Bithérapie dans l`H..
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2261-fmc-001-006 2/10/03 19:13 Page I la FMC du généraliste n° vendredi 10 octobre 2 0 03 22 61 dossier La bithérapie dans l’hypertension artérielle c a h i e r d é ta c h a b l e Chez plus d’un hypertendu sur deux, le traitement devrait à terme comporter au moins deux molécules pour atteindre l’objectif tensionnel. Les dernières recommandations européennes et américaines placent la bithérapie en prescription initiale. L’Anaes est en train d’actualiser ses avis d’avril 2000. D R PASCALE NAU DI N-ROUSSELLE, d’après un entretien avec le P R JACQUES B LAC H ER (cardiologue, centre de diagnostic, Hôtel-Dieu, Paris) objectifs Sommaire PAT H O LO G I E EN QUESTIONS Le test à l’urée marquée Quand et comment l’utiliser pour diagnostiquer une infection à H.pylori p. VII ZAPPING p. VIII CORBIS- D. RIDLEY > Comment situer les bithérapies dans l’éventail des traitements antihypertenseurs ? > Quelles sont les associations judicieuses ? > Le praticien disposant déjà des recommandations de l’Anaes doit-il intégrer à sa pratique les nouvelles recommandations européennes et américaines ? LE BON MOMENT POUR LA BITHÉRAPIE De quoi parle-t-on ? > L’hypertension artérielle (HTA) se définit par une pression artérielle systolique (PAS) supérieure ou égale à 140 mmHg ou une pression artérielle diastolique (PAD) supérieure ou égale à 90 mmHg lors de mesures répétées, chez un adulte ne prenant pas d’antihypertenseur et ne présentant aucune maladie aiguë. Si cette définition est universellement reconnue, la classification des différents niveaux tensionnels a cependant évolué (voir encadré page II). > L’Anaes (Agence nationale d’accréditation et d’évaluation en santé) rappelle dans ses recommandations d’avril 2000 que le niveau tensionnel n’est pas le seul élément à prendre en compte dans l’estimation du risque cardio-vasculaire global du patient. L’identification d’autres facteurs de risque ou de maladies associées permet une estimation personnalisée du risque. Cependant la question de la stratification du risque cardiovasculaire et de ses conséquences sur la décision thérapeutique (mise en route de moyens médicamenteux ou non médicamenteux, mono ou 2261-fmc-001-006 2/10/03 19:13 Page II FMC dossier fmc la bithérapie dans l’hypertension a bithérapie) n’est pas résolue de la même manière par les guidelines européens ou américains parus en 2003 (voir page IV, « Stratification du risque cardio-vasculaire »). > L’objectif tensionnel admis par la communauté internationale est inférieur à 140/90 mmHg pour tous les hypertendus. Sauf en cas de diabète ou de néphropathie chronique (avec ou sans insuffisance rénale), auxquels cas la pression artérielle doit se situer en dessous de 130/80 mmHg. Une ou deux molécules pour commencer ? > Des recommandations françaises en cours de réévaluation. Selon l’Anaes, le traitement pharma- les différents niveaux tensionnels Les dernières recommandations européennes reprennent la classification des niveaux tensionnels figurant dans les recommandations internationales de 1999, émanant de l’OMS et de l’ISH (Société internationale de l’hypertension). Six catégories sont définies (en mmHg) : – PA optimale : PAS < 120 mmHg et PAD < 80 mmHg – PA normale : PAS : 120-129 mmHg et PAD : 80-84 mmHg – PA normale haute : PAS : 130-139 mmHg et PAD : 85-89 mmHg – HTA grade 1 (légère) : PAS : 140-159 mmHg et PAD : 90-99 mmHg – HTA grade 2 (modérée) : PAS : 160-179 mmHg et PAD : 100-109 mmHg – HTA grade 3 (sévère) : PAS ≥ 180 mmHg et PAD ≥ 110 mmHg Une septième catégorie concerne l’HTA systolique isolée : PAS ≥ 140 mmHg et PAD < 90 mmHg. L’Anaes se fonde sur la même classification. Les experts américains du JNC 7* ne considèrent que quatre groupes, mais introduisent la notion de préhypertension : – PA normale : PAS < 120 mmHg et PAD < 80 mmHg – Préhypertension : PAS : 120-139 mmHg ou PAD : 80-89 mmHg – HTA grade 1 : PAS : 140-159 mmHg ou PAD : 90-99 mmHg – HTA grade 2 : PAS ≥ 160 mmHg ou PAD ≥ 100 mmHg Le stade de préhypertension justifie pour les experts américains la mise en place ou l’intensification des mesures non médicamenteuses. On peut