Deux nouvelles cartes climatiques - Chambre-agriculture

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Deux nouvelles cartes climatiques - Chambre-agriculture
Fourrages
POUSSE DE L’HERBE EN BRETAGNE
Deux nouvelles cartes
climatiques
Une analyse des données météo des 10 dernières années précise la diversité du climat breton.
Concernant la pousse de l’herbe, nous avons défini pour le printemps 5 zones de précocité et pour
l’été 5 zones de sensibilité à la sécheresse.
D
epuis 1998, la croissance de l’herbe est
mesurée en Bretagne
dans une vingtaine d’exploitations représentatives de la diversité des pratiques des éleveurs et
des situations pédoclimatiques.
Ces mesures ont servi de support
à la campagne de communication Pâture Plus, avec 33 rendezvous hebdomadaires dans les
journaux agricoles bretons. Pour
faciliter leur repérage les exploitations étaient situées sur une
carte avec 3 zones pédoclimatiques : sèche, intermédiaire et
humide. (Carte 1)
Ces 3 zones pédoclimatiques
avaient été établies dans les
années 1990 «à dire d’expert»,
avec la perception que chacun
avait dans son département. Ce
zonage s’appliquait à toutes les
productions fourragères.
Pour autant ce zonage a permis à
tous les éleveurs de mieux percevoir la diversité climatique de la
Bretagne.
Il montrait parfois ces limites.
Ainsi, pour une même zone, certaines exploitations du Finistère
Carte 1 : L’ancienne carte climatique utilisée
notamment lors des campagnes Pâture Plus
4
Carte 2 : Zones climatiques au printemps, le sud de la Bretagne est
nettement plus précoce que le nord
Zone 1 : tardive
Zone 2 : très tardive
Zone 3 : côtière
Zone 4 : précoce
Zone 5 : très précoce
Les principaux facteurs limitants de la pousse de l’herbe à cette période sont la température et
l’ensoleillement.
avaient des pousses élevées en
été, alors que dans les autres
départements la croissance de
l’herbe était proche de zéro.
L’analyse des données réalisées
dans le cadre de l’Agro-Transfert
Bretagne a permis la description
de 2 saisons distinctes dans la
pousse de l’herbe : le «printemps» (février, mars, avril) et
l’été (fin juin, juillet, août), le
mois de mai correspondant à
l’explosion de la pousse avec la
montée des épis.
Le modèle de croissance de l’herbe proposé par l’INRA Toulouse
a été utilisé, pour décrire ces
deux périodes.
A partir des moyennes sur 10 ans
(1995-2004), 2 cartes climatiques
dans lesquelles les données de
croissance de l’herbe s’intègrent
beaucoup mieux ont pu être réalisées. Il reste bien sûr des situaMAI 2006 - N° 4
tions qui ne sont pas liées à la
météo : la profondeur des sols, la
nutrition azotée, les pratiques
des éleveurs…
Au printemps, des
zones plus ou moins
précoces
Pour établir la carte du printemps, deux paramètres météorologiques ont été utilisés car ce
sont les principaux facteurs limitants de la pousse de l’herbe à
cette période : la température et
l’ensoleillement. On arrive ainsi à
5 zones climatiques bien distinctes. (carte 2)
- Une zone très précoce en
rouge : elle bénéficie, en moyenne, à la fois de températures
douces et d’un ensoleillement
important du 1er février au 30
avril. Cette zone démarre dans le
Philippe Roger - Chambres d’agriculture de Bretagne
[email protected]
Thumette Madec – Météo-France
[email protected]
Carte 3 : Zones climatiques l’été, la pousse de l’herbe se prolonge
dans l’Ouest plus doux et plus humide
Zone 1 : très humide
Zone 2 : humide
Zone 3 : intermédiaire
Zone 4 : sec
Zone 5 : très sec
En été le bilan hydrique qui caractérise l’état de sécheresse superficielle des sols à partir des
pluies et de l’évapotranspiration, va déterminer l’arrêt ou le maintien de la croissance de l’herbe.
sud du Morbihan et se prolonge
beaucoup plus tardive que dans
en Loire Atlantique et en Vendée.
la zone très précoce (environ 45
Dans cette zone on peut mettre
jours de différence).
les animaux à l’herbe très tôt si
- Une zone tardive en bleu clair
les sols sont portants.
qui occupe tout le reste de la
- Une zone précoce en jaune :
Bretagne et dans laquelle les temelle traverse le Morbihan d’Ouest
pératures sont moyennes, mais
en Est et se prolonge sur la moioù l’ensoleillement est inférieur à
tié sud de l’Ille et Vilaine.
la moyenne.
