Muséum National d`Histoire Naturelle le Pinson du Nord Fringilla

Transcription

Muséum National d`Histoire Naturelle le Pinson du Nord Fringilla
Muséum National d'Histoire Naturelle
Service du Patrimoine Naturel
Le Pinson des arbres Fringilla coelebs et
le Pinson du Nord Fringilla montifringilla
en France : statuts et tendances
Convention MEDDTL/MNHN 2011
Axe 3 : protection et suivis faune, flore, habitats
Rapport SPN 2012 – 26
Mai 2012
Rédaction
Jacques COMOLET-TIRMAN (SPN/MNHN)
Co-rédaction
Frédéric JIGUET (CRBPO/MNHN)
Jean-Philippe SIBLET (SPN/MNHN)
Remerciements
Olivier DEHORTER (CRBPO/MNHN)
Philippe GOURDAIN (SPN/MNHN)
Guillaume GRECH (SPN/MNHN)
Sébastien LANGUILLE (SPN/MNHN)
Julien TOUROULT (SPN/MNHN)
Aurélien AUDEVARD (Contributions photographiques)
Référence bibliographique du document
COMOLET-TIRMAN J., JIGUET F. & SIBLET J-P. (2012). – Le Pinson des arbres Fringilla coelebs et le Pinson
du Nord Fringilla montifringilla en France : statuts et tendances [Chaffinches Fringilla coelebs and Bramblings Fringilla
montifringilla in France : population sizes and trends]. Mai 2012. Rapport SPN 2012-26, Service du Patrimoine
Naturel, Muséum National d'Histoire Naturelle, Paris, 34 pages.
Version tenant compte des principales recommandations contenues dans l’avis du GEOC : certains
compléments ont été apportés dans le texte, d’autres figurent dans les annexes.
Téléchargement
http://www.mnhn.fr/spn/rapports.html
Crédits photographiques de la page de couverture et 4e de couverture
Pinson des arbres Fringilla coelebs © Ph. Gourdain
Paysage forestier © Ph. Gourdain
2
Résumé
Sollicité par le Ministère en charge de l’écologie dans un courrier daté du 12 octobre 2011, le Muséum
National d’Histoire Naturelle doit rendre un rapport de synthèse des connaissances disponibles sur le Bruant
ortolan Emberiza hortulana, le Pinson des arbres Fringilla coelebs et le Pinson du Nord Fringilla montifringilla, devant
notamment traiter des états et tendances des populations fréquentant notre pays. Il est prévu que ce rapport soit
ensuite soumis au Groupe d’Experts sur les Oiseaux et leur Chasse, « afin de disposer in fine d’un document
faisant autorité ».
Le présent document est consacré au Pinson des arbres Fringilla coelebs et au Pinson du Nord Fringilla
montifringilla. Les statuts et tendances des populations y sont décrites selon un cadre défini au niveau européen.
Ce document préfigure donc les éléments d’évaluation qui devront être rendus à la Commission Européenne par
la France, comme par chacun des Etats Membres, à la fin de l’année 2013.
L’état de conservation du Pinson des arbres semble globalement bon, tant en ce qui concerne ses
populations nicheuses que ses populations hivernantes. Toutefois, ce constat mérite d’être confirmé par
l’évaluation européenne en cours actuellement. La dernière évaluation indiquait que les populations françaises et
suédoises étaient en déclin. L’avant-dernière évaluation indiquait un déclin pour les populations finlandaises.
L’analyse des grandes tendances nationales peut masquer certaines particularités régionales. Ainsi une thèse sur le
Pinson des arbres met en évidence la fragilité de ses populations nicheuses dans les régions peu forestières du
grand sud-ouest de la France.
L’état de conservation du Pinson du Nord ne peut pas être considéré comme bon : malgré des
fluctuations importantes de ses populations tant hivernantes que de passage (en transit vers l’Espagne) et
certaines lacunes de connaissance qui lui ont valu d’être évalué DD (données insuffisantes) dans la liste rouge
nationale (catégorie oiseaux non nicheurs), les données en provenance des Etats où il niche indiquent qu’il s’agit
de la 2ème espèce de passereau qui décline le plus au niveau européen (juste après le Bruant ortolan) et les
changements climatiques génèrent une menace pour l’espèce.
Summary
In order to provide the basis for an assessment of finches populations to be submitted to GEOC
(GEOC or “Groupe d’Experts sur les Oiseaux et leur Chasse” is the national scientific working group on birds
and sustainable hunting), this document summarizes the key knowledge available on Chaffinch Fringilla coelebs
and Brambling Fringilla montifringilla populations in France. We use the framework established by the European
Commission for the future reporting under Article 12 of the Birds Directive to provide the latest information on
population sizes and trends in France, and review population dynamics, migration routes and conservation status
at the European level.
3
Sommaire
Sommaire ....................................................................................................................................................................................4 I - Introduction ..........................................................................................................................................................................5 I.1 La famille des pinsons ....................................................................................................................................................5 I.2 Le Pinson des arbres, sa répartition mondiale et ses préférences écologiques .....................................................5 I.3 Le Pinson du Nord, sa répartition mondiale et ses préférences écologiques ........................................................5 II - Le Pinson des arbres / nidification en France...............................................................................................................7 II.1 Information sur l’espèce...............................................................................................................................................7 II.2 Taille de la population nicheuse en France ...............................................................................................................7 II.3 Tendance de la population nicheuse en France .......................................................................................................7 II.4 Carte de distribution des nicheurs et taille de l’aire de répartition ........................................................................9 II.5 Tendance de répartition en période de reproduction ........................................................................................... 10 II.6 Remarques complémentaires sur le Pinson des arbres......................................................................................... 11 II.7 Conclusion relative au Pinson des arbres ............................................................................................................... 12 III - Le Pinson du Nord / hivernage & passage en France ............................................................................................ 13 III.1 Information sur l’espèce .......................................................................................................................................... 13 III.2 Taille de la population fréquentant la France en hiver et au passage ............................................................... 13 III.3 Tendance des populations fréquentant la France en hiver et au passage ........................................................ 15 III.4 Remarques complémentaires sur le Pinson du Nord ......................................................................................... 16 III.5 Conclusion relative au Pinson du Nord ................................................................................................................ 17 RÉFÉRENCES ...................................................................................................................................................................... 17 ANNEXES ............................................................................................................................................................................. 19 Annexe I : classes des tendances de l’EBCC ..................................................................................................................... 19 Annexe II : données démographiques et dynamique de population.............................................................................. 20 Le Pinson des arbres ......................................................................................................................................................... 20 Le Pinson du Nord ............................................................................................................................................................ 20 Annexe III : phénologie de la migration postnuptiale des pinsons ................................................................................ 21 Phénologie de la migration postnuptiale du Pinson des arbres .................................................................................. 22 Phénologie de la migration postnuptiale du Pinson du Nord .................................................................................... 23 Annexe IV : Atlas des Oiseaux Nicheurs de France Métropolitaine, perspectives de finalisation de la carte de
répartition nationale du Pinson des arbres et comparaison avec la carte d’abondance relative du STOC .............. 24 Annexe V : le baguage, une analyse des reprises et contrôles des pinsons ................................................................... 27 4
I - Introduction
I.1 La famille des pinsons
Les Fringillidés constituent une large famille de passereaux comprenant 144 espèces. Le genre Fringilla
comprend les 3 espèces de pinsons (Del Hoyo et al., 2010) :
Le Pinson des arbres Fringilla coelebs, largement réparti dans l’ouest paléarctique et comprenant plusieurs sousespèces, dont une sous-espèce endémique inscrite à l’annexe I de la Directive Oiseaux, ombriosa, du Sud Ouest
des îles Canaries (El Hierro).
Le Pinson bleu Fringilla teydea, espèce endémique inscrite à l’annexe I de la Directive Oiseaux, du Centre des îles
Canaries (Ténériffe et Grande Canarie).
Le Pinson du Nord Fringilla montifringilla, largement réparti dans le nord de l’Eurasie.
