Trouver un titre qui serait la combinaison d`autres - esad

Transcription

Trouver un titre qui serait la combinaison d`autres - esad
Raphaël Léon.
raphaleon.tumblr.com
DG4 ESAD Valence.
2014.
Mémoire #1
{Trouver un titre qui serait la combinaison d’autres titres}
Mix. Remix. Mashup.
Dans quelle mesure le remix participe à la qualité d’une production ?
Commencer par définir ce qui m’intéresse. C’était les premiers mot-clefs :
la dérive, les systèmes, le jeu. Comment faire du design graphique ? Avec qui ?
Avec quoi ? Faire appel à des sources variées. Entrechoquer. La référence,
le clin d’œil. L’inattendu. Le travail pluridisciplinaire. Le laboratoire.
Expérimenter, mélanger. Mix, Remix, mashup (music : mixture of styles).
« Won’t you allow me to toy with time the way it toyed with me ? » – Naguib Mahfouz
« Try again. Fail again. Fail better. » – Samuel Beckett
Exposer les premières références. Le laboratoire de collusion Graphmique. [1] Une expérience
estivale, mené par quatre céramistes, trois graphistes et un photographe qui a donné
lieu à des duo/duel. « Un désir d’amalgamer, croiser, heurter les champs d’application et
d’étendre les possibilités de résonances entre disciplines. » – Jérôme Dupeyrat [2]. Le binôme
de FLAG composé de Bastien Aubry et de Dimitri Broquard doit également figurer dans ce
paragraphe, pour ses combinaisons de techniques et de matériaux, ses mix [3] et ses remix [4].
Le remix. Copier, transformer, combiner.
Se rapprocher, définir les termes principaux. Le remix, c’est « combiner ou éditer des
matériaux existants pour produire quelque chose de nouveau. » – Kirby Ferguson [5] Le terme
est à l’origine utilisé dans la musique, dans les années soixante-dix avec le Hip-hop, premier
style musicale à incorporer des samples (échantillons) musicaux dans ses morceaux.
Un des tout premiers exemples : un échantillon de Chic, Good Times, copié, transformé,
et combiné dans :
- Sugarhill Gang, Rapper’s Delight ;
- Grandmaster Flash, The Adventures of Grandmaster Flash ;
- Father MC, Everything’s Gonna be Alright ;
- Will Smith, It’s All Good ;
- Gabriel O Pensador, 2345Meia78 ;
- Daft Punk, Around the World. [6]
Interlude : cover & knock-offs.
Deux termes musicaux à préciser. Les covers consistent en des performances à partir
du travail d’autrui. Les knock-offs quant à eux sont des copies qui reste dans le cadre légal.
« The words are the important thing. Don’t worry about tunes, sing high when they sing
low, sing fast when they sing slow, and you’ve got a new tune. » – Woody Guthrie
Remixer & diffuser. À la portée de tous.
« I invented nothing new. I simply assembled the discoveries of other men
behind whom were centuries of work… Progress happens when all the factors
that make for it are ready and then it is inevitable. » – Henry Ford
« Creativity is just connecting things. When you ask creative people how they did
something, they feel a little guilty because they didn’t really do it, they just saw
something. It seemed obvious to them after a while. That’s because they were able
to connect experiences they’ve had and synthesize new things. » – Steve Jobs
Si une « déferlante de réalisations – plus ou moins réussies et inventives » [7 un] s’abat
sur YouTube et DailyMotion, c’est qu’il est aisé de remixer puis de diffuser musique,
image, vidéo. Internet dispose d’une quantité quasi-infinie de sons, d’images et
de vidéos et les livres, bande-dessinées, séries télé et jeux vidéos sont de riches
sources d’idées et de matières. [8] Nul de besoin de savoir-faire poussé, et quand
bien même, avec la diffusion des techniques de manipulation d’images et de sons
(tutoriels vidéos, manuels en libre accès), il devient toujours plus simple d’accéder
à l’apprentissage. Nul besoin non plus de distributeur, que cela soit dans le son, la
vidéo ou l’image, SoundCloud, YouTube et deviantART sont à notre disposition.
Mashup – collage numérique.
Remix définit. Définir le mashup. Depuis maintenant deux ans, le Mashup Film Festival
explore les nouvelles pratiques liées aux images et aux sons. « Le mashup est un symptôme.
