musicale : Gilbert Nouno, Arshia Cont. Durée : environ 25 minutes. Il s’agit du troisième volet de ma trilogie relative à la purification bouddhiste du corps, de l’esprit et de la parole. Langage et musique sont très proches et en même temps éloignés. Dans Speakings, j’ai voulu réunir la musique orchestrale et la parole humaine. C’est comme si l’orchestre apprenait à parler, comme un bébé avec sa maman, comme le premier homme, ou comme entendre une langue très expressive que l’on ne comprend pas. Les rythmes et les intonations émotionnelles de la parole sont formés par la sémantique, mais par dessus tout, ils sont formés par des sentiments – à cet égard, ils se rapprochent du chant. Dans la mythologie bouddhiste d’Inde, il y a une notion de langage originel et pur, prenant la forme de mantras – moitié chant, moitié parole. On dit que le « OM-AH-HUM » est le berceau de tout langage. Le discours orchestral, lui-même touché par les structures du langage, est formé de façon « électroacoustique » par des « bribes de paroles » provenant d’enregistrements pris au hasard. Les formes spectrales des voyelles et des consonnes vacillent dans des rythmes rapides et colorés du langage à travers les textures orchestrales. Un « vocodeur de la forme spectrale » tire avantage des complexités fascinantes du langage : telle est l’idée principale de cette œuvre. Le premier mouvement est comme une incarnation, une descente dans la vie humaine. Le deuxième s’intéresse aux jacasseries frénétiques de la vie humaine dans toutes ses expressions de domination, d’assertion, de peur, d’amour, etc. Il développe Sprechgesang, œuvre pour hautbois et ensemble, composée précédemment. Il se transforme jusqu’à devenir « mantra » et célèbre ainsi le langage rituel. Le mantra est orchestré et traité par un « vocodeur de la forme spectrale ». Le troisième est, comme le premier, plus court. Ici le langage est plus calme ; il se conjugue à une musique harmonieuse, un hymne proche du chant grégorien. Il y a souvent une seule ligne monodique qui se réverbère dans un grand espace acoustique. Il y a une petite division de ligne contre ligne, ou la musique contre l’auditeur, lorsque la réverbération élimine le sens de la séparation entre l’auditeur et l’objet musical. Le paradis du Temple de l’écoute est imaginé. Les mouvements sont joués en continu. Jonathan Harvey 4 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 4 03/09/12 16:10 DIMANCHE 9 septembre Arnold Schönberg (1874-1951) Erwartung, monodrame en un acte pour soprano et orchestre, op. 17 Date de composition : 27 août - 12 septembre 1909. Création : 6 juin 1924, Prague, Neues Deutsches Theater, direction : Alexander Zemlinsky ; Marie Gutheil-Schoder, soprano. Effectif : 4 flûtes, 3 hautbois, cor anglais, 4 clarinettes, clarinette basse, 3 bassons, contrebasson, 4 cors, 3 trompettes, 4 trombones, tuba, percussions, harpe, piano, célesta, Glockenspiel, xylophone, 16 violons 1, 14 violons 2, 10-12altos, 10-12 violoncelles, 8-10 contrebasses. Éditeur : Universal Edition. Durée : environ 30 minutes. « Toute recherche tendant à produire un effet traditionnel reste plus ou moins marqué par l’intervention de la conscience. Mais l’art appartient à l’inconscient ! C’est soi-même que l’on doit exprimer ! S’exprimer directement ! Non pas exprimer son goût, son éducation, son intelligence, ce que l’on sait, ou ce que l’on sait faire. […] Seule l’élaboration inconsciente de la forme, qui se traduit pas l’équation : forme = manifestation de la forme, permet de créer de véritables formes. » (Arnold Schönberg à Vassili Kandinsky, lettre du 24 janvier 1911). Cette référence à l’inconscient s’applique particulièrement bien au monodrame Erwartung composé par Schönberg deux ans auparavant, sur un texte d’une jeune poète docteur en médecine, Marie Pappenheim (1882-1966). En 1906, Karl Kraus avait publié quelques poèmes de la jeune femme dans sa revue Die Fackel (Le Flambeau) et c’est par l’intermédiaire de l’entourage de Kraus que Schönberg fit la connaissance de Marie Pappenheim. Dans le contexte viennois des travaux de Freud et Breuer sur l’hystérie publiés en 1895 (Studien über Hysterie) paraît en 1905 l’article de Freud consacré au Cas Dora (Fragment d’une analyse d’un cas d’hystérie), dont Marie Pappenheim – qui allait épouser le psychiatre Hermann von Frischauf – pourrait très bien avoir eu connaissance. L’attente évoquée par le titre est celle de la découverte par la femme – unique personnage de ce monodrame – du cadavre de son amant dans la forêt. Impossible d’occulter la référence à la récente expérience de Schoenberg dont l’épouse Mathilde, sœur de Zemlinsky, avait eu une liaison avec le peintre Gerstl qui se suicida quand elle résolut de rejoindre son mari. Mais la dramaturgie renonce à tout réalisme pour recourir à la logique irrationnelle de l’inconscient qui confère une temporalité spécifique à l’œuvre : « Dans Erwartung, écrit Schoenberg (Le Syle et l’Idée), je me suis proposé de représenter à loisir ce qui peut se produire dans une unique seconde de la plus intense émotion et mon œuvre s’étend sur une demi-heure ». L’auditeur expérimente l’extrême dilation de cet instant, qui, conjugué à l’exacerbation de l’expression, produit une esthétique expressionniste. Les quatre scènes d’inégales longueurs – la quatrième étant beaucoup plus développée – campent différents état psychiques de la femme, assaillie par le souvenir de son amant et du jardin de leurs rencontres. 