L`emballage : acteur de développement durable

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L`emballage : acteur de développement durable
L'emballage : acteur de développement durable
Jeudi 28 avril 2011, de 9h00 à 12h00
Intervenants :
• COCA-COLA : Arnaud ROLLAND, Responsable développement durable
• ECO-EMBALLAGES : Valérie HERRENSCHMIDT-MUNOZ, Responsable Pôle Matériaux,
Département Recyclage,
• ELIPSO : Françoise GERARDI, Délégué Général
• L'OREAL : Charles DUCLAUX, Responsable Packaging et Environnement
• PERNOD RICARD : Patrice ROBICHON, Conseiller Scientifique Groupe, Délégué au
Développement Durable
Animateur : Bruno SIRI, Délégué Général, Conseil National de l'Emballage
1. Introduction
Un tour de table a été réalisé, sur la question : qu'imaginez-vous en termes de responsabilité
d'emballages?
Ont alors été évoqués l'éco-conception, les contraintes business, la nécessité d'avoir un
moindre impact environnemental, la durée de vie du produit, faire attention aux fausses bonnes
idées, le distinguo entre un emballage responsable et un emballage recyclable, l'emballage comme
vecteur d'information, l'association marketing et étiquetage, la simplification et l'harmonisation, la
protection du produit au juste besoin, allier usage client et réduction des impacts sur l'environnement,
l'ergonomie maximale, l'usage et l'information comprises, le sourcing carbone et social, l'opportunité
de différenciation possible, la création de valeur pour le client direct ou indirect, la contribution aussi
positive que possible au produit emballé et la seconde vie.
2. Etat des lieux et enjeux de l’emballage responsable dans la chaîne de valeur du produit
emballé
2.1.
Intervention de Françoise Gerardi
L'emballage est pluriel : il peut être en plastique, en bois, en métal, en verre... Tous secteurs
confondus, le marché de l'emballage représente environ 20 milliards de chiffre d'affaires annuel. Le
secteur du verre est très concentré et représente peu d'acteurs. Le secteur des caisses en carton est
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également un domaine très concentré. Le bois est très différent, car composé de beaucoup
d'acteurs.
Le secteur du plastique est composé d'acteurs internationaux et de PME. C'est une industrie
très diversifiée, ce qui permet une production variée adaptée à chaque type d'utilisation selon les
consommateurs.
45 millions de tonnes de matière plastique sont consommées en Europe chaque année, et
40% concerne directement l'emballage. Celui-ci est la principale application en tonnage pour le
plastique.
En France, le chiffre d'affaires de l'industrie de l'emballage plastique et souple était de 6,40
milliards d'euros, comptant 320 entreprises et 38,000 collaborateurs. 65% de cette production est à
vocation du secteur agroalimentaire. Viennent ensuite le secteur Santé-Hygiène-Beauté (12%), les
produits d'entretien (12%), et l'industrie et le transport (10%).
L'emballage souple possède des particularités intéressantes, qu'il s'agisse de films
mutlimatériaux ou multicouches.
La démarche environnementale est très différente selon les produits considérés et les
orientations souhaitées. Elipso est contre la mise en décharge des emballages plastiques et souples
et participe au développement du recyclage. 50 % du plastique en France est toujours mis en
décharge. Elipso travaille donc sur le recyclage à la fois des emballages ménagers, et sur les
emballages industriels et commerciaux. Le taux de recyclage de l'ensemble des emballages
plastiques et souples en 2008 était de 22,5%.
Elipso est également favorable à la valorisation énergétique. Celle-ci doit être mise en œuvre
lorsque le recyclage n'est pas adapté sur le plan technique, environnementale voire économique. Le
taux de valorisation énergétique de l'ensemble des emballages plastiques et souples en 2008 était
de 34,5%.
L'éco-conception est une démarche très intéressante, en agissant en particulier en matière de
réduction à la source et de recyclabilité. Pour ce faire, il est nécessaire de développer les ACV et
notamment les analyses d'impact des produits. L'objectif est de mettre sur le marché des produits
ayant déjà un impact environnemental réduit.
L'incorporation de matières recyclées dans l'emballage est un axe également d'amélioration
des performances environnementales. Ainsi, il est désormais possible d’avoir des bouteilles avec
flacon, ou des barquettes alimentaires introduisant des matières recyclées (PET). Ces applications
ont fait leurs preuves. Il y a un véritable manque à gagner sur le marché du recyclage.
