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JURIDIQUE
ÉCONOMIE
Déjeuner-Débat
Le manque de flexibilité du
marché du travail et une
réglementation volatile
cristallisent le débat sur la
compétitivité des entreprises.
Anne-Sophie Panseri (Maviflex) : « Nous souffrons de la
concurrence déloyale des auto-entrepreneurs ».
mentation sociale et fiscale volatile, principaux
freins à la compétitivité. Mais quels critères une
entreprise compétitive doit-elle réunir ?
Gilbert Marchiol insiste sur l’exigence « d’un environnement équitable où l’entreprise peut réaliser
sa valeur ajoutée ». Maryline Jacquin-Sgarbossa
insiste sur l’impératif de productivité et, faisant
référence au domaine du BTP où intervient son
entreprise, le respect des règles de l’art. AnneSophie Panseri rappelle que la compétitivité suppose des marges de manœuvre pour financer la
R&D et le développement à l’international. Hubert
Damoy relaie l’une des préoccupations du Medef
et de ses partenaires, le coût excessif du travail
qui empêche beaucoup d’entreprises de s’adapter à des marchés de plus en plus concurrentiels.
Pour Joël Chareyron, une entreprise compétitive
est d’abord celle qui « adapte et réinvente son
modèle en permanence ». Des propos relayés
par Richard Juan qui plaide pour l’innovation à
toutes les étapes de la chaîne de production.
Plus incisif, Laurent Constantin insiste sur la
notion de liberté d’entreprendre, valeur première
de l’entreprenariat. « Nous avons besoin d’avoir
l’esprit libre, avancer en liberté. Surtout que personne ne me dise qui je dois employer ».
Le contexte règlementaire cristallise les nombreuses critiques émises par les participants à
l’égard d’un Etat jugé en dehors des réalités de
l’entreprise. « Nous avons besoin d’une liberté
d’embaucher et de débaucher en fonction des
carnets de commande », insiste Maryline JacquinSgarbossa. « Sans liberté de licencier, il n’y a pas
d’embauche durable », renchérit Gilbert Marchiol.
Anne-Sophie Panseri dénonce la suppression
de certaines mesures prises par le gouvernement précédent. « Les salariés refusent les heures
supplémentaires depuis qu’elles sont à nouveau
taxées. Tout ce qui a été mis en place par le précédent gouvernement pour le pouvoir d’achat a
été sabordé ». Ils ne sont pas tendres non plus
Gilbert Marchiol, président d’honneur de la Métallurgie
Rhodanienne : « Le Portugal, l’Espagne et l’Italie ont revu tout ce
qui bloquait au niveau du travail. La France doit le faire aussi ».
Hubert Damoy (API) : « Quand un pays est géré par idéologie,
cela ne peut pas fonctionner ».
Initiés au printemps, les petits-déjeuners thématiques, organisés par les Petites Affiches lyonnaises en partenariat avec le Medef Lyon-Rhône,
ont repris au Café du Pond. Anne-Sophie Panseri, Pdg de Maviflex, et Maryline Jacquin-Sgarbossa, dirigeante de SMS et membre du BTP
du Rhône, Laurent Constantin et Philip Husson,
respectivement dirigeants d’Acti et de Labofill,
Hubert Damoy, Pdg d’API, et Joël Chareyron
de Facilliance, mais aussi Gilbert Marchiol, président d’honneur de la Métallurgie du Rhône, et
Me Richard Juan, du cabinet d’avocat TAJ, ont
accepté de plancher sur le thème de la compétitivité des entreprises. Tous dénoncent le manque
de flexibilité du marché du travail et une régle-
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PETITES AFFICHES LYONNAISES ÉCONOMIE - JURIDIQUE DU VENDREDI 5 AU JEUDI 11 OCTOBRE 2012
PHOTOS : A. SANHUEZA.