5 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 5 03/09/12 16:10 La première se situe à l’orée d’une forêt éclairée par la lune et s’achève quand elle décide d’y pénétrer, aidée par la musique : « Je vais chanter, alors il m’entendra ». La seconde la montre au cœur de la forêt, en proie à diverses hallucinations, jusqu’à ce qu’elle bute sur ce qui s’avère n’être qu’un tronc. Les hallucinations se poursuivent dans la troisième scène, jusqu’à générer cet appel : « Bien aimé, mon bien aimé, aide-moi ». La quatrième scène donne à voir une maison devant laquelle se fait la macabre découverte. S’ensuit un long monologue au cours duquel la confrontation au cadavre fait renaître les souvenirs précis de sa trahison, de la jalousie, pour finir sur le constat d’une solitude infinie. La musique d’Erwartung, écrite après les Cinq Pièces pour orchestre op. 16, fut perçue comme à la fois athématique et discontinue, la formulation d’Adorno dans Philosophie de la nouvelle musique ayant fait date : « l’enregistrement sismographique des chocs traumatiques devient en même temps la loi technique de la forme musicale, qui interdit continuité et développement. Le langage musical se polarise vers les extrêmes : et vers les gestes saccadés pour ainsi dire, des convulsions corporelles, et vers l’immobilisation hagarde de celui que l’angoisse engourdit. » Cependant, l’œuvre obéit à une triple logique mélodique, harmonique et rythmique. Adorno avait relevé la citation par Schoenberg de son Lied op. 6 n° 6 « Am Wegrand » (Sur le bord du chemin) qui survient quelques mesures avant le texte « Tausend Menschen ziehen vorüber » (Mille êtres passent), directement emprunté au lied. Sur ces mots, le motif mélodique initial de l’op. 6 n° 6 se retrouve transposé aux bassons et à la clarinette basse, tandis que le motif chromatique secondaire ( à l’origine sur « Sehnsucht erfüllt die Bezirke des Lebens » : la nostalgie emplit les territoires de la vie) s’y superpose aux trois clarinettes. La clé herméneutique est double qui souligne la thématique littéraire de la solitude tout en se référant musicalement à des éléments du langage tonal (le lied étant nettement ancré en ré mineur) dans un contexte atonal. Elle met également en évidence la fonction structurale des motifs, à l’œuvre dès la cellule mélodique initiale d’Erwartung (do dièse – si – do bécarre). Enfin, rythmiquement, les ostinati fonctionnent à l’échelle de courtes séquences tout en soulignant l’articulation entre les scènes au sein de brefs interludes. Composée en 1909, Erwartung ne fut créé qu’en 1924 à Prague sous la direction de Zemlinsky, aux côtés de L’Heure espagnole de Ravel. La presse fut saisie par cette œuvre qui apparut comme une révolution esthétique au sein du genre opéra : du cri « Hilfe ! », apogée de la scène 4, au geste final chromatique d’un orchestre imposant. Lucie Kayas 6 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 6 03/09/12 16:10 DIMANCHE 9 septembre BIOGRAPHIES DES COMPOSITEURS et les nouvelles technologies liées à l’informatique musicale. De ces travaux Philippe Manoury naîtra un cycle de pièces interactives Né en 1952 à Tulle (France), Philippe pour différents instruments, Sonvs ex Manoury commence la musique vers machina, comprenant Jupiter, Pluton, La l’âge de 9 ans. Au cours de ses études Partition du Ciel et de l’Enfer et Neptune. de piano avec Pierre Sancan, il montre De 1983 à 1987, Philippe Manoury est ses premières compositions à Gérard responsable de la pédagogie au sein Condé, qui le présente à Max Deutsch, de l’Ensemble intercontemporain. élève d’Arnold Schönberg à Vienne De 1987 à 1997, il est professeur de au début du XXe siècle. Il suit ses composition et de musique électronique cours à l’École Normale de Musique au Conservatoire national supérieur de de Paris où il travaille également musique et de danse de Lyon. De 1995 l’harmonie et le contrepoint. Il étudie à 2001, il est compositeur en résidence parallèlement l’écriture avec Philippe à l’Orchestre de Paris. De 1998 à Drogoz, ainsi que l’analyse musicale 2000, il est responsable de l’Académie avec Yves-Marie Pasquet. Il poursuit Européenne de Musique du Festival ses études au Conservatoire de Paris d’Aix-en-Provence. Il a également animé (CNSMDP), où il emporte un premier de nombreux séminaires de composition prix de composition dans la classe en France et à l’étranger (États-Unis, d’Ivo Malec et de Michel Philippot, et Japon, Finlande, Suède, République un premier prix d’analyse chez Claude Tchèque, Canada). Entre 2001 et 2003, Ballif. Depuis l’âge de 19 ans, Philippe Philippe Manoury est compositeur en Manoury participe régulièrement aux résidence à la Scène nationale d’Orléans. principaux festivals et concerts de Il vient d’achever une résidence de musique contemporaine (Royan, La trois mois à Kyoto, où il s’est initié aux Rochelle, Donaueschingen, Londres…), musiques traditionnelles japonaises. mais c’est la création de Cryptophonos Philippe Manoury a obtenu le Grand par le pianiste Claude Helffer au Festival Prix de composition de la Ville de Paris de Metz qui le fera connaître du public. 