L’étude du chant des pinsons, en particulier pour le Pinson des arbres chez lequel des dialectes ont été mis en
évidence, permet d’aborder certains aspects de la biologie des populations (Joachim, 1995).
I.2 Le Pinson des arbres, sa répartition mondiale et ses préférences écologiques
Le Pinson des arbres a une distribution ouest paléarctique (l’Europe constituant plus de 50% de son aire
globale de nidification selon BirdLife Int. 2004) s’étendant au nord jusqu’à la limite des arbres, au sud jusqu’à
l’Iran et au nord de l’Afrique, à l’est jusqu’en Sibérie. Il est également présent aux Açores et à Madère (Newton et
Väsäinen, 1997).
En matière d’habitats, le Pinson des arbres est un généraliste associé à tous les types d’habitats boisés
(forêts, bocage, parcs et jardins). Il passe intégralement l’hiver dans l’ouest paléarctique qui abrite les populations
nicheuses. Toutefois la plupart des oiseaux du nord est de l’aire de répartition migrent vers le sud ouest où ils
rejoignent d’autres oiseaux essentiellement sédentaires. Le caractère migrateur peut varier selon les sexes, et ce
fait est même à l’origine du nom scientifique de l’espèce (le nom coelebs donné par Linné signifie célibataire, les
mâles étant largement prédominants en Suède en hiver). Les Pinsons des arbres nés en France sont pour la
plupart sédentaires alors que ceux originaires des pays situés au nord et à l’est ont fourni des reprises hivernales
dans notre pays (Grolleau, 1991).
Pinson des arbres mâle Fringilla coelebs © A. Audevard
I.3 Le Pinson du Nord, sa répartition mondiale et ses préférences écologiques
Le Pinson du Nord est une composante de la faune sibérienne, l’espèce étant largement répartie de la
Scandinavie jusqu’à l’est de la Sibérie où il niche entre les isothermes de juillet de 10 et 18-19 °C (Cramp, 2006).
C’est aussi la contrepartie septentrionale du Pinson des arbres, les deux espèces s’excluant dans une certaine
mesure. Il existe un gradient sur environ 400 km (Newton 2003 d’après Järvinen et Väisänen 1979) ou 600 km
5
(Hogstad & Väsäinen, 1997) où le ratio de 100 Pinsons du Nord pour 1 Pinson des arbres devient inversé en
progressant vers le sud. Dans la zone de contact, la ligne d’abondance équivalente est connue pour fluctuer de
façon importante, essentiellement du fait des fluctuations d’effectifs chez le Pinson du Nord. La compétition
interspécifique entre les deux pinsons existe, mais elle serait faible.
Le Pinson du Nord fréquente les forêts boréales montagnardes de bouleaux en Fennoscandie, les
aulnaies riveraines en Norvège et les saulaies riveraines de la toundra russe, mais l’essentiel des populations est
inféodé à la taïga des zones subarctiques et boréales (Hogstad & Väsäinen 1997, Tucker & Evans 1997). Il n’est
pas connu pour être très fidèle à un site de reproduction, et les oiseaux font des déplacements printaniers à la
recherche de secteurs favorables, parfois situés vers le sud de l’aire de répartition en cas de conditions
météorologiques défavorables. Les déplacements en automne et en hiver sont importants, et c’est durant cette
période que l’espèce fréquente notre pays soit pour y hiverner, soit pour se rendre en Espagne. En France, les
principaux milieux utilisés pour l’alimentation sont les hêtraies1 (mais l’importance de la fructification des faînes
est variable) et les cultures, notamment de maïs (Hémery, 1991). Des dortoirs regroupant des effectifs
considérables sont signalés, mais on constate aussi d’importantes variations interannuelles d’abondance qui
rendent délicate la mise en évidence d’éventuelles tendances.
Pinson du Nord mâle Fringilla montifringilla © A. Audevard
L’implication du Muséum national d’Histoire naturelle dans la connaissance et la protection des
pinsons
Æ Le Muséum est responsable des programmes de baguage : mise en place, animation scientifique, réseau de
bagueurs, gestion et analyse des données de reprise et de contrôle, etc.
Æ Le Muséum coordonne les programmes de science participative de Vigie Nature, avec notamment les
programmes STOC (suivi temporel des oiseaux communs) et SHOC (suivi hivernal des oiseaux des champs).
Æ Le Muséum participe à la mise en place des programmes nationaux (ZNIEFF, TVB, SCAP, Liste rouge) ou
européens (Natura 2000) de connaissance et de protection de la biodiversité. Il a aussi coordonné la rédaction
des cahiers d’habitats, dont il existe une fiche consacrée au Pinson du Nord.
Æ Le Muséum coordonne actuellement la réalisation de l’évaluation des statuts et tendances des oiseaux au titre
de l’article 12 de la Directive Oiseaux (évaluation ou « rapportage » à rendre fin 2013 pour une synthèse par
espèce au niveau européen) et assure la rédaction de nombreuses fiches spécifiques dont celle du Pinson des
arbres.
Compte tenu de l’importance du dernier point évoqué dans l’encadré ci-dessus, il nous a semblé
intéressant et pertinent de garder les rubriques de la future évaluation européenne pour la suite de la synthèse
consacrée au Pinson des arbres. Un plan similaire sera suivi pour le Pinson du Nord, bien que, dans l’état actuel
du rapportage, ceci n’est prévu que pour les seuls pays nordiques, qui abritent les populations nicheuses.
1
Les types de hêtraies d’intérêt communautaire fréquentés par le Pinson du Nord en hivernage sont cités dans le cahier d’habitat (Anonyme, à paraître),
6
II - Le Pinson des arbres / nidification en France
II.1 Information sur l’espèce
Nom scientifique de l’espèce : Fringilla coelebs (espèce décrite par Linné en 1758, code EURING: 16360, code
Natura 2000: A657)
Note : la France continentale est concernée par la forme nominale coelebs alors qu’une sous-espèce distincte,
tyrrhenica, occupe la Corse ; aucun rapportage distinct n’est toutefois demandé pour cette forme.
II.2 Taille de la population nicheuse en France
Une estimation pertinente pour la période récente est avancée par BirdLife (2004), il s’agit d’une
fourchette de 4 millions à 15 millions de couples2.
Note : il faut souligner que les informations relatives aux effectifs nationaux sont parfois contradictoires pour les
espèces les plus abondantes. Ainsi Dubois et al. (2008) donnent une fourchette plus réduite de 3 à 5 millions de
couples, qui n’est guère cohérente avec le fait qu’il s’agit d’une des dix espèces les plus communes de France
(Joachim 1994). Ceci est à comparer à l’estimation du Merle noir (Dubois et al., 2008) qui est d’une dizaine de
millions de couples. L’utilisation des données d’abondance relative devraient permettre de guider la démarche,
afin d’aboutir à de meilleures estimations dans le futur. Les résultats du STOC 2008 (Jiguet, 2009) mettent en
évidence le fait que le Pinson des arbres est une des espèces les plus communes, d’autant plus que son chant
porte un peu moins loin que celui du merle, et que donc sa détectabilité est vraisemblablement légèrement plus
faible :
« En 2008, 245 espèces différentes ont été contactées par le STOC (…). Les 10 espèces les plus
contactées (…) : l’Etourneau sansonnet (17465 individus), la Corneille noire (16583), le Merle noir (16288), le
Pinson des arbres (16177), le Pigeon ramier (15189), la Fauvette à tête noire (13554), le Moineau domestique
(12138), la Mésange charbonnière (9993), le Martinet noir (9215) et le Troglodyte mignon (8197). Les neuf
premières espèces citées sont les mêmes qu’en 2007. Ceci ne veut pas dire que ce sont les espèces les plus
abondantes en France, mais seulement qu’elles sont parmi les plus abondantes et les plus faciles à
détecter ».
