Education chrétienne et vision du monde

Transcription

Education chrétienne et vision du monde
Invitation
à corriger
notre vision
Education chrétienne
et vision du monde
E
qui amènera la créature à
reconnaître l’amour de son
Créateur et qui la poussera,
inspirée par la profondeur
de cet amour, à se mettre
au service de son prochain
(Matthieu 22:36-40). Comme toute voie se dessine à
partir d’une vision du monLorsque l’enfant paraît… de, il est important de dé- cette perspective, nous asquelle joie ! Le cœur des pa- velopper ce concept.
similons certaines explirents explose d’admiration
cations sur l’univers, la vie
et d’amour. Un si grand La vision du monde est un humaine, les relations sobonheur s’accompagne ce- ensemble de croyances per- ciales, le bien et le mal, la
pendant d’une responsa- sonnelles et fondamentales mort, la soif spirituelle, les
bilité nouvelle ; il faudra acceptées consciemment notions de paix, d’amour et
éduquer ce petit être : for- ou inconsciemment. Toute de justice ainsi que sur la
mer son esprit, développer théologie, toute philoso- liberté. C’est avec ces lunetses aptitudes intellectuelles phie, toute idéologie ou tes ou ces filtres, appliqués
et physiques ainsi que son tout mouvement qui donne sur toutes choses, que nous
sens moral.
un point de vue sur une déterminons nos comporcompréhension du monde tements.
La parole de Dieu nous in- génère une représentation
vite à enseigner l’enfant qui s’exprimera par une Eduquer et enseigner, c’est
selon la voie qu’il doit sui- conception de la vérité, de donc bien transmettre une
vre (Proverbe 22:6). Quelle l’homme, du cosmos, de vision du monde. Ne nous
est cette voie ? C’est celle Dieu et des valeurs. Par leurrons donc pas, aucune
n prolongement du reportage sur Treytorrens
(pages 4 à 6) réalisé par neuf
élèves de l’école chrétienne
L’Amandier de Lucens, le directeur de cet établissement
nous partage ici une réflexion
qui mérite notre attention.
« Instruire l’enfant,
selon l’étymologie
du mot, c’est
‹ le construire
en dedans ›. »
Mme Necker
de Saussure
Les dix commandements
pour faire de votre enfant... un bon délinquant
« Si l’on veut
vraiment sauver la
chrétienté, il faut
commencer par
sauver les enfants. »
E. Garin
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1) Quand il est petit, donnez-lui tout ce qu’il désire. Ainsi, quand il sera grand, il croira que
le monde doit le faire vivre. 2) Quand il commence à dire des gros mots ou des plaisanteries
déplacées, riez. Ce sera encore plus « décapant » quand il sera grand. 3) Ne lui donnez aucune
éducation spirituelle. Attendez qu’il ait dix-huit ans pour qu’il choisisse seul. Il croira que
c’est secondaire. 4) Evitez d’utiliser les mots « mal », « faute », qui lui donneraient un complexe de culpabilité. Ainsi, quand les forces de l’ordre l’arrêteront, il croira que la société le
persécute. 5) Rangez ses livres, jouets, vêtements. Faites tout pour lui faciliter la tâche. Il
apprendra ainsi à rejeter toute responsabilité sur les autres. 6) Laissez-le lire tous les livres et
journaux qu’il trouve. Ne surveillez pas ce qu’il regarde à la télévision. Stérilisez ses couverts
mais laissez son esprit se remplir de saletés. 7) Querellez-vous souvent en sa présence. Ainsi,
il ne sera pas trop surpris quand son foyer se brisera. 8) Donnez à votre enfant tout l’argent
qu’il veut pour satisfaire tous ses désirs. Quand il grandira, il croira que tout lui est dû. 9) Prenez toujours son parti contre professeurs ou voisins. Il croira plus tard que le monde entier
est contre lui. 10) Enfin, quand il aura des ennuis réels, cherchez-vous des excuses en disant :
« C’est une mauvaise herbe, je n’ai jamais rien pu en faire. »
Un tuteur pour affronter la tempête...
discipline et aucun manuel
n’offre la garantie d’une
neutralité, car ils dépendent tous d’un système de
pensée que l’enfant absorbe
comme une éponge.
soient qualifiés. Ce que Dieu
demande de cette génération, ce ne sont pas uniquement des cœurs pour Lui,
mais aussi des intelligences
pour Lui. Le christianisme
ne touche pas seulement
L’histoire nous apprend les sentiments, mais égaqu’une civilisation est sou- lement notre manière de
tenue et tient ferme par penser et d’agir.