1998. La Sacem lui a décerné le Prix En 1978, il s’installe au Brésil et y donne de la musique de chambre en 1976, le des cours et des conférences sur la Prix de la meilleure réalisation musicale musique contemporaine dans différentes pour Jupiter en 1988 et le Grand Prix universités (São Paulo, Brasilia, Rio de la musique symphonique en 1999. de Janeiro, Salvador). En 1981, de Son opéra K… s’est vu décerner en retour en France, il est invité à l’Ircam 2001 le Grand Prix de la SACD, le Prix en qualité de chercheur. Depuis cette de la critique musicale et, en 2002, le époque, il ne cessera de participer, en Prix Pierre Ier de Monaco. Parmi ses tant que compositeur ou professeur, aux récentes créations, on peut citer Terra activités de cet institut. Il y développe, Ignota (pour piano et orchestre, créé en collaboration avec le mathématicien en février 2008 à Paris), Partita I (pour Miller Puckette, des recherches dans alto et électronique, 2007), Synapse le domaine de l’interaction en temps (concerto pour violon et orchestre, réel entre les instruments acoustiques 2009), ainsi que deux quatuors à cordes, Stringendo (2010) et Tensio (quatuor avec électronique, 2010), Echo-daimónon (concerto pour piano, électronique et orchestre commandé par l’Orchestre de Paris et créé en juin 2012 à Paris. Il prépare une nouvelle œuvre scénique et musicale, sans chanteurs, pour l’Opéra Comique avec Jérôme Deschamps. Depuis l’automne 2004, Philippe Manoury partage son temps entre l’Europe et les États-Unis, où il enseigne la composition à l’Université de Californie de San Diego. Les œuvres de Philippe Manoury sont publiées au sein du groupe Universal par les Éditions Durand. L’ensemble de ses écrits est disponible sur son blog philippemanoury.com. Jonathan Harvey Né dans le Warwickshire (Angleterre) en 1939, Jonathan Harvey est choriste au St. Michael’s College de Tenbury puis étudie la musique au St. John’s College de Cambridge. Docteur des universités de Glasgow et de Cambridge, il étudie, sur le conseil de Benjamin Britten, la composition auprès d’Erwin Stein et d’Hans Keller, tous deux élèves de Schönberg. Il se familiarise ainsi avec la technique dodécaphonique. De 1969 à 1970, il est Harkness Fellow à l’université de Princeton où sa rencontre avec Milton Babbitt influence considérablement son travail. Les nouvelles technologies, pourtant encore balbutiantes à l’époque, l’ouvrent à une dimension compositionnelle d’avant-garde : l’exploration du son. Sa rencontre avec Stockhausen est également décisive car elle le guide dans son apprentissage des techniques de studio. Leurs idées convergent sur le fait que les techniques électroniques permettent de transcender 7 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 7 03/09/12 16:10 les limites physiques des sources sonores traditionnelles. Ces compositeurs sont tous deux en recherche d’un rapprochement entre le rationnel et le mystique, le scientifique et l’intuitif. En 1975, Jonathan Harvey publie un ouvrage sur l’œuvre de Stockhausen. Au début des années 1980, Pierre Boulez invite Jonathan Harvey à travailler à l’Ircam ; il y réalise notamment Mortuos Plango, Vivis Voco (pour bande), Bhakti (pour ensemble et électronique), Advaya (pour violoncelle et électronique) et Quatuor à cordes n° 4 (avec électronique live). Il se familiarise également avec le courant spectral qu’il considère comme déterminant pour l’évolution de la musique d’aujourd’hui. En outre, le son électronique lui apparaît comme une ouverture vers les dimensions transcendantales et spirituelles. L’œuvre de Jonathan Harvey couvre tous les genres : musique pour chœur a capella, grand orchestre (Tranquil Abiding, White as Jasmine et Madonna of Winter and Spring), orchestre de chambre (Quatuors à cordes, Soleil noir / Chitra et Death of Light, Light of Death), ensemble, et instrument soliste. Il est considéré comme l’un des compositeurs les plus imaginatifs de musique électroacoustique. Son premier opéra, Passion and Resurrection (1981), inspire le tournage d’un documentaire pour la BBC (The Challenge of the Passion) ; le second, Inquest of Love, commandé par l’English National Opera, est créé sous la direction de Mark Elder en 1993 ; le troisième, Wagner Dream, commandé par le De Nederlandse Opera, le Grand Théâtre de Luxembourg, le Holland Festival et l’Ircam, est créé en 2007. De 2005 à 2008, Jonathan Harvey est en résidence à l’Orchestre symphonique écossais de la BBC où il crée Body Mandala, … towards a pure land et surtout Speakings en 2008 (commandée par l’Orchestre symphonique écossais de la BBC, l’Ircam et Radio France). Jonathan Harvey reçoit des commandes du monde entier et est l’un des compositeurs d’aujourd’hui les plus fréquemment programmés. Ses pièces sont interprétées entre autres par l’ensemble Modern, l’Ensemble intercontemporain, l’ensemble Asko, le Nieuw Ensemble (Amsterdam) et l’ensemble Ictus (Bruxelles) dans des festivals comme Musica (Strasbourg), Ars Musica (Bruxelles), Musica Nova (Helsinki), Acanthes, Agora, ainsi que dans de nombreux centres de musique contemporaine. Près de deux cents représentations de ses œuvres sont données ou retransmises chaque année et environ quatre-vingts enregistrements sont disponibles sur CD. Jonathan Harvey est Docteur Honoris Causa des universités de Southampton, du Sussex, de Bristol et d’Huddersfield et il est membre de l’Académie Européenne. Il publie deux livres en 1999 sur l’inspiration et sur la spiritualité. L’étude de son œuvre par Arnold Whittall paraît chez Faber & Faber (et, en français, aux Editions Ircam) la même année. Deux ans plus tard, John Palmer publie une étude