Xavier Niel grand gagnant des accords Bouygues-SFR-Free

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Xavier Niel grand gagnant des accords Bouygues-SFR-Free
Xavier Niel grand gagnant des accords
Bouygues-SFR-Free
Le HuffPost | Par Grégory Raymond Publication: 10/03/2014 15h19 CET | Mis à jour:
10/03/2014 15h34 CET
FREE - Qu'il semble loin le temps où Martin Bouygues qualifiait Xavier Niel (actionnaire du
Monde et donc du HuffPost) de "romanichel" squattant "les pelouses de son château".
Aujourd'hui, le patron de Free est en train de racheter le fameux château. Selon l'accord
présenté le 9 mars, Free rachèterait à Bouygues son réseau et ses fréquences pour 1,8 milliards
d'euros, afin que la fusion Bouygues-SFR puisse être validée par l'Autorité de la concurrence.
Si les tractations aboutissent, Xavier Niel sera le grand gagnant de cette transformation du
paysage des télécom françaises.
La Bourse ne s'est d'ailleurs pas trompée lundi à l'ouverture. Le titre d'Iliad (maison-mère de
Free) a bondi de 13% avec les espoirs de voir la société acquérir une couverture nationale très
large. Depuis son lancement en janvier 2012, Free souffre d'un réseau propre très réduit qui
pouvait freiner son expansion.
Et comme une bonne nouvelle n'arrive jamais seule, la société a également présenté ses
résultats financiers pour 2013. Chiffre d'affaires en hausse de 19%, progression du résultat net
de 42%... Tous les signaux sont donc au vert pour Xavier Niel.
Petit dernier en terme d'abonnés mobiles (8 millions), Free Mobile est néanmoins l'opérateur
sans qui rien ne peut se faire. Une revanche que doit savourer la 10ème fortune de France, lui
qui a essuyé les commentaires les plus acerbes de la part de ses concurrents. Saignée de
Martin Bouygues fin décembre dans Le Figaro, déclenchement d'une guerre Bouygues-Free
dans l'Internet fixe. Il a même été qualifié de "roi de l'embrouille" par Stéphane Richard, le
PDG d'Orange. Les velléités de Numéricable pour racheter SFR ont poussé les opérateurs
historiques à mettre de l'eau dans leur vin.
La hache de guerre n'est toutefois pas enterrée. Pour mener les négociations entre Iliad et
Bouygues, ce sont les lieutenants de Martin Bouygues et Xavier Niel, Olivier Roussat et
Maxime Lombardini, qui se sont occupé des négociations directes, évitant ainsi à leurs "boss"
respectifs de se rencontrer.
Orange et Bouygues peuvent remercier Free
Orange a tout à gagner à ce que Free facilite la vente de SFR à Bouygues. Cela favorise la
concentration du marché avec un retour à trois opérateurs. C'est la meilleure solution pour
faire repartir les prix à la hausse, à l'instar de ce qu'il s'est récemment passé en Autriche.
Presque instantanément en un trimestre, fin 2013, les prix y ont augmenté de près de 10%. De
quoi rétablir les marges perdues depuis l'arrivée de Free sur le marché.
Pour Bouygues, le rachat de son réseau par Free c'est l'opportunité de satisfaire l'Autorité de
la concurrence. Un nouvel ensemble Bouygues-SFR trop puissant aurait pu empêcher la
transaction de se faire. Résultat: Numericable aurait conservé un maximum de chances pour
racheter SFR. Si les transactions sont encore loin d'aboutir, Martin Bouygues peut donc
remercier Xavier Niel de pousser dans son sens.
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Les deux patrons jouent au chat et à la souris depuis plusieurs mois. Selon Marianne, Iliad
aurait envoyé en octobre une offre de rachat de Bouygues Telecom à Martin Bouygues, pour
une valeur "trois fois inférieure" aux estimations du troisième opérateur français. Les deux
patrons étant en froid, pour ne pas dire en guerre, l'actionnaire de TF1 aurait déclaré "préférer
crever" plutôt que de vendre à Niel. Six mois après, l'atmosphère a bien changé...
Après l'allusion aux "romanichels", selon les propos attribués à Martin Bouygues en 2011,
Xavier Niel n'avait pas hésité à mettre une caravane sur le site mobile de Free. Des petits
malins avaient également décelé des citations amusantes dans le code source du site. "Ça y
est: on harnache les chevaux aux roulottes; Update: la caravane se met en route vers le
château; Le château est enfin en vue mais on n'aperçoit pas encore bien les pelouses; Ah, elles
ont l'air bien entretenues les pelouses... Demain journée portes ouvertes au Château!"
Un humour qui avait rendu Martin Bouygues vert de rage...
Free va gagner en indépendance
Avec l'acquisition du réseau Bouygues Telecom, Free pourrait s'offrir 15.000 antennes relais
déployées à travers la France. Une chance quand on sait que Free paye une fortune à Orange
pour louer son réseau en attendant de pouvoir construire le sien. A l'arrivée, Free n'aurait plus
qu'à se connecter sur ces antennes et mettre un terme au contrat qui le lie à Orange (700
millions d'euros d'économies par an). La société de Xavier Niel se retrouverait alors avec un
réseau capable de servir 20 à 25 millions d'abonnés, alors qu'elle en compte aujourd'hui 8
millions. De quoi se concentrer tranquillement sur les moyens de le remplir.
En plus des antennes, qui gèrent la couverture, l'accord prévoit également l'acquisition de
fréquences. Elles offrent le droit d'utiliser les normes 2G, 3G et la 4G. Les fréquences 2G
pourront servir aux clients utilisant des téléphones basiques: un avantage car ces utilisateurs
engorgent actuellement les fréquences 3G du réseau Free. Pour la 4G, c'est un coup de maître.
Rappelons que Bouygues avait payé 911 millions d'euros en 2011 pour s'offrir des fréquences
basses 800 MHz de la 4G, là où Free n'avait pas réussi à remporter l'appel d'offre.
"Il y avait un Free, il va y avoir un super Free", a expliqué Maxime Lombardini, directeur
général d'Iliad, lundi sur BFM Business. Grâce aux fréquences "en or", celles qui permettent
de mieux pénétrer les bâtiments, l'opérateur pourrait se doter d'un réseau extrêmement
compétitif.
Free compte aussi continuer sa politique de prix bas afin de gagner plus de parts de marchés, a
confirmé Maxime Lombardini. Si l'accord aboutit, cela sera une très bonne nouvelle pour
Free. "Cela sera une accélération pour nous et une sécurité dans la durée". Mais s'il échoue,
"nous ne sommes pas en situation difficile". Quoiqu'il arrive, sur le papier, Free restera le plus
petit opérateur.
Pour Xavier Niel, interrogé lundi lors de la présentation des résultats annuels, "être petit
permet de faire exactement ce qu'on aime faire: faire de la croissance organique, se battre et
laminer la concurrence, et c'est favorable au consommateur" car "il n'y a pas de meilleur
animateur de la concurrence que ça". Et avec un solide réseau mobile, on voit mal ce qui
pourrait l'empêcher d'engranger de nouveaux abonnés.

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