A Tanger, un scrutin test pour le PJD laisse les Marocains

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A Tanger, un scrutin test pour le PJD laisse les Marocains
A Tanger, un scrutin test pour le PJD laisse les Marocains indifférents (REPORTAGE)
Par Omar BROUKSY
=(PHOTO)=
TANGER (Maroc), 4 oct 2012 (AFP) - Une élection, "quelle élection"? La formation islamiste
PJD vivait jeudi son premier test électoral comme parti de gouvernement lors de législatives
partielles à Marrakech ainsi qu'à Tanger, où morosité et indifférence semblaient prédominer
dans la population.
A Tanger, la capitale du nord du Maroc, le Parti justice et développement (PJD) du Premier
ministre Abdelilah Benkirane est notamment confronté à des candidats proches du palais royal
se présentant sous la bannière du Parti authenticité et modernité (PAM), fondé en 2008 par
Fouad Ali El Himma, un proche du roi Mohammed VI.
Trois sièges y sont à pourvoir, tous remportés en novembre dernier par le PJD mais qui ont
fait l'objet d'invalidations en raison de l'"utilisation de signes religieux" durant la campagne --la
présence d'une mosquée sur un tract du parti--, ce qui est interdit.
Pour la plupart des acteurs politiques, ces sessions de rattrapage font bel et bien office de test
pour le PJD, mouvement cantonné pendant des décennies dans l'opposition, avant le souffle du
Printemps arabe.
"Oui, ces législatives partielles sont un symbole pour notre gouvernement et notre parti", a luimême déclaré M. Benkirane dimanche soir à Tanger, devant des centaines de militants du PJD.
Preuve de l'importance accordée, 10 des 12 ministres islamistes ont assisté ou animé des
meetings à Tanger.
Changement de décor toutefois mercredi sur la grande place surplombant le vieux port de
Tanger. En cette veille de scrutin, des dizaines de jeunes assis sur un mur contemplent les
côtes espagnoles qui font face, à 15 km à peine.
Amine, 23 ans, fixe son regard sur ce bout de terre parfaitement visible en cette journée
d'automne ensoleillée. "Même l'Espagne n'attire plus comme avant à cause de la crise", soupire
ce jeune sans emploi. "Voter? Quelle élection? Je ne suis même pas au courant de ce vote.
Encore des élections?", poursuit-il.
"Je serai à la faculté jeudi. Mais de toute façon, je n'irai pas voter car ça ne sert à rien", ajoute
Fatima Zahra, une étudiante.
Ton presque aussi désabusé chez un marchand ambulant du quartier populaire de Beni
Makada. "J'ai déjà voté en novembre...", glisse-t-il.
"Fils du peuple"
---------------Maire (PAM) de Tanger, Fouad El Omary dit comprendre ce manque d'engouement.
"C'est logique, cette élection n'aura aucune conséquence sur l'actuel gouvernement, même si
elle est présentée comme un test", indique-t-il à l'AFP.
A la fin de l'été, la campagne électorale a fait une incursion à la une des médias avec
l'interdiction d'une cérémonie de clôture du congrès des jeunes du PJD.
Alors que cette mesure avait été présentée comme un nouvel épisode dans la lutte de pouvoir
entre gouvernement et palais royal, le ministre de l'Intérieur Mohand Laenser -qui n'est pas
PJD- l'avait justifiée par le fait que l'imminence du scrutin pouvait donner lieu à des troubles à
l'ordre public.
A Tanger, les tensions sociales restent vives malgré la récente installation à proximité de la
ville de grandes entreprises attirées par la zone franche.
Mardi, des affrontements ont éclaté entre des habitants de Beni Mekada et la police, faisant
plusieurs blessés légers dont des membres des forces de l'ordre, qui ont procédé à au moins
dix arrestations.
Malgré la morosité ambiante, le PJD reste le grand favori du scrutin, Tanger étant considéré
par les observateurs comme un de ses fiefs.
Les candidats du PAM, eux, parient sur une perte de crédibilité du "parti de la lampe". "Les
gens ont découvert la vraie nature du PJD, un parti populiste, ni plus ni moins", fait valoir un
militant du PAM.
Présent mardi soir à Tanger, le ministre (PJD) des Relations avec le Parlement Lahbib
Choubani affichait lui la volonté du parti de résister à l'érosion.
"On est prêts à faire des élections chaque année, chaque mois, chaque jour. Le gouvernement
ne nous a pas changés. Nous sommes toujours des fils du peuple", a-t-il scandé.