ECO121_21-2_Mise en page 1

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ECO121_21-2_Mise en page 1
sommaire
Éco121 Mai 2012
•
5-11
éditorial
Tendances
• Electricité : conso en baisse
• Caucourt : mini Agenda 21
• Portrait : Freddy Decima sort
ses munitions
12-26
Grand Angle
• N° SPÉCIAL : ARRAS JOUE
SES ATOUTS
• Philippe Rapeneau, président
de la communauté urbaine
d'Arras : « Small is beautiful »
• Photoreportage : les coulisses
des Cartonneries de Gondardennes
28-35
Territoires
• Doublet hisse son drapeau
sur le teuton BOFA
• KTM adoube Valenciennes comme
capitale du serious game
• Mediama crée une filiale dédiée
à l'hôtellerie
37-43
Entreprendre
• Cocorette met de la matière grise
dans l'œuf
3
Micro-climat
Après le Valenciennois en décembre dernier, Eco121 porte son regard ce
mois-ci sur un autre territoire de notre région, l'Arrageois.
Que faire quand on n'a pas la puissance économique ou démographique
d'une métropole européenne, qu'un musée de stature internationale se
construit à 20 km, et qu'aucune star française de la politique ne peut
incarner à l'échelon national son territoire ou ses projets ?
Pas complexée pour deux sous, Arras joue crânement ses atouts. En
évitant, d'abord, de courir plusieurs lièvres à la fois. Pas de dispersion,
les moyens sont limités. Et en jouant collectif pour plus d'efficacité à
l'exemple du partenariat de 10 ans noué avec le château de Versailles,
grâce à l'engagement du Conseil régional.
Et ça marche ! Pas seulement pour les Carrosses royaux qui, en quelques
semaines, avaient déjà attiré 25 000 visiteurs. Logistique, transports,
mais surtout agroalimentaire et tourisme, les fondamentaux de
l'Arrageois demeurent dynamiques. Des entreprises aux noms certes
souvent peu connus investissent, créent de l'emploi, tandis que les
collectivités ou la CCI portent quelques dossiers stratégiques : Centre de
congrès, Val de Scarpe, et surtout renaissance du quartier de la
Citadelle. Et, en mode défensif, la survie de l'industriel Meryl Fiber, à
Saint-Laurent-Blangy, spécialiste européen du fil en gros titre.
Eco121 vous emmène à la rencontre du grand Arras et de ses trois
nouvelles figures qui incarnent désormais le territoire et que nous avons
choisi de réunir à la Une.
A l'heure du grand rendez-vous quinquennal présidentiel et des gros
nuages économiques qui surplombent la France, pleins feux sur le
micro-climat arrageois.
• Keycoopt veut révolutionner
le recrutement
OLIVIER DUCUING
Directeur de la rédaction
• Nowiew ouvre une fenêtre
sur le design
• Transmission : Vincent Bailly,
le matériel médical pour viatique
• Guide pratique : comment motiver
vos équipes ?
Détente
46-50
• Manche romantique
• Raetz au MUba
• Cassel à l'Anvers
• Damien Douchet : Comme un
poisson dans l'eau américaine
Éco121
est édité par Ecopresse,
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Ont participé à ce numéro :
Sonia Legris, François Prilleux,
Armelle Roussel, Alain Simoneau
Photographies :
Sébastien Jarry
Imprimeur : SIB, ZI de la Liane,
62200 Boulogne sur-Mer
ISSN : 2109-3792
Dépôt légal : à parution
N°CPPAP : 0912B08331
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Éco121 Mai 2012
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TENDANCES
> Morceaux choisis
« Les administrations
commencent à introduire
de nouveaux
critères d’achats
durables et
les entreprises
ne le savent pas! »
Jean-François Dispaux,
« La croissance verte
est perdue d'avance
si elle se fait à
technologie
constante »
Antoine Frérot,
Pdg de Veolia Environnement, lors de l'inauguration
du campus de Lomme
coordinateur du projet IODDE*, lors d’une journée
transfrontalière sur l’évolution des critères d’achat.
*Innovation et opportunités de développement durable en entreprises.
« Le gain est de 8 M€ sur ce
que nous pourrions obtenir
sur les marchés financiers aux
conditions actuelles »
Martine Aubry, présidente de LMCU, lors de la signature d'une
convention avec la BEI pour financer la station d'épuration de Marquette.
Ce sera un changement
de fond sur la forme »
Philippe Vasseur,
annonçant la mutation du Comité
Grand Lille qu'il préside vers une
plate-forme collaborative et des
communautés de projets.
AGENDA
« Il y a quatre ans, j'avais
l'impression comme saint
Jean-Baptiste de prêcher
dans le désert, mais ça se
concrétise aujourd'hui »
Francis Aldebert,
président de la CCI Grand-Hainaut, lors de
l'annonce d'implantation de KTM Advance
avec 100 emplois à Valenciennes,
consacrant la priorité locale donnée au
serious game (voir p.30).
9 mai « Panorama des médicaments innovants », une conférence organisée par des
étudiants de 5e année de la faculté de pharmacie à Lille, filière industrie. www.pharmalilleindus.org n 10 mai Le pôle
n
MAUD organise un atelier autour du prochain appel à projets européens Coopération NMP (Nanotechnologies, Matériaux,
nouveaux procédés de Production), au Parc scientifique de la Haute Borne (03 61 76 02 45). n
11 mai ROUMICS « Ren-
contres OUvertes du Multimédia et de l’Internet Citoyen et Solidaire » sur le thème : Innovation sociale et numérique, à la
Condition Publique, Roubaix. www.roumics.com. n
11-13 mai Start up Week-end Lille, concours de création de startups,
CCI Grand Lille ; lille.startupweekend.org n 24 mai Financial'IT Day 2012 : porteurs de projet et dirigeants d'entreprises
en recherche de financement rencontrent les investisseurs www.financial-itdays.com n 30 mai-1er juin, Assises
nationales de l’ingénierie territoriale à Lille Grand Palais. www.assises-ingenierie.fr n 12-14 juin Environord, à Lille
Grand Palais. www.salon-environord.com n 27 juin Futurallia Lille Region 2012, convention d'affaires internationale
à Lille Grand Palais.
 Retrouvez l’agenda du jour sur www.eco121.fr
Éco121 Mai 2012
TENDANCES
5
> Indiscrétions
© ElisaValode & Pistre architectes
Un prof
dans les
étoiles
Il se remplit !
Alors que les rumeurs laissaient entendre une commercialisation difficile compte tenu des tarifs élevés, plus de 50 loges du
Grand Stade de Lille sont déjà vendues. Par ailleurs, le cap des
22 000 abonnés aux matchs du LOSC est franchi.
David Delbarre, prof
de physique à l'école
Sainte-Marie de
Beaucamps-Ligny,
vient de décrocher un
contrat de distribution auprès de
Nature & Découverte pour un jeu
scientifique qu'il a mis au point,
Astronomis. Il n'en est pas à son coup
d'essai puisqu'il a déjà inventé
plusieurs jeux, mais qui n'avaient
pas été référencés jusqu'alors.
>
Logistique dédiée
VOTRE TOP 5
Les actus les plus lues
sur notre site eco121.fr
[1] Les miroiteries Dubrulle
changent de mains
[2] Call Expert apporte 200 emplois
à Roubaix
[3] 5 entreprises fondent un pôle
de déconstruction ferroviaire
[4] Hiolle affiche une perte nette
de 1,5 M en 2011
[5] Lancement du club des entreprises
centenaires
Truite de luxe
Truite Service, qui transforme et commercialise 800 tonnes de truites par an (40 salariés), devrait se doter dans l’année d’un
atelier de fumaison. Créé il y a 18 ans à Loosen-Gohelle par trois pisciculteurs, elle souhaite dépasser le stade artisanal du fumage,
externalisé, grâce à l’appui de Nouvelles
Vagues. L’objectif est selon son président,
Philippe Renou, de transformer 100 à 200
tonnes par an sur un créneau haut de
gamme.
Eiffage porte avec la Sogaris (à 50/50) un
projet de grande envergure sur le port
Ouest de Dunkerque. Il s'agit de créer
100 000 m2 de bâtiments logistiques dévolus au secteur des parfums et des produits
à base de solvants. Ce type d'installation
n'existe pas en France en zone portuaire et
pourrait répondre à la saturation des sites
existants d'Anvers et Zeebrugge. Le permis
de construire devrait être déposé en fin
d'année.
Facebook ami d'Adictiz
Adictiz Studio, plus connue sous le nom de son jeu
Paf le chien, vient de recevoir le label très convoité
de Preferred Marketing Developer par Facebook.
Seules 140 agences ont décroché cette
reconnaissance
dans le monde, dont
10 seulement en
France. La société
basée à Euratech recueille les fruits de son know
how dans la création d'applis et jeux pour
Facebook, incluant une double dimension sociale
et mobile.
T-shirts
présidentiels
Après une première commande de T-shirts
« made in France » par l'UMP pour
la campagne du premier tour, la société
de vêtements de confort Lemahieu, à SaintAndré, a engrangé une deuxième
commande de 15 000 unités pour
le deuxième tour. De quoi nourrir
des espoirs pour les législatives ?
Cet espace publicitaire peut être le vôtre, réservez-le !
Éco121 & 03 55 33 21 07
TENDANCES
> Écolonews
Détroits d'Europe
Le conseil général du Pas-de-Calais devient chef de file d'un programme Interreg IV qu'il a suscité avec le comté du Kent, Nostra
(Network Of STRAits). L’initiative réunit 15 autorités bordant huit
détroits européens, en
vue de reconnaître leur
spécificité et développer
des projets de coopération. Le détroit du pas de
Calais affiche l'un des
plus gros trafics maritimes au monde. Nostra,
lancé officiellement début avril, est financé à
75% par le fonds Feder.
Banque verte
Mini Agenda 21
Avec ses 350 habitants, Caucourt est la plus
petite commune de la région à se doter d'un
Agenda 21. Elle a décroché le label Agenda 21
Local France avec l'appui du conseil général du
Pas-de-Calais. La démarche, engagée en 2008,
a débouché sur la définition de 13 actions
prioritaires parmi lesquelles la participation au nettoyage de la rivière, la valorisation
touristique du patrimoine local, la promotion des savoir-faire locaux ou l'incitation à
réaliser des travaux d'isolation thermique, ou encore
« le développement de la convivialité villageoise ».
© Sébastien Jarry
Le Crédit Agricole Nord de France
publie pour la première fois un
rapport RSE. La banque devance ainsi
la réglementation qui imposera
à partir de 2013 aux entreprises
cotées de plus de 500 personnes
de diffuser ce type de document.
Le CANF y affiche son ambition
de « devenir un référent régional pour
la RSE ». On y apprend entre autres
que la banque a prêté 50 M€ aux
agriculteurs en deux ans pour
des installations photovoltaïques
ou qu'elle a planté 12 050 arbres
pour reboiser la forêt
de Boulogne/Mer.
© EDF - Johann Rousselot
Electricité : conso en baisse
La consommation électrique a décru de 2,9% en 2011 dans notre région. Le bilan de RTE
Nord/Est affiche une très forte réduction chez les consommateurs raccordés en basse
tension (-7,3%), du fait de températures beaucoup plus élevées en hiver (+ 5° environ !).
L'industrie a quant à elle consommé 1,2% de moins tandis que les Pme sont restées stables.
La production électrique régionale s'est pour sa part réduite de 1,6%, mais avec un
affaissement de l'électricité d'origine fossile (-21,7%) tandis que l'électricité d'origine
renouvelable progresse de 29,6%, avec une envolée de l'olien (+ 41%).
Top qualité pour Geoxia
Reconnaissance nationale pour Geoxia Nord-Ouest. La société
basée à Lezennes reçoit le trophée de l'excellence premium par
Cequami, organisme de référence pour la certification en maisons individuelles, parmi 14 lauréats français. Geoxia Nord-Ouest
est titulaire de la certification NF Maison individuelle
depuis mars 2002 et de son
option Démarche HQE depuis
2006. Elle emploie 300 salariés
et construit 1 300 maisons par
an.
Éco121 Mai 2012
Marchés publics
La commande publique promet de verdir. Une
nouvelle directive est proposée au Parlement
et au Conseil européens pour utiliser les marchés publics comme levier stratégique face aux
enjeux de développement durable. Soit l’introduction du calcul du coût du cycle de vie, la
référence au process de production, à un label
ou l’intégration de l’innovation. Visé aussi : un
meilleur accès des Pme grâce à la division obligatoire en lots, à la simplification des obligations d’information ou au paiement direct des
sous-traitants.
© Sébastien Jarry
6
TENDANCES
7
> Des hauts et des bas
↘Auto : de gros ratés
La filière automobile régionale enregistre des
signes inquiétants. Après que PSA a annoncé la
suspension de son projet d’investissement majeur
dans son usine de boîtes de vitesses de
Valenciennes, c’est le carrossier familial Durisotti
qui connaît les affres du redressement judiciaire,
avec période d’observation de six mois. Une
première pour ce fleuron du bassin minier,
spécialiste de la transformation des véhicules,
notamment pour la gendarmerie, les douanes ou
la police. Un plan de réduction des effectifs (354
personnes) est d'ores et déjà à l'étude.
↗Le numérique recrute
Le syndicat professionnel Syntec numérique
tenait séance à l'Ecole centrale courant avril, en
présence de son président national Guy MamouMani. « Le numérique peine à être visible.
Les étudiants ne connaissent pas nos métiers »,
déplore-t-il alors que le secteur, en croissance
attendue de 1,2%, devrait proposer 35 000
emplois cette année après 40 000 l'an dernier.
Or les trois quarts des recruteurs dans la filière
↗I-Trans accélère
Le seul pôle de compétitivité à vocation mondiale
de la région vient de labelliser 7 nouveaux projets,
dont 2 projets structurants et 5 projets de
recherche, pour un total de 34,6 M€. Depuis sa
création, le pôle nordiste des transports terrestres
innovants aura labellisé pas moins de 81 projets
d'innovation et 48 projets de recherche pour un
montant de 290 millions d'euros, 13 projets
structurants pour 630 millions et 17 projets de
formation supérieure.
© CRNPDC Thierry Page
↘Collectivités à sec
Etiage au plus bas pour les collectivités, en région
comme ailleurs en France. Les nouvelles
contraintes de Bâle 3 pesant sur les banques
rendent le recours à l'emprunt par les collectivités
extrêmement tendu. Exemple récent : la région,
bénéficiant pourtant d'une notation financière
satisfaisante, a lancé deux consultations pour
lever 100 M€ en
trésorerie et 200 M€
en long terme, auprès
de 11 banques.
Une seule banque
(italienne) a répondu
à la première pour
25 M€ et à la
deuxième pour le
même montant, et
une seule banque
française (la Société
Générale) a répondu
pour 5 M€ pour
l'emprunt de long terme. La situation est encore
plus critique pour les autres collectivités, à
commencer par les deux conseils généraux dont
les présidents ont publié un communiqué
commun pour dénoncer la situation.
68 collectivités françaises se sont réunies (dont
la Région et la Ville de Lille) pour lancer
une émission obligataire commune,
d'un montant d'un milliard d'euros.
indiquent rencontrer des difficultés de
recrutement, alors même que l'informatique
compte 26 000 chômeurs au niveau national.
Dans le Nord-Pas-de-Calais, région parmi le plus
performantes du Syntec selon son président,
celui-ci compte 50 adhérents, dont 10 nouveaux
membres entrés en 2011, parmi lesquels
Opentojob, Netasq, AFG, Idées-3Com.
↗Atout verre
Surface triplée avec
1 000 m2 (sur
3 000) dédiés aux
expos, atelier de
création intégré,
jardin de
sculptures, espaces
d’activités
culturelles…
Le Département ne
lésine pas pour
permettre au musée
du Verre de SarsPoteries d’exprimer
son potentiel international. Première collection
en France dédiée à la création contemporaine,
seuls 20% des 550 œuvres de quelque 150 artistes
sont actuellement visibles. En 2015, un nouveau
musée aux lignes ciselées paré de pierre bleue
(13 M€ d’investissement), conçu par les
toulousains W-Architectures, visera les 50 000
visiteurs par an, contre 15 000 actuellement. Il
est envisagé comme un levier de développement
pour la Sambre-Avesnois, avec Mons 2015 aussi
en ligne de mire. Dès septembre un club
d’entreprises mécènes soutiendra la dynamique.
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TENDANCES
> Carnet
Mouvements
PORTRAITSexpress
SGAR
Laurent Hottiaux
Un commis de l'Etat ouvert à
l'entreprise
Le tout nouveau secrétaire général pour
les affaires régionales, autrement dit le
Monsieur économie et aménagement du
territoire de la préfecture de région, est un
surdiplômé. Cet homme jovial de 39 ans
cumule Sciences Po Paris, l'ENA et l'Essec.
Une ouverture à l'entreprise qu'il doit sans
doute à son milieu familial d’entrepreneurs. Ce père de
trois enfants, boulimique de lecture et cinéphile quand
il trouve le temps, affiche déjà un parcours riche entre
la Corse, Bruxelles, le Haut-Rhin, l'Yonne ou Paris depuis plusieurs années. Ce bientôt quadra, qui se définit
comme volontaire et engagé, s'est notamment occupé
du Grand Paris, où il a contribué à débloquer ce dossier
sensible à force de concertation.
CENFE
Géraldine
Benjamin
Une boulonnaise à la com de
l'Ecureuil
Cette Boulonnaise d'origine, diplômée en
langues et en management de la distribution (Lille 2), quitte une banque mutualiste
pour une autre. L'ex-dir com du Crédit Mutuel Nord Europe rejoint au même poste le
siège de la Caisse d'Epargne à Euralille. La quadra, mère de
trois enfants, remplace Pierre Gorin, parti à Marseille.
Après deux ans à La Redoute sur des fonctions d'animation des catalogues, elle a eu une première expérience
chez l'Ecureuil à travers sa filiale de l'époque dans le marketing direct, la Sorefi, avant d'intégrer le Crédit Mutuel
à Arras puis Lille. Cette rotarienne très active (club Lille
Vauban) est aussi membre de l'Arrep et d'Entreprises et
Communication.
EPARECA
Thierry Febvay
Un pro de la rénovation urbaine
A 40 ans, cet ingénieur en chef des Ponts,
des Eaux et Forêts prend la succession de
François Mius à la tête de l’Epareca, que
ce dernier dirigeait depuis 2006. Cet établissement public national, basé à Lille,
est dévolu à l’aménagement et la restructuration d’espaces commerciaux et artisanaux en déshérence. Une mission qui ne
va pas dépayser Thierry Febvay dont le
parcours l’a aguerri aux thématiques de la
rénovation urbaine. Il a notamment dirigé
le service habitat et rénovation urbaine à
la DDE de Seine-Saint-Denis, comme délégué territorial adjoint de l’Anru. En 2010,
il a rejoint la direction régionale de l’hébergement et du
logement avant d’être appelé par Maurice Leroy, ministre de la Ville.