Les plastiques biosourcés, quant à eux, pourront à terme remplacer les produits d'origine
pétrolière, en imitant leur structure moléculaire.
L'éco-conception doit correspondre avec certitude à une démarche d'efficacité
environnementale. Cette démarche d'innovation est très forte, au vu par exemple des efforts réalisés
en R&D. En partenariat avec Eco-Emballages, un comité technique pour le recyclage de l'emballage
plastique a été crée en 2000. L'idée fondamentale est d'anticiper et de gérer le cycle de recyclage.
Cela est extrêmement important car ici se trouve un vecteur d'évolution primordial. Les deux axes
principaux de l'éco-conception sont la conception d'emballages recyclables, et la réduction de ces
emballages.
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Le Comité Technique pour le Recyclage des Emballages Plastiques (COTREP) travaille
notamment sur les ACV, les réductions de poids et de volume. Notons qu'à partir d'un certain niveau,
les réductions ne sont plus possibles, car elles affectent le produit. Chaque année, un observatoire
de l'environnement est réalisé. Ainsi, il a pu être enregistré une baisse de 1,6% du poids annuel des
emballages.
Un axe essentiel dans le secteur est la prise en compte du transport des emballages vers le
client, partie importante de l'ACV.
Un emballage responsable doit répondre à différents critères, tels que : la réduction à la
source en poids et / ou volume, la recyclabilité, la réduction du nombre de composants, le recyclage
effectif, un impact environnemental global réduit, l'utilisation de matières recyclées, l'utilisation de
matières biosourcées, les emballages doivent être réutilisables dans les emballages de transport, les
process de production optimisés (énergie, eau...), de même que le transport des emballages. Selon
l’emballage considéré et les fonctionnalités demandées, plusieurs de ces critères peuvent être
remplis en même temps.
2.2.
Intervention de Charles Duclaux, L'Oréal
L'Oréal possède une trentaine de marques, cinq circuits de distribution, des produits à la fois
professionnels et grand public, des produits cosmétiques, de luxe... Les produits doivent s'adapter
aux circuits de distribution. Il n’est pas possible de concevoir un emballage sans prendre en compte
les caractéristiques relatives. L'une des problématiques spécifiques à L'Oréal est le positionnement
très hétérogène de ses marques, qui rend difficile la politique globale du groupe sur le sujet. Toutes
les marques ne vont pas s'inscrire dans la même communication développement durable, à l'instar
de Body Shop par exemple, très présent sur ce sujet.
Il y a trois ans a été réalisé une ACV sur huit produits (laque, aérosol, shampoing, kit de
coloration...). L'objectif était de comprendre où se situaient les impacts à l'échelle des produits. Par
exemple, lorsque le produit est rincé, il convient d'étudier les impacts environnementaux. In fine,
nous avons appris qu'il était impossible d'avoir une démarche structurée pour l'ensemble des
produits, le travail étant trop conséquent.
La politique de L'Oréal repose sur trois piliers : Respect, Réduction et Remplacement.
−
Le Respect : il s'agit de respecter la biodiversité, la nature, l'environnement. En ce qui
concerne le papier carton, nous souhaitons avoir un emballage issu à 100% de forêts
certifiées par le label FSC. Nous avons, à ce titre, une démarche en faveur du FSC depuis
plusieurs années. 95% de nos cartons sont déjà certifiés. L'objectif de 100% est espéré pour
2011. Notre démarche en la matière est entièrement intégrée, et toutes les parties prenantes
sont impliquées. En parallèle, nous menons une politique de matériovigilance afin de nous
assurer de l'absence de métaux lourds dans nos emballages, et d'éradiquer le PVC.
−
La Réduction : nous intervenons à la source. Nous avons mis en place une procédure de
volume emballage, avec un ratio à respecter pour tous les emballages (en volume produit, en
volume primaire...). Les indicateurs sont remontés tous les ans. Ces procédures concernent
également les coffrets. Ceux-ci ont été extrêmement réduits depuis 2-3 ans. Par exemple,
l'opération Lancôme Biotherm a réduit la taille carton, a intégré du PET recyclé. In fine, 17
tonnes de carton ont été économisées, et 3 tonnes de plastique.
