Dina Meza - PEN International

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Dina Meza - PEN International
PEN INTERNATIONAL
COMITÉ DE DÉFENSE DES ÉCRIVAINS EMPRISONNÉS
JOURNÉE MONDIALE DE L’ÉCRIVAIN EN PRISON
15 NOVEMBRE 2013
Dina Meza
Honduras
Journaliste et défenseuse des droits de l’Homme
« Les rues se sont emplies de cris et les
murs recouverts de messages de
protestations contre les balles et les
gourdins utilisés pour faire taire ceux
qui avaient décidé de parler haut et fort.
Et par-delà, un système de justice
perverti, au point de jeter ceux qui
persistent [à s’indigner] en prison,
tandis qu’au rythme de l’injustice, un
cercle de désinformation s’attache à les
stigmatiser. »1
Dina Meza
(Source : Frontline Defenders)
Extrait de Vamos a portarnos mal: protesta
social y libertad de expresión en América
Latina (Zéro de conduite: protestations sociales
et liberté d’expression en Amérique latine)
(Friedrich-Ebert Stiftung, Bogotá, 2011)
Dina Meza, journaliste, défenseuse des droits de l’Homme et écrivaine maintes
fois récompensée, est depuis 2006 la cible de menaces et de harcèlement
constants. Aucune enquête de police digne de ce nom n’a été menée, et les
mécanismes de protection nationaux en place brillent par leur inefficacité. PEN
International est convaincue que la raison de cette campagne de harcèlement et
de menaces dont elle fait l’objet est sa persistance à vouloir s’exprimer et exercer
sa profession librement, et que sa vie est en danger. À ce titre, nous en appelons
aux autorités du Honduras, et les prions instamment d’ouvrir une enquête sur ces
menaces et d’assurer véritablement la protection de Dina Meza.
C’est en 1989 que Dina Meza a rejoint la cause des défenseurs des droits de l’Homme,
après que l’un de ses frères, charpentier et membre d’une coopérative agricole liée au
mouvement campesino (paysan), a été kidnappé par les forces de l’ordre et gardé au
secret pendant une semaine durant laquelle il a été torturé et accusé d’être un guérillero.
Elle travaille actuellement comme écrivaine pour defensoresenlinea.com, le site de
l’ONG Comité des familles des détenus et disparus du Honduras (Comité de Familiares
de Detenidos Desaparecidos en Honduras – COFADEH), où elle est directrice des
médias numériques et alternatifs. Elle produit et présente en outre l’émission
hebdomadaire du COFADEH, « Des voix contre l’oubli » (Voces contra el Olvido)
diffusée par la station de radio de l’opposition, Radio Globo. En 2007, elle s’est vu
décerner le Prix spécial d’Amnesty International Royaume-Uni qui récompense chaque
année un ou une journaliste et défenseur des droits de l’homme menacé(e). Elle est
l’auteur du chapitre consacré au Honduras de l’ouvrage Vamos a portarnos mal:
protesta social y libertad de expression en América Latina (Zéro de conduite:
protestations sociales et liberté d’expression en Amérique latine) (Friedrich-Ebert
Stiftung, Bogotá, 2011).
« Est-ce que j’ai peur ? Mon
grand problème, c’est que
j’ai peur de ne rien faire,
alors que mes enfants ont
besoin d’un pays différent.
Je ne peux pas laisser à
mes enfants le pays qu’est
le Honduras aujourd’hui. Il
nous faut nous battre, pour
que la situation actuelle
change. Mon pays a besoin
de justice, de démocratie, de
liberté d’expression et
d’égalité. »
(Extrait d’une interview
accordée par Dina Meza au
Amnesty Magazine, Été
2013, Numéro 177).
Depuis 2006, Dina Meza a rapporté qu’elle a été
suivie, espionnée, menacée, et que ses
communications ont été interceptées. Depuis cette
année-là, elle fait l’objet de mesures de protection
mises en place par la Commission interaméricaine des
droits de l’Homme (CIDH) – sans grand effet.
En février 2012, elle a reçu de nombreux messages
de menaces, de mort et de violences sexuelles, signés
« Comando Álvarez Martínez ». Depuis le coup d’état
de 2009, cette signature est fréquemment apparue au
bas des menaces envoyées aux journalistes et aux
défenseurs des droits de l’Homme. L’un des
messages reçus faisait mention du Bajo Aguán, où
elle couvre régulièrement les conflits fonciers. À
plusieurs reprises cette même année, elle a, ainsi que
ses fils, fait l’objet de surveillances et de menaces. Au
mois de novembre, son fils âgé de 19 ans a été suivi
et menacé par un homme armé.
Les épreuves de l’année 2012 ont poussé Meza à
s’éloigner du Honduras pendant quelques mois, début 2013. Alors qu’elle suivait des
cours au Centre d’études appliquées des droits de l’homme de l’Université de York
(Nord de l’Angleterre), dans le cadre du programme d’études dédié aux défendeurs
menacés, ses enfants ont dû quitter Tegucigalpa pendant une semaine en raison de la
présence d’un individu suspect aux abords de l’école de son plus jeune fils.
