Travail des enfants 2

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Travail des enfants 2
FICHE D’INFORMATION : TRAVAIL DES ENFANTS
Les faits
On estime que 246 millions enfants travaillent. Près de 70 % d’entre eux (171 millions)
travaillent dans des conditions dangereuses – ils travaillent dans des mines ou au
contact de produits chimiques et de pesticides dans l’agriculture ou de machines
dangereuses. Ils sont partout, mais invisibles, peinant comme travailleurs domestiques
ou derrière les murs d’ateliers, ou à l’abri des regards dans les plantations.
L’immense majorité des enfants qui travaillent – environ 70% – sont employés dans le
secteur agricole.
Des m illions de filles travaillent comme domestiques ou comme femmes de ménage non
rémunérées, et sont tout particulièrement exposées à l’exploitation et aux mauvais
traitements.
Des millions d’autres enfants travaillent dans des conditions abominables. Ils sont
victimes de la traite (1,2 million), réduits à la servitude pour dette ou d’autres formes
d’esclavage (5,7 millions), livrés à des réseaux de prostitution et/ou de pornographie
(1,8 million) ou utilisés comme soldats dans les conflits armés (300 000).
Il ressort des estimations régionales que :
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la région de l’Asie et du Pacifique abrite le plus grand nombre d’enfants qui
travaillent dans le groupe d’âge des 5 à 14 ans, soit 127,3 millions au total (19 %
des enfants de la région travaillent);
l’Afrique subsaharienne compte environ 48 millions d’enfants qui travaillent. Près
d’un enfant de moins de 15 ans sur trois (29 %) est économiquement actif;
la région de l’Amérique latine et des Caraïbes abrite environ 17,4 millions
d’enfants qui travaillent (16 % des enfants de la région travaillent);
15 % des enfants de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord travaillent;
quelque 2,5 millions et 2,4 millions d’enfants travaillent dans les pays développés
et les pays en transition, respectivement.
Instaurer un environnement protecteur pour les enfants
Les services éducatifs doivent exister et ils doivent être gratuits, obligatoires, adaptés
et attrayants. Tous les enfants ont droit à l’éducation. Il s’impose que les enfants et les
parents considèrent que l’école est préférable à un emploi.
Les gouvernements doivent faire en sorte que tous les enfants aient accès à un
enseignement obligatoire, comme première mesure à opposer au travail des enfants.
Ils doivent conformer leur action aux normes internationales telles que la Convention
n°182 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur les pires formes de travail des
enfants, qui a été ratifiée par 132 d’entre eux. Et ils doivent s’assurer de l’existence
d’une législation permettant de poursuivre les employeurs qui exploitent les enfants.
Les ressources nécessaires à ce combat existent. Les ministères des finances doivent,
tout comme les ministères à vocation sociale traditionnellement associés à la protection
de l’enfance, accorder une attention prioritaire au travail des enfants. Les pays en
développement peuvent montrer le sérieux de leur engagement en affectant des
ressources plus importantes aux services sociaux de base.
Les mentalités et les pratiques doivent changer. Trop souvent, les familles et les
communautés locales n’ont pratiquement aucune objection à opposer au travail des
enfants. Souvent, on pense que pour une fille, le travail est une activité plus appropriée
que l’école. Dans le cas du travail forcé et du travail servile, il y a pu y avoir malentendu
sur la nature de l’accord en vertu duquel l’enfant est lié à son employeur. Le fait que les
propriétaires fonciers et les autres employeurs soient prêts à exploiter les enfants de la
sorte et le fait que la société ne désapprouve pas les employeurs qui opèrent de cette
façon conjuguent leurs effets pour priver les enfants de protection.
Il faut mettre en place une législation proscrivant le travail des enfants. Surtout, elle
doit être strictement appliquée.
Les gouvernements et d’autres entités ont besoin de savoir combien d’enfants
accomplissent l’une ou l’autre des formes de travail. Ils doivent aussi recueillir des
informations sur le sexe, l’âge et l’appartenance ethnique des enfants afin de
comprendre comment ils sont devenus vulnérables et d’élaborer des dispositifs
d’intervention efficaces.
Il faut soustraire immédiatement les enfants aux pires formes de travail des
enfants et mettre à leur disposition des soins et des services éducatifs.
Il faut prendre en considération les opinions des enfants dans le cadre des
programmes d’aide aux enfants qui travaillent. Si l’on veut proposer aux enfants de
véritables solutions pour les amener à renoncer à un travail dangereux, il est
indispensable d’en faire des partenaires actifs dans la recherche de ces solutions.
Les pays donateurs peuvent montrer qu’ils prennent leur engagement au
sérieux en accroissant la proportion de l’aide allouée aux services sociaux de base
et en appuyant la remise des dettes.
L’intervention de l’UNICEF
Les 246 millions d’enfants qui travaillent attestent par leur simple existence que le
monde n’a pas su protéger les enfants. Ils sont également la raison pour laquelle
l’UNICEF s’emploie prioritairement à créer un environnement protecteur pour les
enfants, qui les mette à l’abri de l’exploitation et de la maltraitance.
