REVUE DE PRESSE NASSER MARTIN

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REVUE DE PRESSE NASSER MARTIN
REVUE DE PRESSE NASSER MARTIN-GOUSSET
Agent double
De notre collaboratriceFrance Clarinval
16 juin 2011
Le Quotidien
(Luxembourg)
Copyright 2011 Lumedia SA All Rights Reserved
DANSE La nouvelle création de Nasser Martin-Gousset, Pacifique, tourne autour du personnage de l'espion
dans une ambiance très seventies et une esthétique pop.
Après Comedy, à l'exubérance kitsch et aux rêveries sixties dignes d'une Panthère rose, Nasser Martin-Gousset
continue son exploration chorégraphique du cinéma avec Pacifique où il lorgne du côté de James Bond.
Nasser Martin-Gousset a longtemps travaillé aux côtés de Sasha Waltz et il en garde un indéniable talent pour la
narration. Passionné de cinéma, très cultivé dans ce domaine, le chorégraphe français rend hommage aux grands
films populaires à travers diverses figures emblématiques.
En 2006, c'était Péplum, épopée vénéneuse des passions hollywoodiennes, puis Comedy (2008), virée festive
parmi l'inquiète insouciance des sixties. Pour Pacifique, son intérêt s'est porté sur James Bond à la fois l'espion
par excellence, mais aussi le grand séducteur devant l'Éternel. Il propose ainsi un nouveau genre de spectacle
dansé: le thriller aquatique.
Sur le plateau, on tourne: «Moteur, action». Si Pacifique voit la vie en bleu, les intentions de son créateur ne sont
peut-être pas aussi tranquilles que le titre le laisse entendre. L'exploration de l'eau, matière fluide et inquiétante,
recèle ses mystères. Le chorégraphe installe son intrigue, et ses 14 danseurs, dans un café planté devant la baie
de Nice, aux abords d'une plage. Mais sont-ils vraiment sur la plage, ou en bateau, ou dans un aquarium?
L'énigme reste entière, mais l'immersion en tout cas est certaine.
Toutes les palettes du bleu de la mer scintillante aux dégradés du ciel nous invitent à plonger dans les fonds de
l'image, les eaux troubles des séries noires. Tandis que nous nous trouvons projetés dans l'ivresse baroque des
seventies, les formes concrètes s'évanouissent peu à peu pour faire la part belle à un songe aquatique où les
danseurs glissent progressivement derrière le voile du réel pour aller s'amarrer aux rives d'un rêve déjanté aux
accents de roman policier.
Érotismeet violence
«Dans les films de James Bond, il y a ce mélange d'érotisme et de violence, comme deux facettes d'un même
personnage», indique Nasser Martin-Gousset. C'est l'ambiguïté de ce héros, notamment dans son rapport aux
femmes, qui l'intéresse et lui sert de prétexte à des scènes virtuoses qui basculent volontiers dans le romanesque.
«Les corps en combat sont très graphiques, stylisés. Le cinéma offre un langage dont je peux m'amuser.»
Le mouvement de la mer fait écho aux mouvements des corps, aussi fluides et insaisissables que l'eau. Ici, la
mobilité résonne sur le décor, se propage en sursauts nerveux, déhanchés chaloupés et fluides ondulations,
brusquement pétrifiées dans leur course. Avec une belle distribution, le chorégraphe a le sens du groupe et ne
laisse pas le regard s'appesantir sur un personnage plutôt qu'un autre.
Lorgnant toujours du côté du burlesque, voire du slapstick, il met en scène des jeux de rôles, de masques et
d'apparences qui sont propices aux rencontres incongrues, aux situations décalées. Le tout dans une ambiance
qui revisite standards musicaux de John Barry, avec une débauche de couleurs comme dans un Vasarely sous
LSD, au cœur des années 70, minées par la folle inconscience des excès en tous genres.
Grand Théâtre - Luxembourg. Demain et samedi à 20h.
La danse de l'agent double
23 septembre 2010
Le Quotidien
(Luxembourg)
Copyright 2010 Lumedia SA All Rights Reserved
DANSE Nasser Martin-Gousset propose, avec son Pacifique,un thriller aquatique pastichant James Bond.
Pacifique, présenté en première mondiale cette semaine à la biennale de la Danse de Lyon, propose une plongée
narquoise dans les années 1970 et l'univers de James Bond, doublée d'un récit initiatique aux accents plus
sombres.