substantielle, Jonathan Harvey’s Bhakti, aux éditions Edwin Mellen Press. De 1977 à 1993, Jonathan Harvey est professeur de musique à l’université du Sussex où il est actuellement professeur honoraire. De 1995 à 2000, il enseigne la musique à l’université de Stanford (États-Unis), est professeur invité à l’Imperial College de Londres et membre honoraire du St. John’s College de Cambridge. Il reçoit en 1993 le prestigieux prix Britten de composition, en 2007, le Prix GigaHertz pour l’ensemble de ses œuvres de musique électronique et Speakings reçoit le prix Prince Pierre de Monaco. Il est le premier compositeur britannique à recevoir le Grand prix Charles Cros. Entre mai 2009 et mai 2010, l’œuvre de Jonathan Harvey est célébrée dans le monde entier, dans le cadre de concerts et de festival qui lui sont dédiés, par de nouveaux enregistrements et portraits. Le BBC Symphony Orchestra le célèbre à son tour dans sa série Total Immersion en janvier 2012. © Ircam-Centre Pompidou, 2012 Arnold Schönberg Arnold Schönberg, aîné de trois enfants, doit quitter le collège à l’âge de seize ans, à la mort de son père, pour s’engager dans la vie active. D’abord apprenti dans une banque jusqu’en 1895, il assumera ensuite diverses tâches lui permettant de se consacrer quasi exclusivement à la musique. Marié en 1901 à Mathilde Zemlinsky (la sœur du compositeur) dont il aura deux enfants, il épouse en 1924, un an après la disparition de celle-ci, Gertrud Kolisch qui restera à ses côtés jusqu’à la fin de sa vie. Trois enfants naîtront dont l’aînée, Nuria, épousera Luigi Nono en 1955. Hormis quelques leçons de contrepoint avec Alexander von Zemlinsky, il apprend et comprend l’essentiel de l’écriture musicale par la lecture des grandes œuvres du passé et dans l’interprétation d’un très vaste répertoire de musique de chambre, essentiellement comme violoniste mais aussi comme violoncelliste. Cette expérience, qui irriguera toute son œuvre, alimentera ainsi de nombreuses démonstrations dans ses grands traités 8 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 8 03/09/12 16:10 DIMANCHE 9 septembre (harmonie, composition, esthétique). Dès 1903, il enseigne l’harmonie et le contrepoint à Vienne (école privée d’Eugénie Schwarzwald) ; l’activité de professeur restera au cœur de toute son existence, de Berlin (1926, à l’Académie des Arts) à Los Angeles (UCLA jusqu’en 1944) et se prolongera à travers des cours privés. Longtemps après les premiers élèves Anton Webern et Alban Berg (1904), avec lesquels se forme ce que l’histoire retiendra sous le nom de Seconde école de Vienne, de nombreux autres créateurs suivront ses cours, dont Hanns Eisler (1919) et John Cage en 1935 lors de séminaires d’été. Sa conscience aiguë de la nécessité de transmettre un savoir se concrétise, sur un plan strictement artistique, dans la fondation de la Société d’Exécutions Musicales Privées (1918-1921) dont les activités furent suspendues pour des raisons essentiellement financières. En 1903, il rencontre Mahler à Vienne ; revenant sur les réserves qu’il avait formulées jusqu’alors sur l’œuvre de ce dernier, Schönberg lui vouera une admiration indéfectible après avoir entendu la Troisième Symphonie. Le départ de Mahler pour les États-Unis, en 1907, coïncide curieusement avec les premiers pas dans la grande traversée des années 1907-1909 où la musique tonale basculera alors irréversiblement vers l’inconnu par la dissolution des fonctions classiques de l’harmonie d’abord, puis, ce qui est plus crucial encore, celle des repères thématiques : Deuxième Quatuor à cordes, Pièces pour piano op. 11, Livre des Jardins suspendus op. 15, Pièces pour orchestre op. 16, monodrame Erwartung op. 17… Lors de son séjour premier à Berlin (1901), Schönberg rencontre Richard Strauss dont l’influence marque le poème symphonique Pelléas et Mélisande op. 5 ; le second (1911) le fera croiser Ferruccio Busoni – défenseur de la nouvelle musique avec qui les rapports sont plutôt bons – mais c’est avec Kandinsky (rencontré à Munich) qu’il échangera une longue et précieuse correspondance (1911-1936). Après les turbulences et leur relative accalmie (Pierrot lunaire op. 21, Quatre chants op. 22) la période 19151923 voit un certain repli de l’invention au profit de multiples transcriptions mais surtout, et en même temps que la réflexion sur la future composition avec douze sons, l’essor d’une profonde pensée religieuse qui gouvernera la création à venir depuis l’immense oratorio inachevé L’Echelle de Jacob (1916) jusqu’aux Psaumes des dernières années, en passant par Moïse et Aaron (1932) et Kol Nidre (1938). L’adoption de la technique sérielle (1923) s’inscrit ainsi à la fois dans la perspective d’un authentique classicisme et dans celle d’une vision proprement messianique du rôle du créateur qui domine largement la pure question de la syntaxe à laquelle Schoenberg se verra si fréquemment confiné. L’année 1933 est décisive : reconversion au judaïsme (à Paris, le 25 octobre) abandonné en 1898 et départ définitif pour les USA (Boston puis, pour raisons de santé, la côte ouest) ; s’il américanise aussitôt l’orthographe de son nom (le ö devient oe) et écrit dorénavant directement en anglais, il ne deviendra citoyen américain que le 11 avril 1941. Jusqu’à la fin, ce sera le temps des relations fécondes, conflictuelles parfois, (avec Alma MahlerWerfel, Thomas Mann, Berthold Brecht, Hanns Eisler et… Theodor W. Adorno