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Tous les ans, nous constatons une baisse du tonnage utilisé. Notre démarche d'écoconception est intégrée en marketing. Pour trois marques professionnelles, nous avons uniformisé la
taille du format, en utilisant le moins de matière possible. Il est primordial de mesurer et de quantifier
les actions menées afin de ne pas les faire en vain.
L'Oréal intègre huit critères dans sa démarche, tels que par exemple le réchauffement
climatique. L'idée est de définir des indicateurs de mesure d'impact, un langage commun entre
toutes les entreprises pour agir plus efficacement.
L'éducation fait aussi partie de la politique d'emballage responsable du groupe. Nous
souhaitons sensibiliser nos collaborateurs en interne (ingénieurs packaging, développement produits,
marketing, acheteurs...) par la mise en place d'un certain nombre d'outils. Par exemple, nous avons
créé une formation « sustainable packaging » (ACV, bonnes pratiques...), ainsi qu'un guide d'une
cinquantaine de pages où est expliqué, très simplement, ce qu'est un emballage plastique, papier...
et quels sont les leviers d'éco-conception et les bonnes pratiques de communication
environnementale.
Garnier a ainsi été élu première marque cosmétique en ce qui concerne la communication
environnementale et la sensibilisation au tri par rapport au consommateur.
2.3.
Intervention d'Arnaud Rolland, Coca-Cola France
Coca-Cola France élabore des produits relativement simples : bouteilles en plastique,
cannettes en acier ou aluminium et des bouteilles en verre. Il s'agit toujours de monomatériaux,
recyclable à 100%. L'impact environnemental se fait par la quantité d'emballages mis sur le marché
plutôt que sur leurs propriétés intrinsèques. Il y a donc des effets d'échelle importants. Nous devons
donc travailler sur une meilleure sensibilisation de nos consommateurs, au niveau de l'emballage, qui
représente entre 40 et 70% de l'empreinte carbone de nos produits.
Il est vital de travailler avec ses fournisseurs (plastiques, aluminium, verre), afin de trouver
des solutions innovantes. Nous avons été les premiers à tester un couvercle ultrafin (le plus fin au
monde) sur nos cannettes. Il s'agissait, en fait, de diminuer le poids de 0,3g par rapport à l'emballage
précédent, ce qui a amené à des économies d'aluminium de l'ordre de 500 tonnes. Une opération de
ce genre n'aurait pu avoir lieu sans l'amélioration de la palettisation, car ces cannettes, plus légères,
sont également plus fragiles au niveau du transport.
Nos bouteilles en plastique de 50 cl ont vu leur poids baissé de 30% ces 10 dernières
années, et il est prévu d'atteindre la barre des 12% d'ici la fin de l'année 2011. Cela dit, ce type
d'informations est difficilement communicable aux consommateurs, tout en étant très important pour
notre groupe, car c'est bien l'un des enjeux de l'affichage environnemental.
Les bouteilles en verre ont conservé, depuis toujours, leur forme originelle. Un travail de
recherche important a été mené pour conserver cette forme tout en arrivant à réduire le poids de cet
emballage. Cette démarche innovante d'éco-conception nous a permis une réduction de 10% du
poids, en jouant notamment sur la taille de la bouteille. Rappelons que le verre est très pénalisé dans
les ACV (en raison du poids au moment du transport).
La démarche de Coca-Cola est globale et structurée. Un premier levier consiste en un travail
de réduction de poids et de volume. Ensuite, nous nous intéressons à la recyclabilité de nos
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emballages, ce qui représente un gros enjeu pour le verre, mais surtout pour le plastique (sa
réutilisation pour l'alimentaire).
2.4.
Intervention de Patrice Robichon, Pernod Ricard
Un emballage responsable est un emballage conçu, produit et utilisé par des entreprises,
elles-mêmes responsables (c'est-à-dire cohérentes avec ISO 26000, global contact, la RSE, la
responsabilité élargie du producteur...). La notion « d'emballages responsables » a été développée
lors du Grenelle de l'environnement. Ces emballages doivent être éco-conçus, être à la fois
écologiques et économiques.
La création de valeur est omniprésente chez Pernod-Ricard. Sur l'aspect emballage,
rappelons que sa fonction première est de contenir et de protéger un produit. Si cette capacité est
insuffisante, elle risque de détériorer la matière en question, et d’engendrer ainsi un gaspillage.
L'emballage doit donc contribuer à la préservation des ressources alimentaires.