prévenir l’HTA chez un individu en jouant sur quatre facteurs : réduction du poids, diminution de la consommation d’alcool et de sel (6 g de sel par jour maximum), pratique d’une activité sportive à raison de quarante minutes tous les deux jours (natation, bicyclette, marche à bonne allure). Mais ces mesures de prévention, très difficiles à mettre en œuvre sur le plan individuel, le sont encore davantage à l’échelon collectif. Par ailleurs, n’y a-t-il pas un risque d’effet délétère à expliquer à un patient dont la pression artérielle est à 130/85 qu’il est « préhypertendu », c’est-à-dire « prémalade » ? Pour autant, la prise en compte de la catégorie « préhypertension » est une démarche qui reste intéressante s’il s’avère qu’elle est capable d’apporter un bénéfice sur le plan opérationnel. Pour l’heure, c’est le seuil de 140/90 mmHg qui fait foi pour dire qu’un sujet est hypertendu ou non. * Seventh Report of the Joint National Committee on Prevention, Detection, Evaluation and Treatment of High Blood Pressure. II numéro 22 61 vendredi 10 octobre 2 0 03 cologique doit débuter par une monothérapie ou par une association fixe pouvant être prescrite en première intention (page IV). Trois bithérapies minidosées ont l’AMM en France dans l’HTA en première intention : deux spécialités associent 2,5 mg de bisoprolol (bêtabloquant) à 6,25 mg d’hydrochlorothiazide (diurétique). La troisième associe 2 mg de perindopril (inhibiteur de l’enzyme de conversion) et 0,625 mg d’indapamide (diurétique). Ces bithérapies ont une efficacité comparable à celle d’une monothérapie, mais l’abaissement des doses permet de réduire les effets adverses dose-dépendants de chaque médicament. Une étude parue dans le Journal of Hypertension confirme l’efficacité de l’association perindopril-indapamide à faible dose sur les chiffres tensionnels et le moindre risque d’hypokaliémie secondaire. Toutes les autres associations sont indiquées en France en seconde intention au sein d’une stratégie graduelle : si le premier produit est bien toléré mais insuffisamment efficace, l’addition d’un deuxième principe actif est préconisée. L’Anaes conseille d’ajouter un diurétique thiazidique si le premier produit n’en était pas un. Si le premier médicament est resté inefficace ou s’il est mal toléré, il doit être arrêté et remplacé par une autre monothérapie. L’actualisation de ces recommandations figure au programme de travail 2004 de l’Anaes. > Toutes les études épidémiologiques d’observation ont montré que le contrôle tensionnel était médiocre puisque plus de 50 % des hypertendus sont amenés à prendre au moins deux molécules antihypertensives. De ce fait, les recommandations européennes et américaines qui devaient prendre en compte ces éléments étaient très attendues. Le groupe américain du JNC 7 (Seventh Report of the Joint National Committee on Prevention, Detection, Evaluation and Treatment of High Blood Pressure) propose : – de prescrire un diurétique thiazidique en première intention, pour une PAS comprise entre 140 et 159 mmHg ou une PAD comprise entre 90 et 99 mmHg (grade 1) ; – de discuter une bithérapie d’emblée si la pression artérielle est supérieure à l’objectif tensionnel de plus de 20/10 mmHg (par exemple 160 mmHg pour la systolique chez un sujet non diabétique et non néphropathe et 150 mmHg chez un diabétique ou un néphropathe). Cette démarche revient à conseiller une bithérapie initiale à la majorité des hypertendus, puisque la plupart ont une PAS supérieure à 160 mmHg. – de privilégier les diurétiques chez tous les patients, hors indication élective d’une autre classe médi 2261-fmc-001-006 2/10/03 19:13 Page III FMC n artérielle camenteuse (bêtabloquant dans le post-infarctus du myocarde, inhibiteurs de l’enzyme de conversion [IEC] en cas d’insuffisance cardiaque…). Les recommandations du groupe européen (publication conjointe de la Société européenne de cardiologie et de la Société européenne d’hypertension) précisent les points suivants : – le prescripteur est libre de choisir, dès que l’HTA est avérée et lorsque l’introduction d’un traitement pharmacologique est indiquée, entre une monothérapie ou une bithérapie initiale, en débutant