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>FINANCIÈRE
FAIDHERBE
Nicolas Bonnel rejoint Florent
Charlet, Pdg du cabinet de
fusionsacquisitions
lillois, membre
du réseau
MBA Capital
Finance. Il
s'agit d'une
création de
poste (de
directeur de
mission associé), compte tenu
du développement de la
société. A 43 ans, cet ESC
Tours connaît bien notre région
depuis ses études en sciences
éco à la Catho puis au sein du
géant de la brasserie AB-Inbev
(ex-Interbrew), pendant 16 ans.
Il y aura mené, comme
directeur financier, pas moins
de 50 acquisitions en France.
>PMU
Philippe Pétrieux, 53 ans,
prend la direction de l'agence
de Lens du
PMU. Une
entité qui gère
les
départements
du Pas-deCalais et de la
Somme, soit
439 points de
vente, 18
collaborateurs et un chiffre
d'affaires de 264 M€.
Originaire de Roubaix, il a
mené une partie de sa carrière
chez Stella Artois avant de
devenir directeur commercial
de Soldib à Lens. Entré au
PMU il y a 13 ans, il a d'abord
dirigé l'agence de Lorraine
avant de piloter celle de Vélizy,
son dernier poste.
>GRDF NPDCPICARDIE
Stéphane Grit prend la
direction de
l'unité réseau
gaz Nord-Pasde-Calais
Picardie de
GrDF. Il est
chargé de la
construction,
de
l'exploitation et de la
maintenance des réseaux de
gaz naturel. Une mission
majeure alors que de gros
projets se préparent autour du
terminal méthanier de
Dunkerque. Ce polytechnicien
de 44 ans est entré en 2004
chez GDF après plusieurs
postes au ministère de la
Défense et à Bercy. Il était
jusqu'à présent président du
directoire de la filiale de
distribution slovaque SPP.
>ARC
INTERNATIONAL
Le géant des arts de la table se
dote d'un nouveau directeur
juridique,
Cyrille
Demigneux,
rattaché au
DAF du
groupe. Avocat
pendant 8 ans
au barreau de
Paris, il est
entré comme
juriste corporate chez Arc en
2007. Le groupe nomme par
ailleurs Sandrine Lambec à la
tête du département
communication
institutionnelle, sous la
houlette du DRH et de la
communication José Maria
Aulotte. Déjà dans l'entreprise
depuis 1990, elle remplace
Delphine Depledt.
>ALKERN NORD
Stéphane Vigier est le nouveau
président
d’Alkern Nord,
filiale du
groupe Alkern
(750 salariés).
Il occupait la
direction
générale de
Recall France
avant de
rejoindre le fabriquant des
produits préfabriqués béton.
Cet ESC Paris a d’abord passé
13 ans chez Sagem, où il a
notamment été responsable du
développement international.
Le leader mondial de la
fabrication de verre plat NSG
Pilkington le retient ensuite 9
ans ; il y a dirigé l’unité France
Building Product.
TENDANCES
9
> Portrait
Freddy
A 63 ans, il promet de mettre le feu aux poudres : son projet de data center et de pépinière numérique est un de ceux
qui vont ranimer la citadelle d’Arras. Portrait d’un ancien
mécano de l’aviation qui carbure au service technologique.
Décima
sort ses munitions
L’ancienne poudrière
de la citadelle
accueillera le nouveau
data center
de l’entreprise.
électriques lui paraissent alors bien
terre à terre, mais son destin est
scellé.
Née dans le câble électrique, Décima
a toujours suivi les évolutions technologiques. Aujourd’hui, avec 130
salariés pour un chiffre d’affaires de
plus de 15 M€, implantée sur la zone
industrielle Est de Saint-LaurentBlangy, elle optimise les échanges
d’information et l’organisation de la
mobilité en déployant les infrastructures ad hoc. Son champ d’action s’étend de la Normandie à la
Champagne, en passant par l’Ile-deFrance. Premier client : la SNCF.
« Je manie un joy stick »
Dès son arrivée, Freddy Décima instaure un management basé sur des
centres de profit indépendants les
uns des autres, où « chacun est responsable de ce qu’il fait, décide et
gagne ». Une quinzaine de chefs de
projet sont chacun à la tête d’« une
« Avec un pin’s
comme ça dans
une banque,
c’est open bar »
«
aturellement mais par
obligation ». C’est ainsi
que Freddy Décima est entré dans l’entreprise créée
par son père, électricien, en 1956. Le
parcours n’était pas tout tracé pour
ce passionné d’aviation qui a roulé sa
bosse dans le monde comme mécano chez Dassault ou Snecma. Il
était chef du département de détection incendie d’ABG-Semca quand
son oncle Marius, qui avait repris les
rênes de la Pme arrageoise, lui demande de le rejoindre. Il prend une
année sabbatique et intègre l’effectif
en mars 1982. Les réseaux ferrés et
N
Tpe qui paie ce qu’elle consomme ».
Une mécanique bien huilée grâce à
laquelle le gérant est en pilotage automatique : « je ne sers à rien,
s’amuse-t-il. Pas besoin de coups de
volant, je manie un joy stick. » 23
projets sont en cours, dont un sur la
numérisation de documents.
La préoccupation de Freddy Décima : offrir du service. Alors il pratique assidûment la veille technologique, animé d’une farouche volonté
d’indépendance. « Quand on est
moyen comme nous, notre menace
au quotidien, c’est de nous faire
bouffer. » Pour son développement,
celui dont l’entreprise est classée
F3++ à la Banque de France est autonome : « quand on se présente
avec un pin’s comme ça dans une
banque, c’est open bar ! »
« Les pouces plus longs que les
doigts »
Si l’entrée de Décima rassemble les
antiques appareils qui ont émaillé
l’histoire des télécoms, changement
d’ère à l’étage avec la « Décima Valley ». Mur d’écrans personnalisable,
corners de visioconférence, écran
tactile... Dans le bâtiment voisin, un
centre d’affaires orienté e-commerce
flambant neuf : « L’Entrepôt numérique ». Data center hyper sécurisé,
14 bureaux ultra raccordés, espaces
de stockage, le tout sans engagement
de durée ni frais de dossier. Cet investissement (3 M€ dont 2 pour le
data center) était un coup d’essai,
qui se révèle fumant – « OVH est
venu nous voir, par curiosité. » Son
coup de maître est un data center de
repli (indispensable en cas de pépin
sur le premier) au cœur même de la
citadelle d’Arras, dans une poudrière
XVIIe où toutes les installations devront être réversibles, associé à un
hôtel d’entreprises dans l’ancien
foyer des militaires, pour « les
jeunes qui ont des pouces plus longs
que les doigts ». Soit 25 bureaux sur
deux étages et deux grands openspaces au dernier, où se créera « le
business de demain », la qualité de
vie en plus. Originalité et condition
de l’installation de Décima : un
snack ouvert au public. Freddy Décima, élu de la CCI et toujours à l’affût, s’est mis très vite sur les rangs de
ce qui promet de devenir « un
deuxième Arras dans un cadre exceptionnel » et investit là un peu
plus de 2 M€. En vigie attentive, il
espère le début des travaux en fin
d’année pour une livraison à l’été
2013. Les geeks pourront alors se
mettre au vert.
Sophie Pecquet
Éco121 Mai 2012
10
TENDANCES
> Etude
Le Nord-Pas-de-Calais région logistique :
une ambition,
des contraintes
Déjà 4e région logistique de France en nombre d’emplois, le Nord-Pas-de-Calais
s’affirme progressivement comme un hub « marchandises »
de l’Europe du Nord-Ouest.
’ambition de devenir le hub
logistique nord-européen apparaît légitime au regard de
l’exceptionnel positionnement géographique du territoire. A
proximité de cinq pôles économiques
et décisionnels mondiaux (Londres,
Bruxelles, Paris, la randstat néerlandaise, la Ruhr) et de 100 millions de résidents à moins de 300 kilomètres, cette région peut en effet se
targuer d’être au cœur de l’une des
plus importantes concentrations de
richesses et de population au monde.
L
42 000 emplois
Fort de cet atout, le secteur logistique
regroupe actuellement près de
42 000 emplois en région, soit 6,8%
des emplois nationaux du domaine,
plus que le poids démographique
(6,1%) et économique (5,2%) du territoire.
Les évolutions récentes montrent
cependant que l’affirmation de cette
situation (être un hub marchandises
de l’Europe du Nord-Ouest) n’est en
rien inéluctable.
En effet, après une année 2009 catastrophique et un léger regain d’activité en 2010, l’année 2011 était attendue comme celle d’un retour du
niveau d’activité d’avant crise, ce qui
ne fut pas le cas.
Malgré une croissance de l’emploi de
l’ordre de 2% dans la logistique et une
hausse des trafics sur les ports de
Dunkerque et de Calais de respectivement de 12% et 2% en 2011, ces différents indicateurs ne sont pas revenus à leurs niveaux d’avant crise.
Par ailleurs, les inquiétudes liées
aux coûts du pétrole et à la crise de la
dette, les incertitudes sur la consommation des ménages et sur les activités économiques en général, incitent les professionnels du secteur à la
prudence pour l’année 2012.
Éco121 Mai 2012
Saturation des axes autoroutiers
A moyen-long terme, différents projets d’infrastructures de transports de
marchandises laissent cependant augurer un renouveau du développement de ces activités en région : le canal Seine Nord, Calais 2015, les autoroutes ferroviaires, etc.
Les simples mises en activité de ces
équipements ne suffiront cependant
pas à assurer une croissance de la filière logistique en région. Afin de s’affirmer comme un hub d’importance
européenne, le Nord-Pas-de-Calais
devra relever de nombreux défis incombant à l’absence depuis plusieurs
décennies de politiques de transport
ambitieuses : en premier lieu, la saturation des axes autoroutiers en
grande partie congestionnée par des
flux de véhicules individuels à l’entrée
des différentes agglomérations de la
région.
> Etude réalisée
par Marie-France
Demonchy, Direction
régionale
information
et analyses
économiques
et territoriales,
CCI de région Nord
de France.
Réduction des disponibilités
foncières
Par ailleurs, au regard des ambitions
du Grenelle de diviser par trois l’artificialisation des sols, la réduction
des disponibilités foncières et plus
précisément de celles répondant aux
besoins des entreprises de ces domaines (larges parcelles, accessibilités
multimodales, etc.) pourrait à l’avenir
apparaître comme une nouvelle
contrainte. Le positionnement géographique exceptionnel du Nord-Pasde-Calais offre d’immenses opportunités « logistiques » qu’il convient de
valoriser. Cependant, la mise en place
de politiques volontaristes en matière
de transport de marchandises et de
passagers, associée à de nouveaux
développements fonciers seront nécessaires pour répondre à l’ambition
réaliste de devenir le hub logistique
nord-européen.
TENDANCES
11
Têtes d'affiche
Eco121 s'est associé à la deuxième édition du Com'en Or Trophy, à Lille Grand Palais,
le 5 avril. Un concours porté par IAEvent et destiné à mettre en valeur les projets
les plus originaux et créatifs des acteurs régionaux du marketing,
de la communication et de l'événementiel.
Le prix spécial du jury est attribué à
l'agence Opal Event représentée par
Franck Viandier et son épouse, à qui
Eco121 a le plaisir d'offrir un quart
de page de publicité, d'une valeur
de 950 .
Un jury présidé par Pascal Caillé, dirigeant de Caillé associés
et président de l'association régionale des communicants
(Arrep) a désigné les lauréats.
NéoMarketing, dirigé par Gaëlle Duvet a
décroché l'or dans la catégorie Market
TROPHY, pour sa campagne pour
Phildar. En argent, la société Balumpa
et en bronze Céline Delannoy, pour le
cabinet JBL.
Le Com'TROPHY revient à JBL pour le projet Kbane, devant le
Labo des marques (Sebastien Savary) et Adverto (Jérôme Vanpoperingue).
« On a marché sur la lune »remporte la
catégorie Event'TROPHY (sur le podium :
Romain Tomiak), devant Vivacom Events
(Amélie Dumont) et Opal Event (Franck
Viandier).
Éco121 Mai 2012
12
GRAND ANGLE
> Enquête
ARRAS
joue
PATRIMOINE, AGROALIMENTAIRE, LOGISTIQUE
Après Valenciennes en décembre,
Eco121 braque cette fois son regard
sur l’Arrageois. Un territoire symbolisé
par la beauté sereine de ses grand- places
et par son cadre verdoyant.
Mais derrière le cliché de la ville
à la campagne façon Alphonse Allais,
la terre natale de Robespierre affiche
volontarisme et ambition autour
de ses grands atouts : agroalimentaire,
logistique et tourisme.
Plongée en économie atrébate.
TEXTE Sophie Pecquet /PHOTOS Sebastien Jarry
Éco121 Mai 2012
ses
atouts
GRAND ANGLE
13
> Enquête
A
«
rras joue dans la cour des grands. » Frédéric Leturque, nouveau maire de la cité
atrébate, observe le chemin parcouru.
Versailles rayonne depuis l’abbaye SaintVaast, la citadelle démilitarisée promet à
la ville un nouveau quartier doublé d’un
poumon économique, les places rénovées
et leurs terrasses attirent des visiteurs toujours plus nombreux. Jean-Marie Vanlerenberghe, se délestant de ses mandats locaux, a passé le témoin en novembre dernier à son poulain Frédéric Leturque. Et Philippe Rapeneau s’est installé en octobre dans son fauteuil de président de la Communauté urbaine. Avec Edouard Magnaval,
président de la CCI élargie d’Artois depuis un an, ils forment
le nouveau trio de tête du développement de l’Arrageois.
Agroalimentaire et logistique
Nouvelles têtes pour un nouveau souffle ? Arras n’en est pas
à sa première mue. Le réveil de « la belle endormie » s’est
amorcé dans les années 90, porté par une situation géographique stratégique au sud de Lille, à moins d’une heure de
Paris en TGV, au carrefour des grands flux nord-sud avec l’A1
et du Royaume-Uni vers l’Allemagne avec l’A26, et par l’éligibilité aux primes d’aménagement du territoire. Arras n’est
pas que cette cité doucement bourgeoise et foncièrement
agraire que son nom évoque à ceux qui ne la connaissent pas.
L’industrie y réunit 5 000 emplois ; si les déboires de Meryl
Fiber (lire ci-dessous) l’ont âprement rappelé, l’agroalimentaire tire avec brio son épingle du jeu. Avec le transport
L’industrie
qui pleure...
et qui rit
Du fil à retordre pour Meryl Fiber
ARRAS
EN CHIFFRES
> Arras : 43 000
habitants
> Communauté
urbaine :
95 000 habitants
> Évolution
démographique 200010 : + 4%
> 4 500 étudiants,
sur les 11 000 inscrits
à l’université d’Artois
e chômage partiel n’avait pas suffi pour affronter la baisse
d’activité. Dans un contexte de hausse des matières premières et de rupture d’approvisionnement de son fournisseur
exclusif Rhodia, le fabricant de fils synthétiques innovants de
Saint-Laurent Blangy a vu son chiffre d’affaires tomber de 85
M€ en 2010 à 70 M€ en 2011. Placée en liquidation judiciaire
depuis janvier, avec poursuite de l’activité, l’entreprise relancée
par deux de ses cadres en 2008, n°2 européen dans son domaine, pourrait être rachetée à l’issue d’une nouvelle prolongation d’activité de trois
mois. Le Suisse Nexis Fiber,
spécialiste des fils techniques, est sur les rangs. Il
conserverait 210 emplois
sur près de 350. Parmi les
conditions posées : des soutiens financiers publics. La
Communauté d’agglo et le
Conseil régional étudient
de près ce dossier.
L
Ça roule pour Roll Gom
vec 95 salariés et 15 M€ de CA (60% à l’export), l’entreprise de Tilloy-les-Mofflaines est un fleuron du recyclage
du caoutchouc notamment en roues de poubelles. Après des
pertes importantes en 2009 et un retour à la croissance en
2011, son directeur Richard Lett entame un virage décisif. Avec
la diversification d’abord : la Pmi démarre la production, en exclusivité, d’un absorbeur de choc très innovant destiné aux logisticiens, mis au point par Ecolog ; le marché est européen.
Elle s’équipe aussi d’une déchiqueteuse qui lui permet d’accéder directement à la matière première, qui
passera de 6 000 t (chips de pneus) à
30 000 t (pneus entiers) – pour un effectif constant – et de bénéficier de
l’écotaxe. A trois ans, le CA pourrait
être porté à « 18 à 20 M€ ».
A
Éco121 Mai 2012
14
GRAND ANGLE
> Enquête
ACTIPARC
EN BREF
> créée en 2004 sur
270 ha au nord-est
d’Arras
> 28% du site
commercialisé, 16
entreprises, 570
emplois
> 65 M€
d’investissements
privés, 72 000 m2 de
constructions
neuves
pus logistique de Delta 3, mais il est quatre dossiers auxquels
il tient pour Arras : le pôle d’excellence agroalimentaire partagé avec Cambrai – « la CCI est partenaire mais il faut participer beaucoup plus » ; la création de clubs d’entreprises
pluridisciplinaires – « pour développer les flux d’information et d’affaires » ; celle d’une charte commerciale qui régisse et fluidifie les relations entre les 850 commerces, la
chambre et la ville ; et Artois Expo, équipement consulaire
appelé à muter courant 2013 en véritable palais des congrès
(voir p.17) propre à doper le tourisme d’affaires et à accueillir
des événements comme l’Arras Film Festival (ci-dessous), qui
a réuni plus de 30 000 spectateurs sur 10 jours en 2011.
et la logistique, elle est une des activités les plus porteuses
du territoire, soutenue par les deux zones Artoipole et Actiparc. La première poursuit un développement dynamique
avec cinq projets en cours (voir ci-dessous et page suivante).
Et Actiparc, bâti de l’immense Magna Park du promoteur immobilier logistique britannique Gazeley, accueille deux nouvelles entreprises agroalimentaires, IDS et Fishcut, pour
5 000 m2 de bâtiments réfrigérés à eux deux.
Tourisme d’affaires
Arras est aussi depuis un an et demi le siège de la CCI d’Artois, chambre unifiée des arrondissements d’Arras, Béthune et Lens. Edouard Magnaval, son nouveau président,
est moins à l’aise à évoquer Meryl Fyber que le nouveau cam-
Logistique :
la bonne voie
Coquidé au cœur du système
’entreprise familiale concessionnaire de la marque Renault Trucks (486
salariés, 240 M€ de CA) vend, loue et répare des camions sur 13 sites,
dont 8 dans la région et une implantation stratégique à Anvers depuis 5
ans. Son siège est à Artoipole. Le transport routier a subi les effets du ralentissement industriel ; Eric Coquidé, responsable administratif et financier, s’efforce de maintenir la rentabilité. Les incertitudes ne
l’empêchent pas d’être optimiste. L’activité autocar-bus (un tiers du CA, sur
4 sites) se porte « très bien » grâce au
Grenelle. Et l’attente est forte du côté
du canal Seine-Nord et des débouchés
routiers. « Nous serons au cœur du système. » Les autres grandes marques
sont au taquet : « ils sont tous dans
l’Arrageois ! » Un signe qui ne trompe
pas sur l’intérêt stratégique porté au
territoire.
