Rencontre sur site à Annecy La Seconde Guerre

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Rencontre sur site à Annecy La Seconde Guerre
Rencontre sur site à Annecy
La Seconde Guerre mondiale: regards croisés sur les mises en récit
Résistance, support de récits et d'études locales à caractère historique. Quelles
représentations transmises ?
Intervention de Gil Emprin
Mercredi 24 octobre 2012
Texte de Gil Emprin
L'objet de l'intervention est d'essayer de faire une chrono-typologie des écrits sur la
Haute-Savoie des années 40-45, et de voir si elle correspond à des rythmes et des contenus
qu'on a pu voir à l'échelle de départements voisins ou de la France.
1. Le temps des certitudes 1945- années 80
Dans le contexte de l'après-guerre, la construction d'une mémoire positive de ces années « où
les Français ne s'aimaient pas....» est apparue comme une nécessité nationale. On se rappelle
comment le discours de de Gaulle à l'hôtel de ville lance une lecture mémorielle sélective alors
que des balles sifflent encore autour de lui : Paris brisé... libéré par son peuple, avec le concours
des armées de la France, de la France toute entière, c'est à dire de la France qui se bat, c'est à
dire de la seule France, de la vraie France, de la France éternelle ». Exit Vichy « nul et non
avenu », et les collaborationnistes dont quelques figures emblématiques seront fusillées (Laval,
Darnand, Brasillach).
On peut chercher et trouver des similitudes en Haute-Savoie, « libérée par elle-même » et
fusillant des miliciens à chaud comme pour tourner la page d'une époque où les Haut-Savoyards
non plus « ne s'aimaient pas».
1.1. Les écrits immédiats
La Résistance étant plurielle, la mémoire l'était aussi : les premiers écrits très précoces furent de
l'histoire-mémoire immédiate écrite par ses acteurs, avec le souci conscient ou non de
positionner ou figer des images et des récits -donc des analyses – à chaud, en forme de
plaidoyer pro-domo. Phénomène important et nouveau de la Résistance, les résistants de la
première heure avaient souvent conscience de faire la grande Histoire pendant qu'ils agissaient
(Voir Pierre Brossolette cité et expliqué par Laurent Douzou dans la Résistance, une histoire
périlleuse)
D'abord, des mémoires de groupes :
-l'armée, qui à travers la plume du capitaine Jean Monnet « du maquis au 27ème BCA 1944 »
souligne la place des militaires dans les FFI ; les rescapés de Glières, déjà formés en association
avec le livre « Glières première bataille de la Résistance » 1946, et les communistes « RI3 FTP
de Haute-Savoie » (ANACR).
Les 3 groupes ont intérêt à fixer leur rôle dans la Résistance. Glières pour donner du sens à la
tragédie de mars 1944 et entretenir « l'esprit du Plateau » ; les communistes pour mettre en
avant leur rôle dans la libération et consolider leur réinsertion dans la nation après le désastreux
Pacte germano-soviétique d'août 1939 que les dirigeants du Parti avaient cautionné ; les
militaires enfin pour faire oublier le désastre de juin 40 et leur engagement le plus souvent tardif
dans la Résistance. Evidemment, les mémoires étaient rivales et les polémiques vives, sur fond
de retour à la démocratie, et donc aux campagnes électorales: le PC attribuait aux militaires la
tactique du réduit montagnard et la « trahison » de Londres et Alger (idem sur le Vercors) et
l'attentisme supposé des autres, l'association des rescapés des Glières soulignait l'harmonie
patriotique, «l'esprit des Glières », et l'armée s'appuyait sur ses héros (Valette d'Osia) et martyrs
(Morel) et soulignait la nécessité du professionnalisme au maquis.
Pierre Golliet, l'auteur principal du livre des Glières montre dans la préface une belle lucidité
sur la construction de la mémoire et du mythe, et en tire des précautions méthodologiques : «
Hâtons nous de fixer les faits et les attitudes avant que leur force de symbole ne les ait élargis
jusqu’à leur faire illustrer la vérité de toute vraie résistance. Bientôt il sera trop tard. L’épopée
du maquis des Glières aura émergé de la trame ordinaire de l’Histoire ; elle s’étirera vers les
hauteurs et se transfigurera en légende. On ne pourra plus en réajuster les traits ».