La journaliste a indiqué qu’elle n’avait pas reçu de menaces depuis son retour au
Honduras, en mai 2013, mais qu’elle continuait d’être harcelée et surveillée. Elle a
rapporté avoir été suivie au moins à quatre reprises entre mai et août, et suspecte avoir
été victime d’une tentative de kidnapping le 12 août, ce dernier incident l’obligeant
depuis à modifier son itinéraire quotidien.
Elle a indiqué que le 21 septembre, alors que ses enfants s’apprêtaient à monter dans la
voiture pour partir en excursion, ils se sont aperçu qu’un inconnu à la coupe de cheveux
militaire surveillait leur maison. Inquièts, ils ont annulé l’excursion. Après avoir rentré la
voiture au garage, ils se sont rendu compte que l’un des pneus avait été tailladé. L’une
des personnes lui ayant rendu visite plus tard dans la journée a rapporté qu’elle avait été
suivie par l’inconnu en quittant la maison.
Meza soupçonne, considérant le nombre d’interférences sur sa ligne, que son téléphone
a été mis sur écoute. Elle n’a rapporté aucun des incidents dont elle a fait l’objet ou été
le témoin depuis son retour au Honduras en mai dernier au Procureur spécial chargé
des affaires concernant les défendeurs des droits de l’Homme : en effet, elle s’est vu
dire que les services de ce dernier ne disposaient pas de ressources suffisantes pour
enquêter.
Contexte
Au moins 28 journalistes ont été assassinés au Honduras depuis le coup d’état de juin
2009 qui a forcé le président José Manuel Zelaya à démissionner, et de nombreux
autres ont été victimes de menaces, de harcèlement et d’agressions. Rares sont les
incidents qui donnent lieu à une enquête : l’impunité est la norme. PEN International
travaille actuellement avec le Centre PEN canadien, dans le cadre du programme
international Droits de l’Homme mis en place par la Faculté de droit de l’Université de
Toronto (Ontario, Canada), à la finalisation d’un rapport de première importance sur la
situation au Honduras et les garants de cette impunité, destiné à être publié début 2014.
Nous vous invitons à adresser des appels :
·
·
·
exigeant que l’ensemble des rapports concernant des agressions, des menaces,
des faits de harcèlement et de surveillance dont sont victimes les journalistes, y
inclus Dina Meza, fassent l’objet d’enquêtes immédiates et rigoureuses, et que
les auteurs de ces délits soient traduits en justice ;
demandant à ce que Dina Meza bénéficie d’une protection véritable et efficace ;
pour que le Procureur spécial chargé des affaires concernant les défendeurs des
droits de l’Homme se voie allouer des ressources suffisantes qui permettent à
ses services de s’acquitter de leurs missions.
À l’attention de :
Ana Pineda
Ministre de la Justice et des
droits de l’Homme
Secretaría de Estado en los
Despachos de Justicia y
Derechos Humanos de la
República de Honduras
Col. Lomas del Mayab
Ave. República de Costa Rica
Tegucigalpa, Honduras
Adresse courriel :
[email protected]
En copie à :
Ramón Custodio López
Maria Mercedes Bustillo
Coordinateur
Fiscalía de Derechos Humanos
Colonia Lomas del Guijarro
Edificio Plaza II, primer piso
Tegucigalpa, Honduras
Email:
[email protected]
Arturo Corrales Álvarez
Ministre de la Sécurité
Secretaría de Seguridad
Cuartel de Casamata
Tegugicalpa, M.D.C.,
Honduras
11101
Adresse courriel :
[email protected]
i
Comisionado Nacional de los Derechos Humanos
Oficina Central
Colonia Florencia Norte
Boulevar Suyapa
Tegucigalpa, Honduras
11101
Adresse courriel : [email protected]
Veuillez envoyer en outre une copie de vos appels à l’ambassade du Honduras dans
votre pays, dont vous trouverez l’adresse en suivant le lien ci-dessous :
http://embassy.goabroad.com/embassies-of/honduras
PUBLICITÉ
Les membres de PEN sont encouragés :
· à publier dans leurs journaux locaux et/ou nationaux des articles et des opinions
personnelles qui mettent en lumière l’impunité dont jouissent les auteurs
d’agressions et de menaces à l’encontre des journalistes du Honduras, comme
Dina Meza ;
· à organiser des évènements et lectures publics, des conférences de presse ou
encore des manifestations ;
· à partager des informations concernant Dina Meza et vos activités de campagne
en sa faveur dans les médias sociaux.
N’oubliez pas de nous tenir au courant des activités et actions que vous menez, et de
nous en envoyer le rapport de sorte que nous les fassions connaître aux autres centres.
Pour toute information complémentaire, veuillez contacter Tamsin Mitchell, Comité de
défense des écrivains emprisonnés, PEN International, Brownlow House, 50-51 High
Holborn, London WC1V 6ER – Royaume-Uni
Tél : +44 (0)20 74 05 03 38 Fax : +44 (0)20 74 05 03 39
Adresse courriel : [email protected]
1
Extrait original en espagnol: « Las calles se llenaron de gritos y las paredes de mensajes de
protesta, porque las balas y los garrotes quisieron callar a quienes decidieron hablar. A la vuelta
se encuentra un sistema de justicia preso a llevar a la cárcel a los que persistan, al compás de la
injusticia se mueve un cerco desinformativo que estigmatiza. »