les premices de l`amour

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les premices de l`amour
LES PREMICES DE L’AMOUR
En entrouvrant les portes du passé, l’Homme sait qu’il restera toujours une porte
fermée et pourtant, il continue à avancer, pas à pas, s’apercevant qu’il a tout à
apprendre, à partir du moment où il croit savoir. Voilà ce que nous dévoilent les
particules en deçà de l’atome. Mais au-delà ?
On constate qu’après l’atome, la progression de l’évolution s’est faite grâce à des
liaisons chimiques qui ont permis d’unir les atomes entre eux pour former des
molécules et que ces molécules détiennent les secrets de la progression de l’évolution, à
partir des éléments de base que sont les atomes.
Les atomes nous renseignent sur les éléments constitutifs de la matière alors que
les molécules annoncent la naissance du vivant d’où jaillira la pensée. Raymond Daudel,
spécialiste du monde moléculaire exprime dans un raccourci saisissant et combien
révélateur, le pouvoir des molécules : « Elles s’enchaînèrent pour écrire le premier
message génétique capable de se reproduire. D’étranges rayonnements venus d’astres
lointains, bousculèrent cet enchaînement pour produire des espèces nouvelles. Et les
organisations cellulaires s’enrichirent au point de porter la mémoire, la connaissance
et l’amour ! L’univers a donné naissance à l’Homme et l’Homme donna un sens à
l’univers ».(1)
Teilhard de Chardin avait anticipé cette vision en décelant dans l’amour l’unique
stimulant de l’attraction universelle : « La manière la plus expressive et la plus
profondément vraie, de raconter l’Evolution universelle serait sans doute de retracer
l’Evolution de l’Amour. » (2)
En approfondissant cette vision admirable, on peut découvrir dans l’union des
atomes les fondements de la sexualité qui aboutira à l’amour. Si deux atomes se
rapprochent toujours plus jusqu’à s’interpénétrer, l’électron d’un des atomes ayant attiré
irrésistiblement le noyau de l’autre, on constate que les pôles de même signe se
repoussent tandis que ceux de signes contraires s’attirent.
Dans la réalité humaine, deux individus ne s’attirent et ne s’unissent normalement
que s’ils sont de sexes différents, pour donner naissance à une nouvelle entité.
L’attirance d’individus de même sexe ne donnera qu’une union stérile et apparaîtra du
simple point de vue de l’évolution, contre nature.
L’évolution de la matière donne un sens au monde à venir, en préfigurant le
comportement futur des individus, leur attirance et leur répulsion. L’amour, mais aussi la
haine illustrée par les violences de toutes sortes. Les liaisons moléculaires qui
déboucheront sur la cellule et plus tard sur la vie, représentent la clé de l’organisation
future du monde vivant. Elles préfigurent la capacité des Hommes et des peuples de
s’unir en des ensembles plus vastes.
Bien avant l’injonction des grandes religions d’aimer son prochain, l’amour est
apparu à la suite d’un long processus qui a débuté dans le cosmos. Il représente
l’unique espérance qui évite à l’Homme de s’abandonner à la fatalité, puisqu’il est
facteur de création. Mais l’amour n’a véritablement émergé qu’avec l’apparition de l’être
humain qui a le pouvoir de l’introduire dans la poursuite de l’évolution dont il a la
responsabilité.
Tout le monde sait que la passion entre deux amants est capable de déchainer des
forces considérables. Souvenons-nous de l’aventure d’Héloïse et d’Abélard, parmi tant
d’autres, en écho à cette parole de saint Augustin : « La seule mesure d’aimer est
d’aimer sans mesure ».
Bernard Pierrat
octobre 2009
(1)« Vision moléculaire du monde », CNRS 1992
(2) Tome 6, p. 41

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