Des mémoires d'acteurs :
La période d'après guerre voit aussi la parution de livres ou brochures de témoignages,
hommages d'acteurs à des amis disparus au combat (Paul Viret sur Pierre Lamy, inspecteur du
travail, homme de l'ombre de la lutte contre la Relève et le STO), « le sacrifice du matin »
(Bénouville) ou des éclairages sur des épisodes (le même Viret sur l'affaire de Menthon) ou le
témoignage de l'abbé Truffy sur la vallée de Thônes, dans une atmosphère polémique
anticommuniste de bataille de clocher sur fond de guerre froide. Nous sommes en 1949...
Mais dans les années 50 tous ces acteurs vont vivre leur vie d'homme et délaisser un peu le
champ de la mémoire et de l'histoire.
1.2. Les années 60 : les études « extérieures » évoquent la Haute-Savoie sans centrer leur
propos sur le département :
1- sur les réseaux (Goussard 1962), sur le SOE (Michaël Foot 1968), sur la Milice
(Delperrier de Bayac 69)
2- une forme particulière mais très populaire : les montagnards de la nuit de Frison
Roche, roman transparent où on peut reconnaître les personnages comme Morel ou
Bulle… et aborder des problèmes d'historiens (les rivalités FTP/AS, le poids des
chefs...)
1.3. Pendant ce temps, Glières est un mythe national
-dès le début de l'épisode historique, Radio Londres par la voix de Maurice Schumann a érigé
Glières en symbole, puis en mythe. C'est aussi une bataille de récits entre Radio Londres qui
installe Glières comme un bastion de France libérée avec des expressions comme « ramener Bir
Hakeim en France », ou assimilant la Haute-Savoie à la Grèce et la Yougoslavie, et Radio Paris,
où Philippe Henriot dénonce les terroristes à la solde de Moscou.
Après guerre, conforté par 3 visites de de Gaulle, la présence de ministres aux commémorations
de 45,46,48...), les discours commémoratifs fixent le récit mythique (mais le mythe part du
réel!) de Glières comme une France unie en miniature : militaires catholiques, communistes,
Haut-Savoyards et volontaires venus de l'extérieur, Espagnols républicains...
Tout cela est vrai, mais partiel : à froid, dans l'analyse de Glières, c'est surtout le tragique qui
domine : une guerre civile entre résistants et miliciens, la mort de Tom Morel tué par un
Français, le drame de la chasse à l'homme qui a suivi la dispersion...
On ne s'attardera pas sur François Musard qui en 1965 relance le mythe sous la forme d'un livre
largement inspiré du livre fondateur de 1946, mais mis à la sauce épique, où l'on évoque plume
au vent l'attaque de 20 000 (au moins trois fois le nombre réel) Allemands comme "une marée
humaine qui déferle inexorablement, sans se soucier de ses propres pertes...avec une lenteur
calculée de machine… ».
Plus sérieusement, le discours public sur les Glières est alimenté par la mémoire
commémorative, dont la dimension reste autant locale que nationale : le discours de Malraux en
1973 pour l'inauguration du monument de Gilioli, les anniversaires en 10, occasion de
publications. Aucun universitaire ne s'est frotté à l'objet, pas plus que les correspondants du
Comité d'Histoire de la Seconde guerre mondiale, qui ont plutôt choisi d'autres thèmes, mais de
manière confidentielle : le récit des Glières a écrasé l'histoire de la Haute-Savoie des années
noires masquant d'autres aspects de la Résistance : si le département a été mis par Vichy en «
état de siège », ce n'est pas à cause de Glières, mais des sabotages ferroviaires, et les coup de
mains des maquis.
1.4.