dont les écrits et le rôle dans la brouille avec Thomas Mann à propos du Docteur Faustus furent source de rapports orageux). Quant au voisin Igor Stravinski, la relation de respect mutuel reste limitée aux propos que chacun s’adresse par l’intermédiaire dévoué du chef d’orchestre et secrétaire de Stravinski, Robert Craft. Au repli de l’invention de 1933 – essentiellement centrée sur des travaux didactiques (canons) – succèdent les années d’épanouissement du style où parmi les puissantes œuvres tardives, certaines laissent affleurer l’idée de compatibilité avec un type nouveau de tonalité (Deuxième Symphonie de chambre op. 38, Ode à Napoléon op. 41, etc.). Trop fatigué par de lourds et fréquents problèmes de santé, Schoenberg ne peut se rendre en 1949 à Darmstadt où commence à s’élaborer la postérité du courant qu’il avait lui-même porté si haut. © Ircam-Centre Pompidou, 2009 BIOGRAPHIES DES INTERPRÈTES Pierre Boulez Né en 1925 à Montbrison (Loire), Pierre Boulez suit les cours d’harmonie d’Olivier Messiaen au Conservatoire de Paris. Nommé directeur de la musique de scène à la Compagnie RenaudBarrault en 1946, il compose la même année la Sonatine pour flûte et piano, la Première Sonate pour piano, et la première version du Visage nuptial pour soprano, alto et orchestre de chambre, sur des poèmes de René Char. Soucieux de la diffusion de la musique contemporaine et de l’évolution des rapports du public et de la création, Pierre Boulez, tout à la fois compositeur, analyste et chef d’orchestre, fonde en 9 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 9 03/09/12 16:10 1954 les concerts du Domaine musical (qu’il dirige jusqu’en 1967), puis l’Ircam en 1975 et l’Ensemble intercontemporain en 1977. Il est nommé chef permanent du BBC Symphony Orchestra à Londres en 1971. En 1969, il dirige pour la première fois l’Orchestre philharmonique de New York, dont il assure la direction de 1971 à 1977, succédant à Leonard Bernstein. En 1976, Pierre Boulez est invité à diriger La Tétralogie de Wagner à Bayreuth, dans une mise en scène de Patrice Chéreau, pour la commémoration du centenaire du Ring. Il dirigera cette production cinq années de suite. Son œuvre Répons, pour ensemble instrumental et ordinateur en temps réel, a été créée dans sa quatrième version lors du Festival d’Avignon en 1988. À la fin de l’année 1991, il abandonne ses fonctions de directeur de l’Ircam, tout en restant directeur honoraire. Professeur au Collège de France, Pierre Boulez est l’auteur de nombreux écrits sur la musique et d’une imposante discographie. Pierre Boulez est un artiste exclusif Deutsche Grammophon. www.deutschegrammophon.com Clement Power Le jeune chef d’orchestre britannique Clement Power possède une grande expérience à la tête de certains des plus importants orchestres et ensembles de musique contemporaine. Il a récemment travaillé avec le London Philharmonic Orchestra, le Philharmonia Orchestra, le Klangforum de Vienne, l’Ensemble intercontemporain et le Birmingham Contemporary Music Group. Il a également dirigé le BBC Scottish Symphony Orchestra ou l’Orchestre Symphonique de la NHK de Tokyo avec des diffusions sur BBC Radio 3, ORF 1, France Musique, NHK... Clement Power a été invité par de nombreux festivals internationaux comme le festival Agora de l’Ircam (Paris), Musikprotokoll (Graz), Suntory Summer Music Festival (Suntory Hall, Tokyo), Forum Universal de las Culturas (Monterrey), Ars Musica (Bruxelles), Huddersfield Contemporary Music Festival, Contempuls (Prague), SacrumProfanum Festival (Cracovie), Festival de Flandres-Brabant (Louvain), et Rainy Days (Philharmonie, Luxembourg). Il a dirigé la création mondiale de Hypermusic Prologue, l’opéra de Hèctor Parra au Centre Pompidou (Paris) et au Teatre del Liceu (Barcelone). Né à Londres en 1980, Clement Power a étudié à la Cambridge University et au Royal College of Music de Londres. De 2005 à 2006, il a été assistant au London Philharmonic Orchestra. Depuis, il est invité chaque année par le LPO pour diriger des ateliers et des concerts consacrés aux jeunes compositeurs. De 2006 à 2008, il a été assistant à l’Ensemble intercontemporain. Dans les mois à venir, Clement Power se produira avec le Klangforum de Vienne, le Birmingham Contemporary Music Group, le London Philharmonic et avec le New London Chamber Choir. Il fera ses débuts avec l’orchestre de chambre Avanti! en Finlande, l’ensemble Contrechamps en Suisse, l’Ensemble musikFabrik en Allemagne. Il sera en résidence au festival Impuls en Autriche. En 2011, Clement Power a travaillé avec Pierre Boulez pendant l’Académie du Festival de Lucerne. Il y revient cette année en tant qu’assistant de Pierre Boulez. Dans ce cadre, il dirigera Speakings de Jonathan Harvey. Par ailleurs, il dirigera Le Retable de Maître Pierre de De Falla dans la programmation générale du festival. Son premier CD, consacré au compositeur Hèctor Parra, a été enregistré avec l’Ensemble intercontemporain dans la collection Sirènes. Deborah Polaski Grâce à son interprétation de Brünnhilde dans la production du Ring mise en scène par Harry Kupfer à Bayreuth en 1988, Deborah Polaski s’est imposée au niveau international comme l’une des grandes sopranos dramatiques de l’histoire de l’opéra. En un siècle, personne n’avait autant qu’elle interprété ce rôle. Après des études aux États-Unis, elle s’est produite à Milan, Munich, Berlin et sur d’autres scènes