Très attendue depuis le succès de Peplum (2006) et Comedy (2008), la nouvelle pièce de Nasser Martin-Gousset
est programmée à Paris (au théâtre de la Ville du 9 au 13 février 2011), Rouen, Metz et Luxembourg (en juin
2011), avant une tournée internationale.
Porté une nouvelle fois par l'amour du cinéma, Pacifique est né «il y a plus de 20 ans, en écoutant Return to the
Sea, une symphonie de 24 minutes écrite par John Barry pour le film The Deep», raconte le chorégraphe
lyonnais de 45 ans. Au fil des ans, cette «envie de travailler sur l'immersion et les profondeurs, qui devait être
une pièce sur les poissons», s'est nourrie de l'esthétique des années 1970 et de la fascination exercée par James
Bond, «entre glamour et violence».
Enlevée et souvent drôle, la pièce démarre «comme L'École des agents secrets», décrypte son auteur, avec ses 14
danseurs sanglés dans des costumes-cravates et tailleurs stricts, s'essayant avec gaucherie au maniement du
revolver. Martin-Gousset, lui aussi sur scène, y donne libre cours à son sens du «chorégraphisme» en composant
des tableaux saisissants, parfois sans musique, avec une vague de bois pour décor et des mannequins en plastique
en guise de spectateurs.
Entre Abyss et La Croisière s'amuse
D'emblée une intrigue policière se noue, mêlant complot, retournement d'alliances, passage à tabac et apparition
de James Bond. Mais la théâtralité des gestes, sur fond de musique pop, en souligne constamment le caractère
artificiel. «Pour moi, la narration est un prétexte. J'utilise les codes du cinéma pour raconter des choses sans
avoir l'air de les dire, comme un contrebandier», explique le chorégraphe, fasciné par «la notion de complot et
celle de l'agent double».
Pour cet artiste singulier, dont les créations flirtent souvent avec la parodie, «Pacifique parle beaucoup du vrai et
du faux, une chose qui m'intrigue beaucoup aujourd'hui. On a du mal à savoir où est le mensonge, en politique
ou dans la publicité, c'est quelque chose qui me trouble».
Et lorsque le thriller commence à lasser, un deuxième récit surgit dans une atmosphère bleutée et oppressante,
lorsque l'un des héros rencontre une hôtesse de paquebot, femme fatale qui l'entraîne dans la mort. «Derrière
mon personnage, qui est mis en difficulté par cette histoire d'amour, il y a une part psychanalytique qui me vient
de mes parents. C'est l'opposition entre le masculin et le féminin», souligne Martin-Gousset.
Rythmée par les dialogues d'un film noir, la pièce n'abandonne pas pour autant son goût pour le burlesque, avec
un mambo d'anthologie unissant ses personnages à des poupées de chiffon.
D'Abyss à Titanic en passant par La Croisière s'amuse, les références pleuvent et la mer devient, tour à tour,
prison, menace, tombeau ou inoffensif lieu de vacances, dans un ultime changement de ton qui laisse le
spectateur désorienté.
Au Grand Théâtre de Luxembourg, les 17 et 18 juin 2011.
Une fête burlesque et jazzy
ARIANE BAVELIER
17 octobre 2008
Le Figaro
(c) Copyright 2008 Le Figaro.
DANSE Ancien danseur chez Sasha Waltz, Nasser Martin-Gousset signe une irrésistible « Comedy » qui ouvre
la saison au Théâtre de la Ville.
AVEZ-VOUS jamais rêvé d'une soirée jazz qui mêle Dave Brubeck et la Panthère rose ? C'est cet exquis
cocktail que Nasser Martin-Gousset sert dans Comedy. Sur scène, onze danseurs et un quartet de jazz pour
ressusciter la grâce désinvolte d'une soirée de la fin des années 1950 : filles en robe du soir, chignon et talons
hauts, garçons tirés à quatre épingles, serveur faisant couler le champagne à flots. Il ajoute pour le suspense, un
coffre-fort à combinaison caché derrière le tableau du salon.