La circulation des images et des sons sur les réseaux, les outils dont nous disposons pour
copier, coller, éditer, transformer, partager, transmettre, etc., font apparaître de nouvelles
formes d’appropriation qui ne sont pas fondamentalement différentes de celles qui ont
toujours été à l’œuvre dans les pratiques culturelles, mais qui passent par d’autres moyens,
d’autres réseaux. » – Jean-Yves de Lépinay [9]. L’artiste audiovisuel de Montréal Cédric
Chabuel (aka Ouananiche) à travers son documentaire L’Odyssée du sample [10] montre que
l’origine du mashup est lié à l’apparition des technologies numériques, opérant d’abord dans
la musique, puis dans les images. Dans la musique, cela consiste « à mixer, dans un même
morceau, les pistes instrumentales et vocables de plusieurs titres existants. » [7 deux] Les
images ont rapidement suivi avec l’apparition en 2005 des plate-formes de partage de vidéos
Youtube et DailyMotion.
{Voir aussi le film documentaire PressPausePlay de David Dworsky & Victor Köhler [11]}
L’aversion à la perte.
« Les bons artistes copient. Les grands artistes volent. » – Picasso, cité par Steve Jobs.
« Nous n’avons jamais eu honte de voler des idées géniales. » – Steve Jobs, en 1996.
Quatorze ans plus tard : « Je vais détruire Android, parce que c’est un produit volé, je
suis prêt à y aller à la bombe thermonucléaire. » – Steve Jobs. « Great artists steal, but
not from me. » – Kirby Ferguson, réagissant à ce revirement [14 deux] « La plupart d’entrenous n’ont pas de problème avec la copie (tant que nous sommes ceux qui copient) »
[14 trois] Walt Disney a utilisé des œuvres du domaine public (Blanche Neige, Pinnochio,
Alice au Pays des Merveilles) pour réaliser ses films. En 1998, pour les soixante ans
de Mickey, les lois sur le copyright fut réécrite. Le terme du copyright après Disney :
vie de l’auteur, plus soixante-dix ans. Précédemment, il était de quatorze ans.
Copier pour apprendre.
« Hunter S. Thompson réécrivit The Great Gatsby (par F. Scott Fitzgerald) simplement
pour connaître la sensation d’écrire un grand roman. » [12 un] Copier d’abord, pour
s’expérimenter. « C’est ensuite que les choses deviennent intéressantes. » [12 deux]
Gène. Évolution :
Mème. Évolution sociale :
- copier ;
- copier ;
- transformer ;
- transformer ;
- combiner.
- combiner.
« Un mème (de l’anglais meme ; calqué sur gène) est un élément culturel reconnaissable
répliqué et transmis par l’imitation du comportement d’un individu par d’autres
individus. L’Oxford English Dictionary définit le mème comme « un élément d’une
culture (prise ici au sens de civilisation) pouvant être considéré comme transmis
par des moyens non génétiques, en particulier par l’imitation ». Le terme de mème a
été proposé pour la première fois par Richard Dawkins dans Le Gène égoïste (1976)
et provient d’une association entre gène et mimesis (du grec « imitation »). Dawkins
souligne aussi la parenté de son terme avec le mot français « même ». Les mèmes ont été
présentés par Dawkins comme des réplicateurs, comparables à ce titre aux gènes, mais
responsables de l’évolution de certains comportements animaux et des cultures. » [13]
« Les nouvelles idées évoluent des anciennes. » [14 un]
Les précurseurs. Le cut-up dans la littérature & le Found Footage dans le cinéma.
C’est en 1968 à Paris que l’écrivain William S. Burroughs inventa la technique du cut-up,
consistant à créer un texte à partir d’autres fragments textuels, issus de la littérature,
d’articles de presse ou de catalogues de vente), découpé de manière régulière, et remontés
selon une logique prédéfinie. Une perte de sens pour une redéfinition du sens. Une
mécanique du remix. Quant au Found Footage, il est un courant important du cinéma
expérimental, consistant en « la récupération de pellicules impressionnées dans le
but d’enregistrer un autre film » [15]. Les lettristes l’ont pratiqué (Isidore Isou, Maurice
Lemaître), mais aussi Ken Jacobs, Vivian Ostrovsky ou encore Peter Tcherkassky.
{Lire l’article théorique de référence sur ce courant de Nicole Brenez.} [16]
Des pratiques souvent illégales. Une fragilité juridique.