II.3 Tendance de la population nicheuse en France
Tendance STOC 1989-2011 du Pinson des arbres
http://vigienature.mnhn.fr/page/pinson-des-arbres téléchargé le 14 mai 2012
stable entre 1989 et 2011
en augmentation entre 2001 et 2011 d’environ + 11%
2 Chiffre fourni par la LPO (alors que les données de tendance dans ce même ouvrage viennent du CRBPO). Ce type d’estimation des effectifs semble
pouvoir se classer dans la catégorie « estimation basée sur des données partielles avec des extrapolations et/ou des modélisations ». Quelle que soit la méthode
envisagée, l’estimation d’une taille de population demeure un exercice très difficile.
7
II.3.1 Tendance à court terme (les 12 dernières années)
La tendance à court terme avait été étudiée lors de l’élaboration de cette synthèse sur la période 20012009 car les données des deux dernières années n’avaient pas encore été analysées. La direction de la tendance
était celle d’une augmentation3 dont l’ampleur était estimée à +5%.
L’intégration toute récente de deux années supplémentaires (2010 et 2011) visible sur le graphe
montre que cette tendance se confirme, avec un pic pour l’année 2010. Sur les onze années de la période
2001-2011, on constate une augmentation modérée, avec un taux de croissance 0.0107±0.0013, ce qui veut
dire environ +1.08% par an (modèle log-linéaire réalisé avec le logiciel TRIM, Linear Trends). Ceci
correspond à environ +11% sur la période 2001-2011.
II.3.2 Tendance à long terme (depuis env. 1980)
Pour la tendance à long terme, le programme STOC indique une stabilité des effectifs depuis 19894. La
diminution du début des années 1990 se manifestait encore jusqu’en 2009 par une tendance globale légèrement
négative5, mais l’espèce semble avoir retrouvé aujourd’hui les effectifs qu’elle avait en 1989. La tendance sur le
long terme n'est pas réellement fluctuante au sens où depuis 10 ans elle est constante dans sa légère
augmentation annuelle.
Le Pinson des arbres présente au niveau national une stabilité globale des effectifs sur la période
1989-2011 (+0,2%), avec une diminution au début des années 1990, suivie d’une augmentation légère mais
statistiquement significative depuis les années 2000.
.
Carte d’abondance relative du pinson des arbres
http://vigienature.mnhn.fr/page/pinson-des-arbres téléchargé le 31 janvier 2012
3
Ce type d’estimation de la tendance semble pouvoir se classer dans la catégorie « suivi à forte exhaustivité ou estimation statistiquement robuste ».
4
Année de mise en place du programme STOC. Il n’est pas possible de documenter précisément le début des années 1980 dans le cadre de cet exercice.
5
Elle était de -8% sur la période 1989-2009.
8
II.4 Carte de distribution des nicheurs et taille de l’aire de répartition
L’atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine en cours de réalisation est une opportunité pour
affiner encore un peu les connaissances sur la répartition du Pinson des arbres dans notre pays. Les années de
prospection sont comprises entre 2009 et 2012 (2009-2011 étant exploitable à l’heure actuelle). Dans certains cas
particuliers (atlas régionaux), des données antérieures à 2009 (jusqu’à 2005) ont pu également être intégrées. Il
s’agit d’un projet participatif dont les résultats peuvent être visualisés sur http://www.atlas-ornitho.fr/ mais il faut
tenir compte de délais variables entre les observations et la saisie des données.
Synthèse Atlas des oiseaux nicheurs de France en Février 2012 :
Le site internet du projet d’atlas des oiseaux nicheurs de France métropolitaine indique au 07/02/2012
4871 carrés occupés par le Pinson des arbres en période de reproduction (2007 certains, 2327 probables,
537 possibles), à comparer au total des carrés du territoire métropolitain qui est de 5879.
Carte du Pinson des arbres en période de nidification (2005-2012) téléchargée le 7 février 2012
http://www.atlas-ornitho.fr/
Le programme atlas peut être qualifié de « suivi à forte exhaustivité ou estimation statistiquement
robuste ». La carte de l’effort de prospection et celle du nombre d’espèces par carré apportent des indications
intéressantes, et montrent que l’investissement des ornithologues varie en fait selon les secteurs dans l’état actuel
du projet. Localement, un travail complémentaire semble nécessaire dans la perspective de sa finalisation.
Toutefois, la répartition de l’espèce est relativement bien connue y compris dans les régions encore lacunaires au
niveau de l’atlas (Corse et Bretagne figurent bien dans l’aire de répartition). De fait au niveau national, peu de
9
carrés sont concernés par une absence véritable du Pinson des arbres nicheur. Tout au plus peut on dire qu’il est
fort rare dans les plaines méditerranéennes, localement absent (LPO PACA, 2009), qu’il ne niche guère au-delà
de la limite des arbres en montagne et que sa répartition est inégale dans les centres urbains notamment à Paris6,
où il serait absent du centre (Malher et al., 2010). Depuis le 1er atlas de 1970-1975, le Pinson des arbres a toujours
figuré dans le top 10 des espèces les plus largement réparties (Issa, 2011) sans toutefois être la 1ère espèce sur ce
plan.
Carte du Pinson des arbres Fringilla coelebs en période de nidification (1985-1989)
Yeatman-Berthelot & Jarry, 1994
II.5 Tendance de répartition en période de reproduction
II.5.1 Tendance à court terme (les 12 dernières années)
Pour la période 2001-2011, il n’existe aucun atlas national pour caler le début de la période. Cependant
tout indique que la répartition de l’espèce est globalement stable sur cette période.
II.5.2 Tendance à long terme (depuis env. 1980)
Pour la tendance à long terme7, la stabilité devrait pouvoir être confirmée sur la période 1985 à 2012 par
une comparaison des atlas. Cela n’est pas possible aujourd’hui étant donné l’état d’avancement incomplet du
projet atlas 2009-2012, et le fait que près de la moitié des indices sont seulement des indices « possibles »
(reproduction non prouvée). On peut s’attendre à ce que la répartition de l’espèce soit jugée globalement stable
sur cette période, avec très ponctuellement des avancées : ainsi la nidification est prouvée sur l’île d’Ouessant
depuis 1992 (Dubois, 2008). Toutefois, cela n’exclut pas des fluctuations qui doivent être fréquentes, et d’autant
plus perceptibles que l’on réduit la taille des unités d’inventaire. En effet, la dynamique de population de l’espèce
dans certaines régions peu forestières comme le grand sud ouest fonctionne selon les mécanismes bien connus
6 Sa rareté au Jardin des Plantes de Paris, comme sans doute dans certains milieux insulaires, conduit parfois à des chants aberrants du fait du manque de
modèles lors de la période d’apprentissage du chant.
7 S’agissant de la tendance à très long terme, il semble que dans ses grandes lignes la répartition actuelle soit proche de celle esquissée par Mayaud (1936),
comme de celle du premier atlas des oiseaux nicheurs de France (Yeatman, 1976).
10
d’extinction / recolonisation avec populations sources et populations puits. Voici ce qu’en dit Joachim (1995) :
« (…) le travail accompli ici donne une vue dynamique de la population de pinson des arbres du Grand Sud-Ouest français8, bien
plus précise que les atlas d’oiseaux nicheurs classiques. Ces derniers ne donnent qu’une vue instantanée du statut de l’espèce dans une
région donnée. C’est déjà beaucoup, mais notre approche [basée sur la bioacoustique] permet en revanche de localiser les noyaux
durs, les réservoirs de population (…). Un point très surprenant relevé ici est le renouvellement individuel très élevé dans la plupart
des quadrats. Comment le pinson arrive-t-il à se maintenir localement avec un tel brassage, de telles pertes ou tout au moins
instabilités démographiques ? Il faut certainement voir là le témoignage de la fragilité du statut de cet oiseau dans la région, et plus
particulièrement dans la zone centrale de notre étude [Garonne toulousaine] (…) ». Dans certaines régions comme
l’Auvergne, il est possible que les pertes locales dues par exemple au remembrement soient compensées par
l’adaptation aux zones pavillonnaires, dès que les arbres y atteignent une hauteur suffisante (LPO Auvergne,
2010).