Un emballage doit permettre la réduction des impacts environnementaux, et par exemple,
être produits via des ressources renouvelables (utilisation d'EnR lors du processus de fabrication,
biomasse, matière première secondaire...). Il doit également être respectueux de la législation, et
négocié dans le cadre d'une politique d'achat responsable entre une entreprise et ses fournisseurs.
L'emballage éco-conçu et responsable réalise un optimum écologique et économique.
Le Grenelle de l'environnement a permis des négociations entre les entreprises et le ministère
de l'écologie pour la réduction des tonnages des emballages sur le marché français. Les deux
engagements principaux ont été la mise en place d'un manuel d'éco-conception, et la réduction de
3,000 tonnes entre 2009 et 2013. Ce manuel a été déployé dans le monde entier, et a fait l'objet de
formations spécifiques. Une action à portée mondiale, telle que celle sur la réduction du poids des
bouteilles a eu un impact direct.
La démarche d'éco-conception ne s'oppose pas à la premiumisation. On peut éco-concevoir
les emballages sans la contredire. L'une nos gammes a ainsi vu une nette amélioration : les
bouteilles café de Paris. Une réduction de 190g de leur poids a engendré une réduction des GES
conséquente. Au Mexique, la promotion sur un brandy (marque Azteca), illustré par une fenêtre en
plastique sur le carton d'emballage, a provoqué une augmentation de la consommation d'eau de
40%, des GES de 120% et d'énergie de 187%. Mesurer ces variations est essentielle si l'on envisage
agir efficacement. Après réflexion, un dessin représentant la promotion (des verres à boire) a
substitué les onéreuses fenêtres.
Encadrer et sensibiliser les acteurs, producteurs et utilisateurs de l'emballage est la condition
sine qua non de la réussite. La mise en place d'une politique de sustainable procurement s'applique
dans le monde entier. Notre politique se décline et s'applique partout. En parallèle, nous nous
assurons que les droits du travail sont respectés, que la protection de l'environnement est assurée,
que nos actions encouragent le développement économique et entrepreneurial, que les droits de
l'homme sont défendus, et que la consommation modérée et responsable est également promue.
2.5.
Questions
5
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Emmanuelle Weiland, SNCF
Quel est l'avis de Mme Gerardi sur les oxo-plastiques et l'oxo-dégradabilité?
Mon avis est clair : ces produits ne devraient pas être sur le marché. Ils posent problème à
plusieurs égards. Ils ont une toute autre logique de produits, et peuvent être excessivement mauvais
pour notre image. La fragmentation est sans intérêt.
Et en ce qui concerne la biodégradabilité?
Les oxo-plastiques ne respectent pas les normes très spécifiques gérant le compostage
industriel.
Patrice Robichon souligne la dégradation consécutive aux oxo sur les nappes phréatiques. Il
existe également un problème d'information et de communication entre les différents acteurs du
marché. Sur quoi Françoise Gerardi ajoute qu'il existe beaucoup de difficultés à obtenir des
informations fiables, et qu'une grande malhonnêteté intellectuelle caractérise le sujet.
Damien Willocq, Saint-Gobain
Nous parlons beaucoup de la volonté de réduire masse et volume, mais quel est l'impact
économique de l'augmentation des coûts de matières premières? Quelle part accordez-vous à
la dimension économique?
Patrice Robichon insiste sur la part fondamentale jouée par l'économie dans l'éco-conception.
La plupart des premières mesures sont économiques. Elles vont par exemple inciter les PME qui
n'ont pas accès aux mêmes outils d'avoir accès rapidement à des économies vitales pour leur
développement. Françoise Gerardi rajoute que les réductions de masse et de volume ont lieu même
lorsque les prix des matières premières sont bas. Nous travaillons en amont sur ce sujet, en
mobilisant conséquemment la R&D.
3. L'emballage de demain
3.1.
Introduction
L'ambition du CNE est de susciter une intelligence collective, pour in fine avoir le meilleur
emballage possible, protégeant au mieux le produit.
L'une des missions historiques du CNE est de développer la prévention par une réduction à la
source. Dans cette optique, l'association fait des propositions aux pouvoirs publics, et organise la
concertation des différents partenaires.
Les bonnes pratiques les plus répandues sont l'allègement de l'emballage, par la suppression
de carton inutile. Les packs x4 de yaourts sans emballage carton se sont multipliés en rayon. Même,
l'inclusion de bulles d'air dans le plastique, jusqu'à un certain niveau, permet de substantielles
économies, sans pour autant amoindrir sa résistance.