L'historicisation par un acteur-historien
C'est Jean-Louis Crémieux Brilhac , acteur-historien « de l'extérieur » qui, en 1975, place enfin
Glières en perspective, dans le cadre de la bataille d'opinion, de la guerre psychologique (la
propagande) et souligne le rôle de Londres-Alger. L’auteur montre, documents à l’appui,
comment « entre Glières, Annecy et Londres, on dirait que chacun a surestimé la capacité
d’action des autres ».
Quelques formules développent : « après avoir mérité une profusion d’armes grâce à six
semaines de siège et aux rapports publicitaires destiné à la BBC, ils (les maquisards des Glières)
se trouvaient prisonniers de ces armes…» ou encore « mythe développé jour après jour par la
radio de Londres…».
Au fond, en confondant soutien à la Résistance et propagande, Londres - et singulièrement
Cantinier et Maurice Schumann - n’ont-ils pas mis en péril les maquisards des Glières, les
condamnant à « se montrer dignes » du mythe construit ? En montrant comment tous les acteurs
(Glières, Annecy, Londres) ont participé à la montée en puissance du mythe, Crémieux-Brilhac
l’a décrypté, expliqué, sans pour autant détruire le symbole ni dévaloriser les acteurs. En
revanche, il a relativisé le poids réel de Glières dans la quasi guerre civile du printemps 1944
qui s'ajoute à la lutte pour la libération de Haute-Savoie. L'association des Glières a publié cet
article de Crémieux-Brilhac, commenté par Jacques Golliet, la « plume » de l'association.
Le symbole de Glières en est resté néanmoins solide car il a été un élément unificateur en temps
de guerre froide : les anciens FTP sont restés membres de l'association des rescapés et Constant
Paisant, un de leurs principaux témoins souligne que ils sont restés sur plateau contre l'avis des
responsables FTP.
2.
Le temps des révisions et de la multiplication des formes du récit 1980-2012
2.1
Les progrès de la recherche
Les nouvelles problématiques posées par des chercheurs anglo-saxons au début des années 70
(Robert Paxton sur Vichy et Roderick Kedward sur les maquis) puis le Suisse Philippe Burrin
sur l'opinion, ont entraîné un renouveau de l'historiographie française (Voir les travaux de
l'Institut d'Histoire du Temps Présent sur « Vichy et les Français » sur fond de remise en cause
de mythes et de pieux mensonges anciens qui dominaient dans l'opinion: Pétain le bouclier,
mais aussi la France unanime résistante et la puissance des maquis). Le renouveau de
l'historiographie nationale a aussi touché les départements savoyards.
2.2
Les études universitaires : en l'absence d'université en Haute-Savoie, les études dans
les années 90 ont été menées sous la direction de Christian Sorrel à Chambéry, et Durand,
Garrier à Lyon. On évite toujours le sujet Glières mais de nombreux mémoires de maîtrise
riches mais peu lus sur l'économie et vie quotidienne sous Vichy (1992) , sur le Vuache (1998),
la presse de la libération, le journal la Croix de Savoie pendant la guerre (1995), le clergé
haut-savoyard (1995), l'opinion et les représentations mentales (1999), la frontière suisse et les
passages (1994), les Italiens en HS de 1940 à 1943 (1998) , de la libération à la normalisation
(44-45) (1994).
Toutes ces études, malheureusement peu connues, devraient pouvoir donner des angles de vue
sur le département un peu moins centrés sur les maquis, et singulièrement sur les Glières.
Les études hyper locales soit par des sociétés savantes (Salévienne, Amis du Val de Thônes,
académie chablaisienne), soit des études autoéditées (sur St Gingolph 94, la tragédie de St
Eustache 2003, le Chablais (1998)).
2.3
Les biographies (Camille Folliet par Hiacynthe Vulliez en 2001), Tom Morel par son
guide et confesseur André Ravier (1990), un mémoire de maîtrise en 1996 et puis Gemline en
2010. Le dernier n'apporte à vrai dire que peu de choses, à part l'espoir d'un succès de librairie.
2.4
Les autobiographies (Constant Paisant, qui affirme dans le titre sa double
appartenance historique et aussi mémorielle (« Combattant des Glières, j'étais franc-tireur et
partisan » 1994) et Valette d'Osia « 42 ans de vie militaire » (1988-94)
2.5
Une tentative de synthèse par Pierre Mouthon en 1993, « Haute-Savoie 40-44 »
dans un livre parfois confus mais extrêmement rigoureux sur les faits et capable de recul, de
comparaisons, de mises en perspective, y compris sur Glières.