Les mesures prises par l’UNICEF contre le travail des enfants sont fondées sur des
politiques centrées sur l’enfant – qui considèrent les enfants comme capables
d’adaptation tout en étant vulnérables, capables tout en manquant d’expérience, et actifs
plutôt que passifs dans leur développement. Aussi un environnement protecteur pour
les enfants doit-il comporter des stratégies consistant à amener et garder à l’école les
enfants et les jeunes. Il doit également permettre à l’UNICEF:
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d’empêcher toutes les formes de travail des enfants qui leur sont préjudiciables;
de s’inspirer dans son travail du document relatif aux droits de l’homme ratifié par
le plus grand nombre de pays dans l’histoire – la Convention relative aux droits
de l’enfant;
d’appuyer d’autres aspects essentiels du développement de l’enfant, notamment
la santé, la nutrition et l’assainissement;
de forger des alliances avec d’autres partenaires;
d’œuvrer à la ratification et à l’application de la Convention n° 182 de l’OIT pour
bannir immédiatement les pires formes de travail des enfants.
La législation sur le travail des enfants a été renforcée dans de nombreux pays et un
certain nombre de sociétés internationales ont adopté des codes de conduite
concernant le travail des enfants.
L’UNICEF en action
Au Bangladesh, l’UNICEF, l’OIT et l’Association des confectionneurs et exportateurs de
vêtement du Bangladesh ont conclu un accord pour bannir le travail des enfants dans
les ateliers de confection du pays. Les enfants ainsi libérés du travail ont reçu une
allocation pour aller à l’école, financée par l’Association, l’UNICEF et l’OIT. En 1998, 10
500 avaient été retirés de leur lieu de travail à la faveur de ce programme, et quelque 80
% étaient inscrits dans des écoles de proximité mises sur pied par deux ONG. Un
accord complémentaire a été mis au point pour que ces enfants restent à l’école après
l’âge de 14 ans.
Au Brésil, l’UNICEF et ses partenaires ont aidé des enfants qui travaillaient à reprendre
le chemin de l’école et ont mis sur pied des activités destinées à compléter leur
éducation, promouvoir la participation familiale et communautaire et offrir des cours
d’instruction civique aux enfants, aux adolescents et aux familles. L’UNICEF a aussi
appuyé la création du Front parlementaire pour les droits des enfants et des
adolescents, qui surveille la législation concernant les enfants.
Au Népal, l’UNICEF applique un programme d’éducation parentale pour sensibiliser les parents aux
effets néfastes du travail des enfants et s’emploie à donner aux enfants âgés de 3 à 5 ans un espace
protecteur et stimulant d’apprentissage et de jeu dans des centres de développement de l’enfant
implantés dans des structures de proximité. En 1999, 50 000 parents et autres dispensateurs de soins
ont participé à ce programme.
En République -Unie de Tanzanie, l’UNICEF et l’OIT ont fait œuvre de sensibilisation
au travail des enfants et appuyé la formation et la mobilisation des représentants des
syndicats, des ONG et d’autres groupes. Ce travail a renforcé la capacité des
communautés locales d’analyser les raisons pour lesquelles les enfants sont forcés de
travailler et d’imaginer des moyens de les faire aller à l’école. En outre, les systèmes
d’enregistrement des naissances ont été améliorés et l’inscription des enfants à l’école
est surveillée.
Au niveau international, l’UNICEF a appuyé l’adoption de la Convention n° 182 de l’OIT
pour faire bannir immédiatement les pires formes de travail des enfants et réclame avec
insistance sa ratification et à son application. Au niveau national, l’UNICEF coopère
avec les gouvernements à l’élaboration des plans d’action nationaux assortis d’un
calendrier précis exigés par cette convention.
Définitions
Les enfants et le travail : l’UNICEF ne s’oppose pas au principe même du travail des
enfants. La participation des enfants à l’activité économique peut, à condition de ne pas
compromettre leur santé et leur développement ou les empêcher d’aller à l’école, être
pour eux une expérience enrichissante. En vertu de la Convention n° 138 de l’OIT, le
travail léger (qui ne nuit pas à l’éducation) est autorisé à partir de l’âge de 12 ans.
Travail des enfants : le travail des enfants est un concept beaucoup plus restrictif qui
désigne le travail auquel les enfants sont astreints en violation des normes de l’OIT
énoncées dans les Conventions n° 138 et 182. Par « travail des enfants », on entend
alors l’activité économique – quelle qu’elle soit – exercée par un enfant de moins de 12
ans, le travail autre qu’un travail léger lorsqu’il est accompli par un enfant âgé de 12 à 14
ans et, pour tous les enfants, les pires formes de travail des enfants.
Les pires formes de travail des enfants : elles concernent les enfants réduits en
esclavage, recrutés de force, forcés de se prostituer, victimes de la traite, forcés de se
livrer à des activités illicites ou exposés à des dangers.
Article applicable de la Convention relative aux droits de l’enfant
Article 32(1):
Les États parties reconnaissent le droit de l’enfant d’être protégé contre l’exploitation
économique et de n’être astreint à aucun travail comportant des risques ou susceptible
de compromettre son éducation ou de nuire à sa santé ou à son développement
physique, mental, spirituel, moral ou social.