« SANS LIBERTÉ DE LICENCIER, IL N'
avec les syndicats, noyautés par les fédérations
du public qui « ne connaissent pas l’entreprise
privée ». Les syndicats vivraient dans un monde à
part. « Ils n’ont qu’un seul but : conserver les acquis
sociaux », rebondit Maryline Jacquin-Sgarbossa.
« Nous avons besoin de l’Etat, reconnaît Philip
Husson. Mais d’un Etat qui assume correctement
ses fonctions régaliennes, pas d’un Etat qui s’immisce dans la vie des entreprises. L’accumulation
de normes nous pénalise par rapport aux concurrents. La réglementation nous flingue ». Anne-
Joël Chareyron (Facilliance) : « La société manque de
conscience économique. Il faut expliquer aux salariés, faire de
la pédagogie ».
N'Y A PAS D'EMBAUCHE DURABLE »
saire travail de pédagogie et de sensibilisation
à la chose économique qu’il faut mener auprès
des salariés et du public en général. « Nous
avons les politiques qu’on mérite », regrette
Maryline Jacquin-Sgarbossa. Hubert Damoy lui
emboîte le pas : « Quand un pays est géré par
idéologie, ça ne peut pas fonctionner ». Gilbert
Marchiol dénonce le manque de courage, rappelant que « le Portugal, l’Espagne et l’Italie ont revu
tout ce qui bloquait au niveau du travail. La France
doit le faire aussi ». Laurent Constantin note
que, contrairement aux dirigeants d’entreprise,
« l’homme politique ne met pas sa responsabilité en jeu ». Tous ont conscience de l’épée de
Damoclès que constituent les élections et leurs
conséquences sur les décisions à court terme.
« Il faudrait mettre en place un gouvernement de
sages qui ne soit pas formé par des politiques
qui changent tous les cinq ans », esquisse Philip
Husson. Une idée intéressante mais utopique
dans un environnement qui, selon Richard Juan,
renoue avec une « logique de lutte des classes ».
Antonio Mafra
Sophie Panseri aborde le thème de la distorsion
de la concurrence avec le statut d’auto-entrepreneurs. Maryline Jacquin-Sgarbossa dénonce les
pratiques des prix inférieurs au prix de revient,
« pratiques que l’Etat favorise en sélectionnant le
moins disant ». « L’Etat n’est pas l’interlocuteur de
l’entreprise », déplore Laurent Constantin. Il cite
l’exemple de la loi qui oblige une entreprise à
employer 6 % de travailleurs handicapés. « Mais
où vais-je trouver ces personnes handicapées et
formées ? Résultat, pour échapper à l’amende, je
passe commande de mes imprimés à un CAT au
détriment de mon fournisseur habituel. Ici, c’est
l’Etat qui crée la distorsion de concurrence ». Rappelant que l’entreprise contribue à l’épanouissement de la société, Richard Juan tempère, notant
qu’il faut trouver un juste équilibre entre un cadre
figé et des règles qui changent tous les ans.
La compétitivité de l’entreprise passe aussi par
celle de ses salariés. La plupart des intervenants
plaide pour une formation plus efficace. Mais
seulement. Joël Chareyron insiste sur le néces-
Maryline Jacquin-Sgarbossa, (SMS /BTP Rhône) :
« Dans le BTP, les entreprises pratiquent des prix inférieurs au
prix de revient. L’Etat favorise cette pratique dangereuse en
sélectionnant le moins disant ».
Laurent Constantin (Acti) : « L’Etat doit respecter la valeur
première de l’entrepreneuriat : la liberté. Que personne ne me
dise qui je dois employer ».
Philip Husson (Labofill) : « Nous avons besoin de l’Etat pour les
fonctions régaliennes quand il les assume correctement, pas
pour la vie de l’entreprise ».
Richard Juan (TAJ Avocats) : « Il ne faut pas un cadre figé mais il
ne faut pas non plus changer de règles tous les ans ».
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