2.6
L'inclassable Michel Germain :
Il est tout à la fois : auteur prolifique de tous types de livres, analyses historiques, chroniques,
romans, conseiller de films, mais aussi militant de la mémoire. De 1985 à 1993, 6 livres avec
des titres forts, au delà du marketing de l'éditeur : les maquis de l'espoir, le sang de la barbarie
en lettres gothiques, les barbelés de la honte... Michel Germain est un peu le Henri Noguères de
la Haute Savoie. Le type du récit, c'est la chronique, basée sur le témoignage, un style
journalistique comme celui de Paul Dreyfus sur le Vercors d'où le recours aux dialogues
reconstitués, qui peuvent heurter l'universitaire, mais une érudition qui impressionne. Un
spécialiste, qui sait plus de choses que tout le monde réuni. Beau succès de librairie, son travail
colossal de collecte de témoignages, de photographies et d’étude des archives départementales
et locales a sauvé de l’oubli quantité de faits précis, d’épisodes de la vie quotidienne sous
l’occupation. Complété par son étude sur la Milice en Haute-Savoie, son œuvre, qui ne prétend
pas être une synthèse problématique, a satisfait la curiosité et fait œuvre de reconnaissance pour
nombre de résistants de l’ombre et constituera au delà un instrument de travail pour de jeunes
chercheurs.
Ses livres ont les défauts de leur qualité : l'excès des témoignages et de la passion militante, qui
rendent parfois fragile le propos.
Tellement spécialiste, il est un peu devenu l'historien officiel de la Haute-Savoie, chargé
notamment d'écrire le livre du Cinquantenaire anniversaire de Glières en 1994. Livre préfacé
par Louis Jourdan, président fondateur de l’association, - et co-auteur du livre de 1946- il est
une autre manière d’écrire l’histoire-mémoire, moins problématisée que celle du livre de 1946,
destinée plus clairement à l’édification des foules, comme en témoignent la reprise des formules
de Malraux en sous-titre : « une grande et simple histoire », ou en page intérieure « L’Epopée
héroïque et sublime ». Succès de librairie (3 éditions, plus de 10 000 exemplaires), il symbolise
l'importance du rôle de l'Association des rescapés dans l'écriture de l'histoire de 1946 à 1994.
- la passion, c'est aussi son engagement. Germain écrit aussi pour promouvoir des valeurs. Ainsi
il parle au préfet de l'époque, s'engage par le vocabulaire...écrit des mémoriaux... cela a au
moins l'avantage de la clarté des intentions. Au lecteur de prendre du recul...
Trop de mémoire, pas assez de remise en cause, la Résistance devient dans les années 90 un
terrain de polémiques histoire-mémoire. Phénomène global et national, avec le film « Le
chagrin et la pitié », avec les « affaires » Marchais, Mitterrand, Papon, le serpent de mer
Hardy-Moulin … c'est le temps des mythes brisés et des polémiques.
Dans cette atmosphère de remise en cause des témoignages comme source d'histoire « officielle
», le journaliste américain Paul Abrahams a écrit un livre sur la Haute-Savoie curieusement titré
« la Haute-Savoie contre elle-même », car elle évoque davantage l'évolution de l'opinion que les
fractures locales. Traduit en 2006, mais achevé 15 ans avant, c'est enfin un livre qui s'appuie sur
des archives, mais exclusivement celles de Vichy sans les critiquer suffisamment. L' écriture
journalistique, comme une série d'articles avec peu de synthèse, des répétitions, des
contradictions donne une impression de confusion. Son étude met en lumière toutefois l'impact
des conditions de la vie quotidienne (ravitaillement, prix agricoles, marché noir...) sur
l'évolution de l'opinion.
3.