II.6 Remarques complémentaires sur le Pinson des arbres
Le Pinson des arbres n’étant pas une espèce de l’annexe I de la Directive Oiseaux, ni une espèce
justifiant les ZPS, l’évaluation article 12 est limitée à ces cinq rubriques. Il faut bien considérer qu’il ne s’agit pas
ici d’évaluer l’état de conservation du Pinson des arbres au niveau de chaque Etat Membre, mais globalement au
niveau de l’Europe à partir des statuts et tendances fournis par les Etats Membres. Selon toute vraisemblance,
l’évaluation de 2013 devrait indiquer un statut européen non défavorable, comparable à celui de 2004 (non
SPECE, secure). Il faudra vérifier si des Etats Membres se distinguent de la tendance globale, comme c’était le
cas pour la Suède et la France en 2004 (BirdLife 2004 : déclin sur la période 1990-2000 pour ces deux Etats) ou
pour la Finlande en 1994 (Tucker & Heath 1994 : déclin mis en évidence vers 1992).
Le Pinson des arbres n’a pas été retenu parmi les espèces à prendre en compte de façon prioritaire dans
la trame et verte bleue, et ceci dans aucune des régions de France (Sordello et al. 2011). Pourtant, cette espèce est
considérée comme sensible à la fragmentation de son habitat, et a fait l’objet de travaux remarquables à ce sujet
(Joachim et Lauga, 1996). Elle pourrait profiter des éléments de connectivité mis en place pour d’autres espèces.
L’espèce est classée LC (préoccupation mineure) dans la liste rouge nationale des oiseaux nicheurs
(UICN-F, MNHN et al. 2011), ce qui signifie qu’il n’y a pas de risque d’extinction. En hiver, l’essentiel de nos
nicheurs sont toujours présents sur le pays ; c’est pour cela qu’il n’a pas été envisagé de réaliser une évaluation du
risque d’extinction des populations hivernantes. La France accueille en automne et en hiver des effectifs
considérables de Pinsons des arbres en provenance de l’est (Suisse, Russie, République tchèque…) et du nord
(Pays-Bas, Scandinavie…), dont on ne connaît toutefois pas précisément l’importance relativement à notre
population sédentaire. Sur les cols ou sur le littoral, les effectifs migrateurs peuvent se chiffrer en centaines de
milliers d’individus (Dubois et al., 2008). Les effectifs européens du Pinson des arbres sont très élevés
(Anonyme, 2010), ils pourraient dépasser les 130 millions de couples ce qui ferait du Pinson des arbres la 1ère
espèce européenne par ordre d’abondance devançant le Moineau domestique, le Pouillot fitis, la Mésange
charbonnière, le Rougegorge familier et le Merle noir (BirdLife Int., 2004). La tendance du Pinson des arbres au
niveau européen est donnée par l’EBCC, elle semble relativement stable.
8
La définition donnée par l’auteur en est : « secteur administratif comprenant les régions Aquitaine, Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Dans le
présent travail, le Cantal et la Corrèze ont été adjoints »
11
Graphe EBCC du Pinson des arbres Fringilla coelebs nicheur en Europe 1980-2009
II.7 Conclusion relative au Pinson des arbres
L’état de conservation du Pinson des arbres semble globalement bon, tant en ce qui concerne ses
populations nicheuses que ses populations hivernantes. Toutefois, ce constat mérite d’être confirmé par
l’évaluation européenne en cours actuellement. La dernière évaluation indiquait que les populations françaises et
suédoises étaient en déclin. L’avant-dernière évaluation indiquait un déclin pour les populations finlandaises.
L’analyse des grandes tendances nationales peut masquer certaines particularités régionales. Ainsi une thèse sur le
Pinson des arbres met en évidence la fragilité de ses populations nicheuses dans les régions peu forestières du
grand sud-ouest de la France.
Pinson des arbres femelle Fringilla coelebs © A. Audevard
12
III - Le Pinson du Nord / hivernage & passage en France
III.1 Information sur l’espèce9
Nom scientifique de l’espèce : Fringilla montifringilla (espèce décrite par Linné en 1758, code EURING: 16380,
code Natura 2000 : A360, espèce monotypique)
Note : voir Cramp et al. (2006) et anonyme (à paraître) pour les difficultés d’identification qui peuvent concerner
les juvéniles et femelles des deux espèces de pinsons.
III.2 Taille de la population fréquentant la France en hiver et au passage
Remarque : les estimations sont classiquement données en nombre d’individus pour le passage et pour l’hivernage.
Il n’existe pas d’estimation fiable publiée dans la littérature, mais des éléments d’appréciation locale ainsi
que des ordres de grandeur fournis par les effectifs des populations européennes, qui toutes sont considérées
comme migratrices (Cramp 2006). Les distances parcourues peuvent varier selon l’âge et le sexe, les adultes et
spécialement les femelles ayant tendance à parcourir les plus longues distances vers le sud-ouest. Il convient
d’abord de se préoccuper de l’origine des oiseaux migrateurs : les Pinsons du Nord fréquentant la France10 sont
originaires principalement de Norvège (ceux-ci semblent privilégier le quart nord-ouest de notre pays), de Suède
(centre et sud), de Finlande et de Russie occidentale (moitié sud est). Il faut ensuite tenir compte de la grande
variabilité inter-annuelle qui fait que certains oiseaux peuvent passer l’hiver chez nous une année, puis n’être que
de passage l’année d’après, passant l’hiver plus au sud (ou au contraire rester tout l’hiver au Danemark si les
conditions y sont suffisamment clémentes). Selon Hémery (1991), «suivant les années et les régions, le nombre d’oiseaux
varie grandement. Dans certaines conditions favorables à l’abondance des ressources alimentaires, cette espèce présente une sociabilité
poussée à l’extrême. Plusieurs millions ou dizaines de millions d’individus peuvent ainsi se regrouper dans deux catégories principales
de milieux : les hêtraies et les cultures de maïs».
L’auteur souligne que durant l’enquête (atlas des oiseaux de France en hiver) des concentrations ont été
observées en Haute-Saône où plusieurs millions de Pinsons du Nord ont été observés durant l’hiver 1977-1978,
suite à une fructification remarquable des faînes. Il rappelle que si des dortoirs se constituent en forêt, ils peuvent
aussi être situés en zones de cultures (un dortoir dans les Pyrénées atlantiques à proximité de cultures de maïs
aurait pu comprendre jusqu’à 20 millions d’individus en 196711). Les dortoirs sont généralement situés dans des
lieux abrités du vent, souvent dans une dépression, avec une préférence pour les plantations de jeunes conifères
(Anonyme, à paraître) ou d’arbustes sempervirents comme dans le Golf de la Boulie près de Versailles.
L’intérêt des rassemblements en dortoirs est triple (Anonyme, à paraître):
•
•
•
centre d’échanges d’informations relatives aux zones d’alimentation
mécanismes de protection contre la prédation
fonction de thermorégulation
9 Cette espèce ne fait pas dans l’immédiat l’objet d’une demande d’évaluation pour ce statut. L’évaluation européenne pourra néanmoins tenir compte des
évènements survenant sur l’ensemble du cycle annuel, à partir des réponses apportées par les Etats abritant les populations nicheuses.
10
11
Selon les données de baguage du CRBPO analysées par Hémery (1991). Voir actualisation en annexe V.
Il est malheureusement fort peu probable que de tels effectifs puissent être comptabilisés aujourd’hui.
13
Carte du Pinson du Nord Fringilla montifringilla en hiver (1977-1981)
Yeatman-Berthelot & Jarry, 1991
La carte des observations hivernales, cumulée sur quatre hivers12 (de 1977/78 à 1980/81), illustre une
large répartition. Les données semi-quantitatives associées indiquent que les régions les plus propices à
l’hivernage lors de l’atlas (1000-10000 individus signalés sur plusieurs secteurs IGN contigus) étaient l’est de la
France (Lorraine, Franche-Comté), la région Rhône-Alpes (Isère, Drôme), le Sud-Ouest (Pyrénées-Atlantiques,
Hautes-Pyrénées, Gers) et l’Ile-de-France (Hémery, 1991). D’autres régions importantes sont citées par Dubois
et al. (2008), il s’agit notamment de l’Auvergne. En revanche, d’autres secteurs de présence ne doivent pas
contenir d’effectifs significatifs, il s’agit notamment des plaines méditerranéennes (Camargue), de la Bretagne et
de la Corse. Les premiers migrateurs sont notés dès le début de l’automne, avec un passage surtout sensible en
octobre – novembre, et le cas échéant plus tard notamment en cas de vague de froid. La migration prénuptiale se
déroule en mars et jusqu’à mi-avril pour l’essentiel.