Le chorégraphe, captivé par le cinéma, saisit dans cette party toutes les postures de la comédie humaine :
groupuscules qui se forment et se dissolvent, invités vaquant à leurs affaires diverses mais secoués à l'unisson
par les percussions du jazz, joli cambré d'une femme qui rit à gorge déployée, confidences sur canapé, passes de
rock et farandole endiablée sur le meilleur tube de Brubeck. Pour une nuit plus folle, Martin-Gousset tire les
bonnes ficelles du burlesque. Il glisse un concentré des gags inventés avec une porte à tambour, des placards
coulissants et un serveur de plus en plus ivre portant un plateau aux verres ventousés.
Martin-Gousset soigne sa Comedy d'une heure et demie avec un art du détail qui fait mouche et on s'amuse
beaucoup.
Martin-Gousset, du spleen de la vie
Marie-Christine VERNAY
25 juin 2008
Libération
Libération. Une publication de SNPC
Danse. Avec "Comedy", le chorégraphe célèbre les années 60 au festival montpelliérain.
Comedy de Nasser Martin-Gousset Théâtre de Grammont, ce soir et demain à 20 h. Dans le cadre du festival
Montpellier Danse. Jusqu'au 5 juillet.
Il n'a pas d'origine, sinon qu'il est né en 1965 dans le IIe arrondissement de Lyon. Il s'appelait Philippe. Un jour,
son père lui a donné un prénom égyptien : Nasser. Sa mère l'a toujours dit dans les réunions de famille : "Quand
il est né, il était moche, on aurait cru un crocodile."
Pension. Il paraît qu'il est arrivé à la vie dans un cinéma et que sa mère a quand même attendu la fin du film
avant d'accoucher. Il ne se souvient pas du nom du réalisateur. Mais peut-être qu'il ment.
Lors de son précédent spectacle, Péplum, il se déclarait d'origine égyptienne. Son père, celui qu'il n'a connu que
très peu, est algérien. Un joueur, pas trop buveur et fumeur de Gauloises, que le petit Philippe allait chercher
parfois dans le café du coin, pour le ramener à la maison. Le gamin y regardait des films en famille, mais
seulement le week-end.
Car la vraie origine de Philippe-Nasser Martin-Gousset, c'est la pension. A l'âge de 3 ans, ses parents l'y collent.
Il vivra pendant dix ans dans un ancien orphelinat. "Il y avait, raconte-t-il, des gars très bien, des beaux bras
cassés. Mais c'était des relations par défaut, des relations d'orphelin à orphelin." Tout un pan d'une vie qui lui fait
dire aujourd'hui que "la création est hors origine". Ce qui explique aussi que sa compagnie s'appelle la Maison,
qu'il y travaille avec de gais lurons de toutes provenances.
Maigre, son corps au bout de l'énervement libère pourtant force, énergie et un certain dandysme, des attitudes
qu'il tient des années 60-70, "parce que naître en 1965, ce n'est pas 68. Les enfants avait une table à part pour
manger, par exemple".
Ces années l'ont construit. Il se souvient des fêtes, "soirées dionysiaques pleines de douceur de vivre, de plaisir.
Il y avait aussi une forme de tragique, la perte du plaisir. La soirée est une bulle qui se décompose jusqu'à
rejoindre la réalité".
La création qu'il présente à Montpellier Danse, Comedy, rend hommage à l'insouciance des années 60. Les films
de son enfance déstructurée reviennent en mémoire, comme les vrais repères. La danse est arrivée à lui,
d'ailleurs, par le plaisir des comédies musicales. "Le cinéma, précise-t-il, est une chose démocratique. La danse
m'intéresse parce qu'elle est fluide, que tout est possible avec un sens de l'éthique et de l'honnêteté. J'aime les
acteurs car ils sont fous, osent, et les danseurs pour leur précision. Il y a des chorégraphes qui m'ont marqué,
comme José Limón ou Murray Louis, et une pièce de Gallotta, les Louves et Pandora."
Hasard. Pour Comedy, qui sera suivie d'une Comedy 2, il invite les spectateurs à une soirée mondaine avec une
sombre histoire de collier volé. Avec les dix interprètes, le travail a en partie porté sur le visionnage de
séquences de fêtes (Fellini, Antonioni, Blake Edwards). Il devait écrire un vrai scénario, mais cela n'a pas
fonctionné. Le spectacle prend la forme toutefois d'un plan-séquence cadré dans un intérieur stylé et spacieux.
Cela fait suite à son Péplum, qui maniait déjà vocabulaires cinématographique et chorégraphique. Ce n'est pas un
hasard si on le retrouve à Montpellier Danse. Jean-Paul Montanari, son directeur, avait incité le jeune Nasser à
prendre des cours de théâtre avec Augusto Boal, ce qui l'amènera à entrer au conservatoire avant de se diriger
vers la danse.