plus modestes. Par la suite, elle a été invitée par toutes les grandes maisons d’opéra du monde : Vienne, Paris, Londres, Berlin (Staatsoper et Deutsche Oper), New York, Sydney, Milan, Florence, Barcelone, Madrid, Dresde, Leipzig, Munich, Hambourg, Cologne ainsi qu’au Festival de Salzbourg et au Festival de Pâques de cette même ville. Hormis Brünnhilde, son répertoire comprend d’autres grands rôles wagnériens : Senta (Le Vaisseau fantôme) dans lequel elle a débuté en 1976, Vénus (Tannhäuser), Ortrud (Lohengrin), Sieglinde (La Walkyrie), Kundry (Parsifal) et plus encore Isolde (Tristan et Isolde), rôle qui lui a valu la célébrité pour la première fois à Freiburg en 1984, puis à Stuttgart, Amsterdam, Dresde suivi de Salzbourg et Tokyo (pour ces deux occasions sous la direction d’Abbado), Florence (Mehta), Berlin (Barenboim), Barcelone (de Billy), Hambourg (Young) ou encore Vienne (Welser-Möst). S’y ajoutent les rôles principaux des opéras de Strauss, comme Ariane ou la Teinturière (La Femme sans ombre). Mais 10 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 10 03/09/12 16:10 DIMANCHE 9 septembre par-dessus tout, c’est son Elektra qui fait date dans l’histoire de l’opéra ; elle a en effet créé ce rôle près de deux cents fois à travers le monde, ceci avec les meilleurs chefs et metteurs en scène actuels. Son répertoire comprend également Marie dans Wozzeck et Léonore dans Fidelio. Après ses adieux au Festival de Bayreuth en 1998, elle s’est lancée avec méthode à la conquête d’un nouveau répertoire : Kostelnicka dans Jenufa (New York, Munich et Madrid), Cassandre et Didon dans Les Troyens (Festival de Salzbourg et Opéra de Paris), ainsi qu’Ariane dans Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas (2006) et la Femme dans Erwartung de Schœnberg (Leipzig et Prague en 2008, Hambourg et New York en 2010, Madrid en 2011 et Amsterdam en 2012). Ceci a été suivi d’autres débuts, ainsi lors de la saison 2010-2011 avec Madame de Croissy (Le Dialogues des Carmélites de Poulenc au Theater an der Wien de Vienne dirigé par Bertrand de Billy) et la Kabanicha (Katia Kabanova de Janaceck à la Wiener Staatsoper sous la baguette de Franz Welser-Möst). En avril 2012, elle a également débuté dans le rôle de la comtesse von Geschwitz au sein de la production de Lulu de Berg mise en scène par Andrea Breth et dirigée par Daniel Barenboim à la Deutsche Staatsoper de Berlin. Parallèlement à son travail dans le domaine de l’opéra, Deborah Polaski se produit régulièrement dans les meilleures salles de concert du monde, avec des orchestres tels que le New York Philharmonic Orchestra (sous la direction de Maazel) et le Berliner Philharmoniker (Abbado) ainsi qu’avec nombre de chefs dont Mehta, Levine, Bychkov, de Billy, Petrenko, Luisi, Prêtre et Simone Young. Elle collabore depuis de nombreuses années avec Daniel Barenboim, lequel l’a également accompagnée en tant que pianiste pour un récital à Berlin. Ses projets comprennent la Princesse dans Suor Angelica de Puccini et la Mère dans Il Prigioniero de Luigi Dallapiccola au Teatro Real de Madrid à l’automne 2012. Lors des saisons suivantes elle débutera également dans le rôle de la Nourrice (La Femme sans ombre) et dans celui de Mrs. Grose (Le Tour d’écrou de Britten). Elle incarnera Ortrud dans une nouvelle production de Lohengrin au Teatro Real de Madrid et reprendra le rôle de Madame de Croissy du Dialogues des Carmélites au Covent Garden de Londres. L’essentiel du répertoire de Deborah Polaski est disponible en enregistrement CD et/ou DVD. Très demandée depuis plusieurs années comme coach vocal, elle s’est vu décerner le titre de Österreichische Kammersängerin en 2003 ainsi qu’un doctorat honorifique de l’Université de Cincinnati en 2010. Thomas Goepfer De 2000 à 2004, Thomas Goepfer poursuit des études de flûte et de recherche appliquée à l’électroacoustique et à l’informatique musicale au CNSMD de Lyon. Il obtient son prix mention très bien et se consacre à la recherche et la création musicale en intégrant l’Ircam comme réalisateur en informatique musicale. Depuis, il collabore avec de nombreux compositeurs, artistes et plasticiens tels que Ivan Fedele, Gilbert Amy, Stefano Gervasoni et Cristina Branco pour Com que voz, l’ensemble intercontemporain, Hèctor Parra pour son opéra Hypermusic Prologue, Georgia Spiropoulos et Médéric Collignon pour Les Bacchantes, Sarkis pour sa relecture de Roaratorio de John Cage. Gilbert Nouno Gilbert Nouno est compositeur, réalisateur artistique et chercheur à l’Ircam. Il est lauréat de la Villa Médicis – Académie de France à Rome, en 2011, et de la Villa Kujoyama à Kyoto en 2007. Sa musique s’inspire des arts visuels et des technologies numériques dans une forme ouverte de composition entre écriture et improvisation. Docteur en informatique et en intelligence artificielle, il mène des recherches sur les interactions rythmiques homme-machine. Son parcours est jalonné de rencontres d’artistes de styles et de domaines différents, comme Pierre Boulez, José Luis Campana, Brian Ferneyhough, Jonathan Harvey, Michael Jarrell, Michaël Levinas, Philippe Manoury, Marc Monnet, Kaija Saariaho, Philippe Schœller, le collectif de jazz Octurn, le saxophoniste Steve Coleman, la chorégraphe Susan Buirge. Arshia Cont Arshia Cont est chercheur à l’Ircam et responsable de l’équipe-projet MuSync, un projet qui associe l’Ircam, le CNRS et l’Inria pour l’étude et le