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3.2.
Intervention de Charles Duclaux, L'Oréal
Le troisième "R" de notre politique d'éco-conception est le "Remplacer", c'est-à-dire trouver
des alternatives aux matériaux traditionnels. Des matériaux issus du recyclage (PCR), de produits
industriels ou à destination des ménages, sont concernés. Nous devons maintenant développer plus
de partenariats dans cette voie.
L'inclusion de verre recyclé est relativement nouvelle dans la cosmétique. Il nous faut trouver
un matériau de très bonne qualité, avec une source d'approvisionnement pérenne.
Le carton est davantage problématique. L'on peut utiliser du carton recyclé mais en quantité
supérieure pour obtenir les mêmes performances techniques. Il n'est donc pas forcément plus
pertinent de recourir au carton recyclé.
Les nouveaux matériaux bioplastiques apparaissent sur le marché, et nous sommes donc en
pleine veille technologique. La durée de vie de nos produits, en linéaire, est de trois ans.
3.3.
Intervention d'Arnaud Rolland, Coca-Cola France
Il y a beaucoup de confusion sur la notion de bioplastique. La vision mondiale par rapport à
l'emballage de demain est celle d'une bouteille plastique déconnectée du pétrole, d'une bouteille à
100% issue des végétaux. Aujourd'hui, nous avons la Plant Bottle, qui est conçue à partir des
végétaux à hauteur de 30%.
La filière brésilienne issue de la culture de la canne à sucre et de l'utilisation des déchets a
fait ses preuves en termes d'emballages issus de végétaux. Cela a été rendu possible car la
molécule composant le PET a été déconnectée des sources pétrolières. Aujourd'hui, nous sommes
encore en phase de recherche. Il va sans dire que c'est un enjeu majeur pour l'industrie
agroalimentaire, ne serait-ce qu'au vu de l'augmentation structurelle des coûts du pétrôle.
Nous sommes donc favorables à des bouteilles recyclables à 100%, et non aux matériaux
biodégradables. Il est important d'être cohérent et de ne pas semer la confusion dans l'esprit des
gens.
3.4.
Intervention de Patrice Robichon, Pernod Ricard
Il y a deux pré-requis :
−
−
Maintenir la liberté de choix des emballages
Maintenir l'inertie chimique des matériaux
L'inertie chimique des des matériaux est essentielle si l'on veut assurer la sécurité sanitaire des
produits emballés, et que les matériaux en contact ne cèdent rien au produit emballé.
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Il n'est pas impossible de fabriquer des bouteilles en verre moins lourdes, tout en conservant
les capacités de résistance actuelles. L'un des vecteurs principaux de l'éco-emballage est la
conception des emballages avec des produits avec des ressources renouvelables. L'on peut par
exemple penser à du verre fabriqué avec des EnR.
Sur le plastique, l'intérêt est l'utilisation de biomasse non alimentaire. En effet, le biosourcé ne
peut pas être en compétition avec une ressource alimentaire.
Nous possédons un centre de recherche spécialisé sur la biologie marine. Dans ce centre,
nous travaillons sur les algues et microalgues, utilisées comme matière première de chimie verte, et
notre ambition est de faire des matières plastiques à partir de cette base carbonée renouvelable.
Nous travaillons également sur les nanotechnologies, pour améliorer, par exemple, la traçabilité de
nos produits et lutter contre la contrefaçon. La mise en œuvre de polymères semi-conducteurs
permet de fabriquer des microcircuits sur les impressions. Cela permet, d'une part de fabriquer à
moindre coût, et d'autre part, de ne pas entraver la recyclabilité.
Questions
Emmanuelle Weiland, SNCF
L'emploi de nylon dans le plastique pour donner à l'emballage la brillance du verre est-il
stratégique?
En fait, le nylon est incorporé dans les PET en tant que barrière au gaz, et non pour ses
caractéristiques de brillance. Cela dit, il ne pose pas de problèmes en fin de vie.
3.5.
Intervention de Valérie Herrenschmidt-Munoz, Eco-Emballages
Eco-Emballages est en charge des problématiques liées à la recyclabilité des emballages.
Notre entreprise emploie environ 200 personnes, et a un statut privé, à but non lucratif, et agréé par
l'Etat. 50,000 entreprises sont adhérentes.