Les années 1960, ses fêtes et sa « Comedy », à Montpellier Danse
26 juin 2008
Rosita Boisseau
Le Monde
© Le Monde.
Trois exploits (au moins) sont à mettre sur le compte de Nasser Martin-Gousset pour Comedy : avoir réussi à
chorégraphier dans les détails une soirée chic et bien arrosée ; l'avoir fait sur de la musique jazz live - une rareté
sur les plateaux de danse - et y avoir semé, comme des diamants en toc, les indices d'un faux polar ficelé comme
un joli rat d'hôtel. On s'y croirait donc, dans ce salon luxueux des années 1960 mais à la manière d'un tableau qui
soudain prend méticuleusement vie devant nos yeux avant de retomber dans l'immobilité. Comedy, présenté au
Théâtre de Grammont mardi 24 juin, dans le cadre du Festival Montpellier Danse, fait partie des quatorze
créations (sur vingt-quatre spectacles) soutenues par la manifestation qui a débuté le 22 juin. Avec ses dix
danseurs et son orchestre de quatre musiciens, cette pièce est l'une des plus lourdes de Nasser Martin-Gousset,
dont la carrière monte en flèche depuis son flamboyant Péplum (2006). Le chorégraphe en a d'ailleurs extrait la
scène de bal disco pour la grossir jusqu'à en faire le sujet central de Comedy, inspirée par l'insouciance des
sixties et leur agonie.
Champagne, donc, à gogo. Les bulles pétillent, les cerveaux en profitent avant de répondre aux abonnés absents.
Mais quelle danse jusque dans le coma ! En groupe, en rangs, par couple ou chacun pour soi, les danseurs font
ricocher un swing profond. La façon dont Nasser Martin-Gousset chorégraphie chaque personnage, tout en
sculptant la masse des corps, la modelant par vagues, de droite à gauche, l'explosant dans un cercle, la
recomposant en grappes, est jouissif. Faire durer l'affaire avec ses sautes d'humeur, de rythme, avant d'abattre les
corps en tas sur un canapé, ajoute encore au plaisir.
SE PÉTRIFIER DANS SON JUS
Le jazz de Dave Brubeck, star des années 1960, fait monter et descendre les corps dans les montagnes russes de
l'ivresse. L'utilisation de ce type de musique convient parfaitement à la nostalgie diffuse de Comedy, qui s'amuse
de son amour de cette époque sans voir qu'elle finit par se pétrifier dans son jus.
Comme une reconstitution historique peut se prendre les pieds dans les costumes et virer à l'exercice de style,
Comedy, aussi réussie et fascinante soit-elle, drôle parfois même, grâce entre autres à un personnage secondaire
impeccable - le serveur encore plus saoul que les invités -, se fait étrangement rattraper par son sujet. A force de
suivre le tempo de la soirée de trop près, l'urgence du spectacle devient floue.
Mais, au-delà de tous ses subterfuges, Comedy est d'abord une pièce amoureuse du cinéma qui se rêve sur grand
écran, se fantasme en noir et blanc et se moque d'elle-même sur le tube définitif de La Panthère rose, de Blake
Edwards. Histoire de rappeler que la jeunesse et les années 1960 sont bien loin et que tout ceci n'est qu'une
blague charmante, le remake d'un vieux souvenir, d'une sensation perdue que la scène ravive momentanément.
Les pistolets ont beau être en plastique, ils pètent drôlement fort.
Un « Péplum », excessif, voluptueux et tragique.
27 janvier 2008
dimanche Ouest France
© Ouest France 2008.
Danse. L'épopée amoureuse d'Antoine et Cléopâtre revisitée par le chorégraphe Nasser Martin-Gousset et dix
danseurs.
Un péplum fantasmagorique sur les traces du mythe et des métaphores. Inspiré par le flim de Joseph
Mankiewicz, le chorégraphe Nasser Martin-Gousset s'empare de l'épopée amoureuse d'Antoine et Cléopâtre
pour la traiter sur un mode pop où se mêlent, dans un savant mixage, danse, vidéo, musique live et centurions.
Une pièce pour dix danseurs qui exalte la démesure du genre en Technicolor.