ses valeurs. D’ailleurs l’écrivain soviétique Alexandre Aujourd’hui, l’école fondée
Soljenitsyne a dit : « Une ère sur des valeurs chrétiennes
commence à mourir lors- offre une alternative aux
que les valeurs qui la sou- parents qui aspirent à une
tiennent s’effacent. » Pour cohérence entre le vécu
le monde d’aujourd’hui, familial et scolaire. Henri
quelles valeurs imprègnent Pestalozzi, pédagogue suisla pensée de nos enfants ?
se, a dit : « Il n’y a, pour
notre partie du monde
Un bel exemple tiré de la effondrée moralement, spiBible nous enseigne. Le rituellement et politiqueroi Nebucadnestsar avait ment, aucun salut possible,
ordonné de prendre des si ce n’est par l’éducation,
jeunes garçons « beaux de si ce n’est par la formation
figure, doués de sagesse, à l’humanité, si ce n’est
d’intelligence et d’instruc- par la formation de l’homtion, capables de servir me. » Dans la même ligne,
dans le palais » (Daniel le comte de Nouÿ a écrit :
1:3-4). Daniel en effet, en « Donner aux enfants une
tant que jeune homme déjà teinture intellectuelle, une
solidement instruit selon instruction, sans avoir
la tradition juive, avait un préalablement
construit
caractère noble et une dé- sur des fondations moratermination aiguisée qui les solides le socle qui doit
lui ont permis d’aligner son la supporter, c’est bâtir sur
comportement à ses valeurs le sable ; et plus le monuet de briller de manière ment sera haut, plus l’efexemplaire et prophétique fondrement sera complet.
devant les grands de son Cette manière d’agir, hélas
époque. Nous voyons là le trop répandue, repose sur
fruit d’une éducation basée la confusion déplorable que
sur des valeurs bibliques.
l’on fait souvent entre l’éducation et l’instruction. »
Pour que nos enfants remplissent la mission spéci- La jeune génération a befique confiée par Dieu à soin d’une compréhenchacun d’eux, il faut qu’ils sion du monde fondée sur
Consulté pour cette double page, Tom Bloomer, recteur
international de l’Université des Nations, nous a
aimablement partagé quelques pensées. Tout d’abord
une illustration : « Dans une région tempétueuse, on
place toujours un tuteur à côté d’un jeune arbre quand
on le plante, cela pour qu’il puisse tenir ferme contre
l’agitation des vents. Si l’arbre est poussé d’un côté puis
de l’autre, il ne peut jamais s’enraciner comme il faut
et peut même en mourir. Nos enfants et nos jeunes
ont, eux aussi, parfois besoin d’un tuteur. Ainsi, une
période passée dans une école chrétienne peut les aider
à s’enraciner dans la foi et dans la vie afin de ne pas être
balayés par les vents de la culture d’aujourd’hui. » Et,
à propos de cette culture et de la pensée francophones
dont il souligne l’intelligence, Tom Bloomer montre
comment et combien elles ont été perverties en
rappelant, à ce sujet, les rôles qu’ont joué la pensée
grecque, Thomas d’Aquin, Descartes, Hegel (pour ne
citer que cela) jusqu’à la postmodernité en passant bien
sûr par le Siècle des lumières. Ayant ainsi placé la raison
humaine (adorée comme déesse en France en 17931794 !) au-dessus de la révélation de Dieu, on a laissé
notre vieux continent vulnérable à maintes influences
néfastes. Ainsi pense le recteur : « Dans ce vide toujours
grandissant, quelqu’un devait s’occuper des æuvres que
les chrétiens faisaient… C’était l’Etat (sur lequel nous
avons mis des fardeaux que le Créateur n’a jamais voulu
qu’il porte) qui s’est proposé petit à petit de reprendre
en main les soins médicaux, les orphelinats, les arts,
etc., et… l’éducation ! » Et si, à la raison autonome,
on ajoute l’ampleur du relativisme personnalisé qui va
avec (chacun décidant de sa propre réalité), on peut
mieux expliquer le désespoir de la génération actuelle.
Enfin, devant cette atomisation de la vérité et, par
conséquent, de la moralité, Tom Bloomer nous laisse
en conclusion ce passage de l’Ecriture : « Il a rompu les
verrous de fer » (Psaume 107:16) en ajoutant : « Mais
c’est à son Eglise que Jésus-Christ a donné les clés. Il est
bien temps que nous les saisissions… »
des valeurs éternelles. Les
écoles chrétiennes ont la
mission de seconder les parents dans la transmission
de cette vision. I
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