La France accueillerait un fort pourcentage des populations du nord ouest de l’Europe, d’où une forte
responsabilité. Les effectifs pourraient se chiffrer encore à l’heure actuelle en millions d’individus voire en
dizaines de millions d’individus certaines années. Ceci pourra peut-être trouver une confirmation dans les ordres
de grandeur des populations nicheuses des pays cités, qui seront actualisés à l’issue de l’année 2013 (synthèse des
évaluations nationales). Des estimations peuvent être trouvées dans la littérature pour la fin des années 1990 ou
le début des années 2000 (BirdLife Int., 2004), données en nombre de couples, mais compte tenu du déclin que
nous allons évoquer, elles pourraient ne plus être valables aujourd’hui.
12
L’hiver avait été défini comme la période s’étendant du 1er décembre au 20 février.
14
Tableau des effectifs du Pinson du Nord en Europe (BirdLife, 2004)
III.3 Tendance des populations fréquentant la France en hiver et au passage
III.3.1 Tendance à court terme (les 12 dernières années)
L’EBCC n’utilise pas les 12 dernières années pour illustrer la tendance à court terme, mais une période
couvrant 1990 à 2009. -43% correspond au déclin sur l’ensemble de l’Europe sur ces 20 années, ce qui est
considéré comme un déclin modéré (moderate decline) sur cette période.
III.3.2 Tendance à long terme (depuis env. 1980)
La tendance est au déclin modéré (moderate decline)13, estimé tout de même par l’EBCC à - 76% sur
l’ensemble de l’Europe en 30 ans (1980-2009), soit -3,53% par an. Malgré l’existence de fluctuations, le déclin est
donc apparent sur le long terme. Le Pinson du Nord est une des espèces européennes qui déclinent le
plus parmi les passereaux étudiés par l’EBCC, juste derrière le Bruant ortolan. L’EBCC classe le Pinson du
Nord dans le top 10 des espèces les plus menacées par le changement climatique, et la tendance défavorable
actuellement pourrait déjà refléter ceci.
Sources : Populations trends of common european breeding birds 2011, plaquette du Pan-European Common Bird Monitoring
Scheme (PECBMS, 2011).
13
Ce type d’estimation de la tendance semble pouvoir se classer dans la catégorie « suivi à forte exhaustivité ou estimation statistiquement robuste ».
15
Graphe EBCC du Pinson du Nord Fringilla montifringilla nicheur en Europe 1980-2009
Même si les conditions météorologiques lors de l’hivernage et les variations dans la fructification des
faînes viennent introduire des fluctuations qui ne sont pas nécessairement celles qui affectent les nicheurs, le
graphe ci-dessus peut illustrer dans une certaine mesure les tendances préoccupantes affectant les populations
hivernantes de Pinson du Nord dans notre pays.
La stabilité relative qui pouvait caractériser la tendance européenne durant les années 1990 (BirdLife Int.
2004) et qui fait dire à la fédération des chasseurs des Landes (FDC 40, 2010) que « les effectifs (…) sont considérés
comme stables » n’est plus une réalité aujourd’hui, d’autant plus que les simulations climatiques (Huntley et al. 2007)
indiquent un avenir plutôt sombre pour l’espèce.
III.4 Remarques complémentaires sur le Pinson du Nord
L’espèce est classée DD (données insuffisantes) dans la liste rouge nationale des oiseaux hivernants
(UICN-F, MNHN et al. 2011), ce qui signifie que les experts ont considéré que les données à disposition ne
permettaient pas d’évaluer si l’espèce était ou non soumise à un risque d’extinction. Ceci peut aussi s’interpréter
comme un plaidoyer pour l’amélioration des connaissances, et en aucune façon comme l’évaluation d’un bon état
de conservation.
Dans ce contexte, il nous semble intéressant de signaler, outre les perspectives européennes déjà
évoquées, quelques perspectives d’amélioration des connaissances relatives à cette espèce au niveau national dans
un futur proche : il s’agit du programme SHOC (suivi hivernal des oiseaux des champs), un des nouveaux volets
de vigie nature qui devrait bientôt apporter certaines informations en terme de tendance14. Il s’agit aussi de l’Atlas
des oiseaux de France en hiver 2009-2013, qui comporte (comme c’était déjà le cas en 1977-1981) un volet semiquantitatif : en effet, outre l’inventaire qualitatif du carré dont ils ont la charge, les ornithologues sont invités à
réaliser des transects pour estimer l’importance des populations hivernantes, et il est aussi question d’une
estimation de la taille des dortoirs chez le Pigeon colombin, le Pigeon ramier, l’Etourneau sansonnet et le Pinson
du Nord. Dans l’immédiat il n’est pas possible de proposer une estimation actualisée des populations de Pinsons
du Nord ou une tendance à partir des observations ornithologiques réalisées en France.
14
On sait que les Pinsons hivernants dans les cultures ont connu une période faste dans les années 1960-1970 avec la progression du maïs, mais que
l’enfouissement des chaumes durant les années 1980 a ensuite entraîné un important déclin (Dubois et al. 2008, citant une étude de Hémery et al.).
16
III.5 Conclusion relative au Pinson du Nord
L’état de conservation du Pinson du Nord ne peut pas être considéré comme bon : malgré des
fluctuations importantes de ses populations tant hivernantes que de passage (en transit vers l’Espagne) et
certaines lacunes de connaissance qui lui ont valu d’être évalué DD (données insuffisantes) dans la liste rouge
nationale (catégorie oiseaux non nicheurs), les données en provenance des Etats où il niche indiquent qu’il s’agit
de la 2ème espèce de passereau qui décline le plus au niveau européen (juste après le Bruant ortolan) et les
changements climatiques génèrent une menace pour l’espèce.
Pinson du Nord mâle Fringilla montifringilla © A. Audevard
RÉFÉRENCES
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http://www.atlas-ornitho.fr/
BirdLife International
http://www.birdlife.org/
European Bird Census Council
http://www.ebcc.info/index.php
Mission migration
http://www.migraction.net/
Vigie Nature
http://vigienature.mnhn.fr/
ANNEXES
Annexe I : classes des tendances de l’EBCC
o
Strong increase - increase significantly more than 5% per year (5% would mean a doubling in abundance
o
Moderate increase - significant increase, but not significantly more than 5% per year. Criterion: 1.00 <
within 15 years). Criterion: lower limit of confidence interval > 1.05.
o
o
o
o
lower limit of confidence interval < 1.05.
Stable - no significant increase or decline, and it is certain that trends are less than 5% per year. Criterion:
confidence interval encloses 1.00 but lower limit > 0.95 and upper limit< 1.05.
Uncertain - no significant increase or decline, but not certain if trends are less than 5% per year. Criterion:
confidence interval encloses 1.00 but lower limit < 0.95 or upper limit > 1.05.
Moderate decline - significant decline, but not significantly more than 5% per year. Criterion: 0.95 < upper
limit of confidence interval < 1.00.
Steep decline - decline significantly more than 5% per year (5% would mean a halving in abundance within
15 years). Criterion: upper limit of confidence interval < 0.95.