Interprète privilégié de Joseph Nadj, danseur chez Karine Saporta, Nasser Martin-Gousset est aussi un des
chorégraphes les plus originaux de la scène contemporaine française. Il est un véritable conteur d'histoire. Avec
ce « Péplum » version pop, il emporte l'adhésion du public car cette pièce est drôle et déjantée, surréaliste et fort
bien réglée. C'est aussi un spectacle qui rend hommage au cinéma et à ses figures emblématiques. Réflexion
romanesque sur l'ambition et les idéaux qui conduisent au pouvoir, « Péplum » est aussi une histoire, faite de
suspens et de péripéties.
Nasser Martin-Gousset, né en 1965 de père Égyptien et de mère Corse, passé du théâtre à la danse, affirme avec
cet incroyable « Péplum » sa place dans le paysage chorégraphique. Méditation sur l'amour, la mort et le
pouvoir, « Péplum » exacerbe les thèmes récurrents des spectacles du chorégraphe : surexposition de soi,
musique pop-rock et cinéma. Nasser, chorégraphe survolté, dit de « Péplum » qu'elle est « la pièce la plus dansée
que j'ai jamais faite ».
Rock et technicolor
ISABELLE DANTO
5 avril 2007
Le Figaro
(c) Copyright 2007 Le Figaro.
DANSE. Nasser Martin-Gousset, chorégraphe survolté, amoureux fou de pop anglaise et de cinéma
hollywoodien, signe un spectacle explosif et déjanté nourri de l'épopée d'Antoine et de Cléopâtre, qui a déjà fait
sensation à la Biennale de la danse de Lyon 2006. C'est que cette épopée est revisitée et fantasmée par un des
films les plus sulfureux de l'histoire du cinéma : celui de Joseph Mankiewicz en 1963, avec Liz Taylor et
Richard Burton. Avec une équipe de dix danseurs menés par un empereur décadent en blouson noir (Olivier
Dubois), le chorégraphe emprunte à l'outrance kitsch et glamour de ce film mythique qui lui a fourni matière à
rêverie, pour interroger les archétypes du péplum : de l'orgie au combat de gladiateurs, en passant par un
centurion. Caméra au poing, Nasser Martin-Gousset invente des images qu'il trafique en direct sur fond de
sable ou de sang, pour mieux les mêler à celles extraites du film, projetées sur grand écran.
Les voix du couple le plus célèbre du cinéma, remixées avec une bande-son pop des années 1970 et les rythmes
d'un support musical live à la batterie et à la guitare électrique, font encore plonger dans un univers halluciné.
Soit une pièce captivante réglée au cordeau, qui raconte une histoire d'ambition, de pouvoir et de passion, pour
produire quelque chose de fragmentaire et d'onirique qui contamine les danseurs. L'histoire antique et celle de
notre époque s'articulent autour de danses d'ensemble et des états de corps qui en rajoutent dans la perturbation.
Le côté péplum fait mouche pour son impact sur le collectif et Nasser Martin-Gousset, lui-même excellent
interprète, affirme son sens aigu du plateau
Le flamboyant « Péplum » du chorégraphe Nasser Martin-Gousset
Rosita Boisseau
1er octobre 2006
Le Monde
© Copyright Le Monde
Déferlante d'enthousiasme pour l'ultime création de la Biennale de la danse qui se termine samedi 30 septembre.
Péplum, de Nasser Martin-Gousset, présenté à la Maison de la danse, jeudi 28 septembre, a tétanisé le public par
sa véhémence inventive. Suspense, rebondissements visuels, dopage musical pop rock, la formule est magique. Il
suffit parfois d'un centurion pour faire un péplum. Il suffit d'une cuvette dans laquelle un trop vorace Romain en
slip à rayures (l'impeccable Olivier Dubois) vomit et se lave pour qu'une scène d'orgie surgisse. La puissance de
l'imaginaire, conduit par quelques détails minutieusement pesés, explose dans cette pièce, troublant manifeste
sur le fantasme et sa réalité, à la vie, comme à la scène. Avec Péplum, le festival de Guy Darmet a tenu son
public en haleine jusqu'au bout. Cette édition 2006, sur le thème « Danse la ville », a atteint un taux de
remplissage de 88 %, rassemblé 86 671 spectateurs, soit 14 % de plus qu'en 2004. Qu'il s'agisse de formes
modestes, comme Entre nosotros de Marcos Augusto et Isaias Jauregui, concert de flamenco contemporain ou de
superproductions, comme vsprs d'Alain Platel, la Biennale maintient sa spécificité. En 2008, le chorégraphe
Mourad Merzouki en sera l'artiste associé.