tout traitement par de faibles doses et en adaptant le traitement en fonction des résultats obtenus ; – en l’absence d’indication élective, il n’existe aucun critère de choix majeur entre les principales classes médicamenteuses : le praticien a le choix entre diurétiques, IEC, antagonistes des récepteurs de l’angiotensine II (AA2), bêtabloquants et antagonistes calciques ; – le principal avantage de la bithérapie réside dans un meilleur contrôle tensionnel, au prix d’un risque plus élevé d’effets adverses. RÈGLES D’ASSOCIATION ET SUIVI Les bithérapies dans l’HTA apparient généralement un diurétique, voire un antagoniste calcique, à un produit choisi parmi trois autres antihypertenseurs : IEC, AA2 ou bêtabloquant. Les mariages heureux Il existe un moyen simple de se repérer parmi toutes les combinaisons possibles. Les antihypertenseurs principaux se répartissent en deux groupes (voir encadré ci-contre). Les bithérapies font généralement appel à une molécule de chaque groupe. On trouve sur le marché les associations suivantes : – bêtabloquant + diurétique ; – IEC + diurétique ; – AA2 + diurétique ; – bêtabloquant + antagoniste calcique ; – IEC + antagoniste calcique. > Le cadre général. L’association AA2-antagoniste calcique n’existe pas encore. L’association de deux diurétiques n’a pas véritablement d’effet additif sur les chiffres tensionnels et s’apparente à une monothérapie. Son intérêt réside dans la réduction des perturbations ioniques. Le couple diurétique-réserpine (le plus ancien) n’a pas été évalué. Revenons aux groupes 1 et 2 : un patient qui répond bien à un médicament d’un groupe donné a de bonnes chances de bien répondre aux autres produits du même groupe. Cela permet de rester dans le même « panier thérapeutique » lorsqu’un médicament est efficace mais mal toléré. Exemple : un antaLes 2 groupes goniste calcique efficace sur d’antihypertenseurs les chiffres tensionnels mais Groupe 1 Groupe 2 provoquant un œdème de la diurétiques bêtabloquants cheville peut être remplacé antagonistes calciques IEC par un diurétique. Par contre, AA2 un médicament inefficace doit être remplacé par un produit de l’autre groupe. En l’absence de terrain particulier (diabète, néphropathie, grossesse, angor ou infarctus, insuffisance cardiaque) et de contre-indication spécifique, il n’y a aucune règle en France et en Europe pour privilégier une bithérapie plutôt qu’une autre. Sur la base de l’étude Allhat, les recommandations du JNC 7 privilégient, sauf contre-indication, l’usage des diurétiques thiazidiques, que ce soit en mono ou en bithérapie. Dans cette étude, les complications cardio-vasculaires (toutes confondues) se sont montrées moins fréquentes avec les thiazidiques qu’avec les autres produits testés, pour une efficacité comparable sur les chiffres tensionnels. > En ce qui concerne les indications spécifiques, les recommandations sont convergentes : – chez le diabétique on privilégie un IEC ou un AA2 en première intention. Si une bithérapie est nécessaire, on associe un diurétique ; – chez le patient âgé, on débute par un diurétique ou un antagoniste calcique (efficaces en terme de réduction d’événements cardio-vasculaires) ; – un sujet porteur d’une néphropathie relève d’un IEC ou d’un AA2 en première intention. En cas d’insuffisance rénale, quelle qu’en soit la cause, l’IEC est la thérapeutique de choix ; – en cas d’angor ou d’infarctus du myocarde récent, un bêtabloquant s’impose en première intention ; – en cas de grossesse, les diurétiques sont contreindiqués, ainsi que les IEC et les AA2. À noter que les bithérapies minidosées n’ont pas de place définie sur ces terrains particuliers. EXAMENS COMPLÉMENTAIRES : RESTER PRAGMATIQUE > Le bilan biologique initial avant traitement comporte un ionogramme, un dosage de la créatinine sérique et de la glycémie à jeun, un bilan lipidique et, éventuellement, un dosage de l’acide urique si l’on envisage de prescrire un diurétique. On pratique un électrocardiogramme, ainsi qu’une analyse d’urine à la bandelette, à la recherche d’une protéinurie. En cas de protéinurie positive, il faut compléter le bilan par numéro 22 61 vendredi 10 octobre 2 0 03 III 2261-fmc-001-006 