L
Comata se recentre
e transporteur de liquides alimentaires en citerne (CA
16 M€), a choisi de transférer son siège social du Val d’Oise
à Artoipole. « L’industrie agroalimentaire a déserté la région parisienne, nous étions excentrés », indique Bruno Bertrand, son
directeur. L’entreprise emménagera début 2013 sur un pôle d’exploitation de 10 000 m2 en construction avec 90 chauffeurs, un
effectif recruté dans le Pas-de-Calais à proximité des clients –
pour l’essentiel dans le Nord et le Benelux.
L
ARTOIPOLE
EN BREF
> créée en 1992 sur
Sofrigam s’étend
e spécialiste des emballages isothermes et réfrigérants pour le
transport de produits pharmaceutiques (siège à Nanterre) crée une
filiale logistique. Installée à Artoipole depuis 2008 sur 7 000 m2, la
Pme de 34 salariés termine la construction d’un entrepôt de 3 000 m2
pour 1,6 M€ d’investissement ; 10 recrutements sont attendus sur
3 ans.
L
Éco121 Mai 2012
175 ha à Feuchy,
Monchy-le-Preux et
Wancourt
> 57 entreprises (16
dans la logistique,
13 dans
l’agroalimentaire)
> 2 330 emplois,
près de 200 000 m2
de bâtiments
ARRAS
Spécial
GRAND ANGLE
15
> Enquête
L’agroalimentaire
redouble d’appétit
Soup'Idéale
cartonne
achetée en grande difficulté en
2004 par Jean-François Loué et
Eric Delcroix, le fabricant de soupes
fraîches change de braquet. Non seulement il vient de reprendre la Légumerie de la Côte d'Opale (12 salariés,
1 M€ de CA), mais il réalise aussi une
levée de fonds de 2 M€ (dont 1,2 M€
auprès de Finorpa et Arkeon) et investit un total de 7 M€ pour son développement.
Principale opération : l'implantation de lignes de conditionnement en briques aseptiques, un segment du marché en plein essor qui doit lui assurer de gros volumes. Emblématique de la dynamique agroalimentaire de l'Arrageois, Soup'Idéale vise un
doublement à moyen terme, pour atteindre les 25 M€ avant de tripler par la suite. Et
son effectif doit passer de 40 à 60 salariés en trois ans.
R
Ingredia, crac des produits laitiers
’outil est unique en France. En plus de transformer 500 Ml de lait par an dans son
usine de Saint-Pol (photo), Ingredia pratique le cracking du lait : son labo de recherche (30 personnes à Arras) décortique les composants du lait (plus de 2 000) pour
en extraire des ingrédients aux propriétés dites
fonctionnelles, pour la « nutrition santé longévité »*. L’ETI de 400 salariés est une filiale de la
coopérative laitière Prospérité fermière qui réunit 1 200 producteurs de lait de la région. Elle a
suivi l’internationalisation des grands groupes
agroalimentaires et ouvert des filiales en propre
aux USA, à Singapour et à Dubaï. Elle réalise
plus de la moitié de son CA (400 M€) à l’export
dans 120 pays. En prévision de la fin des quotas
laitiers en 2015, Ingredia va investir 30 M€ dans
l’extension du site saint-polois, saturé, pour y fabriquer les produits de demain.
L
*Ingredia est investie dans le pôle de compétitivité NSL et participe à la plate-forme Purifunction à Eurasanté.
Coup double pour l’Adrianor
e centre de ressources technologiques pour les
industries agroalimentaires a accompagné 450
Pme depuis sa création en 1989 par le Conseil régional et le district d’Arras. Il double son outil
pour 4,5 M€ d’investissement. Enjeu : disposer en
2014 d’un équipement de pré-industrialisation
pour tester sur le marché les produits mis au point
pour le compte des entreprises, avant leur déploiement à grande échelle, et évaluer au plus près
leur coût de revient. Cette extension se double
d’un partenariat amplifié avec l’université d’Artois
à partir de la rentrée 2013, pour l’accueil des étudiants en agroalimentaire sur les deux années de
master (au lieu d’une) et de deux enseignants
chercheurs pour adjoindre à la recherche appliquée
la recherche fondamentale qui lui fait défaut.
L’Adrianor* (8 salariés)
embauchera 3 ingénieurs
EN CHIFFRES
ou chercheurs supplémentaires.
> agroalimentaire
L
ARRAS
*700 K€ de budget annuel,
dont 400 viennent des prestations techniques et de formation. 25% du CA 2011 a été
généré par des entreprises de
l’Artois.
(2000-2010) :
+ 30% (-8% en
région) à 3 500
emplois
Rénovation urbaine
Quand l’Artois crée
e fonds de « micro-capitalinvestissement » Artois Expansion (groupe IRD) vient de
fêter sa 10e participation depuis
2010. Créé avec la CCI d’Arras, il
est doté de 1,5 M€. Ni fonds
d’amorçage ni outil de retournement, son objectif est d’accompagner les Tpe et Pme de
l’Artois avec une intervention en
capital et en compte courant sur
L
des tickets de 20 à 100 K€ en
création-reprise, capital-développement ou croissance externe.
Arras Initiative a pour sa part accordé 110 prêts d’honneur en
2011 pour près de 600 K€ et
plus de 5 M€ d’investissements
générés. Depuis 1999, l’asso
aura soutenu 657 entreprises
pour 4,3 M€ de prêts.
création d’entreprises à Arras en 2010 : 556 dont 325 autoentrepreneurs
Mais Arras est aussi une ville qui affiche 37% de logements
sociaux et une des premières en France à avoir signé une
convention de rénovation urbaine Anru. Face à la dégradation de ses quartiers ouest, « un traitement de choc » a été
appliqué, relate Frédéric Leturque, ex-adjoint à la politique
de la ville puis au renouvellement urbain. Près de 45 M€ ont
été investis depuis 2005 sur le quartier Saint-Pol pour « favoriser la mixité sociale dans un environnement apaisé ».
Même Auchan a apporté sa pierre en acquérant 5 ha en déshérence pour transformer son magasin déclinant en centre
commercial dernier cri grâce à 41 M€ d'investissements et
200 embauches dans l'hyper et la galerie marchande. Au cœur
du quartier, une opération est à l’étude avec l’Epareca et le
maire se dit « dans les starting blocks » pour poursuivre sur
les quartiers Saint-Michel, aux portes de la Grand’Place, JeanJaurès et Beaudimont. Des programmes de « plusieurs dizaines de millions d’euros » pour les 10 à 20 ans qui viennent
selon la réponse des partenaires financiers.
Éco121 Mai 2012
16
GRAND ANGLE
> Enquête
Le Main Square Festival a attiré
100 000 personnes en 2011.
Tout l’enjeu : capter les courts séjours. Ci dessus à droite, l’expo «Roulez carrosses !» réalisée avec le Château de Versailles.
La citadelle investie
La citadelle concentre toute l’attention des investisseurs privés. Il y a un an, un forum les réunissait dans son enceinte
pour titiller l’envie. Côté habitat, c’est la société parisienne
Histoire et Patrimoine et le groupe Magellan qui ont remporté
les suffrages. La première est spécialisée dans la rénovation
de bâtiments historiques en logements et en proposera 60 en
accession à la propriété. Le deuxième prévoit de réhabiliter
la caserne Shramm avec 140 logements et une centaine de studios. Les entreprises y sont aussi attendues (voir en p.9). Le
bâti XVIIe réhabilité et 50 ha de bois arrivent à point
nommé pour « élargir le périmètre urbain touristique » : cap
sur la gastronomie – un grand chef est pressenti – et les loisirs avec un accrobranche, porté par une filiale commune de
Chlorophylle et Taho & Lina, qui permettrait de découvrir le
système des fortifications.
Le pari Louvre-Versailles
Le plus important aujourd’hui ? « Réussir le pari LouvreVersailles et qu’Arras soit un élément fort de cette réussite »,
lance le maire. Oubliée la déconvenue du choix lensois pour
accueillir l’équipement qu’elle convoitait. La convention de
Éco121 Mai 2012
10 ans avec Versailles lui offre de rivaliser à moindre coût en
attractivité avec une offre hôtelière et de restauration qui fait
toujours défaut à sa voisine. Tout l’enjeu est d’étoffer l’offre
touristique pour capter les courts séjours. Outre la citadelle,
la Scarpe tire le fil des loisirs, du golf d’Anzin Saint-Aubin au
centre nautique de Saint-Laurent-Blangy. En entrée de
ville, le pôle ludique Val de Scarpe accueille le tout nouveau
centre balnéo-ludique (16 M€ d’investissements). Avec Cité
Nature (voir en p.49), le parc, les berges, la location de vélos ou de canoës pour relier le marais de Fampoux... il s’agit
de structurer l’offre. Un système simplifié de tarification façon Val Joly est en réflexion.
Sur le volet patrimoine, le pôle culturel Saint-Vaast est un projet à tiroirs jusqu’en 2023 pour 40 M€ d’investissement. La
rénovation des salles du 1er étage permet déjà d’accueillir Versailles, avec 25 000 visiteurs le premier mois et 200 000 attendus par an. « La ville commence à reconquérir son public, se félicite Frédéric Leturque. Lille est étouffée, Arras respire ! » Un atout de poids qui conforte la place de la capitale
artésienne dans la dynamique économique régionale.
Sophie Pecquet
ARRAS
Spécial
Culture-tourisme
les cartes maîtresses
Artois Expo
sur son 31
L’homme orchestre du tourisme
D
hristophe Sérieys a été « dircom » de la Ville pendant
plus de 6 ans avant de prendre, à 34 ans, la direction de
l’office de tourisme en mars
2011. Autant dire qu’il maîtrise les dossiers porteurs, et
le tourisme en est un à Arras.
Il a débuté comme journaliste
à la Voix du Nord et aurait pu,
à 27 ans, diriger l’agence de
Douai, mais il se rêvait reporter. Il décline, et c’est Arras qui le happe. « J’ai saisi
la balle au bond quand la
porte de la mairie s’est ouverte. » Profondément attaché
à sa ville, il veut servir son
« potentiel extraordinaire ».
Versailles, la citadelle, le futur centenaire de la Grande
Guerre... son arrivée à l’OT coïncide avec des projets éminemment fertiles. Il dirige un établissement public de 20
temps plein et 2 M€ de budget, dont 55 à 60% de recettes
propres, grâce aux trois sites gérés – le beffroi, les boves et
la carrière Wellington (40 000 visiteurs chacun en 2011) – ,
aux visites de groupes de la ville et nombreux produits dérivés. Une manne qui lui donne les coudées franches pour
explorer d’autres pistes.
C
Arras : 2500 places en terrasse, 250 monuments classés,
2 sites au patrimoine mondial de l’Unesco.
GRAND ANGLE
17
> Enquête
oper le tourisme d’affaires. C’est l’ambition
d’Artois Expo grâce à un investissement de 3 M€ porté par la CCI (1 M€), la CUA (1 M€), la Région et
l’Etat. Le projet porte sur le réaménagement du hall de 1 500 m2 en une salle
de congrès de 1 000 places, dont 650 en gradins rétractables, équipée de praticables de scène et grill technique et de séparateurs d’espaces motorisés.
Arras pourra dès 2013 accueillir dans des conditions optimales congrès, conventions, colloques et séminaires.
Le Robin des bois de la culture
abien Cousin dirige le Pharos depuis un an. Au
pied des tours, l’ancienne maison pour tous et
salle de spectacles, en reconstruction, est le point
d’orgue de la revalorisation du quartier Saint-Pol.
Il est appelé à devenir un pôle culturel d’envergure,
« le pendant de Saint-Vaast pour des publics éloignés
de la culture à qui on souhaite offrir une proximité
et des codes d’accès », illustre l’attaché. A 32 ans,
cet historien pétri de gestion de patrimoine et de
coordination culturelle est une figure montante de
l’équipe culture de la Ville. Musique, spectacle, lecture publique (avec la médiathèque voisine) et offre numérique sont les cordes
qu’il veut faire vibrer au cœur du quartier. En janvier 2013, un équipement entièrement repensé, pour 3,5 M€ d’investissement, offrira entre autres une salle
de concert de 400 places (ou 180 assises) et un studio d’enregistrement. L’ambition dépasse les frontières du quartier, à l’image de l’Arras des musikos ou
du Tremplin Main Square Festival qu’il organise.
F
Le site de Vimy sera un des épicentres des festivités
du centenaire de la Première Guerre mondiale en 2014.
Éco121 Mai 2012
18
GRAND ANGLE
> Interview
Le nouveau président (UMP) de la
communauté urbaine d'Arras évoque
le développement et l'avenir de son
territoire. Pragmatique, il s'appuie
sur le Louvre-Lens, le partenariat
avec le château de Versailles, le
nouveau centre de congrès... et le
centenaire de la Première Guerre
mondiale pour miser sur la carte
touristique. Sans oublier
l'agroalimentaire dont le pôle
d'excellence semble enfin normalisé.
Entretien.
RECUEILLI PAR OlivierDucuing et Sophie Pecquet
PHOTOS Sébastien Jarry
“SMALL IS
BEAUTIFUL”
PHILIPPE RAPENEAU
Éco121 Mai 2012
ARRAS
Spécial
GRAND ANGLE
19
> Interview
Éco
Votre communauté urbaine
est l'une des plus petites de
France. Avez-vous la taille critique face aux enjeux de l'époque ?
121
Qu'on soit une petite communauté
urbaine, oui. Alençon, Cherbourg
sont un peu en dessous de nous,
nous sommes à égalité avec Le Creusot. Comme disent nos amis anglais,
« Small is beautiful ». Le principe
d'une communauté urbaine, c'est
d'abord un critère administratif, la
forme la plus aboutie de coopération
intercommunale puisque les élus
sont allés jusqu'à transférer l'urbanisme, fonction régalienne des communes.
La réforme intercommunale va-telle changer la donne ?
Calais compte 77 000 habitants mais
a une agglo de la même taille que la
nôtre. La réforme territoriale bouge
un peu les lignes. Nous allons devenir la communauté urbaine la plus rurale de France. En population, on accueille 15 communes de plus pour
moins de 10 000 habitants, une intercommunalité de 7 communes et
quelques communes du sud-arrageois. On n'a forcé personne.
Mais vous passez le seuil des
100 000 habitants...
Oui et c'est important. Sur le plan
symbolique mais surtout financier :
c'est un seuil. En fiscalité, cela donne
quelques leviers. Mais ce sont aussi
des dépenses : passer de 24 à 39 communes va entraîner des nouvelles
organisations de transport, même
si on ne va pas amener chaque commune au même niveau de fonctionnement que celles qui sont entrées à
l'origine, il y a quarante ans.
Pour peser davantage, vous êtes
aussi engagés dans une démarche
de pôle métropolitain. Quelle en est
la logique ?
La réalité de la région, c'est une métropole qui joue son rôle pleinement
et qui irradie sur le territoire. Personne ne conteste ce rôle. Mais à l'intérieur de ce territoire régional, il y a
une organisation multipolaire avec
des effets de conurbation, des endroits plus ruraux, d'autres plus tournés vers les ports, d'autres plus liés à
la Belgique, et un ensemble intérieur avec l'Artois et l'arc minier, de
Béthune-Bruay à Douai, avec Arras.
Dès lors que la loi nous autorise à réfléchir et travailler ensemble, pourÉco121 Mai 2012
20
GRAND ANGLE
> Interview
 Retrouvez l'interview intégrale sur www.eco121.fr !
Le partenariat avec le château de
Versailles est certes moins important mais ambitieux. Vous en attendez beaucoup ?
quoi ne pas créer un pôle métropolitain ? L'Arrageois avec sa dynamique
offre 145 emplois disponibles pour
100 actifs. N'avons-nous pas intérêt
à être ensemble non pour concurrencer Lille mais pour nous adosser
à la métropole ? Cela permettra aussi
de peser davantage face à nos interlocuteurs. Si on va voir RFF et la
SNCF tous ensemble en représentant
1 million d'habitants, qu'on explique
qu'il faut organiser les liens entre bassin minier, Arrageois, Douaisis et
connexion avec la métropole, là ça fait
du monde à déplacer et c'est intéressant.
Versailles, c'est du rayonnement pour
la ville, tout le territoire et même audelà. C'est de l'activité, des gens qui
vont venir sur notre territoire, dormir, consommer... Ce sont des centaines d'emplois induits. L'effet boule
de neige en termes de développement
économique est difficile à mesurer. Il
y a encore d'autres opportunités. Le
pôle Saint-Vaast qui regroupera dans
un même site cet espace muséal,
l'ecole de musique, une médiathèque,
l'école de danse, l'office de la culture,
en cohérence avec nos équipements
comme l'hôtel de Guînes, le théâtre
à l'italienne rénové... Tout cela a un
Sur le plan formel, où en êtesvous ?
L'idée première est de constituer
une association de préfiguration,
Hénin-Carvin, Lens-Liévin, ArtoisBruaysis et Douai, et nous-mêmes.
On a rédigé des statuts, identifié les
sujets sur lesquels on veut travailler
ensemble. On a failli finaliser en début d'année, mais on a décalé à après
les élections. On travaillera sur les
transports, la formation universitaire, l'eau. Le développement économique est également concerné par
le biais de deux thématiques, la culture et le tourisme. On ne peut pas occulter ce sujet alors qu'en décembre
on inaugure le nouveau Louvre à
Lens. L'impact sera important, il
faudra nourrir, loger ces visiteurs. Je
préfère les garder une nuit à Arras
plutôt qu'ils n'aillent à Lille ou qu'ils
repartent par le premier TGV à Paris.
Pensez-vous possible de faire fonctionner un ensemble de collectivités très pauvres où souvent les
élus de même bord ne s'entendent
déjà pas entre eux ?
Je vais donc rentrer chez moi, me
mettre sous la couette et dire que tout
est foutu ? Ce n'est pas le tempérament ! C'est au contraire parce que
nous sommes des territoires de ce
type, avec une population jeune, dynamique, certes pas suffisamment
formée mais avec un vrai potentiel
qu’on veut faire la démonstration
que ce territoire a des richesses et
peut avoir des ambitions. Aujourd'hui
quand on fait le Louvre Lens, on
donne une nouvelle image.
Éco121 Mai 2012
« à 50 minutes
de Paris, avec deux
places au Patrimoine
mondial,
vous devenez
intéressant »
BIO
EXPRESS
1958
Naît à Calais
Ecole normale Arras
1984-87
Enseignant
1988-97
Assistant
parlementaire puis
conseiller technique
de Philippe Vasseur,
ministre de
l’Agriculture
Mandats actuels
Président
de la CUA (oct 2011)
et du groupe UMP
au Conseil régional,
adjoint au maire
d’Arras
impact économique, et donc aussi
de recettes fiscales. Cela va contribuer
à l'attractivité de notre territoire,
au même titre que le projet de la
citadelle.
Vous misez donc tout particulièrement la carte du tourisme ?