développement des processus synchrones et de temps réel en informatique musicale. Il est l’auteur du logiciel Antescofo, lauréat du prix spécial du jury du magazine La recherche en 2011. Sa thèse, soutenue en 2008 conjointement à l’université de Californie à San Diego et à l’UPMC, est lauréate du prix Specif/Gilles Kahn décerné par l’Académie des sciences en 2009. Depuis 2012, il est directeur du département Interfaces recherche/ création à l’Ircam qui met en place des voies nouvelles de médiation entre recherche scientifique et création artistique. Il est également réalisateur en informatique musicale à l’Ircam, 11 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 11 03/09/12 16:10 où il assure la création des œuvres de Marco Stroppa et Jonathan Harvey ainsi que la reprise et l’interprétation de divers répertoires instrumentaux pour dispositifs informatiques en temps réel. Ircam Institut de recherche et coordination acoustique/musique L’Institut de recherche et coordination acoustique/musique est aujourd’hui l’un des plus grands centres de recherche publique au monde se consacrant à la création musicale et à la recherche scientifique. Lieu unique où convergent la prospective artistique et l’innovation scientifique et technologique, l’institut est dirigé depuis 2006 par Frank Madlener, et réunit plus de cent soixante collaborateurs. L’Ircam développe ses trois axes principaux – création, recherche, transmission – au cours d’une saison parisienne, de tournées en France et à l’étranger et d’un nouveau rendezvous initié en juin 2012, ManiFeste, qui allie un festival international et une académie pluridisciplinaire. Fondé par Pierre Boulez, l’Ircam est associé au Centre Pompidou sous la tutelle du ministère de la Culture et de la Communication. Depuis 1995, le ministère de la Culture et de la Communication, l’Ircam et le CNRS sont associés dans le cadre d’une unité mixte de recherche STMS (Sciences et technologies de la musique et du son - UMR 9912) rejoints, en 2010, par l’université Pierre et Marie Curie (UPMC). www.ircam.fr Régisseur général Jean-Marc Letang Régisseurs son Martin Antiphon, Arnaud de la Celle Lucerne Festival Academy Orchestra Direction artistique Pierre Boulez Chef d’orchestre assistant Clement Power Responsable du management Dominik Deuber Organisation Lea Hinden Back Office Bigna Ruppen Milena Jankovic Depuis 2004, Pierre Boulez dirige la Lucerne Festival Academy, qu’il a créée avec Michael Haefliger, le directeur du Festival. Environ cent trente jeunes musiciens talentueux du monde entier se rassemblent tous les étés à Lucerne pour travailler des partitions contemporaines et modernes ; quotidiennement, dans des répétitions, des ateliers et des cours, le savoir-faire nécessaire à l’interprétation des musiques nouvelles leur sont transmis. Les œuvres qui sont au programme de cet enseignement sont ensuite présentées lors de concerts d’orchestre, d’ensemble et de musique de chambre. Il s’y ajoute un vaste programme annexe, qui comprend, outre des répétitions avec modérateur et des concerts expliqués/commentés, les séries «Open Stage» et « Spotlights » qui offrent aux académiciens une plateforme pour leurs propres projets et un palier vers d’autres formes et styles de musique. Boulez est soutenu par les professeurs d’instruments de l’Ensemble intercontemporain et par des chefs invités comme Jean Deroyer, Peter Eötvös, Pablo Heras-Casado ou David Robertson. Mais ce ne sont pas seulement des instrumentistes qui bénéficient de cette formation pratique de l’Académie : cette institution est également une bonne adresse pour les chefs d’orchestre et les compositeurs, car il y a chaque année un « cours de maître de direction » dans lequel Pierre Boulez et ses compétiteurs renommés initient les forces de la relève aux arcanes du métier. Des œuvres sont en outre régulièrement commandées à de jeunes compositeurs, par exemple dans le cadre du « Composer Project ». Au programme de l’été 2012, par exemple, on trouvait parallèlement à deux œuvres clés du début du XXe siècle – le monodrame Erwartung d’Arnold Schönberg et la Quatrième Symphonie de Charles Ives –, des compositions pour orchestre et ensemble plus récentes, notamment de Jonathan Harvey, Michael Jarrell et du « composer in residence » Philippe Manoury. Pour compléter le tout, des étudiants de la Lucerne Festival Academy ont mis sur pied spécialement pour les jeunes auditeurs, en coopération avec le Theater Basel et sous la direction de Clement Power, l’opéra de Manuel de Falla Les Tréteaux de Maître Pierre. En automne 2011, après des invitations à jouer notamment à Essen, Paris et New York ainsi que dans la ville japonaise de Mito, la Lucerne Festival Academy a entrepris avec les membres de l’Ensemble intercontemporain une tournée européenne qui les a conduits à Turin, Milan, Amsterdam, Paris, Munich et Londres. Le travail de la Lucerne Festival Academy a notamment fait l’objet du film documentaire Inheriting the Future, diffusé en 2010; l’an dernier, un double CD est sorti avec des œuvres de Mahler, Stravinski et Webern, sous la direction de Pierre Boulez. 