2/10/03 19:13 Page IV FMC dossier fmc la bithérapie dans l’hypertension a bithérapies en associations fixes (source : Vidal 2003) BÊTABLOQUANT NOMS COMMERCIAUX Lodoz® Wytens® + DIURÉTIQUE IEC + DIURÉTIQUE Moducren® Logroton® Tenoretic® Trasitensine® Viskaldix® Acuilix® Koretic® DCI bisoprolol timolol métoprolol 2,5 mg, 10 mg + 200 mg + 5 mg, 10 mg HCT 25 mg chlortali+ hydrochlo- amiloride done rothiazide 2,5 mg 25 mg (HCT) 6,25 mg POSOLOGIE de 2,5 mg (1re intention) à 10 mg de bisoprolol/j 1/j aténolol 50 mg + chlortalidone 12,5 mg oxprénolol 160 mg + chlortalidone + 20 mg 1/j 1 à 2/j 1 à 2/j Preterax® Bipreterax® Briazide® Cibadrex® pindolol quinapril perindopril perindopril bénazépril 10 mg + 20 mg 2 mg + 4 mg + 10 mg + clopamide + indapamide indapamide HCT 5 mg HCT 0,625 mg 1,25 mg 12,5 mg 12,5 mg 1 à 2/j 1/j faible dosage en 1re intention dosage normal en 2e intention 1/j Captea® Ecazide® Co-Renitec® Foz captopril 50 mg + HCT 25 mg énalapril 20 mg + HCT 12,5 mg fos 2 + 12 1/j 1/j PRINCIPALES CONTRE-IND. asthme ; ins. resp. sévère ; anomalie conduction cardiaque ; bradycardie < 50/min ; ins. rénale sévère ; hypersensibilité aux composants ; grossesse encéphalopathie hépatique ; ins. rénale sévère ; hypersensibilité aux composants ou antécédent d’œdème de Quincke lié à la prise d’un IEC ; grossesse PRINCIPALES PRÉCAUTIONS D’EMPLOI jamais d’interruption brutale du traitement chez un angineux toux ; risque d’hypotension artérielle et/ou d’ins. rénale (si ins. cardiaque, déplétion hydrosodée) ; contrôle régulier fonction rénale et K si ins. rénale ; surveiller si œdème de Quincke PRINCIPALES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES – associations contre-indiquées : floctafénine ; sultopride ; – déconseillées : amiodarone, lithium ; médicament non antiarythmiques donnant des torsades de pointe – à prendre en compte : AINS, corticoïdes (effet antihypertenseur) ; antidépresseurs imipraminiques ; neuroleptiques ; alphabloquants à visée urologique (effet antihypertenseur) – déconseillées : diurétiques hyperkaliémiants, sels de potassium ; lithium ; estramustine ; sultopride – à prendre en compte : AINS, corticoïdes (effet antihypertenseur) imipraminiques, neuroleptiques, alphabloquants à visée urologique (effet antihypertenseur) PRINCIPAUX EFFETS INDÉSIRABLES refroidissement des extrémités ; bradycardie troubles hydroélectrolytiques (Na, K) ; uricémie ; glycémie ; troubles hépatiques ; contrôle antidopage + toux sèche (1 fois sur 20) ; céphalées ; vertiges ; hypotension ; troubles hydroélectrolytiques (Na, K, uricémie, glycémie) ; contrôle antidopage + l’examen du sédiment urinaire sur les urines de vingt-quatre heures. > Les guidelines européens recommandent, sans les inclure dans les examens de routine, de pratiquer les tests suivants : échographie cardiaque et carotidienne, dosage de la C-réactive protéine, recherche d’une microalbuminurie, fond d’œil en cas d’HTA sévère. Pour le Dr Blacher, hormis le dernier point, il est difficile d’envisager de pratiquer systématiquement ces examens lors du bilan initial d’une HTA. > Après un mois de traitement, on contrôle l’ionogramme, la créatinine, les transaminases et les gamma GT. Si le traitement est efficace et bien toléré, le patient consulte son médecin traitant tous les trois mois, et le bilan biologique est renouvelé une fois par an en l’absence d’anomalie. IV numéro 22 61 vendredi 10 octobre 2 0 03 STRATIFICATION DU RISQUE CARDIO-VASCULAIRE GLOBAL > Pour les experts européens, il est préférable, avant d’introduire un traitement médicamenteux d’évaluer, le risque cardio-vasculaire global du patient. Cinq niveaux de risque sont ainsi déterminés. Bien que satisfaisante sur un plan conceptuel, cette méthode de stratification du risque est difficilement applicable en médecine générale. En effet, de nombreux éléments doivent être pris en compte. Outre les chiffres de PA, on considère les facteurs de risque suivants : âge, sexe, diabète, dyslipidémies, tabagisme, antécédents familiaux de maladies cardio-vasculaires, obésité abdominale, sédentarité, alcoolisme. Le dosage de la C-réactive 2261-fmc-001-006 2/10/03 19:13 Page V FMC n artérielle Suite