DÉSERT DE SABLE DORÉ
Péplum, donc. Sur le plateau, un mur, une volée de marches pour se vautrer, dix interprètes, deux musiciens
(batteur, guitariste). Mais encore, savamment injectés dans l'action, des extraits du film Cléopâtre de Joseph L.
Mankiewicz dont la bande-son, découpée par une oreille amoureuse, fait dresser le poil. L'histoire antique
hollywoodienne raturée par une scène de fête disco qui vire à la partouze plonge toutes les époques dans le
même bain : sexe et rage, volupté et violence. Le cinéma, ses voix (celles de Liz Taylor et Richard Burton), son
impact émotionnel, sont magistralement manipulées par Nasser Martin-Gousset, qui filme en direct des
séquences de sa pièce. Loin d'être inhibée par un voisinage prestigieux, sa patte, déjà repérée dans Neverland
(2002), s'affirme de façon très originale. Grâce à quelques logiciels, les corps allongés sur scène se retrouvent
noyés dans un désert de sable doré ou en train d'agoniser au milieu d'une mer de sang.
Surexposée, cette fiction furieuse l'est par quelques bouts qu'on la prenne. Intime, elle pourrait aussi s'intituler «
A la recherche de Nasser Martin-Gousset. » Sa photo « wanted » est collée sur le mur. Né de père égyptien et de
mère corse, le chorégraphe fait cohabiter en secret ses parents avec Antoine et Cléopâtre, Richard et Liz, dans
une saga familiale ouverte à tous les excès.
Le désir de vivre des émotions qui vous transpercent au risque d'y laisser la peau, énerve la pièce sans
discontinuer. Lorsque deux hommes se cognent le bassin l'un contre l'autre, on entend presque les os craquer. La
mort, l'amour, la danse. Péplum tient ses mirobolantes promesses : flamboyant désastre, il n'offre qu'une
alternative : « danse ou crève ».
"Péplum" de la situation
VERNAY Marie-Christine
30 septembre 2006
Libération
Français
Libération. Une publication de SNPC
Danse. Nasser Martin-Gousset et son équipe convaincants.
Biennale de la danse de Lyon jusqu'au 30 septembre, galerie des Terreaux, 12, place des Terreaux, Lyon 1er, 04
72 00 21 70. "Péplum" de Nasser Martin-Gousset, samedi à 20 h 30 à la Maison de la danse.
On le savait depuis sa Petite représentation, cosignée en 1989 avec Annie Legros. Nasser Martin-Gousset est un
pop artiste, à sa façon, nerveuse, franche et irritée. Beaucoup de ses précédents spectacles ont traité de l'imagerie
et de la culture populaire, de celles qui ont baigné nos imaginaires enfantins. Sa compagnie, créée en 1996, a pris
pour nom la Maison. Où inviter bien des héros déglingués pour une fête familiale qui tourne toujours mal.
Pourtant, on s'y sent bien.
A la Biennale de Lyon, le chorégraphe nous convie à revisiter avec lui et une équipe géniale (dix acteurs
danseurs et trois musiciens) un grand pan d'histoire, celle de Cléopâtre, de Marc-Antoine et de Jules César,
popularisée par Shakespeare, le péplum et des figures tout aussi mythiques comme Liz Taylor et Richard Burton.
Créé à Lyon, Péplum (pop life II) est un formidable hommage aux cinémas de quartier, où l'on pouvait passer
des journées entières à avaler des Ben Hur, des Hercule, puis des pornos ou des Bruce Lee.
Le spectacle ne craint aucun débordement ; d'autant qu'il est fort bien cadré. Les interprètes ne sortent jamais de
scène, surtout le hallebardier classique, que l'on ne remarque pas dans le décor de pizzeria, mais qui, ici, devient
un personnage essentiel, "élu" comme dans un "Sacre" sauvage et promis au lynchage.
Ça sent la vinasse, la débauche, ça titube dans la danse, ça s'épuise jusqu'au bout de la nuit, jusqu'au bout d'un
banquet ou d'une partouze ratée. Que se passe-t-il aujourd'hui en Egypte ? Est-ce que Liz Taylor en est toujours
la reine ? Sur le mur anonyme d'une cité anodine, les hiéroglyphes d'aujourd'hui s'affichent. Le Sénat est
injoignable, Rome crame. Et les petits soldats partent à la guerre pour une séance où tous les Bruce Lee du
monde se retrouvent pour devenir des mantes religieuses, avant que les héros d'Hollywood ne succombent au
venin éternel du serpent.