19
Annexe II (à la demande du GEOC) : données démographiques et
dynamique de population
Les tendances populationnelles des deux espèces de pinsons à l’échelle européenne mettent en évidence
que l’espèce la plus commune (le Pinson des arbres, 130 millions de couples) est plutôt stable alors que l’espèce
la plus rare (le Pinson du Nord, dix fois moins abondant avec 13 millions de couples) décline. Quels sont les
mécanismes susceptibles d’expliquer cette situation ? Examinons tout d’abord les caractéristiques de la
reproduction chez ces deux espèces (sources Cramp et al. 2006) :
4-5 œufs (extrêmes 3-6) chez le Pinson des arbres, avec une moyenne de 4,3 œufs (n= 3182) selon une
étude britannique, une seconde ponte qui serait loin d’être la règle. En Grande-Bretagne, 59% des œufs
(n=10.967) arrivent à l’éclosion et 41% produisent des jeunes à l’envol ; en excluant les échecs totaux, 88% des
œufs (n= 7021) donnent des jeunes à l’envol. Les échecs sont dus à la prédation, à la désertion du site et au
mauvais temps. Parmi les prédateurs figurent les Corvidae, les écureuils y compris l’espèce Sciurus carolinensis, ainsi
que les Mustelidae et les chats. On note entre 2,6 et 4,5 jeunes à l’envol par nichée arrivant à terme, les pontes de 5
(voire 6) œufs étant les plus productives. Dans le sud de l’Angleterre, les nichées couronnées de succès
représentent 11% des nids (n = 133) en forêt, comparé à 29% (n = 1127) en habitat rural. Dans la région de
Kaliningrad, 63% des œufs (n= 3859) arrivent à l’éclosion et 52% produisent des jeunes à l’envol; en moyenne
3,1 jeunes volants par nichée arrivant à terme. Contrairement aux Carduelinae, les jeunes Pinsons des arbres sont
nourris essentiellement avec des chenilles, ce qui entraîne une mortalité importante en cas de pénurie (printemps
frais, ou tard en saison).
5-7 œufs (extrêmes 3-8) chez le Pinson du Nord, une ponte annuelle mais une seconde ponte au moins
dans le Nord-Ouest de la Russie. 90% des œufs arrivent à l’éclosion (n= 40) et un succès de reproduction accru
est signalé pour les couples nichant dans les colonies de Grives litornes Turdus pilaris (Slagsvold 1979 et 1985).
Sur la péninsule de Yamal, 59% des œufs éclosent (n= 109) et 57% produisent des jeunes volants (Danilov et al.
1984). Les nids sont susceptibles d’être pillés par la Corneille Corvus corone, le Mésangeai Perisoreus infaustus, et les
Campagnols Clethrionomys; l’espèce est souvent parasitée par le Coucou gris Cuculus canorus (Bannerman 1953;
Danilov et al. 1984). Sur 12 nids de la péninsule de Kola, 3 ont été détruits, 1 abandonné, et 1 couvée détruite à
cause de fortes pluies (Semenov-Tyan-Shanski and Gilyazov 1991).
Le Pinson des arbres
Siriwardena et al. (1998, 1999) ont estimé les taux de survie annuels du Pinson des arbres (et de diverses
autres espèces communes) dans les îles britanniques en relation avec la tendance du Common Bird Census. A
titre d’exemple, voici les résultats du 1er modèle pour le Pinson des arbres (les résultats du 2ème modèle sont
détaillés selon l’âge et le sexe) : 59,7% en période d’augmentation contre 53,2% en période de stabilité pour les
adultes, 52,8% en période d’augmentation contre 52,5% en période de stabilité pour les oiseaux d’un an.
Paradis et al. (2002) ont exploré les relations de densité dépendance de 12 espèces dont le Pinson des arbres
dans les îles britanniques. Ils ont émis l’hypothèse d’une relation négative entre la densité et les paramètres
démographiques chez les espèces stables, alors que les espèces en augmentation ou en déclin seraient
caractérisées par une relation positive. Ceci a été vérifié pour 9 espèces sur 12 (les exceptions concerneraient des
espèces déclinant de façon significative sur le long terme).
Le Pinson du Nord
Hogstad (2000) a étudié la dynamique des populations chez le Pinson du Nord entre 1966 et 1998 dans
une forêt subalpine de bouleaux du centre de la Norvège. La densité s’élevait en moyenne à 28,4 territoires au
km2 (extrêmes 2 et 52). L’auteur a mis en évidence des cycles de fluctuation synchrones avec ceux de la chenille
d’un geometridae (Epirrita autumnata) dont les pics d’abondance sont survenus en 1975-76, 1985-86 et 1996. La
taille des oiseaux (mesure de la longueur de l’aile) était maximale ces années-là. La prédation sur les nichées n’a
pas influencé de façon majeure le succès de reproduction, toutefois celui-ci était négativement corrélé avec la
densité des micromammifères, probablement du fait d’une prédation accrue par les mustelidae dans les années à
faible densité de micromammifères. Les étés humides et frais étaient caractérisés par des abandons de nids,
lorsque l’abondance des chenilles d’ Epirrita autumnata était faible. Le Pinson du Nord serait moins adapté que
d’autres espèces de passereaux à des ressources et conditions environnementales variables, et semble
extrêmement dépendant de la présence d’Epirrita autumnata en forêt subalpine.
20
Annexe III (à la demande du ministère en charge de l’écologie) : phénologie
de la migration postnuptiale des pinsons
Trois sites majeurs, réputés pour leurs effectifs importants de passereaux migrateurs comptés chaque
automne et l’ancienneté de leurs suivis, ont été considérés : un en Normandie (falaises de Carolles, Manche, vingt
ans de données), et deux sur la façade Atlantique (Pointe de l’Aiguillon, Vendée, 22 ans de données ; et Cap
Ferret, Gironde, 9 années de données).
Périodes de passage : sont retenues les dates des quantiles 10 et 90, correspondant aux passages des 10% et 90%
de l’effectif total compté, ce qui permet d’éviter les biais dus à des individus anormalement précoces ou tardifs.
Cette approche en quantiles est généralement adoptée quand on étudie les dates et la phénologie des migrations
d’oiseaux.
Années prises en compte ici : toutes celles disponibles, sans distinction entre périodes anciennes (années 80) et
décennie récente.
21
Phénologie de la migration postnuptiale du Pinson des arbres
Falaises de Carolles (Manche)
10% : 10 octobre
90% : 6 novembre
Ce site normand voit passer des pinsons qui hiverneront aussi en France et donc ne migreront pas forcément par
le sud-ouest.
Pointe de l’Aiguillon (Vendée)
10% : 16 octobre
90% : 7 novembre
Site atlantique, avec des dates très similaires à celles du Cap Ferret, situé un peu plus bas sur la côte
Cap Ferret (Gironde)
10% : 15 octobre
90% : 5 novembre
Dates très similaires à celles constatées en Baie de l’Aiguillon
Phénologie de migration du Pinson des arbres au Cap Ferret (source : www.migraction.net)
Sur la base de ces trois sites majeurs d’observation de migration active de passereaux en France, la période de
passage des Pinsons des arbres migrateurs dans le sud-ouest a lieu durant les deux dernières semaines d’octobre
et la première semaine de novembre. Avant cette période de passage et d’arrivée des hivernants, les Pinsons des
arbres observés dans le sud-ouest sont essentiellement issus des populations locales.
22
Phénologie de la migration postnuptiale du Pinson du Nord
Falaises de Carolles (Manche)
10% : 18 octobre
90% : 10 novembre
Site normand par lequel migrent de nombreux pinsons qui hiverneront sur le territoire français, au nord comme
au sud de la Loire
Pointe de l’Aiguillon (Vendée)
10% : 22 octobre
90% : 12 novembre
Des dates similaires à celles du Cap Ferret, à deux jours près.
Cap Ferret (Gironde)
10% : 24 octobre
90% : 10 novembre
L’arrivée des migrateurs en région Aquitaine a lieu une semaine plus tard qu’en Normandie, ce qui est logique au
regard de la vitesse de vol de ces petits oiseaux.
Phénologie de migration du Pinson du Nord au Cap Ferret (source : www.migraction.net)
Sur la base de ces trois sites majeurs d’observation de migration active de passereaux en France, le passage des
Pinsons du Nord migrateurs dans le sud-ouest de la France a lieu durant la dernière semaine d’octobre et la
première décade de novembre. Le Pinson du Nord semble passer quelques jours plus tard que le Pinson des
arbres, en moyenne.