Avec les lipdubs (vidéo où les acteurs font du playback sur une bande sonore pré-existante),
de nombreux mashup apparaissent, et disparaissent des plateformes de vidéos en
ligne. « Et le droit d’auteur dans tout ça ? Ces créations maison mais partagées en ligne
sont-elles légales ? Non. » [7 trois] « Entre droit moral et liberté d’expression, choisi ton
camp ! » [17 un] Ces pratiques souvent amateurs peuvent en effet soulever des difficultés
juridiques. « Car combiner des sons, des images et des extraits de vidéos pour créer une
nouvelle œuvre se heurte en principe aux limites du droit d’auteur, qui interdit que l’on
reproduise ou que l’on modifie une œuvre protégée sans l’autorisation du titulaire des
droits, hormis dans le cas d’exceptions limitées comme la parodie ou le pastiche, qui ne
sont souvent pas adaptées aux pratiques numériques actuelles. » [17 deux] Dans le cadre
du Mashup Film Festival, le concours ‘Part[im]ages’, pour rester dans le cadre légal, a
invité les participants à déposer dans un réservoir sons, images, vidéos, sur lesquelles
ils détennaient les droits. Les objets déposés dans ce pot commun fut ensuite placés
sous la licence Creative Commons CC-BY-NC-SA (qui autorise notamment la réalisation
d’œuvres dérivées). La règle : la réalisation de mashup devait se faire exclusivement à
partir des éléments présents dans le réservoir. Aujourd’hui les licences Creatives Commons
ou la licence Art Libre permettent de fluidifier les pratiques en ligne, en actualisant et
en proposant des alternatives à certaines lois vieillissantes. « Dans le vaste débat sur la
musique en ligne, le piratage et tout le toutim (…) comment faire respecter un poussiéreux
droit d’auteur ou un copyright décati lorsqu’un morceau, à peine sorti, sert de matériau
pour des dizaines d’autres créations ? » écrivait Chryde, journaliste high-tech en 2003 (cité
par Davduf, journaliste indépendant) à propos du remix musical. » [7 quatre] Ce qui permet
de faire place à de nouveaux usages, avec une mise en partage maîtrisée des contenus.
{Revoir aussi le film documentaire RiP! A Remix Manifesto (2008) de Brett Gaylor [18 un]}
Mais, « en dehors de la sphère des licences libres, les pratiques de mashup/remix
continuent de s’exercer dans des conditions difficiles (en raison des contraintes
exercées par les règles du droit d’auteur) » [17 trois]. « De nos jours, si tu veux être un
artiste mashup comme Walt Disney, tu dois opérer en dehors de la loi. » [18 deux]
« Today, we’re going to create a mashup, a fun and adventurous ways
to make something fresh out of something stale. » [18 trois]
[18 quatre]
séquences
—
[1] http://strabic.fr/Graphmique-Laboratoire-de
[2] http://www.t-o-m-b-o-l-o.eu/flux/graphmique/
[3] http://flag.cc/work/07-armpit.html?tag=Illustrations
[4] http://www.aubrybroquard.com/index.php?id=17
[5] http://www.ted.com/talks/kirby_ferguson_embrace_the_remix.html
[6] Everything is a Remix Part 1, https://vimeo.com/14912890
[7] http://ecrans.liberation.fr/ecrans/2008/10/10/requiem-pour-les-mash-up_954485?page=article
[8] Everything is a Remix Part 2, https://vimeo.com/19447662 La plupart des
[9] http://www.mashupfilmfestival.fr/blog/2013/06/21/preparons-la-quatrieme-edition/
[10] L’Odyssée du sample, https://vimeo.com/5337294
[11] PressPausePlay, https://vimeo.com/34608191
[12] Everything is a Remix Part 3, https://vimeo.com/25380454
[13] http://fr.wikipedia.org/wiki/M%C3%A8me
[14] Everything is a Remix Part 4, https://vimeo.com/36881035
[15] http://fr.wikipedia.org/wiki/Found_footage
[16] http://lucdall.free.fr/workshops/IAV07/documents/found-footage_n_brenez.pdf
[17] http://owni.fr/2012/06/20/copier-coller-respirer/
[18] RiP! – A Remix Manifesto, https://vimeo.com/8040182
iconographie
—
raphaleon.tumblr.com
ouvrages repérés
—
Eduardo Navas,
Remix Theory, The Aesthetics of Sampling, 2012.
documentaires
—
Brett Gaylor, RiP! – A Remix Manifesto, 2008
Walking on Eggshells – Borrowing culture in the remix age
Everything is a remix, Part 1 : The Song Remains the Same
Everything is a remix, Part 2 : Remix Inc.
Everything is a remix, Part 3 : The Elements of Creativity
Everything is a remix, Part 4 : System Failure
http://www.mashupfilmfestival.fr/webdoc/#
légende
—
[# source]
{à faire, à lire, à voir, à écouter}
Dix-mille signes.

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