Nous travaillons directement avec les collectivités locales. En 2009, nous avons perçu 400
millions d'euros, qui ont servi à financer la collecte sélective.
Chaque habitant en France produit en moyenne 47,5 Kg de déchets par an. Eco-Emballages
n'intervient que sur les déchets ménagers, qui représentent 3% de l'ensemble des déchets en
France. Les emballages ne représentent que 21% de ces 3%, soit 0,63% des déchets français.
En tonnage, les emballages en verre sont plus conséquents, mais en unités de vente, le
plastique représente une grande part (58%, pour 22% de tonnage). Il y a donc un équilibre différent
entre ce qui est acheté et ce qui est consommé. Trois millions de tonnes sont triées chaque année :
deux millions de tonnes pour le verre, 500,000 tonnes pour le carton, 300,000 tonnes pour les
métaux, et 200,000 tonnes pour les plastiques.
Il existe 270 centres de tri en France, et 1,000 plates-formes pour le verre. Ce sont les
collectivités locales qui sont responsables des déchets. Le plastique est recyclé à hauteur de 22%
(par rapport à ce qui est mis sur le marché), et concerne essentiellement les bouteilles et les flacons.
Dans le cas où il n'est pas recyclé, il est incinéré pour sa valorisation énergétique.
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Les collectivités sont responsables des matériaux et des ventes. Elles ont touché 140 millions
d'euros en 2010. Le grenelle a fixé un taux de 75% de recyclage des emballages ménagers, ce qui
représente 400,000 tonnes supplémentaires à recycler. D'ici à 2012, il faut assurer le recyclage de
tous les matériaux, et ce de manière très accessible.
La France collecte le verre en mélange. Améliorer le tri fait au niveau des centres de
traitement coûterait extrêmement cher. L'enjeu est de produire du verre recyclé incolore par une
technologie de démélange.
Nous envisageons expérimenter de nouvelles méthodes, au niveau des collectivités locales,
en changeant par exemple le volume des poubelles, les méthodes de collecte, ou encore la gestion
en centre de tri. De même, nous envisageons de travailler davantage avec les entreprises. La
prévention représente un véritable levier d'amélioration. Mettre sur le marché 100,000 tonnes en
moins est l'un de nos objectifs.
4. Questions
Bruno Siri, CNE
Comment gérer les éléments perturbateurs au niveau du tri?
Valérie Herrenschmidt-Munoz : le barème fixé au niveau du point vert ne prend pas encore en
compte les emballages perturbateurs. Les entreprises, mettant sur le marché un emballage en PCV
devraient, à juste titre, payer une majoration. C'est un signal fort qui est porté depuis longtemps par
Eco-Emballages.
Emmanuelle Weiland, SNCF
Quel est l'avis de Mme Gerardi sur les additifs et les phtalates?
Les plastiques mis sur le marché doivent être conformes à la réglementation. Par exemple, le
bisphénol A est utile pour un type de matériau. Evidemment, les autorités jouent un rôle majeur, et il
est difficile d'exprimer les choses véritablement au consommateur.
Mikael Plaut, La Poste
Quelle est la référence des matériaux utilisés? Y-a-t-il un indicateur prenant en compte le
produit de la fabrication jusqu'au recyclage?
Valérie Herrenschmidt-Munoz : ce référentiel n'existe pas, mais il y a un ensemble d'indicateurs
existant au sein des entreprises. Eco-Emballages a mis en place une ACV simplifiée sur l'emballage.
Bruno SIRI : Nous comptons mettre en place un document d'éco-conception en juin 2011.
Aurélien Lucas, Monoprix
Quels sont les axes et perspectives sur la premiumisation, au niveau des solutions vertes
pour le packaging?
Charles Duclaux : pour la décoration, nous utilisons beaucoup de marquage à chaud, qui ne sont
pas très propres, et détériorent notre évaluation environnementale à l'échelle d'un produit. Nos
procédés doivent gagner en propreté.
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Valérie Herrenschmidt-Munoz : au niveau du recyclage, cela dépend des matériaux. Sur les
papiers carton, nous testons différents types d'encre. Le problème du traitement des eaux de lavage
est également à prendre en compte, mais ne représente pas de perturbation au niveau du traitement.
Patrice Robichon : il est nécessaire d'avoir une approche cohérente.
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