23
Annexe IV (à la demande du GEOC) : Atlas des Oiseaux Nicheurs de
France Métropolitaine, perspectives de finalisation de la carte de
répartition nationale du Pinson des arbres et comparaison avec la
carte d’abondance relative du STOC
Carte de répartition du Pinson des arbres, téléchargée le 29 mai 2012 sur http://www.atlas-ornitho.fr/
(années sélectionnées : 2005 à 2012) – Atlas avec les 3 critères de nidification (possible, probable, certain)
Malgré une couverture encore partielle (voir page suivante), on note une progression sensible des indices toutes
catégories qui dépassent maintenant le cap des 5000 (contre 4871 en février dernier), dont la saisie d’indices pour la
Corse. La nidification possible a été localement confortée en probable ou certaine (le nombre d’indices possibles
diminue au profit des deux autres catégories).
Le GEOC a souhaité une comparaison de la carte d’abondance relative du Pinson des arbres issue du
programme STOC (voir page 8) avec la carte de l’atlas en cours. A ce titre, la carte de la pression d’observation
de l’atlas permet d’identifier des carrés ayant bénéficié d’une bonne prospection (en particulier les carrés verts
avec plus de soixante heures consacrées à la prospection) et qui pourtant n’ont semble-t-il pas permis de prouver
la nidification du Pinson des arbres. A titre d’exemple nous citerons le Sud des départements du Gard et des
24
Bouches-du-Rhône, où de nombreux indices sont possibles seulement et où l’espèce n’est parfois pas signalée du
tout.
Si ponctuellement un moindre intérêt de certains ornithologues pour la recherche cette espèce n’est pas à exclure,
il n’en reste pas moins que de nombreux secteurs de faible présence de la carte d’abondance relative du
programme STOC (classe inférieure 0 – 4,15) semblent trouver ici un écho, comme par exemple dans le
département du Lot-et-Garonne.
Carte des classes de prospection de l’Atlas, téléchargée le 29 mai 2012 sur http://www.atlas-ornitho.fr/
25
Les perspectives de finalisation de l’atlas pour fin 2012 ou début 2013 semblent bonnes en ce qui concerne la
carte de répartition du Pinson des arbres. En revanche, cela ne semble pas être le cas de la documentation des
aspects semi-quantitatifs. Cette possibilité offerte dans le cadre de l’atlas n’est malheureusement que très peu
utilisée à l’heure actuelle (221 mailles sur 5032 mailles de présence de Pinson des arbres, soit 4,4% des mailles).
Nous espérons donc d’autres estimations dans le futur.
Carte semi-quantitative du Pinson des arbres, téléchargée le 29 mai 2012 sur http://www.atlas-ornitho.fr/
(années sélectionnées : 2005 à 2012) – Atlas avec les 4 classes d’abondance
26
Annexe V (à la demande du GEOC) : le baguage, une analyse des
reprises et contrôles des pinsons
L’analyse actualisée des données de baguage de Pinsons
Un tableau comportant 5648 lignes a été analysé (4745 lignes « Pinson des arbres », 899 lignes « Pinson du
Nord » et quelques lignes erronées) correspondant au baguage, à un contrôle ou à une reprise durant la période
s’étendant entre mai 1945 et février 2012.
Parmi ces données, certaines ont plus spécialement retenu notre attention, à savoir celles qui font état d’un
déplacement transfrontalier : 151 lignes Pinson du Nord (75 oiseaux) et 366 lignes Pinson des arbres (environ
180 oiseaux). Nous les avons classées par pays, en regroupant le cas échéant les données d’oiseaux bagués à
l’étranger (faisant état d’un trajet Norvège – France par exemple) et les données souvent moins nombreuses
d’oiseaux bagués en France faisant état d’un trajet similaire (France – Norvège par exemple).
Les données indiquant une longévité des oiseaux restent semble-t-il inférieures à celles qui sont connues de la
littérature (14 ans et 9 mois chez le Pinson du Nord, 14 ans chez le Pinson des arbres – Cramp et al., 2006).
Exemple un mâle de Pinson du Nord bagué dans le Bas-Rhin le 29 janvier 1963 et repris six ans plus tard dans le
Nord, le 25 janvier 1969.
Le sex-ratio n’est pas précisé dans la suite de l’analyse. Toutefois, nous nous sommes aperçus qu’il semblait
relativement équilibré chez les Pinsons des arbres ayant accompli un trajet de la Scandinavie vers la France, avec
parmi les oiseaux bagués en Suède ou Norvège (n=16) 7 mâles, 7 femelles et 2 oiseaux de sexe non précisé.
Parmi les oiseaux bagués en Finlande ou Russie (n=39), le sex-ratio (21 mâles, 13 femelles) semble déséquilibré
en faveur des mâles mais ceci est à nuancer compte-tenu des cinq oiseaux dont le sexe n’a pas été déterminé.
Chez le Pinson du Nord, le pourcentage très élevé d’oiseaux dont le sexe n’a pas été déterminé limite encore plus
l’intérêt de ce genre d’approche.
PINSON DU NORD
Environ 900 lignes concernent le Pinson du Nord, pour près de 450 oiseaux.
Nous avons cherché à vérifier si l’analyse d’Hémery (1991) était confirmée par l’analyse des données récentes.
Rappel des conclusions de cet auteur: « Les pinsons du Nord hivernant en France sont originaires
principalement de Norvège (pour le ¼ NW), de Suède (pour le C et le S), de Finlande et de Russie occidentale
(pour la ½ SE) ».
Ceci est conforté, mais dans les grandes lignes seulement, par l’analyse actualisée des contrôles et reprises de
bagues.
populations nicheuses significatives de Pinsons du Nord [n=36]
NORVEGE n = 18 (15 oiseaux bagués en Norvège et 3 oiseaux bagués en France), avec une donnée par
département signalé sauf 3 pour Landes, 2 pour Maine-et-Loire. VOIR CARTE PAGE SUIVANTE (à gauche).
Les Pinsons du Nord norvégiens semblent hiverner préférentiellement dans l’ouest de la France.
SUEDE n = 9 (4 oiseaux bagués en Suède et 5 oiseaux bagués en France), avec une donnée par département
signalé sauf 3 pour Sarthe. VOIR CARTE PAGE SUIVANTE (à droite)
27
FINLANDE n= 5
3 oiseaux bagués en Finlande (Landes, Charente-Maritime, Côte-d’Or), 2 oiseaux bagués en France (Sarthe,
Vaucluse).
RUSSIE n =4
4 oiseaux bagués en Russie (Drôme, Landes, Loiret, Haut-Rhin)
REGROUPEMENT FINLANDE-RUSSIE n = 9,
avec une donnée par département signalé sauf 2 pour Landes. VOIR CARTE CI-DESSOUS
28
Pinson du Nord non nicheur ou populations non significatives (n=39)
DANEMARK n = 2
2 femelles baguées au Danemark ont été reprises en France (une en Vendée et l’autre en Gironde).
PAYS-BAS n = 5
5 oiseaux bagués aux Pays-Bas ont été repris ou contrôlés dans le Calvados, les Landes (2 oiseaux), l’Orne et la
Somme.
POLOGNE n = 1
1 mâle bagué en Pologne a été repris en Isère.
HONGRIE n = 1
1 mâle bagué en Hongrie en hiver (20 janvier 2003) a été contrôlé dans les Landes le 26 novembre 2005.
ALLEMAGNE n = 11
4 oiseaux bagués en Allemagne ont été repris ou contrôlés en France (en Dordogne, dans la Drôme, le Tarn-etGaronne et le Vaucluse).
7 oiseaux bagués en France (Bouches-du-Rhône, Loiret, Moselle, Orne, Nord, Sarthe) ont été repris ou contrôlés
en Allemagne.
SLOVENIE n = 2
1 femelle baguée en Slovénie le 8 mars 2008 a été reprise en Isère un an après (18 mars 2009).
1 femelle baguée en France (Nord) le 23 janvier 2009 a été contrôlée en Slovénie deux jours après.
ESTONIE n = 2
2 mâles bagués en Estonie ont été repris l’un dans les Landes l’autre dans la Drôme.