Le tourisme existe déjà à Arras mais
il peut largement se développer. On
a le tourisme de mémoire : 2014 arrive (centenaire de la Première
Guerre mondiale, ndlr), on sera au
cœur du dispositif. Les gens viennent
à Londres en première destination
d'Australie, de Nouvelle-Zélande,
ARRAS
Spécial
GRAND ANGLE
21
> Interview
« On ne fait
pas Häagen Dazs
tous les ans ! »
niers d'agriculture de proximité, etc.
On a encore à trouver quelque chose
d'emblématique dans la citadelle.
Le lien sera la force Vauban. Cette citadelle est le plus grand site dans le
réseau Vauban labellisé Patrimoine
mondial de l'humanité. Ça peut être
des plans reliefs, Louis XIV, Vauban,
tout ça se connecte. Ça peut être
aussi aller plus loin dans l'exploration
de Versailles.
Le pôle d'excellence agroalimentaire Agroe a plutôt mal démarré.
Où en est-on aujourd'hui ?
mais ils viennent aussi voir ici où l'arrière-grand-père est tombé, dans des
sites comme Vimy ou Souchez. Le
tourisme de bien-être et de loisirs se
développe aussi avec la ZAC Val de
Scarpe, le centre de balnéo qui va ouvrir, le bassin d'eaux plates, qui sera
un lieu d'entrainement mais aussi de
bien-être, et le bassin d'eaux vives, les
jardins du Val de Scarpe. Ce linéaire
du val de Scarpe démarre d'AnzinSaint-Aubin avec l'un des plus beaux
golfs de France, très attractif,
jusqu'aux marais de Fampoux, en
plein cœur de zone humide, avec
une biodiversité que vous ne trouvez
pas ailleurs.
certain ralentissement, mais reste
encore dynamique. On ne fait pas
Häagen Dazs tous les ans ! Mais on
va faire Fishcut, c'est une centaine
d'emplois, 3 000 m2 de bâtiment
supplémentaire. Nos zones d'activité tournent, et celles qui ont des
possibilités de développement le font
progressivement.
Nous restons attractifs, grâce à notre
situation, à la croisée de deux autoroutes, une ligne grande vitesse, des
potentialités autour du projet Seine
Nord Europe. Et le choix de se doter
d'une boucle numérique, qui a certes
coûté un peu d'argent, est un atout
important.
Et le tourisme d'affaires ?
Vous cherchez à attirer de nouveaux secteurs à plus forte valeur
ajoutée ?
Bien sûr. On est avec Dunkerque,
Lille et Le Touquet l'une des quatre
villes reconnues, validées, labellisées par la région. Cela va nous donner une dynamique avec la CCI
puisque nous avons requalifié Artois
Expo pour en faire un centre de
congrès de l'ordre de 600 à 700
places pour de l'activité salon mais
aussi une véritable activité congrès.
A 50 minutes de TGV de Paris,
connectés au réseau ferroviaire LGV
européen, avec deux places au Patrimoine mondial de l'humanité, vous
devenez intéressant !
Nous en avons déjà. Les sociétés
sont peut-être un peu plus discrètes
car moins importantes que les grosses
entreprises dans le transport et la logistique qu'on a pu avoir, ou par
rapport à des entrepsies emblématiques comme Soup'Idéale ou les
crèpes Dessaint. Mais il existe des sociétés de taille plus modeste en informatique qui se développent sur
notre territoire comme Décima, NCS,
qui nous achètent pour l'un des bâtiments dans la citadelle, pour l'autre des terrains aux Bonnettes.
Votre territoire a connu une forte
dynamique économique dans les
années 90. Est-ce toujours vrai?
La citadelle a vocation à être le 17e
quartier d'Arras ?
On reste dans une phase positive. Le
territoire a eu une forte attractivité et
une décennie 90-2000 formidable
grâce à la prime d'aménagement du
territoire. La période 2000-2010
était encore très bonne ; la décennie
dans laquelle on est entré marque un
Oui mais au-delà d'un nouveau quartier de 155 000 m2 de shon – où la
CUA s'installe elle-même –, elle s'inscrit dans une démarche de « slow
city » : le quartier de la tranquilité, du
bien-être, de démarches nouvelles en
termes de consommation, de pa-
La CUA,
c’est depuis
1998
24 communes.
Après la
réforme intercommunale
elle passera
le seuil
des 100 000
habitants
Tout va bien ! Quand l'Etat décide des
pôles de compétitivité, la région dit
fort justement que des territoires
vont passer à côté et qu'il faut essayer
de faire quelque chose pour eux. Le
premier territoire agroalimentaire
régional, c'est Lille ! On n'allait pas y
positionner le pôle qui est donc venu
à Arras-Cambrai. Avec au départ
une gouvernance alternant chaque
année une présidence des présidents
d'agglo de Cambrai et d'Arras. Résultat : trois mois avant, on ne fait
rien, trois mois après on ne fait plus
rien, soit six mois seulement efficaces... On a ronronné. On a un président qui a fait du boulot. Les assises
à l'abbaye de Vaucelles ont été un succès. Il reste à jalonner les choses.
Nous avons ici avec Adrianor un des
outils les plus efficaces en recherche
appliquée sur le territoire. Avec la région et le département, on commence les travaux d'extension et de
rénovation dans quelques semaines.
La présidence du pôle alimentaire ne
doit pas être d'un an seulement, le
président a plus vocation à être un
chef d'entreprise qu'un élu. Maintenant, Michel Lienard (maire de Rumilly, ndlr) est président jusqu'en
2014, il n'y a aucun problème.
Avec l'Adrianor, le pôle Arras-Cambrai est basé à Arras. C'est cohérent. Après, qu'on laisse les formations agrolimentaires à Cambrai,
c'est normal. Après la R & D, il faut
passer à l'application et aux pilotes
semi-industriels pour les entreprises.
On ne va pas les faire à 50 km
d'Adrianor, mais ici. J'ai un accord de
principe.
Je souhaite aussi que Cité Nature, propriété de la communauté urbaine, parti
dans une structure muséale, se recentre sur ses priorités, à savoir se consacrer à l'agroalimentaire et être un des
outils à la disposition de la filière.
Éco121 Mai 2012
22
GRAND ANGLE
>Photoreportage
Les balles de papiers sont
acheminées dans le pulpeur, qui
élimine tous les contaminants,
plastiques, agrafes, sables et qui va
produire une nouvelle pâte à papier.
Les Cartonneries de Gondardennes sont d'abord une papèterie.
L'usine est un acteur majeur de la filière des papiers recyclés
puisqu'elle accueille chaque jour 30 camions. Ils apportent
chaque année 180 000 tonnes de papier recyclé provenant
de la moitié nord de la France, de la Belgique et des Pays-Bas.
Dans les coulisses
Cartonneries
Gondardennes
des
de
PHOTOS Sebastien Jarry / TEXTES OlivierDucuing
E
co121 ouvre une nouvelle rubrique avec ce photoreportage consacré aux Cartonneries de
Gondardennes, une très belle entreprise 100% familiale implantée à Wardrecques, dans la vallée
du papier. Notre ambition : montrer à travers quelques clichés la richesse des savoir-faire de nos
entreprises.
Nous avons retenu celle-ci pour plusieurs raisons : c'est une industrie lourde, un secteur que nous
aimons bien chez Eco121 ; c'est une entreprise familiale dont la stratégie de long terme et de réinvestissement des profits lui a permis d'affronter la crise, c'est une des 80 entreprises de taille intermédiaire
de la région et, née en 1897, elle appartient au cercle fermé des centenaires qui viennent de se doter
de leur club sous l'égide de Lille Place Tertiaire.
Éco121 Mai 2012
GRAND ANGLE
23
>Photoreportage
Éco121 Mai 2012
24
GRAND ANGLE
>Photoreportage
Bienvenue dans la cathédrale
industrielle : deux machines à papier
gigantesques, de 150 mètres de long
et 20 mètres de haut, vont fabriquer
des feuilles de papier, grâce
à l'adjonction d'amidon en « size
press » pour donner des propriétés
de résistance et d'imperméabilité.
Les feuilles passent sur des cylindres
chauffés à la vapeur
pour évacuer l'eau.
Le processus automatisé,
continu 24h/24 h et 358 jours
par an (hors maintenance entre
Noël et jour de l'an), est
contrôlé par trois opérateurs
seulement.
Éco121 Mai 2012
GRAND ANGLE
25
>Photoreportage
Les feuilles sont enroulées en bobines de 12 tonnes, manipulées
par pont roulant.
L'usine compte quatre onduleuses comme celle-ci, qui produit le
carton. Des bobines sont utilisées pour réaliser les cannelures, qui
sont ensuite pré-assemblées avec une à trois phases de collage. La
société réalise de nombreux produits mais s'est fait une spécialité
des nanocannelures de 0,8 mm, utilisées notamment pour
l'impression offset directe.
Éco121 Mai 2012
26
GRAND ANGLE
>Photoreportage
Les plaques sont produites directement aux formats demandés par les clients. L'usine, qui fonctionne en flux
tendus, traite ainsi 800 commandes par jour, et ne produit que pour les commandes.
Aux Cartonneries de Gondardennes, c'est zéro stock. Ce
magasin entrepose les produits finis, voués à l'expédition
rapide. L'entreprise livre dans un rayon de 500 km ses
produits standard, et sur toute l'Europe pour ses
produits spéciaux, dans un délai compris entre 24 et 36
heures.
LES CARTONNERIES DE GONDARDENNES
CRÉATION : 1897
SIÈGE : Wardrecques (62)
ACTIONNARIAT : 100% familial
(160 actionnaires)
PRÉSIDENT : Max Lamiot, héritier des deux
familles fondatrices, Leroux et Masson
DG : Bertrand Helle
CAPACITÉ : 180 000 tonnes
CA 2011 : 118 M€
EFFECTIF : 420 (dont 15 embauches en février)
RANG : numéro six français du carton ondulé,
numéro un en plaques
Éco121 Mai 2012
L'entreprise, qui possède aussi une unité près de SaintEtienne, la Cartonnerie de l'Ondaine, a investi 30 M€
en 2008 dans une nouvelle onduleuse – la seule en France
en 3,300 m de laize. Elle a choisi d'augmenter
sa production récemment, à travers l'élargissement
du temps d'ouverture de ses outils
«
28
TERRITOIRES
> Développement local
EN BREF
GRAND EMPRUNT
L’ETAT SE RATTRAPE
Critiqué pour avoir maltraité la
région dans les débuts du plan
d’investissement d’avenir (PIA),
l’Etat rattrape son retard. Avec
les dernières annonces d’Idefi
(Initiative d’excellence en
formation innovante) ou sur les
énergies décarbonées (Ifmas),
l’Etat soutient au final 24 projets
qui totalisent un financement
d’Etat de 386,5 M€. Au total, la
région a obtenu : 1 institut de
recherche technologique sur les
infrastructures ferroviaires (80
M€), 7 labos d’excellence (72
M€), 1 société d’accélération de
transfert de technologie (63 M€),
11 équipements d’excellence
(50,3 M€), 2 infrastructures
nationales en biologie-santé (35
M€), 1 institut d’excellence sur
les énergies décarbonées (30,8
M€), 1 initiative d’excellence en
formations innovantes (5 M€).
1,2 M€ POUR LA
CRÉATION VISUELLE
Le pôle images Nord-Pas-de-Calais
porte la dotation de son fonds
annuel à 1,2 M€ (contre 500 K€
depuis 2009) pour soutenir les
projets de création. Baptisé
« Experiences Interactives 2012 »,
ce fonds se double d’un
renforcement de l’équipe
d’accompagnement, avec de
nouveaux conseillers (animation
cross-media, web documentaire et
serious game) et les services d’un
cabinet spécialisé en stratégie
financière. Il s’ouvre aussi aux
équipes universitaires de
recherche et favorisera les
coproductions transfrontalières
avec l’arrivée de Wallimage et
Creative Wallonia.
REVITALISATION
ÉCONOMIQUE
Le Crédit Agricole Nord de France
et Finorpa Conseils lancent la
revitalisation industrielle de trois
bassins d’emplois touchés par des
restructurations : Jeumont,
Neuville-en-Ferrain/Tourcoing et
Cambrai Epinoy. Il s’agit de
susciter la création de 265
emplois en deux ans, pour
compenser les 250 postes
supprimés par les fermetures ou
restructurations des sociétés
Cognet Escanor et Seyfert
Transwell pour le premier site,
Callens Lesage, Luxaflex, Sadas et
XMF pour le deuxième et le site
de défense de Cambrai. Le fonds
d’intervention atteint 3 M€, le
CANF apportant 1,9 M€ de prêts
bonifiés.
Éco121 Avril 2012
Région très haut débit,
cap sur 2025
La Région et les deux départements s’engagent dans un plan
de couverture exhaustive du territoire
pour un demi milliard d’euros.
e réseau ADSL atteint ses limites. Pour affronter l’explosion des usages numériques, la
fibre optique est le médium obligé, le très haut
débit, l’objectif pour tous, entreprises et particuliers.
L’Europe a fixé l’agenda et l’Etat, un plan national.
Orange et SFR ont répondu à l’appel à manifestation d’intérêt lancé aux opérateurs privés début 2011
et signé un accord de répartition (voir ci-contre).
Mais les zones concernées par ces initiatives se limitent aux agglos urbaines, dont la densité permet
de rentabiliser l’investissement – 2 Mds d’€ jusqu’en
2015 pour Orange. Quid des zones rurales et périurbaines ?
L
La Région, le département du Nord et celui du Pasde-Calais répondent en lançant, comme en Bretagne
et en Auvergne, un schéma directeur régional du très
haut débit, « Nord-Pas-de-Calais numérique ». L’investissement ? 500 M€ bruts, soit 260 M€ déduction faite des redevances des fournisseurs d’accès
qui utiliseront le réseau. La Région contribuera pour
moitié – « Par rapport aux enjeux des 20 prochaines années, ça ne coûte rien ! » dixit Daniel Percheron – et les deux départements pour l’autre moitié – « nous contribuons à l’équilibre des territoires », a plaidé Dominique Dupilet. Appel est aussi
lancé aux collectivités locales candidates.
Pragmatique, le territoire se conforme ainsi aux
100% de couverture requis en 2025, mais pas seulement. « Si nous ne faisons pas ça, dans les 10 prochaines années notre attractivité passe à la
trappe ! » prévient Patrick Kanner. Réunis en « G3 »
à Arras pour annoncer ce plan à la presse, les présidents des trois collectivités ont parlé d’une seule
voix. « L’Etat n’a plus aucune marge de manœu-
vre, c’est aux collectivités de s’y coller », a lancé Daniel Percheron.
Un syndicat mixte doit être créé et une délégation
de service public lancée pour démarrer « dans les
deux ans », indique Marc Taillez, DGA du Conseil
régional en charge du projet. S.P.
« UNE COMPLÉMENTARITÉ
INTELLIGENTE » Laurent Vitoux,
directeur régional
Orange
« Ce Schéma, c’est une
décision raisonnable
et ambitieuse ; on
est dans une
complémentarité
intelligente. Orange tient
le leadership
du déploiement privé, avec les agglos de
Valenciennes, Cambrai, Douai, Arras, HéninCarvin, Lens-Liévin et Dunkerque,
et les villes de Saint-Omer et Berck ; et SFR
tirera la fibre sur les intercos de Boulogne,
Béthune, Nœux et Environs, Calais, Maubeuge
et Hautmont. L’agglomération lilloise est
partagée entre les deux opérateurs. Dès qu’on
commence une ville, on s’engage à une
couverture à 100% du périmètre dans les cinq
ans. La dernière ville de tête sera commencée
en 2014 et la dernière commune périphérique,
en 2015 pour un achèvement en 2020. »
Hénin-Beaumont. Première phase
d’aménagement sous l’égide des
architectes Saison-Menu et
Demathieu & Bard Immobilier.
Sainte-Henriette
renaît
en écoquartier
oup d’envoi pour l’aménagement de la friche Sainte-Henriette !
Musée des arts forains, piste de ski, cité lacustre, école de cascade... il en aura vu des projets abracadabrantesques, ce triangle de 125 hectares. Sa situation stratégique au sud de Lille, dans le
périmètre d’Euralens, en plein carrefour autoroutier et futur pôle
d’échanges où se croiseront (peut-être) tramway, RER, voire halte
TGV vers Paris, aura finalement eu raison des coûteux atermoiements. La communauté d’agglo d’Hénin-Carvin a confié aux bureaux
d’études Une fabrique de la ville (Jean-Louis Subileau) et AREP Ville
l’assistance à maîtrise d’ouvrage : au sud des deux terrils de l’ancien
carreau de mine, 140 000 m2 de programme immobilier découpés
en cinq lots sont prévus sur 15 ans, qui mêleront logement, tertiaire,
commerce et loisirs. Le cabinet roubaisien d’architectes SaisonMenu en supervisera l’aménagement. Et le premier lot sera lancé en
septembre pour 22 000 m2 de SHON sur la commune d’HéninBeaumont, avec le promoteur-constructeur Demathieu & Bard, implanté à Marcq-en-Barœul.
C
Au programme : 14 000 m2 de logements, dont la moitié sociaux,
3 500 m2 de bureaux, 1 500 m2 de commerces et 150 chambres
d’hôtel. Le projet est formé de trois îlots aux noms évocateurs : Béguinage contemporain pour un ensemble de 39 logements individuels avec jardin privatif, la Plazza pour un aménagement plus minéral de logements collectifs, parking silo, bureaux et commerces
autour d’une place, et la Canopée, sur un site arboré, avec trois pôles
de logements collectifs et un hôtel avec le Parisien Wagih Khoury
(ARE/KH Management). Le tout traversé de mails piétonniers avec
la RN43 en frontière sud, le futur tram au nord et le pôle d’échanges
multimodal à l’ouest. Les partenaires sont la Caisse des dépôts, la
Caisse d’épargne et Soginorpa.
S.P.
Éco121 Mai 2012
30
TERRITOIRES
> Entreprises
EN BREF
ACTU TOUS AZIMUTS
CHEZ HIOLLE
Le groupe familial valenciennois
Hiolle Industries vient
d'officialiser avec quatre
partenaires (Alstom Transport,
LME, Ramery Environnement et
Vitamine T) la création d'un pôle
régional de déconstruction
ferroviaire. Sa division ferroviaire
a aussi décroché un contrat de
4,7 M€ avec Bombardier pour la
fourniture de 300 armoires
électriques pour des rames RER.
Hiolle a par ailleurs publié ses
résultats 2011, marqués par une
perte nette de 1,5M €, liée à des
provisions pour litige. Mais son
Ebitda est en net progrès
(+349%) comme son résultat
opérationnel (+200%).
KTM adoube
Valenciennes comme capitale
du serious game
SAINT-AMAND
CHEZ ROXANE
Le groupe des Eaux minérales de
Saint-Amand (EMSA) va passer
sous la houlette du groupe Alma,
propriétaire des marques
Cristaline, Roxane ou Saint-Yorre.
L'ancien groupe de la famille
Chantraine a manqué en 2010 le
rachat des minoritaires familiaux
par Francis Chantraine, le Crédit
Agricole entrant alors au capital
avec d'autres structures associées.