du tableau AA 2 + DIURÉTIQUE ec® Foziretic® Prinzide® Zestoretic® ril + fosinopril 20 mg + HCT 12,5 mg lisinopril 20 mg + HCT 12,5 mg g 1/j e 1/j Coaprovel® Cokenzen® 8 mg Cotareg® Hyzaar® Cokenzen® 16 mg Nisisco® Hytacand® 8 mg Hytacand® 16 mg irbésartan 150 ou 300 mg + HCT 12,5 mg candesartan 8 ou 16 mg + HCT 12,5 mg 1/j de 8 à 16 mg de candésartan/j valsartan losartan 80 mg + 50 mg HCT 12,5 mg + HCT ou 12,5 mg valsartan 160 mg + HCT 25 mg 1/j 1 à 2/j BÊTABLOQUANT + ANTAGONISTE CALCIQUE Fortzaar® MicardisPlus® PritorPlus® Bêta-Adalate Tenordate Logimax losartan 100 mg + HCT 25 mg telmisartan 40 ou 80 mg + HCT 12,5 mg nifédipine 20 mg + aténolol 50 mg félodipine 5 mg + métoprolol 47,50 mg 1/j De 40 à 80 mg de telmisartan/j 1 à 2/j 1 à 2/j ins. rénale sévère ; ins. hép. sévère ; hypersensibilité aux composants ; grossesse asthme ; ins. resp. sévère ; anomalie conduction cardiaque ; bradycardie < 50/min ; grossesse ; hypersensibilité aux composants contrôle régulier fonction rénale et K si ins. rénale jamais d’interruption brutale du traitement chez un angineux lithium ; AINS ; médicaments modifiant la kaliémie – contre-indiquées : floctafénine ; sultopride – déconseillées : amiodarone ; – à prendre en compte : AINS ; corticoïdes (effet antihypertenseur) ; imipraminiques ; neuroleptiques alphabloquants à visée urologique (effet antihypertenseur) peu contrôle antidopage + céphalées ; œdèmes chevilles ; flush ; contrôle antidopage + protéine (CRP) a été ajouté à la liste des éléments à prendre en compte, mais ce n’est pas un test de routine à pratiquer en médecine générale. L’atteinte des organes cibles et les pathologies associées regroupent les atteintes cardiaques, cérébrales et rénales, ainsi que les artériopathies périphériques et la rétinopathie. La micro-albuminurie est une nouvelle composante à rechercher. Mais cet élément reste du domaine de la recherche. > L’Anaes reconnaît trois niveaux de risque cardiovasculaire (faible, moyen, élevé). > Les experts américains, sans négliger l’évaluation du risque cardio-vasculaire, considèrent que le traitement antihypertenseur doit être discuté pour tous dès que la pression artérielle atteint ou dépasse 140/90 mmHg. Ceci en raison de l’existence d’une relation linéaire entre niveau de pression artérielle et risque cardio-vasculaire. > Un exemple de différence de prise en charge selon les recommandations : – si l’on se réfère aux recommandations du JNC 7, un patient ayant une HTA à 165/105 (grade 2) pourra se voir proposer en première intention une bithérapie, quel que soit son niveau de risque ; – si l’on se réfère aux recommandations européennes, ce patient devra faire contrôler régulièrement sa tension artérielle et réduire ses facteurs de risque s’il est estimé à « risque modéré » (0, 1 ou 2 facteurs de risque autres que l’HTA) et ne sera traité par antihypertenseur qu’en deuxième intention ; s’il est estimé à « haut risque » (au moins 3 facteurs de risque ou atteinte d’un organe numéro 22 61 vendredi 10 octobre 2 0 03 V 2261-fmc-001-006 2/10/03 19:13 Page VI FMC dossier fmc la bithérapie dans l’hypertension artérielle IEC + ANTAGONISTE DIURÉTIQUE + RÉSERPINE CALCIQUE NOMS COMMERCIAUX DCI Ocadrik LP® Tarka LP® Tensionorme® bendrofluméthiazide 2,5 mg + réserpine 0,1 mg 1/j 1 à 3/j PRINCIPALES CONTREINDICATIONS ins. rénale sévère ; hypersensibilité aux composants ou antécédent d’œdème de Quincke lié à la prise d’un IEC ; grossesse hypersensibilité aux composants ins. rénale sévère ; grossesse états dépressifs ; ulcère gastro-duodénal évolutif PRINCIPALES PRÉCAUTIONS D’EMPLOI toux ; contrôle régulier fonction rénale et K si ins. rénale ; surveiller si œdème de Quincke contrôle ionogramme et fonction rénale PRINCIPALES INTERACTIONS MÉDICAMENTEUSES – déconseillées : diurétiques ; hyperkaliémiants ; sels de potassium ; estramustine ; lithium – à prendre en compte : AINS ; corticoïdes (effet antihypertenseur) ; imipraminiques, neuroleptiques (effet antihypertenseur) – associations contre-indiquées : MAO ; lévodopa ; – déconseillées : lithium ; vincamine – nécessitant précautions d’emploi : AINS ; antiarythmiques donnant des torsades de pointe ; autres hypokaliémiants (diurétiques hyperkaliémiants) toux ; hypotension vomissements, hypersécrétion gastrique, diarrhée ; anxiété ; syndrome dépressif ; troubles hydroélectrolytiques (Na, K, uricémie ; glycémie) PRINCIPAUX EFFETS INDÉSIRABLES cible ou diabète) ou à « très haut risque » (maladie cardio-vasculaire, cérébrale ou rénale associée), le traitement médicamenteux sera instauré d’emblée : le praticien peut alors choisir entre une monothérapie initiale avec bithérapie éventuelle de seconde intention et une bithérapie initiale ; – selon les recommandations françaises, le traitement pharmacologique pour ce patient sera instauré en seconde intention si le risque cardio-vasculaire est dit « moyen » (0, 1 ou 2 facteurs de risque), ou d’emblée si le risque est dit « élevé » (3 facteurs de risque ou plus ou atteinte d’un organe cible ou diabète) : on doit commencer par une monothérapie et réserver la bithérapie aux échecs thérapeutiques. > En pratique, le risque cardio-vasculaire s’élève rapidement dès que PAS dépasse 140 mmHg. Et 95 % des sujets dont la PAS est supérieure à 140 recevront in fine un traitement antihypertenseur. La démarche de quantification du risque cardiovasculaire relève plutôt d’un état d’esprit, afin de ne pas se polariser sur les seuls chiffres tensionnels. En cas de risque élevé, l’introduction d’autres drogues à tropisme cardio-vasculaire (statine, acide acétylsalicylique) devrait être discutée. VI > Il y a HTA si PAS ≥ 140 mmHg ou PAD ≥ 90 mmHg. vérapamil 180 mg trandolapril 2 mg POSOLOGIE Ce qu’il faut retenir numéro 22 61 vendredi 10 octobre 2 0 03 > Objectif tensionnel : PA < 140/90 mmHg, ou < 130/80 mmHg en cas de diabète ou de néphropathie chronique. > Apprécier si le risque cardio-vasculaire global du patient est élevé. > Les nouvelles recommandations américaines et européennes reflètent une vision différente de la même réalité : les patients dont la PAS dépasse 140 mmHg ont un risque cardio-vasculaire qui s’élève rapidement. In fine, 95 % d’entre eux devront recevoir un traitement antihypertenseur. > La monothérapie est insuffisante chez plus d’un hypertendu sur deux. > Si une bithérapie est envisagée, il faut respecter les règles d’association en utilisant la stratégie des deux groupes. > Ne pas négliger les mesures non médicamenteuses. Sources > « Prise en charge des patients adultes atteints d’HTA essentielle », Anaes. Recommandations et données économiques, avril 2000. > « The Seventh Report of the Joint National Committee on Prevention, Detection, Evaluation and Treatment of High Blood Pressure », A. V. Chobanian, G. L. Bakris, Hr Black et al. (the JNC 7 Report), Jama 2003 ; 289 (19) : 2560-72. > « European Society of Cardiology Guidelines for the Management of Arterial Hypertension », Guidelines Committee, 2003, European Society of Hypertension, J. Hypertens. 2003 ; 21 : 1011-53. > « Gender Influence on the Dose-Ranging of a Low-Dose Perindopril-Indapamide Combination in Hypertension : Effect on Systolic and Pulse Pressure », Guidelines M. E. Safar, M. G. Myers, F. Leenen, R. Asmar : J. Hypertens., 2002 Aug. ; 20 (8) : 1653-61. > « Major Outcomes in High-risk Hypertensive Patients Randomized to Angiotensin-converting Enzyme Inhibitor or Calcium Channel Blocker vs Diuretic : The Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to Prevent Heart Attack Trial (Allhat) », Guidelines The Allhat Officers and Coordinators for the Allhat Collaborative Research Group. The Antihypertensive and Lipid-Lowering Treatment to Prevent Heart Attack Trial. Jama. 2002 ; 288 : 2981-97. 