Inférences

Transcription

Inférences
Février
2016
Par Émilie Naud
M. Sc., orthophoniste
www.crcm.ca
Les inférences – apprendre à lire entre les lignes
L’enfant apprend le langage graduellement au gré de son exposition à sa langue maternelle. Plus
l’enfant est exposé à diverses formes de langage; soit à travers les jeux et les histoires, plus il
développe sa compréhension et plus les liens se tissent entre ses apprentissages et son vécu.
QU’EST-CE QU’UNE INFÉRENCE ?
Une inférence, c’est un acte de déduction. En d’autres mots, c’est deviner une information qui n’était
pas explicitement exprimée ou encore, c’est de savoir « lire entre les lignes ». Par exemple, si un
enfant entend « Il va falloir mettre un imperméable! » alors que son parent regarde par la fenêtre;
l’enfant fait le lien entre « imperméable » et le temps qu’il fait dehors, même s’il ne voit pas la pluie
qui tombe. Il existe plusieurs types d’inférences telles que déduire le but d’un personnage, inférer
ses émotions, trouver la solution à un problème, prédire la suite des évènements, etc.
POURQUOI S’Y INTÉRESSER ?
Les enfants apprennent très tôt à faire des inférences ; bien avant l’entrée à l’école. Les inférences
des enfants peuvent même nous décrocher un sourire à l’occasion : « Maman, si j’avais été un
garçon, est-ce que j’aurais été dans le ventre de papa? » Pour certains enfants ayant des difficultés
de compréhension, la réalisation d’inférences est quelque chose d’ardu. Sachant que nous devons
inférer pour être capable de comprendre des blagues, de prédire un événement ; bref, pour être
pleinement compétent tant au plan social qu’académique, il apparaît essentiel de donner les bons
outils aux enfants d’âge préscolaire pour qu’ils puissent développer leurs habiletés à faire les
bonnes inférences.
COMMENT DÉVELOPPER LES INFÉRENCES ?
Tout d’abord, il faut savoir que les enfants ne maîtrisent pas tous les types d’inférences du même
coup. Les récentes études* suggèrent que les enfants de 3-4 ans sont en mesure d’identifier les
buts et d’inférer les émotions des personnages, mais que la capacité à résoudre un problème
n’apparait qu’à 5 ans. Il est intéressant pour les intervenants de considérer ces informations dans
leurs interventions. Comme les enfants de 4 ans sont capables de déduire une émotion, mais
incapables de trouver la solution au problème, l’adulte peut se servir de ce que l’enfant est capable
de faire pour étayer un éventail de solutions possibles et soutenir le développement de ce type
d’inférence qui sera vraisemblablement consolidé dans la prochaine année. L’adulte peut donc
puiser dans le vécu de l’enfant pour l’aider à faire des liens avec ses expériences personnelles pour
trouver une solution. Exemple : Tu fais quoi toi quand tu as de la peine? Tu penses qu’il fera quoi
Benjamin dans l’histoire? Tu fais quoi toi quand tu perds quelque chose?
* FILIATRAULT-VEILLEUX, P., BOUCHARD, C., TRUDEAU, N., DESMARAIS, C., (2015) Inferential comprehension of 3-6 years-old within the contexte
of story grammar : a scoping review, Internation Journal of Language and Communication Disorders, 0, 1-13.
VOICI DES PISTES INTÉRESSANTES POUR STIMULER LE DÉVELOPPEMENT DES
INFÉRENCES :
Opter pour une lecture « interactive » avec l’enfant.
Il s’agit de poser les questions au fur et à mesure plutôt qu’à la toute fin de l’histoire. Cela évite de
mettre l’accent uniquement sur la « mémoire » et développe véritablement la « compréhension ».
Choisir des histoires qui respectent le schéma narratif :
 une situation initiale (c’est qui dans l’histoire? ça se passe où? ça se passe quand?)

un problème (qu’arrive-t-il dans cette histoire?)

une résolution (fin heureuse ou malheureuse)
Faire parler les personnages.
Ainsi, vous pouvez expliciter les émotions avec votre voix.
Reprendre fréquemment la même histoire.
Cela permet à l’enfant de mieux comprendre les inférences et de prédire plus facilement les
évènements.
Commenter les images et faire remarquer les détails.
Poser des questions ouvertes à l’enfant.
Par exemple: Pourquoi est-il fâché ? Où est-il ? Quand cela se passe-t-il ?
Ne pas laisser l’enfant à lui-même devant une incompréhension.
Soutenir l’enfant en ajoutant un geste pour faciliter sa compréhension, en attirant son attention sur
un détail important, en utilisant une phrase porteuse (ex : « parce qu’il a vu un…» fantôme !) ou en
reformulant sa réponse.
Toujours assurer le PLAISIR dans la lecture-partagée avec l’enfant.
Bonne lecture « interactive » avec vos enfants !
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Nous pourrons vous aider en vous présentant des recommandations ou en effectuant un suivi
auprès de votre enfant, si nécessaire.
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