Le recul d'activité (80 M€ de CA
en 2010 contre 100 M€ en 2009)
a sans doute précipité le rachat
par le n°3 français, qui doit
encore être agréé par les
autorités de la concurrence.
VEOLIA OUVRE SON
CAMPUS NORDISTE
34 M€ auront été mobilisés pour
réaliser le campus Nord Europe de
Veolia Environnement, à Lomme.
Un montant élevé pour un enjeu
important puisque le site, sur 2,5
ha, va permettre la formation en
conditions réelles d'exploitation
de pas moins de 400 alternants
par an à terme, sans compter
15 000 stagiaires sur des durées
courtes. Le site – 6e campus du
groupe – a été inauguré par
Antoine Frérot, Pdg du groupe,
en présence de Daniel Percheron.
DUBRULLE FRANCHIT
LE KAP VERRE
Les miroiteries Dubrulle, leader
de leur secteur sur la métropole
lilloise, entrent dans le giron de
Cevino Glass. Cette dernière n'est
autre que la holding de reprise
créée par Thierry Gautier pour
reprendre le Kap Verre avec ses 90
salariés et 7 sites (Eco121 n°20).
L’achat des Miroiteries Dubrulle
(CA de 5 M€ pour 45 salariés)
fait du nouvel ensemble le leader
régional du secteur.
Éco121 Mai 2012
Valenciennes. KTM Advance lève 4 M€ auprès
de Finorpa et du FSN et crée 100 emplois dans le Nord.
«
a première envie était de mettre en place
ce projet à Strasbourg, ma ville natale. »
Yves Dambach, Pdg de KTM Advance,
n'est pas du genre langue de bois. Le patron du
leader français du serious game avoue aussi avoir
regardé Albi avant de choisir d'implanter à Valenciennes sa nouvelle filiale Edit'Up et les 100
emplois qu'elle doit générer, avec en ligne de
mire l'objectif de prendre le leadership mondial
du secteur. « Mais il n'y a pas photo en termes
d'accompagnement, qu'il s'agisse des financiers,
de l'Agglomération ou du Conseil régional. On a
l'impression que tout le monde est là pour nous
accompagner alors qu'il faut ramer ailleurs ».
Ce lyrisme est certes un peu appuyé pour remercier des différents soutiens sonnants et trébuchants, dont une subvention de 300 K€ de
Valenciennes Métropole, mais aussi les 4 M€
apportés par le Fonds pour la société numérique
(FSN) et Finorpa, dont c'est le plus gros dossier
de l'année. « On a décidé de jouer collectif car on
a considéré que des porteurs de projets aussi
ambitieux méritaient qu'on soit à leurs côtés »,
résume Valérie Létard, présidente de Valenciennes Métropole.
M
« On est dans une course de vitesse »
Mais Yves Dambach se retrouve aussi en phase
avec la stratégie territoriale du Valenciennois.
La « serre numérique », portée par la CCI Grand
Hainaut, accueillera les trois écoles du groupe
Supinfocom, au sein de la future ZAC des rives de
l'Escaut, entièrement dédiées au numérique.
Dans cette filière, Valenciennes veut précisément
jouer sa carte sur le serious game, cette tech-
Yves Dambach, Pdg, entre Valérie Létard
et Francis Aldebert, président de la CCI Grand Hainaut.
nique de formation adossée à des jeux numériques. Le champ économique est très prometteur. « Le marché de la formation professionnelle continue en France, c'est 16,5 milliards
d'euros, dont 1% seulement en e-learning contre
20% en Allemagne, et 50% aux Etats-Unis. La
demande est là, on est dans une course de vitesse », plaide Yves Dambach. Lui ambitionne de
développer des produits en série à Valenciennes,
une cinquantaine en 18 mois. Le siège parisien
conservera les activités sur mesure. Les postes
recherchés dans le Nord, dont 30 immédiatement, sont des concepteurs pédagogiques, des
game designers, directeurs artistiques, graphistes, développeurs informatiques, intégrateurs, chefs de projet... Le chiffre d'affaires attendu de KTM Advance pourrait atteindre
rapidement 25 à 30 millions d'euros.
Olivier Ducuing
TERRITOIRES
31
> Entreprises
Avelin. Après un rachat aux Etats-Unis il y a deux ans, le
major du drapeau reprend un gros concurrent allemand.
Doublet hisse son drapeau
sur le teuton BOFA
auts les cœurs !
En pleine période
de crise et d'attentisme généralisé, notamment dans le domaine de la communication, Doublet parie sur
l'avenir. Le groupe vient
d'acquérir l'allemand
BOFA, basé à Bonn, à la
barre du tribunal de
commerce. Ce fabricant
de drapeaux et bannières
est rien moins que le numéro trois allemand,
avec un chiffre d'affaires
Jean-Bernard, fils de Luc Doublet,
tombé à 7 millions l'an
dirige la nouvelle filiale.
dernier et un redressement judiciaire à la clef, mais un potentiel nettement supérieur. Doublet reprend 55 salariés sur les 80, et c'est JeanBernard, l'un des trois enfants de Luc Doublet, président du
conseil de surveillance, qui part sur place diriger la nouvelle
filiale, signe de l'enjeu stratégique de cette opération, dans
un des rares secteurs en bonne santé de l'Union européenne.
H
est désormais à Denver (Colorado) où il a d'abord racheté
la société EPS avant de finaliser il y a deux ans l'acquisition
d'Architectural Owning (accueil événementiel). Doublet
compte désormais 54 salariés outre-Atlantique.
Le nouvel ensemble amène le groupe Doublet à dépasser la
barre des 300 salariés (305, précisément) pour un chiffre
d'affaires qui représente 42 M€ (35 M€ hors BOFA). L'entreprise porte aussi un projet d'atelier numérique qui
pourrait s'implanter en marge du futur musée Louvre-Lens,
et constituer une des bases du nouveau pôle numérique culturel espéré par les collectivités et appuyé par Raouti Chehih, directeur d'Euratechnologies.
Olivier Ducuing
Cette acquisition s'est réalisée dans des conditions financières « intéressantes », indique Gaëlle Colaert-Doublet, qui
prend la direction du groupe en tandem avec sa sœur Agathe.
Elle positionne désormais Doublet en leader européen de
ses marchés de référence, avec en outre de belles synergies
en perspective : BOFA ne dispose que d'une gamme de produits (drapeaux et bannières), ce qui a précipité sa chute.
L'entreprise va donc élargir son offre aux autres gammes
de Doublet, auprès d'un très beau portefeuille de clients. Celui-ci a vocation à s'élargir
vers la Suisse et l'Autriche. La
culture familiale de BOFA, entreprise plus que centenaire
comme Doublet, devrait faciliter son intégration, espère-ton sous la pyramide de verre
du siège d'Avelin.
Atelier numérique
Cette croissance externe, la
plus importante de l'histoire de
Doublet, succède à une acquisition importante menée il y a
deux ans aux Etats-Unis où
Doublet est présent de longue
date. D'abord à New York puis
à San Francisco, où le séisme
a ravagé son installation, il
Avec
l’acquisition
de l’entreprise
centenaire
Doublet
devient
leader
européen
Éco121 Mai 2012
32
TERRITOIRES
> Entreprises
EN BREF
ALTÉAD CROQUE TLW
LECLERC
Le spécialiste en transports exceptionnels et levage TLW Leclerc
(Bas-Lieu, près d'Avesnes, 13 M€
de CA, 107 salariés) est racheté à
la barre du tribunal de commerce
par le groupe nantais AltéAd.
Ce dernier est un poids lourd du
transport (70 sites, 235 M€ de
CA), mais ne disposait pas d'unité
spécialisée dans le secteur.
L'acquisition des actifs de TLW,
ex-numéro 4 français du transport exceptionnel, qui a dû déposer le bilan le 30 janvier dernier,
fait d'AltéAd le leader national.
L'unité sera transformée en
agence AltéAd-Augizeau.
MARTIN SELLIER FAIT
LE BEAU
La société d'articles pour chiens et
chats affiche ses (hautes) ambitions. L'entreprise de Maubeuge
doit ouvrir ces jours-ci un pôle logistique européen à Prouvy-Rouvignies, près de Valenciennes. Un
investissement de 9 M€ pour un
ensemble de près de 14 000 m2
qui lui donne les moyens de ses
grosses ambitions. L'entreprise,
qui compte 85 salariés, vise le leadership européen du secteur.
ALTIMA S'ADJUGE
EMILE INTERACTIVE
L'agence digitale roubaisienne Altima (190 salariés, 16 M€ de CA)
acquiert la petite agence Emile Interactive, spécialiste de l'e-mail
marketing. La société ne compte
que 3 salariés pour un CA de 0,3
M€, mais apporte à Altima une
compétence qui renforce son département CRM.
SURCOUF PLIE TROIS
BOUTIQUES
L'enseigne du high-tech, en très
grande difficulté, va vendre trois
de ses six magasins, et non plus
seulement les deux prévus à la
suite de son redressement judiciaire le 29 février dernier (période d'observation jusqu'en
août). Sont concernés les magasins de Paris 9, Bordeaux Mérignac et
Lille. Ne resteront en
activité que
ceux de
l'avenue
Daumesnil à
Paris, CarréSénart et
Villeneuved'Ascq. Le groupe dirigé par
Hugues Mulliez espère se redéployer, notamment sous forme
multicanal.
Éco121 Avril 2012
Burie dopée par son affichage
d’éco-conception
Pérenchies. La société centenaire a pris le tournant du développement très durable. Son CA a doublé en 2011.
roissance fulgurante pour Burie.
Racheté il y a un an par le groupe
lyonnais MGD, le spécialiste nordiste
de l’agencement hôtelier repris en 1996
par Luc de Saint-Louvent (photo) a quasi
doublé son chiffre d’affaires en 2011,
passé de 5 M€ à plus de 9 M€, et embauché sept personnes, pour un effectif de 46
salariés. Sa croissance en 2012 dépasse
déjà les 30% et deux nouveaux recrutements sont annoncés.
MGD a apporté à Burie la puissance de ses services
transverses et une assise financière qui lui manquait.
« Nous étions trop petits face à de gros clients, avec
un taux de dépendance important qui nous a fait perdre des marchés. » Mais la tendance était à la hausse
avant le rachat, indique le dirigeant, désormais membre du comité de direction du groupe (160 salariés) et
actionnaire. C’est le concept de chambre d’hôtel écoconçue (recyclable à 80%) développée par le bureau
d’études Optilia, autre entité du groupe créée par Luc
de Saint-Louvent en 2006 (8 salariés), qui a lancé la
C
dynamique. En test jusqu’à cet été
au Comfort Hôtel de Bondues
(voir Eco121 n°15), elle n’est pas
encore commercialisée mais crée
le « buzz » autour de Burie qui l’a
mise en œuvre. Présentée sur
deux salons, elle est devenue une
vitrine des capacités du tandem
Optilia-Burie, et attire à lui des
donneurs d’ordres parisiens. Ou
encore le cluster Eurasanté grâce
auquel Burie participe au projet collaboratif
« chambre d’hôpital du futur ». Sur un marché de l’hôtellerie très fluctuant, la santé et
les seniors suscitent les plus belles opportunités de développement, avec un souhait de
construction d’offres groupées. Après l’absorption de la société d’ébénisterie Hilmoine
début 2011, qui dotait Burie d’une corde luxe
qui manquait à son arc, la Pme étudie une
nouvelle opération de croissance externe.
S.P.
Mediama crée une filiale
dédiée à l'hôtellerie
Neuville-en-Ferrain. L'imprimeur numérique sur textile
se diversifie pour croître.
érard Tierny (photo) veut passer la surmultipliée. Le fondateur de Médiama a déjà
un beau parcours à son actif puisque sa société d’impression numérique sur textile, créée en
1997, réalise depuis une croissance moyenne de
près de 25%, même avec le trou d'air de la crise
de 2009. Mediama conçoit des produits déclinables du kakémono au drapeau en
passant par le tapis mural, le mobilier, les rideaux… L’entreprise de
« décoration communicante ou de
communication décorative » est
passée de 6 personnes en 2003 à
33 aujourd'hui, pour un CA de 6,3
M€, et son dirigeant ne compte
pas s'arrêter là. Son savoir-faire
pointu et son parc de 14 machines
lui permettent de personnaliser
tous types de textiles tout en allant
de plus en plus vite, en utilisant la
quantité exacte de matière, ce qui
compense le surcoût de la technologie numérique. La capacité de
G
l'entreprise neuvilloise atteint 4 000 m2/jour.
Mediama appuie sur l'accélérateur. En se dotant
d'abord d'un tout nouveau système de gestion, réalisé par l'éditeur informatique Sylob. Ce dispositif très modulable apporte une souplesse nouvelle
à la Pmi et lui facilite la voie de la diversification.
Elle vient de constituer une filiale, Ambiose,
avec deux partenaires non dévoilés, un fournisseur d'accessoires à
l'hôtellerie et un confectionneur.
Ambiose va créer une offre dédiée
au marché hôtelier. « C'est la
branche qui doit se développer »,
prédit Gérard Tierny. La société,
qui a toujours réinvesti ses profits,
a les moyens de ses ambitions.
D'autres filiales sont d'ailleurs
dans les tuyaux. De quoi afficher
des perspectives prudentes de
croissance de 12 à 15% l'an ces prochaines années. Et de justifier des
recrutements, dont quatre en
cours. O.D.
TERRITOIRES
33
> Entreprises
La Banque Populaire du Nord
élargit encore son périmètre
a Banque Populaire du Nord, qui est
l'une des dernières banques à afficher
ses résultats 2011, arbore un large sourire. Malgré la morosité ambiante, la banque
mutualiste affiche une santé insolente. « C'est
un ciel bleu sans aucun nuage », lance
même son directeur général Gils Berrous
(photo). Quelques exemples : le volume global de crédits distribués (1,3 Md €), progresse
de 13% ; celui des prêts immobiliers de
9,7%, et les prêts d'investissement de 23,8%.
La collecte grimpe de 9,2% pour atteindre
3,05 Mds € et même l'assurance vie, plutôt
déprimée ailleurs, progresse à la BPN de
4,9%. Le résultat net s'élève à 22 M€
(+31,4%), pour un produit net bancaire en
progrès de 5,2%, à 172,3 M€.
Cette dynamique est aussi le fruit d'un volontarisme fort pour élargir le réseau de la
banque, stratégie engagée dès 2006. En
2011, la BPN a ouvert 3 agences et elle prévoit d'en ouvrir 13 en 2012 puis encore 10
l'année suivante. Un choix coûteux car une
L
nouvelle agence représente un investissement
de 400 à 600 K€, et ne trouve son équilibre
qu'au bout de plusieurs années. Mais la
banque entend jouer la carte de la proximité.
Marquée du double sceau de la crise et de l'attentisme lié aux élections nationales, 2012 devrait en revanche être moins facile : si le nombre de dossiers est à peu près stable, les gros
dossiers sont en stand-by. Les prêts immobiliers reculent déjà de 30% et les prêts
pour l'équipement, de 20%. O.D.
EN BREF
COURRIER DES
LECTEURS
Notre interview de Xavier Lucas,
qui va réhabiliter l'ex-hôpital de
Valenciennes, fait réagir Damien
Ducourant. « En qualité de client
de M. Lucas (…), il existe un
décalage notoire entre les propos
qu'il tient et la réalité de ses
réalisations. Nous avons constaté
avec grande déception que pour
M. Lucas l'amour de l'argent était
en réalité bien supérieur à
l'amour des vieilles bâtisses (…).
Le bâtiment de la Filature
(Tourcoing), qui devait être un
immeuble de standing, est
aujourd'hui une usine
approximativement réhabilitée,
réalisée avec des matériaux de
piètre qualité, à l'économie. Nous
sommes d'ailleurs contraints
aujourd'hui d'ester en justice
pour obtenir de (sa part) la
réalisation conforme des
prestations vendues. (courrier
intégral sur www.eco121.fr)
Éco121 Mai 2012
34
TERRITOIRES
> Entreprises
Technifrance pousse
ses feux sur l’énergie
Technifrance prend deux
virages nécessaires
et simultanés : l’énergie
et le clé-en-main.
Téteghem. Ce bureau d’études industriel
émerge de la crise et revendique sa capacité
à mener des projets clés en mains.
«
es deux ou trois dernières
années, nous commençons à
nous faire connaître dans de
nouveaux domaines, comme
l’offshore pétrolier, le nucléaire, l’éolien, la filière gaz naturel liquide,
d’une manière générale l’énergie.
Nous démontrons aussi notre capacité à mener des projets de taille
moyenne de bout en bout ». Fabrice
Van Inghelandt, Pdg de Technifrance,
affiche un optimisme raisonnable. Le
bureau d’études dunkerquois de 76
salariés boucle un exercice 2011 bénéficiaire, avec un chiffre d’affaires de
4,6 M€. Passé par une phase de redressement judiciaire en 2005 suite
à un gros contrat porteur de problèmes, l’entreprise mène sans accroc
le plan d’apurement de dix ans, validé
début 2006. Détenue par ses salariés,
cette Pme s’en est sortie seule, mais
garde la mémoire de la difficulté.
Une bonne raison pour gouverner
avec vigilance sur ses deux nouveaux
caps, l’un pouvant recouper l’autre.
En s’en tenant à ses compétences de
C
base : la construction métallique, la
tuyauterie, la chaudronnerie, mais
aussi des matières transversales
comme la sécurité et l’environnement.
Monter en gamme
Ces deux virages sont nécessaires.
L’énergie, pour trouver des relais de
croissance. Avec EDF en direct ou en
sous-traitance, sur des projets
d’études de maintenance, périphériques au nucléaire, ventilation,
tuyauterie, ensembles mécano-soudés. Le Pdg cite ce chariot de transfert d’un composant lourd d’échangeur, à utiliser dans un espace très limité. Technifrance est référencée
chez le parapétrolier Saipem, et
frappe à la porte de Technip. Le ferroviaire est toujours là, notamment
à l’agence de Valenciennes (20 salariés), mais aussi l’industrie locale, qui
demeure un marché important. Le
domaine naval, lié au client historique, aujourd’hui STX Europe, est lui
en perte de vitesse.
Le clé-en-main, est tout aussi néces-
LES GÈNES DE LA « NAVALE »
ET LES GREFFES
Dans les derniers jours de 1986, une poignée d’ingénieurs et techniciens licenciés du constructeur naval
Normed créent le bureau d’études Technifrance, associés à 51 % avec Technitas, filiale de Bureau Veritas.
En 1997, leur partenaire descend à 32 %, puis sort avec
la crise de 2005. Ce sont des hommes du métal. Technifrance débute comme sous-traitant et dessinateur de
sous-ensembles pour Alstom Atlantique, embraye vite
sur la clientèle industrielle régionale : papèterie, sidérurgie, chimie… Se greffe à ce fonds de commerce
une activité ferroviaire dans les années 90. Puis, pour
répondre aux exigences de la CRAM, Technifrance développe le conseil en sécurité, puis en environnement,
en particulier à l’adresse des Tpe et Pme. Enfin, une
équipe d’experts fluviaux effectue des missions de
contrôle réglementaire du matériel fluvial et de
conception et maîtrise d’œuvre pour la construction ou
la transformation de barges.
saire, « pour monter en gamme »,
commente Fabrice Van Inghelandt.
