la saint-francois a l`institut sainte

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la saint-francois a l`institut sainte
LA SAINT-FRANCOIS A L'INSTITUT SAINTE-MARIE D'ANTONY
Le grand complexe scolaire des Pères marianistes à Antony en banlieue parisienne
a démarré avec la saint François une année entière de réflexion sur la vie consacrée
destinée aux élèves de leur établissement. Cette année de sensibilisation s'articule autour
de 3 étapes. La première se veut une meilleure compréhension de la vie de François à
travers l'exposition itinérante Ars latina des 28 fresques du cycle de Giotto de la Basilique
supérieure d'Assise. L'exposition s'est tenu durant 2 semaines du 4 au 18 octobre. Les 2
autres étapes verront elles aussi l'arrivée d'exposition itinérante, l'une en décembre sur
l'oeuvre picturale du dominicain Fra Angelico, et l'autre en fin d'année scolaire sur les
recherches scientifiques du jésuite Matteo Ricci. A chaque fois pour lancer l'exposition
une conférence.
Pour Giotto j'ai été appelé à faire la conférence introductive d'une heure au public
enseignant. C'était le vendredi 3 octobre. L'amphi n'était pas très rempli : il n'y eut que 75
personnes vu l'heure tardive de fin de semaine . Par contre cette conférence a pu être
imprimée grâce aux soins de l'établissement à 500 exemplaires sur papier glacé avec
photos couleurs, pour devenir un beau guide d'une dizaine de pages à l'usage des
enseignants et des catéchistes qui feront visiter l'exposition à leurs élèves.
Il m'a été demandé de revenir le samedi 4 pour la messe de la saint François
présidée par un Père marianiste et de dire juste après l'évangile une méditation. La
messe très dynamique avec des chants du renouveau s'est célébrée dans la chapelle de
l'école. Il y avait bien 400 personnes, parents et élèves. La méditation que j'ai faite a été
ensuite retransmise par circulaire-mail à bon nombre d'acteurs chrétiens de
l'établissement. La voici.
MEDITATION DE LA MESSE DE LA SAINT FRANCOIS
A L'INSTITUT SAINTE-MARIE D'ANTONY
On fête aujourd'hui François. Il a beaucoup à nous donner car François est
moderne. Giotto le montre à travers son cycle de 28 fresques. J'espère que vous
découvrirez cette modernité en regardant attentivement les photos du cycle exposé ici
dans l'établissement. Et que vous en tirerez profit. La modernité de François touche à tous
les domaines : l'intériorité, la relation aux êtres, le créé, la mort. De cette modernité du
saint d'Assise qui traverse les siècles, le Pape actuel a voulu en témoigner bien
évidemment au moment de son intronisation, en ayant choisi à dessin le prénom de
François. Tout un programme.
Je prendrai ici pour exemple de cette modernité de François, celle concernant un
domaine bien particulier, celui de l'eucharistie puisque nous sommes actuellement au
coeur même de cette réalité. François a été un passionné de l'eucharistie. Il a écrit une
exhortation et plusieurs lettres sur le sujet. On relève chez lui des traits qui lui sont propres
et qui peuvent encore interpeller notre propre rapport à la messe. Comme l'insistance sur
la louange ; la messe comme repas fraternel plus que comme sacrifice ; le désir de la
communion sur les 2 espèces ; l'accent sur le pour quoi de la messe et non sur le
comment de la messe, c'est-à-dire l'accent sur l'amour en acte et non sur la
compréhension du changement des espèces du pain et du vin en corps et sang du Christ ;
la messe avec un seul prêtre célébrant par communauté pour bien marquer l'unité du
corps du Christ ; la possibilité de célébrer la messe non dans une église mais dans la
nature ; et enfin la messe comme une expérience profondément mariale.
Le côté marial de l 'eucharistie, François le développe dans une de ses exhortations
écrites appelée admonition 1. Pour lui dans chaque eucharistie c'est la Vierge Marie qui
nous donne son Fils, qui nous enfante le Fils. Pour François l'eucharistie c'est Noël tous
les jours ; Dieu qui se fait humble et petit à travers les espèces du pain et du vin grâce à
la maternité de la Vierge Marie. Et toujours pour François, le prêtre célébrant l'eucharistie
est celui qui rend présent la Vierge qui enfante le Christ. Le prêtre a une dimension
féminine, maternelle. Il dit la maternité de Marie.
Cet aspect marial de l'eucharistie a été il est vrai peu exploré par l'Eglise. Et
pourtant il a à nous interpeller. Percevons-nous avec les yeux de François dans
l'eucharistie cette dimension de naissance qui a à voir avec ce à quoi nous sommes
appelés, l'entrée dans la vie nouvelle. Et la voir pas seulement pour nous, mais proposée
à tous,.
C'est cette dimension de naissance pour tous que François a voulu évoquer
lorsqu'il a mis en scène la crèche vivante de Grecchio lors de la messe de Noël 1223
quelques années avant sa mort. Si vous regardez la fresque de Giotto sur Grecchio qui
met en scène cette eucharistie de Noël vous verrez que le centre d'intérêt de François
est l'enfant Jésus qui vient de naître et qui le regarde. François voit Jésus avec les yeux
de l'Esprit, entendons-le bien. Derrière François, Giotto a représenté la croix à l'envers ;
cela semble logique puisque les personnages du premier plan sont dans le choeur de
l'église, donc derrière la croix qui fait face à la nef. Mais il me semble que cette
présentation chez Giotto de la croix à l'envers n'est pas seulement dû au fait que les
personnages sont dans le choeur. Elle est porteuse d'une intention. Pour Giotto et pour
François la croix comme tel n'est pas première, le sacrifice n'est pas premier. La croix ne
prend sa valeur que dans le mystère de la naissance. C'est la naissance qui est première
et qui capte le regard. On rejoint avec le Grecchio de Giotto ce qu'on vient de dire
précédemment sur la dimension mariale de l'eucharistie entrevue dans l'exhortation de
François.
Cette importance du mystère de Christ vu comme naissance par François, à
l'ombre de Marie, est probablement une des clés de lecture de toute la vie de François. A
nous aussi de découvrir dans notre propre vie ce mystère de naissance à l'oeuvre.
L'évangile d'aujourd'hui nous le rappelle d'ailleurs. L'appel à connaître auquel nous invite
Jésus, est un appel à naître avec, comme le sens du mot l'indique. Un appel à être fils du
Père, à grandir dans la circulation d'amour reçu et donné de la vie trinitaire agissante au
plus profond de nous François comme le Christ nous invite à mener une vie simple et
heureuse, ici et maintenant, avec la capacité à percevoir la main cachée et agissante de
Dieu, malgré les aléas de la vie. Chemin de vie qui ne va pas sans le consentement de
notre liberté. C'est ce qui fait toute la force de la modernité de François, dans le droit fil de
la modernité du Christ.
Confions nos désirs de vie nouvelle à la maternité de la Vierge Marie toujours
présente dans l'eucharistie. D'autant plus facilement que nous sommes dans un
établissement scolaire dédié à la Vierge Marie.
Avec la salutation de François, Pace e bene c'est-à-dire Paix et bonheur.
Fr Serge Delsaut, Franciscain.