L’ensoleillement et surtout les
températures y sont un peu plus
En été, des zones
faibles que dans la zone précéplus ou moins
dente, la mise à l’herbe y sera
donc précoce mais un peu plus
séchantes
tardive que dans la zone rouge.
En été le bilan hydrique qui
- Une zone côtière en vert qui
caractérise l’état de sécheresse
épouse longe toute la frange
superficielle des sols
côtière du Trégor jusà partir des pluies et
qu’à Guidel. Avec la
de l’évapotranspiraEn Bretagne, les tion, va déterminer
proximité de la mer, les
températures y sont au
climats sont
l’arrêt ou le maintien
moins aussi douces que
de la croissance de
contrastés
dans la zone rouge,
l’herbe.
Comme
mais le facteur limitant
pour le printemps on
de la pousse est l’ensoleillement
arrive à 5 zones, mais vous
qui est faible en février, mars,
remarquerez que les limites sont
avril.
parfois très différentes de celles
du zonage de printemps. (carte 3)
- Une zone très tardive en bleu
foncé qui correspond aux points
- La zone très sèche en rouge
culminants de la Bretagne
concerne la côte et les îles du
(Monts d’Arrée, Montagnes
Morbihan, mais aussi le secteur
Noires, massif de Paimpont,
de Mauron et le Sud Est de l’Ille
abord des collines normandes)
et Vilaine. L’herbe arrête de pousoù les températures sont très
ser souvent vers la fin du mois de
froides (par rapport au reste de la
juin.
région) et l’ensoleillement peu
- La zone sèche en jaune est très
important en février, mars, avril.
étendue et on la trouve dans les 4
Le cumul de ces deux facteurs
départements. Cependant, dans
entraînera une mise à l’herbe
le Finistère, elle est beaucoup
MAI 2006 - N° 4
D’autres critères
que le climat
Il est important de rappeler que
ce zonage est fait uniquement à
partir de critères climatologiques
et que bien sûr la météo n’explique pas tout :
- Dans une même zone, une
exploitation avec des sols profonds «résistera» mieux à la
sécheresse de juin-juillet qu’une
exploitation avec des sols superficiels.
- En sortie d’hiver, une exploitation en zone très précoce aura
une pousse de l’herbe très faible
si les animaux ont pâturé tout l’hiver par rapport à une autre où les
parcelles ont eu deux ou trois
mois de repos hivernal.
- La fertilité du sol, le pH, la vie
microbienne, l’orientation des
parcelles sont aussi des facteurs
qui influent sur la pousse de
l’herbe.
plus restreinte que dans le zonage des années 90 (Pointe St
Mathieu, Pointe du Raz, Pointe
de Penmarch, sud de Riec
Sur/Belon et de Quimperlé).
Dans cette zone (sauf sur les
exploitations à sols profonds), la
pousse de l’herbe s’arrête assez
vite en juillet, surtout sur les sols
peu profonds.
- La zone intermédiaire en bleu
couvre environ la moitié de la
Bretagne et elle comprend des
secteurs du Finistère auparavant
classés en zone sèche.
- La zone humide en vert clair
n’est présente que dans le
Finistère, l’ouest des Côtes
d’Armor et le nord ouest du
Morbihan. La pousse de l’herbe
se prolonge en juillet et parfois
même en août et surtout le redémarrage à l’automne est rapide
car les prairies ont peu souffert
du «sec».
- La zone très humide en vert
foncé se trouve essentiellement
dans les Monts d’Arrée plus deux
petites zones en Côtes d’Armor
et Finistère. On peu considérer
que l’herbe y pousse tout l’été,
même si la croissance peut parfois s’y ralentir lors d’étés très
secs ailleurs…
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