C’est un risque mesuré. Il s’agit de
projets de taille moyenne qui intéressent des noms comme Ponticelli,
Valdunes, Cochez. En France pour le
moment. Technifrance est d’abord
une affaire régionale, mais est capable de vendre au-delà pour ces projets clés en main, qui peuvent être
exécutés à domicile. Les études s’exécutent intra-muros, et un réseau de
Pme métallurgiques peut construire
dans la région, pourvu que la logistique ne soit pas pénalisante. Cela nécessite « une très forte cohérence, une
vraie compétitivité de ce réseau, à
tous points de vue », insiste Fabrice
Van Inghelandt. Pour mener à bien
ces projets, l’effectif grandira, prudemment. Aucun contrat n’a encore
atteint le million d’euros, mais le
premier pourrait venir cette année.
Alain Simoneau
Éco121 Mai 2012
TERRITOIRES
35
> Entreprises
Marcq-en-Barœul. La direction régionale veut implanter une boutique
test dans l'hypercentre lillois.
Le PMU poursuit le maillage
de la région
uphorie pour le PMU en 2011 au plan national : les enjeux ont grimpé de 7,3% à
hauteur de 10,2 milliards d'euros, passant
pour la première fois ce seuil symbolique. Une
évolution portée notamment par la réussite de
la diversification du PMU vers les paris en ligne,
hippiques, sportifs et le poker. Le résultat net
atteint quant à lui le montant record de 876 M€
(+10,8%). Un résultat entièrement redistribué
à la filière équine via les sociétés hippiques, souligne Crystel Arnould, directrice régionale.
« C'est un modèle totalement vertueux qui
n'existe qu'en France. »
E
La direction régionale ne va pas au même
rythme. En croissance de 3,3% avec un chiffre
d'affaires de 587 M€, le Nord-Pas-de-Calais est
en forme, mais moitié moins que le rythme national. Ici comme ailleurs, les paris en ligne
(+16,4%) dopent l'activité quand le réseau clas-
sique monte de 2%. Une hausse alimentée notamment par son extension en 2011 de 32
points de vente (18 dans le Nord, 14 dans le
Pas-de-Calais). Originalité notable de la région :
près de 10% des 842 points de vente ont changé
de main en 2011.
La capitale régionale devrait accueillir courant
2012 un nouveau type de boutique, le PMU
City, déjà testé depuis
quelques mois à Lyon et
Marseille. « Il s'agit de combler un déficit de points de
vente sur l'hypercentre avec
un objectif de compléter le
réseau existant », note la directrice régionale. L'importante agence de Lens voit
quant à elle arriver à sa tête
un nouveau directeur, Philippe Pétrieux (lire p.8)
Pour 2012, les perspectives semblent moins favorables avec des craintes liées à l'érosion du
pouvoir d'achat, alors que le panier moyen
(11 €) est déjà inférieur à la moyenne française
(11,5 €). Même avec la venue dans la région du
tour de France – dont le PMU est partenaire
historique – avec l'étape Orchies-Boulogne.
F.P.
Éco121 Avril 2012
Spécial
ARRAS
ENTREPRENDRE
> Innovation
Cocorette met
de la matière grise
dans l’œuf
hierry et Jérôme Gluszak ne mettent pas
tous leurs œufs dans le même panier.
L’entreprise qu’ils dirigent se lance dans
l’innovation. Déjà précurseurs il y a bientôt 30 ans en misant sur les œufs fermiers pondus sur de la paille par des poules élevées en
plein air, leurs parents ont transformé une pratique traditionnelle à l’échelle locale en modèle
économique d’élevage et de distribution très porteur. Cocorette se lance aujourd’hui dans le
snacking et la restauration hors foyer. Le produit
commercialisé dès ce mois de mai : un pack de
deux œufs durs avec leur coquille accompagné de
mayonnaise.
« L’idée était de revaloriser l’œuf dur, expose
Thierry Gluszak. Nous sommes partis du constat
d’un marché qui a un peu disparu, avec des œufs
devenus insipides et caoutchouteux. » Outre le
côté « comme à la maison » et le clin d’œil au zinc
du bistrot, la coquille permet une date limite de
consommation de 25 jours. Surtout, le goût et
l’onctuosité sont préservés grâce à une cuisson
vapeur, selon un procédé développé avec Adrianor. Le centre de ressources technologiques pour
l’agroalimentaire a également aidé à la définition du produit par rapport aux attentes en mettant l’entreprise en contact avec le groupe de restauration Elior. Le procédé de cuisson est exploité
par un sous-traitant, Cocorette s’est équipée
d’une operculeuse et conditionne les œufs durs
avec une mayonnaise produite à Cambrai par
Daniel-Dessaint et un astucieux couvert. Le tout
T
37
En plein essor, la Pme
familiale s’attaque
au marché du snacking.
pour un investissement de quelque 60 K€, avec
l’appui d’Oséo. « On souhaite développer l’activité traiteur mais en sortant de ce qui se fait
déjà », indique l’ancien pharmacien.
Croissance de 35% sur le bio
Alors que ça caquette fort dans les poulaillers
industriels depuis l’entrée en vigueur de la directive européenne qui les oblige à mieux traiter
leurs pensionnaires, et que l’agroalimentaire crie
à la pénurie, l’entreprise créée à Arras en 1983 et
installée à Sainte-Catherine depuis 2004 ne s’est
jamais aussi bien portée. En croissance annuelle
de 10 à 12% sur le conventionnel (label Rouge) et
de 35% sur le bio, le groupe Cocorette (40 M€ de
CA) récolte ce qu’il a semé : un réseau de 5 Pme
indépendantes, à Nancy, Valence, Montauban et
Laval, en plus d’Arras, qui collectent les œufs
auprès de 350 fermes. Des fermes qui respectent
un strict cahier des charges et sont accompagnées par le centre de gestion de l’entreprise.
Une présence dans le centre de la France est espérée d’ici un an ou deux.
Avec 43 salariés et 150 producteurs, Arras totalise 1,7 million d’œufs ramassés, conditionnés et
expédiés chaque année, à 90% dans la grande
distribution. L’entreprise n’attend plus qu’un
signe du marché pour sortir ses œufs de leurs
boîtes : à quand les biscuits aux œufs Cocorette ?
Sophie Pecquet
Thierry et Jérôme
Gluszak.
Le premier est
responsable du
réseau Cocorette,
le second dirige
l’entreprise
arrageoise.
EN BREF
V-CULT SIGNE EN
MUSIQUE
Créée par Tom Gauthier à
Euratech en septembre 2009,
V-Cult développe une plate-forme
web 3D en temps réel,
Beloola.com. Ce réseau social
nouvelle génération doit
permettre de partager ses
morceaux musicaux préférés.
La start-up de 7 salariés boucle
un partenariat décisif avec
deux majors du disque.
SIEMENS LILLE
ATTAQUE LES MARCHÉS
Siemens renforce la voilure de son
site lillois, centre mondial de
compétences pour les métros
automatiques dirigé par Juan
Sanchez. Avec le site de Châtillon
(92), il assurera désormais la
responsabilité du business des Val
et Neoval dans le monde. Lui
incombent le développement de
l’offre, la commercialisation, le
pilotage des projets, la mise en
service et la maintenance des
systèmes. Parmi les marchés suivis
de très près : la Chine où existent
de belles opportunités pour le City
Val selon la direction.
LDA DOUBLE LA MISE
SUR CALAIS
Lille Métropole Initiative a
présenté sa première moisson
de lauréats sous le signe de
l’innovation. En 2011, LMI a
soutenu 24 créateurs et un
repreneur, dont 3 hors métropole.
942 600 € de prêts ont été
accordés, un montant supérieur
aux années précédentes compte
tenu des besoins plus importants
des projets innovants. 31% de
ceux financés concernent les TIC
et 23% l’énergie et le
développement durable. L’asso
créée en 1983 par la CCI Grand
Lille a accompagné 510
entreprises, pérennes à plus de
80%, pour 5 900 emplois créés.
>
A VOS PROJETS DD !
Iodde, programme transfrontalier
pour innover avec le développement
durable, accompagne les Tpe et Pme
dans leurs projets. Séminaires et
groupes de travail les aident à
répondre aux évolutions des
marchés et des réglementations,
pour gagner en compétitivité. 39
entreprises nordistes et wallonnes
sont actuellement engagées dans ce
programme et 23 accompagnées
individuellement ; il reste des places
puisque 56 pourront être coachées
d’ici fin 2014. www.iodde.net
J’innove en Nord-Pas-de-Calais, un réseau à vos côtés pour innover
www.jinnove.com
Éco121 Mai 2012
38
ENTREPRENDRE
> Créateurs
Keycoopt veut révolutionner
Perruchot, Nicolas Crestel.
le recrutement Antoine
La cooptation en XXL.
business angels et d’Oséo, formé une équipe
de 6 personnes pour lancer le projet, et
constitué une plate-forme numérique puissante. Dans l’univers très prolifique et souvent innovant du métier du recrutement,
Keycoopt se veut pourtant très novateur.
« C’est réellement révolutionnaire », revendique même Antoine Perruchot, fort de son
expérience parallèle chez Keyman et
Team’Select.
15 jours de chasse
l y a créateurs et créateurs. Antoine Perruchot et Nicolas Crestel affichent d’emblée de hautes ambitions nationales, voire
internationales pour leur nouvelle entreprise,
Keycoopt, créée en février dernier à Roubaix.
Accompagnés par Septentrion Finance, ils
ont déjà levé 1,5 million d’euros auprès de 6
I
Le concept est séduisant, fondé sur la cooptation, un principe vieux comme Hérode en
lui-même, mais « industrialisé » ici grâce à
une plate-forme collaborative. Un outil pour
lequel son associé Nicolas Crestel, ex-rédacteur en chef d’Hospimedia (portail en ligne de
l’info médicale), apporte son expertise du web
et des réseaux sociaux.
La clé du modèle de Keycoopt repose sur un
réseau de 3 000 « coopteurs » anonymes
identifiés dans les différentes régions et dans
différents secteurs professionnels, rétribués
par une prime (ou un don à une association)
à chaque recrutement de candidat. Résultat :
une vitesse de recrutement inédite, de l’ordre
de 15 jours quand la « chasse » habituelle est
plus sur des délais de 8 ou 9 semaines, et un
prix de la prestation très abaissé : un recrutement est facturé 10% de la rémunération annuelle brute, au lieu de 25 à 33% dans le
circuit classique. « Nous sommes partis pour
être nationaux voire internationaux, le
concept est très adapté pour les expatriés »,
lance Antoine Perruchot, qui indique avoir
déjà travaillé sur des recrutements dans les
BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine). Le dirigeant se donne un an pour réussir.
L’ensemble formé par Keyman, Selec’Team
et Keycoopt (sans liens capitalistiques) s’apprête par ailleurs à déménager dans les deux
mois dans un nouveau bâtiment BBC de
900 m2 à Marcq-en-Barœul. O.D.
Olivier Lemaître. Depuis Aire-sur-la-Lys, il accompagne les entreprises
dans leur développement en plaçant le design au cœur de leur stratégie.
Nowiew ouvre une fenêtre
sur le design
ortir le design de la dimension artistique où il est cantonné. C’est la mission que
poursuit Olivier Lemaître. Ce diplômé de Saint-Luc aurait pu prospérer dans le mobilier sur-mesure pour les particuliers. C’est la
voie qu’il a emprunté à 22 ans
à Lille puis Béthune. Mais la plupart de ses clients étaient parisiens
et les allers-retours, une contrainte
forte. Une commande en résine
amène ce natif d’Arques à frapper
à la porte d’Arc International. En
1991, il rejoint le verrier comme
maquettiste. Il finira designer manager sur la plus grosse marque du
groupe, Luminarc. Le plan de sauvegarde ravive son désir d’indépendance.
Il saisit l’occasion en 2009 et crée Nowiew à la pépinière d’entreprises
d’Isbergues. Se lancer seul dans le design en pleine crise dans une région
qui en est culturellement très éloignée ? Il contacte l’Aditec et découvre
3Pod, programme européen de promotion du design en entreprise. Il bénéficie de la mise en réseau, des échanges de méthodes et procédés. La
S
Éco121 Mai 2012
première année est difficile, mais son projet est une profession de foi :
défendre la valeur stratégique du design. Avec Nowiew, aujourd’hui à
Aire-sur-la-Lys, il fournit conseils et accompagnement aux entreprises
et espère doubler son CA de 100 K€ cette année.
Approche marketing
Son expérience de près de 20 ans dans un groupe international lui a
inculqué la notion de marché ; « il faut avant tout une approche marketing, après seulement on peut rentrer dans les gammes de produits. »
Les entreprises sont peu habituées à cette démarche, « mais ça vient
tout doucement », constate-t-il. Il
vient aussi de lancer sa marque
propre et a présenté au salon Tendance Habitat deux lampes et une
tasse (photo), fabriquées à Desvres,
qui disent plus de son activité que
n’importe quelle plaquette. Il en
démarre la commercialisation mais
se heurte à la difficulté de trouver
des distributeurs indépendants à
Lille, « il n’y a plus que des boutiques franchisées ! »
S.P.
ENTREPRENDRE
39
> Transmission
Le matériel médical
pour viatique
Vincent Bailly a repris Médical
Pévèle à Orchies et Mat’Médical
à Aniche, à un an d’intervalle.
Huit salariés, mais un beau
potentiel de développement.
incent Bailly croit aux cycles de sept ans. 1996,
2003, 2010. Trois étapes
marquantes de son parcours. Issu de la grande distribution,
il entre en 1996 dans le matériel médical. Les sept premières années, il
évolue auprès de prestataires de services. Puis devient chef des ventes
de Cap Vital Santé, un groupement
d’achat auquel adhèrent 240 enseignes de vente et location de matériel médical en France. Il visite les
adhérents d’un secteur allant de
Rouen à Besançon, les conseille dans
leur développement et en recrute de
nouveaux. En 2009, les deux gérants
de Médical Pévèle à Orchies, qu’il
a accompagnés pour intégrer le réseau deux ans plus tôt, lui confient
leur souhait de vendre, après 17 ans
d’activité.
Le Lensois voit là l’occasion d’assouvir son envie d’entreprendre, de se
sédentariser, lui qui parcourt 80 000
km par an, et de constituer un patrimoine. La réforme du remboursement des produits médicalisés en
maison de retraite en 2008 a fortement impacté l’activité de l’entreprise. En dépit des pertes, l’absence
de concurrents sur la Pévèle et une
équipe de salariés « très compétente
et fidèle » lui permettent de tabler
sur une redynamisation. Il visite les
banques, en vain malgré un apport
perso de 35% et « un très beau busi-
V
Vincent Bailly >
dans son magasin
d’Orchies.
Particuliers et Ehpad
forment 70 %
de sa clientèle.
ness plan ». Le soutien de Douaisis
Intitiative, l’appui du cabinet d’expertise comptable In Extenso (devenu Reliance Gestion) à Douai et
la mise en place d’un crédit-vendeur
emportent finalement l’accord de la
Banque Populaire du Nord. Il signe
en février 2010. La 1re année le chiffre d’affaires croît de 12% ; de 17% la
2e, à 700 K€. Médical Pévèle est depuis janvier certifié Iso9001 version
2008, démarche qualité des prestataires de services. Un argument de
poids pour répondre aux appels d’offres des établissements de soin, soumis à l’accréditation.
« Un potentiel énorme »
Le matériel médical est un secteur
porteur. « Sa croissance est de 7 à 8
points chaque année », confirme le
gérant, qui énumère les raisons :
vieillissement de la population, sortie plus rapide des patients hospitalisés pour cause de tarification à l’activité, maintien à domicile favorisé.
La région, outre sa forte densité, présente les plus mauvais indicateurs
EN CHIFFRES
Médical Pévèle à Orchies : 4 salariés, CA 700 K€
Mat’Médical à Aniche : 4 salariés, CA 600 K€
Pour la reprise de Mat’Médical, Vincent Bailly a créé la holding LVB Finances
pour racheter Mat’Médical et filialiser Médical Pévèle. Il a reçu le soutien de :
- Douaisis Initiative : 15K€
- Douaisis Expansion (IRD) : 50 K€ en fonds propres
- Nord Financement (IRD) : garantie de 50% sur le prêt de 175 K€ à la BPN
Sophie Pecquet
sanitaires : « j’y vois un potentiel
énorme et sous-exploité », assène
l’entrepreneur.
Le lendemain même du rachat de
Médical Pévèle, il apprend que
Mat’Médical à Aniche est à vendre.
« Une affaire saine, très rentable,
que je connaissais parfaitement ;
on se dépannait. » Son inquiétude :
voir arriver un concurrent moins
bienveillant qui pourrait fragiliser
son entreprise. Et puis les ressources
humaines et la clientèle lui sont
complémentaires, la proximité géographique permettrait d’optimiser
la logistique. Mais il doute que les
banques le suivent, si près de la première reprise. Sa relation privilégiée
avec la cédante la convainc de temporiser. Début 2011, Vincent Bailly
ficelle un nouveau BP, reçoit de nouveau le soutien de Douaisis Initiative
et surtout, celui de l’IRD (voir plus
bas). Il signe le 30 juin 2011.
Ses clients sont les particuliers, les
médecins – qui sont aussi prescripteurs –, infirmières ou kinés, les établissements d’hébergement de personnes âgées dépendantes (Ehpad)
et les centres de rééducation. Particuliers et Ehpad constituent 70% de
la clientèle et recèlent le plus fort
potentiel de croissance. Son objectif
est d’abord de pérenniser les deux
entreprises. Il aimerait déménager
Médical Pévèle en centre commercial, à Somain par exemple. Et il attendra la fin d’un cycle pour entreprendre une nouvelle reprise, dans
la région : en 2017 ? « Dans cinq ans
il se passera quelque chose. »
Éco121 Mai 2012
40
ENTREPRENDRE
> Campus
EN BREF
CHANGEMENT DE TÊTE
À L'ECOLE DES MINES
Daniel Boulnois, 60 ans,
succède à JeanClaude Duriez à
la direction de
l’Ecole des
mines de Douai.
Ce diplômé 75
en a été directeur adjoint de
93 à 97. Il a
commencé sa
carrière auprès
de la DRIRE Nord-Pas-de-Calais où
il a évolué pendant 16 ans, avant
de diriger la DIREN Poitou-Charentes, puis l’agence de l’eau
Rhin-Meuse. Il était depuis 2008
adjoint au DG de l’Aménagement
au ministère de l’Ecologie.
ET DE L’IAE
Pascal Philippart prend la
direction de
l’IAE de Lille, à
la suite de
Pierre Louart.
Ce professeur
des universités
spécialisé en
gestion juridique a assuré
de nombreuses
responsabilités au sein de l’école
de management
(2 500 étudiants). Il développe
ses recherches au sein du laboratoire lillois d’économie et
de management (LEM).