2261-fmc-007- 2/10/03 18:54 Page VII PAT H O LO G I E E N Q U E ST I O N S FMC Entretien avec le P R MARC-AN DRÉ B IGARD (chef du service d’hépato-gastro-entérologie, C HU de Vandœuvre-lès-Nancy). Propos recueillis par le D R CATH ERI N E FREYDT Le test respiratoire à l’urée Simple et peu coûteux, ce test permet de poser le diagnostic d’infection à l’Helicobacter pylori sans passer par la fibroscopie gastrique. U Est-il licite de demander ce test sans faire de fibroscopie gastrique, en sachant que son AMM ne concerne que le contrôle de l’éradication d’H. P. ? PR MARC-ANDRÉ BIGARD. Demander ce test respiratoire qui est rapide et non invasif est ici parfaitement admis. Il ne faut pas limiter l’indication de ce test de diagnostic au contrôle de l’éradication. La prévalence du cancer de l’estomac est très faible avant 60 ans. L’endoscopie gastrique est en conséquence justifiée essentiellement en cas d’antécédent familial au premier degré de cancer gastrique, ou de signe d’alarme tel que amaigrissement, anorexie, altération de l’état général. Le test respiratoire à l’urée marquée au carbone 13 est un outil très performant ayant une sensibilité de 90 % et une spécificité de 95 %. Il est utilisé en première intention chez l’enfant, bien que ses indications restent rares. Attention, ce test ne doit pas être réalisé après une prise d’antibiotiques – un délai de trois semaines à un mois est requis –, ni après une prise d’IPP responsable d’une diminution de la quantité de microbes dans l’estomac et qui impose le même délai d’attente. Des études ont prouvé qu’une prise d’oméprazole pendant une semaine négative le test une fois sur quatre et que trois jours d’IPP à très fortes doses dans un contexte hémorragique le négative dans 100 % des cas. Dans le cas de ce patient, la prise d’IPP ayant été courte et à dose normale, un délai de dix jours suffit pour que le test soit valide. Est-on autorisé à proposer d’emblée un traitement d’éradication chez ce patient sans fibroscopie ? PR M.-A. B. On peut prescrire le traitement sans contrôle endoscopique. Pour mémoire, celui-ci associe pendant sept jours un IPP à double dose, et une double antibiothérapie comprenant amoxicilline 1 g et clarythromycine 500 mg matin et soir. Le taux d’éradication, si le traitement est bien suivi, atteint 70 à 80 %. Les Anglo-Saxons appellent « test and treat » cette stratégie qui consiste à faire un test non invasif puis à traiter. Cette approche limite la réalisation d’explorations endoscopiques coûteuses et pas toujours utiles. Un million de gastroscopies sont effectuées annuellement en France, record mondial juste après les Japonais qui ont un risque de cancer gastrique dix fois supérieur au nôtre. Cet homme peut cependant n’avoir qu’une dys- pepsie fonctionnelle positive à H. P. ? P R M.-A. B. C’est effectivement une question que l’on peut se poser. Il est vrai que 30 % de la population française est porteuse d’H. P. Des études ont montré qu’en cas de dyspepsie non ulcéreuse, le ratio du bénéfice d’un traitement d’éradication par rapport au placebo est de 9 %. Ce n’est pas énorme, mais cela signifie tout de même qu’un patient sur dix est amélioré et c’est énorme dans cette pathologie où soulager se révèle souvent difficile. En pratique Le principe du test repose sur la puissante activité de l’uréase de la bactérie Helicobacter qui dégrade dans l’estomac l’urée en CO2, lequel franchit la barrière gastrique, passe dans le sang, puis est éliminé dans l’air expiré. PHANIE n homme de 41 ans consulte pour des douleurs épigastriques à type de brûlures, de pesanteur, survenant souvent en postprandial mais aussi parfois à distance et qui sont alors soulagées par la prise d’aliments. Il signale avoir une « digestion lente » mais n’a pas maigri et n’a aucune altération de son état général. Les pansements digestifs n’ont guère été efficaces mais celle d’un IPP fourni par son amie pendant trois jours, l’a soulagé. Cette prise remonte à dix jours et les douleurs ont repris. À 28 ans, il aurait été soigné pour « un ulcère de l’estomac » survenu après une prise d’AINS, diagnostic non confirmé par une endoscopie. Le test respiratoire à l’urée marquée prescrit revient positif à Helicobacter pylori (H. P.). Deux ordonnances sont nécessaires : l’une pour l’achat en pharmacie d’Heli-Kit® ou Helicobacter Test Infai®, et l’autre pour le laboratoire d’analyses médicales avec la demande d’un test respiratoire à l’urée marquée. Le patient doit être à jeun depuis la veille et n’avoir ni bu ni fumé le matin de l’examen. Pour Helicobacter Test Infai®, il apporte en supplément du jus d’orange. Une fois au laboratoire, le patient boit la moitié d’un sachet d’acide citrique dilué dans de l’eau, puis expire dans une paille ou un sac, et le CO2 de cet air est mesuré. L’acide citrique