Homélie installation Saint Denis 10 mai 2009

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Homélie installation Saint Denis 10 mai 2009
Dimanche 10 mai 2009 – 5ème dimanche de Pâques
« Demeurer dans le Christ pour donner du fruit »
« Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous donniez beaucoup de fruit : ainsi vous serez pour
moi des disciples ». C’est par ces quelques mots que s’achève l’évangile que nous venons d’écouter
et déjà nous pouvons nous interroger. Que devons-nous faire pour donner du fruit ? Que devonsnous faire pour que l’Evangile ne cesse de transformer nos vies ? Etablir des projets pastoraux ?
Mieux organiser l’Eglise ? Davantage communiquer ? Tout cela n’est pas mauvais et même plutôt
nécessaire, mais la réponse de l’Evangile se situe ailleurs. Pour donner du fruit il nous faut
demeurer dans le Christ, « car, en dehors de moi - dit-il- vous ne pouvez rien faire ». Comment
demeurer dans le Christ, vivre en étroite relation avec lui si nous ne prenons le temps d’accueillir
ses paroles afin qu’elles demeurent en nous ? En 2001, dans sa lettre pour un nouveau millénaire,
Jean-Paul II nous proposait déjà de repartir du Christ et écrivait : « C’est le Christ lui-même qu’il
faut connaître, aimer, imiter pour vivre avec Lui la vie trinitaire et pour transformer en Lui l’histoire
jusqu’à son achèvement dans la Jérusalem céleste1 ».
Dans les actes des apôtres Barnabé n’est-il pas un bel exemple de ceux qui demeurent dans le Christ
et dont la vie donne beaucoup de fruit ? Pour nous en convaincre il suffirait de parcourir le livre des
actes des apôtres et nous découvririons que Barnabé fut aux côtés de Paul un passionné du Christ et
un voyageur infatigable pour annoncer l’Evangile. Nous pourrions également lire que « Barnabé
était un homme de valeur, rempli d’Esprit Saint et de foi 2 ».
Dans la lecture de ce dimanche Barnabé se révèle un médiateur précieux afin que Paul, l’ancien
persécuteur, puisse intégrer le groupe des disciples et recevoir leur assentiment pour aller et venir
dans Jérusalem et prêcher avec assurance au nom du Seigneur. Fin médiateur et fin diplomate,
Barnabé a su convaincre les apôtres de surmonter leur peur et leurs réticences pour accueillir celui
qu’ils n’attendaient pas !
Il me semble que plus que jamais nos communautés catholiques ont besoin d’hommes, de femmes
et d’enfants comparables à Barnabé. Des hommes, des femmes, des enfants qui nous aident à
accueillir les personnes inattendues ou les questions imprévues qui viennent bousculer nos projets
prouvant ainsi, s’il en était besoin, que nul ne peut y enfermer l’Esprit Saint.
1
2
« Novo Millennio Ineunte » (Au début du nouveau millénaire), § 29, Lettre apostolique de Jean-Paul II du 06/01/01.
Actes des apôtres 11, 24
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Accueillir, grâce « aux Barnabés d’aujourd’hui », ceux qui viennent nous déranger, en raison de
leur personnalité, de leur culture ou de leurs idées parce que nous croyons qu’ils sont une chance
pour l’annonce de l’Evangile comme Paul a été une chance pour l’annonce de l’Evangile. En ce
sens n’oublions pas d’accueillir au sein de notre Eglise la parole des enfants et des jeunes. Dans son
dernier livre, « le rêve de Jérusalem », le cardinal Martini, ancien archevêque de Milan, écrit ces
quelques mot : « La jeunesse ne remplirait pas sa fonction si, dans son ingénuité et avec son
idéalisme intact, elle ne défiait et ne critiquait pas les gouvernants, les responsables, les enseignants.
C’est ainsi, poursuit le Cardinal Martini qu’elle nous fait progresser et surtout progresser
l’Eglise3 ». Frères et sœurs, soyons en convaincus : Une Eglise qui fait confiance aux jeunes n’est
jamais une Eglise perdante !
Mais Barnabé n’est pas qu’un simple médiateur. Le livre des actes des apôtres nous dit qu’il
prophétise et enseigne, et qu’il n’hésite pas à aller à la rencontre de ceux qui ne connaissent pas le
Christ. Nous savons aussi que Barnabé s’appelait en fait Joseph et que son surnom de Barnabé, qui
signifie « l’homme du réconfort », est une belle reconnaissance de ses charismes par la première
communauté chrétienne4.
A la suite de Barnabé osons aller à la rencontre des autres, et tout particulièrement des plus pauvres,
qu’il s’agisse de pauvreté matérielle, affective ou spirituelle. Nous reconnaissons en eux des
hommes à réconforter à la manière du Christ, lui qui est venu pour servir et non pour être servi.
Dans la diversité culturelle et religieuse qui marque notre diocèse osons le dialogue pour proposer
une parole et une manière de vivre qui s’enracinent dans l’Evangile et recevoir en retour des
richesses insoupçonnées.
La première lecture s’achève en nous disant que Paul doit quitter Jérusalem parce que sa vie est
menacée. Mais cet événement n’est pas dramatisé par St Luc, l’auteur des actes des apôtres, qui
conclut tranquillement : « L’Eglise était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie. Dans
la crainte du Seigneur, elle se construisait et elle avançait ; elle se multipliait avec l’assistance de
l’Esprit Saint ». A la suite de Luc, ne nous enfermons pas, sans pour autant les nier, dans les
oppositions que nous pourrions connaître ou les difficultés que nous pourrions traverser. Avec
l’assistance de l’Esprit Saint ayons plutôt à cœur de construire et d’avancer afin que le Christ soit
annoncé, non seulement par des paroles et des discours, mais aussi par des actes et en vérité !
Amen !
+ Pascal DELANNOY
Evêque de Saint-Denis
3
4
Cadinal MARTINI, « Le rêve de Jérusalem », DDB, page 95.
Cf. Actes des apôtres 4,36.
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