[note : il y avait tout de même 50-500 couples en Estonie en 1998 selon BirdLife, mais les dates de baguage en
septembre / octobre n’indiquent pas qu’il puisse s’agir préférentiellement de nicheurs]
REPUBLIQUE TCHEQUE n= 1
1 mâle bagué dans ce pays a été repris dans la Drôme.
SUISSE n = 5
5 oiseaux bagués en Suisse ont été repris pour l’essentiel dans le quart Sud Est de la France : Isère, Haute-Savoie,
Vaucluse (2), Vienne.
ITALIE n = 7
1 mâle bagué dans ce pays en octobre a été repris le mois suivant de la même année dans les Landes. Il existe
également six données d’oiseaux bagués en France puis repris ou contrôlés en Italie.
GRANDE-BRETAGNE n = 2
2 mâles bagués en Grande-Bretagne en mars / avril ont été repris l’un en Isère l’autre dans l’Yonne.
29
PINSON DES ARBRES
Environ 4750 lignes concernent le Pinson des arbres, pour plus de 2000 oiseaux.
NORVEGE n = 7
4 oiseaux bagués en Norvège avec une donnée par département signalé sauf 2 pour Seine-Maritime. VOIR
CARTE CI-DESSOUS (à gauche)
SUEDE n = 12
9 oiseaux bagués en Suède et 3 oiseaux bagués en France, avec une donnée par département signalé sauf 4 pour
Gironde, 2 pour Sarthe. VOIR CARTE CI-DESSOUS (à droite)
Les Pinsons des arbres scandinaves en hivernage semblent privilégier l’ouest de la France.
FINLANDE n= 5
4 oiseaux bagués en Finlande ont été repris en France (Dordogne, Eure, Landes, Loir-et-Cher), 1 oiseau bagué en
France (Sarthe) a fait le trajet vers la Finlande. VOIR CARTE CI-DESSOUS (à gauche)
30
RUSSIE n = 34
34 oiseaux bagués en Russie ont été contrôlés ou repris en France. VOIR CARTE PAGE PRECEDENTE (à
droite ; note relative à la Haute-Vienne : deux captures du même individu le même jour).
Contrairement aux Pinsons des arbres scandinaves et finlandais, dont la distribution hivernale est concentrée
dans l’Ouest de la France, les Pinsons des arbres originaires de Russie sont largement répartis notamment dans la
moitié Est de la France, ainsi que dans le Sud-Ouest.
PAYS-BAS n = 1
Un mâle repris dans le Pas-de-Calais.
POLOGNE n = 2
Deux reprises dans le Sud-Ouest (une femelle dans les Landes, un oiseau de sexe non précisé en HauteGaronne).
AUTRICHE n = 1
Un oiseau bagué en Autriche en juin 1997 a été repris en mars 1998 dans la Drôme.
ALLEMAGNE n = 3
Trois oiseaux bagués en Allemagne ont été repris en France (Côte-d’Or, Dordogne, Loire). Un quatrième oiseau
bagué en Allemagne (Rheinhessen-Pfalz) ne correspond pas à une indication précise de contrôle ou de reprise
dans notre pays (erreur de fichier ?), et n’est donc pas comptabilisé ici.
REGROUPEMENT AUTRICHE-ALLEMAGNE n = 4,
avec une donnée par département signalé. VOIR CARTE CI-DESSOUS
LETTONIE n = 1
Une femelle reprise dans les Landes.
LITHUANIE n = 7
Sept contrôles ou reprises (Allier, Landes, Nord, Haute-Marne, Meuse, Rhône, Vienne).
31
EX-YOUGOSLAVIE (actuelle Macédoine) n = 1
Un oiseau repris en Haute-Corse.
SLOVENIE n = 1
Une femelle reprise dans les Bouches-du-Rhône.
ESTONIE n =2
Une femelle baguée en septembre 1982 en Estonie a été reprise en février 1989 dans le Maine-et-Loire. De
même, un mâle bagué en octobre 1987 en Estonie a été repris le 5 mai 1991 en Côte-d’Or.
REPUBLIQUE TCHEQUE n = 8
8 oiseaux bagués en République Tchèque ont été contrôlés ou repris en France, essentiellement dans la moitié
Est du pays : Bouches-du-Rhône, Côte-d’Or, Drôme, Hérault, Puy-de-Dôme, Saône-et-Loire, Vaucluse (2).
SUISSE n = 48
A l’exception d’un mâle repris dans le Tarn-et-Garonne, il s’agit de reprises ou contrôles dans la moitié Est de la
France, dans leur grande majorité dans le quart Sud-Est.
ITALIE n = 21
Il s’agit de reprises ou contrôles dans le quart Sud-Est de la France.
GRANDE-BRETAGNE n = 3
Une femelle baguée dans le Devon en octobre 2007 a été reprise en février 2008 en Loire-Atlantique.
Un mâle bagué dans le Nord en novembre 1969 a été repris dans le Kent en mars 1970.
Un mâle bagué dans le Pas-de-Calais en octobre 2003 a été contrôlé dans le Wiltshire en février 2004.
BELGIQUE n = 7
Il s’agit de reprises ou contrôles en Ardennes, Charente, Nord, Oise, Rhône, Yvelines (2).
ESPAGNE n = 5
Les reprises ou contrôles concernent l’Ain, l’Aveyron, les Bouches-du-Rhône, la Charente et le Var.
32
Annexe VI
Lettre de commande du ministère :
33
Résumé
Sollicité par le Ministère en charge de l’écologie dans un courrier daté du
12 octobre 2011, le Muséum National d’Histoire Naturelle doit rendre un rapport
de synthèse des connaissances disponibles sur le Bruant ortolan Emberiza hortulana,
le Pinson des arbres Fringilla coelebs et le Pinson du Nord Fringilla montifringilla,
devant notamment traiter des états et tendances des populations fréquentant notre
pays. Il est prévu que ce rapport soit ensuite soumis au Groupe d’Experts sur les
Oiseaux et leur Chasse, « afin de disposer in fine d’un document faisant autorité ».
Le présent document est consacré au Pinson des arbres Fringilla coelebs et
au Pinson du Nord Fringilla montifringilla. Les statuts et tendances des populations
y sont décrites selon un cadre défini au niveau européen. Ce document préfigure
donc les éléments d’évaluation qui devront être rendus à la Commission
Européenne par la France, comme par chacun des Etats Membres, à la fin de
l’année 2013.
L’état de conservation du Pinson des arbres semble globalement bon,
tant en ce qui concerne ses populations nicheuses que ses populations
hivernantes. Toutefois, ce constat mérite d’être confirmé par l’évaluation
européenne en cours actuellement. La dernière évaluation indiquait que les
populations françaises et suédoises étaient en déclin. L’avant-dernière évaluation
indiquait un déclin pour les populations finlandaises. L’analyse des grandes
tendances nationales peut masquer certaines particularités régionales. Ainsi une
thèse sur le Pinson des arbres met en évidence la fragilité de ses populations
nicheuses dans les régions peu forestières du grand sud-ouest de la France.
L’état de conservation du Pinson du Nord ne peut pas être considéré
comme bon : malgré des fluctuations importantes de ses populations tant
hivernantes que de passage (en transit vers l’Espagne) et certaines lacunes de
connaissance qui lui ont valu d’être évalué DD (données insuffisantes) dans la liste
rouge nationale (catégorie oiseaux non nicheurs), les données en provenance des
Etats où il niche indiquent qu’il s’agit de la 2ème espèce de passereau qui décline le
plus au niveau européen (juste après le Bruant ortolan) et les changements
climatiques génèrent une menace pour l’espèce.
Summary
In order to provide the basis for an assessment of finches populations to
be submitted to GEOC (GEOC or “Groupe d’Experts sur les Oiseaux et leur
Chasse” is the national scientific working group on birds and sustainable hunting),
this document summarizes the key knowledge available on Chaffinch Fringilla
coelebs and Brambling Fringilla montifringilla populations in France. We use the
framework established by the European Commission for the future reporting
under Article 12 of the Birds Directive to provide the latest information on
population sizes and trends in France, and review population dynamics, migration
routes and conservation status at the European level.
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