A moins que le reptile ne soit Nasser Martin-Gousset, qui injecte du sérum pour le rêve, après un méchant défilé
nazifiant. Son amour est vénéneux, et nous sommes toutes et tous des Cléopâtre en perruque.
Nasser Martin Gousset, chorégraphe survolté
Isabelle Danto
18 août 2006
Le Figaro
(c) Copyright 2006 Le Figaro.
AVEC UNE FOLLE envie de pervertir la scène tout en la respectant profondément quelle que soit la manière
dont il l'habite, le fébrile Nasser Martin Gousset se dépense beaucoup cet été. Excellent interprète de Sasha
Waltz et de Meg Stuart, il vient de traverser avec grâce l'univers peuplé d'ombres de Josef Nadj dans Asobu
présenté il y a quelques semaines au Festival d'Avignon. Mais surtout, c'est un chorégraphe à l'univers explosif
qu'il invente au fil de pièces pétries de romantisme, de musique rock et de nostalgies pop. Sa prochaine création,
Péplum, est nourrie de l'épopée historique et amoureuse d'Antoine et de Cléopâtre. Épopée, revisitée par un des
films les plus sulfureux de l'histoire du cinéma, celui de 1963 signé Joseph Mankiewicz, dont il reprend
l'outrance. Soient les yeux archimaquillés de Liz Taylor, ses soixante-quatre robes, ses amours sauvages avec
Richard Burton, des décors reconstitués aux studios de Cinecitta... et la quasifaillite de la Fox !
Isolé dans le paysage français Tout cela fournit matière à rêverie au chorégraphe né en 1965 de père égyptien et
de mère corse, et que l'extravagance n'a jamais effrayé comme l'a prouvé Neverland. Cette pièce hypnotique et
virevoltante, créée en 2002 a été magnifiquement inspirée du roman Les Hauts de Hurlevent d'Emily Brontë et
du tube de Kate Bush sur le même thème. De manière générale, Nasser Martin-Gousset, venu à la danse après le
théâtre – les pas qui se dansent, flottent et tanguent dans les mises en scène d'Yves Beaunesne, c'est lui –, aime
raconter des histoires d'amour et de mort. Toutefois, il se sent «un peu isolé» dans le paysage chorégraphique
français. Il espère que Péplum, pièce pour dix danseurs et une caméra qu'il tiendra en mains pour capter et
trafiquer les gestes en direct, lui vaudra enfin la reconnaissance de ses pairs. Avec le couple mythique, il fait le
pari de captiver. Non seulement par son histoire mais aussi par tout ce qu'elle véhicule comme fantasmes. C'est
en les retravaillant que l'artiste espère affirmer sa vision du monde, son sens du plateau et sa réflexion très
personnelle sur l'ambition, le pouvoir et la passion. Ainsi chez Nasser Martin Gousset, la trame théâtrale
s'organise autour d'images volontiers kitsch. Et pour en rajouter dans la perturbation, l'acide et le fragmentaire il
convoque en bande son les Rolling Stones et Pink Floyd. Reste que Péplum sera «la pièce la plus dansée que j'ai
jamais faite». «L'énorme travail sur le son retravaillé devra produire quelque chose d'onirique qui contamine les
danseurs.» «Bien sûr, on n'a pas les moyens de faire Ben Hur au Stade de France, s'empresse de nuancer cet
amoureux des années 1960. Mais je devrais pourvoir réussir à raconter un roman, à projeter de l'énergie et de
faire délirer les corps autrement.» Fin septembre la Biennale de la danse de Lyon attend beaucoup de la
performance.
Reportages télévisés :
ARTE :http://www.dailymotion.com/video/x6ytjq_nasser-martin-gousset_creation
(à l’occasion de la création de Comedy et de la Résidence chez Sasha Waltz à Berlin)
France3 :http://www.francetv.fr/culturebox/biennale-de-la-danse-pacifique-nasser-martingousset-revisite-lunivers-de-james-bond-40261
(à l’occasion de la Création de Pacifique à la Biennale de la danse de Lyon)

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