12 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 12 03/09/12 16:10 DIMANCHE 9 septembre Violons Fatima Aaziza (Pologne) Leah Asher (USA) Javier Aznarez Maeztu (Espagne) Gordon Bragg (Angleterre) Mariano Ceballos (Argentine) Yumi Cho (Canada) Sonia Deng (USA) Amadeo Espina (Argentine) Lorenzo Gentili-Tedeschi (Italie) François Girard Garcia (France) Lisa Goddard (USA) Sheena Gutierrez (USA) Maximillian Haft (USA/Belgique) Paula Hedvall (Suède) Arusyak Hekimyan (Arménie) Hiroto Ishi (Japon) Valeria Ivanova (Russie) Marina Kifferstein (USA) Simon Kluth (Allemagne) Elizaveta Koshkina (Russie) Kaya Kuwabara (Japon) Chun-Hsin Lee (Taïwan) Eun Joo Lee (Corée) Tsukasa Miyazaki (Japon) Lachlan O’Donnell (Australie) Khai Ern Ooi (Malaisie) Louis Ouvrard (France) Eleonora Savini (Italie) Ségolène Saytour (France) Sakura Tsai (USA) Justine Vicens (France) Hanna Wranik (Pologne) Michiko Yamada (Japon) Malika Yessetowa (Kazakhstan) Jeffrey Young (USA) Altos Miriam Barfield (USA) Jeremy Bauman (USA) Cecilia Bercovich (Espagne) Federico Carraro (Italie) Ann Garlid (USA) Victor Guaita (Espagne) Isabel Hagen (USA) Rose Hashimoto (USA) Danny Lai (USA) William Lane (Australie) Anne Lanzilotti (USA) Hannah Levinson (USA) Kimi Makino (Japon) Stefania Pisanu (Italie) Beatrice Laplante (Canada) Michael McGowan (USA) Clarinettes Selene Framarin (Italie) Rozenn Le Trionnaire (France) Ana Maria Santos (Portugal) Peter Szucs (Hongrie) Tomonori Takeda (Japon) Violoncelles Erik Asgeirsson (Islande/USA) Eva Boesch (Suisse) Emily Brausa (USA) Meaghan Burke (USA) Un-Mi Han (Corée du Sud) Seung-Ri Jung (Corée du Sud) John Popham (USA) Mariel Roberts (USA) Julius Tedaldi (USA) Simon Thompson (Angleterre/Japon) Caleb Van der Swaagh (USA) Marie Ythier (France) Contrebasses Thibault Back de Surany (France) Mark Buchner (USA) Nathaniel Chase (USA) Andrew Chilcote (USA) DaeHee Choo (Corée du Sud) Joe Ferris (USA) Nicholas Jones (USA) Adrian Rigopulos (USA) Will Robbins (USA) Caleb Salgado (USA) Flûtes Julie Brunet-Jailly (France) Yi-Hsien Liao (Taïwan) Andrea Loetscher (Suisse) Doris Nicoletti (Autriche) Aniela Stoffels (Belgique/Luxembourg) Hautbois Claire Chenette (USA) Juliana Koch (Allemagne) Bassons Alfredo Altomare (Italie) Stephanie Patterson (USA) Arlette Probst (Suisse) Christopher Sales (USA) Cors Jena Gardner (USA) Sheryl Hadeka (USA) Antonio Lagares (Espagne) Kyusung Lee (Corée du Sud) Javier Molina Parra (Espagne) Emily Nagel (USA) Virginie Resman (France) Aurélien Tschopp (Suisse) Trompettes Matthew Conley (USA) Clément Formatché (France) Julián Goldstein (Argentine) Paul Hübner (Allemagne) Jonah Levy (USA) Johann Nardeau (France/Islande) Kevin Schmid (Suisse) Trombones/trombones basses Sebastiano Belfiore (Italie) Benoît Coutris (France) Ricardo Molla Albero (Espagne) Christoph Pimpl (Allemagne) David Rufer (Suisse) Johann Stocker (Suisse) Tuba Raphaël Martin (France) 13 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 13 03/09/12 16:10 Percussion Brian Archinal (USA) Christophe Drelich (France) Alexandre Esperet (France) Tomasz Kowalczyk (Pologne) Julien Mégroz (Suisse) João Carlos Pacheco (Portugal) Christian Smith (USA) Harpes Chloé Ducray (France) Esperanza Martin (Espagne) Pianos Antoine Alerini (France) Edward Cohen (Angleterre) Gilles Grimaître (Suisse) Imri Talgam (Israël) 14 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 14 03/09/12 16:10 Salle Pleyel | et aussi… SAMEDI 6 OCTOBRE 2012 - 20H LUNDI 5 NOVEMBRE 2012 - 20H DIMANCHE 10 FEVRIER 2013 – 16H Karol Szymanowski Symphonie n° 1 Concerto pour violon n° 1 Johannes Brahms Symphonie n° 1 Steven Stucky Silent Spring Jean Sibelius Concerto pour violon Anton Dvorák Symphonie n° 9 « Du nouveau monde » Ludwig van Beethoven Egmont, ouverture op. 84 Béla Bartók Concerto pour piano n° 2 Johannes Brahms Symphonie n° 2 Pittsburgh Symphony Orchestra Manfred Honeck, direction Nikolaj Znaider, violon National Symphony Orchestra Washington Christoph Eschenbach, direction Tzimon Barto, piano London Symphony Orchestra Valery Gergiev, direction Janine Jansen, violon Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz dans le cadre du Programme Polska Music et de l’Institut Polonais de Paris. DIMANCHE 25 NOVEMBRE 2012 – 16H DIMANCHE 7 OCTOBRE 2012 - 16H Johannes Brahms Ouverture tragique Karol Szymanowski Symphonie n° 2 Johannes Brahms Symphonie n° 2 Ludwig van Beethoven Coriolan, ouverture op. 62 Concerto pour piano n° 3 Joseph Haydn Symphonie n° 103 « Roulement de timbales » Academy of St Martin in the Fields Murray Perahia, piano, direction Avec le soutien de l’Institut Adam Mickiewicz MARDI 4 DECEMBRE 2012 – 20H dans le cadre du Programme Polska Music et de l’Institut Polonais de Paris. Piotr Ilitch Tchaïkovski Concerto pour violon Nikolaï Rimski-Korsakov Shéhérazade Orchestre National du Capitole de Toulouse Tugan Sokhiev, direction Vadim Gluzman, violon Salle Pleyel Président : Laurent Bayle Notes de programme Éditeur : Hugues de Saint Simon Rédacteur en chef : Pascal Huynh Coproduction Orchestre National du Capitole de Rédactrice : Gaëlle Plasseraud Toulouse, Salle Pleyel. Graphiste : Elza Gibus Stagiaire : Coline Feler. Les partenaires média de la Salle Pleyel 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 15 Imprimeur La Galiote-Prenant | Imprimeur BAF | Licences : E.S. n°1-1056849, n°2-1056850, n°3-1056851. Coproduction Piano****, Salle Pleyel. London Symphony Orchestra Valery Gergiev, direction 03/09/12 16:10 World summit of classical music. LUCERNE FESTIVAL at the Piano 19 – 25 November 2012 LUCERNE FESTIVAL at Easter 16 – 24 March 2013 LUCERNE FESTIVAL in Summer 16 August – 15 September 2013 www.lucernefestival.ch 9/09 LUCERNE-BOULEZ.indd 16 03/09/12 16:10