ET À L’ISEG GROUP
Colette Lesens succède à Arnaud
Kastner à la direction du campus
de Lille de l’Institut supérieur
européen de gestion, présent dans
6 autres villes. Diplômée de l’ESCP
Europe et d’un Executive MBA
d’HEC, elle a évolué pendant
16 ans auprès de grands groupes
comme directrice commerciale et
marketing, puis 11 ans dans
le secteur de la formation.
Beaucamps-Ligny
la petite prépa
qui monte
Avec ses 18 élèves pour sa
toute première promo, la
prépa scientifique de SainteMarie a encore tout à prouver. Sa référence ? Ginette,
sur laquelle elle s’est calquée.
l aura fallu 18 ans pour que le lycée SainteMarie de Beaucamps-Ligny obtienne sa
classe prépa. L’école, implantée dans la périphérie rurale de Lille, tenait à une prépa
agro (BCPST pour les initiés), mais le ministère
s’y opposait avec constance. Le véto s’est muté en
feu vert quand l’école a transformé son dossier
pour une classe PCSI (physique chimie sciences
de l’ingénieur). Une sorte de cadeau de départ en
retraite pour l’ancien directeur Michel Dhalluin,
qui aura passé 33 ans dans l’établissement privé.
18 élèves se sont lancés dans cette nouvelle filière
d’excellence pour la première année, dont les
trois quarts issus du lycée lui-même. Rien de
bien étonnant, dès lors que toute la notoriété
est à construire, et les résultats à obtenir. « Nous
avons 18 étudiants, nous en amènerons 18 aux
concours », lance Simon Beaumont, le jeune responsable de la première année. Alors que 80 demandes ont été reçues via le système de pré-inscription des futurs bacheliers pour la rentrée
prochaine, le modèle se bâtit chaque jour. Avec
une référence constante : Sainte-Geneviève à
Versailles, plus connue sous le nom de Ginette.
Les dirigeants de Sainte-Marie ont d’ailleurs rencontré ceux de Ginette pour apprendre les
bonnes pratiques. Un rapprochement naturel
pour ces deux établissements catholiques. Que
reste-t-il de la dimension cultuelle ? « Il en reste
quelque chose, pas au sens strict de la religion,
I
mais il reste un esprit d’accompagnement. Sur
certains élèves, on prend des risques », défend
le jeune responsable de la première promo
(jeune mais qui a déjà publié dix ouvrages chez
Dunod !).
Résultat : l’encadrement est très serré. Non pas
tant dans une logique disciplinaire que dans
celle d’un esprit de famille. Quand un élève est
largué, ne s’en sort pas ou a un coup de blues –
cas plutôt habituel en prépa – les enseignants ne
comptent pas leurs heures pour épauler et
conforter. En contrepartie, on attend des élèves
un engagement tout aussi intense. Un bâtiment
a été réhabilité pour accueillir la formation qui
reflète cet état d’esprit : le bureau de Simon
Beaumont, en mezzanine, surplombe l’entrée
des salles et permet des liens permanents entre
l’équipe et les jeunes.
La « mini-prépa » – comme l’appelle un parent
d’élève –, doit désormais trouver son rythme et
son équilibre économique. Avec peut-être à terme
si le succès est au rendez-vous d’autres classes. La
scolarité revient aux environs de 1 500 € par an,
hors logement, la plupart des jeunes occupant des
chambres chez l’habitant (l’internat externé dans
l’irremplaçable jargon des prépas). Alors que le
modèle des prépas est régulièrement décrié, il attire toujours dans la région puisque de nouvelles
classes ont ouvert à Ozanam et à Maubeuge. Un
projet de prépa porté par l’ex-directeur de SaintJean Douai était également en réflexion ces derniers mois. O.D
>
L'IESEG ACCRÉDITÉE
EQUIS
L'école de commerce de la Catho
est la première école post-bac
en 5 ans en France à obtenir
l'accréditation européenne Equis.
Il s'agit d'un label très sélectif,
dont l'université Paris-Dauphine
est la dernière institution française
à avoir bénéficié en 2009
et que possède également dans
la région l'Edhec.
Éco121 Mai 2012
Adrien Bonnel dirige
Sainte-Marie et ses
2 700 élèves,
du primaire à la
prépa. A sa droite,
Dominique Lemaire,
directeur des études
en charge de la prépa,
et Simon Beaumont
responsable des 1ere
année.
JURIDIQUE
Bruno Platel
AVOCAT
Prévoyance-santé,
indemnités de rupture :
des contentieux URSSAF prévisible à anticiper
oute entreprise a vocation à faire l’objet d’un contrôle
URSSAF. Pour les entreprises d’au moins 50 salariés, il intervient tous les trois ans.
La vigilance est requise sur deux points qui génèrent systématiquement une vérification approfondie de la part de
l’inspecteur URSSAF au vu des évolutions récentes intervenues dans ces domaines.
C’est particulièrement le cas pour ce qui concerne les
indemnités versées à l’occasion de la rupture du
contrat de travail d’un salarié.
Sont notamment visées les hypothèses de départ dans le
cadre d’une rupture conventionnelle, d’un licenciement
donnant lieu ou non à la conclusion ultérieure d’une transaction ou encore des sommes versées aux salariés à l’occasion d’un plan de départs
volontaires ou d’un plan de sauvegarde de l’emploi.
La loi de financement de la Sécurité sociale pour 2012 a en effet réduit
l’enveloppe d’exonération sociale en limitant le montant des sommes
exonérées à deux plafonds annuels de Sécurité sociale, soit 72 744 € en
lieu et place d’un plafond de 106 056 € représentant trois PASS
jusqu’au 31 décembre 2011.
De la même façon, une vigilance particulière s’impose s’agissant des
régimes de prévoyance et de santé, dont le financement par
T
41
l’employeur donne lieu à des contrôles et à des contentieux
URSSAF fréquents au vu de l’évolution permanente de la
réglementation.
Afin de tenter de clarifier celle-ci, un décret du 9 janvier
2012 définit les conditions dans lesquelles les sommes versées à l’organisme assureur, gestionnaire du régime, pourront être exonérées d’un point de vue social.
Ce décret définit les conditions requises pour qu’un régime
soit considéré comme collectif et obligatoire, seul le régime
remplissant cette double condition pouvant donner lieu à
exonération sociale.
Pour chacun de ces points, un audit des pratiques actuelles au vu de l’évolution de la réglementation s’impose dans l’optique
du prochain contrôle URSSAF que l’entreprise
aura à connaître, ces deux questions étant considérées comme prioritaires dans le contrôle au
vu des enjeux financiers qui y sont associés.
Bruno Platel est coauteur de : Le Contrôle
URSSAF en questions, écrit avec la commission
« Protection sociale » du cabinet lillois
Capstan Avocats, paru en 2011 chez Lexis Nexis.
Éco121 Mai 2012
42
ENTREPRENDRE
> Guide pratique
N
os équipes sont fières de travailler dans une entreprise
qui fabrique un produit de
culture régionale qui attire la sympathie ». Mais selon Annick Castelain,
la directrice générale de la brasserie
éponyme à Bénifontaine (62), rien
n'est jamais acquis, et surtout pas la
motivation des 20 collaborateurs de
l'entreprise. « Nous les informons régulièrement sur les projets et les objectifs, nous les formons et les ac-
>
«
compagnons lors des changements,
afin de toujours partager la même vision. »
La motivation, clé de la fidélisation, est
l'une des préoccupations majeures du
manager. Mais un salaire attractif,
des primes rondelettes, des avantages
en nature... Tout cela ne suffit plus. Les
salariés – notamment ceux de la génération Y – attendent plus de leur
job : le bien-être au travail, des valeurs
partagées, une quête de sens.
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vos équipes ?
Au-delà du salaire et des primes, bien d'autres leviers
motivent les collaborateurs. Responsabiliser, communiquer, développer la cohésion des équipes par le « team
building »... les initiatives sont multiples. Témoignages
d'experts et cas concrets.
Éco121 Mai 2012
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Écoute et confiance
Franchisé McDo, Patrick Becquart
gère neuf restaurants sur la métropole
lilloise soit autant de Pme. Signe particulier : la grande hétérogénéité des
450 salariés, « de bac plus 5 à bac
moins 5 », plaisante-t-il, des étudiants
aux mères de famille, une population
souvent à temps partiel, au turnover
important. « Notre volonté est d'être
près de nos équipes, à leur écoute, pour
réagir rapidement. Nous organisons
des réunions régulières. Chacun est
évalué deux fois par an avec à la
clé le versement d'une
prime ». Depuis
ENTREPRENDRE
43
> Guide pratique
Partager
les valeurs
« Il ne se passe pas une journée sans que je ne pense à la
motivation des équipes. C'est essentiel » . Pour Jean Duforest, le mythique patron d'ID Group, « les collaborateurs,
premiers clients de l'entreprise, entreprennent collectivement
autour d'un projet dont ils partagent les valeurs. » Leur motivation : « Act for kids », « Entreprendre pour que le monde
progresse au service de l'enfant qui grandit ». Cette petite
phrase née comme l'entreprise en 1996, placardée dans le
hall du siège, incarne le projet commun aux sept marques
et aux 5 500 collaborateurs d'ID Group dans 65 pays.
Offrir des territoires pour expérimenter, avoir le sens du serJEAN DUFOREST, PDG D'ID
vice et de l'autre, entreprendre dans la gratuité à travers des
GROUP À ROUBAIX
projets comme « Rigolo comme la vie » (crèches d'entreprises). « Dans notre groupe, passé en quinze ans de cent à plusieurs milliers de personnes,
et où la moyenne d'âge est de 30 ans, nous sommes constamment en recherche de sources de
progrès pour que chacun se sente bien dans son job ». Le groupe figure au Top 10 des entreprises où il fait bon travailler.
quelques années, il embauche des seniors qui apportent un peu de « maturité et sagesse » aux équipes à la
moyenne d'âge très jeune. L'enseigne
a été présente pour la 9e année consécutive au palmarès « great place to
work », dans le top 10 des entreprises
de plus de 500 salariés en 2011. Parmi
les principaux critères de sélection figurent la confiance dans l'encadrement, la fierté de son travail et la
convivialité.
Exemplarité et bonus
Valérie Weynants, concessionnaire
Peugeot à Wasquehal, mise aussi sur
la confiance et l'exemplarité pour motiver. « Dans notre petite structure de
20 personnes, l'implication des dirigeants est capitale. Nous ouvrons le
matin, fermons le soir. Nous sommes
toujours présents, disponibles. » De la
standardiste aux vendeurs dont les
primes représentent les 4/5 de la paie,
en passant par l'atelier, tout le monde
s'implique dans la recherche de la
qualité. Pour les vendeurs, le temps des
voyages-récompenses paraît totalement révolu. « Lors de périodes d'économie drastiques, nous préférons
motiver notre personnel par des bonus récompensant leur implication
dans la qualité. » Une politique qui
semble payer puisque le taux d'absentéisme est quasi nul.
« Moment intense
de cohésion »
Pour souder les équipes, transmettre
un message ou renforcer le sentiment
d'appartenance, certaines entreprises
organisent des événements sous la
forme de conventions, séminaires,
« team building » ou voyages...
« Nous sommes des créateurs de liens
durables en entreprise en donnant un
sens à leurs événements », souligne
François-Xavier Morel, créateur à
Roubaix d'une agence de communication événementielle. L'un de ses
derniers challenges : orchestrer la
convention de Brice et relayer par
différents moyens certains messages
stratégiques sur l'évolution de la
marque (vidéo, animation autour des
valeurs de l'entreprise...). «Le succès
repose dans la participation active des
salariés à des moments intenses de cohésion. »
Cours de sushi, yoga du rire
Pour Finaref, il s'agissait de créer du
lien au sein des 250 salariés. Répartis
sur trois étages, ils se voyaient peu.
Cours de sushi, yoga du rire, écriture
d'une chanson... FXM Events est intervenu en mixant les équipes chaque
mois. Résultat : le turnover est passé
de 11 à 4 % en fin d'année.
« Construire ensemble
en s’amusant»
Antoine Demoussaud, co-créateur de
l'agence « On a marché sur la lune »
à Lille, observe une recherche d'originalité et de nouveauté chez ses clients.
Organisation d'un défilé de mode à
partir de k-Ways, d'un rallye dans
Lille ou d'une enquête policière sur le
style des Experts à Miami, les équipes
visent l'aspect ludique. « Plus que
l'organisation de conventions, la tendance est au construire ensemble. Et
surtout en s'amusant. » La preuve : les
entreprises sont bonnes clientes des
parcs d'attractions. Chez Inquest à
Villeneuve-d'Ascq, elles représentent
35 % du chiffre d'affaires. Le jeu
d'aventure renvoie à des valeurs
comme l'esprit d'équipe, le dépassement de soi ou encore l'entraide : un
excellent moyen pour redynamiser
les troupes. Armelle Roussel
JEAN-MICHEL LEHEMBRE, PRÉSIDENT DE CVP PACKAGING À LINSELLES
« Le premier capital
d'une entreprise, c'est l'humain »
« Dans les turbulences que nous vivons, il est essentiel
d'identifier notre vision de l'entreprise et de la faire partager à tous les collaborateurs », Jean-Michel Lehembre
s'identifie volontiers au commandant d'un bateau qui résiste aux vents contraires, réduit parfois la voilure, mais
suit son cap. Entretiens d'évaluation « pour dupliquer les
réussites », mais aussi entretiens d'évolution tous les deux
ans : l'objectif est d'anticiper les besoins et envies des 25
collaborateurs afin d'ajuster le plan de formation. CVP
Packaging y investit 6,5 % de sa masse salariale. Autre
axe : chaque membre du conseil d'administration possède
une voix, quel que soit son poids dans l'actionnariat. Des
méthodes de management participatives saluées par Réseau Alliances qui a décerné à CVP Packaging son trophée
Or de l'économie responsable.
Éco121 Mai 2012
44
TRIBUNES LIBRES
LE BILLET DE Bruno Bonduelle
L'Europe ? Quelle Europe ?
arlons d'Europe car personne n'en a parlé pendant cette
campagne présidentielle. Mais quelle Europe ? Il y en a
deux : celle des Germains qui boivent de la bière comme
dans les tableaux de Breughel ; au lendemain du carnaval, les voilà déjà au travail. Durs à la tâche, ils sont de
surcroît économes ; de vraies fourmis, malheureusement guère
prêteuses. Celle des Latins qui boivent du chianti et du porto,
puis, comme les cigales, chantent et dansent au soleil, inconscients de la bise qui arrive. Ainsi va l'Europe. Au Nord, d'austères
luthériens. Au Sud, des papistes insouciants, « Le Club Med », persiflent les Allemands donneurs de leçon... Les PIGS1 brocardent les
Anglo-Saxons, pas très gentils. La zone Euro explosera-t-elle ?
s'interroge Marc Touati2.
Et nous, qui sommes-nous ? La géographie nous situe à l'évidence
dans un pays de briques et de bière, au-delà de la frontière indécise qui court dans les betteraves, de part et d'autre de l'Oise et
nous sépare de la pierre blonde d'Ile-de-France et de la vigne de
Montmartre. Cependant, l'Histoire nous fit latins. A court d'argent,
Louis XIV échoua devant le siège de Kortrijk. S'il avait écouté Col-
P
Sylvie Jean
PROFESSEUR DE MARKETING
À L’EDHEC, ET STÉPHANE URÉNA,
ÉTUDIANT À L’EDHEC
1. Portugal, Italy, Greece, Spain.
2. Marc Touati. Quand la zone Euro explosera.
NB : une erreur de typographie a altéré le sens d'une phrase dans le précédent
billet de Bruno Bonduelle, « Lille Région, Région de Lille ». Il fallait lire « métrospoliation » et non « métropolisation » à la fin du 1er paragraphe.
Développement durable
et nouvelles formes de croissance :
des perspectives à double voies
rigée en remède anti-crise, l’économie verte cherche encore son
modèle de croissance. Bien que les débats de la campagne présidentielle aient occulté le sujet, du côté des investisseurs les efforts ne cessent de croître, en particulier dans le domaine des énergies
renouvelables. Les grandes multinationales ont très vite compris que
la conversion à un développement durable était source de profit et de
mise en adéquation avec les mutations de la société.
Ainsi, nombreuses sont les marques qui ont tenté d’ajouter à leur
gamme conventionnelle des références vertes. Mais ces stratégies
d’extension de gammes ont du mal à trouver une légitimité auprès
des consommateurs. Elles ne révolutionnent pas le marché et encore
moins la société. Pire, elles sèment le trouble dans l’esprit des
consommateurs.
E
Pour autant, sous la pression des normes environnementales de plus
en plus draconiennes, les efforts doivent être poursuivis sur l’ensemble de la chaîne de valeur. Cela montre aussi combien il est urgent de
favoriser l’émergence de nouvelles structures innovantes qui portent
au cœur même de leur création toutes les composantes du développement durable et qui sont en prise directe avec les consommateurs et
leurs usages. Dans cette perspective, la région Nord-Pas-de-Calais fait
preuve d’excellence avec des entreprises comme Vitamine T ou encore
Sineo.
Éco121 Avril 2012
bert et éconduit Louvois, son armée se serait arrêtée à Bapaume où
il aurait construit une citadelle. Comme en Flandre belge, nos
maisons seraient alors plus coquettes, nos rues plus propres, nos
voitures plus rutilantes. Et
surtout, nos jeunes seraient
à l'usine au lieu de « tenir les « Au Nord, d’austères
murs » après les avoir tagués. luthériens. Au Sud,
Cependant, si vous ne regrettez pas le traité d'Utrecht, je des papistes
vous soupçonne de préférer insouciants »
la plage de Palombaggia à
celle de Bray-Dunes !
Le développement durable, philosophie
prônant un changement sociétal global,
ne peut pas être seulement porté par des
acteurs recherchant une croissance sans
limite et oubliant trop souvent la dimension sociale intrinsèque à ce concept.
Les Etats traversant une grave crise existentielle, la solution pourrait se trouver
au sein de la société civile. Or, le militantisme tel qu’il existe aujourd’hui, au sein
des ONG notamment, ne suffit plus. Le
combat doit évoluer vers une nouvelle
forme d’entrepreneuriat social consistant
à créer des structures productives à but non lucratif, concurrentes directes des entreprises à but lucratif, de manière à véritablement influencer le comportement des entreprises. Grâce au développement des
réseaux sociaux et des nouveaux modes de collaboration entre les individus, la promotion de telles initiatives et leur médiatisation deviennent d’autant plus faciles pour apporter des réponses au fameux
« consom’acteur ». Les citoyens, les jeunes en particulier, devraient être
plus encouragés à concevoir leur propre espace de travail afin de créer
de nouvelles formes de valeurs génératrices de bienfaits sociétaux authentiques.
Ils apprécient
Éco121…
ET VOUS ?