a pour effet de ralentir la vidange gastrique. Ensuite le patient ingère le reste du sachet mélangé avec l’urée marquée au C non radioactive. Après trente minutes, il souffle à nouveau et le taux de CO2 contenu dans l’air expiré est à nouveau mesuré. Le prix du test est de 35,57 euros, remboursé à 65 % et celui de l’analyse B 20 + B 60. numéro 22 61 vendredi 10 octobre 2 0 03 VII 2261-fmc-008 2/10/03 19:08 Page VIII FMC ZAPPING QUESTIONS - RÉPONSES Les nutriments meilleurs au naturel QUESTION du Dr Patrice Saudo (Rumegies, Nord) « L’étude Su.Vi.Max [le Généraliste n° 2254] prouve que les antioxydants diminuent d ’un tiers l ’incidence des cancers [chez l’homme seulement, Ndlr] mais en conclusion, le Dr Hercberg ne recommande pas la généralisation de cette gélule “ miracle ” à toute la population. [...] Ne serait-ce pas de la non-assistance à personne en danger ? » RÉPONSE du Dr Serge Hercberg (directeur UMR U557, Inserm/U1125 Inra/Cnam) La non-assistance à personne en danger serait de ne pas donner de recommandations nutritionnelles pour diminuer le risque de cancer : celle de manger équilibré et varié avec une quantité suffisante de fruits et légumes pour atteindre les niveaux adéquats de vitamines antioxydantes (notamment de bêtacarotène et de vitamine C qui semblent jouer un rôle particulièrement important dans la protection). D’autre part, l’efficacité obtenue dans l’étude avec les nutriments utilisés est vraisemblablement en dessous de l’efficacité qui peut être attendue lorsque les mêmes nutriments sont consommés dans leur environnement, au sein des aliments, notamment les fruits et légumes (dans lesquels on retrouve beaucoup d’autres constituants à vocation protectrice comme les fibres, les vitamines du groupe B ou d’autres substances antioxydantes, telles que les polyphénols). D’autre part, n’oubliez pas que, indépendamment du fait que l’on ne peut envisager de consommer toute Amiodarone cinq jours sur sept, empirique ou scientifique ? pas utile de débarrasser nos prescriptions de tout ce qui peut être irrationnel ? » QUESTION du Dr Michel Fagot (Charenton, Val-de-Marne) « J’aimerais savoir quelle est la base logique de la prescription de l’amiodarone cinq jours sur sept au lieu de sept jours sur sept. S’agit-il d’une tradition empirique ou est-ce scientifiquement justifié ? Vu la longue durée de vie de l’amiodarone, une prescription à 1/2 cp par jour ne reviendrait-elle pas au même ? La prescription sept jours sur sept me paraît particulièrement répandue, ne serait-il RÉPONSE du Dr Gérard Leroy (CHI Poissy – Saint-Germain-en-Laye, Yvelines) Effectivement, la prescription cinq jours sur sept de Cordarone® n’est pas scientifiquement justifiée. Aucune fenêtre thérapeutique n’est nécessaire. D’ailleurs, des dosages plasmatiques effectués le vendredi après prise de médicament pendant cinq jours et le lundi après interruption de deux jours sont identiques. L’origine de cette particularité ? Les études initiales concernant cet antiarythmique démontraient que la dose moyenne efficace était de 1cp plus 1/2 cp par jour. Les comprimés étant très difficilement sécables, par commodité, on a préféré prescrire deux comprimés par jour cinq jours sur sept. Cette habitude a perduré lorsque, pour limiter les effets secondaires, la posologie a été diminuée à 1 cp par jour. L’important est en fait de prescrire la plus faible posologie efficace, à déterminer pour chaque patient. Fibrillation auriculaire. VIII sa vie quotidiennement des pilules, les calories apportées par les fruits et légumes permettent de réduire la consommation de produits sucrés ou gras, dont l’excès peut être délétère. Car si on ne recommande pas la consommation de fruits et légumes, que va-t-on manger ? Donc, en termes de bénéfice des fruits et légumes, on retrouve, outre tous ceux de la capsule Su.Vi.Max, beaucoup d’autres avantages liés à d’autres constituants non testés dans l’étude. En plus, on évite de manger des aliments moins intéressants sur le plan nutritionnel... et tout de même, sur le plan gastronomique, la pilule n’est pas compétitive ! numéro 22 61 vendredi 10 octobre 2 0 03 VOISIN/PHANIE P A R L E D R C AT H E R I N E F R EY D T