Glières en questions : une source malheureusement devenue inépuisable
3.1
2 types d'ouvrages :
-les études locales issues des acteurs, (le 1er livre), de leurs proches (le site d'Alain Cerri, Alain
Delotel , les articles de Jacques Golliet dans la revue Messages de l'association des rescapés,
devenue « Association des Glières »).
-les « filons » éditoriaux; Musard, Pierre Vial, Gméline, redites pour faire du tirage, si possible
avec caution de l'association.
Depuis 1990, des remises en cause polémiques sur fond de « campanilisme » : on juge que
Glières a envahi les médias, étouffant la connaissance /reconnaissance d'autres groupes (les
Espagnols), régions résistantes de Haute-Savoie. (Amoudruz : ce n'est pas la première
bataille...on a oublié ou négligé de véritables héros...)
3.2
−
−
3.3
Plusieurs sujets de polémique sur la lecture historique des faits :
Glières pour quoi faire ? Maquis silo/ terrain de parachutage, puis citadelle...
Qui a une part de responsabilité dans la tragédie ? la faute à Londres ? À Cantinier ?
Aux locaux ?
Plus récemment on casse le mythe de la grande bataille:
- C'est le combat depuis 25 ans de Claude Barbier, dont les conférences ont été autant d'
événements polémiques, d'excès de langage en comptes-rendus de presse à gros titres. En
revanche, sa thèse universitaire soutenue récemment est en fait bien plus intéressante et riche
sur la Haute-Savoie que ces vaines polémiques. Une édition « grand public » de synthèse sera la
bienvenue, pour sortir par le haut.
- parallèlement et progressivement, Alain Delotel, Alain Cerri, à travers leurs publications et
leur site internet, tout en évoquant la mémoire de leurs pères, ont révisé la nature et la
chronologie des événements, notamment de Monthiévret, pour en venir au fait que l'attaque
allemande du 26 mars était en fait une reconnaissance poussée, préparatoire à une attaque
massive. Cette attaque n'a pas eu lieu, l'ordre de dispersion ayant été donné sagement pendant la
nuit par le capitaine Anjot. Cette vision des choses a été admise, intégrée par l'Association, et sa
plume Jacques Golliet, comme en témoigne le site de l'association.
Alors, allons-nous vers une sortie du mythe, en douceur ?
Ce n'est pas certain, car les polémiques restent hargneuses sur fond de rivalité de mémoires
(Carrier-Amoudruz) avec des arguments d'hyper-critique (sur les horaires, les lieux à 10
mètres...) mais aussi le risque de construction d'un contre-mythe, le balancier de la mémoire qui
jetterait le bébé des valeurs de la résistance avec l'eau du mythe de la grande bataille, que plus
personne ne défend. Le livre de Musard date de 1965 et le livre « officiel » de Michel Germain
date... de 20 ans.
Glières n'a pas fini de faire symbole et polémique mémorielle avec l'instrumentalisation en 2007
du lieu et du symbole patriotique et unitaire par un candidat à l'élection présidentielle et la
réponse d'une association Citoyens Résistants d'Hier et d'Aujourd'hui patronnée par de grands
résistants comme Raymond Aubrac et Stéphane Hessel sous la forme d'un meeting annuel aux
Glières pour rappeler une autre vision de l'héritage de la Résistance, celui du programme du
Conseil national de la Résistance.
Le problème de fond réside dans le fait que la plupart des participants à ces polémiques locales
considèrent Glières comme un événement, un phénomène hors sol. Or il faut l'intégrer dans
l'histoire de la Haute-Savoie, des maquis, de la sociologie maquisarde, de l'état de siège, de
Londres et Alger... De même, et inversement, la polémique nationale sur l'usage mémoriel des
Glières ignore l'histoire locale...
On pourrait se rappeler qu'on fait de l'histoire et que le recul, la mise à distance sont nécessaires
pour mieux se rapprocher d'une lecture vraie des choses. Glières en sortira différent. Le
symbole de l'unité dans la diversité restera.
Gil Emprin
Professeur agrégé d'histoire et responsable du service éducatif du MRDI (Musée de la
Résistance et de la Déportation de l'Isère).