« J'attends avec
impatience chaque
parution, je retrouve
dans ce magazine un
condensé
d'informations
“terrain” qui permet
d'avoir en un clin
d'œil un 360° pour
homme pressé »
OLIVIER VARLET
DIRECTEUR GÉNÉRAL DU
PÔLE DE COMPÉTITIVITÉ
MAUD
« Un média qui accompagne
l’économie et favorise
la connaissance de son
environnement. »
AMANDINE BONDONNEAU
ASSOCIÉE CAPTALENTS
«
Eco121, c'est l'actualité
régulière de nos Pme qui fait
la richesse de notre région.»
STÉPHANIE MALYSSE
DIRECTRICE DE SIPAREX LILLE
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Donnez-nous votre avis
sur [email protected]
Éco121
Éco121
Éco121Avril
Mai 2012
46
SANS CRAVATE
> Interview
Blandine Lejeune
« J'ai horreur du trash »
La ténor du barreau lillois nous a reçu sans cérémonie
chez elle pour dévoiler un peu de son jardin secret.
Et nous annoncer son prochain polar. Rencontre.
Qu'est-ce qui vous fait courir ?
J'ai la chance d'avoir un métier que
j'aime, qui est passionnant, et
d'avoir réussi à m'y réaliser même si
c'est difficile parfois.
Vous pensiez devenir avocate pénaliste depuis toujours ?
Non, mais plusieurs films m'ont
marquée comme Sacco et Vanzetti,
l’Affaire Rosenberg, le Glaive et la
Balance. J'ai toujours eu un sentiment vif de la justice et de l'injustice,
j'étais viscéralement opposée à la
peine de mort. Ceci étant, je me suis
cherchée un peu lors de mes études,
j'ai même fait deux ans d'anglais aux
Etats-Unis.
Par fonction, vous êtes confrontée à des faits divers très durs.
Peut-on mener une vie personnelle normale dans ce contexte ?
On apprend à séparer vie personnelle et professionnelle. Au début,
bien sûr, on n'est pas étanche et on
ramène le stress chez soi. Mais avec
le temps, on sépare, on cloisonne,
on se protège. Je parle très peu boulot, y compris avec mes amis, qui ne
sont d'ailleurs pas avocats.
Votre travail vous laisse-t-il du
temps pour vos loisirs ?
Oui bien sûr ! Je sors normalement,
et j'écris. Il y a quelques années, j'ai
publié un livre, Une femme parmi
les hommes*. Aujourd'hui, j'écris un
roman policier ; en fait, j'en suis aux
corrections. Le roman, c'est agréable, vous laissez aller votre imagination.
Quel est votre style ? Et d'où vous
vient ce goût pour l'écriture ?
Il est plutôt psychologique. Ce n'est
pas un thriller, mais une enquête
policière. Ce n'est pas trash, j'ai horreur de ça, tout comme la vulgarité
et le déballage comme on en voit aujourd'hui. J'aime l'intimisme, les
choses suggérées. J'ai toujours écrit
et toujours aimé ça. Ça me vient de
Éco121 Mai 2012
ma mère, qui écrivait des poèmes et
son journal. J'aime la littérature et
le bon français.
ressens pas l'appel du soleil ou du
large, j'aime le voyage intérieur.
Vous devez bouillir, quand on voit
comment la langue est souvent
malmenée !
J'adore la France, qui est un pays
magnifique, l'Italie. Je suis curieuse
de tout. L'an dernier, je suis allée en
camping en Corrèze, c'est là que j'ai
écrit mon polar.
Vous voyagez un peu ?
Ça me consterne... Je veille à ce que
mes enfants s'expriment bien. Il y a
trois langues qu'il faut savoir parler : le français, une langue étrangère, et le patois de ton pays. Mes
enfants parlent patois, et je parle
couramment le ch’ti !
«
Je parle
couramment
le ch’ti ! »
Qu'est-ce qui peut vous faire sortir de vos gonds ?
Je vais vous le chercher, il est au
deuxième étage ! C'est mon fils de 12
ans (sourires). Je peux être en colère
mais pas au point de sortir de mes
gonds. C'est un ton, la colère, il faut
qu'elle soit positive.
Quel est le dernier film qui
vous ait émue ?
Elle s'appelait Sarah.
J'avais lu le livre puis
j'ai vu le film, je ne
pensais pas que
c'était émouvant à
ce point-là. Et j'ai
vu récemment l'Affaire Guy Môquet,
que j'ai tenu à voir
avec mon fils. Je
pense que nos enfants
doivent être imprégnés de l'Histoire. Il a
pleuré, je lui ai expliqué
qu'il ne faut jamais oublier que ces gens-là sont
morts pour que nous
soyons libres.
Vous êtes native de Tourcoing, êtes-vous très attachée
à notre région ?
Sûrement. Ce n'est pas par hasard
que j'y suis restée, que j'y ai fait ce
métier, alors que presque tous
mes frères et sœurs ont
quitté la région. Je ne
*Ed. Rmasay, épuisé
mais disponible à
l'étude de Me Lejeune.
Vous étiez avocate pendant l'affaire d'Outreau. Pensez-vous que
de ce désastre judiciaire soit sorti
un bien ?
Il y a eu quelques réformes de l'instruction. Je ne demandais pas la suppression du juge d'instruction, mais
j'aurais été davantage pour une séparation du parquet et du siège, avec
des rôles bien assignés à chacun.
Propos recueillis par
Olivier Ducuing
DÉTENTE
47
> Culture
Jean-Louis Petit, Le Phare de Gatteville, musée d’art Thomas-Henry
Manche
romantique
70 œuvres itinérantes pour évoquer la peinture de paysages romantiques le
long de la Manche : c’est l’idée originale partagée par le château-musée de
Dieppe, le musée d’Art Thomas-Henry de Cherbourg Octeville et, dans notre
région, le musée des Beaux-Arts de Calais. Les œuvres, essentiellement de
la première moitié du XIXe, reflètent le regard des romantiques français et
britanniques sur ce territoire particulier, conjuguant scènes de pêcheurs à terre,
de tempête, immatérialité du ciel et de l’eau et constructions humaines entre ports et phares. Parmi les 30 artistes exposés, Eugène Isabey, Paul Huet,
ou encore un certain William Turner.
Jusqu’au 1er juillet, musée des Beaux-Arts de Calais. www.musee.calais.fr
La fibre du textile
Raetz au MUba
©D.R
© Raymond Coronel
Le textile a profondément marqué
de son empreinte l’histoire de la région
et demeure très présent : la prochaine
inauguration du Centre européen des
textiles à Tourcoing incarne cette
rémanence. L’association Proscitec,
dédiée à la valorisation du patrimoine
et des mémoires des métiers, fédère
30 expos et animations programmées
jusqu’à mars 2013. Entre autres :
« Passé de mode », au musée de la Vie
rurale de Steenwerk, « Des fibres, des
hommes, du verre » sur la mémoire
verrière de Boussois (mairie), ou encore
« Images de Marques », au musée de
la Rubanerie cominoise où vous pourrez
découvrir des pièces exposées pour
la première fois.
Programme complet
sur www.proscitec.asso.fr
Le musée des Beaux-Arts de Tourcoing
accueille les œuvres de l’artiste suisse
multifacette, Markus Raetz. Dessin,
sculpture, estampe sont autant de
registres d’expérimentation pour
intervertir les couples plein-vide, refletréalité, courbe-contre-courbe ou
ombre-lumière, et ce avec une grande
variété de techniques : cliché-verre,
héliogravure, pointe sèche, burin,
eau-forte, aquatinte, pochoir ou même
impression à la ficelle.
Le visiteur est invité à déambuler dans
huit espaces successifs et à tourner
autour des œuvres pour que celles-ci
se dévoilent à lui.
Markus Raetz, Estampes/sculptures,
MUba de Tourcoing, jusqu’au 11 juin.
Éco121 Mai 2012
48
DÉTENTE
> Culture
Cassel à l’Anvers
Cinq artistes et 130 peintures et œuvres sur papier :
le Lam offre à la sagacité du
public une expo « Déplacer,
déplier, découvrir » consacrée à des figures singulières de la peinture française,
Martin Barré, Jean Degottex, Marc Devade, Simon
Hantaï et Michel Parmentier. Des artistes dont le seul
lien est de s’être affranchis des grands courants de
l’abstraction contemporaine ou moderne, en demeurant attachés à l’idée de tableau, même s’ils le réinterrogent sans cesse.
Lam, Villeneuve d’Ascq, jusqu’au 27 mai.
www.musee-lam.fr
Photo H. Maertens © Adagp Paris 2012
Lam
du papier
© Fondation Eugeen Van Mieghen
Le musée de Cassel , qui a rouvert ses portes
en octobre 2010, joue son rôle de découverte de l’univers flamand avec une expo originale consacrée à Eugeen van Mieghem
(1875-1930). Un peintre largement méconnu dans notre pays mais qui a abondamment croqué sa région natale d’Anvers, à commencer par son port à l’heure
de son industrialisation. La soixantaine d’œuvres, dessins, pastels et peintures, présentée à Cassel avec l’appui du musée van Mieghem d’Anvers
évoque, sans concession, les paysages, la vie et le peuple portuaires.
Musée de Flandre, Cassel. Jusqu’au 24 juin. www.museedeflandre.cg59.fr
BARBIER DE MALGOIRE
L’Atelier lyrique de Tourcoing dirigé par Jean-Claude Malgoire propose à
nouveau le chef-d’œuvre de Rossini le Barbier de Séville lors de quatre représentations. La mise en scène de cet opéra qui figure parmi les plus populaires
du fait d’airs très fameux (« La Calomnie », « Rosine », « Figaro »...) est signée
Christian Schiaretti et Arnaud Décarsin.
Théâtre municipal Raymond Devos de Tourcoing, les 9, 11, 15 et 13 mai.
www.atelierlyriquedetourcoing.fr
-10%
AUX LECTEURS
D’ECO121
© Danielle Pierre
Demandez Karine
03.20.70.66.66
L’orchestre de Douai propose
le mariage du saxo de Michel Supera et de l’accordéon d’Eric
Comère pour deux représentations – plus deux réservées aux enfants. La première œuvre, Inspiration
bulgare, est une création du même Eric Comère, un
accordéoniste à la notoriété internationale, compositeur aux confluences du jazz, des musiques traditionnelles et de la musique classique. L’Orchestre
jouera ensuite le Concerto des deux mondes d’Omar
Yagoubi et des tangos symphoniques d’Astor Piazzolla.
11 mai, salle des fêtes de Carvin et 15 mai Auditorium
Henri-Dutilleux de Douai. www.orchestre-douai.fr
© W. Klein
Klein revisité
Éco121 Mai 2012
La maison de la photographie de Lille Fives plonge son regard
dans le rétroviseur de l’Italie de la dolce vita et de Cinecita des
années 50. Elle consacre une expo à un maître de la photo,
William Klein. Ce dernier avait été engagé comme assistant
réalisateur par Fellini pour son film Les Nuits de Cabiria, en
1956. Klein a profité de l’occasion pour sillonner Rome dans ses
moindres recoins et réaliser une véritable fresque de la ville
éternelle d’après-guerre.
Maison de la photographie, Lille Fives, jusqu’au 30 mai.
www.maisonphoto.com
© D.R
Voyage
musical
DÉTENTE
49
> Culture
Spécial
ARRAS
CITE NATURE
Éco
3 QUESTIONS À PHILIPPE LEDIEU
Pourquoi avoir choisi l’Afrique
comme thème d’expo jusqu’en juin
121
2013 ?
Il était important de rappeler que c’est en
Afrique qu’est née la civilisation. L’Egypte antique, par laquelle j’ai voulu démarrer l’expo,
s’est construite grâce au Nil et à ses terres fertilisées par les crues annuelles et le limon ; il
n’y avait plus qu’à semer la graine. Cette agriculture fluviale, c’est une piste de développement pour demain. L’Afrique, c’est 60% des
réserves de terres agricoles du monde, elle
possède d’immenses ressources dont elle ne
profite pas ! La deuxième chose importante à
exposer, c’est que l’Afrique, ce ne sont pas que
des peuples qui s’entretuent. C’est la biodiversité avec la Savane, c’est l’art africain, qui
est un art « utile » : se rapprocher des ancêtres, conjurer le sort, amener la pluie… C’est
aussi des mégapoles – 11 millions d’habitants
au Caire ! –, qui soulignent la nécessité absolue de maintenir l’agriculture vivrière.
DIRECTEUR
Comment vous et votre équipe travaillezvous ?
Nous sommes 5 sur 19 chargés de la conception
scientifique et une équipe de sept animateurs reçoit le public. Nous travaillons à cette expo depuis plus d’un an. Et on l’a construite de toute
pièce en trois mois. Ce temple égyptien, c’est
notre équipe technique qui l’a entièrement bâti à
la main, les fresques, le sarcophage, plus loin la
termitière, ce mur de masques... Nous ne
sommes pas que des scientifiques ! J’ai réalisé la
scénographie, supervisé les chromies… Tout le
monde met la main à la pâte. La polyvalence est
le maître mot ici.
Comment ce travail s’intègre-t-il dans votre
dimension scientifique ?
Cette expo, c’est la rencontre de la science et
du rêve. On met en scène la science pour attirer l’attention du grand public. C’est notre
mission. Avec l’Afrique, on sent un intérêt très
fort. C’est une invitation à s’ouvrir au monde.
On ne peut plus être enfermé dans son territoire. C’est une échelle pertinente pour travailler et se nourrir mais il faut savoir ce qu’il
se passe ailleurs. Recueilli par S.P.
Afrique
nature
Déjà la 13e édition pour ce festival des Arts
de la rue à Béthune. Une manifestation cosignée par la scène nationale « Culture
commune », la ville de Béthune, Artois Com
et le conseil régional. Trois jours durant,
des artistes de tous horizons s’emparent de
l’espace public, places et ruelles, jardins et
façades, et redessinent la ville de leur imaginaire. Le festival s’égaille aussi dans les
communes voisines avec les « Z’Ailleurs ».
Les 11, 12 et 13 mai à Béthune et ses
alentours.
© Sébastien Pouilly
Z’Arts Up 2012, now !
Réservoir de biodiversité, mosaïque de
peuples et de paysages, patchwork de
couleurs et de cultures, un milliard
d’habitants et 20% des terres de la
planète : Cité Nature porte son regard le
continent noir à travers une expo
originale du centre arrageois. Au fil d’un
parcours didactique, des photos de
Laurent Renaud et Dominique Haution.
« La traversée de l’Afrique », Cité Nature,
Arras. Jusqu’au 30 juin 2013.
www.citenature.com
Éco121 Mai 2012
50
DÉTENTE
> Nordistes d’ailleurs
Damien Douchet
Comme un poisson
dans l'eau américaine
Installé à Philadelphie avec femme et
enfants depuis 2009, il s'est associé à
Guillaume Leymonerie pour créer la
filiale US de H2O, un pro de la vente
en réunion (Givenchy-les-la-Bassée).
«
l est évident que beaucoup d'entreprises françaises devraient
aller aux Etats-Unis. Il n'y a
pas de complexe à avoir ! » Damien Douchet sait de quoi il parle.
Depuis 2009, ce quadra, issu d'une
famille nordiste mais natif de Lyon,
a posé ses valises sur la côte Est
pour créer une société, filiale de
H2O, spécialiste des produits de nettoyage en microfibre vendus en réunion à domicile. Trois ans plus tard,
il pilote depuis Philadelphie une armée de 850 conseillères de vente et
réalise un chiffre d'affaires de 2,5 millions de dollars, avec l'ambition de
croître de 100% par an !
I
> Damien Douchet en famille
«
« 8 000 à l'heure »
Sa carrière aurait pu s'inscrire comme
elle avait commencé, dans le sillage
de grands groupes. A l'issue de ses
études à HEI Lille, il débute comme
ingénieur de prod' chez PeaudouceLinselles. Au bout de six mois seulement, il est bombardé chef de projet
d'un programme massif d'investissement destiné à réagir par l'automatisation à la concurrence. Le chantier l'emmènera une fois par semaine
en Suède, en Norvège voire aux EtatsUnis, révélant chez lui « le goût du
business à l'international ». Recruté
en 1996 par une entreprise choletaise
de non-tissés, Tharreau Industrie, il
s'ennuie ferme. Aussi quand des
chasseurs de tête l'approchent pour
lui proposer, à 30 ans, la direction de
l'usine Celatose (groupe Tyco) à Wasquehal, avec ses 400 salariés, il relève
sans hésiter le challenge. « J'ai appris
Éco121 Mai 2012
J'ai toujours
eu le démon
des voyages
en moi ! »
à vivre à 8 000 à l'heure, mais dans
l'archétype de la boîte américaine
sans foi ni loi où pour décrocher un
bonus il faut virer 50 personnes »,
lance-t-il, caustique. C'est d'ailleurs
ce qui lui arrive à lui aussi cinq ans
plus tard lors de l'affaissement du
groupe. « Convoqué à 17h, j'étais
dans ma voiture avec mon carton
une demi heure plus tard ! » Avec ses
indemnités, il reprend alors avec des
associés Création Alpac, un grand
nom international de la déco des
arts de la table, mais en grande difficulté. L'entreprise se relève peu à
peu, mais l'aventure fait long feu
sur un désaccord avec ses associés qui
lui rachètent ses parts.
« On était inoxydables »
Joue alors le réseau CPA : pendant
ses années chez Tyco, Damien Douchet a suivi ce programme du CEPI,
où il s'est lié d'amitié avec Guillaume
Plongée internationale
Damien Douchet est depuis toujours un plongeur sousmarin invétéré, passion qui l'a conduit avec sa femme à
parcourir toutes les mers du monde. Son spot préféré :
le récif de Palancar, sur l'île de Cozumel au Mexique,
révélé dans les années 60 par le commandant Cousteau.
Où il s'est trouvé face à un banc géant de barracudas.
Leymonerie, fondateur de H2O, implantée près de La Bassée. Et ce dernier a justement en tête de créer un
jour une filiale aux Etats-Unis.
Quelques allers-retours sur place
plus tard, leur conviction est arrêtée,
et Damien s'associe comme minoritaire au projet. « On a vendu notre
maison de Roubaix, chargé son
contenu sur un conteneur, et
quelques jours plus tard, on était
dans notre salon à Philadelphie. »
Problème : Lehman Brothers vient de
faire faillite, la crise sévit, le scepticisme ambiant est au plus fort.
« C'était l'hécatombe ! » s'amuse-til a posteriori. Mais il fonce. « On était
inoxydables, indestructibles, dans
l'énergie du projet ». Très aidé par la
chambre de commerce franco-américaine de New York, Ubifrance, mais
aussi la fédération de la vente à domicile (DSA), le projet prend vie sur
un nouveau modèle. A tel point que
les bonnes pratiques développées
outre-Atlantique sont importées au
siège. La suite ? Le « positivisme » et
la simplicité des Américains, mais
aussi une vie de famille équilibrée, sa
femme l'ayant rejoint dans l'entreprise, ne lui donnent pas l'envie de
revenir dans la mère patrie. Et si H2O
avait envie d'ouvrir des filiales dans
de nouveaux pays, il est prêt à plonger ! Olivier Ducuing